Commenti disabilitati su POUVOIR D’ACHAT, NIVEAU DE VIE, TEMPS DE TRAVAIL SOCIALEMENT NÉCESSAIRE ET « REVENU GLOBAL NET » DES MÉNAGES, 2-31 déc. 2018

Hommage aux Gilets jaunes qui ont eu le courage républicain de refuser la servitude volontaire.

(Jean Ferrat, La Commune, https://www.youtube.com/watch?v=S4LGwWmge3U

Jean Ferrat, Les cerisiers, https://www.youtube.com/watch?v=t0UW-kNo1G8

Jean Ferrat, Ma France, https://www.youtube.com/watch?v=XAbbzXe8NwM

La Canaille – Chansons Populaires, https://www.youtube.com/watch?v=811-eXgctSc )

Plan

Introduction

Le pouvoir d’achat de la monnaie et la mesure de l’« inflation ».

Le panier de consommation selon l’INSEE.

Le panier de consommation selon Herlin.

Le pouvoir d’achat de la monnaie selon la théorie quantitative scientifique – marxiste – de la monnaie.

Le temps de travail socialement nécessaire par unité de produit est l’étalon de mesure universel des prix relatifs, pas le travail du manœuvre ou le SMIC.

« Structure de v », « revenu global net » des ménages et contrat de travail.

Notes.

Quelques articles chiffrés sur le niveau de vie   

xxx

(Ajout du 28 mai 2023. Un mot de synthèse. Parler du « pouvoir d’achat » de la monnaie n’a pas beaucoup de sens, puisque c’est un équivalent général permettant de définir la commensurabilité de toutes les marchandises entre elles mais qui nécessite d’être lui-même évalué comme marchandise sur la base d’un équivalent universel servant d’étalon de mesure, à savoir la valeur d’échange de la force de travail.

On pourrait parler de « pouvoir d’achat du salaire » mais en tenant compte du fait que le salaire individuel n’est qu’un des trois composants du « revenu global net » des ménages qui inclut le salaire net individuel, le salaire différé – cotisations pour la retraite et la Sécu – et la part de la fiscalité qui revient aux ménages sous forme d’accès universel citoyen aux infrastructures et services publics.

Il convient donc de parler plus précisément du « standard de vie » incarné dans le « revenu global net » des ménages. On voit qu’il diffère considérablement du « revenu disponible » marginaliste lequel inclut uniquement le salaire net individuel augmenté, le cas échéant, par les revenus financiers provenant de l’épargne des ménages.

L’inflation correspond à un hiatus entre l’expression monétaire de la valeur d’échange – prix – et la valeur d’échange elle-même. La principale forme d’inflation, l’inflation structurelle, provient du ratio de la masse salariale sociale sur la masse salariale réelle lorsque la différence entre les deux émane d’une émission monétaire sans contrepartie en valeur d’échange. Lorsque cette différence est financée organiquement par le salaire différé, il n’y a aucune inflation structurelle. Il faut donc regarder ailleurs pour comprendre les augmentations de prix, inflation importée ou inflation organique. Cette dernière, lorsqu’elle perdure, s’inscrit naturellement dans la structure des prix relatifs de la Formation sociale dans laquelle se forme la valeur d’échange, donc sans inflation mais elle affectera de l’intérieur la productivité microéconomique et la compétitive macroéconomique, à savoir le taux de change.)

xxx

Introduction

Le prochain désastre social, par ailleurs annoncé, sera la réforme des retraites publiques par la retraite à points. La désindexation actuelle n’est qu’une entrée en matière. Avec la précarisation croissante et les exonérations sans contrepartie en faveur du patronat – CICE plus environ 90 milliards d’exonérations annuels – cela va être fameux. D’autant plus que la fiscalité générale ne suivra pas pour les mêmes raisons. Un des mots d’ordre pour la nouvelle Année 2019 devrait donc être « Touchez pas à ma retraite ! Rétablissez le « revenu global net » des ménages par la création d’emplois RTT ! ».

( Notons que les affaires sociales sont une compétence nationale exclusive selon le Traité de fonctionnement de l’UE de sorte, qu’au minimum, le Fiscal compact doit être modifié pour en tenir compte. De même, sans le recours au crédit public le remboursement de la dette public restera trop onéreux en termes socio-économiques. Voir : http://rivincitasociale.altervista.org/private-or-public-central-banks-to-defeat-speculative-and-economic-attacks-september-21-2018 )

Il faut être concret puisque le « pouvoir d’achat » est un concept flou, utilisé le plus souvent hors contexte. Dans un premier temps, la prochaine RTT pourrait prendre la forme de l’abaissement général de l’âge de la retraite, sans décote. Ceci permettrait de soutenir la demande interne tout en permettant l’embauche massive des jeunes et des moins jeunes aujourd’hui réduits à galérer près d’une décennie avant d’obtenir un emploi véritablement stable permettant de planifier l’avenir. Après la première année de transition cette politique sociale serait largement autofinancée sans même mentionner les 20 milliards annuels du CICE transformé en exonération permanente pour le patronat, pour rien !

Le prétexte de cet essai fut la lecture récente du livre de Philippe Herlin, Pouvoir d’achat : le grand mensonge, Ed. Eyrolles, 10 septembre 2018. Il fut précédé par une courte note publiée pour saluer le mouvement des Gilets jaunes. (Cette note est disponible à ce lien  http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-mobilite-budget-mal-ficele-et-volonte-de-rattacher-les-nouveaux-serfs-la-glebe-27-11-2018/ . Voir également les notes complémentaires en français dans la Catégorie « Ecomarxismo » du même site, notamment celles concernant les narrations fallacieuses du GIEC menaçant la fin du monde pour raboter encore les fins de mois … La mesure du CO2 utilisée par le GIEC pout apeurer le pauvre monde vient de l’observatoire de Mauna Loa à Hawaï, un des 16 volcans les plus actifs de la Planète, ce qui se passe de commentaire …)

Ce livre de Ph. Herlin arriva au bon moment, voyez plutôt la protestation citoyenne des « Gilets jaunes». Un des éléments clefs de ce livre utile est de rappeler la contribution de Jean Fourastié, particulièrement en ce qui concerne le concept de « pouvoir d’achat » et plus exactement de « niveau de vie ». Je passe sous silence le discours, pour moi confus mais que Herlin croit sans doute pondéré, au sujet du rôle de la concurrence comme régulateur socio-économique efficace. A l’époque du monétarisme triomphant, qui débouche aujourd’hui sur sa fin de cycle avec son désastreux cortège de privatisations et sa plus désastreuse encore définition de l’anti-dumping à l’OMC, cela convainc peu.

A la vérité Herlin y voit un moyen pour favoriser la productivité en brisant les avantages liés à certaines pratiques monopolistes et oligopolistes. Encore reconnaît-il que ce n’est pas toujours le cas. En fait, derrière cet acte d’équilibriste se cache son incapacité et celle de ses référents théoriques, dont Fourastié et Pareto, de conjuguer composition technique du capital et composition valeur d’échange du capital. La faillite de cette conjugaison est létale. Sur la base de la loi de la valeur de Marx, je suis le seul à pouvoir l’accomplir. Pour ce faire, il m’a fallu développer au préalable la théorie marxiste de la productivité en l’intégrant de manière entièrement cohérente dans la fonction de production immédiate – micro-économique – et dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie – soit l’équilibre général macroéconomique stationnaire ou dynamique.

Jean Fourastié ne parvint pas à offrir une théorie de la productivité cohérente. A la suite des historiens, en prévalence français, faisant la part belle à l’économie, il s’attacha à définir des séries statistiques fiables permettant de comprendre l’évolution des sociétés. Il se rabattit sur le « travail simple » de Adam Smith. Pour ce dernier la « pin factory » décomposait les métiers en tâches simples dans un vaste mouvement porté par l’industrialisation et le machinisme. En définissant le « travail simple », les métiers ou travaux complexes pouvaient être évalués en une somme de travail simple portant ainsi à une échelle salariale.

Fourastié suivit cette voie propre à l’économie politique classique d’avant Marx ; il prit donc le travail du manœuvre comme indicateur concret du « travail simple ». Il pensait tenir là un étalon de mesure invariable diachroniquement et synchroniquement. Déjà, dès le début des années 80, j’avais montré que ceci était faux, ce que Marx avait déjà démontré. La première forme publique achevée de ma démonstration se trouve dans mon essai Tous ensemble de 1998. (section Livres-Books de mon site jurassique www.la-commune-paraclet.com ) Le travail simple ne permet pas de rendre compte de la productivité micro-économique et de la compétitivité macro-économique. Comme nous le verrons plus bas, le concept opératoire est le travail abstrait, ce qui concrètement prend la forme du travail socialement nécessaire pour produire telle ou telle marchandise.

Herlin critique à juste titre la définition et l’évaluation du pouvoir d’achat par l’INSEE – les anglophones connaissent déjà les shadowstats qui donnent l’ « inflation » effective actuelle autour de 9 % aux USA. Il résume les problématiques : les composants qui entrent à tel ou tel moment dans le panier de consommation moyen servant à jauger le pouvoir d’achat réel – en fait, comme on le verra, à jauger l’« inflation » ; les effets de pondération émergeant par exemple du fait que plusieurs produits ont des élasticités données ; et enfin, Herlin a raison de le souligner, l’effet qualité des composants du panier, ce qui constitue une manière bien marginaliste de tenir compte de la productivité …

Herlin insiste à juste titre sur le fait que le panier de consommation n’inclut pas les cotisations sociales ni la part dévolue à la fiscalité. Répétons que le pouvoir d’achat sert pour évaluer l’impact de l’ « inflation », sa vocation de départ n’était pas d’évaluer le niveau de vie. Herlin montre l’incongruité de l’évaluation de certains produits par l’effet qualité, par exemple, les produits électroniques, mais il insiste surtout sur la sous-évaluation du poids réel du logement. Par le biais d’un supposé équivalent loyer, la part du logement dans le panier de consommation est  donnée à 6 % seulement!

Il propose donc de reprendre la démarche de Fourastié en remplaçant le travail du manœuvre par le SMIC afin de se donner le moyen d’évaluer plus justement le poids des principaux composants du panier de consommation moyen en fractions du SMIC. C’est une première approximation. Mais cela reste circulaire, le SMIC étant sujet à l’« inflation » tout comme les autres biens et services qu’il prétend mesurer en ses propres termes. Cette circularité est aggravée par le fait que le SMIC est un minimum horaire compatible aujourd’hui avec la précarisation à outrance de la force de travail, y compris dans ses formes les plus atypique, ce qui fausse toute la structure des prix « réels » ( ?) que l’on prétendrait dresser sur cette base « objective ». Je répète que, pour les économistes bourgeois,  le panier de consommation servait au départ à évaluer l’ « inflation » et non pas le pouvoir d’achat des salaires.

Le pouvoir d’achat de la monnaie et la mesure de l’ « inflation ».

Pour appréhender scientifiquement le sujet il faut tenir compte de sa genèse. Nous tenterons de montrer que le concept marginaliste de pouvoir d’achat est circulaire et que ce qui est communément appelé « niveau de vie » renvoie techniquement à la « structure de v » c’est-à-dire à la structure du capital variable, tant pour la fonction de production microéconomique que pour la fonction de production macroéconomique correspondant au capital social, soit à la somme du Secteur I des Moyens de production et du Secteur II des Moyens de consommation. Tout système économique doit se reproduire de préférence de manière positivement dynamique. Aussi, tout système de reproduction sera d’autant plus économiquement viable et cohérent, que sa « structure de v » en reflètera le plus fidèlement possible les composants systémiques liés à la consommation des ménages.

Pourquoi ne peut-on pas simplement exprimer le niveau de vie d’une personne en termes strictement monétaires ? Bien entendu parce que la monnaie est un équivalent général qui doit être elle-même évaluée selon un équivalent universel, soit la valeur d’échange de la force de travail, le seul équivalent universel qui existe dans le monde économique des marchandises , le monde de la valeur d’échange.

