Commenti disabilitati su Dette publique et inepties marginalistes : le cas italien, 3 mars 2017.

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Il fut un temps pas si lointain où les philosémites nietzschéens furent défaits par l’Alliance de classe anti-nazifasciste, défaite entérinée dans la lettre et l’esprit de nos constitutions européennes nées de la Résistance.

Plan

1 ) L’absurdité falsificatrice du sentier de consolidation fiscale.

2 ) L’absurdité marginaliste en matière de profit, intérêt et intérêt spéculatif.

 

1 ) L’absurdité falsificatrice du sentier de consolidation fiscale

 

La théorie qui se niche derrière l’ineptie du sentier de consolidation fiscale n’a plus rien à voir avec les actions contre-cycliques keynésiennes ou celles de l’Etat social. C’est une ineptie carrément néolibérale monétariste. Elle fait abstraction de toutes les structures sous-jacentes – régime financier et commercial international, régime financier interne, etc. Elle ne s’attache qu’au remboursement prioritaire de la dette publique tout en taisant ses origines.

Le paradigme de référence est celui que le FMI et les Clubs de Paris et de Londres utilisèrent contre les pays africains et sud-américains dans les années 80 et 90. Tout est sacrifié pour rembourser la dette publique bien plus que pour tenter de la faire baisser réellement. Le coût du financement de la dette publique surdétermine tout le reste. D’où l’importance du concept de solde primaire, soit les recettes fiscales disponibles au net du coût de financement de la dette publique. Ceci dans le cadre d’un équilibre économique abandonné à la méta-magie de la « main invisible » dans un contexte global libéralisé. Si la croissance est anémique et le solde primaire en baisse l’absurdité insoutenable du sentier se dévoile. Quoiqu’en dise le chœur de pitres de régime surreprésentés et surpayés … aux frais de la princesse. (voir https://www.youtube.com/watch?v=6gRP12BHw8E )

En mai 2014, le système de comptabilité nationale fut modifié de manière à ajouter près de 3% à 3,5% au PIB en incluant une estimation de l’évasion fiscale, de la prostitution, du trafique de drogue, de la R&D ainsi qu’une partie des dépenses d’armement. De sorte que, lorsqu’on nous annonce une croissance anémique de 0,7 % ou bien de 1 virgule quelque chose, nous avons affaire en réalité à une désastreuse croissance négative.

Ceci est fondamental au vu de l’idéologie de l’austérité résumée dans le « sentier de consolidation fiscale » et les réformes régressives qui en découlent. Bien entendu, même en ne tenant pas compte de cette falsification dans la présentation du PIB, le sentier de consolidation fiscale est allé dans le mur depuis belle lurette. Mais cette issue fatale fut dissimulée par d’autres inventions néolibérales européennes servant à donner un peu plus de corde aux dirigeants – valets des 1% et 10 % au sommet de la pyramide socioéconomique – pour pendre les prolétariats et les peuples. On a donc vite appris à se donner de la marge budgétaire grâce à l’output gap, au déficit structurel, aux circonstances exceptionnelles et ainsi de suite. Bref, tant et aussi longtemps que les débilitantes réformes néolibérales s’appliqueront, l’UE sera assez flexible pour ne pas imposer de pénalités et les gouvernants seront prêts à saigner leur peuple pour éviter ces pénalités de 0,2 % du PIB … On le voit tout est parfaitement logique.

Mais il s’agit-là de la logique hyper-fédéraliste de l’Europe du capital spinellienne. Une autre Europe est possible sous la forme d’une confédération ou intégration intergouvernementale des Etats-nations membres œuvrant harmonieusement pour l’Europe sociale grâce au mécanisme de l’opting out. Ce mécanisme donnant toujours le dernier mot aux électrices et aux électeurs permet à tous les Etats membres d’avancer selon leur rythme propre. L’émulation ferait le reste sur la base des expériences communautaires ou nationales les plus réussies.

En réalité, dans l’état actuel des choses, ces pénalités budgétaires seraient facilement absorbables par un gouvernement soucieux de reprendre son autonomie socioéconomique et financière. Pour l’Italie, ce 0.2% représente près de 3.5 milliards d’euros. Cette somme dérisoire est à comparer avec les dizaines de milliards d’euros octroyés sans sourciller pour sauver les banques privées de la Péninsule. Il est notoire que ces dernières détiennent plus de 380 milliards d’euros de créances douteuses sans parler des autres milliards à risque.

