Commenti disabilitati su LA NECESSAIRE UNITÉ PROGRAMMATIQUE DE LA GAUCHE ANTI-MONÉTARISTE ET ANTICAPITALISTE.

La France est toujours la France sauf lorsqu’elle est mise entre parenthèses

Si le mouvement La France insoumise refusait de négocier un accord programmatique avec toutes les gauches anti-monétaristes et anticapitalistes dès aujourd’hui, ce choix entraînera un revers durable pour la gauche authentique.

Il ne pourrait y avoir que deux motifs, soit celui, illusoire, de refonder la gauche française sans aucune référence à la science socioéconomique, c’est-à-dire au marxisme, soit de tenter d’établir un ancrage électoral aussi large que possible sur tout le territoire au détriment de tous ceux qui ne veulent pas être cooptés dans un unique véhicule.

Dans les deux cas se serait une grave erreur. Jusqu’à preuve du contraire, le marxisme est une science. Cette reconnaissance caractérisa d’ailleurs le socialisme français grâce à la brillance et au dévouement politique de Jean Jaurès et durant un temps grâce à l’adhésion de la fine fleur des scientifiques de France. Dans le second cas, ce serait tout aussi désastreux au vu du seuil de passage au second tour pour les élections législatives.

Au contraire, l’annonce d’un programme commun insufflerait la dynamique nécessaire pour nier au parti du nouveau président et à une coalition « ni droite-ni gauche » une majorité leur permettant de gouverner par ordonnances. Mon point de vue reste celui que j’a déjà exprimé dans le chapitre du livre Tous ensemble intitulé : «  Réformes démocratiques révolutionnaires ou lamentable Rossinante du réformisme. » (1) . D’ordinaire, la direction compte plus que la vitesse. Il faut donc fixer un cap permettant à la gauche française de se reconstituer, dans le respect de ses différences, grâce aussi à l’harakiri commis par un PS désormais dévoyé par son social-libérisme.

Quels seraient les élément les plus importants de ce programme commun minimum ?

1 ) Le passage aux 32 heures par une loi cadre. Ceci se ferait tout simplement par le redéploiement des aides et des exonérations aujourd’hui dilapidées sans contrepartie pour le monde du travail, en particulier le CICE, le RSA, une partie de l’assurance-chômage et des aides d’assistance sociale.

2 ) La baisse progressive de l’âge de la retraite et la réhabilitation du système de santé public grâce aux cotisations sociales renflouées par la RTT. La création-réhabilitation d’un Fonds de réserve public pour les pensions, fonds qui ne pourra plus être pillé, s’avère nécessaire pour passer rapidement à la création d’un authentique Fonds Ouvrier à la Meidner pouvant changer progressivement la forme de propriété dominante. (Je renvoie ici à mon Tous ensemble).

3 ) La négociation d’une nouvelle définition de l’anti-dumping protégeant les trois composantes du « revenu global net » des ménages, soit le salaire individuel, le salaire différé – pensions, assurance-chômage etc. – et les transferts aux ménages sous forme d’accès universel aux services publics. Sans la réhabilitation de ses trois composantes, on s’en va vers la destruction définitive des services sociaux publics ainsi que des infrastructures publiques, puisque la fiscalité générale verra ses recettes diminuer autant que les cotisations sociales. Il convient en effet de ne pas confondre coût du travail et coût de production. Cette nouvelle définition de l’anti-dumping servira de règle d’interprétation à l’OMC sans devoir renégocier les traités de libre-échange actuels ou à venir, processus ardu requérant l’unanimité. Elle peut et devra être anticipée par une TVA sociale protégeant le panier de consommation des ménages et par le passage progressif au principe de kilomètre zéro. La COP 21 est un bastringue, un « machin » tout aussi insensé que l’ancienne théorie – condescendante sinon raciste – de l’interdépendance asymétrique de Joseph Nye et al. Il faut donc revenir à l’écomarxisme, lequel inclut le principe de précaution. (2)

4 ) La création d’un pôle financier public réel pour acheter et effacer progressivement la dette publique et parapublique sans passer par les banques primaires et donc par la finance spéculative aujourd’hui globalement hégémonique. Ceci permettrait de relancer les entreprises d’Etat nécessaires à la cohérence socio-économique et culturelle – exception culturelle – de la Formation sociale française. En effet, la monnaie n’est pas le crédit, de sorte que l’on peut, du moins pour l’heure, laisser la gestion de la monnaie à la BCE, en reprenant toutefois le contrôle de l’essentiel du credit (3). Ceci en attendant de négocier des Ratios Cooke nationaux pour les banques centrales membres de l’Eurozone. Ces nouveaux ratios sont cruciaux pour sortir de l’infernale logique monétariste de Mundell.

