Commenti disabilitati su Dette publique = annuler, congeler ou créer une banque publique pour la racheter et l’effacer ?, 5 mars 2021.

« Des milliards d’euros, un traité et de la magie : comprendre le débat sur l’annulation, ou non, de la « dette Covid » » Par Adrien Sénécat et Agathe Dahyot , https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2021/03/04/des-milliards-un-traite-et-de-la-magie-les-cles-du-debat-sur-l-annulation-de-la-dette-covid_6071914_4355770.html

Voir aussi : « Historic Repo Market Insanity: 10Y Treasury Trades At -4% In Repo Ahead Of Monster Short Squeeze », by Tyler Durden, Wednesday, Mar 03, 2021 – 23:12, https://www.zerohedge.com/markets/historic-repo-market-insanity-10y-treasury-trades-4-ahead-monster-short-squeeze

(Lire aussi:

A )  « Repo (finance) » , https://fr.wikipedia.org/wiki/Repo_(finance) et « Repurchase agreement » , https://en.wikipedia.org/wiki/Repurchase_agreement

B ) « Federal Open Market Committee announces approval of updates to its Statement on Longer-Run Goals and Monetary Policy Strategy » August 27, 2020, https://www.federalreserve.gov/newsevents/pressreleases/monetary20200827a.htm

C) « What is yield curve control? », Sage Belz and David WesselFriday, June 5, 2020, https://www.brookings.edu/blog/up-front/2020/06/05/what-is-yield-curve-control/

Pour un peu de background lire: « 944 Trillion Reasons Why The Fed Is Quietly Bailing Out Hedge Funds », by Tyler Durden , Sat, 01/18/2020 – 19:19 https://www.zerohedge.com/markets/944-trillion-reasons-why-fed-quietly-bailing-out-hedge-funds

Quote : « And since things are getting a bit fuzzy, let’s summarize here is what we know:

  1. The repo crisis was the result of a liquidity shortfall at the “Top 4” banks, precipitated by JPMorgan’s drain of over $100BN in repo market liquidity (a wise move, which eventually forced the Fed to launch QE4, and helped JPM report its most profitable year on record)
  2. The Fed addressed the “supply side” of the Sept repo crisis by injecting over $400BN in liquidity to replenish bank reserve levels, first via repo and then via T-Bill POMO, i.e., QE4.
  3. The Fed has yet to address the “demand side” of the Sept repo crisis, namely the market transmission mechanism which is intermediated by hedge funds. And it is here that, as the WSJ reported, the Fed is currently contemplating providing liquidity directly to hedge funds to prevent a systemic collapse during the next repo crisis, whenever it may strike.» )

XXX

Commentaire rapide : Sur cette question de l’annulation de la dette nous lisons trop d’inepties, surtout lorsqu’il est question de la dette publique détenue par la BCE. (Pour les fonds du Next Generation EU, dont le bilan est négatif pour au moins 20 milliards pour la France, c’est une dette publique qui sera payée par un transfert de souveraineté fiscale à l’UE, ceci sans référendum !!! Après une brève suspension Covid-19 ce recovery fund implique le retour à la discipline budgétaire du Fiscal compact, ce qui est fort payé. Et, de plus, ceci advient en envahissant le domaine de compétence nationale exclusive des Affaires Sociales pour ce qui est du SURE et du MES sanitaire. Dans le cas de l’Italie, le bilan est faiblement positif autour de 20 à 30 milliards mais ce pays, désormais en pleine perdition et en pleine dégénérescence éthico-politique, judiciaire, socio-économique et pathologiquement policière-mafieuse et corrompu à l’os, vient de perdre près de 45 milliards de fonds structurels européens pour 2014-2020. C’est un pays de domestiques incompétents et serviles désormais « perdu pour le développement ». Je renvoie là-dessus au persistant déni de justice dans mon cas personnel relaté dans la Homepage de ce même site. J’attends toujours les excuses et les dédommagements de l’Etat italien complice depuis mon rapatriement en juin 2013.)