Les économistes bourgeois ont tenté de masquer cette réalité. En ce domaine, Irving Fisher est le plus grand falsificateur. Il fut un disciple de Böhm-Bawerk, le premier grand falsificateur de la critique scientifique de l’économie politique de Karl Marx. Il fabriqua de toute pièce le soi-disant « problème de la transformation de la valeur en prix de production ». (1) Irving Fisher se voulut disciple et continuateur. Böhm-Bawerk avait fait porter sa falsification sur la loi de la valeur du Livre I du Capital. Fisher tenta de falsifier le Livre III, celui que Marx consacra à la lutte des classes par laquelle la Reproduction Simple et Elargie, analysée dans le Livre II, était reformulée par la redistribution politique des ressources de la Communauté, en théorie du moins, en faveur de la Communauté, mais au sein du MPC selon une claire logique inégalitaire de classe. (2)

Le Livre III du Capital dont la publication advint après le décès de Marx est un recueil de manuscrits d’époques diverses. L’exposition de ce Livre III aurait été très différente sur nombre de points essentiels si Marx avait eu le temps de s’en charger lui-même. Quoiqu’il en soit, son idée maîtresse reste géniale, à savoir la lutte des classes comme moteur déterminant de la redistribution des richesses créées dans les paramètres définis par les Equations de la Reproduction Simple et Elargie exposées dans le Livre II. Ainsi est établie de manière scientifiquement élucidée  grâce à la critique de l’exclusivisme et à la loi de la valeur – les deux grandes contributions de Karl Marx – la compréhension de l’Histoire humaine, celle des luttes de classes, que Giambattista Vico avait découvert dans sa Scienza Nuova.

Pour Marx, les fondements de la lutte des classes réside dans les trois sources de revenus définissant trois grandes classes sociales, à savoir le salaire pour les prolétaires, la rente pour les « propriétaires terriens » et le profit pour les capitalistes. Marx n’ignorait pas les différences entre rente absolue et rente différentielle. Je renvoie à mon Tous ensemble pour le détail de cette question qui met également en cause le faux problème de la transformation des valeurs en prix de production, un faux problème dissipé par la théorie marxiste de la productivité que je fus le seul à démontrer en suivant la logique de Marx. Il reste que la transition du féodalisme agricole au capitalisme agricole se fit lentement, posant la difficile question de la coexistence à dominance de plusieurs modes de production et donc de l’alliance stratégique entre prolétaires et paysans.

Fisher quoiqu’Américain ne posa pas la question de la différence entre rente absolue et différentielle qui avait tant préoccupé Adam Smith et plus encore Ricardo et Torrens, ainsi que Marx … et Pierre-Philippe Rey à la suite du grand Louis Althusser. Ce qui importait pour lui c’était de supprimer la compréhension scientifique de la lutte des classes. Son travail consista donc à imaginer un « income stream » générique s’appliquant à tous indistinctement, patron, propriétaire foncier, paysan, ouvrier, ménagère etc. En supprimant les relations dialectiques expliquant la genèse de ces trois revenus selon Marx, il suffisait d’établir quelques règles comportementales simples et s’appliquant à tous – selon la présupposition d’une pérenne « nature humaine » – règles sensées gouverner ce flux de revenu (income stream). Ces règles consistent en préférence pour les investissements – évaluation du risque – selon un choix temporel supposant une anticipation des rendements sur le court, moyen et long termes.

Si, comme le démontre Marx, l’intérêt – classique – est déduit du profit (3) et si le profit correspond au surtravail imposé par le patron à ses travailleurs, alors la logique dominante sera celle de l’exploitation donc celle de la lutte des classe, de sorte que la logique générale induite par la falsification comportementale de l’« income stream » n’aura aucun sens. De fait, non seulement comme l’affirmait Keynes, un Etat ne gère pas son budget comme une famille victorienne mais, en outre, les penseurs antiques faisaient déjà une nette distinction entre l’économie familiale appelée économie et l’économie au sens moderne du terme jadis nommée chrématistique.

Dans sa falsification Fisher suivait la voie tracée par Jean-Baptiste Say sur la base de sa réinterprétation mystifiante de la théorie monétaire de Ricardo, culminant dans la paper currency. Elle consistait à masquer l’origine de la valeur d’échange – donc également du profit – nichée dans la spécificité du caractère dual de la marchandise « force de travail humaine ». Seule la valeur d’usage de la force de travail est capable de créer des valeurs d’échange en façonnant leur vecteur valeur d’usage. Cette falsification originelle de J.B. Say porta au concept marginaliste réducteur et univoque, l’utilité, exprimée uniquement en terme monétaire. En procédant de la sorte le facteur de production travail devenait un facteur de production comme un autre et pouvait être exprimé et échangé sous forme monétaire – bien entendu en faisant abstraction de son caractère humain et, en particulier du fait, qu’étant membre d’une espèce à reproduction sexuée, la reproduction du travailleur doit également tenir compte de sa reproduction humaine au sein d’un ménage dont la taille est variable.

Il fallut sortir du libéralisme classique fortement lié à la démocratie censitaire et cheminer vers un pluralisme politique mis en œuvre par la démocratie représentative bourgeoise – suffrage universel et secret – pour commencer à concevoir les trois composantes du « revenu global net » des ménages, dont le salaire individuel capitaliste – le salaire net sur la fiche de paie – n’est qu’un composant, les deux autres étant le salaire différé – pension, assurance chômage etc. –  et la part revenant aux ménages correspondant à l’accès universel garanti aux services et infrastructures publics financés par la fiscalité générale qui se développa au rythme de ce qu’il est convenu d’appeler l’Etat social ou Welfare State.

Fisher fut donc obligé de proposer une théorie monétaire compatible avec sa falsification de l’income stream. Sa soi-disant théorie quantitative de la monnaie est en fait très peu quantitative et totalement tautologique. Comme tant d’autres concepts fabriqués par les marginalistes, elle découle d’une manipulation du schéma de transformation simultanée de Tougan-Baranovsky. (4)

Tougan-Baranovsky tenta de résoudre le – faux – problème de la transformation de la valeur en prix de production en recourant aux équations quadratiques. Aux deux secteurs de la Reproduction Simple et Elargie de Marx, Secteur I des Moyens de production et Secteur II des Moyens de consommation, il ajouta donc arbitrairement un troisième Secteur nécessaire pour résoudre ses équations, celui de l’Or ou de la monnaie. C’est ici l’exemple le plus éclatant d’un Modèle occultant entièrement la réalité qu’il prétend analyser. De là vient la tautologie monétaire de Fisher, à savoir que la quantité de monnaie nécessaire est égale à la valeur monétaire des biens et services !!! Bien entendu il ajoute un peu de circulation mais seulement dans le sens connu alors pragmatiquement par les banques centrales émettrices de la monnaie métallique ou papier : le temps de retour après l’émission … Au niveau idéologique cette mystification avait l’avantage d’être congruente avec une autre ineptie marginaliste voulant que la quantité de monnaie nécessaire soit déterminée par l’Offre et la Demande dans un système donné, ici le système macroéconomique en trois secteurs.

Ce tour de passe-passe nous vaut quelques pages assez tristes ou très hilarantes selon le point de vue de chacun, dans lesquelles Fisher tente de montrer la différence entre une tautologie et ce qu’il prend pour une égalité. Or si A = A vous ne pouvez expliquer l’origine de A per lui-même. Une genèse est toujours une transformation. Mais ses maux ne finissent pas là. Avec une telle théorie monétaire le problème originel de la congruence entre le vecteur valeur d’usage et son expression monétaire en valeur d’échange revient avec vengeance sous la forme – pour lui générique – de l’inflation. Or, les grands prêtres marginalistes, s’ils désirent falsifier la réalité contre les marxistes pour mieux berner le peuple et les travailleurs, se doivent également d’être plausibles car ils doivent donner quelques règles opérationnelles aux tenants du système capitaliste, quitte à les réviser lorsque leurs narrations s’écartent fatalement trop de la réalité – ce qui est la fonction première des pseudo-prix Nobel d’économie destinés à légitimer ces recettes de cuisine adaptées de temps à autres selon les besoins. Par exemple, les comptabilités d’entreprise et nationale – PIB – sont le résultat de cette recherche d’une plausibilité opérationnelle. Comme chacun sait, elles ne valent guère plus.

Comment au sein de cette théorie univoque de l’utilité jauger l’écart entre la quantité de marchandises ou de biens et son expression monétaire – ou entre valeur d’usage (vu) et valeur d’échange (ve) ? Voilà Fisher lancé dans une de ses obsessions, surdéterminées par sa falsification initiale, à savoir celle des indices. Le premier qu’il tente de construire et sur lequel il reviendra sans cesse – on le comprend … –  est le panier de consommation ou Consumer Price Index. Il s’agit-là d’un autre typique « machin » circulaire. L’ennui avec la théorie quantitative de la monnaie d’Irving Fisher, reprise par tous les économistes bourgeois, c’est qu’ils la conçoivent comme un marché de la monnaie déterminé par l’Offre et la Demande, avec tous les problèmes ex ante et ex post que cette procédure marginaliste entraîne.

On sait que pour dresser la courbe de la demande il faut préalablement donner les barèmes de l’offre en prix (!), et inversement pour la courbe de l’offre. Croisez maintenant les deux courbes ainsi obtenues – hi-han ! – et vous voilà fier possesseur du juste prix de marché apparaissant à l’intersection des deux courbes. En outre, il est clairement faux d’affirmer que selon la « loi du marché », là où existe une demande il y aura forcément une offre correspondante au juste prix. Ceci n’est vrai que lorsque la demande est solvable. La société capitaliste, qui n’a jamais été aussi productive qu’elle ne l’est aujourd’hui, concilie de gigantesques gaspillages, parfois sous forme d’ « empreinte écologique » – voir celles de Al Gore et de Hulot, par exemple – avec l’insatisfaction chronique des besoins sociaux essentiels pour la majorité de la population désormais victime « une fois encore » de l’affirmation d’une intolérable inégalité philosémite nietzschéenne. (5)

De fait, cette procédure des courbes de l’Offre et de la Demande ne peut jamais donner simultanément la quantité et la valeur, ce qui devrait être assez gênant pour une soi-disant théorie quantitative de la monnaie. Sa circularité est encore aggravée par le fait qu’elle s’avère ontologiquement incapable d’expliquer la genèse des inflations. Le fait que Fisher consacre autant de temps à développer des indices nécessairement exogènes et historiquement construits, montre bien qu’il n’est pas dupe du fait que le marginalisme est incapable de donner quantité et prix simultanément ou, pour le dire autrement, qu’il est incapable de distinguer entre économie réelle et économie spéculative.

On sait ce que cela donne à une époque de spéculation hégémonique durant laquelle le taux d’intérêt spéculatif pose comme un taux de profit à part entière, phagocytant ainsi toute l’économie réelle (ex l’insoutenable Roe). D’ailleurs  les économistes bourgeois ne parlent de l’inflation qu’au singulier, tout au plus dernièrement font-ils la différence entre le niveau qu’elle atteint pour ses différents composants – inflation, core inflation … Bien entendu, cette fâcheuse conséquence vient du fait que son « income stream » confond allègrement salaire, profit et rente. Nous y reviendrons par la suite mais il suffira de noter ici que la masse salariale réelle ou sociale suffit avec ses rotations pour assurer tous les échanges nécessaires à la reproduction réalisée dans le cadre contraignant des Equations RS-RE, c’est-à-dire pour l’équilibre général stationnaire ou dynamique.

Comme immanquablement la réalité s’écarte de la narration, pour conserver une plausibilité à sa falsification de classe Fisher sait qu’il doit inventer un truc pour rendre compte de l’inflation. De fait, il en invente deux : Le Consumer Price Index et pour les séries statistiques sa fameuse Fisher Chain qui prétend corriger les prix pour l’inflation avec le CPI pour aboutir à de supposés prix constants qui seuls permettent la comparaison, à défaut de quoi cela reviendrait à comparer des pommes et des oranges.

