Commenti disabilitati su PARCOURSUP OU COMMENT PRÉCARISER LES DIPLOMÉS ENCORE EN SITUATION DE PLEIN-EMPLOI, 8-13 déc. 2018.

Plan :

Parcoursup et diplômés.

Du RMI au CICE à la prime d’activité

Conditions paramétriques : RTT, anti-dumping et réforme de la TICPE

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Parcoursup et diplômés.

Le monde entier a été révulsé par ces images de jeunes lycéennes et lycéens et de jeunes étudiant.e.s que la Présidence a sciemment voulu humilier. Le pire fut cette phrase que l’on entend disant : « Voilà une classe qui se tient sage ». Aucun système pédagogique au monde ne conçoit de classes d’élèves alignés à genoux et les mains sur la tête ou derrière le dos, surtout pas dans le pays de Condorcet, de Rousseau et de tant d’autres pédagogues républicains. Au contraire, les meilleures classes sont celles qui interagissent pour apprendre. Bien entendu, sans les coupures dans l’éducation nationale comme ailleurs, les classes seraient plus petites, les filières respectant les rythmes des élèves plus nombreuses, et les activités de supports scolaires et parascolaires plus substantielles. (1) Atterrés par cette vidéo, certains ont posé la question : Où sommes-nous, en France ou au Chili ? Le Chili de Pinochet, de Milton Friedman et des Chicago Boys, pour être précis. Or, si la forme change, le fond est identique en ce qui concerne la régression socio-économique et culturelle idéologiquement motivée. Dans le premier cas ce fut un putsch, aujourd’hui nous assistons à un lent mais soutenu « retour » néo-nietzschéen.

Ces jeunes étudiant.e.s sont admirables. Personne, ni professeurs ni citoyens ordinaires, ne peut rester insensible devant des jeunes gens qui sont voués par le régime en place à une vie moins digne que celle de leurs parents et qui se mobilisent pour avoir le droit d’étudier.

Je crois que la plupart d’entre-eux ont déjà compris la logique vicieusement inégalitaire des réformes en cours, dont notamment celle de la Loi Travail et celle dite parcoursup. Elle consiste tout bonnement à justifier une précarité croissante en bloquant artificiellement l’accès aux diplômes, tout en jouant sur une pseudo-méritocratie du petit nombre. Ces « premiers de cordée » soutenus par le régime en place ne partagent en rien l’idéal du grand sportif et humaniste Roger Frison-Roche, lequel avait en tête le dépassement de soi et non une pose néo-nietzschéenne justifiant des privilèges dans une société toujours moins congruente avec sa constitution égalitaire. (2)

Il suffit de jeter un coup d’œil à deux graphiques tirés d’une étude de 2015 de l’Institut Montaigne portant sur le marché du travail. (3)  Le premier est intitulé : « Graphique 1 : Taux de chômage par niveau de qualification » (p 7) le second : « Graphique 2 : Composition par diplôme des populations en emploi et au chômage ». (p 8) (voici le lien : https://www.institutmontaigne.org/publications/marche-du-travail-la-grande-fracture )

Ces graphiques parlent d’eux-mêmes surtout si l’on considère les plus diplômés. Les diplômés sont en quasi plein-emploi bien que le plus souvent employés sous leurs qualifications. On sait que les nouveaux emplois créés sont majoritairement précaires et que la durée moyenne de galère en CDD et autres contrats atypiques avant d’obtenir un CDI est d’environ 7 années. Ce temps de galère arrivant souvent après des études plus ou moins longues met en cause la reproduction même de l’espèce et le renouvèlement naturel des populations. Il borne l’horizon. Il détruit la vie et le bonheur qui découlent normalement d’une vie active épanouie. Ceci est bien démontré par le suicide collectif italien lié notamment à une précarité généralisée qui crée un déficit démographique majeur, année après année, même en tenant compte de l’apport de l’immigration. Depuis 2007 plus de 5 millions de citoyens et résidents en Italie ont fuit le pays pour des raisons économiques, ce qui contribue encore à fausser le ratio chômeurs/population active. On sait également que, bien avant le passage de la Loi travail en France, il existait un très fort taux de roulement des CDI dont 36.5 % durent moins d’un an. (4)

Parcoursup complète la dérive anti-républicaine de l’éducation nationale marquée au sceau de la privatisation et de la sélection de classe. Ce processus de marchandisation de l’éducation et du savoir en général débuta formellement avec l’Agenda de Bologne et avec la stratégie de Lisbonne. Il anticipait au sein de l’UE la poussée en faveur de la libéralisation complète des services. (5) Les cours privés en ligne de type américain firent leurs apparitions ; la privatisation des universités et des Ecoles et Fondations suivit.

S’il est vrai que les frais d’inscription dans le secteur public en France sont encore bas, il reste que ceci n’est plus le cas pour les Grandes Ecoles. Et moins encore pour les universités privées. Pire, certains diplômes et certaines filières ne sont pas offerts dans le public ; souvent, ils sont soumis à des conditions d’entrée restrictives, ce qui renvoie à des cours privés d’un coût inabordable pour la plupart des intéressé.e.s.

L’augmentation des frais de scolarité pour les étudiant.e.s étrangers constitue une injustice en soi. De manière plus grave, elle revient à un sabotage de l’influence culturelle mais également socio-économique de la France et de son rôle dans la Francophonie.

Cette privatisation et cette sélection par l’argent détruisent l’effet de sélection républicaine démocratiquement opérée par la Loi des Grands nombres. Elles mènent inéluctablement à une régression éthico-culturelle. Le grand économiste walrasien et républicain Maurice Allais, notant que l’écart des revenus était passé de 1 à 14 dans les années 60 à 1 et plus de 400 dans les années 90, parlait de « bandits ». Il reste que l’échelle des salaires et des revenus serait naturellement évanouissante si l’accès à l’éducation était universel, gratuit et permanent. Le marché des diplômes, en tenant compte de l’adresse et de la cote des institutions émettrices, tout comme les autres marchés, exprime une construction sociale. La jeune représentante au Congrès américain Alexandria Ocasio-Cortez a fort brillamment souligné l’impact social du code postal dans la sélection à l’embauche.