Rappelons que le soi-disant Pacte de stabilité n’a pas obtenu l’unanimité au sein de l’UE et, par conséquent, il ne s’applique que par la volonté des dirigeants des Etats membres. En Italie les dirigeants servi in camera par excellence ont précédé l’UE en inscrivant l’austérité dans l’Article 81 de la Constitution avec pour seul objectif celui de lier les mains d’un gouvernement issu d’une éventuelle alternance politique. La France de F. Hollande a dû se résigner à n’en faire qu’une loi organique pour éviter une grave rébellion populaire.

A ceci s’ajoute le trucage typique de la public policy monétariste qui prend pour nom tax expenditures, autrement dit les dépenses fiscales. Celles-ci sont estimées autour de 300 milliards et plus pour les grands pays européens. Une fois octroyées elles disparaissent gentiment des radars budgétaires de sorte que le budget apparaît toujours artificiellement en déficit ou en équilibre précaire exigeant donc de ce fait toujours plus d’austérité.

Ainsi, selon l’Istat, pour l’Italie la situation se présente en gros de la manière suivante:

Croissance PIB : 0.9% 2016            0.8% en 2015

Déficit : – 2.4 % du PIB                    – 2.7% en 2015

Dette : 2,217,695 million 132.6%    2,171,670 million 132.2 %

Emprunt net : – 40,708 millions                – 42,931 millions

Solde primaire :  1.5%                     1.4 %

(Selon la UE, pour 2017, le déficit atteindra 2.4% du PIB contre 2.3 % en 2016 alors que la dette publique atteindra 133.3%. On constate encore une fois le flou artistique des statistiques des uns et des autres toujours confectionnées selon les recettes marginalistes …)

Changement comptabilité au moins :  + 3.5% de croissance du PIB (changement entré en vigueur en Italie en octobre 2014)

On voit alors immédiatement la faillite du soi-disant « sentier de consolidation fiscale ».  Le déficit n’apparaît pas pour ce qu’il est vraiment et l’impact sur lui du solde primaire vient surtout des coupures linéaires effectuées dans les programmes sociaux, surtout les programmes publics, et des désastreuses privatisations qui sapent encore la cohérence socioéconomiques des Formations Sociales.

L’Italie dont le tissu industriel, lessivé à plus de 25 % par la crise déclenchée en 2007-2008, est constitué de près de 90 % d’entreprises employant 10 travailleurs ou moins, a ainsi lamentablement sacrifié la plupart de ses « champions nationaux ». Les ventes de garage continuent au nom de la logique du solde primaire entérinée par la « spending review ». On ne s’étonnera donc pas que la dette continue d’augmenter alors qu’elle devrait descendre d’un 20 ème par an pour atteindre  60 % du PIB selon le Critère de Maastricht. De même, comme le rappelait la Commission Européenne pour les Affaires Economiques et Financières, le déficit budgétaire devrait également baisser en tendance triennale de 0.5% par an. (1)

La vérité est que l’Italie est devenue le laboratoire de la régression socioéconomique de la zone euro et de la dilapidation des fonds publics dans un Etat hyper-corrompu et incompétent à tous les niveaux, dont la magistrature, le gouvernement, et les ministères. Par conséquent, elle jouit déjà d’une trentaine de milliards de marge à des titres divers, déficit structurel, évènements exceptionnels etc.

Evidemment, à part les mises en scène dramatiques pour le bénéfice de la galerie à maintenir sagement subordonnée, la Commission n’impose pas de pénalité. Au contraire, comme en Grèce, elle est toujours prête à donner un peu plus de corde en jouant la réluctance, du moins tant que les gouvernements néolibéraux de domestiques d’intérieur font ce que l’on attend d’eux, à savoir appliquer les réformes régressives philosémites nietzschéennes.

