Commenti disabilitati su Intermittents du spectacle et précaires, refusez le chant des sirènes de tout supposé « revenu citoyen » à vie ou autrement. On veut tout simplement vous faire jouer un rôle imaginé contre vos intérêts, à savoir contre votre droit constitutionnel au travail pour mieux effacer vos prétentions à votre juste part de la richesse nationale collectivement créée, 27 mars 2021

Pour vivre et vivre mieux, déconfinons la création artistique !

Thèse

Quelques données sur la réalité des différentes formes de « revenu » citoyen pour situer le débat.

La force de travail doit se reproduire aussi dans un ménage, le salaire ou revenu individuel ne suffit pas.

Contrat de travail et RTT ou la tarte aux pommes du revenu à vie sans droit de négocier ?

Travail « improductif » ou production culturelle et partage des richesses produites ?

Le taux de chômage, les vrais chiffres du chômage, la précarité, le « revenu citoyen » et les circuits des capitaux.

Arts et culture, travail productif, travail « improductif » et reformulation de la comptabilité nationale

Annexe :l’ineptie centrale de André Gorz tirée de Benedetto Croce confondant durée et intensité du travail. 

Thèse : Le salaire ou plus précisément le revenu « citoyen » à vie pour toutes et tous, peu importe l’âge, couvrirait au mieux le salaire individuel, les allocations familiales et la retraite, mais il ferait l’impasse sur toutes les autres composantes du standard de vie découlant de l’utilisation de plus en plus démocratique de la « valeur ajoutée » ou mieux de la « plus-value sociale » créée par les travailleurs. Ce ne serait au mieux qu’une forme du revenu disponible marginaliste propre à effacer la marche des conquêtes sociales entérinée dans le « revenu global net » des ménages qui est au cœur des circuits économiques de l’Etat social. A plus ou moins 400 euros par mois, ou en tout cas fermement fixé sous le seuil de la pauvreté pour ne pas inciter à la fainéantise et fausser la compétition sur le « marché » du travail, voilà certes une idée qui finira par convaincre le patronat. Personne ne sera surpris d’apprendre qu’une des première moutures de cette brillante idée fut le « revenu annuel minimum garanti » de Milton Friedman … Bref, ceci ne revient pas à réinventer l’eau tiède, mais plutôt à barrer la route aux nouvelles conquêtes sociales. Une régression sournoise à balayer avec détermination.

Ceux qui s’opposent viscéralement au partage des richesses nouvellement créées par le partage du travail socialement disponible qui seul les créées, ne disposent que d’une seule alternative avant le recours à l’exclusivisme fasciste appliqué à visage ouvert, soit la démagogie de l’assistance sociale à minima déguisée en « revenu citoyen » ou en salaire à vie préalablement abstrait de toute connexion avec le contrat de travail. Les résultats socio-économiques et démocratiques de cette dérive sont désastreux comme le démontrent toutes les expériences qui à ce jour vont dans ce sens, par exemple en Italie. Ce revenu « citoyen » devient un féroce workfare reaganien. Il est fondé sur la vérification des ressources, ce qui piège les individus et leurs familles dans une trappe à pauvreté sans fin, et sur l’obligation d’accepter tout travail proposé à n’importe quelle condition. C’est la forme la plus insidieuse du « retour » philosémite nietzschéen vers la société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage. C’est l’œuvre de pires renégats qui veulent de nouveau barrer la route à l’émancipation humaine qui repose sur le devoir et le droit au travail collectif dans le cadre d’un Domaine républicain et égalitaire de la Nécessité que la productivité croissante se charge de réduire séculairement en libérant du temps libre. On ouvre ainsi la voie au Domaine de la Liberté, et donc à la possibilité pour tout un chacun d’épanouir librement sa personnalité dans le cadre des droits fondamentaux individuels, sociaux et civils garantis par la Constitution. Au sortir de la Préhistoire de la société de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, la science, la culture et les arts se retrouvent alors au cœur du devenir humain. Il faut refuser ce piège régressif du revenu à vie sans fondement dans la production avec détermination.

La rémunération du travail repose sur un contrat de travail, individuel et collectif. Ce contrat est formellement établi entre parties consentantes ; il est inégalitaire dans toutes les sociétés qui reconnaissent la propriété privée des moyens de production. Il suit une évolution contraire lorsque cela n’est plus le cas. Car alors se pose la question du partage plus égalitaire de la « plus-value sociale » collectivement produite. Ce partage dépendra de l’état de la lutte des classes, à savoir de l’authenticité de l’ordre juridique démocratique en place. L’illusion d’un revenu citoyen ou d’un salaire à vie éliminant tout lien au travail élimine également le rapport de force individuel et collectif institutionnalisé par le contrat de travail. L’Individu qui est incapable de négocier pour lui-même comme individu et comme classe n’est qu’un sujet, il n’est pas ou plus un citoyen. Il redevient un assisté qui, de surcroît, sera présenté et vu comme un parasite, souvent victime lui-même du regard des autres. Si ce sujet est écarté de sa participation à la création de la plus-value par la contribution de son travail, sur quelle base crédible pourra-t-il négocier ? Ainsi le citoyen travailleur qui se verrait octroyer un revenu, dont on lui cache la source tout en le privant de son pouvoir de négociation, ne serait que la victime d’une expropriation complète de sa souveraineté en tant que travailleur et en tant que citoyen-travailleur.

Il est peu étonnant de voir que ces salades démagogiques vont de pair avec le démantèlement de l’Etat social, recherché en lieu et place de son approfondissement plus citoyen et égalitaire, ainsi qu’avec la tentative de remplacer la souveraineté des peuples dans leurs Etats par la souveraineté des grandes transnationales et leur « gouvernance globale privée». Pour un résumé de l’évolution du contrat de travail voir : THE DISMANTLING OF THE SOCIAL STATE – or of the Anglo-Saxon Welfare State – AND MONETARIST NEOLIBERAL POLICIES, SEEN FROM THE ANGLE OF THE LABOR CONTRACT, October 4, 2016 – April 9, 2020, THE DISMANTLING OF THE SOCIAL STATE – or of the Anglo-Saxon Welfare State – AND MONETARIST NEOLIBERAL POLICIES, SEEN FROM THE ANGLE OF THE LABOR CONTRACT, October 4, 2016 – April 9, 2020. (Une traduction française sera bientôt fournie)

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Quelques données sur la réalité des différentes formes de « revenu » citoyen pour situer le débat.

« Les partisans d’une allocation universelle souhaitent lui attribuer un montant faible et identique pour tous les êtres humains résidents, alors que les partisans d’un revenu de base plus élevé modulent leurs propositions sur une partie de la population comme les seuls adultes, les qualifications de la personne, ou encore, des montants différents en fonction de l’âge[réf. nécessaire].

En France, les propositions sont variées37 :

Yann Moulier-Boutang : proche du salaire minimum.» dans Revenu de base, https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_base#Le_point_de_vue_d’Attac

Force est de constater le niveau très bas des montants. L’affirmation selon laquelle le « revenu de base » serait sans condition de ressources et sans obligation de recherche active d’emploi, reste toute théorique. En Italie, le parti ultra-démagogique mis en place par la Plateforme Rousseau avec l’aide d’un vulgaire comique de second ordre Beppe Grillo, le mouvement M5S pour ne pas le nommer, montre parfaitement à quoi s’attendre une fois que les porteurs de ces fadaises arrivent au pouvoir. La loi du « marché » s’impose alors avec tous ses discours culpabilisants et mortifères contre les « bénéficiaires ». Ceci se vérifia donc dans un pays, l’Italie, où le droit constitutionnel à l’assistance sociale ne vaut que selon les maigres fonds mis à disposition et selon les seuils barbares entérinés par les lois budgétaires pour les ayants droit.

Voici comment se présente le « reddito di cittadinanza » en Italie, ainsi nommé par typique dérision philosémite nietzschéenne. Il touche 3 million de personnes loin en deça de la dizaine de millions versant dans la pauvreté absolue. Il verse en moyenne 523,29 euros par mois. Ce revenu dérisoire tient compte du noyau familial et il est en outre soumis à condition de ressources et à obligation de rechercher un emploi et le cas échéant à accepter un emploi loin de chez soi. Ceci dans un pays où l’ISE, qui établit le seuil pour percevoir l’assistance sociale, est fixé à 3000.00 euros familial avec 5000.00 euros de biens immobiliers et où le taux de chômage selon le BIT est très élevé mais maintenu précaire à dessein par le Jobs Act, en lieu et place de la RTT. Lorsqu’il fut question de généraliser ce « reddito », nous eûmes droit à une levée de bouclier institutionnelle et à une compétition pour le moins disant entre le ministre Poletti et le président de l’INPS Boeri pour qui le montant devait se situer autour de 320 et 400 euros … Il convient d’avoir les idées claires sur ces faits qui, en vérité, sont indignes de la civilisation républicaine et sociale entérinée par la lettre et l’esprit de nos Constitutions.

Voir : « Reddito di cittadinanza a 3 milioni di persone. Sale l’importo medio » Aumentano i beneficiari del reddito di cittadinanza e sale anche l’importo medio per famiglia. L’assegno più alto al sud, editato in: 2020-08-24T11:14:34+02:00 da QuiFinanza

24 Agosto 2020, https://quifinanza.it/lavoro/reddito-di-cittadinanza-a-3-milioni-di-persone-sale-limporto-medio/409707 / .« Boom di beneficiari del Reddito di cittadinanza. L’Inps comunica che a luglio sono stati superati i 3 milioni di persone coinvolte, con un aumento del 17% rispetto a gennaio 2020, riferite a 1,3 milioni di nuclei familiari che hanno attualmente in pagamento il Reddito/Pensione di cittadinanza. L’importo medio mensile dei due sussidi è di 523,29 euro.»

