Commenti disabilitati su Éloi Laurent, Et si la santé guidait le monde? L’espérance de vie vaut mieux que la croissance, éd. Les Liens qui Libèrent, 2020. Une critique argumentée.

(Les deux concepts clés inter-reliés de cet ouvrage sont l’espérance de vie et la social-écologie. Pourtant les problématiques liées à l’usure de la force du travail et à la vieillesse n’y ont pas la place attendue. Je renvoie donc au bref post suivant : http://rivincitasociale.altervista.org/roger-lenglet-et-jean-luc-touly-les-requins-de-la-fin-de-vie-ehpad-pompes-funebres-tutelles-maisons-de-retraite-michel-lafond-2020/ .)

Comment concilier économie et écologie pour atteindre un état de « pleine santé » dépassant l’horizon du « plein emploi » de l’Etat providence ou du Welfare State anglo-saxon ? Quoiqu’en dise l’auteur, la question agite les théoriciens bourgeois depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Mais il a parfaitement raison de souligner que la « science » économique mainstream reste à la traîne. Au vu des narrations régressives mises en place depuis le Report from the Iron Mountain (1) suivi par le rapport du Club de Rome Les limites à la croissance – 1972-, puis par les frasques du Giec (2) et autres COP augmentées de divers rapports à la Stern, on s’en féliciterait presque. Comme personne ou presque ne saurait être contre la tarte aux pommes, il convient cependant de donner crédit à l’auteur lorsqu’il prend acte que la question ne saurait plus être éludée. Il appelle à la création d’un Etat social-écologique respectueux de l’environnement dont l’évaluation se ferait à partir d’indicateurs autres que le PIB et en particulier les indicateurs de santé reflétés par l’espérance de vie – en bonne santé.

Son livre débute ainsi : « Le 7 avril 2020, la moitié de l’humanité était immobilisée et toute l’économie mondiale paralysée dans le but de limiter la propagation mortelle de la pandémie du Covid-19 déclenchée par la destruction des écosystèmes et la marchandisation de la biodiversité. Le 7 avril 2020 commençait le XXIè siècle, clôturant un XXè siècle débuté avec la Première Guerre Mondiale, le 28 juillet 1914. Ce nouveau siècle pourrait tourner court » (p 9)

Il ajoute « Comme pour l’Etat providence naissant de la fin du XIXè siècle, l’Etat social-écologique reste largement à inventer au cours des années à venir. En France notamment, alors que nous venons de célébrer le 75è anniversaire des ordonnances de la Sécurité Sociale, il paraît indispensable de mieux intégrer pleinement la santé environnementale dans les politiques publiques. Comme au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, la reconstruction des protections sociales est le meilleur moyen de concilier les exigences du présent et celles de l’avenir. La réponse à la crise du Covid-19 marque la première étape de ce long avenir. Il n’y aura pas de « retour » en arrière de l’Etat providence. C’est à sa renaissance qui nous allons assister. » (p 145)

« Pour le Grand Manitou, le mot n’est rien du tout » cependant un mot composé comme social-écologie fait dresser l’oreille. La dernière phrase du paragraphe cité nous rassure un peu d’autant que l’auteur avait déjà exposé sa manière de voir au début de son exposé: « En somme, l’espérance de vie possède à peu près toutes les qualités d’un bon indicateur de développement au XXIè siècle tandis que la croissance du PIB était déjà mal adaptée au siècle précédent. Il y a quelque chose de vertigineux à devoir constater que la fiction démographique en dit plus long et plus juste sur notre monde que la réalité économique. Il y a quelque chose de rassurant à pouvoir penser que si nous sortons de la croissance, ce sera pour entrer dans l’espérance.

L’espérance de vie est donc bien la mesure de notre prospérité dans ce monde devenu incertain de notre fait, alors que la puissance publique continue de s’appuyer sur le critère abstrait, fragile et au fond insécurisant, de l’espérance d’utilité. » (pp 26, 27)

Sortir d’un monde dominé par l’espérance d’utilité, c.-à-d., du calcul marginaliste subjectif des joies et des peines de Menger et de toute l’Ecole autrichienne, voilà qui nous incite à suivre et à comprendre le cheminement de la pensée de ce jeune auteur.

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que les tenants de la décroissance confondent croissance qualitative et croissance matérielle capitaliste qui concilie un énorme gaspillage des ressources disponibles avec la négligence des besoins sociaux essentiels surtout lorsqu’ils ne sont pas solvables. Nous vient également à l’esprit l’écueil familier de qui confond toujours valeur d’usage et valeur d’échange, y compris la valeur d’échange des matières premières tangibles ou intangibles – écomarxisme – , cette dernière relevant seule de l’économie et de sa comptabilité nécessaire. Sans elle, au niveau de la fonction de production, nous en resterions à Pareto, qui est incapable de concilier la composition technique du capital et sa composition valeur. Aucune théorie économique bourgeoise n’est capable de concilier quantités et qualités – ou valeur/prix – de manière cohérente, aucune d’entre-elles n’est capable de concilier micro et macro-économie. A tel point que Schumpeter voudra en faire une dichotomie ontologique au sujet d’étude !!!

Au niveau social, il nous serait impossible de concevoir le Domaine de la liberté dont la condition matérielle d’existence reste, tout comme pour la conscience humaine ainsi que le reconnaissait Jean-Paul Sartre, le Domaine de la Nécessité économique. Ce dernier cède progressivement le pas au premier domaine à mesure que se développent la productivité microéconomique et la compétitivité macroéconomique conjointement matérialisées dans les cycles récurrents de la RTT et ses corolaires sociaux et culturels.

Le PIB marginaliste est un très mauvais indicateur économique dont les tares congénitales empirent avec le passage à l’époque de redistribution dominée par le capital spéculatif. Reste qu’une comptabilité nationale scientifique demeure la base sur laquelle repose tous les autres indicateurs socio-économiques ou culturels et civilisationnels, dont l’espérance de vie. (3) Cette nouvelle comptabilité permet d’intégrer pour la première fois de manière organique l’écomarxisme ou, si l’on veut, le concept essentiel contraire à toutes les théories économiques bourgeoises, particulièrement le marginalisme, qui veut que la rareté soit socialement produite. (4) Nous verrons cependant que les économistes retenus par l’auteur pour bâtir sa thèse restent bien carrés dans cette comptabilité nationale marginaliste. Ils ne la questionnent d’à la marge pour introduire des considérations sociales et écologiques, disons dans l’air du temps.

Cependant, il faut d’abord comprendre de l’intérieur. Suivons donc l’auteur dans son raisonnement. Le moyen le plus simple consiste à suivre le développement de sa pensée en considérant les critiques négatives et positives des auteurs qu’il cite. Voyons donc la brève histoire de la disciple qu’il nous présente.

1 ère partie De l’économie de la santé à la santé de l’économie

2 ème partie La pleine santé ou la boucle sociale-écologique

3 ème partie L’Etat-social-écologique, garant de la pleine santé.

Nous conclurons en rappelant les éléments clés de l’écomarxisme.

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1 ère partie De l’économie de la santé à la santé de l’économie

Posant le triptyque vie, santé et économie composant un tout devant être harmonieux, l’auteur en vient tout naturellement à souligner l’importance de l’espérance de vie comme indicateur. Le calcul de l’espérance de vie remonte à Leibniz 1680.(p 17) Il s’agit, en fait, de l’espérance de vie à la naissance(5) , donc d’une génération, un indicateur technique très rapidement intégré dans le calcul actuariel. Mais comme le reconnaît l’auteur c’est un calcul fictif contrairement à la longévité moyenne de la population qui est statistiquement constatée année après année, en tenant compte du fait que la longévité moyenne d’un individu est inconnaissable. En reprenant la distinction qu’Aristote fait entre le particulier et le général, l’auteur se serait sans doute exprimé plus clairement et plus sûrement: on peut remonter des particuliers au général mais le faire à rebours est risqué. Alors que la longévité moyenne est un constat du présent ou du passé, l’espérance de vie à la naissance est un outil de jugement prospectif : pour une classe d’âge donnée, elle permet un jugement qualitatif par ses oscillations positives ou négatives. C’est pourquoi on peut dire que l’espérance de vie à la naissance d’une « femme française en 2019 était de 85 ans et demi – une des plus élevées au monde tous groupes humains confondus – (bien que ) cette femme n’existe pas à proprement parler dans les faits. » (p18)

Les économistes anglais avaient inventé la notion de backward planning : personne ne possède de boule de cristal, par contre la vie humaine est suffisamment structurée de manière stable la plupart du temps pour permettre des projections, voire des prédictions socioéconomiques. Le déterminisme n’étant possible que par la connaissance complète de toutes les variables nécessaires et intervenantes ; mais comme l’Homme écrit en partie lui-même son Histoire, des écarts sont fatalement très probables. Rien n’empêche, en dehors des catastrophes remettant tous les paramètres en question, la vérification de ce que Marx appelait les « conditions morales » – de la civilisation -, ce qui permet de réajuster un peu le tir de la planification pour atteindre néanmoins les objectifs fixés. C’et pourquoi la planification marxiste est plus sûre et fiable que la « main invisible » livrée à l’anomie de ses « esprits animaux ». Dans cet ordre d’idée, l’espérance de vie à la naissance peut jouer un rôle prospectif, normatif mais il devra s’en cesse être corrigé par les faits constatés. En particulier l’efficacité du système public de Sécurité Sociale.

L’auteur, pour sa part, préfère passer tout de suite de la fiction technique utile de Leibniz à la notion d’espérance de vie en bonne santé. Ce qui ne serait pas pour nous déplaire puisque nous sommes redevables à Karl Marx et à Paul Lafargue pour nos meilleures notions sur la pénibilité du travail et le droit au temps libre, au loisir et à la culture. Ceci devrait nous renvoyer à la fonction de production et à son intégration cohérente dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie. Mais ce serait trop demander. On en reste donc à l’indicateur actuariel. L’auteur note cependant en bas de page « qu’au Royaume-Uni, où les hommes de Blackpool, la collectivité locale la plus démunie d’Angleterre, meurent 7,4 ans plus tôt que les hommes de Workingham, la moins démunie, et auront 16,5 ans de moins de vie en bonne santé. » (p19) Il dispose alors d’une optique pour traiter les statistiques démographiques, vieillissement, maladies chroniques, Alzheimer etc., ou pour juger de certaines mesures de santé publique comme la vaccination des maladies immunisantes, comme la variole, la seule qui ait été éradiquée à date, en 1979. (p 29 )

Le système de santé est donc essentiel mais encore faut-il qu’il s’étende à l’environnement pour nous mener au concept de « pleine santé » (p 26) Ceci nécessitera de nouveaux indicateurs alliant écologie et méthodologie médicale appliquée au « corps social », l’auteur rappelant que François Quesnay (1694-1774), le père du Tableau Economique, était chirurgien : « Les lois du grand foyer naturel auquel Ernst Haeckel pensait lorsqu’il a inventé le terme « écologie » s’imposent toujours aux règles du petit foyer humain auquel Aristote et Xénophon faisaient référence lorsqu’ils ont inventé le mot « économie ». Il n’en sera jamais autrement quelle que soit l’étendue du pouvoir humain sur Terre. La croissance ne s’imposera jamais au climat.

Le second modèle de l’économie, plus récent, est la médecine, les économistes prétendant ausculter, diagnostiquer et soigner le corps social. » (p 37)

Avant de voir comment l’auteur concilie écologie et économie, notons que la référence à Haeckel est malheureusement limitative. C’est un travers que partagent plusieurs écologistes anciens et nouveaux et en particulier Georgescu-Roegen avec son ridicule calcul sur l’énergie solaire, qui présuppose que la Nature a ses lois indépassables qui s’appliquent à l’Homme, une espèce comme une autre. La référence est l’« empirisme baconien » et, en science sociale, le behaviorisme. L’énergie est l’énergie solaire – climat – qui affecte l’écologie de sorte que les animaux prospèrent puis périclitent parce qu’ils pèsent trop sur leur environnement. La science dit de toutes autres choses et doit beaucoup au matérialisme historique de Marx, dont on peut déduire la science écomarxiste.

Tout d’abord, l’Homme n’est pas un animal comme les autres, ni uniquement un « animal social » dans le sens d’un mammifère grégaire. Il n’est pas uniquement porté par ses instincts dont l’adaptabilité lente – vu son cycle de vie relativement long par rapport à nombre d’autres espèces – peine parfois, lorsqu’elle est aux prises avec des mutations naturelles rapides, voire catastrophiques. Le matérialisme historique nous démontre que cet être naturel est aussi un être de conscience et d’intelligence. S’il doit vivre dans son écosystème, il n’en est pas forcément l’esclave. J’aime beaucoup citer un exemple tiré de Hummocks de Jean Malaurie. Il met en scène deux tribus de Inuits aux prises dans des temps reculés avec le changement climatique, qui, bien entendu, a une évolution historique non univoque comme le montre également Le Roy Ladurie. Les glaces se mettant à fondre, il fallait soit quitter les terres ancestrales, soit s’adapter en respectant les tabous alimentaires ou bien en les modifiant. Les deux tribus restèrent sur leurs terres ; l’une d’entre elles s’adapta grâce à son chaman qui reçu en rêve le conseil de changer son régime alimentaire en ajoutant du caribou à la viande de phoque et prospéra ; la seconde s’acharna à respecter scrupuleusement ses tabous alimentaires et périclita. Lorsque Malaurie arriva sur place, elle était quasiment décimée ; il les surnomma affectueusement les « spartiates ». Dans le 18 Brumaire Marx note que l’Homme écrit bien son Histoire encore qu’il ne le fait pas toujours selon sa volonté car le passé pèse sur lui comme les Alpes.

Nicholas Georgescu-Roegen n’en a que pour l’énergie solaire et la chlorophylle. On croirait entendre le Giec tellement c’est primaire et à côté de la traque. En effet, pour la production de l’énergie, c’est le bilan qui compte et le taux de productivité, donc aussi l’intensité énergétique des processus de production. Depuis Lavoisier nous avons dit adieu au phlogistique et la physique moderne procure également des solutions dont la fission de l’atome et bientôt la fusion. Cette dernière est déjà disponible expérimentalement pendant quelques seconde, de sorte que le problème résiduel de son exploitation industriel concerne les technologies d’exploitation – aimants électromagnétiques, etc.

Revenons sur l’inspiration médicale en économie. De fait, si vous adoptez une méthodologie « scientifique » largement sujette à l’impérialisme de la physique qui prévalait à la fin du XIX et au XX siècle, la médecine et la « dismal science » bourgeoise pourront plus facilement aspirer au statut de « science expérimentale » comparativement aux autres disciplines sociales. Irving Fisher en 1933 fila la métaphore de la « grande dépression ». (p 38) L’auteur remonte alors à la généalogie de cette méthodologie. Ainsi Lind – 1737 – et Claude Bernard – 1865 – jettent « les bases de la médecine expérimentale » (p 39). En 1948 apparaît le premier essai clinique randomisé (p 39), l’Académie de médecine française dressant « la longue liste des conditions méthodologiques que doit valider une étude pour respecter les règles de l’art : définition claire d’une hypothèse préalable à vérifier, construction d’un groupe témoin (de contrôle) suivi conjointement avec le groupe traité. Tirage au sort des patients, analyse à l’aveugle des résultats, etc.» (p 39-40)

Comme l’influence de la méthodologie médicale – dominante – infuse tout le livre, il convient de s’arrêter un peu sur la question. En bref, tout comme c’est le cas pour la physique théorique moderne, nous sommes ici en proie à une illusion narrative, ce que les Anglais appelle depuis au moins Francis Bacon, une « fallacy ». En bref – voir mon Introduction méthodologique dans la section Livres-Books de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com – une utilisation entièrement erronée de la méthode d’approche de la réalité proposée par Leibniz. En physique théorique, on finit par confondre les probabilités avec la Réalité transformant cette dernière en une « fonction » abstraite qui tourne facilement sur elle-même, y compris avec les « boxons » du CERN qui, loin de vous donner la « particule manquante », se manifestent différemment pour chaque niveau d’input énergétique. Le danger est identique lorsqu’on applique les probabilités à la réalité sociale. Les données utilisées, outre tous leurs possibles problèmes relatifs à l’empirisme baconien – dénoncé par Koyré -, sont par nature statiques alors que la réalité sociale est en perpétuel devenir. Reste qu’une photo – disons sociologique – de la réalité n’est pas sans utilité. Les écueils des tests randomisés sont donc doubles : la provenance et fiabilité des données manipulées et la logique présidant à leur manipulation.