Le raisonnement étant circulaire, il convient de se demander comment est construit cet indice ? Simplement en se donnant une année de base sans trop se creuser les méninges sur son expression « prix ». Donc, sans pouvoir réellement la corriger. Pire, dans le cadre de la logique induite par l’income stream, tous les agents économiques sont supposés se livrer à des calculs d’anticipation de revenus par rapport aux investissements consentis. Tout ceci dans le cadre de la logique du marché qui inclut le marché de l’offre et de la demande pour la monnaie.

Dans de tels paramètres l’inflation déclenchera forcement une spirale inflationniste impossible à contenir. Surtout à partir du moment où le système bancaire fractionnaire se met en place. A partir de là, le seul remède aux bulles causées par la spirale inflationniste et par ses anticipations moutonnières induites, est la purge par la crise. C’est d’ailleurs bien pourquoi en 1913 se met en place le Système de la Réserve Fédérale aux USA avec des mandats précis, à savoir sur la base de son monopole de la monnaie légale – legal tender – gérer son émission et sa circulation pour soutenir l’activité économique – dont l’emploi – et contrôler l’inflation.

Bien entendu, la FED – pas plus que les autres banques centrales bourgeoises – ne fut jamais capable de définir ni de contrôler l’inflation et moins encore de lisser les Trade cycles. ((6) je renvoie ici à l’admission de Janet Yellen …) En effet, la gestion de la FED et des banques centrales bourgeoises reste prisonnière de la théorie fisherienne – le réglage par l’offre et la demande de monnaie.

En fait, la confusion mystifiante entre monnaie et crédit porte les banques centrales bourgeoises à développer des agrégats monétaires dans l’espoir vain de les gérer plus finement mais toujours dans l’optique restrictive de classe. Ainsi, en regard des Trades cycles – une expansion sectorielle allant de pair avec une contraction sectorielle – les taux d’intérêts directeurs constituent un facteur aggravant pour l’inflation et les bulles spéculatives. Le remède ne peut être que la planification de la croissance selon une expansion sectorielle proportionnellement symétrique dans les divers secteurs et sous-secteurs selon les paramètres fournis par les Equations de la Reproduction Simple et Elargie. Mais cette gestion bourgeoise aveugle est nécessaire pour respecter l’égalité formelle de tous, riches ou moins riches, par rapport à l’accès à la « monnaie », entendue ici de manière générique sans distinction avec le crédit. On aura compris que dans ce domaine la démocratie bourgeoise est restée ce qu’elle était à l’origine, à savoir une démocratie censitaire.

Irving Fisher en fit d’ailleurs l’amère expérience car, ayant hérité d’une grosse fortune dans sa jeunesse, il finit ruiné après avoir eu tort dans toutes ses prévisions économiques, notamment sur l’irruption de la Grande Dépression et sur la fameuse Récession dans la Dépression de 1936-1937 durant le New Deal. Si le faussaire Nietzsche finit pendu fou au cou du canasson blessé en implorant « Pitié ! Pitié ! Pitié ! », le faussaire Irving Fisher ruiné se fit l’apôtre de la pseudo-théorie du 100 % Money qui, non seulement ne résoudrait rien du tout mais freinerait fortement la croissance économique. En effet, à la confusion marginaliste de départ entre monnaie et crédit, elle ajoute celle de l’épargne et de l’investissement, double et lamentable confusion que partage tous les économistes bourgeois sans exception. Les contributions du faussaire Irving Fisher sont aujourd’hui adoptées par tous les économistes bourgeois à quelques nuances près mais personne n’insiste sur leur origine vu le sort lamentable mais emblématique du personnage.

Le panier de consommation selon l’INSEE.

Philippe Herlin attache une grande importance au « pouvoir d’achat ». « Et ce pouvoir n’est pas offert –note-t-il – c’est celui que l’on obtient par son travail, par ses revenus; il active en conséquence immédiatement son inverse : la frustration » (p 9). Il sert également à calibrer nombre de décisions et d’anticipation capitalistiques, dont les augmentations salariales et celles des retraites, qui aujourd’hui peinent à suivre le taux d’inflation programmé.

Herlin rappelle que « Lors de sa création en 1945, l’organisme statistique reprend un indice constitué de trente-quatre articles : vingt-neuf denrées alimentaires, quatre articles de chauffage et d’éclairage, un article (le savon) pour l’entretien ménager, et c’est tout. Rien pour les produits manufacturés et les services. Mais dès 1949, l’indice s’étoffe avec 213 articles, il grandira encore ensuite, notamment en 1970 et désormais c’est à chaque mois, plus de 200 000 prix relevés sur le terrain, 180 000 tarifs collectés, environ 1 000 familles de produits et services suivies dans 30 000 points de ventes. » (p 18)

Outre le choix de ses composants le panier de consommation moyen est soumis à un « effet de pondération » des composants retenus selon l’évolution des prix. Par exemple, si l’augmentation du prix d’un article entraîne une baisse perceptible de sa consommation, l’INSEE le constate « et diminue en conséquence sa part dans le calcul de l’indice.» (p 19) En outre « … les produits composant l’indice sont tenus secrets, on ne connaît que les catégories mais pas les biens et services précis. » (p 20-21) Surtout ajoute Herlin « … comme le précise l’INSEE, sont exclus de l’indice : « Les impôts directs, les cotisations sociales, les intérêts (dont ceux du crédit à la consommation )»  car ils « sont naturellement des charges des ménages. Mais ces charges ne sont pas des achats de consommation et il est en outre difficile, sauf pour le crédit, d’y décerner des prix. » (p 21)

Je souligne de nouveau que l’indice – et son panier – a pour vocation de jauger l’inflation et non pas le pouvoir d’achat des ménages, confusion générale à laquelle succombe Herlin. Le pouvoir d’achat de la monnaie est distinct de celui des ménages. Nous y reviendrons plus bas. Qu’il suffise de noter ici que le salaire capitaliste net – la fiche de paie nette dépurée des cotisations sociales et des impôts – induira un meilleur pouvoir d’achat et surtout un choix de consommation personnel accru plus l’accès universel aux services sociaux et aux infrastructures publiques sera  assuré par des régimes publics gérés selon une logique solidaire et mutualiste. De fait, depuis les années 80, l’inflation est jugulée mais le pouvoir d’achat réel des ménages augmente peu ou décroît pour les couches de la population plus précarisées, du fait du démantèlement progressif des programmes sociaux..

La composition et la pondération du panier définies restrictivement par les économistes bourgeois ne sont pas anodins : Herlin fait remarquer à juste titre que le logement n’y est inclus que par la bande, par le biais d’un équivalent loyer estimée à 6 % du panier. Bien entendu, la part moyenne est plus proche des 25 % et même plus dans certaines villes. Le mètre carré dans la Capitale est évalué en moyenne à 9 000 euros et plus. Il est vrai qu’un effort est fait pour définir un indice harmonisé. Reste néanmoins, ainsi que le fait à juste titre remarquer Herlin, que le logement est évalué en Allemagne selon l’estimation du loyer que les propriétaires se paieraient à eux-mêmes aux conditions du marché. Ce qui produit un taux d’inflation plus élevé, soit 3,7 % en 1993 contre 2,1% en France la même année. (p 26)

A « l’effet pondération » l’INSEE ajoute « l’effet qualité ». Herlin a parfaitement raison de souligner les biais ainsi introduits. C’est le cœur de sa critique car elle met en cause la productivité et la nécessité de mesures plus objectives permettant de faire mieux coïncider la narration statistique avec les perceptions vécues des consommateurs. « Prenons un exemple : le nouvel iPad d’Apple coûte le même prix que l’ancien mais – attention – comme il est plus puissant que le modèle précédent, l’INSEE considère que « vous en avez plus pour votre argent » et inscrit dans sa base un prix en baisse, inférieur au prix affiché. De cette façon, les biens technologiques (téléphone, Internet, télévision, etc.) tirent vers le bas l’indice des prix. » (p 26) Tous les produits ou presque sont concernés , « l’automobile, les services, les vêtements, l’alimentation etc. » (p 27)

De plus, tous les ans près de 50 % des produits de l’indice sont remplacés de sorte que l’effet qualité généralisé concerne ¼ du panier. (p 27) ce qui induit une hausse moindre de l’IPC.

On sait que le Commodore 64 mettait à la disposition de ses utilisateurs un pouvoir de calcul supérieur à celui du Projet Manhattan bien que cet ancêtre du PC fonctionna surtout comme une machine à écrire connectée. Pour un produit identique ou largement élastique, une hausse de productivité devrait porter à une baisse proportionnelle du prix unitaire. Clairement un effet qualité est plus facile à repérer pour les intrants du procès de production que pour le panier de consommation. De fait, même Solow exprima des doutes sérieux sur l’impact des IT sur la productivité. Souvent l’effet qualité est purement subjectif ou pire encore le résultat de simples changements relevant plus de l’apparence que de la substance. Ceci est bien connu pour nombre de produits pharmaceutiques pour lesquelles tout change sauf les molécules actives, afin de renouveler les protections liées aux brevets. Herlin n’a donc pas tort de chercher une autre méthode d’évaluation de la part respective des composants du panier. Voyons comment il s’y prend en notant toutefois que ce faisant il déplace le problème de l’inflation sur sa supposée conséquence en terme de consommation.

Le panier de consommation selon Herlin.

Herlin rend un bel hommage à Jean Fourastié dont il déplore l’arrêt du groupe de recherche sur l’évolution des prix en 1978 lorsque Fourastié pris da retraite. (p 44) Il se propose d’en émuler ce qu’il nomme « la méthode des équivalents réels ». (p 41) Pour lui, il s’agit donc de répondre à la question : « Combien faut-il de temps de travail pour acquérir tel ou tel produit. » (p 40) Le travail du manœuvre de Fourastié prend donc naturellement la forme du salaire minimum ou SMIC. D’autant plus qu’il reconnaît à bon droit : « qu’il n’existe pas de valeur parfaitement neutre, même pas l’Or. Il faut donc s’intéresser à l’histoire du salaire minimal » (p 45)

Pour peu que l’on laissât de côté le glissement du pouvoir d’achat de la monnaie proprement dite au pouvoir d’achat du/des salaire.s, ici est nichée la faille de l’argument. Il porte sur l’évaluation du pouvoir d’achat selon un étalon sinon invariable du moins stable dans le temps. Herlin le sait puisqu’il ajoute immédiatement après : «  A certaines périodes, le SMIC a augmenté plus rapidement que le reste des salaires, à d’autres moins. Il faut le savoir même si, en définitive, cela aura peu d’influence sur le pouvoir d’achat, nous aurons l’occasion de le voir. » (p 45) En gros, si j’ai bien compris, pour bien saisir l’évolution statistique du pouvoir d’achat du SMIC, il faut réussir à avoir une idée subjective de cette évolution histoire, bref on tourne en rond.

Les lecteurs du Livre I du Capital se remémoreront l’analyse essentielle que Marx expose en distinguant « équivalent particulier » – n’import quelle marchandise peut jouer ce rôle – « équivalent général » – l’or, l’argent et la monnaie soit des marchandises faciles à transporter et à manipuler et surtout à diviser sans qu’elles ne changent de nature dans leurs parties aliquotes – et l’ « équivalent universel » pouvant donc servir d’étalon de mesure pour toutes les marchandises et lui-même en tant que marchandise, en définissant ainsi scientifiquement leur commensurabilité. Seule la force de travail peut servir comme équivalent universel étant le seul vecteur valeur d’usage capable de transformer les autres valeurs d’usage pour en faire des marchandises, c’est-à-dire des catégories appartenant au monde économique défini par la valeur d’échange. Le salaire minimum est une approximation de cet équivalent universel mais uniquement une approximation.