Et : « Reddito di cittadinanza: ultime notizie », 30 Marzo 2021 | Autore: Noemi Secci ,   https://www.laleggepertutti.it/243809_reddito-di-cittadinanza-ultime-notizie

On pourra lire également ceci: « La France et les jobs et social acts italiens : De te fabula narratur » in http://rivincitasociale.altervista.org/la-france-et-les-jobs-et-social-acts-italiens-de-te-fabula-narratur/ (1)

Nous avons donc à faire sous un autre nom à des formes d’assistance sociale à rabais strictement inscrites dans rationalité du « marché du travail » et de la « concurrence libre et non faussée ». C’est une absurdité humaine et théorique qui renvoie à une conception régressive du capitalisme, une conception néolibérale et monétariste. C’est très précisément celle qui triompha avec la contre-réforme de Ronald Reagan et des tenants, entre autres, de l’Ecole autrichienne dans sa version Chicago Boys célèbre pour ses hauts faits dans le régime fasciste du général Pinochet au Chili après le renversement sanglant du gouvernement socialiste démocratiquement élu et l’assassinat de son président Salvador Allende.

Pour mesurer l’ampleur intellectuelle et éthico-politique de cette contre-réforme, qui effaça l’alternative socialement saine de l’approfondissement de l’Etat social ou Welfare State anglo-saxon, il vous suffira de vous référer à J. M. Keynes. Ce théoricien de la régulation économique était conscient du fait que la productivité est au cœur du mécanisme de compétition capitaliste et que, par conséquent, elle « libère » fatalement la force de travail, un phénomène dont il faut bien tenir compte. Voici ce que dit Keynes, un théoricien économiste bourgeois fortement influencé sans l’admettre publiquement par Marx et par Paul Lafargue : 

« Pendant longtemps encore le vieil Adam sera toujours si fort en nous que chaque personne aura besoin d’effectuer un certain travail afin de lui donner satisfaction. Trop heureux d’avoir encore de petites tâches, obligations et routines, nous ferons par nous-mêmes beaucoup plus de choses que ce n’est généralement le cas aujourd’hui chez les riches. Mais, au-delà, nous nous efforcerons de faire des tartines de beurre en faisant les tranches de pain aussi fines que possible, et la quantité de travail qu’il sera encore nécessaire de faire, nous nous arrangerons pour que le plus grand nombre d’entre nous en ait sa part. Trois heures de travail chaque jour par roulement ou une semaine de quinze heures peuvent ajourner le problème pour un bon moment. En effet, trois heures par jour font une ration suffisante pour assouvir le vieil Adam chez la plupart d’entre nous !» (p 137 ) Perspectives économiques pour nos petits-enfants, (1930) http://gesd.free.fr/kenfants.pdf

La force de travail doit se reproduire aussi dans un ménage, le salaire ou revenu individuel ne suffit pas.

Ce qui caractérise les membres de l’espèce humaine, espèce à reproduction sexuée, c’est le travail humain, manuel et mental. Le langage est un outil de communication s’ajoutant aux autres idiomes. Grâce au travail humain, l’espèce humaine est en partie affranchie de la domination de ses instincts dans sa tache principale qui consiste à se reproduire comme espèce au sein de la Nature et de l’Histoire.

Les biens et les services entérinent la dualité de la valeur, valeur d’usage et valeur d’échange. Ils sont vecteurs de valeurs d’usage spécifiques mais peuvent également être vecteurs de valeurs d’échange lorsque ces biens et services entrent dans le circuit des échanges économiques. Ces échanges économiques sont inévitables dès lors qu’existe la division sociale du travail.

L’échange d’un produit A contre un produit B suppose l’égalité A = B, par exemple un trépied échangé contre un lit. Cet échange peut se faire directement ou bien en passant par un intermédiaire, un équivalent particulier. Tout bien ou service peut jouer ce rôle, aussi bien un sac de patates, un collier de coquillages ou de l’or. Mais comme ceci peut être encombrant, on fait recourt à un équivalent général, la monnaie, plus facile à transporter. La monnaie est également très pratique puisque elle permet un premier calcul économique en ses propres termes.

Bien entendu, la question fondamentale qui se pose dans l’équation A = B = x euros est de savoir quel est l’étalon commun justifiant leur égalité réciproque, quel est l’équivalent universel économique – valeur d’échange – permettant d’évaluer justement tous les biens et services pourtant différents entre eux en terme de valeur d’usage. La monnaie, dont la valeur d’échange peut changer, doit elle-même être évaluée selon un étalon commun. Il y en a un seul, c’est la valeur d’échange de la force de travail.

Comme je l’ai montré dans Tous ensemble – 1998 – tout acte de production suppose l’avance par le travailleur de sa force de travail qui sera harnachée dans le procès de production immédiat. En arrivant à son poste de travail, le travailleur apporte avec lui sa force de travail reconstituée comme valeur d’usage prête à agir pour transformer d’autres valeurs d’usage – machines, matières premières – en nouvelles valeurs d’échanges économiquement échangeables.

La marchandise force de travail est en effet la seule parmi toutes les marchandises qui est capable de produire de nouvelles valeurs d’échange. Le robot ou l’algorithme eux-mêmes sont le fruit du travail humain. Ceci est possible car le travailleur est à la fois travail cristallisé sous la forme de sa valeur d’usage et travail vivant. C’est pourquoi si la journée de travail est de 7 heures et qu’il ne faut que 3 heures pour reconstituer le salaire, la production des 4 autres heures travaillées constituera la plus-value, qui sera empochée par le propriétaire des Moyens de production.

C’est là le mystère de la force de travail qui est tout autant travail cristallisé et travail vivant comme le démontra Karl Marx, mystère qui seul permet d’appréhender l’économie politique de manière scientifique en résolvant la contradiction pointée par Adam Smith – Wealth of nations, ed, Sutherland, p 47 – selon laquelle la valeur étant créée par le travail humain, reste à expliquer pourquoi le patron est payé bien au-delà de ce que produit sa propre contribution à la production. Dans les années 50-60 cette différence de rétribution allait de 1 à 14 alors qu’elle est aujourd’hui de 1 à 400, voire plus ! En fait, avec les stock-options et les bonus certains PDG gagnent plus de deux fois cette somme. Ce mystère de la genèse du profit c’est le surtravail –en terme de valeur d’usage – qui est la plus-value – en terme de valeur d’échange, à savoir l’utilité concrète des produits fabriqués durant les 4 heures de surtravail dans la journée de travail de 7 heures et leur valeur d’échange économique réalisée par l’échange et la consommation, individuelle ou productive.

C’est pourquoi sans odieuse supercherie le travailleur ne peut jamais être réduit à son salaire, quand bien même et surtout si on le présente comme un salaire à vie dépendant de son grade plutôt que de son poste, au mieux un « salaire » ou « revenu » – panem et circences ? – à vie au titre vague qu’il est un citoyen. Les chômeurs actuels et celles et ceux qui sont au RSA sont aussi des citoyens à qui la Constitution reconnaît le droit au travail, à la Sécurité sociale et à la solidarité nationale …

La fonction de production scientifique s’écrit : c + v + pv = p où « c » est le capital « used-up », « v » le salaire, « pv » la plus-value et « p » le produit du procès de production immédiat.

Le travailleur produit son propre salaire « v » mais également toute la plus-value « pv », en plus de ce salaire individuel. Cette plus-value lui appartient en tant que travailleur collectif, y compris dans sa forme cristallisée sous forme de Moyens de production – MP – et d’organisation de la division sociale du travail. Mais elle est empochée par le possesseur des MP au titre légal de sa propriété privée des MP.

Toute l’Histoire humaine gravite autour du partage de cette plus-value. D’abord du fait que le salaire individuel, juste nécessaire pour reconstituer la force de travail devant être réharnachée dans le procès de production, ne suffit pas pour renouveler le travailleur en tant que travailleur. En effet, contrairement à toutes les autres valeurs d’usage employées dans ce procès, il est membre d’une espèce à reproduction sexuée qui doit se reproduire comme membre de l’espèce au sein d’un ménage. Nous évitons le terme « famille » car il renvoie étymologiquement à la domesticité.

Au salaire individuel net s’ajoutent donc au minimum les allocations familiales, qui tiennent compte du fait que la taille des ménages est variable, et le salaire différé qui doit englober la couverture de toutes les périodes d’inactivité qui ne dépendent pas de la volonté du travailleur, soit la maladie, le chômage et la retraite. Les congés payés sont une des formes du salaire individuel. Vous avez reconnu ici la logique de base fondamentale du Système de sécurité sociale conçu comme matérialisation des droits sociaux fondamentaux que tant d’étranges théoriciens, encore plus fourvoyés et pathétiques que André Gorz, tentent aujourd’hui d’occulter, « une fois encore », comme dit leur grand maître Nietzsche.

Mais ce faisant en occultant le salaire différé ils occultent également les prétentions légitimes du travailleur collectif au contrôle collectif de tout le reste de la plus value empochée par le possesseur des MP au-delà de sa contribution personnelle au travail commun, ainsi que la part fiscale qui échoit à l’Etat sous forme de taxes et impôts, directs et indirects.

En tant que travailleur vous savez être le détenteur du travail vivant qui, une fois mis en action dans le procès de production immédiat, est le seul agent créateur de toute la valeur d’échange économique, tant le salaire que le reste de la plus-value. Son partage dépend de l’état de la lutte de classe.

La Constitution de l’Etat social, née de la Résistance contre l’exclusivisme de caste et de classe du nazi-fascisme, a donc reconnu un partage déterminé de cette plus-value au-delà du salaire individuel. En particulier, à travers la Sécurité sociale matérialisant les droits sociaux fondamentaux, ainsi que la fiscalité propre à l’Etat social censée revenir, du moins en partie, aux ménages sous forme d’accès citoyen universel et garanti aux infrastructures et aux services public, soit les deux autres composant du « revenu global net » des ménages, outre le salaire individuel. Le droit au travail, aujourd’hui constitutionalisé, est donc un droit social fondamental reconnaissant la propriété sur une partie de la plus-value aux travailleurs eux-mêmes, en tout premier lieu le salaire différé mutualisé dans un système de sécurité sociale faisant également place à la solidarité nationale entre professions.

En remettant en question le salaire différé, on s’attaque frontalement aux droits légitimes du travailleur collectif à toute la « plus-value sociale » et à sa prétention d’établir un « revenu global net » des ménages qui en tienne de mieux en mieux compte selon le degré d’avancement de la démocratie sociale.