En médecine, il ne peut pas y avoir de données pouvant être légitimement soumises à analyse randomisée sans pratique clinique, à savoir sans diagnostique médical posé sur la base des connaissances accumulées. Le diagnostique clinique n’est qu’une application de la logique et de ses méthodes de raisonnement, en particulier la vérification des prémisses majeure et mineure en regard de la réalité telle qu’on la connaît – une appréhension toujours en évolution scientifique. Ceci vaut tant pour la « maladie » détectée que pour l’efficacité des remèdes utilisés. A cela, s’ajoute la méthode inductive et l’analogie.

A ce stade la randomisation de l’analyse n’a strictement aucun sens car elle ne peut s’appliquer sans « données » préalables qu’elle traite sans en questionner la nature intrinsèque sinon a posteriori par la constatation des effets. Ce qui éventuellement pourra mener à raffiner les « données » utilisées. A ce stade donc la seule randomisation qui puisse avoir du sens concernera l’effet placébo. Lorsque nous avons affaire à une maladie nouvelle, pour laquelle les praticiens mettent à contribution toutes leurs connaissances cliniques accumulées et leur sensibilité logique et humaine, l’analyse randomisée n’a pas sa place, ou alors elle mettra la vie des patients en danger, ce qu’un docteur digne de son serment d’Hippocrate se refusera de faire. Un médecin ne peut pas traiter un patient comme un cobaye à sacrifier en pensant que ce sacrifice permettra éventuellement de sauver des milliers d’autres personnes. Un tel raisonnement propre à l’art militaire n’est pas transposable en médecine. Ne devant pas nuire, le vrai médecin procède toujours au mieux de ses connaissances, parfois par analogie, avec la confiance de son patient. De sorte que, les tests randomisés n’auraient de sens que pour vérifier l’efficacité comparée des deux remèdes disponibles et cliniquement comparables en regard de leurs effets secondaires. En aucun cas, il ne serait scientifiquement tolérable – mais la logique n’est plus enseignée en première année d’université même dans les sciences dites dures – d’imposer des tests soi-disant randomisés à des patients ainsi mis à risque pour des remèdes non comparables, surtout lorsque certains sont tout à fait nouveaux et non encore vérifiés dans les 4 phases normales de vérification portant sur plusieurs longues années.

En résumé en ce qui concerne les tests randomisés :

Premier cas : vérification pour un produit versus une maladie spécifique. Il suffit alors d’avoir un bon échantillon c’est-à-dire capable de neutraliser l’effet de l’âge et des autres variables jugées primordiales ainsi que l’effet placébo – près de 7 % en général- qui découle de tout acte médical. En effet, si un pourcentage reste un pourcentage, plus l’échantillon est grand plus la solidité des taux d’efficacité le sera aussi, de sorte que l’effet placébo devient alors partie intégrante du résultat par la confiance mis dans le processus de traitement. Du coup, il n’y a même plus besoin de groupe de contrôle. Ce dernier sera toutefois nécessaire lorsque l’échantillon ne permet pas la neutralisation. On peut ainsi vérifier les effets intrinsèques sur la maladie et surtout les effets secondaires, ce qui en médecine est primordial.

Deuxième cas : Comment comparer deux produits pour la même maladie ? En procédant selon la même méthode avec des échantillons semblables et des durées semblables. Puis en comparant les résultats, amélioration et guérison constatées, et les effets secondaires.

Troisième cas : Cas des maladies évolutives. Ex les trois grandes phases du Sars-CoV-2. Ceci comme pour toutes les données n’est possible qu’une fois que les données cliniques des praticiens sont disponibles.

Quatrième cas : Pour les maladies non immunisantes et, pire encore, non « saisonnières ».

Conclusion. Aucun test randomisé n’est possible sans données cliniques préalables à traiter statistiquement selon des questions précises. Ces données cliniques préalables sont « expérimentales » selon la logique du soin médical : aider les patients à guérir entièrement ou du moins à se sentir mieux, au mieux des connaissances du praticien et sans nuire intentionnellement, donc sans mettre la vie des patients en danger dans un but de recherche abstrait. Bref, la validité des tests randomisés vient toujours après, surtout lorsqu’il s’agit du soin d’une maladie nouvelle.   (voir Annexe sur le protocole du prof. Raoult et The Lancet)

Mais ce genre de considérations méthodologiques est usuellement mis de côté en faveur une application mécanique de la méthode expérimentale empirique tant en médecine qu’en économie. L’auteur note avec un certain humour « mais on peut affirmer sans risque de se tromper qu’un plombier ne conduit pas d’essais randomisés. » (p 42) Mais il souligne par ailleurs la dérive comptable en sciences sociales (p 46) surtout en ce qui concerne la gestion des hôpitaux. Il note à juste titre l’inanité de la méthode lorsqu’elle est appliquée au traitement de la pauvreté, par exemple dans les travaux d’Esther Duflo et de 2 autres lauréats récompensés par le prix d’économie de la Banque de Suède en 2019. Il aurait pu ajouter la charge proprement pitrique de Cahuc et Zylberberg contre le « négationnisme » de ceux qui ne respectent pas la « méthode empirique » alors qu’André Orléan démontre patiemment que, non seulement Cahuc ne l’applique pas lui-même, mais qu’il y a de fortes chances qu’il n’ait aucune idée de ce qu’elle pourrait bien être. (6)

L’auteur ajoute avec bon sens et pragmatisme : « Si l’économie est une thérapie dont la richesse serait le remède, c’est donc que la pauvreté est une maladie. Une maladie que l’on veut curable, mais une maladie. Or, la pauvreté est une condition sociale .» (p 41)

On peut donc écarter « les techniques dites d’analyse coûts-bénéfices appliquées à la vie humaine, incluant une monétarisation du vivant (humain en l’occurrence, mais qui trouvent aussi à s’appliquer à la vie non humaine ) qui produit par construction des dégâts éthiques considérables. Pour le dire simplement, l’impérialisme de la valeur économique abîme nécessairement les valeurs. » (p 47)

Ainsi un Larry Summers proposant de délocaliser les industries polluantes dans les pays pauvres ne convainc pas (p 48), pas plus que le tri pratiqué dernièrement dans des hôpitaux saturés après des années de coupures budgétaires. (p 49)

Mais l’auteur va plus loin. Ainsi Alan Williams invente l’indicateur QALY en 1980 vite adopté par le système de santé britannique. Il prétend mesurer l’efficacité des soins. « Le QALY fournit précisément un étalon unique pour évaluer l’étendu des bénéfices tirés d’une variété d’interventions médicales en termes de survie et de qualité de vie du point de vue quantitatif (durée de vie additionnelle obtenue par le traitement ) et qualitatif ( qualité de vie expérimentée pendant ces années gagnées). » (p 53 ) Le succès de cette manière de voir eut un grand succès au point que dans les Années 1990 l’OMS développa une variante, le DALY, un indicateur cherchant à estimer la perte d’années perdues à cause par exemple du VIH au Zimbabwe. Il permettait de « mesurer » et de légitimer les politiques de réduction budgétaire en matière de sécurité sociale. L’illusion réductrice de l’empirisme quantitatif frappa encore. L’auteur note : « On voit immédiatement apparaître deux problèmes aujourd’hui béants : celui de la conversion de tous les traitements en une seule unité de qualité de vie ; celui de la conversion de la qualité de vie en rentabilité monétaire. » (p 54)

Selon moi, cette chosification de la vie sociale permit de déconstruire le NHS britannique hérité de l’application de la Charte des Droits sociaux de Beveridge – soutenue après guerre par la Déclaration universelle des droits fondamentaux individuels et sociaux – au point que Peter Seller en serait horrifié. (voir « Where does it hurt ?», satire du système privé américain des années 70 aujourd’hui occidentalisé par les néolibéraux monétaristes dominants …) Il y a quelques années les statistiques anglaises montraient un curieux phénomène lié à l’augmentation des accidents en milieu hôspitalier : il me fallut un certain temps pour réaliser le pot aux roses, à savoir que la rentabilisation des lits avaient mené à construire des chambres d’hôpital plus petites pouvant mal contenir simultanément le patient sur son lit, les appareils et le personnel médical surtout lors des visites médicales journalières …

Notons également qu’outre les travers du calcul coûts-bénéfices, il existe une monstrueuse distorsion de classe sur la qualité de vie, une distorsion encore aggravée par la privatisation. Ce qui mène à questionner le fonds eugéniste de plus en plus implémenté sous couvert de mort dans la dignité et d’accompagnement à la mort dans des soins palliatifs n’offrant souvent pas de présence médicale continue, pour ne pas parler des Ehpad. Le tout avec de la morphine en doses naturellement exponentielles du fait de l’addiction et donc avec la garantie d’un œdème pulmonaire en moins de deux semaines, alors qu’aucune étude n’est conduite sur les antidouleurs dépourvus de tels effets secondaires, le cannabis à usage médical lui-même peinant à trouver sa place. Le lit d’hôpital doit être rentabilisé, il ne faut donc pas s’attarder. Il va de soi que chacun doit être en mesure de disposer de soi-même, mais librement, c’est-à-dire sans contraintes tenant au manque d’information ou pire encore au manque de lits …

A l’inverse de l’analyse coûts-bénéfices standardisée, l’auteur mentionne l’article de Ken J. Arrow de 1963 « considéré comme l’article fondateur de l’économie de la santé : le fait qu’il s’agit d’une réflexion sur les services de santé et pas sur la santé ; le fait que le modèle de concurrence pure et parfaite est inopérant pour comprendre le fonctionnement de ces services. » (p 56) L’incertitude étant au cœur du sujet, le couple confiance-incertitude prime mais n’est pas manipulable par les catégories économiques conventionnelles. (p 57) De la sorte, la politique pouvait réguler l’économie en privilégiant certains services sociaux découlant d’un projet de société, par exemple la Great Society de L.B Johnson lui servant à conserver un consensus social durant les heures sombres de la guerre du Vietnam. La sociologie informe alors la prise de décision économique. John Galbraith fera de même en ajoutant l’histoire des crises financières et économiques à un paradigme qui, bien avant la survenue du jusqu’au-boutisme du « efficient capital », exclut les crises ontologiquement puisque la concurrence équilibre éventuellement tout. Le problème devient alors celui de la cohérence du calcul économique.

Lorsque Arrow écrivait son article, les néolibéraux monétaristes étaient embusqués dans l’Université de Chicago ou dans des think-tanks liés à l’arc politique conservateur comme la Société du Mont Pèlerin du fasciste juif-autrichien Ludwig Mises. Il y eu bien avec Hicks, Samuelson et Robert Solow – pour ce dernier voir son article de 1956 – une tentative de récupération que Joan Robinson qualifia de système « bâtard keynésien » mais l’optique keynésienne d’intervention de l’Etat pour réguler le marché restait dominante, quoique selon diverses nuances. L’idée principale tenait au fait que dans un système d’équations inter-reliées il suffisait de donner les paramètres de manière exogène pour leur appliquer ensuite la méthode marginaliste supposée scientifique. Ceci commence avec la remarque d’Auguste Walras à son fils Léon, ce qui imposa – même à Schumpeter qui en fait une dichotomie ontologique de la discipline ! – une distinction entre économie sociale et économique ou science économique. Cette conception se retrouve sous ses meilleurs atours dans l’œuvre du grand walrasien classique mais également grand citoyen républicain, Maurice Allais. Keynes fait intervenir l’Etat pour réguler la production, l’investissement et la monnaie, ce qui suppose au minimum un contrôle commercial des intrants externes, fourni alors par le régime tarifaire du Gatt. Robert Solow en revient pour sa part à une concurrence débridée – razor-hedge equilibrium – mais pour ce faire il doit introduire la dynamique de la croissance économique en introduisant la technologie de manière exogène, donc la productivité qu’il ne sait pas calculer.

En réalité, cette manière de poser le problème, ne résout en rien celui qui a trait au calcul principal des ensembles d’équations supposés scientifiques et en tout premier lieu celui de la fonction de production et de l’équilibre général nécessaire pour déterminer le taux de profit et donc les prix ou plus précisément les valeurs d’exchange des biens et services. Elle fausse aussi la comptabilité tant de l’entreprise que nationale – PIB etc. Cette lacune est fatale pour toutes les variantes de l’économie bourgeoise. Je renvoie à ce sujet à mon livre « Hi-Han ! : Les âneries visuelles hallucinatoires des économistes bourgeois » dans Download Now dans la section Livres-Books de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com ou pour un bref résumé à mon « LA PSEUDO-SCIENCE ECONOMIQUE DE LA BOURGEOISIE : Voilà pourquoi nous devrions changer rapidement de paradigme économique.» dans http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/ .

Pour les néolibéraux et les monétaristes ainsi que l’affirma Thatcher « la société n’existe pas », seul prime l’individu darwinien. En fait, ceci remonte aux tentatives initiées par J. B. Say instrumentant la notion de paper currency de Ricardo pour reformuler tous les intrants de la fonction de production en termes strictement monétaires, ce qui permet d’occulter le fait que le travail n’est pas un facteur de production comme les autres, puisqu’il suppose au contraire un vecteur, l’Être humain, membre d’une espèce à reproduction sexuée, qui doit reproduire les conditions de son existence au sein du processus de production – division sociale du travail – et au sein d’un ménage. Il suffira d’ajouter les inepties subjectives de l’École autrichienne, par exemple le calcul des joies et des peines de Menger, pour enterrer l’économie politique classique ancrée dans le Réel au profit d’une narration loufoque au service de la propriété privée des dominants. Cette occultation obscurantiste se heurta initialement aux critiques marxistes ou socialistes puis également à celles des théoriciens bourgeois, par exemple celles de l’École économique historique allemande représentée par Gustav von Schmoller. Ce dernier soulignait que nulle science, particulièrement une science quantitative, ne pouvait être fondée sur une analyse purement subjective. J’ai montré ailleurs que pour lever cette critique toutes les sciences humaines furent systématiquement occultées afin de légitimer la psychologie comportementale spécifique de la mentalité acquisitive capitaliste comme résultant de la nature humaine intrinsèque. Il suffisait de lire L’Idéologie allemande de Engels-Marx pour dissiper toutes ces vapeurs nocives, aujourd’hui dominantes, voir : https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450000.htm .

Seule l’Economie Politique Marxiste rétablie par mes contributions est capable de traiter toutes les données paramétriques, y compris les données environnementales – écomarxisme – de manière endogène en insérant la productivité de manière cohérente dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie, soit, en termes mainstream, dans les équilibres stationnaire et dynamique.

Je suppose que chacun est pénétré par l’évidence selon laquelle tous les hommes sont mortels mais tous désirent avoir les mêmes opportunités de soins face à la maladie. La Social Security américaine tout comme les autres droits sociaux – syndicalisation encouragée pour contrebalancer le pouvoir des Big corporations, conventions collectives de moyenne durée pour pacifier le processus de production en le rendant plus équitable pour les travailleurs etc. – furent d’ailleurs conquis par les mêmes groupes de militants et de syndicalistes, en particulier ceux appartenant à la CIO, en alliance avec les New Dealers les plus avancés, lorsqu’ils exigèrent l’intervention de l’Etat dans l’espace économique pour prendre en compte les travers du système capitaliste et de ses « esprits animaux ». La bataille se fit aux cris de « the President wants you to unionize », en jouant sur l’équivoque président de la CIO et FDR, et de « through no fault of our own ».