Les moyennes ne sont que des moyennes mais elles peuvent toujours apporter un premier éclairage. On nous dit, par exemple, que le coût annuel moyen par étudiant pour l’Etat est de 14 500 euros – 16 500 euros incluant la R&D . (6) En pourcentage du PIB le budget de l’éducation en France est inférieur à la moyenne de l’OCDE bien que la part des dépenses publiques y soit légèrement supérieure. Il est curieux que les statistiques portant sur le coût moyen pour l’étudiant lui-même ne soient pas disponibles encore que chaque étudiant.e sache à quoi s’en tenir même en laissant de côté la nourriture bio etc. Sans vouloir être cynique en pensant aux vrais chiffres du chômage et au coût annuel moyen que nécessite la création d’un emploi permanent, l’éducation et des cycles longs pour tout le monde vaudraient bien mieux … On imagine aisément ce que la situation actuelle donne pour la majorité des familles dont les revenus oscillent entre 1 ou 2.5 SMIC. En Mai 1968 les étudiant.e.s de France déploraient déjà le fait que 6 % seulement d’entre-eux étaient d’origine ouvrière et paysanne.

Ceci est parfaitement anti-économique, de surcroît dans une société moderne de plus en plus aux prises avec ce qui avait été conceptualisé dans les années 70-80 comme « société du capital connaissance ». En effet, loin des élucubrations simplistes et surdéterminées de R. Barro sur l’équivalence ricardienne, le multiplicateur économique sectoriel est encore très fort lorsque les dépenses publiques se font dans les secteurs publics gérés par le public, notamment dans l’éducation, la santé, les transports en commun ainsi que la voirie. En revanche, les centaines de milliards annuellement dépensés de manière toujours plus inégalitaire et ciblée sous forme de dépenses sociales ou tax expenditures, ont un multiplicateur très faible. La seule utilité de ce stratagème de la public policy monétariste consiste à faire disparaître ces dépenses fiscales du budget une fois accordées, de sorte que ce dernier paraît toujours précaire légitimant ainsi toujours plus d’austérité. Pour le reste, elles nourrissent l’économie spéculative qui phagocyte l’économie réelle et ses emplois.

De fait, dans la dérive philo-sémite nietzschéenne actuelle, le « capital connaissance » et la supposée « économie immatérielle » prennent surtout la forme de la sur-qualification et sur-rémunération de quelques-uns allant de pair avec la sous-qualification de la majorité sous-payée. (7) Cette polarisation est aujourd’hui fortement affectée par la sur-représentation de quelques-uns outre la sélection de classe.

Bien entendu, le multiplicateur économique baisse dramatiquement si ces dépenses publiques sont gérées par le privé. Ceci est mal reflété dans les statistiques marginalistes simplement du fait que l’on ne distingue pas toujours entre gestion publique ou privée et que l’on ne tient pas compte de la différence entre multiplicateur générique et multiplicateur sectoriel, ce qui gomme les énormes biais statistiques produits par la financiarisation spéculative de l’économie. On sait que cette financiarisation spéculative est passée de 3 % du PIB début 1990 à environ 9 % du PIB aujourd’hui, tant aux USA qu’en Suisse. Les autres pays avancés suivent de près. Il est donc bien vrai que l’austérité tue (8) … et rend plus bête via la sélection de classe et le crétinisme socio-économique et culturel induit par la surreprésentation de quelques-uns s’auto-sélectionnant incestueusement entre eux. Au demeurant, et les économistes progressistes ont mis du temps à s’en apercevoir, il est vrai qu’avec le démantèlement du GATT, l’extroversion du Multiplicateur doit être prise en ligne de compte dans les politiques de relance. Mais il est également clair que cette extroversion est moindre si les secteurs publics sont tenus hors des mains crochues du secteur privé.

Du RMI au CICE à la prime d’activité

Jusqu’ici les réformes post-RMI de la gestion de la main-d’œuvre visaient surtout à faire du chiffre pour abaisser le taux de chômage. On sait qu’il suffit de travailler une heure durant la dernière période d’évaluation, pour être sorti des statistiques du chômage au sens de l’OIT. Avec parcoursup, il s’agit surtout de procéder au déclassement préalable des citoyennes et des citoyens pour mettre en place la méritocratie philo-sémite nietzschéenne induite par la surreprésentation et la fausse représentation chroniques qui n’ont plus rien à voir avec la méritocratie républicaine, d’ailleurs jadis fondée sur une échelle salariale réduite et des Grandes Ecoles respectueuses de la Loi des grands nombres. Cette nouvelle méritocratie de la médiocrité éthico-politique et intellectuelle, tout juste bonne pour les hauts et bas clergés des nouvelles narrations inégalitaires, est assez éloignée de celle voulue jadis par Boutmy.

En tentant de reprendre la main pour le compte de la bourgeoisie et des classes dominantes menacées par le « grand nombre » – qui avait tant hanté le syphilitique Nietzsche –  suite à l’octroi forcé du suffrage universel et secret, Boutmy proposa la défense du système en recourant à la sélection de classe par l’éducation. Encore s’agissait-il dans son esprit d’éducation scientifique républicaine bien loin des narrations obscurantistes et inégalitaires propagées aujourd’hui. (9) Max Weber en tira la notion d’une classe moyenne au service de la bureaucratie d’Etat ou privée agissant comme le meilleur obstacle à la démocratie du grand nombre.

Nous ne referons pas ici l’histoire des politiques de gestion de la main-d’œuvre depuis le RMI, bien que nous tenions à saluer chaleureusement toutes les lycéennes et lycéens et étudiant.e.s d’alors pour avoir fait échec au CPE. Il suffira ici de mentionner ce qui suit. En 1983 avec le tournant de la rigueur (10) la présidence Mitterrand enterrait le programme commun de la gauche. Le gouvernement Chirac initia ensuite la série des dérèglementations et des privatisations. En décembre 1988, pour tenter de répondre au désarroi social naissant le gouvernement Rocard fit passer le RMI. Trois années auparavant, témoignant des conséquences fâcheuses du désengagement relatif de l’Etat, la réponse caritative à ce désarroi avait suscité la création des Restos du cœur.