Aujourd’hui, en Italie, se joue une grotesque farce par laquelle l’attention médiatique est portée exclusivement sur une correction budgétaire de 3.5 milliards d’euros, soit à peu prés le poids de la pénalité encourue. Comme en Grèce, cette farce continuera tant et aussi longtemps que tout ne sera pas privatisé. Des Gutgeld et Cie, pourtant définitivement désavoués par le résultat du référendum du 4 décembre 2016 qui enterra leur projet criminel de modification de la Constitution, ont déjà imaginé privatiser le patrimoine artistique et archéologique du pays – Notons à cet égard qu’il est estimée à 1/3 du patrimoine artistique mondial. La gestion de ce riche patrimoine, par exemple celle du Colisée, est d’ailleurs déjà en partie privatisée. Celles et ceux qui détiennent des trillions en « liquidités » ou Papier Kerouac selon mon expression imagée, ne sont pas si bêtes, ils imitent les anciens banquiers du Moyen-âge qui s’achetaient préventivement des titres de noblesse de robe  avant d’être traités en usuriers …

Ceci se fait dans le cadre d’une besogneuse dilapidation des fonds publics. Ici aussi, tout comme pour l’austérité inutilement inscrite dans l’Article 81 de la Constitution italienne, la démagogie en vigueur consiste à masquer ce pillage des richesses nationales en faisant de l’EU un bouc émissaire de connivence avec tous les autres dirigeants néolibéraux européens actuels. Ceci permet de poursuivre les réformes en bernant les peuples, du moins lorsqu’ils ne virent pas populistes fautes de réelles alternatives à gauche. Ainsi le désastreux Jobs Act a coûté 18 milliards d’euros en 2015 tout en induisant une explosion de la précarité de masse par les vouchers et par le recours illégal au travail au noir ; le bonus de 80 euros renzi-gutgeldien sur la fiche de paie des travailleurs dépendants qui excluait les bas revenus et les pensions, coûte 10 milliards d’euros par an. Ce bonus visait le basin électoral du parti gouvernemental par ailleurs laminé par les privatisations et l’érosion de l’emploi dans la fonction publique. Les taxes foncières sur la résidence principale que le tiers moins riche ne payait plus furent entièrement abolies, privant ainsi les municipalités et leurs territoires dégradés de leur principale source de revenus. Les impôts sur le capital furent également abaissés – ires, irap etc. – alors que les tax expenditures s’élèvent à plus de 330-340 milliards d’euros par an. Dans ces conditions, cet exercice budgétaire national et européen n’est plus qu’une sinistre farce néolibérale monétariste visant à assujettir les peuples souverains à la nouvelle et apatride « gouvernance globale privée.»

Je rappelle que la RTT de la « gauche plurielle » avait coûté autour de 23 milliards d’euros pas an pour la création de plus de 350 000 emplois à plein temps ce qui avait rétabli les cotisations sociales, donc les programmes sociaux publics, tout en consolidant l’assiette fiscale. Le taux de chômage baissa de plus de 10 % à moins de 8 % ; le Trou de la Sécu était quasiment éliminé ; les nouvelles recettes fiscales avaient permis de faire baisser la dette publique à 59 % du PIB, soit 1% de moins que le Critère de Maastricht. En outre, les 35 heures légales étaient accompagnées en moyenne par 4 heures supplémentaires, donc majorées, ce qui donna lieu à l’émergence spontanée d’une nouvelle sociologie du divertissement. Tout ceci en seulement 2 années. En 2004, pour une semaine légale de 60 heures la durée de travail effective aux USA était de 33,8 heures pour un salaire légal minimum horaire de $ 5.15 et mettant souvent en œuvre deux ou trois jobines. Comme quoi l’alternative est bien entre le partage citoyen du travail socialement disponible et le partage de la pauvreté entre les travailleurs de nouveau considérés comme membres de « classes dangereuses ».

Le changement de la comptabilité nationale montre bien toute la supercherie budgétaire actuelle, sans compter le fait que les chiffres du PIB marginaliste ne font pas la différence entre économie réelle et économie spéculative, de sorte que le surdéveloppement exubérant du secteur financier gonfle les chiffres. Ce secteur compte désormais pour près de 8 à 9 % du PIB aux Etats-Unis et en Suisse, les autres pays suivant de près. Les équations bâties là-dessus, par exemple celles de Rogoff et al. et celles faussement critiques de Blanchard sont totalement ineptes. A preuve la lamentable faillite de leurs analyses et projections malgré le changement préventif de la comptabilité nationale !