Nous verrons par la suite pourquoi et comment, en tenant compte de la théorie scientifique de la productivité – que Fourastié pas plus que Herlin aujourd’hui ne contrôlait – il convient de remplacer la référence au travail du manœuvre par celles du travail abstrait et du temps de travail socialement nécessaire, la commensurabilité s’opérant par le temps de travail unitaire nécessaire à la production de chaque marchandise.

Voici donc la définition opératoire de Herlin : « Le prix réel d’un bien s’obtient en division son prix constaté par le SMIC de l’époque » (p 105)

Ceci donne une évaluation comparative en fractions de SMIC mais en corrigeant de temps en temps selon son évolution. Le SMIC pouvant varier pour des raisons économiques liées au partage des gains de productivité ou bien pour des raisons politiques, tels les coups de pouce !!!

Ces approximations néanmoins utiles sont résumées dans deux tableaux récapitulatifs couvrant la période 1965-2015. (pp 95-98)

Voici le premier :

Voici le second :

De manière évidente Herlin sent bien que son étalon est élastique. Pour éviter de tourner en rond il se réfugie dans une apologie de la concurrence seule capable à ses yeux d’assurer « le progrès technique ». Il pose l’équation « pouvoir d’achat = progrès technique » puis il en appelle à cette citation de Fourastié : « Le progrès technique est pour le niveau de vie, le facteur crucial » (p 112) Il le fait sans se rendre compte de la confusion entre « pouvoir d’achat » et « niveau de vie ».

La concurrence devient donc le démiurge qui assure le progrès technique, donc la productivité. Il affirme : « Le progrès technique ne tombe pas du ciel, il faut un contexte concurrentiel. » ( p 112) Il ajoute très sagement : « La seule augmentation des salaires ne peut suffire à accroitre le pouvoir d’achat, si elle ne s’accompagne pas d’une hausse de la productivité. D’ailleurs, une augmentation trop rapide du SMIC – supérieure au salaire médian – se traduit … par une augmentation du nombre de salariés payés au salaire minimum. » ( p 113) Voilà Herlin bien assis entre deux chaises, une concurrence démiurge et un SMIC en partie décidé politiquement.

Mais il est Français et de surcroît il a lu Fourastié. Aussi s’il juge la « concurrence trop souvent entravée » (p 121) il insiste également sur « les ratés de la concurrence » (p 139) dus au monopole et à l’oligopole, au capitalisme de connivence, à une conception – européenne – simpliste qui empêche l’affirmation de « champions nationaux », à  « la naïveté face à la concurrence internationale : beaucoup de pays ne jouent pas le jeu et faussent les règles à leur avantage » ( p140) enfin à « la bureaucratisation : dans ce domaine, l’Union européenne fait très fort avec une accumulation de textes au juridisme excessif, qui avantage de facto les grandes entreprises … » (idem)

Bref, nous avons déjà souligné le fait qu’il ne distingue pas entre composition technique et composition valeur du capital, nous constatons ici que cette confusion s’aggrave par le fait qu’il ignore les lois de motion du capital, la centralisation et la concentration, ou, en termes marginalistes, la logique des économies d’échelle et des fusions. En outre, si la productivité doit être liée à la hausse du « pouvoir d‘achat des salaires » il conviendrait d’en partager les gains. Le lecteur de Fourastié constate que « Ce partage (de la valeur ajoutée ) est de l’ordre de deux tiers pour le travail et d’un tiers pour le capital . » (p116) Bien entendu, ce rapport s’étant détérioré au désavantage des travailleurs, voilà Herlin embarqué dans le wagon monétariste de l’Etat minimum qu’il ne soupçonne pas un seul instant d’être au service de la concurrence et de la spéculation qui sont les vrais agents de cette détérioration anti-économique. Aussi incroyable que cela puisse paraître en ces temps de fiscalité régressive et anti-constitutionnelle, voici Herlin affirmant un credo que Fourastié trouverait bien étrange lui qui chanta les prouesses socio-économiques des « Trente glorieuses » : « On veut occulter l’importante captation qu’opère l’Etat sur la richesse créée par les entrerpises, comme s’il fallait rester dans une opposition frontale entre les salariés et les patrons, mais sans s’interroger sur le niveau de la dépense publique … » (p 117) Ainsi le mauvais partage de la valeur ajoutée serait dû à la taille excessive – selon quels critères ? – de l’Etat !!!

Cette attaque du rôle de l’Etat peut sembler contradictoire puisque l’efficacité de la régulation socio-économique incarnée par la Planification indicative et incitative, dite à la francaise, a malheureusement été remplacée par la LOLF reaganienne-monétariste de De Boissieu qui fut le complice de Jeffrey Sachs dans la destruction de la Russie du pitre Eltsine. On sait que Sachs dût changer le nom de sa boîte pour effacer ses traces et échapper ainsi à d’éventuelles poursuites. La contradiction pourrait sembler plus forte encore si l’on tient compte du fait que Herlin a souligné la non-prise en compte par l’INSEE des cotisations sociales – i.e. l’épargne institutionnalisée qui joue un des rôles majeurs et plus fortement anti-cycliques dans la régulation économique – après avoir souligné la sous-évaluation de la part du logement dans le panier moyen.

La foi ne connaît pas la contradiction. Bien que Herlin prenne dûment note du fait qu’il y a en France 2,6 millions de logements vides dont 1 million en Île de France, il s’en prend néanmoins « la loi SRU obligeant les communes de plus de 3 500 habitants à avoir 25 % de logements sociaux ( ce qui ) constitue un impôt déguisé : le promoteur revend couramment à perte les logements sociaux de son opération, et doit donc se rattraper sur les logements vendus sur le marché . » ( 146)

Bien entendu, ce problème ne prendrait pas cette allure si l’Etat lui-même ne s’était pas dégagé de la construction du logement social nécessaire et de plus en plus de la gestion des HLM existants ; ou encore si l’Etat n’avait pas permis l’entrée massive de la spéculation – equity funds etc – dans le secteur, ce qui pousse les loyers à la hausse tout en vidant le cœur des villes de leurs couches populaires. On dénonce à juste titre les « marchands de sommeil ». La chose étant aggravée aujourd’hui par la facilité avec laquelle les cours appuient ces spéculateurs en forçant l’évacuation et la mise à la rue des occupants moins pécunieux. On ne s’étonne donc pas lorsque Herlin pousse son raisonnement en faveur de la dérèglementation des taxis et ainsi de suite …

Le pouvoir d’achat de la monnaie selon la théorie quantitative scientifique – marxiste – de la monnaie.

On a vu que malgré la confusion d’Herlin, le pouvoir d’achat de la monnaie est lié à l’IPC. Les marginalistes conscients des défauts de leur narration tentaient ainsi de se donner des séries en prix « constants » suffisamment plausibles pour appuyer les prises de décision des agents économiques, notamment dans leurs anticipations. Pour comprendre la supercherie, il suffira ici de rappeler que la monnaie a pour eux un prix déterminé par le marché soit l’Offre et la Demande de la monnaie, mais néanmoins ce juste prix de marché doit être corrigé rétroactivement par l’IPC … (Cela ne semble gêner personne.)

Du point de vue scientifique, donc marxiste, parler du pouvoir d’achat de la monnaie revient à commencer par la fin. En effet, la théorie quantitative scientifique de la monnaie nous dit qu’il existe une distinction primordiale entre la monnaie servant à effectuer les échanges et le crédit qui, pour sa part, est une anticipation des investissements. La monnaie, équivalent général, sert à faciliter les échanges économiques permettant de faire circuler les marchandises tout en réalisant leur valeur d’échange afin de permettre la reproduction du système de manière stationnaire ou dynamique. Elle nous dit également qu’il existe deux masses monétaires, réelle ou sociale, nécessaires et suffisantes pour assurer tous les échanges d’un système économique donné sans ralentissement arbitraire. Le système de reproduction stationnaire – Reproduction Simple (RS)– étant :

SI        =  c1 + v1 + pv1 = M1

SII       =  c2 + v2 + pv2 = M2

Capital social = (c1+c2) +(v1+v2) + (pv1 + pv2) = (M1 + M2)

Les Equations de la RS étant :

c2 = (v1 + pv1)

M1 = (c1 + c2)

M2 = (v1 + pv1) + (v2 +pv2)

La masse monétaire réelle nécessaire et suffisante aux échanges est égale à la masse salariale réelle, ici (v1 + v2) dans le capital social.  Les échanges sont toujours et par définition bilatéraux, de sorte que le nombre de rotations de cette masse salariale réelle sera :

S = masse monétaire = masse salariale réelle.

R = nombre de rotations; R = C/v + pv/v – où C =(c +v) ici dans la fonction de production du capital social

(M1 + M2) €  = valeur en euros du produit total = S x R

Dans cet exemple, les deux fonctions de production sectorielles SI et SII – sous lesquelles tous les autres sous-secteurs et branches peuvent être rangés, les filières étant trans-sectorielles – produisent dans les mêmes conditions, soit la même composition organique du capital (v/C où C = (c+v)) et le même taux de plus-value ou d’exploitation du travail (pv/v).

En supposant ici le plein emploi, la valeur d’échange de la force de travail – l’équivalent universel – est égale à sa valeur monétaire – équivalent général – donnée par la masse salariale réelle. Dans un tel système, le rôle de la Banque centrale consiste uniquement à émettre les dénominations monétaires suffisantes et nécessaires pour assurer tous les échanges sans friction inutile, donc à émettre la juste quantité de S en tenant compte des rotations. Le crédit public devrait relever de la Planification et des ministères de tutelles des secteurs et branches, en respectant une allocation symétriquement proportionnelle définie par les Equations RS-RE, entre secteurs selon les priorités fixées par la Reproduction Elargie.

Nous avons montré, par exemple dans Tous ensemble et plus encore dans le Précis d’économie politique marxiste – v. la section Livres-Books de mon site jurassique www.la-commune-paraclet.com – que l’introduction d’une hausse de productivité dans un seul secteur ne change rien à la cohérence du système RS présenté, puisque la modification de la composition organique due à la hausse de la productivité  modifie de manière proportionnellement inverse le taux de plus-value. La théorie marxiste de la productivité – qui m’est due – dissipe ainsi le faux problème de la transformation des valeurs en prix de production et bien d’autres faux problèmes, par exemple celui d’une tendance à la baisse du taux de profit en abstraction de la tendance contraire pourtant exposée par Marx dans son Livre III du Capital. En effet, il convient de ne pas confondre taux et volumes de profit. Bref, conceptuellement parlant, le cas de secteurs partageant les mêmes conditions n’est plus à considérer comme un cas spécial, puisque la cohérence est maintenue avec la théorie scientifique de la productivité.

Une hausse de la productivité implique que la fonction de production modifiée pour v/C et pv/v sera capable de produire plus d’un même produit ou d’un produit très élastique en un même temps de travail. Concrètement parlant, cela signifie que l’on produira plus avec moins de travailleurs physiques, la productivité intensifiant structurellement le travail des travailleurs employés. (7)

La productivité est une intensification structurelle du travail causée par une meilleure composition organique du capital – nouvelles techniques, organisation du procès de production immédiat plus efficace, etc. Cela étant, il est clair que l’augmentation incessante de la productivité, inévitable dans un régime concurrentiel – et de toute manière également recherchée dans un mode de production socialiste pour libérer le temps de travail en le raccourcissant – contribuera à « libérer » nombres de travailleurs. Ces derniers seront réduits au chômage, du moins si l’introduction de nouveaux secteurs ou de secteurs intermédiaires ne permet pas leur « déversement » (A. Sauvy) productif ou bien tant que les diverses formes de RTT n’auront pas contribué à le résorber.

Avec le développement du système capitaliste, nous assistons à deux phénomènes parallèles, l’exode rural et le remplacement accéléré de la famille élargie par la famille nucléaire. Se pose alors directement le problème du soutien, au moins minimum, des populations actives réduites au chômage – « through no faults of their own » comme disaient à juste titre les travailleurs industriels américains réclamant leurs justes droits dans les années 20 et 30.