Annuler une dette n’est ni un fait anodin ni un fait exceptionnel quoique souvent cela passe par la médiation de la restructuration. Dans ce cas, on prend acte du fait que le principal de la dette ne sera pas remboursé et on se concentre sur le financement, rendu plus juteux car à plus long terme. On réduit ainsi le pays endetté à l’esclavage en restructurant la dette afin de permettre son financement continu, ce qui ne pourra se faire qu’à condition que le pays en question soit prêt à sacrifier son économie nationale et ses services sociaux.

Cette stratégie peut se vérifier par la longue pratique des organisations jumelles de Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale, dûment flanquées par les Clubs de Paris et de Londres vis-à-vis des pays du Tiers Monde avant et après la crise mexicaine de 1982. (Je renvoie à mon « Les conséquences socio-économiques de MM Volcker, Reagan et Cie » mars 1985, dans la section Economie Politique Internationale de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com).

Entre-temps, au Chili après le renversement du régime démocratiquement élu de S. Allende par Pinochet, la CIA, Kissinger et Cie, le 11 septembre 1973, les Chicago Boys avaient peaufiné leurs recettes consistant à tout sacrifier et à imposer la production pour l’exportation afin d’engranger les devises nécessaires pour repayer prioritairement la dette publique détenue par des créanciers étrangers, américains surtout. La recette est déjà mise en œuvre par l’UE dans une version typiquement bizarre qui fait que tous les pays membres en difficulté doivent l’appliquer simultanément, garantissant ainsi que tous, sauf les plus compétitifs ou bien les plus voués à la déflation salariale feront du surplace.

Le provisionnement pour dette n’est pas quelque chose de nouveau même pour une banque centrale. Dans ce cas précis, l’annulation n’exigerait même pas un provisionnement puisque la BCE peut imprimer de l’argent. Le problème ce sont les circuits du capital, voir : http://rivincitasociale.altervista.org/une-autre-ineptie-sur-les-circuits-du-capital-de-marx-et-sur-la-realisation-selon-g-dumenil-et-d-levy-dec-22-2019-27-janvier-2020/

Sur ces circuits en relation avec le PIB marginaliste et spéculatif : http://rivincitasociale.altervista.org/le-pib-outil-de-narration-marginaliste-contre-le-bien-etre-des-peuples-et-la-prosperite-des-etats-nations-24-mai-2020/ .

Il n’y aurait justement aucun effet de risque moral matérialisé par la hausse du spread car cette annulation ou congélation de dette publique pour la part détenue par la BCE donnerait aux banques privées et à leurs agences de notation l’assurance que les Etats membres resteront solvables avec l’appui de leur garant en dernier ressort, la banque centrale – garant indirect, via le marché secondaire – et ceci dans les mêmes paramètres financiers que ces banques privées dominent.

Bien entendu, il en va tout autrement pour la dette publique détenue par le secteur privé, banques, fonds de pension, fonds d’investissement etc.

La seule autre alternative envisagée par les tenants du capital spéculatif a déjà été prévue : elle s’appelle le nouveau MES conçu depuis sa réforme comme un FMI en pire. Il est en effet établi comme une société privée abstraite de toute ingérence légale de la part de l’UE, y compris pour sa gestion des créanciers – vautours ou pas -, via le backstop. Ceci est très grave car l’Argentine des Kirchner avait brillamment prouvé que les Etats pouvaient reprendre le contrôle de leur dette – elle fut réduite à 8 % du PIB avant la désastreuse arrivée au pouvoir de Macri. L’Argentine avait également fait réaffirmer le principe juridique international de la primauté des Etats vis-à-vis des créanciers , qui peuvent donc négocier avec eux en groupes ou séparément. L’UE avait confirmé cette victoire. En réalité, notre monde interétatique, encadré par le Système des Nations Unies, repose sur la souveraineté pleine et entière des Etats indépendants et souverains. Ceci implique, au premier, chef la souveraineté financière puisque la monnaie qui est un moyen d’échange ne serait jamais qu’un signe dérisoire si l’Etat n’en assurait le cours légal. Or, le MES réformé prétend supprimer la souveraineté des Etats membres que la finance spéculative mondiale et les instances européennes complices forceraient dans ses griffes. (Je renvoie là-dessus à mes posts portant sur le MES dans les sections Economia ou Textes en français de ce même site, par ex :  http://rivincitasociale.altervista.org/reforme-et-privatisation-de-la-gouvernance-economique-europeenne-avec-le-mes-le-srf-et-la-politique-economique-et-budgetaire-un-referendum-national-est-necessaire-27-nov-2019-english-version-wil/ )