Néanmoins, le RMI ouvrait un cycle reposant sur des caractéristiques françaises, à savoir la bonne tenue relative des CDI et l’emphase mise sur l’éducation. On parlait alors de transition vers une société du « capital connaissance » requérant une hausse générale du niveau – ce qui, a fortiori, serait encore le cas aujourd’hui – plutôt que d’éphémères et coûteuses start-up dont on sait que les 9/10 ne survivent pas malgré leur coût exorbitant.  Les plus prometteuses sont la plupart du temps rachetés par les grosses transnationales de leur secteur, souvent pour s’accaparer de brevets concurrents qu’elles enfouiront immédiatement dans un tiroir. (11)

Ainsi le RMI ne couvrait pas les moins de 25 ans. Il sera remplacé le 1er juin 2009 par le RSA, lui-même peu satisfaisant et si difficile d’accès que 30 %  des ayants droits n’y ont pas recours selon AC!Chômage. (12) En contrepartie du RSA, accessible à part certaines conditions de revenus contre-productives et paupérisantes, les ayant-droits sont tenus à « une obligation de chercher un emploi ou de définir et suivre un projet professionnel visant à améliorer sa situation financière (…) « Avant son remplacement par la prime d’activité, le RSA socle s’élevait à 524,68 euros pour une personne seule, sans activité, sans revenus et sans logement. »  ( 13) Ce dispositif et la prime emploi qui suivit sont pensés dans une économie qui croît faiblement et qui, depuis de nombreuses années, croît très en dessous du seuil permettant une création nette d’emplois non précaires. Bien entendu ce sont des accompagnements sociaux régressifs vers le piège de la pauvreté de classe, mais ils permettent de faire du chiffre en ce qui concerne la définition officielle du taux de chômage.

Avec le CPE – contrat première embauche – s’ouvrait une nouvelle voie dans la gestion monétariste et néolibérale de la main-d’œuvre , celle émanant du « contrat unique » de Jean Tirole, l’économiste dont les trois grandes idées ont produit 3 grandes catastrophes sans égales depuis la Grande Dépression. (14) En voici un bref résumé : « Le CPE était réservé aux salariés de moins de 26 ans et concernait uniquement les entreprises du secteur privé de plus de vingt salariés (excepté celles de travail à domicile), à l’inverse du CNE qui lui concernait tous les salariés. De plus, comme pour tout contrat à durée indéterminée (CDI) proposé aux salariés de moins de 26 ans au chômage depuis plus de six mois, le CPE s’accompagnait d’exonération de cotisations patronales pendant une durée de trois ans. Une « période de consolidation » aurait également donné la possibilité à l’employeur de rompre le contrat de travail (licenciement) sans avoir à en énoncer le motif, à l’instar de la période d’essai en CDI ; cette modalité a été la plus critiquée par les syndicats et les mouvements étudiants, considérant qu’elle aurait pu faciliter les licenciements abusifs. » (15)

Le CPE mena au Jobs Act en Italie puis à la Loi travail en France. Alors que j’avais posé comme alternative « Norme CDI ou précarité » (16), les dirigeants changèrent les référents de la question. Ainsi l’israélien-américain-italien Yoram Gutgeld, celui-là même qui écrivit le désastreux programme du sinistre PD socio-libériste de Renzi et qui le résuma dans un livre pour rentabiliser davantage sa contribution (17), posa la question en ces termes : Quelle différence y a-t-il entre un CDI sans protections légales – i.e. sans code du travail – et un CDD ? Ceci donna le catastrophique Jobs Act italien, qui créa peu de CDI pour des travailleurs pouvant désormais être licenciés sans cause et, outre nombre de CDD, plus d’un million de vouchers de quelques heures seulement, ce que les citoyens américains appellent sans détour des «shitty jobs » ou, moins directement, des emplois de la gig economy.

Le Jobs Act coûta 18 milliards en 2015. Le cadeau électoraliste de 80 euros sur la fiche de paie des travailleurs dépendants dont les contrats avaient été bloqués durant les 7 années antérieures, coûte 10 milliards par an. Faites le calcul. L’argument vaut pour le CICE français. Pour 23 milliards annuels la RTT 35 heures créa directement plus de 350 000 emplois à plein-temps, de sorte que les cotisations permirent d’éliminer le Trou de la Sécu et que, l’assiette fiscale étant consolidée, la dette nationale baissa à 59 % du PIB, soit 1 % de moins que le Critère de Maastricht. En ce qui concerne, la Sécurité sociale, il restait un déficit de quelque 4 milliards lors de la défaite électorale de la gauche plurielle, somme qui aurait disparue en quelques mois. « Ceci fut accompli en universalisant et en élargissant les services d’accès universel. Aujourd’hui la Sécu affiche un excédent qui provient d’une série de coupures brutales dans l’Assurance maladie : elles furent de 3,4 milliards en 2016, 4,05 en 2017, 4,2 en 2018 et 3,8 de prévu pour 2019 – pour un total de 11,65 milliards jusqu’en 2018 et de 15,45 milliards en 2019 !!! » (18) De fait, avec la RTT émergea spontanément en France une nouvelle société du loisir. La RTT prouva également l’importance du « revenu global net » des ménages puisque à salaire initialement égal pour 35-heures/semaine les programmes de la Sécu étant rétablis et étendus, le niveau de vie réel augmenta. On est ici très loin des effets inhumains et à mon sens anticonstitutionnels produits par le partage forcé de la misère entre les couches populaires, souvent déclassées au profit de quelque 10 % plus riches …

Cette dérive dans la gestion néolibérale monétariste de la force du travail dévoile son vrai visage avec l’effet conjoint de la Loi Travail – licenciement sans cause  –  et du CICE transformé en exonération permanente de cotisations patronales en 2019. Le CICE coûte 20 milliards d’euros pour un montant total de 89.880 milliards d’euros de dépenses fiscales, ou tax expenditures, en 2017. (19) A quoi il convient d’ajouter une évasion fiscale estimée à 200 milliards d’euros par les meilleurs spécialistes de la question. (20) Les fiscalistes connaissent bien le paradoxe : les subventions directes ou leurs contraires les tax expenditures de la public policy monétariste se généralisent d’abord de façon plus où moins uniforme pour devenir de plus en plus ciblées par la suite. A un certain niveau le ciblage devient si fin que les résultats sont invisibles en regard des efforts consentis. C’est le cas aujourd’hui, en cette fin de cycle du monétarisme néolibéral.

Le CICE n’offrait aucune réelle contre-partie pour le monde du travail. (21) En regard de ses objectifs ses résultats sont unanimement décevants à tel point qu’aujourd’hui le gouvernement tente de le recadrer en exonération permanente de cotisations patronales. « Le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) verra son taux abaissé en 2018, avant d’être remplacé par un allègement de cotisations patronales à partir de 2019 » (22) L’allègement de 6 à 10 % de cotisation –pour 2.5 à 1 SMIC – allant de pair avec les coupures dans la Sécu … donc au détriment du « salaire différé » qui contribue fortement à stabiliser le niveau de vie réel et perçu des citoyennes et citoyens.