Les services publics universellement accessibles et collectivement financés ont un coût moindre en terme de PIB – 9 % pour la santé publique en Europe avant la fin des années 70 contre plus de 16 % aux USA avec un système privé laissant de côté près de 50 millions de citoyens sans couverture médicale. La comparaison vaut pour les régimes de pensions et en général pour tous les services permettant une mutualisation des coûts. Dans une telle optique, l’accès universel aux services est la clé, ce qui pose alors la question des médiations socio-économiques nécessaires. Par exemple, ce qu’une société bien gérée – planifiée et avec crédit public – peut se permettre est précisément défini par le taux de compétitivité macro-économique national reflété par les balances extérieures et leur solde courant puisque aucune Formation sociale ne peut durablement vivre au-dessus de ses moyens.

En matière de santé, qui regarde l’ensemble des conditions de vie dans un écosystème donné, donc l’hygiène public, la sécurité au travail, la médecine préventive etc., l’accès universel peut facilement être garanti. Ceci est d’autant plus vrai si les coûts pharmaceutiques sont socialisés et si le paiement à l’acte est supprimé. Reste alors le coût des interventions de pointe. Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire, ces services de pointe très technologiques ne posent pas de problèmes insurmontables de dérives des prix. Bien au contraire. Tout d’abord , comme il résulte de la minorité de cas sur-médiatisés aujourd’hui au nom de l’idéologie eugénique, voire introduisant ouvertement l’euthanasie médicale, une horreur par définition, ces soins ne concernent qu’une minorité de cas qui devrait au contraire faire partie de la recherche appliquée ou de l’amélioration des techniques. Les autres sont standardisés. En outre, avec un secteur public mobilisant 9 % du PIB – la moyenne dans les années 70 pendant lesquelles ceci était approché de manière exemplaire – la recherche et la conception/construction des appareils et des médicaments etc., sont susceptibles de mettre en branle un très fort Multiplicateur économique à condition que le secteur ne soit pas largement délocalisé. Cette intégration socio-économique est également susceptible de provoquer de nombreuses retombées économiques hors du système de santé proprement dit. Il en va de même avec la gériatrie. Les dérives usuellement attribuées aux coûts des médicaments et des techniques sanitaires de pointe n’ont qu’une seule explication, la privatisation du système dont le paiement à l’acte des médecins et la privatisation des soins et des médicaments. Vu sous cette optique, il est parfaitement possible de quantifier les coûts, y compris ceux découlant des services publics, encore faut-il sortir de la vision marginaliste des prix, de sa comptabilité d’entreprise et de sa comptabilité nationale, notamment en terme de PIB qui occulte le sujet. Voir mon essai : « LE PIB, OUTIL DE NARRATION MARGINALISTE CONTRE LE BIEN-ÊTRE DES PEUPLES ET LA PROSPÉRITÉ DES ETATS-NATIONS, 24 mai 2020.», dans http://rivincitasociale.altervista.org/le-pib-outil-de-narration-marginaliste-contre-le-bien-etre-des-peuples-et-la-prosperite-des-etats-nations-24-mai-2020/

On le voit Arrow reste prisonnier de son paradigme marginaliste mainstream quoique à coloration sociale, disons keynésienne, pour faire bref. Mais ce que l’auteur aime dans l’approche de Arrow c’est son refus de soumettre l’économie de la santé à la logique de la marchandisation économique. Bien entendu la contrerévolution reaganienne néolibérale monétariste est passée par là. L’auteur en montre les dérives emblématiques avec l’Obamacare, votée en 2010. Fortement influencée par les travaux d’économistes de la santé comme Jonathan Gruber du MIT, la réforme élargit la couverture existante de la Medicaid à 20 million de personnes supplémentaires (p8) mais laisse de côté plus de 30 millions de citoyens sans aucune couverture alors que la masse des millions moins aisés se retrouvent avec des couvertures insuffisantes.

« La véritable innovation d’Obamacare est de nature économique : elle consiste dans la mise en service et l’encadrement de « places de marché » de l’assurance santé règlementées par le gouvernement fédéral où les consommateurs peuvent faire leur choix dans la limite de leurs moyens et des subventions publiques qui leur sont allouées sous condition de statut. » (p 58) L’espérance générale en faveur d’un régime public et d’accès universel fut trahi au bénéfice de Big Pharma et des compagnies d’assurance privées. « Le résultat, près de dix ans après l’entrée en vigueur de la loi, est que le système américain est toujours le plus coûteux au monde pour une efficacité douteuse au regard de l’évolution de l’espérance de vie ». « Les Etats-Unis ont le niveau de dépenses de santé par habitant le plus élevé et une espérance de vie inférieure à celle de 28 pays qui dépensent moins qu’eux, parfois cinq fois moins » (p 58, 59) On sait par ailleurs que dans ces dernières années l’espérance de vie aux USA a décliné, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale. L’auteur confirme que le paiement à l’acte et le caractère privé des médicaments sont les principaux éléments de ce sombre constat. Ainsi «un passage aux urgences sans symptômes sévères est facturé 2 300 $ au patient, 3 300 $, soit 2 800 $ en cas de symptômes sévères » (p 59)

La crise sanitaire provoquée par le Sars-CoV-2 gérée en interdisant ou en légitimant les traitements génériques efficaces comme le protocole du prof. Raoult , l’ivermectine, l’interféron cubain etc., en faveur des pseudo-vaccins de Big Pharma, qui sont dangereux vu la forte pression de sélection de ce virus, montre la dangerosité de ce système de santé privatisé non seulement aux USA mais dans tous les pays qui abandonnèrent en tout ou en partie leur système public en faveur de ce régime exclusiviste eugéniste directement issu de Ludwig Mises pour qui c’est l’hôpital public qui crée la maladie !!! (7)

La dérive néolibérale monétariste dans le système de santé n’a pas de limite. L’auteur souligne la logique du « capital humain » émise par G. Becker – U. de Chicago – et reprise par Grossman (1970) La capital humain d’un individu et de la société est conçu comme un stock d’actifs qui se déprécie avec la vieillesse, de sorte que chacun doit maximiser son capital santé. (p 61-62) Le même raisonnement vaut pour l’école et ainsi de suite. On aura reconnu ici la falsification opérée par Irving Fisher, émule américain de Böhm-Bawerk, qui transforma tout, salaire, profit, rente, intérêt en un « income stream » non-différencié que chacun de nous est supposé optimiser selon nos préférences temporelles pour l’investissement et l’évaluation du risque fournies par la mentalité acquisitive, donnée pour naturelle et pérenne . (8)

Par contre l’argumentaire se gâte lorsque l’auteur, sous couvert de critiquer la conception de la santé vue comme « facteur de production », questionne la relation entre système de santé et PIB. En fait, se révèle ici ses fallacieuses présuppositions issues de l’idéologie réactionnaire de la « décroissance » qui ignore la différence entre qualité – droits sociaux et environnement – et quantité et, par conséquent, fait abstraction du gaspillage capitaliste organisé et n’en a que pour la « désincitation » de la consommation des citoyens ordinaires dont les « rising expectations » doivent être bridées selon la bonne recette de la Commission Trilatérale. Il cite S. Preston (1975) sur la relation non linéaire entre les deux en terme d’espérance de vie à la naissance. En ajoutant les travaux d’Easterlin vers la même époque il passe à des considérations sur le « bonheur » ( p 64) plutôt que sur le standard de vie quantifiable, y compris en ce qui concerne la cruciale suppression de la peur du lendemain selon le niveau de l’épargne institutionnalisée dans la Sécurité Sociale grâce au niveau atteint par le « salaire différé ».

Il écrit : « Easterlin met en effet en évidence au début des années 1970 la même relation logarithmique, d’abord presque verticale, ensuite presque horizontale entre niveau de revenu par habitant et satisfaction dans la vie ( un indicateur subjectif qui s’apparente à une mesure possible du bonheur ) » ( p 64) De nos jours un pseudo-Nobel d’économie fut attribué à un monsieur bien intentionné mais à mon humble avis dérisoirement , Angus Deaton, selon lequel passé 75 000.00 $ de revenu la satisfaction marginale de consommation stagnerait, ce qui bien entendu ne tient pas compte de la consommation d’instruments spéculatifs primitivement mesurée par le ratio P/E, pour ne rien dire des dépenses ostentatoires liées au statut social. On retrouve ici les inanités du calcul des joies et des peines de Menger repris dans la mentalité de la pensée acquisitive mise à la sauce de «l’income stream » fishérien revue dans la nouvelle cuisine petite-bourgeoise coutumière de la faune des campus privés huppés américains ou britanniques. Entre-temps la dispersion des revenus et de la richesse aux USA et en Occident croît dramatiquement entraînant dans sa foulée une croissance de la pauvreté relative et absolue. (voir https://en.wikipedia.org/wiki/Income_inequality_in_the_United_States )

La question est pourtant plus grave puisque la croissance en terme de PIB dans les années 50-60, après la contrerévolution reaganienne et surtout depuis l’abrogation du Glass Steagall Act marquant le passage au capital spéculatif hégémonique, n’est pas comparable, bien que dans les deux cas le PIB soit un outil comptable marginaliste, par conséquent ontologiquement fallacieux. Outre le fond de pensée viscéralement réactionnaire, cette narration comptable marginaliste nourrie les inepties de la « décroissance». La falsification sociale et économique produite par le PIB est facilement dévoilée par ce qui est compté et ce qui ne l’est pas. La même chose vaut pour la confusion entretenue sur le niveau de vie qui découle de la fabrication d’indicateurs économiques par I. Fisher avec le standard de vie. (sur le PIB voir : ) Voir «Le PIB outil de narration marginaliste contre le bien-être des-peuples et la prospérité des Etats-nations » 24 mai 2020, dans http://rivincitasociale.altervista.org/le-pib-outil-de-narration-marginaliste-contre-le-bien-etre-des-peuples-et-la-prosperite-des-etats-nations-24-mai-2020/ ; et sur niveau ou standard de vie, voir : POUVOIR D’ACHAT, NIVEAU DE VIE, TEMPS DE TRAVAIL SOCIALEMENT NÉCESSAIRE ET « REVENU GLOBAL NET » DES MÉNAGES, 2-31 déc. 2018 | Blog di rivincita sociale )

En réalité, aussi étrange que cela puisse paraître, le régime de santé n’apparaît tout simplement pas dans le PIB – lequel prétend cependant mesurer la valeur nouvelle ajoutée durant l’année– sinon comme un coût lié à la masse salariale et aux frais de fonctionnement. C’est le monde à l’envers. Si bien, qu’à l’inverse, si vous privatisez le système public de santé – idem pour le reste dont les retraites – la santé des gens sera ruinée mais le PIB montrera une croissance. Ainsi nous savons déjà qu’en France comme en Italie plus de 11 millions de citoyens renoncent aux soins car ils pèsent trop sur leurs budgets. Depuis des années j’ai comme coutume de souligner le fait que le système de santé européen public et d’accès universel, du moins tel qu’il fonctionnait jusqu’au milieu des années 70, coûtait en moyenne 9 % du PIB alors que le système privé américain coûtait déjà presque le double en lassant prés de 50 millions de citoyens recensés sans couverture médicale.

Le même argument vaut pour tous les systèmes publics qui mettent à profit la mutualisation des coûts. Ainsi, il y a quelques années de cela, GM était au bord de la faillite car incapable, du fait de la forte attrition de sa force de travail par l’automation et la robotisation, de payer les pensions maisons. Le gouvernement fédéral et les Etats américains et étrangers durent alors procéder au sauvetage extrêmement coûteux de GM et de l’industrie automobile américaine à un prix bien plus élevé que ce qu’il en aurait couté pour remettre le budget de la Social Security durablement à flot. Nous sommes ici dans un cas de figure que Janis appela superbement groupthink, soit l’incapacité de penser hors du paradigme dominant, ce qui revient en fait à en nier les contradictions létales et à le perpétuer en ajoutant quelques discours lénifiants à la marge. A ce compte-là, l’Indice bonheur du Bhoutan vaut bien mieux puisqu’il est sous-tendu par un désir de préservation de l’exceptionnel environnement himalayen, des traditions composant un art de vie, le tout en cherchant à offrir un accès de la population aux soins.

Au fond aucune théorie économique bourgeoise ne sait réconcilier de manière cohérente la microéconomie et la macroéconomie au point qu’un Jean Tirole, expression du capital spéculatif transnational, tout comme le marginalisme autrichien l’était du capital financier selon la remarque de Boukharine, finira par proposer sans gêne une microéconomie sans macroéconomie. Or, la productivité microéconomique des entreprises publiques ou privées dépend de la solidité de la compétitivité macroéconomique de la Formation Sociale, à savoir les infrastructures et les services publics sans excepter une bureaucratie fonctionnelle, transparente et démocratisée.

C’est donc sans surprise que l’on voit l’argumentaire sombrer dans des considérations écologiques loufoques, celles du Giec et sa hantise sur le CO2 dont l’augmentation suit plutôt qu’elle ne précède les réchauffements climatiques puisqu’elle doit très peu à l’effet anthropique. ( 9) « Le problème, en revanche, est que si cette augmentation de revenu conduit à dégrader les écosystèmes et donc la qualité de vie des personnes, elle est non seulement inutile mais dangereuse. (…) Supposons que l’on parvienne à doubler le niveau de vie mondial pour atteindre 36 000 $ par habitant (30 000 euros ). On gagnerait de l’ordre de 4 ans d’espérance de vie. Mais ce surcroît de croissance engendrerait selon les estimations actuelles une augmentation d’émissions de CO2 de l’ordre de 75 % qui ferait basculer la planète vers un réchauffement de 4 degrés, susceptible de réduire en retour l’espérance de vie humaine sur la planète de plusieurs dizaines d’années » (p 65, 66) Nous sombrons ici dans les élucubrations sans fondement des réchauffementistes. Qui plus est, en se concentrant sur le CO2 pourtant bénéfique à la végétation et à l’agriculture, on oublie les autres polluants qui devraient au contraire déclencher une application rigoureuse et préventive du principe de précaution, dont les mesures d’hygiène publique, mises à mal par la privatisation, par exemple celle de l’eau, alors que l’on sait que l’amélioration de l’espérance de vie des populations lui doit bien plus que les progrès de la chirurgie de pointe destinée à quelques cas seulement.

Nous sommes donc en pleine narration. Et c’est dans l’optique de cette narration qu’il faut juger la thèse du remplacement de l’Etat providence – Etat social ou Welfare State – par un supposé « Etat social-écologique, garant de la pleine santé.» Je note, en passant, que l’aide promise de 100 milliards aux pays émergents pour soutenir leur transition écologique ne s’est pas matérialisée, pas plus d’ailleurs que les promesses faites au Président Correa relatives aux compensations pour le pétrole du Parc Yasuni. (10) Ces promesses ressemblent beaucoup à celles inscrites dans le protocole de Montréal relatif aux CFC dont le but premier était de permettre le remplacement complet des parcs de frigidaires et de climatiseurs avec des brevets monopolisés par Dupont de Nemours et les USA sans devoir se contenter du simple remplacement des unités rendues obsolètes par l’usure. Les débouchés commerciaux sont vitaux à l’accumulation du capital. Il se trouve que les nouveaux procédés sont plus nocifs que les CFC et, en tout état de cause, n’ont aucun impact sur l’évolution du Trou de la couche d’ozone qui semble répondre à d’autres logiques plus complexes dont les variations des températures en haute atmosphère.