Ce système fut imaginé pour encadrer la banqueroute de facto actuelle de l’Italie. Car ce pays pèse pour 17 % de la zone euro alors que la Grèce ne pesait que 2 %. Le sauvetage multilatéral par les Etats dont les institutions financières sont les plus engagées sur le pays, comme cela fut le cas pour la Grèce, n’est simplement pas envisageable. Dans un tel cas de figure, que la nouvelle fronde des banquiers centraux européens semble annoncer – voir « En réponse à la BCE, le président de la Bundesbank dit « nein » au « punk » » Par AFP  |  03/03/2021, 18:41 | 558 mots Lecture 3 min. , https://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/en-reponse-a-la-bce-le-president-de-la-bundesbank-dit-nein-au-punk-879096.html. – l’alternative à l’annulation ou à la congélation de la dette publique sera d’étrangler l’Italie en la forçant à passer sous les fourches caudines du MES – soit une dette publique restructurée pour l’éternité, ce que le pitre Varoufakis voulait de facto pour la Grèce avant la réforme du MES … Un spread italien, même marginalement plus élevé, ne serait pas pour déplaire au secteur bancaire et financier privé puisqu’il est aujourd’hui aux prises avec la gestion de 18 trillions d’obligations étatiques à taux négatif, pour ne rien dire de la nécessité de financer des entreprises zombies car leur banqueroute rendrait leurs bilans intenables …

Ceci se fera avec le Fiscal compact en prime, soit avec l’obligation de faire baisser chaque année de 1/20 la dette publique dépassant les 60 % de PIB admis selon le Traité de Maastricht. Obligation qui sera honorée grâce à la restructuration à long terme imposée par le MES. Pourtant cette obligation n’a jamais joui de la moindre légalité puisque deux pays membres ne l’avaient pas accepté au départ. En outre, le Président Mélenchon avait fait remarqué que n’étant pas inscrite dans le droit européen avant le 31 décembre 2018, cette discipline budgétaire était à strictement parler nulle et non avenue. Les privatisations, la dérèglementation et les coupures linéaires dans les infrastructures et les services publics suivront avec un surplus de chutzpha, en sachant que quelques 80 à 90 % des centaines de milliards de garanties d’Etat octroyées aux entreprises du fait de la gestion, selon moi criminelle, de la crise sanitaire, s’ajouteront à la dette publique. Elles ne pourront pas être remboursées alors que le chômage croissant augmentera encore après la levée de l’interdiction de licencier qui suivra l’actuelle massification préventive du chômage partiel. Or, ce chômage de masse a déjà détruit les cotisations sociales et la fiscalité générale. Le plan Hercule, les nouvelles attaques annoncées contre l’Assurance-chômage et la retraite publique ne sauraient étonner personne venant de la part de ces régimes nouvellement philosémites nietzschéens néolibéraux et monétaristes. (Je renvoie ici à ma Satire qui décidément semble un peu molle : http://rivincitasociale.altervista.org/pastiche-sur-la-sortie-de-crise-vous-exploitera-plus-que-hier-et-moins-que-demain-comme-dit-la-romance-25-avril-2020/ . Voir aussi : http://rivincitasociale.altervista.org/le-paralogisme-du-president-macron-et-la-strategie-aux-consequences-meurtrieres-previsibles-28-octobre-2020/ )