En terme de création nette d’emplois le CICE fut un fiasco complet – ceci étant dit sans même le comparer aux 23 milliards annuels de la RTT mise en place par la « gauche plurielle ». L’effet principal fut de consolider les marges des entreprises, alimentant ainsi profits et dividendes (23)

Du reste l’inutilité sinon la nocivité du CICE pour le monde du travail pouvait être pointé du doigt dès le départ. J’avais déjà souligné le « Graphique 19 : Indice du coût du travail en France et en zone euro » (p 37) tiré de l’étude sus-citée de l’Institut Montaigne . (https://www.institutmontaigne.org/publications/marche-du-travail-la-grande-fracture )

Il suffisait de lire correctement ce graphique pour découvrir le pot aux roses, le coût du travail renvoyant bien entendu aux salaires. Avec l’annonce du CICE le patronat freina les hausses de salaires normalement octroyées. Elles reprendront faiblement après l’entrée en vigueur du CICE. Voici le montant horaire du SMIC pour 2012/2013/2014/2015/2016 respectivement : 9,40/9,43/9.53/9,61/9,67. On constate la même retenue dans les « Évolutions annuelles des salaires en EQTP¹, en euros constants » (24) ; par exemple pour le salaire brut moyen pour la période 2012-2015 qui couvre l’impact initial du CICE on à respectivement des progressions de  – 0,1/+ 0,5/+1.2/+1.5. Ces chiffres doivent être lus en regard de l’inflation programmée, elle-même inférieure à l’inflation réelle constatée par les consommateurs.

Le fiasco désormais patent de ces politiques monétaristes néolibérales de gestion de la main-d’œuvre, ainsi que la gabegie liée aux exonérations en faveur du patronat sans contre-partie pour les travailleurs, deviendra rapidement catastrophique si les Etats s’obstinent à voyager dans ces mêmes ornières toujours munis des usuelles œillères qui, derrière les économistes en vogue, renvoient au Juif-autrichien fasciste von Mises et à ses émules de la Société du Mont-Pèlerin. Pour la critique du marginalisme je renvoie à mon ébauche « Hi-Han ! Les âneries visuelles hallucinatoires des économistes bourgeois » dans Download Now, section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la.commune.paraclet.com , ainsi qu’à ma brève synthèse  « The pseudo-economic science of the bourgeoisie : here is why we should quickly change paradigm »  http://rivincitasociale.altervista.org/the-pseudo-economic-science-of-the-bourgeoisie-here-is-why-we-should-quickly-change-economic-paradigm/  … )

Le travailler plus en travaillant idiot est anti-économique, il ne passe même pas un premier examen à la lueur de la composition technique des entreprises selon Pareto. Or, pour autant qu’il y ait un seuil physiologique – pace Solow ! – tout élastique et anti-civilisationnel qu’il soit, les couches populaires y sont déjà réduites au sein de l’UE. Le taux de pauvreté relative le montre bien. Il était de 22.5 % en 2017 (https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/9310043/3-16102018-BP-FR.pdf/60426bb8-7c68-401e-82ae-ade71e1bc6e1 ) Le « revenu global net » décent des ménages doit dépendre de la norme légale de travail non pas de son contournement, soit par les heures supplémentaires indues – et sous-payées – soit par la suppression de jours fériés – Pentecôte – soit par le recul de l’âge de la retraite. Ces manœuvres anti-économiques détruisent la productivité réelle à moyen et long termes autant que la déflation monétaire ou son pendant européen actuel, la déflation salariale. En outre, elles font obstacle à l’emploi des jeunes générations !

Le déclassement des autres couches sociales au-delà du SMIC s’accélèrent ainsi que la dangereuse politique du ressentiment qui l’accompagne et avec laquelle la droite joue de nouveau comme dans les années 30 avec la même inspiration philo-sémite nietzschéenne. Cet aspect pourtant crucial fait défaut dans toutes les analyses du fascisme. Je renvoie donc au rôle de Margherita Sarfatti auprès de Mussolini, ainsi qu’au rôle des grands financiers du nazisme – dont Max Warburg – et le polissage communicationnel d’Hitler par certains envoyés de Harvard comme Ernst Hanfstaengl. (25)

Il ne suffit pas de se gargariser avec l’IA, les algorithmes et les robots, voire avec les start-up et autres licornes. Le World Economic Forum a déjà prédit la perte nette de 5 millions d’emploi d’ici à 2020. L’Institut McKinsey fait état d’un bouleversement possible de la structure de la force de travail dû à la robotisation impliquant plus de 80 millions de personnes au sein de l’UE à 28 d’ici 2030.(26)

J’ajoute qu’entre autres choses le développement de l’Etat social au sortir de la Seconde Guerre Mondiale – les « trente glorieuses – de Jean Fourastié – fut en grande partie dû à la congruence socio-économique des programmes sociaux – épargne institutionnalisée – des conventions collectives – hausses du « revenu global net » des ménages non uniquement du salaire individuel – et au développement des secteurs intermédiaires – autos, ustensiles domestiques etc. – alors très intensifs en travail. Aujourd’hui, au démantèlement des deux premiers, s’ajoute l’aspect très intensif en capital des secteurs nouveaux et des nouveaux secteurs intermédiaires.

Conditions paramétriques : RTT, anti-dumping et réforme de la TICPE

Sans RTT et sans nouvelle définition de l’anti-dumping le « déversement » de la main-d’œuvre si cher à Alfred Sauvy n’aura pas lieu. Le choix est donc bien partage du travail entre toutes les citoyennes et citoyens aptes au travail, ou partage de la misère entre classes laborieuses, soit la majorité de la population. Société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage. En Calabre, nous y sommes déjà puisque le taux d’occupation est de seulement 41 à 42%. Le seuil annuel familial de revenus donnant droit à l’assistance sociale y est de 3000.00 Euros (sic !), et de 5000.00 euros pour les avoirs immobiliers, qui incluent souvent l’automobile ! Avec en prime la ‘ndrangheta et la corruption généralisée des toutes les institutions, y compris le système judiciaire. De te fabula narratur !