Remarquez que, dans leurs attaques sournoises, ces mystificateurs oublient de mentionner la fiscalité, l’autre partie du « revenu global net », à part le salaire différé. En effet, du fait de la déflation salariale imposée par la course globale vers le moins disant mondial, qui est entériné par l’actuelle définition de l’anti-dumping inscrite dans tous les traités de libre-échange et au sein de l’OMC, plus de 50 % des travailleurs français gagent trop peu pour payer des impôts directs sur le revenu, bien qu’ils doivent acquitter la TVA, un des impôts les plus régressifs qui existent. Remarquez également que le « revenu disponible » des Marginalistes et de leurs statistiques – Insee etc., – est inférieur au « revenu global net » des ménages, car il fait justement l’impasse sur les droits sociaux et sur la part de la fiscalité qui revient aux ménages comme accès aux infrastructures et aux services. Pour comprendre la gravité de la chose, il faut évaluer en terme de standard de vie la différence que fait l’accès à l’éducation ou à la santé publiques ou encore l’utilisation sans péages des autoroutes … et des départementales.

De fait, depuis des années cette déflation salariale, toujours prête à gruger sur le coût du travail ce qui fait défaut dans le coût de production – compétitivité nationale en baisse – réduit la part des cotisations sociales, donc du salaire différé. Inévitablement, ceci mène également au démantèlement de l’Etat social et, en particulier, aux droits fondamentaux reconnus par le système de Sécurité sociale.

Or, la productivité est au cœur du MPC. La productivité croissante libère de plus en plus de main-d’œuvre qui ne trouve plus à s’employer en se « déversant » – selon le terme de A. Sauvy – dans les nouveaux secteurs et les nouveaux secteurs intermédiaires comme cela fut le cas durant l’époque que le grand Jean Fourastié appela les Trente Glorieuses, car ces nouveaux secteurs sont désormais tous fortement intensifs en capital.

Pour rester compétitif globalement on gruge donc le salaire différé et pour faire du chiffre sur le taux de chômage officiel on coupe progressivement chaque emploi à temps plein en 2 ou 3. Résultat, la précarité élimine autant les cotisations sociales qu’elle ne gruge la fiscalité générale désormais évanescente alors même qu’elle est supposée prendre la relève du salaire différé.

La pire forme de la précarité est sans doute celle déjà annoncée dans mon Tous ensemble, celle du self-employment ou auto-entreprenariat. Il prend aujourd’hui la forme du travail ubérisé, forme que le smart working risque d’aggraver davantage. Ceci avait été annoncé par la privatisation de l’éducation – agenda de Bologne – et avait commencé à prendre forme avec la privatisation de taches éducatives, en particulier le tutorat. Le système permet de payer selon des contrats de gré à gré, donc le moins possible, tout en transférant les charges sociales et les frais de fonctionnement – livres, automobile, taxi, vélo etc. – sur le dos de la bonne poire œuvrant comme auto-employeur. L’autre forme également annoncée dans mon Tous ensemble consista à privatiser les agences d’emploi nationales publiques permettant de mettre en relation, moyennant la médiation éventuelle de la formation de la force de travail, les offres et les demandes d’emplois. Ceci au profit d’agences d’intérim et d’agences d’emplois privées. Elles se chargent de faire le tri à l’embauche à la place du patron et très souvent ces agences deviennent les vrais employeurs. Ceci suppose alors qu’elles encaissent une partie de ce que devrait revenir sous forme de salaire à l’employé. Ce faisant cette externalisation débarrasse le département de ressources humaines de l’entreprise de bien des soucis, dont ceux liés au licenciement.

Contrat de travail et RTT ou la tarte aux pommes du revenu à vie sans droit de négocier ?

Comment se sortir de ce catch 22 ? Il n’y a que deux manières possibles :

A ) Soit rétablir la Constitution et ses droits sociaux et partager le travail à plein temps socialement disponible entre toutes les citoyennes et citoyens aptes au travail dans le cadre d’un système de planification indicative et incitative reposant sur le crédit public, afin de préserver le plein-emploi à plein temps avec heures supplémentaires règlementées et travail partiel choisi ; ou bien :

B) Partager la misère entre classes laborieuses pour entériner les inégalités croissantes actuelles. Avec la démagogie d’une forme quelconque de revenu citoyen à vie.

Pour faire passer la seconde option il faut dire « adieu au prolétariat », il faut donc délégitimer le droit des travailleurs au salaire différé et à la « plus-value sociale » dans son ensemble. Pour cela, il faut lui faire miroiter la promesse d’un salaire à vie, d’un revenu citoyen, en fait de ce que Milton Friedman, un des pères de cette dérive régressive sans précédent, appela jadis de « revenu annuel minimum garanti ». Ce faisant vous ne devrez plus partager le travail socialement disponible et a fortiori les fruits de ce travail.

L’adieu au prolétariat est une vision sournoise calculée contre l’émancipation humaine, c’est une tentative de vol du Futur : en effet, au sens étymologique, le prolétaire est celui qui doit compter sur son travail pour vivre. C’est pourquoi contrairement à toutes les autres classes sociales, le prolétariat est porteur d’une authentique universalité humaine. Le dépassement du statut de prolétaire dit Marx, permet le recouvrement de l’Homme par l’Homme. En dépassant son état de prolétaire, il abolit le travail aliéné grâce à la propriété collective des moyens de production tout en respectant la possession individuelle nécessaire à la libre expression des personnalités. En outre, en s’impliquant à plein dans le processus démocratique de l’allocation de la « plus-value sociale » dans la planification de la reproduction sociale pour et par la Communauté, il se pose en Être humain émancipé susceptible de dépasser la division de la société en classes sociales dans l’universalité humaine réalisée.

Le droit au travail – et par implication le devoir de participer au travail commun – fonde la citoyenneté et les droits sociaux universels qu’elle incarne. Sans participation au travail commun une personne n’est qu’un parasite. Lorsqu’elle ne peut pas dissimuler ce statut par l’usurpation légale des fruits du travail d’autrui, via son droit à la propriété privée, elle devient socialement méprisée car elle sera en réalité dépossédée de son être au monde qui se matérialise par le travail humain. La fierté des travailleurs, actifs ou contraints à l’inactivité, tient justement à cette évidence. Aucun discours lénifiant ne changera rien à cela. Les centaines de milliards en tax expenditures ne se discutent pas plus que les 90 milliards et plus – CICE inclus – d’exonérations pour le capital sans contrepartie pour le monde du travail, mises à part la précarité et la répression croissantes. Les milliards d’évasion fiscale avec ses taxes rulings légaux et leurs mécanismes mis à jour par l’enquête OpenLux ne se discutent pas chez les bien-pensants. Mais quelques centaines d’euros mal perçus par une personne réduite au chômage ou à la précarité, voilà qui autorise à crier « haro sur le baudet » et à déclencher des vérifications tatillonnes. Pendant ce temps les droits sociaux garantis par le système d’assurance-chômage et par celui de l’assistance sociale, qui relèvent tous deux du salaire différé, sont réduits contre les vœux des travailleurs eux-mêmes qui ne sont simplement plus consultés en la matière …

J’ai expliqué dans mon Introduction méthodologique – section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com – que cette mystification remonte très loin. Pour le MPC, elle remonte à J B Say. Celui-ci comprit très vite tout le parti qu’il pouvait tirer de la paper currency de Ricardo pour réduire la force de travail à une simple expression monétaire dès lors donnée comme semblable à tous les autres « facteurs de production ». On occultait ainsi le rôle unique de la force de travail dans la création de toute la plus-value sociale. Mais on occultait également le rôle de la loi de la valeur marxiste dans le calcul économique rigoureux. Je renvoie ici à mon Pécis d’économie politique marxiste – idem – ou encore à un raccourci encore plus bref des points essentiels disponible ici : « La pseudo-science économique de la bourgeoisie : voila pourquoi nous devrions changer rapidement de paradigme économique » in http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/

Est-il légitime de manipuler les Intermittents du spectacle pour les fourvoyer tout en fourvoyant tous les précaires en leur faisant miroiter la fin du salariat en agitant le mirage d’une rétribution non salariale à vie ? Le tout se fait en propageant la confusion qui assimile « salariat » et capitalisme, donc exploitation capitaliste, et en occultant le fait essentiel, pour la reproduction du travailleur comme travailleur et membre de l’espèce humaine, que le contrat salarial moderne porte et doit porter sur le « revenu global net » des ménages et non sur le « salaire » ou le revenu individuel.

Notez que cette confusion ne date pas d’hier et va de pair avec une conception erronée de la monnaie. Cela fut malheureusement le cas pour certains militants sincères durant les toutes premières années de la Révolution bolchévique ; ils croyaient abolir l’exploitation en abolissant la monnaie ! Il n’en fut rien. Bien entendu, du fait de la division sociale du travail, la monnaie, agissant comme équivalent général très pratique, reste nécessaire pour faciliter les échanges. En outre, on confondait monnaie et crédit. Cette confusion fut vite balayée sous le poids de la réalité qui se chargea de rappeler la justesse de la théorie de Marx concernant le Domaine de la Nécessité et le Domaine de la Liberté socialiste égalitaire.

Le Mode de production socialiste n’éliminera pas le surtravail car le travail humain crée de la plus-value qui à son tour est nécessaire pour garantir les investissements propres à développer la composition organique du capital, ici au sens générique de « capital » collectivement possédé. Cette dernière, en causant la hausse de la productivité, fera baisser tendanciellement le temps de travail individuellement et collectivement nécessaire à la Reproduction Elargie. L’exploitation capitaliste disparaîtra néanmoins puisque le contrôle de la plus-value produite par le surtravail et son allocation pour satisfaire les priorités de la Reproduction seront décidés en commun.

Travail « improductif » ou production culturelle et partage des richesses produites ?

Tous genres confondus, l’intermittent du spectacle croit-il un seul instant être un travailleur « improductif » ne pouvant donc pas prétendre à la plus-value qu’elle ou il crée réellement dans le procès de production et de Reproduction ?

Au fond, à part la confusion ou la probable trahison de classe, c’est bien-là l’origine d’une grave méprise. J’avais jadis alerté les intermittents du spectacle et les travailleurs culturels, du moins celles et ceux qui se trouvent hors des institutions publiques officielles comme l’éducation, les musées, la télévision publique etc., sur la nécessité de vérifier leur contribution spécifique à la richesse nationale, en tenant compte du Multiplicateur économique. Aujourd’hui, cette dernière est très mal évaluée par le PIB marginaliste. Il ne s’agit pas uniquement de l’exception française qui a son rôle à jouer.