La solution capitaliste à ce problème, motivée par la volonté récurrente de réduire les classes laborieuses au minimum physiologique, consista à faire payer les travailleurs eux-mêmes – ce qui est bien montré entre autres par le pitre Solow avec son « razor-hedge equilibrium » conçu pour re-normaliser les tendances sociales du keynésianisme appuyées par la défense des droits sociaux conçus comme droits fondamentaux par Lord Beveridge. Mais ceci était également accompli de manière plus mystifiée par le biais de la gestion monétaire instrumentant l’inflation. Cette stratégie inflationniste était plus efficace avant l’institutionnalisation du salaire différé dans ses formes fonds de retraite et fonds d’assurance-chômage, l’organisation publique du salaire différé contribuant à en diminuer fortement les effets néfastes.

Pour rendre compte de l’Armée de réserve, la masse salariale réelle (S) se transforme en masse salariale sociale (Ss). Une émission supplémentaire de l’agrégat monétaire de base s’ajoute donc à S selon des critères bien définis et soigneusement enrobés de morale bourgeoise. Pour soi-disant éviter d’inciter à l’oisiveté – lisez : pour forcer les chômeurs à accepter n’importe quel travail au plus bas prix – le soutien aux chômeurs est maintenu en-deça du plus bas salaire de la population active – ou salaire minimum lorsque celui-ci existe –, ce dernier devant osciller pour les mêmes raisons bourgeoises autour du niveau physiologique.

Si, en suivant Marx, nous définissons les chômeurs dans le MPC comme Armée de réserve du capital (AR) nous obtenons ceci :

Supposons un système RS A de départ dans lequel SI et SII opèrent selon la même v/C et le même taux pv/v., nous aurions en A:

            SI : c1:80€        v1:20€                       pv1:20€                       = M1:120€

80Mp/80h       20Mp/20h                  20Mp/20h                     =    120Mp/120h

           SII: c2:40€         v2:10€                      pv2:10F€                    = M2:60€

40Cn/40h         10Cn/10h                   10Cn/10h                     =     60Cn/60h

(v1+v2) = 30

Ici un Cn valant un Mp et les conditions productives étant identiques, le travail est d’emblée du travail homogène selon la terminologie d’Emmanuel Arghiri (ce que Marx appelle “travail abstrait”) et donc immédiatement comparable. Montrons qu’il en va de même lorsque la productivité diffère d’un secteur à l’autre à condition d’en respecter la règle.

Soit donc le système RS A’ tel que la productivité se serait approfondie de 1/4 en SI; nous aurions:

SI : c1:84 €        v1:16€                      pv1:20€                       = M1:120€

105Mp/84h     20Mp/16h                  25Mp/20h                     =    150Mp/120h

SII : c2:36€        v2:9€                        pv2:9€                         = M2:54€

36cn/36h          9cn/9h                 9Cn/9h                   =    54cn/54h    (45Mp)

(v1+v2) = 25 (AR vaut en euros = 2.5 en supposant que les travailleurs « libérés» reçoivent  une aide de ½ du salaire des travailleurs actifs.

La masse salariale réelle S tenant compte de AR devient donc la masse salariale sociale Ss = 25 euros + 2.5 euros = 27.5 euros.

Le taux d’inflation structurel, le principal taux d’inflation, est défini par Ss/S soit 27.5/25 = 1.1.

Les échanges via les rotations de la masse salariale sociale généralisent l’inflation sans changer le contrat de travail, de sorte que l’on aura le schéma prix suivant :

SI : c1:92.4 €    v1:17.6€                   pv1:22€                         = M1:132€

105Mp/84h     20Mp/16h                  25Mp/20h                     =  150Mp/120h

SII : c2:39.6€    v2:9.9€                     pv2:9.9€                        = M2:59.4€

36cn/36h          9cn/9h                 9Cn/9h     =    54cn/54h             (45Mp)

Explication : Le salaire est toujours versé à la fin du procès de production. Il est versé en monnaie dont la somme est censée correspondre aux stipulations du contrat de travail. Le total (v1 + v2) en Cn se répartit par le biais des échanges entre (v1, v2 et Ar) et, ce faisant, généralise l’inflation au système entier. Ainsi v1 devait pouvoir acheter 16 Cn , mais du fait de l’inflation son salaire nominal n’en acquerra plus que 14.54 Cn ; de même v2 achètera 8.18 Cn au lieu de 9 Cn et AR recevra 2.27 Cn.

Tant que les salaires ne seront pas indexés au taux d’inflation, ici le taux structurel, ils seront inexorablement rabotés, cycle de reproduction après cycles de reproduction. Bien entendu, les éventuelles hausses salariales viendront mitiger ce rabotage systémique. En effet, au cycle prochain, les rapports essentiels, v/C et pv/v, restent inchangés de même que le contrat de travail par lequel v1 est censé recevoir 16 Cn et v2, 9Cn.

La cruciale conquête populaire permettant le passage historique incorporant le salaire différé – et les impôts – à la fiche de paie brute par le contrat de travail offre la solution du problème en termes réels. Mais ceci est vrai uniquement s’il est suffisant pour couvrir les besoins, en particulier ceux du régime de pension et de l’assurance chômage. Ceci est transparent avec le système par répartition, quoique les systèmes contributoires publics – non joués en bourse … – jouent le même rôle. Au demeurant, ces derniers permettraient la constitution de Fonds Ouvriers capables d’accumuler un capital public permettant de transformer la propriété privée en propriété publique ou coopérative très rapidement ainsi qu’il fut expliqué dans mon Tous ensemble s’inspirant ici de R. Meidner. La transition serait vite accomplie si on songe aux 20 milliards annuels du CICE transformés en exonération de cotisations sociales. Quoiqu’il en soit, une indexation résiduelle ou une juste hausse des salaires seront toujours nécessaires, ne serait-ce que du fait de l’existence des autres formes d’inflation.

Avec le MPC, ces correctifs ne sont mis en œuvre que de manière empirique et aveugle, suite aux pressions populaires, syndicales et politiques. La logique capitaliste est réifiante, inhumaine ; elle s’obstine à traiter le travailleur comme un simple facteur de production échangeable à tout moment sous sa forme monétaire – y compris désormais sur le marché boursier global. Témoin l’impitoyable suppression a-économique des filets sociaux par les monétaristes et néolibéraux actuels, en tout premier lieu les régimes de pensions et d’assurance-chômage désormais de plus en plus privatisés. Notons que le régime par répartition fut adopté suite à la ruine en bourse des systèmes alors existants durant les années 30.

Reste à expliquer le faible taux d’inflation actuel. Il est bien dû à la falsification statistique comme le montre les shadowstats ou Herlin. Mais il n’aura échappé à personne que la bataille monétariste contre l’inflation suivit le démantèlement sauvage des programmes sociaux et l’adoption du workfare par Reagan, aussitôt imité partout ailleurs. Aujourd’hui, même l’inflation officiellement programmée n’est plus compensée ; les retraités le  savent puisque désormais leur compensation sera d’un maigre 0.3%.

Dans Tous ensemble j’ai noté que ce taux d’inflation structurel transforme l’équilibre valeur en un « équilibre valeur-prix » qu’il est toujours possible de corriger par le retour au plein-emploi soit par le déversement soit par la RTT dans la mesure où le taux d’échange reflétant la productivité microéconomique et la compétitivité macro-économique le permet. On remarquera qu’en connaissant la genèse des inflations, on peut remonter à l’expression valeur d’échange sous-jacente. Les prix constants marginalistes et fisheriens sont donc bien une foutaise découlant d’une série de falsifications consciemment accomplies.

Au sein du MPC cette inflation structurelle – ainsi que les autres inflations monétaires – permet tout simplement de faire payer le maintien de la force de travail non-active à la force de travail active sans passer par la redistribution plus politiquement risquée de la « plus-value sociale » sous la forme du salaire différé et des autres filets sociaux. Ceci s’accomplit automatiquement par la dévaluation monétaire réalisée dans les échanges face à une valeur d’échange totale inchangée.

Nous avons dit qu’il existe d’autres formes d’inflation que l’inflation structurelle. Nous renvoyons ici à notre Précis d’économie politique marxiste.  Nous nous bornerons à mentionner brièvement le rôle de la concurrence dans la production des écarts entre valeur d’échange et prix, en renvoyant au même ouvrage librement accessible dans la section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com.

Prenez notre schéma marxiste canonique en deux Secteurs des Mp et des Cn. On sait que la cohérence de ce schéma est résumée par les Equations de la RS-RE pour le cycle entier de reproduction. En fait ces Equations formalisent ce que Marx avait génialement énoncé comme demande sociale dans ses Manuscrits parisiens de 1844. Une planification conséquente tiendra compte de ces Equations pour les anticipations liées aux investissements nécessaires à la Reproduction Elargie. Soumettez maintenant les deux fonctions de production en SI et SII à la concurrence, c’est-à-dire à des choix peu coordonnés – sauf par d’éventuelles études de marché – et principalement motivés par la concurrence intra-industrie. La recherche de la productivité individuelle sera le moteur principal de cette concurrence. Mais le résultat des productions ne sera jamais optimum par rapport aux contraintes de la RS-RE. Qu’à cela ne tienne, le MPC est mu par la logique de la concentration-centralisation du capital, et la comptabilité d’entreprise est faite sur mesure. Par exemple, la gestion des stocks qui, s’ils ne disparaissent pas, sont réévalués selon les conditions de production dominantes lorsqu’ils sont mis sur le marché. En fin de compte, puisque les Mp et les Cn doivent s’échanger entre eux, tous ces mécanismes aveugles sont surdéterminés de manière sous-jacente par les Equations de la RS-RE. Il y a donc toujours un équilibre capitaliste ex post mais bien entendu il n’est jamais socialement optimum.

Cela étant dit, pour bien évaluer les expressions prix, il convient d’inclure dans les Schémas tous les sous-secteurs qui contribuent à la réalisation finale de la marchandise. Donc en commençant par l’extraction des matières premières, en incluant les services dont les services bureaucratiques et financiers, ainsi que le transport, le marketing et la vente/achat. Cette réalisation implique tous les circuits du capital marchandise, production et argent, les échanges à chaque niveau étant médié par la monnaie. Bien entendu, la recherche de l’optimisation des input entrant dans le procès de production immédiat fait partie de la logique de l’accumulation du capital. Ceci se fait par rapport aux concurrents. Cependant, les firmes multinationales et les transnationales en position d’oligopoles adoptent parfois toute une panoplie de stratégies pour éliminer les autres joueurs de leur secteur. (8) Néanmoins, en ce qui concerne la valeur d’échange ou l’expression prix, c’est l’utilisation effective des intrants qui compte et non leur utilisation « optimum » ( ?) éventuelle.

Résultat : le temps de travail socialement nécessaire unitaire du produit mis en vente est la base pour juger de la structure des prix relatifs et en fin de ligne du niveau de vie effectif dans un système donné. Bien entendu, pour intervenir dans l’économie réelle, ceci suppose que l’on puisse connaître les dérives monétaires – inflations etc. –, y compris celle du salaire nominal, la forme salaire qui est effectivement dépensée. C’est d’ailleurs pourquoi les travailleurs, les retraités et les citoyens en général, qui n’ont pas voix au chapitre en ce qui concerne l’allocation des ressources, exigent au minimum l’indexation de leurs revenus. Ils savent pertinemment qu’ils seront autrement détroussés silencieusement par le biais des inflations, en plus de l’exploitation directe subie au travail. Autrement dit, tout en maintenant leurs autres revendications syndicales ou de classe, ils ne sous-estiment pas les déviations monétaires qui grugent encore leur niveau de vie.