Ce qui est en cause c’est la frauduleuse logique monétariste néolibérale qui confond le coût de production, lequel renvoie à la productivité micro-économqiue appuyée par la compétitivité macro-économique soutenue par la planification stratégique de l’Etat, avec le simple coût du travail. De surcroît, ceci advient dans un contexte de spéculation financière hégémonique où plus que jamais le travailleur est considéré sous forme comptable comme un chiffre pouvant être échangé sur le marché mondial par un simple clic. Cette politique concurrentielle par la déflation salariale est encore aggravée par la structure hyper-centralisée – à la Mundell – de l’Euro. (27)

Ainsi le basculement du CICE qui passe de 20 milliards d’exonération pour le capital, sans contre-partie réelle pour le monde du travail, en baisse permanente des cotisations patronales a pour seule logique celle de la déflation salariale qui s’impose aux pays membres de l’Euro dans le cadre de la définition actuelle de l’anti-dumping à l’OMC.

Cette définition de l’anti-dumping exclut d’office toute référence aux droits des travailleurs, sans exception pour les droits minimes reconnus par l’OIT, ainsi qu’aux critères environnementaux minimum. Les travailleurs se retrouvent donc en compétition directe globale non seulement les nouveaux pays membres de l’UE progressant lentement vers le niveau de convergence, mais également avec un demi-milliard de citoyens Dalits en Inde dont la longévité moyenne est de 40 a 42 ans.

Cette désastreuse définition de l’anti-dumping induit une compétition globale qui se fait sur le coût du travail entendu comme « salaire capitaliste individuel » au détriment du « salaire différé » – les cotisations sociales garantissant les programmes de la Sécurité sociale – ainsi qu’au détriment des prélèvements fiscaux sur la fiche de paie, qui normalement devraient se traduire en accès universel garanti aux infrastructures et services publics financés avec la fiscalité générale. Ces trois composants constituent le « revenu global net » des ménages qui sont naturellement de tailles différentes, concept à ne pas confondre avec le concept marginaliste mystifiant de revenu disponible qui reste individuel. Il correspond plus à la supercherie de l’« income stream » inventée par Irving Fisher pour masquer la différence entre salaire, rente et profit et donc les fondements de la lutte des classes selon le Volume III du Capital de Karl Marx.

Le « revenu global net » des ménages prend acte du renouvèlement du travailleur dans un ménage en tant que membre d’une espèce à reproduction sexuée. Il prend également acte des circuits vertueux du capital liés à l’épargne institutionnalisée et mutualisée – en gros les piliers du système de la sécurité sociale conçue comme assurance et d’assistance sociales et donc comme droits citoyens. C’est exactement l’inverse de la subordination personnelle liée à l’assistance privée, souvent confessionnelle, et en partie financée par des crédits d’impôts.

Remarquons que cette désastreuse définition de l’anti-dumping constituait la pièce maîtresse de la stratégie de domination impériale jouant du « soft power » incarnée par le concept vaguement suffisant sinon occidentalo-centriste de « l’interdépendance asymétrique » (Joseph Nye et Keohane). La guerre des tarifs défensivement lancée par Trump montre bien que cette stratégie a fait long feu. Une nouvelle définition de l’anti-dumping, compatible avec la RTT et avec une compétition globale équitable fondée sur la protection du « revenu global net » des ménages, s’impose désormais. ( 28) En parallèle avec la réaffirmation de « la clause de la nation la plus favorisée », cette nouvelle définition ouvrirait une ère de paix et de prospérité globale.

Il est une autre condition paramétrique qui arrive à la fin de son cycle ainsi que le démontre le désarroi exprimé par les Gilets jaunes lourdement affectés par la hausse du prix des carburants et de l’énergie en général. Je renvoie ici à mes postes antérieurs. (29)

La TICPE a pris le relais de la TIIP. Cette dernière avait vu le jour suite à la guerre d’octobre 1973 au Moyen-Orient qui porta l’OPEP à augmenter le prix du pétrole. La stratégie de Kissinger à l’époque consista à instrumentaliser la domination américaine sur les pétromonarchies pour recycler l’argent du pétrole en pétrodollars. De la sorte, Kissinger, profitant de la force du dollar américain, établi alors comme principale monnaie de réserve internationale, substitua l’Etalon Or-dollar établi à Bretton Woods, une once d’or fin valant 35 dollars américains, par un nouvel Etalon Pétrole-dollars. Le dollar US avait entamé un inexorable déclin depuis le 15 août 1971 date à laquelle l’Administration Nixon imposa unilatéralement une surtaxe aux importations américaines, ce qui déstabilisa tous les partenaires commerciaux. (30)

En s’assurant ainsi que le pétrole et les matières premières étaient largement échangées sur les marchés internationaux en dollars, les USA rétablissaient leur suzeraineté monétaire. En effet, les divers pays ainsi que leurs banques centrales devaient maintenant s’arranger pour obtenir assez de dollars américains, ce qui orientait systémiquement leurs échanges internationaux. L’émergence de l’Euro – déjà plus de 20 % des échanges globaux – celle du yen et du renminbi ainsi que la résistance de ces zones monétaires au diktat américain prenant la forme de l’extraterritorialité, change totalement la donne aujourd’hui. (31)

Il devrait en aller de même pour la TICPE. En effet, en 1973, les pays européens jouissaient d’une efficacité énergétique beaucoup plus grande que celle prévalant aux USA. Les ménages ne gaspillaient pas autant d’énergie, les voitures à 4 cylindres étaient plus efficaces etc. Ils choisirent donc de tirer partie de la hausse du prix du pétrole pour remplir les caisses de l’Etat contrant ainsi le recyclage unilatéral imposé par Kissinger. La productivité micro-économique et la compétitivité macro-économique européennes le permettaient aisément. Songez seulement au fait que la Santé publique en Europe coûtait alors près de 9 % du PIB comparée avec le système privé américain qui laissait plus de 47 millions de citoyens sans couverture tout en coûtant 16 % du PIB. L’argument est identique pour les régimes de retraites publics vs privés. Il y a seulement quelques années GM devait être renflouée par l’Etat à un coût exorbitant simplement parce que l’entreprise ne parvenait plus à assumer le financement de son système de pension in-house. L’automatisation et la robotisation avaient dégradé le rapport des retraités aux travailleurs actifs.