On aura compris qu’il ne s’agit pas uniquement ici d’une question d’inepties à la Bob Barro – équivalence ricardienne – bien que tous les chiffres disponibles montrent l’importance cruciale des dépenses publiques, du moins lorsqu’elles sont destinées au secteur public plutôt qu’au secteur privé. Pourtant, l’énorme différence entre multiplicateurs sectoriels et multiplicateur générique ne dit pas tout. En effet, il faut encore tenir compte, d’une part, des circuits du capital – nationalisation de la banque centrale, séparation des banques de dépôts et d’investissements, institutionnalisation d’une partie de l’épargne telles les pensions etc. –   et, d’autre part, de l’extroversion de la FS dût au libre-échange et à sa débilitante définition actuelle de l’anti-dumping sanctuarisée à l’OMC. Cette définition supprime toute référence aux droits du travail même minimum comme ceux entérinés par l’OIT, ainsi que toute référence aux critères environnementaux minimes et au principe de précaution. Elle induit une concurrence vers le bas en confondant notamment le coût de production avec le coût du travail donné en abstraction des cotisations sociales et de la fiscalité. Bien entendu ceci est rapidement insoutenable et accélère la spirale socioéconomique vers le bas.

La déflation salariale imposée par le sentier de consolidation fiscale, donc par l’austérité néolibérale, et par l’actuelle définition de l’anti-dumping, tue la demande interne. La baisse et surtout la redéfinition en faveur du secteur privé des dépenses publiques tuent la croissance dans un contexte où trop de charlatans parlent de dépenses publiques en taisant leurs formes. On mélange ainsi les pommes et les oranges.

L’alternative n’est donc pas dans la distinction fumeuse, infra-cours d’introduction à la logique, entre l’impact des coupures budgétaires, donc des dépenses publiques, ou celui de la baisse des impôts. On sait, par exemple, que les désastreuses mesures ad hoc du Président Hoover, le champion du « rugged individualism », coûtèrent plus que celles de la Social Security américaine de F.D. Roosevelt, ce qui prouve l’importance des circuits du capital. Autrement on réfléchit avec ses pieds sans pouvoir pour autant donner raison à ce grand auteur qui au moins y voyait un niveau égalitaire entre tous les Hommes …

La recette Chicago Boys privilégiant l’exportation pour rembourser prioritairement la dette publique est elle-aussi une idée digne des économistes mainstream actuels, des vulgaires charlatans dont plusieurs ignorent que leur théorie est issue d’une falsification conçue comme telle. Je renvoie ici les sceptiques à mon Introduction méthodologique et à mon Précis d’Economie Politique Marxiste, tous deux librement accessibles dans la Section Livres-Books du site www.la.commune-paraclet.com . Ainsi, en Italie et ailleurs, le faible solde de la balance commerciale est surtout dû à la baisse de l’importation – des biens de consommation productive et de consommation des ménages. De plus, tous les pays adoptant la même stratégie simultanément, les positions relatives changent peu sinon par la barbarie différentielle de la déflation salariale mise en œuvre.  Enfin la productivité micro-économique réelle ne se gagne pas par la déflation salariale et par les coupures dans la R&D publique ; elle ne se gagne pas non plus en sacrifiant la compétitivité macro-économique c’est-à-dire en sabrant dans la part de la plus-value sociale que l’Etat social ou keynésien avait transférée au « revenu global net » des ménages. On sait que depuis les années 80, entre 8% et 10 % du PIB furent transférés des salaires vers les profits sans aucune contrepartie pour le monde du travail exceptées la généralisation de la précarité et la paupérisation croissante. Je renvoie là encore à mon Précis cité plus haut.

2 ) L’absurdité marginaliste en matière de profit, intérêt et intérêt spéculatif.

J’ai déjà critiqué les paramètres de la théorie marginaliste. Elle ne dispose pas d’une fonction de production ni d’une théorie de l’équilibre général statique ou dynamique scientifiquement valables. Elle est, en outre, incapable de fournir des données simultanément en quantités et en prix. Sa théorie de la monnaie n’est pas organique, elle est traitée comme un simple marché intégré par la suite dans le « marché des marchés » avec tous les problèmes que l’on sait. On se reportera, par exemple, à la critique définitive du marginalisme dans toutes ses variantes présentée dans l’ébauche intitulée : « Hi-Han ! Les âneries visuelles hallucinatoires des économistes bourgeois » librement accessible dans la section Livres-Books du site www.la-commune-paraclet.com )

Pour résumer toutes ses inepties, rappelons seulement que pour les marginalistes la spéculation ne saurait exister, du moins pas pour longtemps, puisque le marché rétablirait fatalement l’équilibre. C’est encore pire avec la soi-disant théorie des « marchés efficients ». On se rappellera que juste avant la crise des New Techs, les marginalistes actuels pensaient avoir trouvé le Saint Graal et décrétèrent la fin des cycles économiques en inaugurant leur New Economy. Quelques années auparavant, leurs semblables avaient tout bonnement décrété la « fin de l’Histoire ». C’était leur manie du moment suite à la chute du Bloc soviétique.