Par bonheur, l’ancienne ministre Mme Aurélie Filippetti avait commissionné une étude exemplaire qui démontre la part considérable des travailleurs culturels au PIB marginaliste. En voici le résumé :

« Cette étude fait ressortir un poids significatif du secteur culturel, avec 104,5 Md€ d’apports directs et indirects à l’économie nationale en 2011 : les activités culturelles représentent 57,8 Md€ de valeur ajoutée, soit 3,2% du PIB national, 670 000 personnes employées soit 2,5% de l’emploi actif en 2010 et certains secteurs sont fortement exportateurs, comme les jeux vidéo et la mode; Cette étude a vocation à être périodiquement actualisée.

L’étude confirme également que le numérique a profondément bouleversé les chaînes de valeur de l’économie culturelle, avec une captation d’une part de la valeur ajoutée par les plateformes numériques chargées de l’intermédiation entre les créateurs et les consommateurs (Apple, Google, Amazon, etc.).

Le travail réalisé permet également d’appréhender le poids et la répartition des soutiens publics existants dans ce domaine, avec un apport financier total de l’Etat à la culture estimé à 13,4 Md€ par la mission, incluant 11,1 Md€ de crédits budgétaires, 1,4 Md€ de dépenses fiscales et 0,9 Md€ de taxes affectées. Les dépenses des collectivités territoriales sont évaluées pour leur part à environ 7,6 Md€, dont une partie vient de l’Etat compte tenu des flux croisés de financement.

Sur la base de l’étude d’un panel d’évènements culturels locaux, la mission démontre également que les manifestations culturelles soutenues par les collectivités publiques génèrent des retombées économiques positives pour les territoires concernés. En développant une méthodologie inédite de comparaison du dynamisme de territoires .» dans Etude conjointe sur l’apport de la culture à notre économie confiée à l’inspection générale des finances et à l’inspection générale des affaires culturelles par Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances et Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Industries-culturelles/Actualites/Etude-conjointe-sur-l-apport-de-la-culture-a-notre-economie-confiee-a-l-inspection-generale-des-finances-et-a-l-inspection-generale-des-affaires-cu . Voir aussi: La culture rapporte plus que l’industrie auto en France http://developpement-artistes.org/la-culture-rapporte-plus-que-lindustrie-auto-en-france/

Il importe de souligner que cette contribution s’accroîtrait davantage si vous considèreriez le passage à une comptabilité nationale scientifique non marginaliste. Les intermittents du spectacle enrichissent bien des gens et des communes sans être dignement rémunérés en tenant compte de la « plus-value sociale » qu’elles et ils produisent. Dans le système d’entreprenariat public mais surtout privé, tous deux aujourd’hui voués au marketing et au vedettariat, peu d’entre eux touchent des cachets élevés. La plupart doivent valider un certain nombre d’heures pour avoir droit à l’assurance- chômage, droit que l’on cherche à réduire ou à supprimer bien que, contrairement à ce qui est trop souvent dit, leur caisse soit encore en surplus.

Abstraction faite pour l’instant des autres aspects, du fait de la nature de leur travail, ce système de validation des heures me semble une bonne base de départ, du moins si ces heures étaient conçues comme la part émergée de leur travail. Un professeur est payé en fonction de ses heures de cours mais également en fonction des heures de préparations nécessaires à sa prestation et en fonction du salarie différé qu’il doit contribuer pour financer ses droits à la Sécurité sociale. Dans cette évaluation, il faut donc prendre mieux en ligne de compte le partage de la « plus-value sociale » que ces travailleurs dans le domaine culturel contribuent puissamment à créer.

Ceci est d’autant plus nécessaire que la tendance à la privatisation des institutions culturelles est débilitante. Outre les cachets découlant d’un système de vedettariat désormais archaïque, les profits vont aux actionnaires, plutôt qu’aux créateurs culturels, en particulier les intermittents. Ces profits pourraient également aller à la récupération du patrimoine artistique aujourd’hui délaissé et à la hausse de l’offre des évènements et spectacles accessibles à la population et aux nombreux touristes. – voir l’exemple emblématiquement ruineux de la gestion privée du Colisée à Rome ici : « Il ritorno dell’Italia dei ladri qualunquisti e persecutori : il caso dei musei » dans http://rivincitasociale.altervista.org/il-ritorno-dellitalia-dei-ladri-qualunquisti-e-persecutori-il-caso-dei-musei/ On peut utiliser le traducteur en line www.deepl.com )

C’est là-dessus que devrait porter dans l’immédiat la lutte sociale et non pas sur la délégitimassions renégate du salariat et du salaire différé. Par la suite, le problème de l’extension du financement public devra être reposé avec force par la réhabilitation et le développement des expériences qui allèrent dans ce sens dans un passé pas si lointain. Ceci doit bien entendu se faire en tenant compte des nouvelles technologies qui questionnent l’actuelle conception vieillotte du droit d’auteur, ainsi que le rôle des plateformes privées. Dans un contexte de privatisation rampante ces plateformes tendent à dominer les ressources, le marketing, le financement de la production et le contrôle de la distribution. Il n’existe pas de politique culturelle nationale sans prendre ces problèmes à bras le corps.

J’avais tenté d’en appréhender certains dans ma Notes sur la “Lettre à tous ceux qui aiment l’école” – dans : http://www.la-commune-paraclet.com/lettreFrame1Source1.htm#lettre ; utiliser le terme « trois » dans la Fonction recherche – dans laquelle je tentais de schématiser les trois grands modèles historiquement utilisés pour règlementer les droits d’auteur et donc la rémunération des artistes.

Par contre, il faut remettre sur le chantier le rôle de la culture et des arts dans la régulation planifiée de l’économie en apprenant et en dépassant les expériences faites suite à l’émergence du Welfare State anglo-saxon et de l’Etat-social européen, après la Seconde Guerre Mondiale. Je renvoie donc ici à des liens offrant un premier aperçu ainsi que de précieuse indications bibliographiques :

a ) Politique culturelle française, https://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_culturelle_fran%C3%A7aise#La_naissance_d’un_ministère

b ) New Deal Works of art and music: https://en.wikipedia.org/wiki/New_Deal#Works_of_art_and_music

c ) The Arts Council of Great Britain’s first Annual Report, 1945), https://www.artscouncil.org.uk/sites/default/files/download-file/The%20Arts%20Council%20of%20Great%20Britain%20-%201st%20Annual%20Report%201945_0.pdf et Arts Council of Great Britain, https://en.wikipedia.org/wiki/Arts_Council_of_Great_Britain  .

De manière évidente, cette problématique vitale pour les sociétés émancipées du futur ne peut pas être réduite à une attaque contre le salariat et le salaire différé ! Le problème des autres précaires, hors champ culturel – par exemple dans le tourisme et la restauration, le pigisme etc. – se résout par le partage du travail disponible dans le cadre du plein emploi à temps plein qui rétablit les cotisations sociales et la fiscalité. Voyez par exemple les très beaux Monographie du Limonadier et La fin du chômage par le partage du travail de notre camarade Emile Pacault, un des théoriciens méconnus qui contribua le plus à théoriser la RTT, après Marx.

Pour les étudiant.e.s, la gauche au pouvoir devra éviter de les enfermer dans un RSA à vie … Au contraire, il serait bon de prévoir, dès la première année d’université, un travail à temps partiel de 10 heures hebdomadaires au maximum pour ne pas nuire aux études. Cet emploi devrait correspondre au mieux à leurs champs de spécialisation et à la marge nécessaire de polyvalence, alliant ainsi formation académique et connaissance du monde du travail. La rémunération, outre le logement social étudiant subventionné, devrait permettre aux étudiant.e.s de vivre et de se consacrer à leurs études sans devoir s’endetter. Les années d’études devraient en outre être prise en compte dans le calcul de la retraite comme des années au Smic. La gauche doit prendre au sérieux la nécessaire démocratisation de l’éducation pour mieux opérer la transition à la société de la connaissance.

Nous avons par ailleurs noté à plusieurs reprises qu’un gestionnaire incapable de fonctionner avec une norme temps plein générale permettant un quota d’heures supplémentaires négociées et rémunérées comme telles, ainsi qu’un volant de temps-partiel choisi – voire un volant de suremploi permettant de former la main-d’œuvre sur le tas – n’est tout simplement pas digne de sa fonction ni de son salaire. La précarité n’a pas de vraie fonction dans la production, elle ne sert qu’à faire du chiffre pour les statistiques officielles du chômage au sens du BIT.

La RTT mise en place par la « gauche plurielle » fit baisser le chômage de plus de 11 % à 8 % en 2 ans alors que le Trou de la Sécu avait été, à toute fin pratique, éliminé. Il restait près de 4 milliards à effacer, une affaire de quelques mois. La dette publique avait été ramenée à 59 % du PIB, soit un point de moins que ce que permet le Traité de Maastricht. En outre, la réhabilitation de l’Etat social, en éliminant la peur du lendemain, avait entraîné l’émergence spontanée d’une nouvelle sociologie du loisir. On sait qu’avec le Front populaire en 1936, le loisir avait fait l’objet d’une planification ministérielle en partie pour encadrer le temps libre des travailleurs jouissant désormais de quelques congés payés.

A l’inverse, avec le retour de la droite au gouvernement, le paiement à l’acte majoré des médecins recreusa le déficit de la Sécu, alors que la hausse du chômage de près de 300 000 personnes fit de nouveau déraper les comptes publics, puisque tant les cotisations sociales que les recettes fiscales générales en furent affectées. (voir la Note 3 sur les « obligations de résultats » dans mon Livre 3 intitulé Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance, 2005, librement accessible dans Download Now dans la Section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com )

Le taux de chômage, les vrais chiffres du chômage, la précarité, le « revenu citoyen » et les circuits des capitaux.

Dans la Note ** de mon Livre 3 cité plus haut, j’ai offert une critique du taux de chômage officiel selon le BIT. En gros, pour cet organisme international, issu du Traité de Versailles en 1919, mais fortement influencé par la peur de la Révolution bolchévique, une heure de travail suffit pour vous sortir des statistiques. Depuis, l’INSEE – mais pas ISTAT – tient compte des « vrais chiffres du chômage » qui sont près du double. En fait, ces statistiques doivent être corrigées en prêtant la plus grande attention à la population active et au taux de pauvreté. En Calabre, premier laboratoire de la nouvelle société de la domesticité et du nouvel esclavage au sein de l’UE – et du travail au noir –, avec une corruption diffuse police-mafia-magistrats-institutions élues ou pas, le taux d’activité oscille autour de 40 % !!!