Aujourd’hui les paramètres ont changé. Le cycle de la déflation salariale a atteint sa limite. Il serait donc aisé de redonner un avantage productif et compétitif aux pays européens en éliminant de 30 à 35 milliards de TICPE au profit des entreprises et du transport, tout en les compensant par une élimination du même montant des exonérations en faveur du capital, par exemple les 20 milliards du basculement du CICE et une part des 90 milliards et plus d’exonérations directes en faveur des entreprises. L’avantage étant que ces gains partagés de productivité/compétitivité permettraient de rétablir les cotisations sociales. Par un vertueux effet de retour, ceci renforcerait  les avantages en termes de productivité-compétitivité induits par les régimes publics de la Sécu, ainsi que l’assiette fiscale de l’Etat, donc son pouvoir d’intervention dans la sphère économique. La capacité de faire baisser la dette année après année s’en trouverait largement accrue, ce qui permettrait de récupérer une marge budgétaire supplémentaire, bien que personnellement je sois d’avis que le recours au crédit public pour financer la dette publique et parapublique reste une priorité. Le faible niveau de la dette avant la privatisation de la Banque de France en 1973 montre bien pourquoi. (Voir l’argument complet dans « Private or public central banks or how to defeat speculative and economic attacks », sept. 21, 2018, http://rivincitasociale.altervista.org/private-or-public-central-banks-to-defeat-speculative-and-economic-attacks-september-21-2018/ )

Il faut cesser de confondre coût de production et coût du travail. Ainsi que nous l’avons montré dans notre « Norme CDI ou précarité » (voir la note 15 ci-dessous ) le travail précarisé n’a aucune justification dans la production : il relève uniquement d’une stratégie de subordination matérielle et psychologique des classes nouvellement considérées « classes dangereuses », une stratégie de retour forcé à une société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage.

Paul De Marco

NOTES :

1 ) La vidéo de l’interpellation collective de dizaines de lycéens à Mantes-la-Jolie provoque de vives réactions

La vidéo, qui montre des rangées d’élèves à genoux, mains sur la tête, sous la surveillance de policiers casqués, armés de matraques et de boucliers, « est forcément choquante », a reconnu le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer.

Par Mattea Battaglia et Louise Couvelaire Publié le 06 décembre 2018 à 23h05, mis à jour hier à 12h18

https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2018/12/06/mantes-la-jolie-des-images-choquantes-de-lyceens-interpelles-par-la-police_5393757_1653578.html . Pour la nouvelle pédagogie républicaine je renvoie à mon texte « Spoliation » dans mon Pour Marx, contre le nihilisme, dans Download Now, section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com

2 ) La théorie du ruissèlement, en anglais « trickle down » que la Présidence a en tête fut décrite ainsi par le grand économiste John Galbraith « It is horseshit. You feed the horses to feed the birds. » La dernière mouture est due au faussaire statistique Piketty qui va au-delà des pitreries de Milton Friedman et de Yoland Besson sur le soi-disant « revenu annuel minimum garanti ». Ce dernier l’estimait entre 500 et 350 euros par mois ! Piketty nota qu’en sacrifiant une part minîme de leurs revenus les 10 % les plus riches pouvaient employer les 50 % les moins riches comme « domestiques ».  Ce qui est bien dans le sens des politiques fiscales et de gestion de la force de travail contemporaines marquées au sceau du workfare reaganien. Les Gilets jaunes l’ont bien compris. Voir mes articles sur Piketty dans la Section Critiques de livres/Book reviews : https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm

3 ) L’étude intitulée  « Marché du travail : la grande fracture », février 2015, par Sylvain Catherine, Augustin Landier et David Thesmar, peut être téléchargée à ce lien : https://www.institutmontaigne.org/publications/marche-du-travail-la-grande-fracture

4 ) « Près de 40% des CDI conclus durent moins d’un an » Par Jean-Christophe Chanut  |  23/01/2015, 14:02  |  594  mots https://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20150123trib08c402656/pres-de-40-des-cdi-durent-moins-d-un-an.html

5 ) « Un pas de plus vers la privatisation de l’école française »,12 septembre 2018, https://www.legrandsoir.info/un-pas-de-plus-vers-la-privatisation-de-l-ecole-francaise.html . Voir aussi: « LA MARCHANDISATION DU SAVOIR : Processus de Bologne – Stratégie de Lisbonne » https://campus.attac.org/IMG/pdf/dossier_strategie_de_Lisbonne_-_processus_de_Bologne.pdf . Il suffit d’ajouter que la libéralisation complète des services, y compris dans les secteurs de l’éducation et de la santé, constitue  la dernière plateforme stratégique des libre-échangistes. Je rappelle qu’en son temps la « gauche plurielle » avait su faire barrage à l’AMI.

6 ) Droits d’inscription à l’université : pas d’augmentation. Jusqu’à quand ? », par Olivier Rollot

http://orientation.blog.lemonde.fr/2018/12/05/droits-dinscription-a-luniversite-pas-daugmentation-jusqua-quand/

7 ) La polarisation sur-qualifiés/sous-qualifiés s’ajoute aujourd’hui à l’impact de l’automatisation de la production . On se réfèrera ici au livre de Harry Braverman, Labor and Monopoly capital : the degradation of work in the Twentieth Century, Monthly Review, 1974. Outre la pin factory portant, montre en main, à la taylorisation – et à ses « trained gorillas » – Braverman avait analysé l’impact des nouvelles technologies en remontant à la machine universelle de Babbage, l’ancêtre de Turing. In en avait conclu que le capitalisme n’avait besoin que de travailleurs ayant un Grade 9 !!! Pourtant ce déclassement n’est pas aisé . Dans « Case Studies on the Labour Process », Edited by Andrew Zimbalist, Monthly Review Press, 1979, on rappelle que le premier grand ordinateur du Projet Manhattan mis en place pour produire la Bombe A, n’aurait jamais vu le jour, si les standardistes, qui furent sélectionné-e-s et employé-e-s dans le cadre de ce projet ultrasecret, n’avaient pas épaulé de leur savoir technique et empirique, les ingénieurs et physiciens plus familiers de Pascal, Babbage et Turing, que des câbles et des connections électriques inextricablement entremêlés. Peu importe l’idéologie, la production nécessite des salariés familiers avec leurs tâches, donc en CDI. Le capital tend, bien sûr, à réifier le travailleur et à formaliser son savoir, sans toujours être conscient de ce qui se perd durant ce processus de formalisation et de modélisation artificiel et idéologiquement motivé. Avec l’Intelligence Artificielle, pour ne rien dire de l’intrusion des nanotechnologies, cela risque de mener à une drôle de ”Métropolis”! Il est également utile de revisiter Christian Palloix sur la question de la surqualification/déqualification. Voir  Christian Palloix https://www.christianpalloix.com/eco_industrielle.php .