De la même façon, surtout après les contributions falsificatrices concoctées par Irving Fisher – income flow, etc. – les marginalistes ne savent pas faire la différence entre intérêt et profit, entre intérêt classique et intérêt spéculatif et donc entre économie réelle et économie spéculative. Lorsque les faits les forcent à tenter de le faire, ils sortent tout simplement hors de leurs théories sans même s’en apercevoir en recourant, au mieux, à ce que le grand épistémologue Koyré nommait l’« empirisme baconien ».

En sortant des clous nous obtenons ceci : la monnaie n’est pas le crédit et l’investissement n’est pas l’épargne. La monnaie – en gros M1 – est une réflexion en numéraire de la masse salariale – réelle et sociale. Le crédit est au contraire la monnaie scripturale qui dépend pour sa part du ratio prudentiel selon l’évolution historique du système bancaire – par exemple, avant ou après l’abrogation du Glass Steagall Act et de ses équivalents hors des Etats-Unis. Cette abrogation mena à l’hégémonie du capital spéculatif, notamment portée par la soi-disant « banque universelle ».

L’épargne est une consommation différée dans le temps. Sans elle la Reproduction Elargie ou équilibre dynamique ne serait pas possible car il faut épargner pour acheter une auto ou encore un autre bien durable, alors que le salaire net suffit pour acheter un pain ou les autres composants du panier de consommation quotidien. Bien entendu, il peut y avoir une épargne institutionnalisée – par ex. les pensions, l’assurance-chômage et ainsi de suite.

Dans ce cas, grâce au décalage actuariel, elle peut jouer un rôle d’accumulation de capital et donc un rôle d’investissement surtout public. R. Meidner en avait d’ailleurs fait la base de ses Fonds ouvriers. Ce décalage n’est pas sans effet sur la dynamique des investissements mais concerne uniquement une partie de l’épargne pouvant ainsi être décalée, c’est-à-dire surtout les pensions ; du moins lorsqu’elles ne sont pas déjà privatisées et jouées en bourse.

En dernière instance, cela reste dans le cadre d’une Reproduction Simple – i.e. statique – ou encore dans le cadre d’une Reproduction Elargie modifiant la structure intersectorielle de la Reproduction. On sait que cette structure peut être résumée par les interactions entre le Secteur I des Moyens de production (Mp) et le Secteur II des Moyens de consommation (Cn). Ces deux secteurs renvoient d’ailleurs à la structure de la fonction de production microéconomique : c + v + pv = M, où « c » est le capital constant (Mp) et « v » le capital variable (Cn), « pv » étant la plus-value et « M » le produit.

L’exemple typique étant le plan quinquennal soviétique qui alla de paire avec la collectivisation des terres. L’Urss ayant encore accès au Système Financier Européen décida d’extraire des surplus agricoles afin d’obtenir les devises étrangères servant à acheter les machines et les technologies nécessaires au rapide décollage industriel du pays. Pour atténuer les possibles contraintes exercées sur les campagnes, cette politique incluait la collectivisation des terres qui permettait peu à peu de généraliser l’emploi des machines agricoles tout en diffusant une nouvelle organisation solidaire dans les campagnes dans le cadre de l’alliance entre ouvriers et paysans.

L’investissement en tant que tel – le crédit – est créé par les banques publiques ou privées. Pour le privé cela se fait selon le ratio prudentiel. Avant l’abrogation de la régulation bancaire –crime dû à des Tirole et Cie v.son livre de 1993 intitulé The prudential regulation of banks … – le lien entre création de monnaie scripturale – par le ratio – et l’économie « réelle » se faisait par la connexion intime entre ratio et profit. Le ratio étant donné la croissance ou décroissance des profits entraînent l’expansion ou la contraction du crédit.