Les lois de motion du capital, outre la productivité, sont essentiellement résumées par les tendances conjointes à la concentration et à la centralisation du capital. Elles sont aggravées par la gestion monétaire de la Banque centrale bourgeoise. Cette dernière, notamment par ses supposés taux directeurs uniformes – sans parler de ses plans de sauvetage du capital privé – n’a qu’une seule et unique fonction, celle d’assurer l’égalité formelle d’accès des agents économiques privés à la monnaie et au crédit, en confondant les deux. Bien entendu, il s’agit d’une égalité censitaire, la taille des agents étant ici déterminante. Ceci explique les crises conjoncturelles récurrentes, puisque les Trade cycles sont le résultat d’une expansion spéculative dans certains secteurs accompagnée de contractions en d’autres secteurs, le commerce extérieur ne pouvant pas toujours médier correctement ces contradictions.

Il reste que si la concurrence s’abolit elle-même dans le moyen et le long terme, ainsi que le note Marx dans ses Manuscrits parisiens de 1844, de sorte que l’explication des prix et du profit doit être ailleurs, elle n’en constitue pas moins la règle comportementale que le MPC se donne à lui-même, ce que certains ont nommé à juste titre « the acquisitive mind ». Elle est surdéterminée par la recherche incessante de la plus grande productivité et donc de l’accumulation continue du capital. Au niveau systémique ceci se traduit par les contradictions induites par cet aveuglement social subordonné à la logique de l’égoïsme privé, autrement connu depuis Adam Smith comme opération de la « main invisible ».

Le résultat en terme de RS-RE ou en terme d’équilibre stationnaire ou dynamique étant le grand et inévitable gaspillage associé au MPC alors que nombre de besoins sociaux essentiels ne sont pas assurés car jugés non solvables. Malheureusement même la R&D suit cette logique de l’accumulation privée. Malgré les productions erratiques et désordonnées dues à la main invisible, les Equations de la RS-RE restent déterminantes pour forcer l’équilibre nécessaire à la Reproduction. Elles définissent la demande sociale et surdéterminent donc – pour reprendre le terme du grand Althusser – l’équilibre. Sauf qu’avec le MPC cet équilibre est non seulement ex post, il est également infra-social, au point que souvent on peut parler littéralement d’équilibre des cimetières. (Voir les centaines de milliers morts associés aux réformes monétaristes, qui ne concernent pas uniquement les morts causés au Chili, en Amérique latine ou en Afrique, mais dernièrement en Grèce etc.)

Dans mon Précis j’ai montré les effets monétaires principaux qui sont liés à l’opération aveugle de la concurrence capitaliste – c.à-d., à son expression « main invisible » dans l’allocation des ressources de la Communauté. Ici aussi, tout comme pour l’inflation structurelle, en connaissant la cause des déviations monétaires, on peut  en évaluer plus ou moins précisément l’impact. Tâche qui s’avèrerait bien plus aisée grâce au développement de statistiques marxistes fondées sur la fonction de production et sur les Equations de la RS-RE. Il en va de même pour l’inflation importée déjà mentionnée dans mon Tous ensemble, qui met essentiellement en cause le taux de change et par conséquent l’adéquation de l’insertion de la Formation sociale nationale dans l’Economie Mondiale dans le respect de la productivité microéconomique et de la compétitivité macroéconomique, puisque aucun pays ne peut vivre longtemps au-dessus de ses moyens.

Grâce à la théorie quantitative marxiste de la monnaie, nous savons donc ce qu’est le pouvoir d’achat de la monnaie.

Il faut maintenant retourner à l’autre problème essentiel, à savoir celui improprement nommé « pouvoir d’achat du salaire » qui recouvre le problème de l’équité de la distribution-redistribution capitaliste telle que réalisée dans la « structure de v » ou, si on préfère, dans le « revenu global net » des ménages qui définit le niveau de vie.

En bref, la « structure de v » sera d’autant plus juste qu’elle reflètera la structure de la RS-RE, y compris en tenant compte de l’insertion dans l’économie mondiale capitaliste. On se rend immédiatement compte du fait que la « structure de v » est inadéquate dans le MPC. Elle est sacrifiée à la logique de l’accumulation a-économique privée produisant crises conjoncturelles – trade cycles – et crises structurelles – surproduction/sous-consommation.

Avec l’Etat social, la « structure de v » prit la forme du « revenu global net » des ménages, un peu plus équitable. Cette meilleure redistribution de la plus-value entre travail et capital fut totalement remise en cause par les monétaristes et néolibéraux actuels menant à la plus grande dépression depuis la Grande Dépression déclenchée en 1929. Selon les chiffres de 7 % à 10 ou 11 % du PIB fut transféré du travail au capital depuis les années 80, années marquées au sceau de la contre-réforme monétariste néolibérale, sans aucune contrepartie pour le monde du travail à part une précarisation accrue. Les seuls intermèdes à cette régression sans égale depuis les années 20-30 furent le programme commun de la gauche jusqu’au « tournant de la rigueur » de 1983 et la RTT mise en place par la « gauche plurielle ».

Voyons ceci plus en détail.

Le temps de travail socialement nécessaire par unité de produit est l’étalon de mesure universel des prix relatifs, pas le travail du manœuvre ou le SMIC. 

Alors que Adam Smith réfléchissait en terme de travail complexe – métiers – à décomposer en une somme de travail simple par la division moderne du travail – pin factory –, Fourastié adoptait le travail du manœuvre comme étalon de mesure. Il était surtout préoccupé par l’effet du machinisme et de la technologie sur la productivité permettant de hausser le niveau de vie des citoyens. Il écrivit de belles pages en comparant la longévité et le niveau de vie de l’époque de sa grand-mère bretonne avec ceux prévalant à son époque. Mais il ne disposait pas d’une théorie scientifique de la productivité. Il tenta cependant d’aborder la question rigoureusement en se fondant sur les faits « empiriques » diachroniques et synchroniques soigneusement amassés.

Le travail du manœuvre permettait de rendre ces faits analysables puisqu’on pouvait supposer que le travail du manœuvre – ouvrier non spécialisé – restait stable dans le temps et l’espace. De fait, avant le MPC fondé sur la productivité comme forme dominante d’extraction de la plus-value, tous les modes antérieurs reposaient sur l’extraction de la plus-value absolue – la durée du travail – recourant parfois à l’intensité transitoire du travail (le proverbial coup de collier.) Fourastié tenta de conforter son point de départ analytique en s’attachant à l’étude de certaines productions restées inchangées jusqu’au début de l’époque moderne. Son exemple plus fameux étant la production des miroirs. Une fois établi le travail du manœuvre comme étalon de mesure on pouvait décomposer les différents travaux en échelles salariales utiles pour les comparaisons.

Sans théorie de la productivité cette approximation reste très aléatoire. Et le devient de plus en plus à mesure que la productivité capitaliste continue à affirmer son emprise sur la Formation sociale nationale, réduisant ainsi les anciens modes de production qui coexistaient jusque-là de manière subordonnée avec le MPC en résidus historiques sans grande incidence. C’est particulièrement le cas dans les campagnes avec l’affirmation du capitalisme agricole, fortement accélérée par la PAC.

L’ « empirisme baconien » (expression de Koyré) qui caractérise l’expression « travail simple »  ou « travail du manœuvre » doit céder la place aux concepts de travail abstrait et de temps de travail socialement nécessaire à la reproduction, le premier ayant trait à la fonction de production, le procès de production immédiat, le second exprimant le même concept au niveau macro-économique de la Reproduction Simple et Elargie.

Dans le procès de production immédiat formalisé par la fonction de production : c + v + pv = M, s’affirme une utilisation spécifique des facteurs de production. Elle est analysable dans une société donnée – c.à-d., dans le cadre de ses conditions « morales » ou civilisationnelles, pour mieux dire paramétriques – comme composition organique du capital (v/C) avec son taux de plus-value systémiquement associé (pv/v).

Cette organisation du travail et de la production opère une division du travail interne, de sorte que les métiers impliqués apparaissent dans la formalisation de la fonction de production comme du travail abstrait. En d’autres termes, ce n’est plus le métier ou le travail complexe spécifique qui importe à ce niveau mais le collectif de travail auquel il appartient. Pour autant, la fonction de production étant contrôlée par le capitaliste possesseur des Moyens de production, il se joue à ce niveau une âpre bataille pour déposséder le travailleur de ses « secrets » et de sa « façon », c’est-à-dire de son habileté à transformer les autres valeurs d’usage en marchandises. L’objectif du capitaliste sur ce « contested terrain » étant de décomposer et recomposer mécaniquement les tâches de manière plus subordonnée – taylorisme, micro-taylorisme – afin d’ôter tout pouvoir de négociation aux travailleurs spécialisés.

Pour comprendre le passage du travail abstrait, devenu un « concret pensé » scientifique et non plus une donnée empirique baconienne, au travail socialement nécessaire, il suffira de se reporter aux Schémas présentés ci-dessus qui introduisent la productivité en SI. En SI, C = (c1 + v1) = 100 avant et après l’introduction de la productivité afin de faciliter la comparaison et l’analyse de la mutation subie. Au départ v1 : 20 euros = 20 Mp. Après l’introduction de la productivité v1 = 16 euros = 20 Mp mais comme v1 doit échanger ses Mp en Moyens de consommation (Cn) et que maintenant on est passé de 1 Mp = 1 euro à 1 Mp = 0.8 euros l’échange des Mp de v1 en Cn donnera 16 Cn. Ce qui est congruent avec le fait que la productivité intensifiant structurellement la force de travail, la même force de travail produira plus mais représentera proportionnellement moins de travailleurs physiques.

A ce stade on peut brièvement insister sur la différence essentielle entre la loi de la valeur classique et celle de Marx. Sans Karl Marx, la loi de la valeur classique est incapable d’expliquer la genèse du profit. Voici comment j’ai résumé la chose dans mon « Hi-han : les âneries visuelles hallucinatoires des économistes bourgeois : Ce qui n’est pas scientifique n’est pas marxiste, et vice-versa.» (9) :

« Adam Smith, partant d’une loi de la valeur incomplète, butait sur une fonction de production partielle écrite c + v = M, soit capital constant plus travail = produit, ce qui le forçait à admettre l’illégitimité du profit au-delà du salaire de gestionnaire (« Ils aiment moissonner là où ils n’ont rien semé » écrit-il avec un certain dédain,  p 47, ed. Sutherland, 1993). Poursuivant le raisonnement, Marx rétablit la fonction de production complète sur la base de sa propre loi de la valeur scientifiquement élucidée : la fonction de production devient alors c + v + pv = M, soit capital constant + capital variable + plus-value = M. De la sorte, Marx exposera le mystère du profit et de l’accumulation capitaliste, que tous les bourgeois n’eurent de cesse par la suite de tenter d’occulter. Marx le fait magistralement sans rompre l’égalité économique de base entre la somme des intrants et les extrants de la fonction de production, égalité sans laquelle l’économie serait irrémédiablement vouée à l’irrationalité. »

Cette incomplétude caractérise également, je ne dis pas les néo-ricardiens une bande de pitres verbeux sans la moindre substance, mais Piero Sraffa lui-même. Sraffa fut l’ami et le correspondant de Gramsci ce qui influença sans nul doute sa préférence pour l’économie politique classique. En effet, le secret de sa tentative de réhabilitation de l’économie politique classique contre les diverses dérives marginalistes, en particulier celles dues à ceux que Joan Robinson dénomma sans détour les « bâtards du keynésianisme », Hicks, Samuelson et Solow en premier lieu, est révélé en toutes lettres dans le titre de son œuvre maîtresse Production de marchandises par des marchandises, du moins pour ceux qui savent lire. Bien entendu, ceci renvoyait à un panier de consommation, de base ou plus complexe, autrement dit à une reformulation indirecte du travail socialement nécessaire à la reproduction de Karl Marx. Sauf que Sraffa, pas plus que Smith, n’est capable d’expliquer la genèse du profit. Il est donc réduit à utiliser une version de la transformation simultanée de Tougan-Baranovsky en donna le taux de profit de manière exogène.