De manière prosaïque seul le développement socio-économique possède le potentiel de réguler la croissance démographique et de protéger l’environnement. Mais pour cela il faut mettre fin au fallacieux calcul économique marginaliste et à l’énorme gaspillage capitaliste en intégrant les considérations écologiques – écomarxisme – selon le principe de précaution appliqué avant tout au domaine de la santé. La boucle santé-pollution tient mais en faire une boucle santé-pollution-climat (p 75) imputant le réchauffement au CO2 anthropogène n’est qu’une narration paralysante qui se conjugue désormais avec des certificats verts fantasques qui sont surtout des « permis à polluer » mais échangés en bourse et de surcroît alimentés par des produits spéculatifs soi-disant verts pouvant donner bonne conscience à la finance moderne.

2 ème partie La pleine santé ou la boucle sociale-écologique

« Le Rapport Beveridge de 1944, Du plein emploi dans une société libre, est une véritable feuille de route des trois décennies d’après-guerre en Europe et aux Etats-Unis » (p 77) Il appartient à l’Etat d’intervenir pour que le taux de chômage ne dépasse pas 3 %. Le rapport précédent, de 1942, proposait une véritable charte des droits sociaux que, selon l’auteur, Beveridge aurait nourrie grâce à son travail dans la Commission Webb en 1905-1909. En fait, ce qu’il faudrait souligner ici c’est que la fraction plus éclairée de la bourgeoise anglaise évolua rapidement en réponse au défi représenté par la victoire bolchévique, vite suivie par la création du BIT avec le Traité de Versailles, puis par le défi encore plus pressant posé par les victoires de l’Armée rouge après Stalingrad. L’Occident compris alors rapidement qu’il devait penser la reconstruction d’après-guerre contrairement à ce qui avait été fait après 1918. Partout en Occident on sentit les réverbérations politiques et sociales de la Révolution d’Octobre portées par la croissance du socialisme et par la grogne dans les rangs de milliers de jeunes démobilisés et laissés sans perspectives. L’irrédentisme chauvin –ex D’Annunzio – et le « retour » philosémite nietzschéen fasciste à une société « libériste » pré-libérale, tenta alors de sauver le régime de propriété privée. Après la Seconde Guerre Mondiale cette erreur fut évitée avec la planification de la reconstruction qui impliqua la reconversion de l’économie de guerre en économie de paix. En matière économique la Grande Dépression avait poussé à une révision théorique légitimant la régulation des « esprits animaux » du marché par l’interventionnisme d’Etat, dont Keynes se fit le chantre dans le monde occidental et en particulier le monde anglo-saxon. La France insoumise avec le Président Mélenchon a bien recueilli cette leçon de l’importance cruciale de la vision prospective appuyée par la planification à la française.

A cette perspective plus sociale, l’auteur ajoute l’apport de Myrdal, un des grands théoriciens de l’Etat-providence. « Le « cercle vertueux » de Myrdal vise à formaliser l’alliance entre protection sociale et croissance économique » (p 78) Mais pour l’auteur, il faut passer du plein-emploi à la pleine santé. Pourtant, il faut tenir compte du fait que les droits sociaux inscrits dans nos constitutions et dans la Déclaration universelle des droits fondamentaux au sortir de la guerre sont redevables à la peur engendrée par l’URSS et la montée du communisme au niveau mondial. De même, l’Etat social issu des cartons de la Résistance en Occident, notamment en France et en Italie, porte sur le crédit public géré par une banque publique dans le cadre de la Planification nationale tout autant que sur la création de la Sécurité Sociale et donc de ses 4 branches dont la branche maladie, à savoir sur les circuits de l’épargne institutionnalisée notamment par le salaire différé.

Avant la contre-réforme reaganienne néolibérale monétariste – dérèglementation- privatisation – la logique portait à l’approfondissement de ce système par le biais de la mise en place de nouveaux régimes public d’accès universel, en premier lieu un système de garderie national permettant de soutenir le travail des femmes hors du foyer, le tout appuyé par des cycles récurrents de RTT – portant selon les cas sur l’abaissement de l’âge de la retraite, sur la réduction de la semaine de travail et sur l’extension des congés payés, des congés maternité et des arrêts maladie. La branche santé, impliquait également les normes sanitaires, les protocoles de recherche, le zonage agricole et urbain et les zones à risque, par exemple les zones Seveso. Grâce à ces circuits vertueux de l’épargne institutionnalisée et du crédit public (11), le plein-emploi et la pleine santé, ainsi que la sauvegarde de l’environnement, étaient déjà conjugués organiquement. La contre-révolution reaganinene a inverti la marche vers le progrès, mais ceci ne saurait être permanent vu ses contradictions aujourd’hui intenables. De sorte que la perspective écologique ne peut oublier ces circuits vertueux sans courir à sa perte, disons, spéculative.

On voit mal ce que la conscience planétaire ou la primauté d’un objectif pleine santé peuvent changer à la nécessité de circuits socio-économiques – et écomarxistes – vertueux. Mais cette fausse nouvelle vision du monde est au cœur de la pensée de notre jeune auteur. « …le cadre géopolitique polarisé de 1944 est devenu un cadre biosphérique unifié. L’enjeu central d’aujourd’hui n’est plus la rivalité idéologique entre blocs qui s’affrontent pour la suprématie mondiale, mais l’incertitude écologique globale qui se joue des idéologies et affecte d’une manière ou d’une autre toutes les nations de la planète.

La seconde différence, la plus substantielle, est que l’objectif à atteindre n’est plus le plein emploi mais la pleine santé. » (p 80) Concevrait-on de troquer le droit au travail et à la solidarité nationale, y compris le système de Sécurité Sociale public, contre une promesse de pleine santé assortie d’un revenu soi-disant garanti – Friedman – ou citoyen – Yoland Bresson, Poletti et Jobs Act – se situant entre 500 et 320 euros mensuels ? Tout le monde aime la tarte aux pommes, encore faut-il s’entendre sur les droits citoyens et la redistribution des richesses – et de l’empreinte écologique, si on le veut – que cela implique. Car la pleine santé humaine et environnementale est un objectif louable, nécessaire mais qui demande un financement structurel soutenable. Il ne peut reposer sur des certificats et des dérivés verts et hautement spéculatifs. Ce serait une contradiction dans les termes puisque le capital spéculatif hégémonique phagocyte l’économie réelle, tout en créant précarité et chômage.

Pour étayer sa thèse l’auteur, qui manifestement sous-estime les vrais chiffres du chômage (12), croit que les Etats-Unis sont passés du plein emploi à 3 % de chômage avant le Covid-19 à un taux de chômage de 15 %. C’est un exemple typique de paralogisme bien que l’auteur soit sensible à la réalité : « pour gagner un revenu décent aux Etats-Unis aujourd’hui, il faut aux travailleurs sans qualification trois ou quatre emplois dépourvus d’avantages sociaux qui se payent du prix du sang ( maladies, douleurs chroniques, espérance de vie amputée ). Plus encore, ce plein emploi pathologique contrevient à la solidarité sanitaire qu’implique la pleine santé : la salade livrée par un coursier à vélo esclave des algorithmes qui risque sa vie dans le trafic et la pollution de Paris à un cadre soucieux de sa ligne n’est pas saine ». Suit un peu d’eau de rose : «S’il fallait une règle de conduite adaptée au monde moderne actuel, ce serait de prendre soin de sa santé sans dégrader celles des autres, humains comme non-humains » (81) Au fond, si le maître comprenait tout seul l’odieux de sa position, la dialectique du maître et de l’esclave n’aurait plus lieu d’être …

Mais alors que l’on confond plein emploi à temps plein et plein emploi précarisé néolibéral monétariste, est-on autorisé à déplorer comme Andrew Oswald et Nicholas Stern la supposée sous-représentation des enjeux environnementaux dans les publications académiques ? « Sur 77 000 articles publiés depuis leur création dans les 10 revues les plus influentes de la discipline, 57 exactement ont été consacrées au changement climatique, soit moins de 0,1 % » (p 83) C’est ce qui s’appelle militer en nihiliste à un nouvel évangile sans fondement. L’auteur aurait mieux fait de s’interroger sur l’évidence qui démontre qu’aucun modèle du Giec – que Stern interprète de manière laxiste pour conforter sa thèse – ne correspond ni de près ni de loin aux températures réellement constatées, exception faite du modèle russe ; ou encore sur le fait que le supposé consensus académique de 97 % sur le réchauffement climatique se réduit au mieux à un 32,84 % et moins encore selon des auteurs plus récents. (Je renvoie ici à l’excellent texte de Franco Zavatti, dans sono_scettico.pdf (zafzaf.it et à Consenso sul non consenso | Climatemonitor ).

Si les prémisses d’un raisonnement sont fausses, mieux faudrait ne pas s’y attarder et passer à la véritable investigation scientifique environnementale et socio-économique. Mais ceci n’empêche pas notre jeune converti d’affirmer « … la transition écologique – bourgeoise ndr – est désormais un enjeu de sciences sociales : les sciences dures ayant largement œuvré pour révéler l’ampleur et l’urgence des crises écologiques ». (86) Outre « la remarquable encyclique Laudato sì du pape François (2015)», on nous renvoie au rapport commandé par le gouvernement britannique à Partha Dasgupta qui propose de comprendre « comment la biodiversité soutient une croissance économique durable » et ainsi de suite. (p 86)

Nous entrons ainsi dans une nouvelle exégèse climato-théologique qui, au fond, ne repose que sur la diabolisation du CO2. Les autres polluants intéressent peu car ils favorisent la recherche du profit aussi peu que le repositionnent des anciennes molécules en pharmacie qui sont donc sacrifiées, voire criminellement interdites, pour favoriser de dangereux pseudo-vaccins à ARN messager proposés en brûlant toutes les étapes et sans hésiter à interférer avec le génome humain. Mais bien entendu, rien d’anti-écologique là dedans. Pourtant nous sommes confrontés à des campagnes de vaccination de masse avec des pseudo-vaccins dont la 3 phase ne finira qu’en 2022 pour Pfizer ou dont la phase animale fut sautée dans le cas de Moderna. Malgré cela il nous faudrait au contraire croire à un « miracle de la science et de la technique » quand bien même l’émergence de variants dus à la pression de sélection pour un virus extrêmement changeant, invalide d’avance ces vaccins.

Qu’à cela ne tienne, Big Pharma rassure : leurs plateformes pourront proposer des « vaccins » remis à jour en 6 semaines !!! Vaccinons alors la planète entière sous couvert d’égalité sanitaire en engrangeant les profits pour Bill Gates et Cie ? Ce genre d’écologie n’a pas l’air de se soucier de l’écosystème humain ainsi mis en danger par des dérives transhumanistes – et non hyperhumanistes comme le précise Joël de Rosnay. Pour les Gilets jaunes mis sur la défensive ils tentèrent de faire croire que la fin de mois était aussi importante que la fin du monde tout en soutenant le démantèlement final de l’Etat social, la retraite à points, l’assurance-chômage etc. En pensant à son livreur de salade à vélo, sans doute que notre jeune auteur sera sensible à cette dissonance cognitive verte … On note, par exemple, que la peur suscitée et entretenue par la crise sanitaire sert à nos dirigeants sans état d’âme particulier à accélérer les réformes régressives dans tous les domaines au point que la réalité dépasse les satires qu’on pouvait en faire. (13)

De fait sur la question de ces pseudo-vaccins l’auteur ne se prononce pas alors même que son livre part de l’arrêt mondial des activités le 7 avril 2020 par la diffusion du Covid-19. Il note que seule la variole a été éradiquée en 1979. (p 29) Ce qui l’intéresse beaucoup plus c’est la relation ou plutôt la « chaîne de causalité » santé, climat et pollution – surtout par le CO2 qui n’est pas vraiment un polluant. (p 75) Sa critique du Ségur de la santé lancé dans la foulée de la crise sanitaire causée par la gestion du Sars-CoV-2 porte surtout sur l’absence d’audience donnée à la nouvelle doxa écologiste dominante. Il écrit : «Trente-trois mesures détaillées sur des dizaines de pages et pas un mot sur les enjeux écologiques, autrement que pour inciter les établissements de soins à diminuer leur consommation d’énergie ou leur production de déchets. Quid de la santé environnementale, des inégalités environnementales de santé, de la santé des enfants en lien avec un environnement qui se dégrade à toute vitesse ? Quid du XXIe siècle ?» ( p120)

On se serait plutôt attendu à une analyse ne serait-ce que cursive de l’impréparation d’un système ayant subit quelques 15,45 milliards d’euros de coupures durant les années 2016-2019 (voir : http://rivincitasociale.altervista.org/parcoursup-ou-comment-precariser-les-diplomes-encore-en-situation-de-plein-emploi-8-13-dec-2018/ . Utiliser le terme Sécu dans la fonction rechercher ). Cette politique fut d’ailleurs poursuivie en pleine crise, le tout menant à des hôpitaux publics et à des institutions sanitaires de premières lignes décimées et des médecins de famille mal encadrés pour faire front à une pandémie. Et, pour comble, des génériques efficaces préventivement et irrationnellement déclarés « vénéneux » !Pourtant à la date à laquelle le livre finissait de s’écrire, nous avons tous pu bénéficier du meilleur dans le domaine, par exemple les vidéos du prof. Raoult rappelant l’impréparation en matière de gestion des pandémies et la non-implémentation de son projet, pourtant essentiel, visant à mailler le territoire avec 7 IHU pareils à celui de Marseille. Des centres capables, par exemple, de procéder à de nombreux séquençages moléculaires et autres analyses pour éviter de parler en l’air et pouvoir ainsi prétendre gérer les pandémies sur une base scientifique factuelle. Par la suite, il est vrai, nous avons pu bénéficier des informations sur le rôle des épizooties causées par les élevages intensifs – par exemple celui des visons pour le Sars-CoV-2 – ce qui, en l’occurrence, nous semble causalement plus pertinent que le réchauffement climatique. Tout autant que les cultures intensives traitées dans ma théorie de l’écomarxisme présentée dans l’Introduction et l’Annexe de mon Livre III.

Pour tout dire nous restons sur notre faim à ce chapitre puisque, fidèle à sa théorie selon laquelle l’Etat social-écologique doit se financer par des économies plus que par la fiscalité – nous y reviendrons – l’auteur nous renvoie aux gains pouvant découler des innovations scientifiques-technologiques en matière d’écologie qu’il faudrait accélérer. (p 160) Concrètement, est-ce que ceci concerne les coûteux pseudo-vaccins à ARN messager aujourd’hui proposés en quelques mois comme des « miracles de technologie » mais en violation de la déontologie médicale et de tous les protocoles méthodologiques connus ? Ce n’est pas une question provocatrice à l’heure du brevetage du vivant et de la substitution des normes et des protocoles européens, comparativement encore un peu plus stricts et rationnels, par le biais de traités de libre-échange avalisés par la Commission européenne sans que les parlements ou les peuples des Etats membres puissent se prononcer.

« L’enjeu, dit l’auteur, est de saisir l’interrelation, l’articulation, l’imbrication et non pas la simple juxtaposition ou mise en parallèle entre systèmes sociaux et systèmes naturels. » (p 88). Il propose donc de réviser le schéma circulaire en forme de beignet – Donut –fourni par « Kate Raworth dans un document de travail d’Oxfam en 2012. Raworth entend ajouter un plancher social (formé de 11 variables sociétales telles que la « sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement ou les soins de santé » ) au plafond économique (constitué des 9 limites planétaires, dont la biodiversité ou le changement climatique). » (p 88) L’auteur propose à la place une double boucle à rétroaction en forme de signe mathématique pour l’infini (p 89). Je ne peux m’empêcher de penser à la tentative de la sociologie de la connaissance de Karl Mannheim – Idéologie et utopie – par laquelle le sociologue allemand tentait de coopter Marx en l’offusquant : ainsi le matérialisme historique reposant sur la reproduction de l’Homme au sein de la nature et de l’Histoire grâce au travail humain, ce qui pose fatalement le problème de la division sociale du travail et du partage de la « plus-value sociale », est sous-estimé par une vision « sociologique » dans laquelle « tout est relié à tout ».