La France est maintenant dans la situation dans laquelle l’Italie était avant la crise sanitaire. Ceci sans même compter les milliards d’euros en garanties d’Etat perdues qui ajouteront inévitablement sous peu un autre 3 à 4 % de PIB à la dette publique. De sorte que l’illusion que le MES ne la concerne pas n’est qu’une ineptie qui démontre plus d’ignorance propre à la surreprésentation que de suffisance. Il est vrai que la signature française reposait jusqu’à ces dernières années sur une administration publique républicaine efficace et capable de lever les impôts, donc de rembourser la dette publique. Or, ce n’est plus le cas, du fait de l’énormité de l’évasion fiscale ajoutée à l’énormité des tax expenditures, et du fait de l’outsourcing de la fonction publique. Y compris dernièrement à des McKinsey et al ., ce qui me rappelle le rôle de Yoram Gutgeld, juif-américain-italien, ancien de cette boîte et dépêché dans mon pays, qui doit pourtant sa Constitution à la Résistance au nazi-fascisme de Mussolini-Sarfatti et autres de ce genre, par les tenants de la « private global governance » néolibérale monétariste du capital spéculatif hégémonique, voyez la critique ici : http://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm .

Annuler – ou congeler – cette partie de la dette publique détenue par la BCE, qui en perçoit les intérêts, c’est perdre la ristourne que la BCE reverse aux Etats membres – ristourne désormais évanescente du fait des taux plus bas, voire négatifs. Surtout ceci revient à continuer à fonctionner dans les mêmes circuits du capital spéculatif hégémonique qui détruisent l’économie réelle. Cela ne fait que réduire la taille du bilan de la BCE pour lui permettre de légitimer la poursuite des QE et des autres liquidités avec les conséquences que l’on sait.

Dont le credit crunch qui aujourd’hui empoissonne même les Repos. – voir la périlleuse situation actuelle aux USA – de nouveau manipulés par de grandes banques, dont sans doute, une fois encore, la JP Morgan pour éviter que Powell ne changeât sa politique accommodante du fait des incroyables discours sans fondements sur l’inflation – l’inflation officielle et au singulier qui, en réalité, ne bouge pas beaucoup et surtout presque uniquement du fait que les containers ne sont pas déchargés ou trop lentement et que les produits n’arrivent pas assez vite sur les étagères ou sur les lignes de production. L’inflation structurelle est fondamentalement due à la différence entre la valeur d’échange et les prix de marché, ce qui renvoie fondamentalement à la différence entre la masse monétaire salariale réelle – nécessaire et suffisante en situation de plein emploi pour garantir tous les échanges au sein de la Reproduction Simple ou équilibre stationnaire – et la masse salariale sociale qui inclut le coût des programmes sociaux non financés par le salaire différé et obtenu par la création supplémentaire de monnaie par la banque centrale.

Notez que l’explosion du chômage du fait de la crise sanitaire a entrainé une augmentation vertigineuse des payements d’assurance-chômage, ce qui aux USA, eut comme curieuse conséquence l’augmentation du revenu disponible médian des ménages, à ne pas confondre avec mon « revenu global net » des ménages, car le revenu disponible marginaliste exclut justement l’accès aux services sociaux publics, qui pourtant font toute la différence tant pour supprimer la peur du lendemain que pour accroître l’impact du salaire net sur la consommation et le standard de vie. Pourtant, aucun économiste ni statisticien n’a sourcillé !!! (Voir http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018/ )

Notez que la masse monétaire suffisante et nécessaire à la circulation des biens et services correspond à ces deux masses salariales – MI et une partie de M2 qui correspond à l’épargne des ménages – et ne doit pas être confondue avec le crédit qui est une anticipation de la croissance soit de manière désordonnée par la « main invisible » et le crédit privé, aujourd’hui spéculatif, soit par le recours rationnel à la planification, ne serait-ce que indicative et incitative dite à la française, portant sur les Equations de la Reproduction Elargie ou équilibre dynamique, s’appuyant sur le crédit public. Je renvoie à mon Précis d’Economie Politique Marxiste là-dessus, il est librement accessible dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com . Pour un raccourci relatif aux Equations RS-RE voir ici : http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/ )

La question des Repos est très sérieuse car elle montre après mon « Credit without collateral » et mon « The Treasury and the FED » accessibles dans la section Economie Politique Internationale de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com que :

A ) Le ratio prudentiel a sauté de facto ; il est remplacé par les liquidités de la banque centrale sous toutes leurs formes. Dans le cadre de la spéculation hégémonique qui phagocyte le profit avec son taux d’intérêt spéculatif à double chiffres qui pose comme un taux de profit légitime. Ce faisant, il implique une égalisation structurelle du taux de profit dans les Equations RS-RE par sa composition organique imbattable car elle exige moins de capital fixe que l’industrie, alors que, normalement, l’intérêt classique est déduit du profit … Les CFO remplacent les CEO. Ce système n’est pas soutenable et de plus il détruit l’économie réelle.