L’introduction des inflations – écarts des prix par rapport à la valeur d’échange – ne change rien à cette surdétermination par les Equations RS-RE sous-jacentes. De fait, comme on peut le voir, mes schémas restituent à la fois les quantités, les valeurs d’échange et les prix de manière entièrement cohérente. La vérification ultime est fournie par l’argument que Marx avait d’ailleurs magistralement exposé dans le chapitre du Capital, Livre I, intitulé « La dernière heure de Senior » . Ce chapitre sonne comme une critique anticipée de toutes les dérives du marginalisme. Grâce à l’introduction cohérente de la productivité dans la fonction de production et dans les Equations RS-RE, le travail – abstrait et socialement nécessaire – reste entièrement homogène, et ceci est vrai pour chaque partie du produit, exigence logique que souligne Marx dans le chapitre clef mentionné. C’est donc bien le temps de travail socialement nécessaire par unité de produit – tenant donc compte de la théorie scientifique de la productivité – qui sert d’étalon. Ce qui est très différent du simple temps de travail en abstraction des conditions paramétriques v/C et pv/v.

A ce temps de travail socialement nécessaire sont associés précisément des quantités produites ainsi que leurs valeurs d’échange et leurs expressions prix, compte tenu des inflations dont on connaît désormais les origines.

« Structure de v », « revenu global net » des ménages et contrat de travail.

On peut alors retourner scientifiquement à la question du « pouvoir d’achat du salaire » ou du SMIC, formulation quelque peu confuse comme nous l’avons vu ci-dessus, pour poser la vraie question qui va au cœur du système et de ses contradictions : à savoir l’équité de la « structure de v » dans la fonction de production insérée dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie. Ce qui est réellement en cause et l’utilisation et le partage de la richesse créée dans la production. En bref, tout système économique sera d’autant plus cohérent que les composants de la « structure de v » reflèteront fidèlement les Equations de la RS-RE, compte tenu de l’insertion de la FS dans l’Economie Mondiale.

On ouvre alors tout le chapitre de l’évolution du contrat de travail – et des conventions collectives – au cours du développement historique du MPC, le chapitre essentiel de l’histoire de la lutte des classes. La négociation nationale institutionnalisée entre les agents économiques, y compris les syndicats, des accords de secteurs et de branches allait de pair avec la démocratisation de l’éducation. Ces deux tendances influaient fortement la détermination sociale de l’échelle salariale et de la méritocratie républicaine. Cette échelle allait de 1 à 14 de la fin de la Seconde Guerre Mondiale aux début des Années 70. Elle va désormais de 1 à 400 et plus aujourd’hui, de sorte que le grand citoyen et économiste walrasien classique Maurice Allais, face à une telle inégalité contre nature, n’hésitait pas à parler de « bandits » . Quand à la méritocratie républicaine elle a cédé le pas à une grotesque surreprésentation qui bafoue à la fois la Constitution et la Loi des Grands nombres. (je renvoie ici à  http://rivincitasociale.altervista.org/parcoursup-ou-comment-precariser-les-diplomes-encore-en-situation-de-plein-emploi-8-13-dec-2018/ )

De manière très succincte, on passe du capitalisme libéral et censitaire classique à l’Etat social ou Welfare State aujourd’hui en proie aux derniers soubresauts causés par la brutale régression philosémite nietzschéenne monétariste et néolibérale.

Durant l’époque du libéralisme classique, la force de travail apparaît froidement libérée de toutes ses attaches antérieures, elle est rémunérée par le seul salaire capitaliste individuel. Les travailleurs eux-mêmes tentent bien de créer des fonds d’aide mutuelle, mais à ce stade bien souvent tous les travailleurs sont obligés de travailler, femmes, enfants, vieillards inclus.

L’Etat social, rendu défensivement nécessaire par la Révolution bolchévique de 1917, s’affirmera par la suite avec la victoire de la Résistance. Il prendra finalement compte du fait que le travailleur en tant que membre d’une espèce à reproduction sexuée doit se renouveler dans un ménage. Le contrat de travail évoluera pour en tenir compte, affectant ainsi le partage antérieur entre salaire et profit. Cette transformation épocale prendra la forme de ce que j’ai appelé le « revenu global net des ménages » qui ajoute au salaire capitaliste individuel, le salaire différé – à savoir une épargne institutionnalisée en fonds de pension, d’assistance-chômage etc., d’ailleurs mise à la disposition de l’accumulation du capital -, ainsi que les prélèvements fiscaux retournant en partie aux ménages sous forme d’accès universel garanti aux infrastructures et services publics financés par la fiscalité générale. L’Etat social est d’ailleurs principalement caractérisé par la généralisation de l’impôt sur le revenu et par le prélèvement des cotisations sociales. Keynes avait compris que cette épargne institutionnalisée ainsi que le soutien fiscal à l’intervention de l’Etat dans l’économie, rendait les circuits du capital plus vertueux, lui qui dénonçait les effets pervers des « esprits animaux » du capital abandonné à lui-même.

Ce « revenu global net » des ménages est le fondement du niveau de vie des citoyens. Il correspond à un meilleur partage de la plus-value. Il ne doit cependant pas être confondu avec le revenu disponible bourgeois justement parce que ce dernier – même lorsqu’il inclut une part des revenus de l’épargne personnelle – laisse de côté l’essentiel, à savoir le salaire différé et le rôle social de la dépense publique.

De fait, l’expression « sécurité sociale » n’est pas un vain mot, puisque le niveau de vie se mesure aussi, sinon principalement, par la stabilité temporelle des conditions matérielles des citoyens, le fait que les individus et les ménages soient délivrés de la peur des lendemains. Ce n’est donc pas un hasard si le système mis en place par l’Etat social fut dénommé système d’assurance sociale, cette assurance étant vécue comme un droit social fondamental entériné par la Constitution et par la Déclaration Universelle des Droits Individuels et Sociaux Fondamentaux de 1948.  L’assurance sociale est à comparer avec le système antérieur reposant sur le seul salaire individuel capitaliste supplémenté au mieux par l’assistance sociale caritative, de surcroît le plus souvent privée et confessionnelle, visant donc la subordination idéologique des travailleurs citoyens.

D’ailleurs le salaire individuel capitaliste allait de pair avec une citoyenneté censitaire. Le système d’assurance sociale – en France les 4 piliers de la Sécurité Sociale et les négociations salariales au niveau national –  forme le cœur battant de l’Etat social né de la Résistance. C’est lui qui motive les attaques scélérates provenant de différents quartiers ainsi que de la banque JP Morgan. En effet, il inaugurait une démocratie industrielle et économique d’ailleurs constitutionalisée par le Conseil Economique et Social, aujourd’hui vidé de son rôle mais à réhabiliter d’urgence.

Cette démocratie industrielle et économique devrait être complétée par la démocratie sociale participative, non seulement via les référendums, mais surtout grâce à l’abolition de l’inutile, archaïque  et coûteux Sénat en faveur de l’extension du rôle des Commissions parlementaires. Durant le processus de recueil et d’articulation de l’information menant à la formulation et à l’examen des projets de lois, la Constitution devrait prévoir la consultation obligatoire des citoyens et des groupes de pression par les Commissions parlementaires. En outre, il convient de réhabiliter le rôle des Prud’homme en les appuyant par la constitution de « comités de plaintes citoyens », ce qui aurait le double avantage de renforcer l’égalité juridique des citoyens tout en déchargeant les tribunaux des affaires pouvant être plus rapidement réglées à ces niveaux. Bien entendu, sans empêcher le recours aux tribunaux le cas échéant. Ces instances de contrôle démocratique sont le meilleur remède contre la réification de la vie sociale engendrée par le système de la propriété privée et par la bureaucratisation déshumanisante qu’il engendre.

Aujourd’hui la régression socio-économique et culturelle ressentie par les couches moins aisées de la population est en grande partie due au démantèlement du système d’assurance social, en particulier les régimes publics de retraite, l’assurance-chômage et l’assurance maladie. Ces protections sociales volant en éclats, non seulement disparaît la sécurité des lendemains qui est nécessaire à l’épanouissement de la vie individuelle et sociale, mais avec elle, l’inadéquation du salaire individuel capitaliste – le salaire net sur la fiche de paie – devient de plus en plus cruelle à mesure que la précarité et le chômage s’accroissent. Un exemple entre tous, la gestion de la Sécu dans sa branche assurance-maladie … L’équilibre financier de cette branche ayant brutalement été obtenue par des coupures de 11.65 milliards de 2016 à 2018, ce bistouri continuant imperturbablement son œuvre en 2019 pour un montant prévu de 3.8 milliards d’euros. Ce qui se traduit par environ ¼ de la population contraint à renoncer aux soins en raison de leurs coûts ! (10)

Ainsi qu’il fut expliqué dans Pour Marx, contre le nihilisme (section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com ), le projet philosémite nietzschéen actuel est bien celui du « retour » forcé des citoyennes et des citoyens vers une « société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage. » Les élites actuelles tentent d’imposer leurs narrations – économiques, climatologiques et autres – à cette fin en contrôlant les « flux autorisés de communication » et en imposant la « déférence envers l’Autorité », à savoir une autorité de pitres autoproclamés et surreprésentés. Lorsque leur fausse représentation ne passe pas, lorsque la victime n’est pas amenée à adorer ses bourreaux,  le Pouvoir est alors prêt à utiliser de manière a-constitutionnelle le Marteau Nietzschéen, par exemple en permanentisant plusieurs aspects des mesures d’urgence. C’est pourquoi, j’ai à juste titre alerté contre la palestinisation du peuple français et des peuples européens. ( Voir http://rivincitasociale.altervista.org/la-palestinisation-de-la-france/ ) Dernièrement, on en voit encore, que personne n’a jamais élu, se pointer comme représentant de la gauche … avec, bien entendu, l’appui empressé des mass-média!

Dès lors, on ne peut que se féliciter du fait que les Gilets jaunes ne soient plus dupes et qu’ils revendiquent haut et fort leurs droits citoyens. Après tout, le cou du droit divin, de l’élection exclusiviste pour bien se faire comprendre, a déjà été tranché et le peuple souverain est la seule Autorité suprême dans le cadre de sa Constitution républicaine égalitaire démocratiquement adoptée.

Le « revenu gobal net » des ménages ouvre la voie à une conception de la plus-value, non plus conçue comme simple profit utilisable par le seul capitaliste, mais plutôt comme une plus-value ayant une valence sociale impliquant la régulation collective au moins pour éviter les crises récurrentes produites par le capitalisme abandonné à ce que Keynes appelait ses « esprits animaux ». S’ouvre ainsi la voie vers la transition, pacifique ou moins, de la simple plus-value à la plus-value sociale qui est de plus en plus gérée en commun par la Communauté pour le bien de l’entière Communauté. Pour ce qui est de la transition pacifique au socialisme, je renvoie au chapitre « Réformes démocratiques révolutionnaires ou lamentable Rossinante du réformisme » dans mon Tous ensemble.

Réfléchissant sur les effets de la productivité capitaliste, Keynes, fortement influencé sans l’admettre par le grand marxiste Paul Lafargue, entrevoyait même dans ses Essais en persuasion la semaine de travail de 15 heures. Voir « The economic possibilities for our grandchildren » (1930) in http://www.econ.yale.edu/smith/econ116a/keynes1.pdf

Paul De Marco,

San Giovanni in Fiore (cs), 31 décembre 2018

Notes :

1 ) Selon Böhm-Bawerk, la loi de la valeur exposée au Livre I du Capital était contredite par le recours aux prix de production apparaissant au Livre III. Il y vit une contradiction ex ante/poct hoc logiquement létale et chanta victoire en prétendant avoir ainsi détruit les prétentions scientifique de Marx « roots and branches. » Dans Tous ensemble, j’ai montré en quoi il se révèle ainsi être un authentique « pitre » – techniquement parlant selon le concept exposé dans mon Pour Marx contre le nihilisme. Comme je l’ai démontré, ce problème est une fabrication qui n’a pas grand-chose à voir avec Marx, lequel ne rédigea pas le Livre III tel que publié après sa mort avec l’« aide » du renégat Kautsky et en partie de l’autre renégat Bernstein. De surcroît, j’ai démontré que si contradiction ex ante/ex post il y a, elle concerne toutes les variantes des théories économiques bourgeoises et, en particulier, les versions marginalistes. Les pitres restent des pitres.