Avec le détail des diverses catégories de chômeurs et de sous-employés, on y voit en effet plus clair, même si la tendance dominante reste encore de ne considérer que les cohortes de 14 à 64 ans alors que dans certains pays, comme l’Italie par exemple, l’âge de la retraite modulé selon la hausse de la longévité moyenne, est établi à plus de 67 ans et à 66 ans et 7 mois pour le travail pénible. (https://www.pensionioggi.it/dizionario/eta-pensionabile )

C’est dans ce contexte précis que refont surface les inepties sur le salaire à vie ou une forme quelconque du revenu dit citoyen. Nous assistons donc à un nouveau déferlement d’inepties contre la vérité d’existence et la vérité scientifique de base selon lesquelles seul le travail humain crée et réalise la richesse économique dans la production, l’échange et la consommation individuelle ou productive.

Ce phénomène n’est pas étonnant. Chaque fois que le Mode de production capitaliste est confronté à sa contradiction principale qui oppose le développement des forces productives et le développement des rapports sociaux de production, la taille de la dangereuse Armée de réserve du prolétariat croît. Le chômage frictionnel à 2 % ou 3 % en situation de plein-emploi à temps plein, supplémenté par le temps partiel strictement volontaire, grippe vertigineusement à mesure que le processus de production ainsi que les divers secteurs et branches économiques deviennent de plus en plus intensifs en capital. Arrivé à ce point, le « déversement » d’un secteur à un autre du travail libéré par une plus grande productivité ne s’accomplit plus ou très mal. C’est le cas de nouveau aujourd’hui mais dans un contexte qui va s’empirer fortement du fait des choix régressifs de sortie de crise par la bourgeoise néolibérale monétariste au service de la finance spéculative apatride globale. J’ai commis une satire à ce sujet, qui paraît déjà molle par sous-estimation de la barbarie cynique de nos dirigeants nouvellement philo-sémites nietzchéens. (Voir : http://rivincitasociale.altervista.org/pastiche-sur-la-sortie-de-crise-vous-exploitera-plus-que-hier-et-moins-que-demain-comme-dit-la-romance-25-avril-2020/ )

Dans un premier temps, la classe dirigeante changea les définitions pour masquer la réalité. Ainsi selon l’OCDE, fin année 1980, le plein-emploi s’accordait avec un taux de chômage officiel faussement donné comme « naturel » ou structurel » à 7 % ou 8 %. Le plus obscène ici tient au fait que l’on définisse ce taux structurel comme celui sous lequel pointerait l’inflation – au singulier ! -, ceci par des gens qui ne savent pas un traître mot sur ce que sont les inflations. Ainsi les QE ne produisirent aucune inflation mais seulement des bulles spéculatives. (Voyez outre mon Précis d’Economie Politique Marxiste, ce court article : « The Fed finally admits : it does not know what inflation is » Sept 21,2017 dans http://rivincitasociale.altervista.org/the-fed-finally-admits-it-does-not-know-what-inflation-is-sept-21-2017/

Depuis quelques années, pour des pays comme l’Italie, ce prétendu taux naturel oscille selon le degré de croissance entre 10 % à 11 %, voire plus ! Comme la productivité incarne le caractère historiquement révolutionnaire du MPC et que l’hégémonie de la finance spéculative phagocyte toujours plus l’économie réelle, ces adaptations bancales des définitions ne suffisent plus. On fait alors du chiffre en divisant au fur et à mesure les emplois à temps plein en deux ou trois, concrétisant ainsi la définition officielle du BIT. Une frange de plus en plus considérable de précaires va donc être créée sans la moindre justification managériale recevable. Entre-temps, s’accroîtra le nombre des découragés et ses sous-employés, parmi lesquels de plus en plus de travailleurs surexploités car travaillant au noir.

Seulement voilà, en réduisant le plein emploi à temps plein, on détruit l’ordre socioéconomique de l’Etat social qu’entérinent nos Constitutions nées de l’alliance anti nazis-fascistes. Ces constitutions sont fondées sur la régulation étatique de l’économie mixte dont les circuits principaux du capital reposent sur le droit au travail. La rémunération du travail est alors élargie aux trois composants du « revenu global net » des ménages, c.-à-d., outre le salaire net individuel, le salaire différé ou cotisations sociales et la part allant directement à l’Etat sous forme de taxe d’impôt directs ou indirects, la fiscalité générale permettant à l’Etat de financer ses missions régaliennes et d’assurer les infrastructures et les services publics.

Le salaire différé est la base – économique et actuarielle – du système de Sécurité sociale qui assure, en particulier, la retraite, l’assurance-chômage, les allocations familiales et l’assistance sociale, à savoir le bien-être – Welfare en anglais – des travailleurs lorsqu’ils sont contraints à l’inactivité pour des raisons ne dépendant pas de leur volonté, vieillesse, chômage, maladie, taille du ménage. Pour sortir durablement et démocratiquement de la crise économique structurelle actuelle, il n’y a pas d’autre choix que d’approfondir cette division plus égalitaire de la « plus value sociale », en particulier par le partage du travail socialement disponible et par l’ajout de systèmes publics nationaux de garderie – ce qui soutiendra la réalisation concrète de la parité homme-femme– et de gériatrie, y inclus le maintien à domicile. Ces extensions sont créatrices d’emplois qualifiés qui disposent d’un fort Multiplicateur économique interne, du moins lorsqu’elles sont publiques. Elles permettraient un véritable saut civilisationnel en parallèle avec l’extension du temps libre. Je note également que la RTT acquise par la baisse de l’âge de la retraite permettrait d’employer les jeunes mais également de préserver la santé de la population en générale. L’espérance de vie en bonne santé dépend avant tout de l’exposition aux accidents et à l’usure du travail.

Le développement des trois composants du « revenu global net » des ménages n’est pas une simple lubie d’économistes de la régulation ou des économistes keynésiens : il s’impose tout au long de l’Histoire et avec d’autant plus de force et de clarté conceptuelle avec le MPC par le simple fait que travailleur est un membre d’une espèce à reproduction sexuée. Il doit donc reproduire non seulement sa force de travail individuelle – pour pouvoir reprendre le travail dans le procès de production immédiat – mais il doit également se reproduire au sein d’un ménage – et non nécessairement d’une « famille » traditionnelle – en tant que travailleur membre de l’espèce humaine. En outre, qu’elle soit fondée sur un système contributoire public ou sur un système par répartition, comme cela est le cas en France pour le régime public, la Sécurité sociale joue un rôle essentiel dans l’institutionnalisation de l’épargne. Celle-ci est plus ou moins importante selon que la pyramide des âges est plus ou moins favorable.

Ajoutons qu’il importe peu quelle médiation sociale prendra le système reposant sur le salaire différé, les pensions ne sont jamais en soi un pacte entre générations. Le capital aimerait bien accréditer cette idée pour monter les jeunes contre les séniors alors même que les traités de libre-échange et la définition de l’anti-dumping entérinée à l’OMC reposent sur le seul salaire net individuel. En effet, cette définition exclut d’office toute référence aux droits des travailleurs, même dans la version minimum de l’institution versaillaise du BIT, ainsi que toute référence aux critères écologiques de base, y compris ceux qui reposent sur le principe de précaution le plus élémentaire.

Le système par répartition fut préféré après la guerre pour deux raisons essentielles : d’abord il était contrôlé au départ par les travailleurs eux-mêmes et, ensuite, il prenait acte des déboires boursiers des régimes contributoires antérieurs. Certains régimes contributoires publics ont tenté de profiter de la pyramide des âges, donc d’un ratio passifs/actifs favorable pour établir des fonds de pensions publics pouvant agir comme des pools de capital socialisés. Il est vrai que le contrôle de classe de ces fonds fut un champ de bataille très âprement contesté. Cependant, avant la dérégulation bancaire-financière, ces fonds pouvaient investir dans les entreprises publiques ou parapubliques châpeautées par la planification indicative et incitative. Le risque était quasiment absent.

Rudolf Meidner avait repris ce système en proposant ses Fonds Ouvriers. De par leur énorme potentiel d’accumulation du capital – pensez seulement aux fonds de pensions complémentaires en sus du système général – ils auraient permis de transformer en peu de temps la propriété privée en propriété sociale. C’est la raison pour laquelle j’avais reproposé cette idée dans mon Tous ensemble. Les investissements à longs termes dans les entreprises publiques et dans les coopératives, qui seraient permis par le décalage actuariel, auraient alors porté à une socialisation de la propriété et donc à une structure sociologique nationale toute diverse. Probablement une qui ne déplairait pas aux commerçants et petits entrepreneurs ou agriculteurs – et aux intermittents ? – aujourd’hui pris à la gorge par le « credit crunch » et qui furent, à cause de cela, nombreux à endosser le « gilet jaune ». D’où ma phrase en hommage à Jaurès : « L’heure de Carmaux est arrivée ! ». Par malheur, la « gauche plurielle » méthodique et exemplaire du Premier Ministre Jospin perdit les élections. Mais ce n’est que partie remise ?

Il n’est pas vrai, comme le prétendent toutes les théories bourgeoises – et en particulier dans la version banalisée proposée par Hicks – que l’épargne soit égale à l’investissement stricto sensu. Ceci est une ineptie marginaliste typique qui confond épargne et crédit. L’épargne institutionnalisée en grande partie dans le système de la sécurité sociale encore public mais de plus en plus privatisé – pensions complémentaires, assurance vie etc. – ne joue son rôle que dans la Reproduction économique stationnaire c.à.d., dans ce que Marx appelle la Reproduction Simple : la consommation des ménages, dont il est question ici, est distincte de la consommation productive des entreprises ; elle permet d’équilibrer le système stationnaire en assurant l’achat et la consommation-réalisation des biens durables. Le salaire net suffit aux achats journaliers mais l’achat d’une voiture ou d’un frigidaire demande une épargne préalable des ménages.