En outre, le mécanisme de rétroaction correcteur inhérent au système bancaire fractionnaire liant crédit et performance de l’économie réelle, ne peut plus opérer. Les banques et quasi-banques ne doivent plus réduire la voilure si leurs prêts performent mal, il leur suffit de se refaire en bourse, dans les blackpools etc., bref en spéculant davantage. Avant l’abrogation du cloisonnement entre les 4 piliers de la banque et de la finance – banque de dépôt, banque commerciale, assurance et caisse d’épargne – ceci était moins vrai. Ce décloisonnement – abrogation du Glass Steagall Act de 1999 et ses avatars européens, etc. – menant à la soi-disant « banque universelle » à guichet unique ne permet donc plus la purge de la spéculation à la faveur des Trades cycles ou crises cycliques du capitalisme . Ce sont donc la force de travail apte au travail, jeunes et séniors, ainsi que l’économie réelle dans son ensemble qui font les frais des disfonctionnements de cette New Economy.

B ) Ce crédit sans collatéral mène non seulement à la perpétuation des QE et autres formes de liquidité mais aussi au credit crunch donc à la disparition de facto du rôle du marché interbancaire. Le LTRO fut accordé par la BCE pour y remédier et permettre aux banques de prêter aux entreprises. Les sommes non utilisées à cet effet auraient dû être remboursées. Elles ne le furent pas. Comme on pouvait s’y attendre le mécanisme n’a pas fonctionné et cela a surtout servi pour permettre aux banques de se mettre aux normes prévues par Bâle 3 en épongeant des Non Performing Loans (NPL) etc.

De sorte que Draghi prit avec l’impossibilité des banques, surtout italiennes, de rembourser le LTRO à l’échéance, dut procéder à un Tltro 1, puis 2, puis 3 sans plus exiger de remboursement en cas de faillite de la courroie de transmission à l’économie réelle. Et il dut innover encore – en interprétant cavalièrement le mandat original de la BCE – en procédant à des Assets purchaces évalués par Blackrock et Cie, de sorte que ceci ne fait qu’accélérer la concentration et la centralisation du capital sous hégémonie du capital spéculatif. Un échec pitoyable. Qui n’a même pas permis à l’Italie de contrôler sa dette publique à laquelle furent ajoutés en catimini près de 500 milliards d’euros de Target 2. En effet, les liquidités de Draghi permirent aux banques étrangères trop engagées sur l’Italie de se défaire de leurs obligations publiques italiennes avant qu’elles ne se transforment en PLA. L’Italie paye ainsi la facture deux fois …

La troisième fois se prépare activement depuis la nomination de Draghi à la Présidence du conseil italien avec une flopée de ministres et de hauts conseillers non élus qui mèneront une politique pour laquelle le peuple italien n’a jamais été consulté. Il s’agit, en réalité, d’un coup d’Etat financier sous prétexte de nomination d’un gouvernement « technique » qui ne se bornera pas à gérer les affaires courantes pour assurer le retour rapide aux urnes. La Constitution, née de la Résistance, est nouvellement bafouée, avec la complicité générale des institutions supposément garantes.

C ) Malgré cela le credit crunch augmente et ceci se reflète par la dépendance du « marché » aux QE et autres liquidités, aux TLTRO et aux assets purchases désormais de tout ordre en dépit des règles de la « concurrence libre et non faussée ». Ce laxisme spéculatif est aggravé avec l’excuse offert par la crise sanitaire, justement gérée dans cette perspective. Aujourd’hui, ce credit crunch se reflète aussi sur le mécanisme faussé du Repo par lequel la banque centrale pallie le marché interbancaire. Ceci fausse encore davantage ce qui reste de la connexion entre ratio prudentiel, système fractionnaire et économie générique – à la fois spéculative et réelle.