Il en va de même pour les ensembles de variables interconnectés en économie bourgeoise où toutes les versions sont incapables de donner la genèse du profit. Cette incapacité concerne non seulement le sens capitaliste du terme mais également le sens générique de surplus nécessaire pour procéder à l’allocation des ressources de la communauté pour en assurer la reproduction dynamique selon des priorités préétablies – démocratiquement ou moins. On revient ainsi en quelque sorte au système moral de Arrow reposant sur la confiance, en l’occurrence ici sur la foi dans la nouvelle bible du Giec. On entrevoit même les dérives de la création monétaire ex nihilo pour financer « la transition verte » qui, au fond, n’est que l’organisation d’une régression civilisationnelle sans précédent en Occident telle qu’elle avait été annoncée par le Report from the Iron Moutain de 1967. En mécanique une telle boucle de rétroaction repose sur ses inputs énergétiques, dont on sait ce que Jancovici, pour ne citer qu’un exemple, en dit – à savoir que pour atteindre les objectifs de la COP il faudrait 1 Covid-19 par an !!! (14)

Si le taux de létalité – ratio infection/décès – du Covid-19 en France au 31 juillet 2020 était à 13,7 % parmi les plus élevés parmi 10 pays comparables alors qu’il était de 3,4 % aux USA (p 92), que faut-il en déduire ? Peut-on en déduire que le cadre épidémiologique est en cause – c-à-d, l’incidence des années en bonne santé plus faible du fait de maladies chroniques comme le diabète etc. ? Bien entendu, ceci n’aurait pas grand sens. On sait par ailleurs que la stratégie consistant à soigner avec des génériques efficaces dès les premiers symptômes vérifiés – protocole du prof. Raoult, ivermectine, interféron cubain etc. – et à faire de la prévention – Zinc, Vitamines C et D etc. – tout en implémentant une politique de confinement ciblé, appuyée par une bonne logistique , a fait la différence dans les pays où cette stratégie de bon sens fut appliquée. Il suffit pour cela de comparer les excellents taux de létalité à l’IHU de Marseille ou en Chine, au Vietnam, à Cuba, au Venezuela ou encore au Kerala ou à Madagascar.

Et, en l’occurrence, dans ces comparaisons précises la disparité du financement du système de santé est encore plus pertinente. Contrairement à ce que suppose l’auteur pour qui il faudrait comparer des pays d’égal niveau – par ex., USA, France, Suède, Allemagne etc, – , cette remarque méthodologique et de substance vaut pour toutes les autres comparaisons de ce genre. Il faut se méfier de ce que Koyré appelait « l’empirisme baconien » et ne pas se borner à regarder sous le lampadaire sous prétexte de comparer ce qui est comparable. On peut comparer des pommes et des oranges si ce que l’on veut déterminer est la quantité en Vitamine C contenue.

Ceci vaut par exemple pour les supposés impacts sanitaires du changement climatique résumés en un tableau (p 100) qui sont par nature hasardeux – par exemple, au vu de nos connaissances actuelles sur la biodiversité et son adaptabilité – et imputés souvent au changement – ou réchauffement ? – climatique. C’est-à-dire au bouc émissaire CO2, ce qui relève des tares congénitales du capitalisme dans ses relations avec la nature et les matières premières et renvoie à l’incurie de gouvernements capitalistes bien plus soucieux de spéculation et de Green Bonds que de préservation générale de l’environnement. On sait que les 37 % du plan de relance Covid-19, le Next Generation EU, qui sera financé par un transfert d’impôt donc de souveraineté nationale pour un bilan négatif de 20 milliards pour la France, sont destinés à l’écologie. Espérons que ce ne sera pas uniquement pour le solaire et l’éolien …

Ces imputations sans réels fondements prennent parfois des proportions épiques. Voyez vous-mêmes pour ce qui concerne la narration de la transition écologique :« …l’étude de Mark Jacobson et ses coauteurs estime à cet égard que la transition de 139 pays vers 100 % d’énergie renouvelable (éolien, solaire et hydraulique) a le potentiel d’éviter 4,6 millions de décès prématurés par pollution atmosphérique par an aujourd’hui et 3,5 millions par an en 2050. Les gains sanitaires d’une action résolue contre le changement climatique sont donc immédiats et massifs » (p 101) Tout ceci ne repose que sur des extrapolations de données au mieux incomplètes. On ne tient pas compte du bilan carbone du renouvelable solaire et éolien, ni des inconnues sur le recyclage – pâles, batteries etc. On ne tient pas compte du maigre pourcentage en terme de TWh installés une fois avoir fait abstraction de l’hydroélectricité, ni du phagocytage du nucléaire organisé par l’Etat pour rendre ce renouvelable moins erratique et abordable, sans compter maintenant le vrai coup de Jarnac à l’EDF après la destruction de GDF via le plan Hercule. On sent qu’il y a anguille sous roche lorsque l’auteur prend le soin de préciser que cette pollution atmosphérique ne concerne pas uniquement les pays riches – qui pourtant créent plus de pollution atmosphérique par habitant que les pays pauvres.

Quoiqu’il en soit la pollution atmosphérique tue certainement, mais cela ne peut pas être dû au CO2. Par ailleurs, pour ne citer que deux chiffres « chaque jour 25 000 personnes meurent de faim » (15) et près de 4 personnes en moyenne meurent d’accident du travail en Italie, juste un peu moins en France, sans compter les milliers d’accidents graves. L’histoire, par exemple, de ce qu’il était coutume d’appeler le « décollage économique » du genre Rostov ou, mieux encore, tel que celui qui accompagna les mouvements d’indépendance, par exemple celui de l’Allemagne appliquant Friedrich List contre le libre-échange à dominance britannique de l’époque, ou encore celui de la Chine moderne, montre que l’on ne peut pas accomplir des sauts technologiques sans un bon contrôle des flux de capitaux et surtout en l’absence de bons approvisionnements énergétique et alimentaire. Qui se risquerait aujourd’hui de prêcher la désincitation énergétique aux Dalits – ou aux Gilets jaunes – tout en démantelant les protections tarifaires liées à la souveraineté alimentaire ? (16)

Bien entendu, les batailles ne sont pas mutuellement exclusives. Aussi le peuple indou est tout aussi intéressé à lutter contre la pollution en ville – particules fines etc. – ou contre les pesticides à la campagne ainsi que contre les velléités des Summers de ce monde qui proposent de déménager les industries polluantes de l’Occident en périphérie puisque, en effet, le dédommagement des victimes de Bhopal coûta moins cher que celui des victimes de Three Mile Island en termes économiques et politiques. D’ailleurs, bien que le CO2 ne devrait pas entrer en ligne de compte comme gaz à effet de serre nuisible, il reste que dans ces calculs de réduction de la pollution il faudrait non seulement tenir compte des ratios par habitant – empreinte écologique – mais également de faits civilisationnels. Par exemple, un Indou végétarien devrait se voir déduire les coûts liés à la pollution et à la consommation en eau dans l’élevage du bétail et ainsi de suite.   De ce point de vue, l’auteur devrait sans doute réviser son affirmation sur la supposée réussite du Protocole de Montréal ( p 106-107) qui n’est qu’un exemple de la fraude technique-industrielle en faveur des pays riches possesseurs de technologies « vertes », en l’occurrence ici les produits remplaçant les CFC monopolisés par Dupont de Nemours mais qui semblent d’ailleurs encore plus nocifs pour la chimie de haute atmosphère.

De fait, aujourd’hui plus personne ne croit à un scénario 100 % renouvelable à part ceux qui ont intérêt à le faire comme les surreprésentés capables d’imaginer la destruction de GDF et aujourd’hui de EDF avec le plan Hercule. (17) La situation change du tout au tout en considérant le bilan carbone des installations pour le solaire et l’éolien ainsi que du bilan en eau pour l’extraction des terres rares. Bien entendu, en suivant le Giec sur sa pente savonneuse, on oublie de considérer des problématiques bien plus urgentes. Par exemple, l’eau courante pour tous les peuples de la planète et la suppression des dangereuses particules fines provenant par exemple des pneus et des freins, pour ne pas parler des nanoparticules toujours plus envahissantes mais que notre système humain n’élimine pas, contrairement à ce qu’il est en mesure de faire quoique lentement pour les métaux lourds. Mais ce sont là des urgences que nos hauts et bas clergés écologiques se refusent le plus souvent de voir. Tout comme les autres gaz à effet de serre bien plus nocifs que le CO2, par exemple le méthane dont personne ne se soucie de donner de vrais chiffres – ils varient de 20 à 60 fois plus dommageables que le CO2 – sans doute parce que le gaz a une réputation de source énergétique propre.

3 ème partie L’Etat-social-écologique, garant de la pleine santé.  

On se souvient que l’auteur débuta son livre en paraphrasant à sa manière l’historien Eric Hobsbawm. Il décréta que le XXI siècle avait débuté le 7 avril 2020 lorsque la moitié de l’humanité fut confinée par la gestion du Covid-19 alors que le XX siècle aurait débuté le 28 juillet 1914. « Comme au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction des protections sociales est le meilleur moyen de concilier les exigences du présent et celles de l’avenir. La réponse à la crise du Covid-19 marque la première étape de ce long avenir. Il n’y aura pas de « retour » de l’Etat providence. C’est à sa renaissance que nous allons assister. » (p 145) « Deux nécessités sont à présent devant nous à ce sujet : d’abord faire converger les deux agendas de la sociale-écologie et de la sortie de la croissance ; ensuite inventer des institutions susceptibles de les faire aboutir. » ( p1190

Nous avons ainsi droit à une revue appropriée de la littérature. « Les travaux sur l’Etat providence soutenable ( « sustainable welfare » ) se développent à vive allure, comme en témoigne un numéro spécial de la revue Sustainability paru au début de 2020 qui prolonge les travaux pionniers de James Meadowcroft, Ian Gough et d’autres sur l’articulation entre politiques sociales et changement climatique. » (p 145) Sous la poussée du Giec se formèrent à grand coup de financement public et privé des départements employant une faune nouvelle et très éclectique, les climatologues. On nous annonce ici que la dérive empire portant haut l’objectif de la décroissance, donc de la désincitation et, donc nouvellement repeint en vert, l’objectif de la fin des « rising expectations » des ouvriers et citoyens théorisé par la Commission Trilatérale.

Bien entendu, là encore il faut nuancer. Par exemple, un des travaux pionniers dans le domaine du développement durable était celui du rapport Brundtland 1987 encore tout imprégné de sociale démocratie nordique. Mais ce que l’on nous propose ici, par exemple, avec 4 axes de développement urbain, c’est tout simplement une reprise de la « smart city ».

Se peut-il vraiment que le maillage électronique des espaces urbains abandonnés aux grandes transnationales payant leurs impôts dans des paradis fiscaux puisse mettre le développement technique au service de la communauté ? Sur la 5 et la 6 G il n’y a aucun accord dans les rangs désormais éclectiques des verts. Ce que nous voyons aujourd’hui ce n’est pas le semi-échec d’une ville comme Toronto en ce domaine ou pour certain de la Californie toute entière – v. « California Collapsing » in https://www.zerohedge.com/political/california-collapsing .- Mais de manière encore plus sinistre se dévoilent les prétentions totalitaires des Gafam prétendant dicter les politiques fiscales et économiques des Etats où elles opèrent tout autant que la liberté d’expression. Qui peut nier que la liberté d’expression ainsi qu’une saine fiscalité républicaine progressive soient au cœur de la pleine et bonne santé des sociétés « bien policées » comme cela se disait dans le passé ? L’Australie en fait l’expérience aujourd’hui mais elle fut précédée par la capitulation de l’UE malgré une velléité allemande de contrôler les plateformes médiatiques, vite abandonnée. (18)

Nous aurions pu être quelque peu rassurés en entendant un discours du genre de celui de la France insoumise qui fait un grand effort pour concevoir une « écologie sociale » et ne veut pas se laisser entrainer dans une écologie néolibérale et de surcroît vouée à la destruction des Etats-nations pour conforter la régionalisation européenne placée sous le signe de la « gouvernance globale privée » et de sa « concurrence libre et non faussée » qui réinstaure, contre la souveraineté du peuple inscrite dans la Constitution, la nouvelle démocratie censitaire placée au service des grands actionnaires apatrides.

Ainsi, au moment même où en pleine crise sanitaire l’Etat imposait de nouvelles coupures, l’auteur interprète le Ségur de la Santé lancé en juillet 2020 comme un début de refondation de l’hôpital public. Les 33 mesures détaillées n’ont que le défaut de ne pas mentionner les enjeux écologiques. Je fais un effort en m’appuyant sur ce que j’ai appris en écoutant le prof. Raoult et je constate que l’UE, à part la GB, manque cruellement de moyens pour faire du séquençage ; qu’en outre le territoire n’est pas maillé avec le nombre de IHU nécessaires et les cliniques publiques de premières lignes, que les molécules génériques et peu coûteuses mais efficaces sont criminellement écartées ou irrationnellement déclarées « vénéneuses » pour faire mousser les profits de Big Pharma avec ses pseudo-vaccins, que les élevages intensifs d’animaux doivent être revus de fond en comble ainsi que les cultures productivistes et ainsi de suite – Ainsi, tolérer le glyphosate ou « Round Up » de Monsanto avec ce que l’on en sait est un vrai crime contre la santé des gens et des agriculteurs. Mais il semblerait qu’il faille sagement rester dans la perspective pollution/CO2 du Giec pour demeurer pertinent.

Cependant, comme il faut bien faire passer la pilule, d’ailleurs avec les meilleures intentions du monde, l’auteur ajoute « L’Etat social-écologique – décidément, je n’arrive pas à m’habituer à cette contraction langagière, encore que pour des raisons de choix l’auteur semble avoir eu recours à ce mot composé pour éviter celui d’écosocialisme plus courant.(19)) – vise donc à garantir une protection aux plus vulnérables ( groupes sociaux comme territoires ), sur un principe de mutualisation des risques, tout comme l’Etat providence l’a fait pour les risques sociaux traditionnels » (p 126)

Il s’agit d’une protection du travail humain mais seulement s’il contrevient au bien-être. La sécurité au travail, les protocoles sanitaires et les zones à risque dont les zones Seveso, aujourd’hui remises en cause, faisaient partie intégrante des conquêtes de l’Etat social issu de la Résistance dans les sociétés occidentales après le compromis de Yalta. Mais peut-on vraiment affirmer que ces objectifs pourront être atteints en concevant « un Etat socio-écologique libéré de la croissance » (p 126) sans même distinguer entre la croissance quantitative capitaliste et la croissance qualitative et socialement orientée?