5 ) La défense de l’Europe sociale dans le cadre confédératif de l’Europe des nations, fonctionnant sur la base de l’émulation démocratique des meilleurs modèles grâce à la substitution de la règle de la majorité qualifiée par celle de l’opting out. (4) Sans cela, l’intégration européenne sera abandonnée aux logiques dévastatrices du capitalisme et, qui plus est, du capitalisme de la nouvelle gouvernance globale privée. La logique du capital est celle de la concentration et de la centralisation du capital et donc des richesses et des processus décisionnels, y compris politiques. La parade des exceptions pour les disparités régionales n’est qu’un palliatif visant la légitimation du système. L’euroscepticisme en sera la conséquence puisque les peuples et les citoyens ne voudront pas abandonner leur souveraineté aux instances non-élues de la propriété privée, car elle est nécessaire pour défendre leur égalité socio-économique. Cette Europe sociale devra inclure une défense européenne autonome se substituant au commandement intégré de l’Otan dans le cadre du respect de la Charte de l’Onu. Cette dernière répudie l’utilisation de la force – à fortiori les guerres préventives par définition aussi illégales que criminelles – pour résoudre les conflits internationaux. Je rappelle que cette Charte prévoyait à l’origine la prééminence du Conseil Economique et Social sur les autres institutions, y compris le Conseil de sécurité, ceci selon la logique énoncée par l’Unesco, à savoir que le développement socio-économique reste le meilleur antidote contre la guerre. Cette philosophie devrait être appliquée par la France, ne serait-ce que parce que le bombardement de pays étrangers par un « retour » crapuleux au néocolonialisme ne permet aucunement de rééquilibrer le déficit du commerce extérieur, et induit des alliances internationales peu présentables. Par exemple au Moyen-Orient, bien que la Résolution de l’ONU 242 ait été écrite aussi en français.

6 ) Le retour immédiat au pluralisme dans les universités et les grandes écoles, en particulier dans les disciplines sociales, dont l’économie. (5) La situation actuelle est désastreuse du point de vue de la science, de sa méthode et de la déontologie universitaire. Le marginalisme est fondé sur une série de falsifications dont j’ai montré les origines. (6) Son monopole universitaire est tout bonnement un crime contre l’esprit. Je rappelle que dans Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche, le grand maître de tous les inégalitaristes modernes – sauf peut-être bibliques, selon la logique exclusiviste – tenta de prévenir ses disciples du danger de croire eux-mêmes en leurs propres falsifications. « Hi-Han ! » dit-il ironiquement. (7)

Paul De Marco

Notes :

1 ) Ce livre est librement accessible dans Download Now dans la Section Livres-Books du site www.la-commune-paraclet.com

2 ) Je renvoie ici à mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance  (idem) en particulier l’Annexe intitulée « Avantages comparatifs, planification et écologie. » En effet, l’approche scientifique à l’écologie ou écomarxisme suppose la résolution préalable du problème de la rente absolue et relative. Je renvoie également à mon article intitulé « Défi aux écologistes, au GIEC et à tous les apôtres du réchauffement climatique (14 juin 2007) », idem, section « Commentaires d’actualité ».  

3 ) Je renvoie ici à mon Précis d’économie politique marxiste – idem – ainsi qu’aux demonstrations concernant la différence entre profit, intérêt classique et intérêt spéculatif étayées dans mon article intitulé : « Dette publique et inepties marginalistes : le cas italien » voir http://rivincitasociale.altervista.org/dette-publique-et-inepties-marginalistes-le-cas-italien-3-mars-2017/

4 ) Je renvoie à mes textes relatifs à l’UE dans la section « Economie Politique Internationale » du site www.la-commune-paraclet.com .  Le processus d’intégration européen fut et restera principalement un processus intergouvernemental. L’hyper-centralisme nouvellement illustré par le Rapport des 5 présidents de l’UE promet plus de désastres que la gestion monétaire monétariste à la Mundell de l’euro par la BCE …

5 ) Le simpliste et malintentionné Cahuc se réfère à la méthode expérimentale dont il use lui-même très peu et qu’il n’entend d’ailleurs par très bien en dehors de ce que Koyré appelait « l’empirisme baconien » (voir  http://rivincitasociale.altervista.org/negation-de-mon-droit-de-reponse-odieuse-censure-philosemite-nietzscheenne-en-france-et-au-journal-le-monde/  ) Nous l’invitons donc à l’appliquer objectivement par le biais d’une étude comparative de deux expériences aujourd’hui vérifiables, soit la RTT de la « gauche plurielle » et le Jobs Act de Gutgeld-Renzi … Voir aussi ma critique du livre de Yoram Gutgeld, tiré du programme économique écrit pour le PD italien dans la section Critiques de Livres-Book reviews su site www.la-commune-paraclet.com . Même « patron » : De te fabula narratur ?

6 ) Je renvoie à mon Introduction méthodologique dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com

7 ) Pour la critique de Nietzsche et de Freud, je renvoie à mon livre Pour Marx, contre le nihilisme, ainsi qu’à l’article « Nietzsche as an awakened nightmare » dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com

 

Comments are closed.