Encore que, même là, les cycles économiques (Trade cycles) s’imposent pour une simple et bonne raison, à savoir l’impact de l’allocation des crédits selon la logique de la « main invisible » et de l’optimisation du profit privé. Cette logique fait que les investissements ne sont pas rationnels du point de vue de l’équilibre dynamique – Equations de la RE –, et suivent de manière moutonnière la spéculation sectorielle. Invariablement le résultat est le déséquilibre intersectoriel. La « main invisible » est une incantation magique cachant l’expropriation de l’allocation macroéconomique des ressources au profit du secteur privé. Du coup, le surinvestissement dans un secteur entraîne fatalement un déséquilibre dans les autres secteurs, ce qui mène aux crises conjoncturelles, parfois médiées par le commerce externe et donc pas les déséquilibres extérieurs.

Ajoutons que le profit et l’intérêt – bancaire, financier – classique ne sont pas la même chose. Le second est déduit du premier mais l’inverse n’est pas vrai. Ce sont des catégories distinctes et non des catégories opposées. Or, l’intérêt spéculatif met en cause un secteur financier aujourd’hui entièrement autonomisé par rapport à l’industrie et aux services classiques publics et privés qui lui sont liés. Par cette autonomie, ce secteur pose donc comme un secteur économique à part entière dégageant ce qui est présenté désormais comme un profit et non plus comme un intérêt.

Du coup, sa « productivité » plus grande – en effet, il nécessite moins de capital fixe etc. – influencera, en la phagocytant, la productivité donc les profits du reste de l’économie. Elle surdéterminera ainsi toute la structure des prix. Nous avons ici la base de la logique perverse du Roe, ou bien encore celle des dérivées financiers.

Notons que pour sa part l’intérêt classique est déduit du profit. Le capital bancaire participe aux investissements du capital productif en suppléant l’autofinancement. La liquéfaction des facteurs de production ainsi que la mobilité du capital mène à une convergence des rendements de tous les types de capital. Bien entendu on ne saurait en déduire une égalité des taux de profit et des taux d’intérêt. Le rendement du capital bancaire est fonction des fonds propres démultipliés par le ratio et affecté par les taux directeurs de la banque centrale.

Ce secteur spéculatif pèse aujourd’hui 9 % du PIB en Suisse et aux USA. L’impact est énorme. Surtout, ce qui est ainsi perdu est le lien nécessaire – effet de feedback auto-correcteur partiel – avec l’économie réelle puisque la banque centrale et ses QE opèrent comme ratio prudentiel de facto. J’ai ainsi pu parler de « crédit sans collatéral ». (Voir la section Economie Politique Internationale du site déjà mentionné.) En effet, le capital en fonds propres des grandes banques dites « universelles » serait depuis longtemps disparu sans l’intervention de la Banque centrale. Cependant, malgré ce sauvetage permanent, les créances douteuses s’accumulent dans les bilans bancaires – voir Grèce, Italie etc. Le système tourne donc à vide détruisant l’économie réelle et la fiscalité de l’Etat. Mais, ce faisant ceci aggrave le problème de la non-symétrie sectorielle dans l’allocation du crédit capitaliste, donc des crises, qui de conjoncturelles deviennent structurelles. Se reporter à mon Précis d’économie politique marxiste dans www.la-commune-paraclet.com section Livres-Books.

Ergo, au minimum, il faut abolir le crédit spéculatif, réintroduire le rôle de la banque centrale sur le marché primaire et créer un pôle financier public. Ceci reste une alternative intra-système mais au moins elle a le mérite de dériver de sa compréhension scientifique.

Ainsi on peut simplement prendre la part des droits de seigneuriage – aujourd’hui dilapidée par la BCE et par ses banques membres pour créer un Fonds de capitalisation/nationalisation. Ce fonds pourrait également permettre la création d’un pôle financier public. Ce dernier, avec un ratio prudentiel moyen, achèterait et éliminerait tout bonnement année après année la dette publique. Il permettrait également de financer les entreprises stratégiques et les infrastructures publiques nécessaires. Le système bancaire serait ainsi peu à peu mené à une re-normalisation sans trop de drame.