A la décharge de l’auteur disons qu’il n’est pas dupe des effets du démantèlement de l’Etat social. « Même avec une croissance faible dans le contrecoup de la grande récession de 2009, les régimes sociaux ont pu revenir en France à l’équilibre ( fait trop souvent méconnu, le régime général des retraites était revenu à l’équilibre en 2017; il a été financièrement déstabilisé par le gouvernement Macron-Philippe pour mieux imposer l’idée d’une réforme inéluctable ).» (p 129)

Seulement voilà « … les dépenses de santé dépendent essentiellement de la rapidité du vieillissement démographique, de l’influence croissante des maladies liées à l’environnement sur les pathologies chroniques et transmissibles (pollutions, qualité de l’alimentation etc. et du coût des technologies médicales. » p 129)

On serait tenté de dire : en rétablissant le plein-emploi à temps plein, donc avec un bon « revenu global net » des ménages, soit le salaire net, le salaire différé pour financer la Sécu ainsi que les impôts et taxes qui devraient revenir aux ménages sous formes d’accès universel garanti aux infrastructures et services publics, le tout soutenu par une définition de l’anti-dumping adéquate, le problème serait élégamment réglé. D’autant que la productivité du travail étant encore destinée à croître sous le coup de technologies extrêmement intensives en capital, l’alternative au partage de la richesse nouvellement produite par le partage du travail sera nécessairement « le retour à la société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage ». Il semblerait que non, l’alternative pour l’auteur étant la sobriété.

Il m’en coûte un peu de le dire personnellement, mais je ne sais pas si la frugalité est une vertu généralisable, surtout si le but est de créer les conditions matérielles d’éclosion de personnalités épanouies sans exclusive et sans jugement de valeur. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Or, pour avoir un sens, ces valeurs ne peuvent pas contredire ce qui dans le meilleur de nos Constitutions incarne la Marche vers le Triptyque de l’Emancipation humaine, soit l’émancipation religieuse – laïcité -, l’émancipation politique – démo-cratie – et l’émancipation humaine propre dite, c-à-d, le pouvoir de façonner son propre destin et sa personnalité au sein de la Nature et de la Société.

Nous soulignons le terme émancipation car les promesses de « bonheur » sont fatalement subjectives alors que l’émancipation suppose ses conditions matérielles d’exercice. Sous sa forme républicaine, le Triptyque est d’ailleurs écrit au fronton de la République « Liberté, Egalité, Fraternité ». Victor Hugo affirmait « La liberté, c’est le droit, l’égalité, c’est le fait, la fraternité, c’est le devoir.» (20) Lénine, héritier, comme la Révolution d’Octobre, de la Révolution française et de la Sociale communarde, surenchérissait en affirma, en fin connaisseur de la dialectique du maître et de l’esclave et de la lutte des classes, que la Liberté est l’esthétique de l’égalité. Car il ne me semble pas possible de concilier une quelconque pensée écologique scientifiquement donnée avec les lubies d’un D. Kessler ou de la banque JP Morgan voulant mettre la Constitution issue de la Résistance au nazi-fascisme au panier pour mieux libérer ce que Keynes appelait « les esprits animaux » du capitalisme et plus encore dans sa forme débridée de « concurrence globale libre et non faussée» …

Il me semble que cette marche vers l’émancipation humaine dans sa forme occidentale moderne reprit un nouvel essor durant la Première Renaissance en Calabre sous l’influence de la monarchie normande des Hauteville qui soutint le renouveau intellectuel pythagoricien théorisé par Joachim de Fiore. Ce dernier dans sa réforme religieuse et politique bien résumée dans la Figure XII intitulée Ordine Nuovo concevait une société reposant sur l’égalité et les dons de chacun. Dans les écrits de Joachim on retrouve les injonctions chères à Marx sur le rôle respectif de l’individu et de la Société, de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail et ses besoins, en soulignant le fait que toutes les formes d’intelligence ont égale dignité et qu’elles sont toutes pareillement nécessaires à une Communauté harmonieuse. Bref, la frugalité Individuelle, sans excès rigoristes, signe de savoir vivre selon des aspirations plus hautes que la consommation matérielle, doit aller de pair avec la richesse collective conçue comme voie vers l’émancipation générale humaine, à savoir, pour reprendre la belle expression de Henri Mottu, « la sécularisation de l’Esprit » qui via Vico – Scienza nuova – , G. Bruno et quelques autres mena à la théorie moderne de l’Histoire et du matérialisme historique et, par conséquent, des sciences sociales. (21)

Comment, dans le cadre de notre économie subordonnée au capital spéculatif hégémonique, assurer une frugalité heureuse à tous les citoyens sans partage du travail socialement disponible, en sachant que l’Homme est une espèce caractérisée par le travail plus que par le langage ainsi que le montre Marx mais également un Kojève œuvrant pour ré-ancrer Hegel dans la réalité naturelle, institutionnelle et sociale évolutive ? Comment éluder cette question ?

Pourtant, avec sérieux, l’auteur nous assure : « Qui plus est, l’idée que la croissance est nécessaire pour « financer » les politiques sociales est une manière archaïque de concevoir ces politiques au siècle des défis environnementaux ; il importe aujourd’hui, en matière sociale comme en matière énergétique, de passer d’une logique de dépense à une logique de sobriété » (p 130) Bref, certains peuvent mobiliser leurs ressources pour vivre, les autres apprendront « to do without » avec l’élégance du sacrifice méritoire. Il ne nous semble pas difficile de concilier cette optique avec celle de la « justice sociale » de Rawls et de Giddens, donc aussi de Blair s’en prenant à la Clause 4 et celle d’un Nicholas Stern en rajoutant au Giec sur la suppression des énergies fossiles trop polluantes – d’après lui – simplement parce que l’avantage comparatif anglais fondé sur le pétrole de la Mer du Nord s’estompait rapidement …

L’Etat social-écologique doit donc protéger « les plus vulnérables » (p126) mais en cassant la relation qui croit que la croissance soit nécessaire pour en permettre le financement. (p 127) Il remet donc en question les trois fonctions de l’Etat telles que proposée par Richard Musgrave : allocation des biens publics, la répartition des ressources et la stabilisation ( p 131) qui visent à maximiser le carré magique de Kaldor, soit la croissance, le plein emploi des facteurs de production, l’équilibre extérieur de la balance commerciale et la stabilité des prix. » ( p 132)

Comment aboutir à ce tour de passe-passe ? « On l’a dit, l’Etat social-écologique est financé par des économies et non par des prélèvements » (p 133)

Bref, l’auteur ne semble accorder d’attention ni aux circuits économiques (note 11 ci-dessous ) ni aux Multiplicateurs économiques, global et sectoriels, ni à la gestion du plein-emploi, de la monnaie et du crédit. Ni à l’énormité du gaspillage des ressources causé par les faramineuses tax expenditures et les buybacks néolibéraux monétaristes. Dans cette pensée magique de la sociale-écologie, le monde doit être revu uniquement du point de vue écologique.

L’illusion va très loin : « Répondant notamment aux revendications de justice sociale et d’équité fiscale du mouvement des « gilets jaunes », une fiscalité carbone correctement équilibrée par des compensations sociales permettrait à plus de 50 % des ménages français de recevoir plus qu’ils ne paient, les recettes additionnelles dégagées permettant de réduire considérablement la précarité énergétique qui touche des millions de Français.» ( p 133) Ajouter à cet argument que l’auteur croit dans la possibilité du 100 % renouvelable qui éviterait 4,6 millions de décès prématurés (p 101) sans prendre le temps de comparer avec les 25 000 personnes qui meurent de faim chaque jour, etc. (v note 15 plus bas ) ! Il est vrai que l’élimination du paludisme a induit des gains considérables. (133) Mais ceci est vrai pour le système d’égout et d’épuration et pour l’eau courante, à savoir pour toutes les mesures de base de l’hygiène public très bénéfiques pour la santé humaine et environnementale.

Il reste que le taux de productivité microéconomique reposant sur le taux de compétitivité macroéconomique il se conjugue mal avec une taxe carbone s’ajoutant à l’actuelle Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques (TICPE) laquelle pèse déjà près de 2/3 du prix de vente. (https://www.economie.gouv.fr/entreprises/taxes-energetiques-taux ) Ajouter la Modern Monetary Theory au Green New Deal, comme le voudraient certains Américains, est une véritable lubie de proportion monumentale, tant par rapport aux bases scientifiques des sciences de l’environnement que, pire encore si possible, relativement à la conception scientifique de la monnaie et du crédit qu’ils ne savent même pas distinguer. Imprimer de la monnaie ne revient pas à créer de la valeur d’échange ; de même, la spéculation phagocyte l’économie réelle, tout en créant du « credit crunch ».

Le fait est que la TICPE et sa version antérieure la TIPP furent une réaction européenne à la stratégie de recyclage des pétrodollars par Kissinger après la guerre israélo-arabe d’octobre 1973. Cette réaction fut possible parce qu’en terme d’intensité énergétique, y compris la performance des moteurs à explosion à 4 cylindres, l’Europe était alors plus avancée. Sa productivité et sa compétitivité n’étaient pas trop affectées. En particulier, le contexte historique faisait en sorte que ces entrées fiscales servaient à soutenir l’intervention régulatrice de l’Etat dans l’économie. Ce n’est malheureusement plus le cas.

Comme le moteur à explosion fondé sur les énergies fossiles reste très performant avec encore une bonne marge à gagner sur le quart de dispersion énergétique constatée, supposez qu’il soit possible d’en abaisser la pollution autre que le CO2 – qui pour sa parte est bénéfique à la végétation – alors l’alternative gagnante consisterait à abaisser structurellement la TICPE d’au moins 1/3 pour redonner un avantage à notre industrie et à notre économie en générale en terme de coût de production, avec toutes les retombées en termes d’emplois, donc de salaire net, de salaire différé et d’impôts et taxes. La manœuvre pourrait s’accomplir à coût zéro en supprimant l’équivalent en exonération et tax expenditures, par exemple l’inutile CICE aujourd’hui pérennisé.

Comme tout fiscaliste digne du nom sait parfaitement, les mesures fiscales sont initialement efficaces pour atteindre les objectifs assignés; par la suite, elles deviennent toujours plus pointues du fait de la multiplication des résultats recherchés, fatalement toujours plus orientés politiquement, de sorte qu’elles perdent leur efficacité. Ajouter à cela l’évolution du cadre économique général. En tout état de cause, lorsque certaines exonérations restent utiles elles peuvent être maintenues mais avec une contrepartie plein emploi à plein temps, et, par conséquent, avec une contrepartie économique et fiscale en terme de croissance économique – qualitative, puisque liée au plein emploi sans lequel il n’y a ni pleine santé individuelle, ni santé sociale – et donc en termes d’entrées fiscales.

Dernièrement il est fait état dans les journaux de l’e-méthanol comme carburant propre pour remplacer l’essence. «Le méthanol est un liquide qui s’obtient en mélangeant du dioxyde de carbone (CO2) et de l’hydrogène .» (22) Personnellement, j’ai un faible pour la voiture à air comprimé plus adjuvant de Guy Nègre ; en effet, outre sa performance en terme de pollution, elle permettrait de soutenir les petites exploitations agricoles par le biais de la production duale de produits agricoles rentables car liés au prix mondial du pétrole et du gaz, par exemple le colza ou la betterave pour le biofuel et pour les tourteaux destinés à l’élevage du bétail, etc. Similairement l’air comprimé et l’hydrogène nécessaire pour le e-méthanol constituent de bons moyens de stockage de l’énergie solaire ou éolienne erratiques qui peuvent alors rationnellement faire partie du bouquet énergétique à optimiser, sans en faire un « machin » à privatiser les monopoles naturels – EDF après GDF. Le plus odieux est que ceci se fait à coup d’exonérations de l’impôt sur le revenu pour des installations renouvelables privées, donc à coup de cadeaux faits aux plus riches puisque plus de 50 % des travailleurs ne gagnent pas assez pour le payer, tout en payant les autres impôts régressifs, dont la TICPE et la TVA.

On le voit les énergies fossiles ne sont aucunement un problème en terme de CO2. De fait, une fois ces technologies généralisées – en recyclant le Giec et tant de climatologues narratifs – on se rendrait compte que les vrais problèmes sont ailleurs : outre l’oxyde d’azote, le soufre et autres, les particules fines provenant des freins et des pneus, que les engins soient électriques ou pas … Sans nous étendre ici sur les nanoparticules industrielles de plus en plus envahissantes, que l’organisme n’élimine pas, même à long terme, contrairement aux métaux lourds, mais dont personne n’ose parler comme cela fut le cas pour les plastiques jugés irremplaçables il y a quelques années de cela.

En se frayant un chemin via la « démarchandisation » du travail humain proposé par Esping-Andersen après Polanyi (p 138) et la typologie proposée d’une « tripartition qui contraste les modèles « corporatistes (comme en Allemagne), « universalité » (comme en Suède) et « libéral » (comme aux Etats-Unis), chacun caractérisé par un champ d’application, un mode de financement ou encore des principes de gouvernances différents » (p 139) l’auteur propose « les 4 mondes de l’Etat social-écologique » ( p 138). Mais pour lui « … le principe directeur de l’Etat social-écologique, prolongement du génie de l’Etat providence, et précisément la dé-naturalisation (c’est-à-dire la socialisation des crises environnementales). » (141) Socialiser les pertes d’accord, à la rigueur, mais au profit de qui ?

Le premier monde dérive du bio-techno pouvoir analysé par Michel Foucault comme « pouvoir sur la vie ». (p141) La Corée du Sud et la Chine en seraient des épitômes.

« Le deuxième monde est celui du néo-libéralisme écologique. Au Brésil, aux Etats-Unis et en Australie, c’est la fuite en avant économique qui tient lieu de politique social-écologique.» ( p 142)

Le troisième monde serait le naturalisme économique, apanage des pays européens. (p 142) Par naturalisation, il entend ici les notions de croissance et de concurrence empruntées au vivant, en particulier la concurrence fiscale et sociale.

Les régulations naturelles par l’Etat providence qui concernent 30 % de l’humanité représentent le 4 ème monde. (p 143)

Il faudrait donc dépasser la régulation économique fondée sur le plein emploi à plein temps et ses circuits et multiplicateurs économiques, par l’Etat social-écologique voué aux économies et à la socialisation des pertes environnementales ! Adieu « pollueur/payeur » ?

De fait, l’auteur insiste: « La réponse à la crise du Covid-19 – je suppose la criminelle réponse occidentale qui teste mal et soigne encore moins en attendant des thérapies géniques mises sur le marché de manière précipitée en traitant les citoyens comme autant de cobayes – marque la première étape de ce long avenir. Il n’y aura pas de « retour » de l’Etat providence. C’est à sa renaissance que nous allons assister. » (p 145) Heureusement, la Chine, le Vietnam, Cuba, le Venezuela, la Bolivie et les Etats bolivariens, le Kerala marxiste, le Madagascar rationnel ne l’entendent pas de cette oreille et préfèrent approfondir l’Etat providence en lui intégrant les considérations écologiques nécessaires selon le principe de précaution axé sur la santé humaine. Ce qu’ils pourront faire d’autant plus aisément qu’ils disposeront de la planification et du crédit public non spéculatif, excluant les Green bonds spéculatifs et autres certificats à polluer.

Dans une telle optique, la bibliographie dominante aidant, nous ne sommes pas surpris de voir notre auteur épiloguer sur les Smart Cities. Et, de fait, le processus d’urbanisation est aujourd’hui prédominant et implique des actions spécifiques non seulement en ce qui concerne les infrastructures d’hygiène public traditionnelles, mais aussi la mobilité, les communications, l’interconnexion et ainsi de suite. Si la transition urbaine n’en a que pour le CO2 alors le sort sera celui de la Californie, de plus en plus désertée car socialement invivable.

Par exemple, il serait possible de créer des mini-centres urbains pour désengorger les grandes villes. Les villes sont mieux cotées financièrement lorsqu’elles dépassent le million d’habitants, ce qui est un effet pervers de la privatisation reaganienne et de ses coupures des fonds de l’État central aux gouvernement locaux. Le soi-disant pacte de stabilité interne. Cette politique peu écologique n’est dénoncée nulle part. En réalité, elle est rendue plus nuisible à mesure que les privatisations se poursuivent et que les infrastructures publiques – structures socio-économiques structurantes – comme les administrations publiques, les écoles, les hôpitaux, la poste etc. etc. disparaissent alors qu’il faudrait, au contraire, viser un meilleur partage entre ville et campagne comme le disait déjà Marx dans son ideologie allemande. La révolte des Gilets jaunes renvoie surtout à cette levée de bouclier de la périphérie laissée pour compte.