Ajoutons que l’échec du mirage de l’ ”économie de l’immatériel” n’est guère difficile à illustrer, même en faisant abstraction du lamentable éclatement de la bulle spéculative qui accompagna le vedettariat de courte durée de la ”New Economy”. Par exemple, en ce qui concerne les employés de banque, notoirement difficiles à syndiquer, ceci prend la forme de leur déclassement par les machines automatiques, le tout accéléré par la suppression du cloisonnement des 4 anciens piliers de la finance et du crédit. Pour les standardistes et les travailleurs des ”call-centers”, ceci prend la forme d’un contrôle taylorien automatisé et online, avec ses relents tout à la fois de Big Brother et de petit-chef.

Plus grave encore – Rapport Attali auquel travailla Stiglitz … – cette économie immatérielle porta à la falsification de la comptabilité nationale depuis 2014 puisque depuis cette date le PIB inclut une évaluation de l’évasion fiscale, du travail au noir, de la drogue, de la prostitution, de certaines dépenses d’armement et de certains aspects de la propriété intellectuelle. Ceci à pour effet d’ajouter artificiellement de 3% à 3,5 % au PIB, de sorte qu’une faible croissance de 1 % renvoie en réalité à une croissance négative de 2 à 2,5%. Si, en plus, on nous bassine avec le solde primaire pour faire baisser la dette … voir l’argument complet dans « Private or public central banks or how to defeat speculative and economic attacks », sept. 21, 2018, http://rivincitasociale.altervista.org/private-or-public-central-banks-to-defeat-speculative-and-economic-attacks-september-21-2018/

8 ) Voir « THE BODY ECONOMIC: why austerity kills, by David Stuckler and Sanjay Basu, HarperCollins Publishers LTD, 2013. A critical review. » dans https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm#thebodyeconomic . La crise humanitaire et économique dans la Grèce soumise à l’austérité monétariste par Tsipras et par l’Europe du capital, via la Commission européenne, a malheureusement encore une fois démontré la validité de cette thèse.

9 ) « En 1872, Emile Boutmy créait Sciences-Po en lui donnant une claire mission : « Contraintes de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles-mêmes les plus élevées ne peuvent conserver leur hégémonie politique qu’en invoquant le droit du plus capable. Il faut que, derrière l’enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorité dont le prestige s’impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie. »» Dans Boutmy, Quelques idées sur la création d’une Faculté d’enseignement supérieur, 1871 (sic), cité dans Piketty (2013, p 782.) Voir « Le socialisme marginaliste ou comment s’enchainer soi-même dans la caverne capitaliste » , https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#socialismemarginaliste (pour aller à la citation il suffit d’utiliser le terme « boutmy » dans la fonction recherche.) Pour la critique de Piketty voir mes articles dans https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm

10 ) Voir Jean Ferrat, La porte à droite, https://www.youtube.com/watch?v=hjJIXgng3P8 . Voir aussi RMI in https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_minimum_d%27insertion . Pour le RSA voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_solidarit%C3%A9_active

11 ) Cette stratégie anti-concurrence des grandes entreprises multi et transnationales entraîne la concentration-centralisation du capital. La meilleure sociologie américaine s’était attachée à en décortiquer les ressorts par exemple dans le magistral livre Global Reach de Barnet and Müller (1974). On trouvera une importante remise à jour partielle ici : « Tepper: American Corporations Are Winning Their War On Capitalism » by Tyler Durden ,Tue, 11/27/2018 – 21:10 https://www.zerohedge.com/news/2018-11-27/tepper-american-corporations-are-winning-their-war-capitalism .

12) AC! ACTUALITE, La lettre des Amis d’agir ensemble contre le chômage et pour l’abolition du chômage et les exclusions, n° 25 – novembre – décembre 2018 , http://www.ac-chomage.org/IMG/pdf/ac_actualite_no_25_2018.pdf

13 ) https://fr.wikipedia.org/wiki/Revenu_de_solidarit%C3%A9_active )

14 ) Ces trois idées majeures de Jean Tirole, l’économiste bourgeois capable de concevoir une micro-économie sans macro-économie, sont : la dérèglementation bancaire-financière – crise des subprime -, le contrat unique – Jobs Act et Loi Travail – et la concurrence imparfaite massée selon les « besoins » imputés des consommateurs sans toucher en rien à la structure des GAFAM et autres transnationales ni à leur harmonisation fiscale. Pour le détail, voir mon article : « Négation de mon droit de réponse » in http://rivincitasociale.altervista.org/negation-de-mon-droit-de-reponse-odieuse-censure-philosemite-nietzscheenne-en-france-et-au-journal-le-monde/. Voir aussi ma lettre ouverte à Margrethe Vestager : http://rivincitasociale.altervista.org/lettera-aperta-alla-commissaria-europea-margrethe-vestager-si-prega-mettere-un-termine-alla-captive-market-strategy-delle-gafa-ed-imprese-simili/

15 ) Contrat première embauche, https://fr.wikipedia.org/wiki/Contrat_premi%C3%A8re_embauche

16 ) « Norme CDI ou précarité », voir la Section Commentaires d’actualité dans https://www.la-commune-paraclet.com/

17 ) Voir « Book Review: Yoram Gutgeld, Più uguali, più ricchi, ed Rizzoli, 2013, ovvero un sacco di vecchi cliché neoliberali che non valgono la carta sulla quale sono scritti.» dans la section Critiques de livres-Book reviews de www.la-commune-paraclet.com . Le titre du livre est « plus égaux, plus libres » mais très rapidement on vous explique qu’il ne s’agissait pas évidement d’égalité mais d’équité. Vous connaissez la vieille rengaine de Rawls et de Giddens sur la Social Justice. Ici c’était pire puisque l’auteur ayant remarquer qu’il y avait en Italie plusieurs milliers d’entreprises publiques au niveau local – donc disséminées sur le territoire et difficiles à privatiser – préconisa une énième réforme du Chapitre V de la Constitution afin de permettre la centralisation préalable à la privatisation de ces entreprises, ainsi que la dévolution des pouvoirs visant à régionaliser le pays dans le cadre d’une vision européenne fédéraliste, atlantiste, spinellienne et philo-semite nietzschéenne. La défaite référendaire de Renzi sur la question freina quelque peu cette dérive destructrice. Voir la Catégorie « Costituzione » dans mon site http://rivincitasociale.altervista.org .