Les sociétés deviennent plus modernes, plus prospères et plus justes lorsque les frais importants liés à des services comme la santé ou l’assurance-chômage sont pris en charge par des régimes publics reposant pour l’essentiel sur le salaire différé et pour le reste sur la solidarité nationale assurée par la mutualisation et par la péréquation entre les diverses caisses. En éliminant le salaire différé qui appartient au travailleur – comme du reste toute la plus-value qu’il produit une fois soustraites les prétentions rétributives du possesseur des Moyens de production au seul fait qu’il « possède » ces Moyens de production – on trompe gravement les travailleurs et, ce faisant, on élimine une des bases scientifiques du calcul économique. Il suffit pour s’en convaincre de considérer l’équilibre économique stationnaire scientifiquement établi par les Equations de la Reproduction Simple de Karl Marx.

Le système stationnaire doit renouveler à l’identique les Mp et la force de travail utilisée dans la production-reproduction. Marx pose deux secteurs de base, le Secteur 1 des Moyens de production, Mp et le Secteur 2 des Moyens de consommation, Cn. Ces deux Secteurs correspondent d’ailleurs aux intrants de la fonction de production de base qui s’écrit c + v + pv = p (produit Mp ou Cn) ; ils résument donc à eux seuls tout le système, d’autant plus que l’on peut subsumer tous les sous-secteurs et les branches d’industrie que l’on veut sous ces deux grands secteurs. En posant « c » capital « used-up » ; « v » force de travail, « Mp » moyens de production et « Cn » Moyens de consommation, l’équilibre stationnaire sera donné par les Equations de la Reproduction Simple – RS – qui tient compte simultanément de la forme valeur d’usage et de la forme valeur d’échange des Mp et des Cn, ce qu’aucune des théories bourgeoises avec leur « main invisible » ne peut faire. Aucune théorie économique bourgeoise ne sait concilier quantités et prix ni, a fortiori, micro et macroéconomie. Jean Tirole moins que quiconque, d’ailleurs … Voici ces Equations de la RS :

SI   = c1 + v1 + pv1 = Mp

SII = c2 + v2 + pv2 = Cn

Equations RS:

c2 = v1 + pv1

(c1 + c2) = Mp

(v1 + pv1) + (v2 + pv2 ) = Cn

La masse salariale (v1 + v2) permet donc toute la circulation-réalisation des Mp et des Cn durant le cycle complet de la RS.

Peut-on accélérer la croissance et passer à un équilibre dynamique ou Reproduction Elargie ? Pour ce faire, il vous faudra modifier paramétriquement les intrants du système. Ce qui renvoie à la lutte des classes pour le choix d’affectation des ressources, dont le capital fixe installé en sus du capital « used-up » considéré ici, autant qu’à l’existence de stocks internes –en particulier alimentaires et énergétiques – et à l’accès au commerce extérieur. Le crédit bancaire puis financier fut la grande trouvaille du MPC pour faciliter ces mécanismes d’adaptation paramétriques en faisant porter le poids des ajustements sur le prolétariat. Le MPC est, en effet, par nature mondial.

Un bel exemple contraire que la gauche peine à comprendre, tout comme elle peine souvent à comprendre les données scientifiques marxistes occultées par les manœuvres idéologiques de l’ennemi de classe interne ou externe, est fourni par la planification stalinienne. En seulement deux plans quinquennaux elle transforma un vaste pays sous-développé en une superpuissance capable de défaire, seule, la machine de guerre occidentale à Stalingrad, puis de tenir ses lignes contre l’impérialisme occidental et mondial. Il faut être capable d’analyser ces choses objectivement, d’autant plus que c’est de notre Histoire et du sacrifice des nôtres qu’il s’agit.

Le problème de cohérence des Equations pour la Reproduction Elargie – RE – ne fut pas résolu avant moi : il supposait la résolution du problème de la rente absolue et de la rente différentielle, donc celui de la productivité. Staline et ses bolchéviques choisirent de fonctionner sur la base des Equations de la RS. Du fait de sa cohérence, la RS fournit un modèle de base supérieur à tous les équilibres hasardeux fondés sur l’anarchie de la « main invisible » mis au service de l’accumulation privée. Pour assurer la RE, ils choisirent de privilégier la productivité maximum partout, quitte à réajuster ensuite les choses de manières pragmatiques. Ces ajustements furent facilités par le fait que les salaires étaient essentiellement identiques et que la comptabilité se faisait en termes de valeurs d’usage, donc quantitativement, via le Produit Matériel Net. Ce qui manqua également ce fut une compréhension scientifique de la différence entre la monnaie et le crédit public, ce qui aurait pu hâter les investissements productifs.

La stratégie choisie prit appui sur le fait que l’URSS faisait encore partie du système monétaire européen. On dégagea donc des surplus agricoles permettant d’acquérir les devises étrangères nécessaires pour payer l’importation des nouvelles technologies et les ingénieurs étrangers qui manquaient pour accélérer le décollage industriel. Pour ce faire et pour prévenir les problèmes de famine et de lutte de classe dans les campagnes, on procéda à la collectivisation des terres et on mit à disposition des entreprises et des coopératives de tracteurs et de machines. Elles furent d’autant plus disponibles pour les sovkhozes et les sovkhozes qui se formaient le plus rapidement. Les sacrifices initiaux furent immenses – Isaac Deutscher, par exemple, fait état du prélèvement de 40 % plus ou moins des récoltes. Cependant, preuve historique irréfutable à l’appui durant la Grande Guerre Patriotique, contrairement à ce que tant d’idéologues mal léchés racontent sans la moindre base factuelle, la collectivisation des terres avait protégé la paysannerie et avait augmenté rapidement son niveau de vie. Rien d’autre que cela n’explique la lutte de la Résistance, ukrainienne par exemple, derrière les lignes nazies : l’alliance de classe entre prolétariat et paysannerie forgée par les bolchévique fonctionna à plein. Il en fut ainsi également en Chine avec Mao, au Vietnam avec Ho Chi Ming et à Cuba avec Fidel et le Che.

Nous possédons aujourd’hui la théorie scientifique de la productivité réinsérée de manière cohérente dans les Equations de la RE. De plus, nous possédons désormais la théorie quantitative marxiste de la monnaie et la théorie de la distinction essentielle entre monnaie et crédit ainsi que entre crédit public et crédit capitaliste et entre crédit capitaliste classique et crédit capitaliste sous hégémonie du capital spéculatif. Ceci fut publié pour la première fois dans Tous ensemble puis avec plus de détails dans mon Précis d’Economie Politique Marxiste section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com

Ces précisions sont nécessaires pour comprendre l’inanité des démagogies portant sur le salaire à vie ou les diverses formes de revenu dit citoyen du point de vue du calcul économique et donc de la rationalité socio-économique – sinon des alliances de classes nécessaires pour établir l’hégémonie politique.

En bref, en situation de plein emploi intégral, la masse de monnaie suffisante et nécessaire pour permettre tous les échanges impliqués par les Equations de la Reproduction est égale à la masse salariale réelle, notée «v » dans les Schémas RS-RE. Lorsque apparaît le chômage, la banque centrale fournit la masse salariale – ou assurance-chômage – manquante permettant le soutien de la force de travail inactive ou Armée de réserve. Cette masse salariale sociale, sans contre-partie en valeur réelle créée dans la production, est à l’origine de l’inflation structurelle, la principale forme d’inflation. C’est aussi pourquoi l’inflation structurelle gruge le pouvoir d’achat des salaires, à un rythme correspondant exactement au taux de cette inflation. C’est aussi pourquoi, en tenant compte du chômage frictionnel dû au travail saisonnier et au chômage transitoire, j’ai parlé d’un « équilibre valeur-prix civilisationnel », à savoir l’incorporation de ce taux résiduel d’inflation – pour autant que la banque centrale sache ce quelle fait – qui sera donc pris en compte dynamiquement par une reprise marxiste de la Chaîne Fisher. Ceci doit être fait sans jamais oublier que ce ne sera jamais que le plein emploi qui fera disparaitre l’inflation non résiduelle capable de gripper très rapidement tout le système des échanges internes tout autant que le taux de change. Je renvoie à mon Précis pour les détails ou encore au raccourci intitulé « La pseudo-science économique de la bourgeoisie : voila pourquoi nous devrions changer rapidement de paradigme économique » in http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/

Le crédit pour sa part est une anticipation de la croissance. Si le crédit est public – comme cela fut largement le cas avec la Banque de France avant la privatisation Pompidou-Giscard-Rothschild de 1973 – et s’il est intégré dans la planification, cela ne pose pas de problème particulier. Il suffira de prévoir des audits réguliers sous contrôle parlementaire pour empêcher les dérives des prix et la corruption. Il vous faudra simplement veiller à l’équilibre des balances externes. Mais le système jouira d’un fort dynamisme. Cette idée est aisée à saisir puisqu’on peut poser qu’en moyenne un investissement public bien planifié – cohérent dans les Equations RS-RE – ira pour 60 % en masse salariale et pour le reste en capital fixe – infrastructures , R&D etc. D’ailleurs, c’est bien grâce à ce système que la France et l’Italie, pays détruits par la guerre, mirent en branle un processus de reconstruction accéléré qui les repositionna très rapidement dans le peloton de tête des pays développés. Ce qui se fit sans dette publique ou presque justement parce que le crédit public bien planifié est une anticipation de la création de vraies valeurs économiques. Jusqu’à la privatisation de la Banque de France en 1973, la dette publique ne dépassa jamais 20 à 30 % du PIB. Ce niveau oscilla autour de 50 % en Italie avant la privatisation en 1981-83. Ces pays vivent encore en partie sur cet héritages scientifique, industriel et social qu’ils n’ont de cesse aujourd’hui de dilapider.

Si vous voulez supprimer le salaire différé, vous devrez nous dire sur quelle base économique vous établissez le salaire à vie ou le revenu dit citoyen, et comment cela est compatible avec la gestion rationnelle des prix et avec l’allocation rationnelle des ressources disponibles, la « plus-value sociale », ainsi qu’avec les anticipations de croissance mises en branle par le crédit. Question subsidiaire : Quelqu’un osera-t-il concevoir un revenu dit citoyen sans mettre en cause la désastreuse hégémonie du crédit privé, notamment spéculatif ?