En autant que les grandes villes soient inévitables, il conviendrait sans doute de multiplier les mini-centres villes en procédant ainsi à une organisation plus efficace et conviviale des services haut-de-gamme gouvernementaux et financiers, des services sociaux, des parcs et lieux de loisir, le tout en tenant compte de la répartition entre zones résidentielles, commerciales et industrielles. Autrement, l’interconnexion ne règlera aucun problème dus à la mobilité – trafic, stationnement etc. – , au ramassage et traitement des déchets, à l’accès aux services et à la viabilité. Les mini-centres villes permettraient donc de maximiser les nouvelles technologies : un exemple entre tous, le transport en commun public dont l’efficacité pourrait être grandement décuplée par l’ajout d’une flotte roulante de mini-autobus uberisés mais publics. Les conducteurs jouiraient alors de bonnes conditions de travail et moyennant un bon algorithme il serait possible de transformer le transport public hors des heures de pointe – quand les passages sont moins fréquents – en quasi services taxis, puisque l’algorithme pourra facilement gérer les montées et les descentes pour optimiser les trajets. Le tout en synchronisant les feux rouges …

Le transport en commun, privilégiant des carburants peu polluants, serait alors valorisé et le véhicule individuel verrait son usage évoluer. Cette attitude envers le véhicule privé est déjà visible à Paris du fait de la grande déserte assurée par les lignes de métro et les autobus en surface. A l’avenir on pourrait concevoir des drones volants et uberisés complémentant des réseaux terrestres publics à très grande vitesse. Le véhicule privé ne serait plus nécessaire pour autant que la location sur demande resterait possible.

De même le recyclage des déchets dans le cadre de l’écomarxisme qui ne renvoie pas uniquement à une économie circulaire. Là encore il s’agit d’approfondir l’Etat social en intégrant les nouvelles technologies et les considérations environnementales pour renforcer les conditions matérielles qui permettent l’exercice des droits fondamentaux sociaux et individuels, dont celui de jouir de son environnent. La Charte de l’environnement est adossée à la Constitution depuis la présidence du Président Chirac.

C’est pourquoi je ne trouve pas du tout convaincant le fait que l’auteur, sacrifiant à une mode narrative américaine nouvelle, veuille comparer le Green New Deal spéculatif – qui va main dans la main avec la spéculation et avec la MMT – avec le New Deal de Franklin Delano Roosevelt. Il s’agit-là d’une grande méprise puisqu’elle consiste à coopter l’aspiration commune au progrès social, voire socialiste comme le montrent les scores électoraux de B. Sanders ou de AOC, au profit du capital spéculatif hégémonique dans la lignée directe mais occultée du Report from the Iron Mountain.

En conclusion, l’auteur appelle de ses vœux la sortie « du huis clos mondial au bien-être collectif » (p 173) Il déplore le fait que « nous vivons depuis le début des années 2000 une révolution conservatrice dont le symptôme délirant, xénophobe et identitaire, se déchaîne actuellement en Europe et aux Etats-Unis à un point d’incandescence (p 174). La crise pandémique serait elle-même liée au changement climatique. On voit le « syllogisme ».

Bien entendu, la contre-révolution néolibérale monétariste débute bien avant soit dans les années 1979-1982 avec l’arrivée de Paul Volcker à la tête de la FED puis de Reagan à la présidence avec son réactionnaire Committee on the present danger appliquant aux USA les recettes monétaristes fascisantes – nées de l’esprit malade et eugéniste du juif-autrichien fasciste Ludwig Mises – voir la Note 7 ci-dessous – que les Chicago Boys avaient appliquées au Chili de Pinochet après le sanglant renversement miliaire du gouvernement socialiste démocratiquement élu de Salvador Allende et l’assassinat de ce dernier (23)

Peut-être que cette réalisation pousserait l’auteur à de meilleurs sentiments concernant, non pas le dépassement de l’Etat providence à enterrer au profit de l’Etat social-écologique mais, au contraire, à son approfondissement en renforçant les droits sociaux, la planification et le crédit public. Bien entendu, le tout dans le respect de l’environnement en recourant à des théories scientifiques, par exemple l’écomarxisme. Et en laissant au Giec ses narrations mal ficelées – on est passé du grand refroidissement fin années 60, au réchauffement, puis au changement climatique avec les élucubrations de Al Gore sur la fonte imminente de l’Arctique avec ses pauvres ours polaires – en fait aujourd’hui florissants – et enfin aux dérivés verts, la grande solution, malgré les soubresauts continuels de cette nouvelle bourse verte artificiellement créée.

De fait, l’auteur avait joliment souligné le rôle de l’Ordonnance du 4 octobre 1945 instituant la Sécurité Sociale en France – sous la poussée du communiste Ambroise Croizat – dont l’Article 1 précise « Il est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptible de réduire ou de supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent. » (p 124) Pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité, l’Etat et la société entière s’organisaient pour supprimer « la peur du lendemain » en particulier contre les maux dont les individus ne sont pas eux-mêmes responsables, maladie, chômage etc. (« through no fault of our own » clamaient les travailleurs de la CIO aux USA en appuyant les réformes sociales du New Deal dont le droit de grève et les négociations collectives. ) Inclure les considérations environnementales est tout naturel mais ne peut se faire qu’en approfondissant la planification et la régulation économique de l’Etat social.

Car, au fond, la microéconomie sans macroéconomie est une lubie de l’esprit, les entreprises publiques et privées fonctionnent d’autant mieux que les infrastructures et les services publics sont plus solides. Un seul exemple ; dans ma ville le ramassage privatisé des déchets coûte aux contribuables autour de 200 euros la tonne, alors que voilà peu d’années de cela, le service de ramassage public coûtait autour de 80 euros la tonne et employait 14 ouvriers syndiqués, aujourd’hui remplacés. Idem pour l’eau et pour tous les services. L’écologie capitaliste avait fait son œuvre.

Bref, comme disent les Anglo-saxons en matière d’écologie il conviendrait de ne pas jeter le bébé ave l’eau du bain !!!

Un mot en guise de conclusion pour résumer les éléments essentiels de l’écomarxisme qui nous dispensent de toute velléité marginaliste régressive de désincitation économique et fiscale pour laquelle les citoyens et les Gilets jaunes savent pertinemment à quoi s’en tenir. Tout d’abord il suffit de penser aux conditions de passage de la Reproduction Simple à la Reproduction Elargie, soit de l’équilibre stationnaire à l’équilibre dynamique, pour réaliser que toute bonne planification doit pouvoir compter sur des surplus en énergie et en nourriture pour avoir toute la flexibilité requise. Cela posé, en résolvant le problème de la productivité – la rente différentielle par rapport à la rente absolue – l’écomarxisme peut donner corps à un vrai calcul économique écologiquement fondé, qui fait qu’ainsi que le dit Léon Walras dans une note en bas de page de la première édition de son traité marginaliste Eléments – vite rétractée ensuite … – « la rareté est socialement produite. » Si l’on sort de l’anomie inégalitaire de la « main invisible » mise au profit de la propriété privée et de ses « esprits animaux » agitant sa « pensée acquisitive », nous entrons dans le domaine de la planification mue par la plus grande satisfaction possible des priorités sociales déterminées en commun par le biais de la démocratie socialiste. Les intrants de la planification synthétisés par les fonctions de production dûment réintégrées dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie sont parfaitement calculables en termes objectifs, car ils matérialisent le capital fixe, le capital circulant et la force de travail ou capital variable.

Dans un système paramétrique donné, le taux de plus-value est parfaitement calculable. Je renvoie à mon Précis d’Economie Politique Marxiste sur ce point crucial dans la section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com . Le capital fixe et circulant est représenté par les matières premières tangibles et intangibles; ces dernières sont représentées par l’état de la connaissance scientifique et technique, y compris en matière d’organisation du procès de production immédiat dans les entreprises et du procès de reproduction via la Planification. Puisque le Plan intègre les connaissances relatives aux intrants, il permet de les estimer quantitativement – valeur d’usage – dans le calcul économique mais aussi en termes de valeur d’échange/prix – grâce à mes contributions. Ceci s’étend à la planification du renouvèlement naturel ou artificiel des intrants – ex. des algues et des bactéries dans de vieux puits ou dans des fermes aquatiques pour produire le pétrole et le gaz nécessaires de manière contrôlée et renouvelable – ainsi que la recherche de substituts massifiables – par exemple les fibres carbones remplaçant l’aluminium et l’acier dans les carrosseries et les fuselages etc .

Outre le renouvèlement des intrants et le développement des substituts massifiables, une planification reposant sur l’écomarxisme se souciera du recyclage qui devra tendre au maximum possible. Ceci signifie qu’il faudra étudier les cycles de vie des produits en amont et en aval. On ne visera pas forcément la production de produits à cycle de vie long sans obsolescence programmée, car la psychologie de citoyens prospères exige tant la nouveauté que la qualité durable. Le mieux sera donc de produire des biens de consommation de masse industriellement lorsqu’il s’agit de satisfaire le plus égalitairement possible les besoins immédiats. De toute manière, la flexibilité des lignes de production actuelles permet de nombreuses variations portant sur les formes, les accessoires et les couleurs . Par contre, le remplacement des parcs existants se fera par des short runs productifs ou par l’artisanat, produisant ainsi des biens de très haute qualité aujourd’hui réservés aux riches ou aux antiquaires. S’accumulera ainsi une vraie richesse matérielle des Nations correspondant à la société hautement éduquée du temps libre qui aura de surcroît l’avantage de sauvegarder les trésors de savoir faire artisanaux et artistiques ce que l’on dénommait jadis les Arts et Métiers avant l’ère industrielle. Ce type de société abolira la propriété privée en faveur de la possession personnelle pouvant être héritée – c’était déjà le cas avec les bolchéviques notamment staliniens pour les appartements, la datcha et les effets personnels mais pas pour les moyens de production qui, pour leur part, étaient justement collectivisés. Les antiquaires auront alors comme fonction de faire circuler ces biens par l’échange volontaire satisfaisant les désirs psychologiques de chacun.

Outre la production des biens tangibles exigeant des matières premières naturelles, la planification privilégiera la production des infrastructures et des services publics dont notamment l’éducation nationale, le logement social, le transport collectif, la santé et les différentes branches de la Sécurité Sociale ainsi que le sport et les loisirs. Car le développement public de ces infrastructures et services publics financés par le crédit public sont à la base de la compétitivité macro-économique laquelle permet d’optimiser la productivité microéconomique des entreprises et coopératives publiques ou privées.

A ceci s’ajoute bien évidement l’application rigoureuse du principe de précaution, déjà mis en œuvre par le zonage urbain, industriel et agricole visant à protéger les terres arables tout en prévoyant des zones Seveso etc. , une avancée aujourd’hui mise à mal par la concurrence libre et non faussée – voir le désastre écologique à Rouen – et par les protocoles de mise en marché et d’hygiène public. Bien entendu, le principe de précaution, donc la science et le bon sens, exclut toute diabolisation du CO2 car il est bénéfique pour la végétation et les cultures mais, en outre, il suit plutôt qu’il ne précède les changements climatiques. A part le modèle russe hérité de l’URSS aucun modèle du Giec ne reflète les données climatiques vérifiées – je renvoie ici à mon article « Climat et endoctrinement, mars 2019 » dans http://rivincitasociale.altervista.org/climat-et-endoctrinement-mars-2019/   ou pour plus de rapidité au tableau en page 8 à ce lien : http://www.zafzaf.it/clima/sono_scettico.pdf ) J’ai fait remarquer que les modèles du Giec n’incluaient pas le permafrost et sont très mauvais sur le rôle des océans et du phytoplancton … Un principe de précaution rigoureux soulignerait davantage le rôle des autres gaz à effets de serre – méthane, soufre etc. – ainsi que les particules fines – pneus, freins etc. – et, de plus en plus, des nanoparticules dont personne ne parle … Le problème des matériaux peu biodégradables comme certains plastiques doivent recevoir une grande attention pour les limiter aux utilisations adaptées pour lesquelles il n’existe pas de substituts acceptables.

Bien entendu, si le cadre paramétrique de la Planification permet un calcul économique rigoureux tant des secteurs que des branches et des filières économiques, il ne préjuge en rien des avancées scientifiques et techniques qui seront au contraire facilement intégrées si elles servent à la croissance quantitative et surtout qualitative nécessaires pour satisfaire les besoins sociaux et humains selon l’échelle des priorités décidée en commun. De plus, la planification privilégiant toujours la plus grande productivité micro et la plus grande compétitivité macroéconomique, les cycles récurrents de la RTT libèreront la force de travail et le temps libre. De la sorte, la planification pourra investir au maximum dans l’éducation des jeunes et des travailleurs mais également dans l’éducation aux adultes, le tout dans l’optique socialement avantageuse de la recherche appliquée mais aussi de la recherche pure.

Paul De Marco

San Giovanni in Fiore, 17 janvier – 26 février 2021

Notes :

1 ) Le Report from the Iron Mountain – 1967 – est un de ces documents secrets essentiels élaboré par l’Establishment américain à la recherche de ce que Paul Baran appela la « longer view » de la bourgeoisie (https://monthlyreview.org/product/longer_view/ ) Il eut et a encore une forte influence. Le livre « La révolution technétronique » du pitre Zbigniew Brzezinski s’en inspire très certainement ainsi que la Commission Trilatérale et ainsi de suite. La thèse est simple : la productivité éliminant le travail pour la grande majorité que devra-t-on faire des 80 % inutiles de la population ? La réponse est le « retour » à une société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage salarial. Mobiliser les gens par la peur en trouvant des narrations plausibles capables de les culpabiliser au quotidien, par exemple le climat et l’environnement, ainsi que des jeux réhabilitant sous forme compétitive moderne les arènes romaines, sont parmi les solutions proposées. A sa parution le Rapport comportait une préface de John Galbraith qui témoignait de son authenticité. Depuis quelques années – probablement suite à mes mentions du Rapport soulignant son importance cruciale – une manœuvre de dépistage classique est en cours ; on prétend que le rapport n’était qu’un jeu – prank. Bien entendu, ceci ne convainc personne, ne serait-ce que du fait des volumineux rapports annexes qui servirent à pondre ce document et qui devraient tous être désormais dans le domaine public. En lisant le Rapport chacun pourra tirer ses propres conclusions. Avec la 1ère guerre du Golfe persique, fuitèrent deux documents secrets, l’un du Pentagone puis un autre du State Department. Ils invoquaient le choix stratégique de l’Establishment américain-israélien de détruire préventivement tous les rivaux militaires et économiques de l’Empire putatif. La dénégation dans ce cas- là dura peu puisque les attentats du 9/11 permirent d’imposer ouvertement la doctrine de la guerre préventive – ce qui est contraire à toute loi internationale connue, y compris la Charte de l’ONU – et le Homeland Security avec son Patriot Act liberticide et ses nombreuses séquelles nord-américaines, européennes et mondiales. Le projet reste le même.