18 ) Voir la Note 3 de l’article « Pouvoir d’achat, mobilité, budget mal ficelé et volonté de rattacher les nouveaux serfs à la glèbe »,  http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-mobilite-budget-mal-ficele-et-volonte-de-rattacher-les-nouveaux-serfs-la-glebe-27-11-2018/

19 ) https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/farandole/ressources/2017/pap/pdf/VMT2-2017.pdf . Voir aussi: https://fr.tradingeconomics.com/france/fiscal-expenditure (dépenses fiscales estimées à 332.41 milliards ) et https://www.fipeco.fr/fiche.php?url=Les-dépenses-fiscales . Citation : « Le tome II du rapport sur les voies et moyens présente le coût budgétaire individuel d’environ 400 niches fiscales et la somme de ces coûts. Ce total est fortement dépendant de la pertinence de la liste et du partage entre les dépenses fiscales qui peuvent être estimées et celles qui ne le peuvent pas. La fragilité des méthodes de chiffrage s’ajoute à ces éléments d’incertitude. »

Notons que les chiffres pour les dépenses fiscales varient énormément de 350 milliards d’euros aux plus conventionnels 80-90 milliards. Bien entendu, cela dépend des niches fiscales considérées et du chiffrage utilisé. Le point essentiel est le suivant. Les dépenses sociales sont sujettes à l’évolution de la structure fiscale. Lorsque la structure fiscale change en faveur du capital certaines niches fiscales sont pérennisées et disparaissent tout simplement des radars. Ainsi au sortir de la Seconde Guerre Mondiale les impôts directs constituaient la source de revenus la plus importante. Depuis les années 70 ce sont les impôts indirects par nature très régressifs dont la TVA. A partir de la contre-révolution monétariste des années 80, les impôts sur les gains des capitaux ont diminué constamment. Aujourd’hui, c’est pire pour le secteur bancaire et financier – spéculatif – sans même parler du shadow banking. La Commissaire européenne à la concurrence a souligné le fait que, dans la logique de l’harmonisation fiscale, le Siège social de certaines grandes entreprises transnationales n’était situé nulle part …

20 ) https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2017/06/28/fraude-et-evasion-fiscale-en-france-200-milliards-par-an

21 ) Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi  https://fr.wikipedia.org/wiki/Cr%C3%A9dit_d%27imp%C3%B4t_pour_la_comp%C3%A9titivit%C3%A9_et_l%27emploi .

22 ) https://www.lesechos.fr/partenaire/enedis-la-transition-connecte/partenaire-1835-la-mobilite-propre-plebiscitee-par-les-consommateurs-2214394.php

23 ) « Le CICE n’a eu qu’un impact modéré sur les emplois, selon une étude », Par latribune.fr  |  04/10/2017, 10:43  |  427  mots http://www.latribune.fr/economie/france/le-cice-n-a-eu-qu-un-impact-modere-sur-les-emplois-selon-une-etude-752777.html .

24 ) Voir https://www.insee.fr/fr/statistiques/1375188 et (https://www.insee.fr/fr/statistiques/3135908 .

25 ) Voir « Dovere di memoria : cosa intendo con il termine filosemita nietzschiano » http://rivincitasociale.altervista.org/dovere-di-memoria-cosa-intendo-con-il-termine-filosemita-nietzschiano/ et https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_Hanfstaengl

26 ) « Emploi: Les nouvelles technologies à l’origine de la perte de 5 millions emplois d’ici 2020? » SOCIETE Le secteur le plus touché par la destruction de postes sera l’administration et les emplois routiniers des « cols blancs »…. Publié le 19/01/16 à 14h55 — Mis à jour le 19/01/16 à 14h55 https://www.20minutes.fr/economie/1768875-20160119-emploi-nouvelles-technologies-origine-perte-5-millions-emplois-2020 et (La disoccupazione tecnologica curata con la propaganda, di Francesco Piccioni http://contropiano.org/news/scienza-news/2018/01/10/la-disoccupazione-tecnologica-curata-la-propaganda-099478 .

27 ) Je renvoie ici à mes ratios Cooke exposés dans mon Tous ensemble , section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com. Ces ratios contenus dans une bande de fluctuation pour les banques centrales membres de l’Euro nous auraient évité l’asphyxie socio-économique de la semi-périphérie et de la périphérie de l’UE. Celle-ci découle nécessairement de l’hyper-centralisme mundellien. Le seul grand problème aurait alors été lié aux incompréhensibles CDS sur la dette souveraine, qui auraient pu être interdits directement où indirectement par l’abolition des ventes à nu. Le risque lié à la dette souveraine découle directement de la privatisation des banques centrale en faveur de la douzaine de grandes banques dites « primaires » qui contrôlent la mise sur le marché des obligations d’Etat. Pourtant le cours légal de la monnaie est garanti par l’Etat, c-à-d les contribuables, et non pas par les banques privées qui doivent souvent être sauvées sur fonds publics. De fait, en permanence car, à part les plans de sauvetage récurrents, les provisionnements pour dette sont déductibles d’impôt …

28 ) Pour l’anti-dumping, voir « Appel » dans http://rivincitasociale.altervista.org

29 ) Voir http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-mobilite-budget-mal-ficele-et-volonte-de-rattacher-les-nouveaux-serfs-la-glebe-27-11-2018/ et http://rivincitasociale.altervista.org/diffuser-amplement-s-v-p-energies-renouvelables-le-casse-du-siecle-gilles-balbastre-12-27-nov-2018/ et http://rivincitasociale.altervista.org/question-urgente-au-giec-sur-la-mesure-du-co2-6-dec-2018/

30 ) Voir « Les conséquences socio-économiques de MM Volcker, Reagan et Cie », mars 1985, section Economie Politique Internationale de mon site www.la-commune-paraclet.com .

31) Voir  http://rivincitasociale.altervista.org/extraterritorialita-legalita-necessarie-misure-maggio-giugno-2018/ et « Europe Unveils “Special Purpose Vehicle” To Bypass SWIFT, Jeopardizing Dollar’s Reserve Status » by Tyler Durden ,Tue, 09/25/2018 – 13:20, https://www.zerohedge.com/news/2018-09-25/europe-unveils-special-purpose-vehicle-bypass-swift-jeopardizing-dollars-reserve .

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