2 ) C’est-là la définition classique du pouvoir politique.

3 ) L’intérêt – classique – est déduit du profit, en ce que le capitaliste engagé dans la production doit rembourser ses emprunts bancaires. Voir par exemple l’opposition emblématique de H. Ford et de JP Morgan. Marx, puis Lafargue, Hilferding et Lénine ont tous distingué entre capital marchand, capital industriel, capital bancaire et capital financier. L’importance de ces distinctions conceptuelles ressort avec éclat dans les études historiques des luttes de classe en France rédigées par Marx. Par la suite, les marxistes d’après guerre ont développé le concept de l’internationalisation du capital productif pour rendre compte de l’expansion planétaire des firmes multinationales. Ainsi qu’il est exposé dans mon Précis d’économie politique marxiste, suite à la contre-réforme monétariste reaganienne et plus encore après l’abrogation du Glass Steagall Act en 1999, nous sommes passés à une hégémonie du capital spéculatif avec ses taux d’intérêt spéculatifs. Cette hégémonie est caractérisée par l’autonomisation du capital spéculatif désormais libéré de toute ségrégation fonctionnelle entre dépôts, investissements, assurances et caisses d’épargne – la soi-disant « banque universelle ». Il opère alors légalement comme un secteur économique à part entière, de sorte que sa productivité spécifique dicte sa loi à tout le système de Reproduction RS-RE. Pour l’économie réelle cette « productivité » est imbattable vu son rapport capital fixe/masse salariale. L’intérêt spéculatif apparaît alors comme un taux de profit légitime, plutôt que la déduction du profit qu’il continue d’être, ce qui bien entendu est insoutenable, comme le démontrent par exemple les niveaux du Roe. Aujourd’hui ce secteur financier spéculatif compte pour près de 9 % du PIB suisse et américain, abstraction faite du shadow banking, des OTC et autres « scraps ». L’économie spéculative phagocyte ainsi l’économie réelle.

S’il est vrai que le marginalisme ne sait pas faire la distinction entre profit et intérêt ou entre économie réelle et économie spéculative, avec l’hégémonie du capital spéculatif le système autodétruit sa base productive. Dès lors, il ne s’agit plus uniquement de simples « bulles » pouvant être à la rigueur purgées. Si, en plus, avec ses plans de sauvetage, la Banque centrale renfloue ce capital spéculatif sous prétexte que les institutions financières sont « too big to fail », nous sortons du cadre capitaliste de la concurrence. Dans ce cadre précis, les purges liées aux crises conjoncturelles – trade cycles – opéraient comme mécanismes cybernétiques d’auto-contrôle, du moins partiellement. Ces purges étaient rendues nécessaires par récurrence du fait de l’opération du système fractionnaire abandonné aux mains d’une accumulation privée insensible aux exigences de symétrie intersectorielle, l’expansion sectorielle allant de pair avec des contractions ailleurs dans le système. Nous entrons alors – de nouveau comme sous les régimes fascistes des années 30 ? – dans un système économique philosémite nietzschéen qui prétend dangereusement se placer au-delà de ses propres lois systémiques dans l’espoir d’en éviter le dépassement historique vers un nouveau mode de production plus démo-cratique et plus efficace sachant mieux concilier le développement des forces productives et les rapports de production. En clair, en dépit de nos constitutions égalitaires, on tente une régression socio-économique et culturelle de l’exploitation capitaliste vers une exploitation de l’Homme par l’Homme déterminée par la croyance en une élection exclusiviste placée au-delà du bien et du mal. Je renvoie ici à mon « Nietzsche as an awakened nightmare » dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com

4 ) Voici le schéma de Tugan-Baranovsky :

c1 + v1 + s1 = c1 + c2 + c3

c2 + v2 + s2 = v1 + v2 + v3

c3 + v3 + s3 = s1 + s2 + s3

5 ) Pour ce qui est de l’empreinte écologique de Hulot voir  « Hulot et ses neuf véhicules : le ministre de l’écologie affirme rouler en électrique » https://www.youtube.com/watch?v=ws7QyHmcidA. Voir aussi mon « Défi aux écologistes, au GIEC et à tous les apôtres du réchauffement climatique » (14 juin 2007) – dans la Section Commentaires d’actualité de www.la-commune-paraclet.com

En ce qui concerne les courbes d’offre et de demande, j’ai déjà dénoncé cette procédure idiote selon laquelle pour dresser la courbe de la Demande on donne les barèmes de l’Offre en prix pour ensuite dessiner la courbe de l’Offre en donnant les barèmes de la Demande toujours en prix, pour enfin croiser les deux courbes de façon à avoir le … juste prix du marché !!! Voilà, ces âneries nécessitent une bonne déférence envers l’Autorité auto-décernée – les pseudo prix Nobel dans la « dismal science » – ainsi qu’un bon contrôle des flux de communication, à savoir la suppression préventive de la pluralité dans la discipline et l’évaluation selon la publication dans des revues spécialisées aussi bidons qu’incestueuses, dont 5 en particulier …. Tant pis pour la science et sa déontologie …

6 ) Pour Janet Yellen sur l’inflation voir : http://rivincitasociale.altervista.org/the-fed-finally-admits-it-does-not-know-what-inflation-is-sept-21-2017/

7 ) Pour les formes d’extraction de la plus-value voir la distinction essentielle entre la durée, l’intensité conjoncturelle, l’intensité structurelle ou productivité et la plus-value sociale dans le texte « Norme CDI ou précarité » dans la Section Commentaire d’actualité de www.la-commune-paraclet.com . Voir aussi Tous ensemble et le Précis d’économie politique marxiste, section Livres-Books, idem.

8 ) Voir la belle étude de Barnet & Müller Global reach : The power of the multinational corporations, Simon & Schuster, 1974. Pour une mise à jour voir, « Tepper: American Corporations Are Winning Their War On Capitalism », Tue, 11/27/2018 – 21:10 https://www.zerohedge.com/news/2018-11-27/tepper-american-corporations-are-winning-their-war-capitalism

9 ) Pour « Hi-han : les âneries visuelles hallucinatoires des économistes bourgeois : Ce qui n’est pas scientifique n’est pas marxiste, et vice-versa.» voir Download Now dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com

10 ) Voir l’article cité ci-dessous au point (5). Comme les concepts et les politiques ont une origine de classe déterminée, il est sans doute utile de mentionner que le grand-prêtre de ce monétarisme philosémite nietzschéen n’est nul autre que von Mises, le juif-autrichien fasciste conseiller du Chancelier autrichien avant l’Anschluss. Obligé alors de prendre la fuite, il n’a cependant jamais changé d’idée comme en témoigne son œuvre et, en particulier, son livre Socialism, un ramassis infecte de clichés d’ailleurs anticonstitutionnels, dirigé contre toute forme d’intervention de l’Etat dans l’économie, indifféremment et péjorativement dénoncée comme une forme de « socialisme ». Pour ne donner qu’un seul exemple, dans ce torchon qui a néanmoins fait école, via la Société du Mont-Pèlerin, par exemple dans l’Université de Chicago et maintenant en Europe, France incluse, von Mises affirme tout bonnement que la maladie est causée par l’existence de l’hôpital public, puisque autrement elle ne serait qu’une fonction de la volonté – et présumèment de l’accès à l’hôpital privé, voir von Mises Socialism https://mises.org/library/socialism-economic-and-sociological-analysis , pages 475-476. Évidemment les Dalits en Inde avec une longévité de 40 à 42 ans n’ont guère le luxe d’être malades. Mais ¼ des Français renonçant aux soins, cela commence à faire beaucoup … La situation est déjà pire ailleurs, par ex. en Italie.

XXX

Quelques articles chiffrés sur le niveau de vie 

1 ) « Gilets jaunes » et niveau de vie, les 10 graphiques de la colère

La question du pouvoir d’achat et du trop d’impôts sont au cœur des revendications des « gilets jaunes ». Retour en graphiques sur les raisons économiques et sociales de cette mobilisation.

Par Service infographie Publié hier à 10h57, mis à jour à 08h36

Temps de Lecture 1 min.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/05/niveau-de-vie-les-10-graphiques-de-la-colere_5392911_3224.html

2 ) Que reste-t-il après avoir payé les factures ? Le pouvoir d’achat miné par les dépenses contraintes

Loyer ou prêt, énergie, télécoms, assurances… le poids des dépenses « préengagées » explique la sensation de baisse du pouvoir d’achat des plus modestes, relayée par le mouvement des « gilets jaunes ».

LE MONDE | 14.11.2018 à 15h14 • Mis à jour le 14.11.2018 à 15h49 | Par Anne-Aël Durand https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/11/14/que-reste-t-il-apres-avoir-paye-les-factures-le-pouvoir-d-achat-mine-par-les-depenses-contraintes_5383539_4355770.html

3 )Le revenu disponible des Français a baissé de 440 euros entre 2008 et 2016

D’après une étude réalisée par l’Observatoire français des conjonctures économiques et publiée mardi, la perte avoisine les 160 euros pour les 5 % de foyers les plus modestes.

Par Elise Barthet Publié hier à 18h00, mis à jour à 10h50 https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/11/20/le-revenu-disponible-des-francais-a-baisse-de-440-euros-entre-2008-et-2016_5386140_3234.html4 ) Près de 40% des CDI conclus durent moins d’un an

Par Jean-Christophe Chanut  |  23/01/2015, 14:02  |  594  mots https://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20150123trib08c402656/pres-de-40-des-cdi-durent-moins-d-un-an.html

5 ) Le gouvernement serre à nouveau la ceinture de la Sécu, exigeant 3,8 milliards d’économies en 2019

Par latribune.fr  |  25/09/2018, 9:21  |  434  mots https://www.latribune.fr/economie/france/budget-le-gouvernement-serre-a-nouveau-la-ceinture-de-la-secu-exigeant-3-8-milliards-d-economies-en-2019-791531.html

(Commentaire rapide. Le système est en excédent aujourd’hui du fait des coupures de 3,4 milliards en 2016, 4,05 en 2017, 4,2 en 2018 et 3,8 en 2019 – donc 11,65 milliards jusqu’en 2018 et total 14,45 milliards en 2019 !!! Au contraire, grâce à l’entrée des cotisations – et des recettes fiscale – découlant de la création d’emplois RTT à temps plein, la « gauche plurielle » avait quasiment éliminé le Trou de la Sécu tout en étendant les couvertures pour les citoyens et résidents.

Aujourd’hui, « Selon une étude de l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore) datée de 2016, menée auprès de 29 000 assurés dans 18 caisses d’assurance maladie, plus d’un quart aurait renoncé à des soins.» in https://www.ouest-france.fr/sante/assurance-maladie-une-aide-pour-les-francais-qui-renoncent-se-soigner-4894463 ! Et les files, allongent …)

6 ) Les ultrariches, grands gagnants de la fiscalité Macron

Le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes reculera sous les effets cumulés des budgets 2018 et 2019.

LE MONDE | 12.10.2018 à 11h31 • Mis à jour le 13.10.2018 à 09h30 | Par Audrey Tonnelier https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/10/12/les-ultrariches-grands-gagnants-de-la-fiscalite-macron_5368373_823448.html

7 ) « CumCum », « CumEx » : le scandale des dividendes expliqué simplement

Les schémas utilisés par les traders pour optimiser ou frauder l’impôt sur les dividendes sont complexes. On vous les explique simplement.

LE MONDE | 18.10.2018 à 06h00 • Mis à jour le 18.10.2018 à 06h09 | Par Agathe Dahyot

https://www.lemonde.fr/cumex-files/article/2018/10/18/cumcum-cumex-le-scandale-des-dividendes-explique-simplement_5371018_5369767.html

Comments are closed.