D ) Aujourd’hui ceci est aggravé encore par les nouvelles rotations boursières, par exemple sur des instruments purement fictifs comme les plateformes – les montgolfières Gafam et leurs P/E ratios – ou, pire encore, Tesla qui ne sert qu’à cela, vu que cette boîte n’a pas fait un traître sou de bénéfice depuis sa création – et peut disparaître en une seconde si les Chinois le décidaient. C’est d’ailleurs pourquoi son propriétaire, conscient que le marché spéculatif à besoin de narrations seulement plausibles pour opérer les rotations désormais nécessaires, propose de créer un nouvel engin visant la Planète Mars. Cependant, en plus des rotations sur l’or et l’argent, dont la JP Morgan détient le monopole en dépit de l’anti-trust, tant pour la forme métal que pour la forme papier, il faut ajouter les extravagantes rotations actuelles sur le bitcoin et les autres monnaies digitales privées. Or, la JP Morgan est très engagée sur le bitcoin depuis le début de sa carrière comme instrument spéculatif boursier.

E ) Du coup des opérations short massives tels qu’elles se vérifient maintenant – voir l’article déjà cité plus haut https://www.zerohedge.com/markets/historic-repo-market-insanity-10y-treasury-trades-4-ahead-monster-short-squeeze  – font des Repos un bastringue plus dangereux encore que les chaînes de CDS !!! Ces dernières peuvent être contenues en suivant le conseil de Cicchetti de la BRI, à savoir ne pas les déclencher immédiatement et donner au moins deux semaines aux banques centrales et à la BRI pour y voir clair afin de pouvoir intervenir. Car, ainsi que souligné dès 2005 dans mon Kynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Coissance, personne n’a la moindre idée du poids et de l’imbrication globale des dérivées et de leurs CDS. (Voir section Livres-Books de mon www.la-commune-paraclet.com . Il suffit pour vérifier d’utiliser le terme « montage » dans la fonction Rechercher. Je crois que mes montages sont les ancêtres du blockchain ; mon utilisation des codes-barres étant remplacée par les puces électroniques et de plus en plus par la 5 et 6 G.)

Bref, dans ces conditions, la déconnection entre économie réelle – qui comprend les biens tangibles et services publics ou essentiels – et l’économie spéculative est presque complète, sauf pour le financement public via le sauvetage permanent des banques spéculatives par la branque centrale, donc, en dernière analyse, par le contribuable, seul vrai garant en dernier ressort.

Il faudrait donc acter cette déconnection qui pour heure se fait en phagocytant l’économie réelle et la fiscalité. Il y a deux moyens :

1 ) Comme les taux sont négatifs ou très bas – Zéro Lower Bound Theory – les Etats devraient au contraire emprunter beaucoup mais à taux fixes sur le moyen terme et long terme. L’intérêt négatif ou bas permet d’éliminer peu à peu la dette publique, ce que Blanchard et Summers et Cie désiraient. ( Voir par ex : https://www.nber.org/system/files/working_papers/w24179/w24179.pdf ou bien le livre Evolution or Revolution : rethinking macroeconomic policy after the Great Recession, 2019.) Ceci reviendrait uniquement à accélérer le processus. Le financement des nouvelles émissions annuelles – près de 350 milliards pour la France, 450 pour l’Italie – serait ainsi assuré. En plus, l’Etat en empruntant 1000 milliards d’euros à – 0,5 % ou + 0,5 %, rembourserait immédiatement les échéances plus coûteuses en payant éventuellement la pénalité pour la réouverture des contrats lorsqu’elles ne seraient pas disponibles sur le marché secondaire. Surtout, l’Etat renationaliserait les monopoles naturels qui doivent rester publics – EDF, GDF, Postes, SNCF, etc. – autant que les entreprises jugées stratégiques, par exemple, dans le secteur pharmaceutique et la recherche publique.

On obtiendrait ainsi une marge budgétaire pour financer la RTT. Cette dernière réhabiliterait rapidement les trois composants du « revenu global net » des ménages dont le salaire différé, ce qui permettrait de renflouer rapidement les 4 – maintenant 5 – branches de la Sécurité Sociale ainsi que la fiscalité générale.