En cas de problème, la faillite des banques privées – selon la loi de la concurrence – donnera lieu à une recapitalisation par nationalisation. On sait que ceci coûte beaucoup moins cher que les sauvetages spéculatifs actuels, tout en permettant de purger le système de sa bulle spéculative. Ceci permettrait également de sauver les petits épargnants et l’économie réelle en sacrifiant les parasites spéculateurs – qui de toute manière seront déjà partis dans les paradis fiscaux et devront donc faire l’objet de mesures pénales. Cette fuite ne pénaliserait en rien le crédit nécessaire pour les investissements productifs puisque les pays disposeraient au minimum d’un pôle public financier.

Mais on le voit ceci n’abolit pas les contradictions capitalistes dont la dissymétrie intersectorielle de l’octroi des crédits. Pour cela, outre le crédit public, il faut encore disposer de la Planification, au minimum d’une planification indicative et incitative, jadis dite à la française.

Le problème de la dette publique tel qu’il est traité par tous les économistes bourgeois et petits-bourgeois, est un instrument d’assujettissent des peuples. Ceci est connu depuis Solon et bien avant lui par les Sumériens. Mais ce qui est de très loin bien pire aujourd’hui, c’est l’asservissement mental de tout ce grotesque monde académique qui ne sait pas faire la différence entre monnaie, crédit, intérêt, intérêt spéculatif etc. et entre économie spéculative et économie réelle. Un monde qui avec des Cahuc et Cie foule allègrement des pieds la déontologie scientifique tout en cherchant à se protéger en supprimant politiquement la pluralité dans la discipline et les nécessaires débats publics respectant le droit de réponse.

Je rappelle que les modèles marginalistes ne savent pas conjuguer quantités et prix, et donc qu’ils ne peuvent pas avoir de théorie rationnelle de la monnaie, la seule alternative qui leur reste étant de concevoir la monnaie comme issue d’un marché spécifique impossible à intégrer dans le « marché des marchés » autrement dit dans l’équilibre économique. On bute ici sur le grave problème ex ante/post hoc. Cette contradiction logique létale, que Böhm-Bawerk avait cru à tort imputer à Marx, est au contraire inhérente à toutes les théories économiques bourgeoises ainsi que je l’ai démontré définitivement en déconstruisant la falsification donnée comme « problème de la transformation des valeurs en prix de production » (Voir à ce sujet mon Tous ensemble ou encore mon Précis d’Economie Politique Marxiste.)

Soulignons une fois encore que pour le marginalisme dans toutes ses variantes la spéculation ne saurait exister très longtemps. Les tenants de l’efficience du marché prétendent en plus que la spéculation accélère le mécanisme normal qui aboutit à la justesse des prix – Hi-han ! selon l’avertissement de leur Grand Maître Nietzsche dans son Ainsi parlait Zarathoustra : les faussaires finissent parfois à croire en leur propres falsifications et troquent dangereusement les perceptions pour la réalité, sapant ainsi les bases de leur domination de classe et de caste.

Je note qu’avec ses QE Bernanke voulait créer de l’hyperinflation pour faire payer la dette aux créanciers chinois et japonais et qu’il a abouti au contraire au « credit crunch ». Ce grotesque personnage avait fait son Ph.D sur l’inflation !!! Les autres dont Draghi ne valent pas mieux. Contrairement au sort qu’ils me font subir, je leur confère volontiers le droit de réponse.

Paul De Marco, ex-professeur de Relations Internationales – Economie Politique Internationale.

Copyright © La Commune Inc, 3 mars 2017

1 ) Voici la note de l’UE: Business News | Wed Nov 16, 2016 | 11:35am EST, Italy, five others at risk of breaking EU budget rules with 2017 draft budgets http://www.reuters.com/article/us-eurozone-budgets-idUSKBN13B19P

(see also https://ec.europa.eu/info/business-economy-euro/economic-and-fiscal-policy-coordination/eu-economic-governance-monitoring-prevention-correction/stability-and-growth-pact/annual-draft-budgetary-plans-dbps-euro-area-countries/draft-budgetary-plans-2017_en )

Voir aussi: L’Ue minaccia l’Italia: “Manovra bis o restituite fondo flessibilità”. I tecnici avvertono la Commissione: deficit e debito fuori controllo http://quifinanza.it/soldi/lue-minaccia-litalia-manovra-bis-o-restituite-fondo-flessibilita/111434/?ref=virgilio

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