Supposons, par souci d’équité, que nous cherchions à donner un sens rationnel à l’idée du « déjà-là communiste » découlant du salaire à vie. Bien entendu, aucun marxiste ne voudra remettre en question la nécessité d’une échelle salariale très restreinte. J’ai, pour ma part, toujours conservé une grande admiration pour Jules Guèdes à ce propos précis – voir son peut-être mal-nommé Essai de catéchisme socialiste – ou encore pour les bolchéviques, les maoïstes ainsi que pour Fidel et le Che. Il vous faudra, de tout manière, respecter les données paramétriques imposées par les Equations RS-RE et par la logique économique donnée par la relation proportionnellement inverse entre le taux de composition organique et le taux de plus-value, relation qui fonde la théorie de la productivité. Il vous faudra alors suivre Marx dans sa définition du Fonds social proposé dans sa Critique du programme de Gotha. Il recueillera toute la plus-value – raison pour laquelle je l’ai appelée « plus-value sociale ». Ce Fonds sera ensuite réparti par la planification selon ses priorités. Celles-ci concerneront avant tout les infrastructures et les services publics et les priorités découlant des missions de la Sécurité sociale. Et il vous faudra encore tenir compte de la logique propre au crédit dans la planification dynamique de la croissance en soutien aux investissements productifs.

Le système de la Sécurité sociale imaginé après la Seconde Guerre Mondiale représenta une étape très avancée des conquêtes populaires au sein du capitalisme moderne soumis à la régulation socio-économique. En tant que tel, se posèrent, dès le début, la question de la base actuarielle et celle du contrôle de la gestion des circuits du capital impliqués. Aujourd’hui, il convient de bloquer et d’invertir la tendance à la privatisation du système en étendant les missions sociales de la Sécu, par exemple les systèmes de garderie et de gériatrie nationaux, dans le cadre de la réhabilitation du contrôle des travailleurs au sein d’un nouveau Conseil Economique et Social démocratiquement lié à la planification.

On le voit, l’extension de la Sécurité sociale reposant sur une nouvelle RTT et sur le crédit public dans le cadre de la planification, est au cœur de la transition vers une société toujours plus démocratique. Ce qui peut et doit se faire dans le respect des principes de l’écomarxisme. Je renvoie ici à la Categoria Ecomarxismo de ce même site et pour la problématique de la transition à mon chapitre de Tous ensemble intitulé : Réformes démocratiques révolutionnaires ou lamentable Rossinante du réformisme.

Bien entendu, on peut théoriquement imaginer une architecture différente de la socialisation de la « plus-value sociale ». Par ex., le socialisme réel transféra la fonction de protection sociale sur les entreprises qui fournissaient les crèches etc. La ponction fiscale en tenait compte. Se pose en fait toujours le problème de l’universalité de l’accès aux services et de la rationalité de la division sociale du travail. Mais il faudra toujours tenir compte du fait que la meilleure organisation public de la compétitivité macroéconomie est le socle sur lequel se développe la plus grande productivité micro-économique.

Dans le cas de nos sociétés occidentales, le problème deviendrait donc celui de la transition possible du système actuel à un système de Fonds social conçu à la manière de celui qui est décrit dans la Critique du programme de Gotha. Ce n’est tout simplement pas dans les cartes. Et ce n’est pas en laissant filer le droit immédiat des travailleurs sur le « revenu global net » des ménages, donc sur le partage plus équitable de la plus-value sociale, que nous obtiendrons un meilleur partage de cette plus-value sociale sous contrôle capitaliste.

La meilleure transition consiste alors à défendre nos conquêtes sociales, à les réhabiliter et à les étendre, tout en nous offrant de nouveau la marge de manœuvre essentielle offerte par le crédit public dont la force de frappe financière viendra s’ajouter à l’extension de l’institutionnalisation publique de l’épargne, y compris pour les retraites.

Or, cette épargne est aujourd’hui en passe d’être totalement privatisée de la manière la plus dangereuse qui soit, c-à-d., en la jouant en bourse. Ce genre de système fut ruiné dans les années 30 du siècle passé en France et ailleurs. Ce fut de nouveau le cas durant la crise de 2007-2008 ainsi que durant la crise sanitaire et économique actuelle. Les 401K américains par exemple ont repris un coup dans l’aile. On se souvient du sauvetage du régime de pension in-house de GM et de l’industrie automobile américaine aux prises avec l’attrition de ses actifs en 2008. De même, le dernier plan de relance – stimulus plan – américain octroya $ 89 milliards aux fonds de pension privés, le calcul étant que les taux d’intérêts bas des emprunts publics permettaient de maintenir ces fonds à flot à bon compte sans les obliger à hausser les cotisations et donc à renchérir les coûts de production. Ni la France, ni l’Italie, qui peuvent pour l’heure emprunter à des taux très bas, légèrement négatifs en fait pour la France, n’ont eu l’intelligence de le faire, alors que leurs systèmes de sécurité sociale coulent du fait de l’explosion de leur endettement due à la crise sanitaire et économique.

Lénine dans l’Etat et la révolution n’excluait pas la voie pacifique au socialisme. A moins que le contexte actuel ne changeât du tout au tout, offrant ainsi une avenue révolutionnaire, il faut bien imaginer une voie pacifique mais déterminée vers le socialisme. Ou du moins, dans un premier temps, vers l’extension de l’Etat social avancé qui est encore entériné dans nos Constitutions issues de la Résistance ainsi que dans la Déclaration Universelle des Droits Fondamentaux Individuels et Sociaux de 1948.

Arts et culture, travail productif, travail « improductif » et reformulation de la comptabilité nationale

Il conviendrait de dire un mot ici sur le calcul économique et sur la nécessaire réforme scientifique de la comptabilité nationale. Il n’est pas vrai qu’il excite un travail productif et un travail improductif. Cette idée naquit avec Adam Smith. Elle apparaît malheureusement dans les brouillons d’investigation de Marx utilisés par des renégats pour la publication des Livres 2 et 3 du Capital, une édition tendancieuse qui échappa à la vigilance de Engels. Du fait de sa vue déclinante – et de ce qu’il appelait « les pattes de mouche » de l’écriture manuscrite de son ami – il fit confiance à des Bernstein et à des Kautsky. Il en résulta une mystification que Rosa Luxemburg et les Bolchéviques avaient pressentie. Elle mena au faux problème de la transformation des valeurs en prix de production, c’est à dire à l’éhontée remise en cause de la contribution scientifique sans égale de Karl Marx, la loi de la valeur marxiste.

J’ai résumé les étapes de cette falsification qui eut son origine avec Böhm-Bawerk dans mon mon Tous ensemble et dans mon Introduction méthodologique, section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com . Ma réfutation de cette fabrication marginaliste contre le marxisme, mon rétablissement de la scientificité de la loi de la valeur par la résolution du problème de la productivité, réinsérée de manière cohérente dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie, est ignorée. Seuls les ennemis de classe, qui ont tout de suite compris, ont tenté de mystifier les choses en essayant de vider de leur substance la reprise scientifique des concepts de travail vivant et de salaire différé, en autres. Car c’est bien d’une Bataille des idées qu’il s’agit. Ce qui est en jeu, c’est la bataille entre la science et les narrations aujourd’hui plus philosémites nietzschéennes que burkéennes. Or, jusqu’à preuve du contraire, aucun calcul économique scientifique n’est possible sans ces contributions.

Concernant le PIB, rappelons qu’il fut modifié de la manière la plus marginaliste qui soit aux USA en 2013 puis au sein de l’UE en octobre 2014. Ainsi, sous prétexte de tenir compte de l’économie immatérielle, on intégra dans le calcul de la « valeur ajoutée » les contributions de la drogue et de la prostitution, une évaluation de l’évasion fiscale ainsi que de certains armements et pour finir une évaluation de certains droits de propriété intellectuelle modifiée par l’irruption de Internet et du digital. Quelques années auparavant avait été incluse la financiarisation spéculative avec sa valeur fictive qui compte désormais pour plus de 9 % du PIB.

Ce qu’il faut retenir ici c’est que les services font partie intégrante du processus de production. Dans la division sociale du travail, ces services sont fatalement externalisés. Ceci est au cœur de l’émergence et de la consolidation de l’Etat dans les sociétés de classe. C’est encore plus vrai avec le capitalisme. La bureaucratie, la fonction publique, contribue à la création de la plus-value sociale autant que la secrétaire ou l’ingénieur, le maître d’école ou le dessinateur industriel dans le processus de production immédiat, à savoir dans la division sociale du travail interne à l’entreprise. Mieux, contrairement à ce que prétendent les marginalistes, et de manière encore plus pitrique les néolibéraux monétaristes avec leur Public Policy vouée à l’Etat minimum, l’externalisation de ces services, nécessaires à la production et à la Reproduction, par l’intermédiation de l’Etat, est bien plus productive puisqu’elle est mutualisée et rationalisée. Et les services publics sont accessibles à tous au même coût.

La bureaucratie privée ou étatique met en œuvre un processus de travail susceptible d’être évalué par un calcul économique très strict puisque les procédures peuvent être standardisées et donc quantifiés par les Standards Operating Procedures – SOP – tout autant que la quantité des services offerts aux usagers dans un laps de temps donné. De fait, cette mutualisation publique est bien plus rationnelle et productive que l’outsourcing privé. Seulement voilà, lorsque les services sont publics, ils sont comptabilisés dans le PIB uniquement comme des coûts, ceux de leur masse salariale et de leurs frais d’administration. Lorsqu’ils sont privatisés on tient compte de leur « valeur ajoutée » au prétexte qu’ils ont alors un prix ! C’est l’absurdité même.

Ceci est généralement le cas pour tous les services. J’ai pour habitude de donner les pourcentages comparatifs pour les systèmes de Santé ou de retraite qui oscillent respectivement autour de 10 % lorsqu’ils sont publics et du double ou plus lorsqu’ils sont privés et donc difficilement accessibles pour les moins nantis. C’est absurde. Nous avons mentionné plus haut le sauvetage récurrent des fonds de pensions privés sur fonds publics aux USA. Nous avons ici l’illustration parfaite de la dialectique entre macroéconomie et microéconomie. Comme la Sécurité sociale publique mutualise à moindre coûts les frais de la prise en charge de la retraite, du chômage, des accidents du travail, de la couverture maladie etc., alors la micro-productivité de l’entreprise n’en sera que plus grande. En effet, ses coûts de production auront baissés structurellement, et ceci sans discrimination à l’accès de ces services sociaux essentiels. Je rappelle que l’Etat social et le Welfare State anglo-saxon avaient aussi à cœur d’éliminer la compétition inéquitable résultant de la loi de la jungle sociale.