On pourrait alors financer un système de garderie national mur-à-mur pour favoriser le travail des femmes en les pénalisant moins, et créer une RTT spéciale pour les jeunes qui étudient. Soit, à l’université, elles et ils ne travailleraient jamais plus de 10 heures par semaine mais toujours dans des secteurs connexes à leurs études pour ajouter une formation opérationnelle à leur formation universitaire. Ceci en vue de former les jeunes au mieux sans transformer l’apprentissage en travail gratuit et souvent sans aucune mesure de sécurité pour leseul bénéfice du patronat, comme ceci est déjà le cas avec la « Buona scuola » de classe de Renzi-Gutgeld et al., en Italie. Ils et elles seraient payé.e.s suffisamment pour vivre et étudier et leurs années d’étude seraient évaluées comme des années de travail au Smic pour la retraite future.

Celles et ceux qui ne font pas d’études universitaires jouiront de la RTT ordinaire avec la réhabilitation de la séniorité mais avec une échelle salariale revue pour ne pas dépasser un écart de 5 à 1 maximum. Pour celles et ceux qui sont à élémentaire, au secondaire ou au lycée, il faut rétablir les allocations familiales dignes du nom, ainsi qu’une aide appropriée pour tous les frais de scolarité. La République n’existe pas sans éducation républicaine, laïque et gratuite, d’autant plus que nous entrons désormais à marche forcée dans la société dominé par le capital connaissance qui doit être plus que du smart working servant uniquement à asservir encore plus les travailleurs au micro-taylorisme et au contrôle en temps réel, online et continu … (Les bracelets d’Amazone ne sont qu’un début ; la crise sanitaire nous a fait entrevoir les lubies de tracking mettant potentiellement en jeu des nanoparticules communicant avec des récepteurs, téléphones portables, bornes d’écoute et de repérage etc. … On se demande à quoi rêve un Bill Gates lorsque l’on visionne The Island of dr. Moreau, ou lorsque l’on se souvient des lectures de Germaine Tillion.)

2 ) Soulignons la différence entre monnaie – dont nous laisserons grâcieusement et diplomatiquement la gestion à la BCE tout en redéfinissant ce qu’est le paramètre « inflation » harmonisée qu’elle utilise, en sachant que le taux de change reste une compétence conjointe – et crédit, ainsi que la différence entre crédit spéculatif et crédit public. Nous reprenons une partie du crédit sous forme publique pour financer notre économie réelle en la protégeant ainsi de la spéculation et nous nous offrons pour l’heure le luxe de laisser le crédit spéculatif à la BCE pour continuer ses QE et autres liquidités qui dès lors nous inquiètent moins.

Pour acter cette déconnexion entre économie réelle et spéculation sans retour, pour l’heure difficile, au cloisonnement du genre Glass Steagall Act, nous soulignerons que les bail-in ne s’appliquent qu’à la centaine de banques systémiques européennes selon l’Union bancaire européenne. Par contre, nous exigerons que ces banques créent un fonds spécial pour couvrir le cas échéant tous les dépôts des petits épargnants. En outre, outre la gestion islandaise de la crise des subprimes, nous nous souviendrons que le sauvetage public de Northern Rock par l’Etat britannique permit une recapitalisation rapide de cette ancienne credit union virée spéculative ; un sauvetage qui coûta beaucoup moins cher que les sauvetages permanents actuels via la BCE et les autres banques centrales. De la sorte, l’économie réelle et les épargnants étant protégés, le Monopoly spéculatif pourra se purger à loisir selon son rythme – ou s’assainir – sans grands problèmes. Même les grands actionnaires y trouveront leur compte puisqu’il vaut mieux détenir moins d’actifs mais sûrs que des montagnes de « monnaie Kerouac » – ainsi dénommée en hommage au rouleau de papier opportunément utilisé par l’auteur de On the road pour écrire son chef-d’œuvre de la Beat generation …

La meilleure solution reste de créer une banque publique d’investissement – ce qui peut être compatible avec le point 1 ci-dessus. Les fonds du Next Generation EU pourront être engagés initialement à hauteur de 2 milliards d’euros pour établir ses fonds propres. L’Etat ajoutera deux autres milliards de fonds propres les autres années selon les besoins. Cette banque publique aurait un ratio initial de 40 pour 1 – ce n’est que la moyenne réelle qui prévaut actuellement dans le secteur, sans tenir compte du shadow banking. Ce ratio baisserait à mesure que la dette publique serait rachetée et effacée pour atteindre 50 %, voire moins, du PIB.