2 ) Concernant la narration ultra-régressive du Giec, je renvoie à mon « Défi aux écologistes, au Giec et à tous les apôtres du réchauffement climatique », 14 juin 2007, dans la section Commentaires d’actualité de www.la-commune-paraclet.com , ainsi qu’aux analyses disponibles dans la Catégorie « Ecomarxisme » de ce même site, notamment ceci : « Climat et endoctrinement », http://rivincitasociale.altervista.org/climat-et-endoctrinement-mars-2019/

3 ) Voir «Le PIB outil de narration marginaliste contre le bien-être des-peuples et la prospérité des Etats-nations » 24 mai 2020, dans http://rivincitasociale.altervista.org/le-pib-outil-de-narration-marginaliste-contre-le-bien-etre-des-peuples-et-la-prosperite-des-etats-nations-24-mai-2020/

4 ) Déjà dans mon Tous ensemble – 1998 – j’avais montré comme Léon Walras énonçait cette vérité dans une note en bas de page de sa première grande contribution théorique Éléments, note qui disparaitra par la suite lorsqu’il réalisa qu’elle mettait à bas tout l’échafaudage marginaliste. Ceci n’empêcha pas le pitre Samuelson d’épiloguer à longueur de rééditions sur la rareté/cherté des biens et services, par ex., les diamants, alors même que l’industrie produisait déjà quantité de diamants industriels. Remarquons également que Sartre, qui se créait déjà des oppositions aristotéliciennes du genre Être et Néant sans mentionner le Chaos, avait emprunté son idée économique de base dans une édition plus tardive de Walras, de sorte que, pour lui, le socialisme devenait fonction de la possibilité de supprimer la rareté. L’historien Ranke disait que toute société était potentiellement aussi proche de dieu. De manière plus laïque, les bolchéviques, Mao, Ho Chi Minh ou encore Fidel et le Che, prouvèrent que le socialisme était plutôt fonction de lutte de classe mettant la production-distribution et la redistribution économiques au service de la société en vue d’approcher et de réaliser l’égalité humaine.

5 ) Le graphe de l’article montre que « Dans les pays plus égalitaires, il y a une espérance de vie plus élevée[36] » La définition qu’il donne et la suivante : « Contrairement à ce que le terme « espérance de vie » peut laisser penser, cette statistique n’est pas une prévision des probabilités de décès pour les années ultérieures. Dire par exemple que l’espérance de vie des hommes en 2000 est de soixante-quinze ans signifie que les hommes nés en 2000 vivront en moyenne soixante-quinze ans, mais seulement si les conditions de mortalité qu’ils rencontreront au long de leur vie correspondent à celles de l’année 2000. Si les progrès continuent, les hommes nés en 2000 pourront vivre en moyenne plus de 75 ans. Inversement, il se peut que les conditions se dégradent, et que la durée de la vie diminue. » dans https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A9rance_de_vie_humaine

6 ) Voir « Quand Messieurs Cahuc et Zylberberg découvrent la science », André Orléan 12/09/2016 , https://www.alternatives-economiques.fr/messieurs-cahuc-zylberberg-decouvrent-science/00012139

7 ) Voir la Note 10 de http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018/   « Comme les concepts et les politiques ont une origine de classe déterminée, il est sans doute utile de mentionner que le grand-prêtre de ce monétarisme philosémite nietzschéen n’est nul autre que von Mises, le juif-autrichien fasciste conseiller du Chancelier autrichien avant l’Anschluss. Obligé alors de prendre la fuite, il n’a cependant jamais changé d’idée comme en témoigne son œuvre et, en particulier, son livre Socialism, un ramassis infecte de clichés d’ailleurs anticonstitutionnels, dirigé contre toute forme d’intervention de l’Etat dans l’économie, indifféremment et péjorativement dénoncée comme une forme de « socialisme ». Pour ne donner qu’un seul exemple, dans ce torchon qui a néanmoins fait école, via la Société du Mont-Pèlerin, par exemple dans l’Université de Chicago et maintenant en Europe, France incluse, von Mises affirme tout bonnement que la maladie est causée par l’existence de l’hôpital public, puisque autrement elle ne serait qu’une fonction de la volonté – et présumèment de l’accès à l’hôpital privé, voir von Mises Socialism https://mises.org/library/socialism-economic-and-sociological-analysis , pages 475-476. Évidemment les Dalits en Inde avec une longévité de 40 à 42 ans n’ont guère le luxe d’être malades. Mais ¼ des Français renonçant aux soins, cela commence à faire beaucoup … La situation est déjà pire ailleurs, par ex. en Italie. »

Voir aussi la Note 11 de mon essai sur le système de santé http://rivincitasociale.altervista.org/health-care-between-cuts-and-corruption-victim-of-choice-for-neoliberal-and-monetarist-fiscal-federalism-may-2016-translated-april-6-2020/. Une version italienne est également disponible dans la Categoria « Sanità » de ce site. Ainsi que plusieurs posts sur le Covid-19.

8 ) Pour ces falsifications économiques bourgeoises voir mon Introduction méthodologique dans la section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com .

9 ) Voir mon « Climat et endoctrinement» mars 2019, CLIMAT ET ENDOCTRINEMENT, mars 2019 | Blog di rivincita sociale ainsi que les autres textes dans la Catégorie « Ecomarxisme » du même site.

10 ) 796.7 millions d’USD est le total du portefeuille du FVC placé sous la responsabilité de la FAO, voir http://www.fao.org/climate-change/international-finance/green-climate-fund/fr/ Sur le Parc Yasuni, https://fr.wikipedia.org/wiki/Initiative_Yasun%C3%AD-ITT

11 ) « UNE AUTRE INEPTIE SUR LES CIRCUITS DU CAPITAL DE MARX ET SUR LA RÉALISATION SELON G. DUMÉNIL ET D. LÉVY, Déc. 22, 2019-27 janvier 2020. » UNE AUTRE INEPTIE SUR LES CIRCUITS DU CAPITAL DE MARX ET SUR LA RÉALISATION SELON G. DUMÉNIL ET D. LÉVY, Déc. 22, 2019-27 janvier 2020. | Blog di rivincita sociale

12 ) Voir la Note ** de mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance, 2005 dans la section Livres-Books de mon site www.la-commune-paraclet.com

13 ) Voir « Pastiche sur la sortie de crise : on vous exploitera plus qu’hier et moins que demain comme dit la romance, 25-avril-2020 » dans http://rivincitasociale.altervista.org/pastiche-sur-la-sortie-de-crise-vous-exploitera-plus-que-hier-et-moins-que-demain-comme-dit-la-romance-25-avril-2020/

14 ) Voir Jancovici : Climat, les leçons du choc Covid – Be Smart – 08/10/2020, •9 ott 2020, https://www.youtube.com/watch?v=QrATizaiuLM . Remarquez tout bêtement que M. Jancovici fonctionne avec deux présuppositions: a ) le CO2 s’accumule en rebondissant comme un yo-yo entre le sol et le couvercle atmosphérique ; en outre il croit que cette accumulation est surtout due à l’effet anthropogène ; b ) il croit que le monde est fini pour ce qui est des ressources, ce qui est faux – v. les nodules dans les fonds marins ainsi que les substituts massifiables etc. – alors qu’en terme d’énergie ce qui compte c’est le bilan positif. Donc, en particulier, ce qui n’est pas solaire et éolien. Les centrales à sels fondus n’ont pas les désavantages des centrales nucléaires actuelles surtout en terme de sécurité. De plus, elles peuvent brûler les déchets nucléaires qui, en outre, pourront probablement être traités par les rayons lasers mis au point par le physicien Gérard Mourou. Le processus de fusion est déjà atteint pendant plusieurs secondes de sorte que les problèmes sur la voie d’une énergie propre, renouvelable et super abondante découlent des procédés techniques en particulier le confinement du plasma. M. Jancovici connaît tout ceci bien mieux que moi.

15 ) Voir https://www.un.org/fr/chronicle/article/chaque-jour-25-000-personnes-meurent-de-faim

16 ) Arundathi Roy: “In India la Storia è in marcia”, di Arundhati Roy – Giacomo Marchetti , https://contropiano.org/news/internazionale-news/2021/02/05/in-india-la-storia-e-in-marcia-0136077

17 ) Voir « Commentaire rapide origines de l’écologie : conférence-d’Andrée Corvol Dessert » dans http://rivincitasociale.altervista.org/commentaire-rapide-origines-de-lecologie-conference-d-andree-corvol-dessert/ Voir aussi ce site : https://www.climato-realistes.fr/

18 ) Voir L’Australie remontée face au « black-out » de Facebook, Refusant de payer les groupes de presse pour le partage de leurs contenus, le réseau social ne permet plus la diffusion des articles. Une décision qui prive les internautes d’informations vérifiées., Par Isabelle Dellerba(Sydney, correspondance) , Publié aujourd’hui à 09h16, mis à jour à 09h32 https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/02/19/l-australie-remontee-face-au-black-out-de-facebook_6070505_3234.html

Voir aussi : 1 ) « Lettera aperta alla Commissaria europea Margrethe Vestager: Si prega di mettere un termine alla « captive market strategy » delle GAFA ed altre imprese simili. » http://rivincitasociale.altervista.org/lettera-aperta-alla-commissaria-europea-margrethe-vestager-si-prega-mettere-un-termine-alla-captive-market-strategy-delle-gafa-ed-imprese-simili/  

19 ) Le terme éco-socialisme fut proposé par un courant éclectique allant des Grünen aux Verts américains puis dans une primitive et convenue version idéologique sectaire par Joel Kovel et Michael Löwy en 2001, v. https://en.wikipedia.org/wiki/Eco-socialism. Il est réapparu sur la scène après ma contribution portant sur l’écomarxisme qui prétend, pour sa part, à la transparence et surtout à la scientificité puisque la théorie repose sur la résolution du problème de la rente absolue et de la rente différentielle menant à la théorie scientifique-marxiste de la productivité dûment réinsérée de manière cohérente dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie.

20 ) Voir http://mapage.noos.fr/moulinhg02/educ.civique/hugo.devise.html

21 ) Sur Joachim de Flore pythagoricien, voir mes articles dans la section Cultures e R&S de http://rivincitasociale.altervista.org . (On peut utiliser https://www.deepl.com/translator au besoin). On sait que Marx aimait Michelet et A. Dumas père ; Engels en voulait à Renan pour ne pas avoir cité les contributions allemandes … Le fait est que la théorie de l’émancipation égalitaire de Joachim forme la trame majeure de l’interprétation de ces historiens. Paul Lafargue, un des plus grands penseurs marxistes – économie, épistémologie des sciences avec son exemplaire ouvrage sur Saint Hilaire entre Lamarck et Darwin, études modernes sur la mythologie et le patriarcat etc. – a contribué à faire connaître Vico en France tout en soulignant l’impact de ses écrits et de sa méthode scientifique en matière de science sociale sur Marx. J’ai montré que la Scienza nuova de Vico a son origine dans les écrits de Joachim.  Sur le matérialisme historique voir l’Introduction méthodologique dans la section Livres-Books de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com .

22 ) « Le e-méthanol, un carburant propre pour remplacer l’essence ? »,

L’Allemand Thyssenkrup est en train de construire des raffineries en Suisse pour créer un carburant « neutre » en carbone., dans

https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/le-e-methanol-un-carburant-propre-pour-remplacer-lessence-138429

23 ) Voir « Les conséquences socio-économiques de MM Volcker-Reagan et Cie » dans la section Economie Politique Internationale de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com . Voir aussi dans la même section les essais « Credit witout collateral » et « The Treasury and the FED » pour bien comprendre la logique de la finance spéculative aujourd’hui hégémonique. Mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance – 2005, section Livres-Books du même site – fut le premier à dénoncer cette dérive du taux de profit vers le taux d’intérêt spéculatif déguisé en taux de profit et menant à la crise des subprimes. (Utiliser le terme « montage » avec la fonction rechercher )

Annexe : Le Scandale médical et scientifique du siècle et les « pieds nickelés » du Lancet.

J’ai tenté plus haut de dire ce que je pensais de la méthodologie scientifique en relation avec le rôle du médecin soignant, le rôle de la recherche et dans certains cas des études randomisées et la relation de confiance essentielle entre le médecin et son patient. De cette analyse peut émerger toute l’incroyable mise en scène narrative du « scandale du siècle » qui me paraît aller dans le même sens régressif que la manipulation des évènements du 9/11. J’en veux pour preuve les frasques de Jacques Attali que j’ai souvent citées. Selon lui, une bonne pandémie pouvait permettre de réformer nos sociétés démocratiques récalcitrantes sous la conduite de … l’Armée américaine! Ou encore le Event 201 de Bill Gates peu avant la découverte du Sars-CoV-2 à Wuhan, découverte qui suivit de peu le passage des soldats américains participant aux jeux militaires dans cette localité. On sait que le laboratoire militaire de Fort Detrick dans le Maryland fut fermé en juillet-août 2019, après une série de violations graves à la sécurité et le déclenchement d’une espèce de pneumonie mal définie qui tua plus de 10 000 soldats, mais dont, étrangement, personne ne parle plus.

Finalement, dans ma tentative de suivre cette pandémie au plus près pour comprendre les mécanismes scientifiques, médicaux et socio-économiques liés à de tels évènements catastrophiques pouvant modifier les données paramétriques de nos systèmes sociaux, j’ai accumulé un certain nombre de posts sur le sujet dans ce même site dans la Categoria Sanità. Les posts en français sont disponibles dans la Catégorie Textes en français.

Concernant l’analyse du scandale du siècle je me contenterais donc ici de laisser la parole à un grand expert en la matière. En effet, nous avons la chance, outre les explications fournies dans ses vidéos par le prof. Raoult, de bénéficier d’une analyse du prof. Perronne à laquelle je renvoie le lecteur : « Analyse critique des traitements de la COVID-19 » https://www.youtube.com/watch?v=FIhp7PtCEtY

Il faudrait encore analyser en détail la définition des services essentiels dans le cadre de ces confinements très différents de la planification et du rationnement de guerre alors même que le choix était fait de confiner sans soigner, du moins avant l’admission à l’hôpital et en attendant les pseudo-vaccins de Big Pharma. Nos sociétés à capital spéculatif dominant ont vu le chômage et le chômage partiel exploser alors même que la Bourse affichait des scores jamais atteints et que les riches s’enrichissaient de manière exagérée. Les PME, les artisans et même les restaurateurs firent les frais de l’envolée des plateformes des Gafam ; le télétravail annonce une introduction massive du numérique, de l’IA et des nouveaux robots etc.

Par contre, on peut d’ores et déjà noter, sur un mode contrefactuel selon l’usuelle manière de penser de nos bons bourgeois néolibéraux monétaristes, la plus grande réactivité et flexibilité socio-économiques des économies planifiées. Ce qui devrait interroger les émules de Mises, Hayek et consorts. En effet, il a suffit à la Chine de réajuster à la marge les performances de ses divers secteurs pour relancer la machine, ce que le crédit public permet sans le moindre problème, puisque tout investissement productif de ce genre se transmute automatiquement en masse salariale et en nouveau capital fixe. C’est-à-dire en croissance réelle.

Deux problématiques doivent être soulignées : a ) la contrainte externe en temps de confinement. Dans le cas chinois, elle fut en partie comblée par l’aide généreusement apportée par la Chine à différents pays ; et b ) la prise de conscience relative à la lutte contre les disparités régionales afin d’éviter de trop fortes concentrations locales d’activités. Wuhan est en effet le plus grand hub économique de la Chine centrale. Une organisation optimale permettant de prévenir les goulots d’étranglement est donc souhaitable à tous les points de vue. De fait, la présence de monopoles naturels publics rend cette optimisation géographique et socio-économique bien plus aisée, car une répartition des activités sur tout le territoire permet de lutter contre les disparités régionales sans nuire aux performances économiques. Mieux, cela les optimiserait pour ce qui est des services publics offerts aux citoyens et aux entreprises publiques ou privées. Comme ces activités publiques sont en général des activités structurantes, et que la Planification harmonise le tout, l’ensemble du pays y gagne. L’Italie et la France peuvent en témoigner en se remémorant les années 50-70, c’est-à-dire les années de croissance – Jean Fourastié parla des Trente Glorieuses – correspondant à la planification indicative et incitative soutenue par le crédit public.

 

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