Marx avait déjà mentionné dans ses brouillons encore sujets à l’influence de Adam Smith que le travail de l’enseignant était productif puisqu’il était essentiel à la formation de la main-d’œuvre. Qu’en est-il des arts et de la culture ? Il en va ici exactement comme du loisir et des congés payés. Dans un premier temps le repos et le loisir meublé par la culture contribuent à la reconstitution de la force de travail. Lorsque l’on pense aux dégâts produits par le stress au travail, ce point est facile à comprendre. Mais cela va bien plus loin comme le révèle, par exemple, le processus de pensée, en particulier le processus de pensée scientifique qui est au cœur de la marche civilisationnelle à l’émancipation humaine. Contrairement à l’hyperspécialisation, la pensée scientifique repose, à son meilleur, sur une grande culture générale, pluridisciplinaire, donc capable de suppléer par l’induction et l’intuition ce qui n’apparaît pas d’emblée par la déduction. Car, trop souvent, par excès de rigueur, cette dernière s’enferme dans des ornières logiques reposant sur des prémisses fausses ou incomplètes. Dans la République de Platon, Socrate parle de « coup de théâtre » lorsqu’il s’agit de relancer la recherche intellectuelle une fois épuisée une piste d’investigation.

Dans la littérature marxiste ou plus largement progressiste, on avait coutume de pointer du doigt les progrès de productivité pouvant émaner d’une meilleure organisation plus démocratique du travail en insistant sur l’inventivité susceptible d’émerger. Quelques start-up intègrent encore ce concept. En regardant les choses de la manière la plus utilitaire qui soit, il reste que la culture générale produit de meilleurs résultats pour la gestion sociale, y compris au sein de l’entreprise. A l’heure où le CFOs dictent l’agenda des CEOs, les meilleurs HEC, du moins lorsqu’ils ne pensent pas que le meilleur atout d’une entreprise soit un département comptable rompu à l’évasion fiscale et aux tax rulings, s’en souviennent parfois, ne serait-ce qu’en privilégiant la polyvalence pour œuvrer dans un monde complexe.

Mais cela va plus loin. Dans la mesure où la baisse séculaire du temps de travail « aliéné » ou subordonné dans le cadre du Domaine de la Nécessité diminue, les arts et la culture deviennent la base matérielle sur laquelle se développe le Domaine de la Liberté, et par conséquent de l’émancipation humaine. Ceci fut merveilleusement bien illustré par les congés payés du Front populaire puis par le temps libre acquis par la RTT implémentée par la « gauche plurielle ».

Ce n’est d’ailleurs pas une grande découverte puisque tous les bons anthropologues et ethnologues modernes savent que les sociétés dites « primitives » comblaient ce qu’il leur faisait défaut en terme de technê par le surdéveloppement de l’épistémè et donc des relations sociales. Ces relations étaient marquées par le statut social, que l’exploitation froide du capitalisme balaya comme l’expliqua Marx et après lui, quoique de manière tendancieuse, Max Weber. Et c’est tant mieux, car aujourd’hui avec la RTT et les droits individuels, sociaux et civils qu’elle permet, les personnalités peuvent enfin s’épanouir librement de la manière la plus sociale qui soit, mais sans subordination aucune.

Marx, reprenant l’esprit de Joachim de Flore, parlait alors de l’avènement de relations sociales transparentes. Bien entendu, à la fois Joachim et Marx mettaient l’accent sur le rôle de l’éducation pour tous. J’ai tenté de suivre modestement dans leurs pas dans mon Annexe Spoliation dans mon Pour Marx, contre le nihilisme – section Livres-Books de mon www.la-comune-paraclet.com . Tous ceci peut se résumer en rappelant l’idée force de Joachim de Flore selon lequel toutes les formes d’intelligence ont même dignité et sont pareillement nécessaires à une société libre et harmonieuse.

L’expansion des arts et de la culture est donc la clé de l’émancipation humaine. Elle repose sur les cycles récurrents de la RTT et sur le développement du « revenu global net des ménages, dont le salaire différé.

Je renvoie donc à quelques-uns de mes essais, en particulier celui qui porte sur la critique du PIB marginaliste et celui qui porte sur la différence essentielle entre le pouvoir d’achat et le niveau de vie. Voir

1 ) Pour le PIB et les circuits du capital, voir a ) http://rivincitasociale.altervista.org/le-pib-outil-de-narration-marginaliste-contre-le-bien-etre-des-peuples-et-la-prosperite-des-etats-nations-24-mai-2020 ; b ) http://rivincitasociale.altervista.org/une-autre-ineptie-sur-les-circuits-du-capital-de-marx-et-sur-la-realisation-selon-g-dumenil-et-d-levy-dec-22-2019-27-janvier-2020/ . Voir aussi : « Norme CDI ou précarité », 24 mars 2007, http://www.la-commune-paraclet.com/Commentaires%20d’actuConstructionFrame1Source1.htm#commentaires%20d’actualit%C3%A9

2 ) Pour le pouvoir d’achat versus le standard de vie : et c ) http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018/

Paul De Marco

Note :

1 ) « Statuto dei lavoratori jobs act pieno impiego gerarchia delle norme 28-feb-2018 » in http://rivincitasociale.altervista.org/statuto-dei-lavoratori-jobs-act-pieno-impiego-gerarchia-delle-norme-28-feb-2018/

 « Dati sul jobs act e la precarieta generalizzata » in http://rivincitasociale.altervista.org/dati-sul-jobs-act-e-la-precarieta-generalizzata/  

« Nnuova contrattazione per una precarieta sistemica con salario minimo e reddito cittadino beninteso filosemiti nietzschiani » in http://rivincitasociale.altervista.org/nuova-contrattazione-per-una-precarieta-sistemica-con-salario-minimo-e-reddito-cittadino-beninteso-filosemiti-nietzschiani/

ANNEXE. La base essentielle de l’ineptie de beaucoup de pitres, dont André Gorz, tient simplement dans leur confusion entre la durée du travail et son intensité conjoncturelle – la plus-value relative – ou son intensité structurelle, c-à-d., la productivité. Gorz emprunte probablement cette ineptie à B. Croce dans sa pseudo-critique du marxisme, Materialismo storico ed economia marxistica (Pour la théorie marxiste scientifique, je renvoie à DUREE, INTENSITE, PRODUCTIVITE ET PLUS VALUE SOCIALE dans http://www.la-commune-paraclet.com/Commentaires%20d’actuConstructionFrame1Source1.htm#commentaires%20d’actualit%C3%A9 )

Lisez donc ce texte du pitrique auteur de l’adieu au prolétariat intitulé « Leur écologie et la nôtre » Visionnaire, le philosophe André Gorz avait prévu, dans ce texte paru en 1974, la récupération de l’écologie par l’industrie, les groupes financiers — en un mot, le capitalisme., par André Gorz  https://www.monde-diplomatique.fr/2010/04/GORZ/19027

Notez que sa composition organique s’écrit c/v et que pv reste stable !!! En fait, j’ai montré que dans la fonction de production : c + v + pv = p, la composition organique s’écrit scientifiquement comme v/C où C = (c +v) et que cette composition organique évolue sous le coup de la productivité en relation proportionnellement inverse par rapport au taux de plus value qui s’écrit pv/v.

Du coup, avec Gorz, si le coût de c ou de v monte, le nombre de produits reste identique mais le prix monte. Voilà comment il prétendait tenir compte de l’envolée des prix du pétrole après la guerre de 1973. En fait, ceci porta à un changement des paramètres de la RS-RE, changement voulu et contrôlé par le politique qui entraîna le changement systémique de tous les prix relatifs. Il oublie également la manipulation de Kissinger qui utilisa l’Opep pour mettre en place la substitution du Standard Or-Dollar – convertibilité du dollar américain établie à Bretton Woods – par le standard pétrole-dollar dans le cadre post-Bretton Woods des changes flottants, cadre officiellement entériné au Sommet de la Jamaïque en 1976. Il oublie de mentionner que l’Europe, dont la France, était plus avancée en terme d’intensité énergétique. Ceci lui permit de contrer la manœuvre de Kissinger en imposant la Tiip, c-à-d., un prélèvement très onéreux sur le pétrole et ses dérivés. Ceci s’explique du fait, qu’à l’époque, les Etats européens étaient plus interventionnistes et plus régulateurs. La logique originale de la Tiip ne tient plus. Comme le CO2 est bénéfique aux cultures et à la végétation et au phytoplancton, au lieu de faire la guerre aux énergies fossiles, il faudrait diminuer la Tiip par deux en reprenant le manque à gagner dans les exonérations versées au capital, qui n’atteignent plus leurs objectifs initiaux. L’opération hautement signifiante du point de vue économique se ferait à coût zéro. On établirait ainsi la compétitivité nationale structurelle qui fait défaut, ce que démontre le déséquilibre chronique de la balance commerciale. Une compétitivité qui continuera à faire défaut tant et aussi longtemps que l’actuelle définition de l’anti-dumping ne sera pas changée ou anticipée par une faible surtaxe à l’importation visant à abonder les fonds de la Sécu.

Il faut d’urgence changer de cap en matière d’environnement et pointer sur le principe de précaution sanitaire donc sur les filtres et les technologies capables de contrôler les autres gaz à effet de serre, bien plus dangereux que le CO2. Pour le reste, les âneries du Giec, reprises par des départements universitaires sur-financés et spécialisés dans l’« écologie » pitrique du Giec, ne changeront rien à l’inclinaison de l’axe terrestre, ni à la précession des Equinoxes, ni aux cycles du soleil etc., etc. … Notez que les USA n’ont aucune intention de s’imposer un ruineux 100 % d’énergies renouvelables, intermittentes, par définition. De sorte que le dernier plan de relance par les infrastructures fait la part belle au nucléaire, à l’hydroélectrique et au gaz.

Il reste que, si nous suivons Gorz dans ses équations de pitre avéré, la concurrence aurait comme objectif de faire monter les prix unitaires, forçant les concurrents à suivre …

Bref, cette écologie et cette économie de pitre ne valent pas le papier sur lequel elles sont publiées. Du moins, c’est mon modeste avis. Mais elles causent beaucoup de mal, surtout à gauche, car la droite fait la part des choses sur la base de sa « bottom line » : la compétitivité des coûts de production.

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