Cette banque publique aurait comme mandat : 

a ) de racheter la dette publique et de l’effacer. Dégageant ainsi la marge budgétaire nécessaire pour rétablir l’Etat social inscrit dans la Constitution ainsi que ses interventions légitimes dans le cadre d’une économie mixte planifiée. Mais ce faisant, l’Etat renforcera son contrôle sur les seuils de contrôle de la propriété privée dans l’économie réelle pour éviter que l’argent remis pour repayer la dette n’aille phagocyter davantage l’économie réelle. Quoiqu’il en soit, la partie stratégique de celle-ci sera rapidement renationalisée comme nous l’avons déjà dit. Les banques récupérant l’argent de leurs créances pourront investir en bourse ou ailleurs tant au plan national que global, donc en nuisant moins ;

b ) la Banque publique aura comme mandat de financer les entreprises publiques et parapubliques ou coopératives . (Les Sparkassen jouent ce rôle en Allemagne mais en France les écureuils furent remplacés par des éperviers et des vautours. Le Livret A lui-même ne fut pas épargné, si j’ose dire, malgré ses liens d’origine avec le logement social.) Pour les coopératives, la gauche aura tout intérêt à les encadrer – y compris en ce qui concerne l’exportation – dans la planification indicative et incitative, tout en offrant aux entreprises et commerces, des garanties de taux de financement à très bas coût, à condition qu’ils participent à la forme coopérative. C’est le rôle que devaient jouer mes Fonds Ouvriers et mes Fonds de productivité proposés dans mon Tous ensemble (Livre 1 dans mon vieux site). Ceci vaudrait pour les entreprises agricoles, petites ou moyennes, à reconvertir soit dans le productivisme sans pesticides excessifs et sans OGM, du moins de première génération – car ce secteur est vital pour conserver une industrie agroalimentaire de qualité –, soit dans l’agriculture écologique – y compris avec les productions duales dans le strict respect du zonage agricole, puisque le prix des biofuels suit l’évolution des prix internationaux du pétrole et du gaz. De la sorte, nous soutiendrons les petits et moyens agriculteurs alors que la forme coopérative leur garantira une division sociale du travail moins dure en terme d’heures de travail, de congés etc.

(Les trains à hydrogène me semblent une ineptie car s’ils peuvent rouler à l’électricité. Passer par l’hydrogène qui requière de l’électricité pour sa production, revient fatalement à gaspiller de l’énergie. Ce qui reste vrai en harnachant pour ce faire l’électricité solaire ou éolienne payée en réalité sur le compte de EDF – et via le plan Hercule qui s’en vient – pour le bénéfice d’entreprises privées non rationnelles du point de vue écologique – le CO2 est bénéfique pour la végétation et les cultures – et non soutenables sans ces lourdes subventions dans un système qui sert surtout à privatiser les monopoles naturels au détriment des territoires périphériques et de ses habitants, les citoyens-usagers transformés ainsi en clients, dignes d’intérêt uniquement lorsqu’ils sont solvables …

Je laisse de côté ici le réel bilan carbone de ces énergies alternatives et la difficulté de les recycler. Il resterait un « avantage » à savoir le développement d’une nouvelle technologie, mais cela n’est guère probant pour les trains !!! Sauf en tenant compte de la comptabilité débilement faussée par les paramètres des COP successives qui cherchent à maximiser les certificats verts – à polluer – et les facilités de financement spéculatives Green New Deal. Voir « Les premiers trains à hydrogène français bientôt sur les rails », La région Bourgogne-Franche-Comté et les TER SNCF vont faire rouler trois rames autour d’Auxerre à partir de 2023.

Par Eric Béziat , Publié aujourd’hui à 10h32, mis à jour à 11h21 https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/05/les-premiers-trains-a-hydrogene-francais-bientot-sur-les-rails_6072045_3234.html

 

Paul De Marco.

 

 

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