Commenti disabilitati su UNE AUTRE INEPTIE SUR LES CIRCUITS DU CAPITAL DE MARX ET SUR LA RÉALISATION SELON G. DUMÉNIL ET D. LÉVY, Déc. 22, 2019-27 janvier 2020.

Voir « A note on Duncan Foley’s circuit of capital » Gérard Duménil and Dominique Lévy in http://www.cepremap.fr/membres/dlevy/biblioa.htm

Aux 50% d’ouvriers et d’employés américains dont le revenu moyen stagne autour de 16 000 $ par an depuis 1980 et avec presque aucune économie alors que le « 0,1% au sommet détient désormais autant de richesse que le 90% au bas de l’échelle » . Voir: Capitalism in America: How a Dismal Decimal is Robbing Americans Blind, by Jon Hellevig for The Saker Blog in http://thesaker.is/capitalism-in-america-how-a-dismal-decimal-is-robbing-americans-blind/

Avant-propos

1. Introduction

2) L’origine d’un autre problème fallacieux des marxologues

2 a) Rosa Luxemburg et Book II of Capital

2 b) Circuits vs Reproduction Simple et Elargie

3) La risible présentation homothétique du «circuit du capital» par Duménil & Lévy

3 a) Modèle vs objet d’étude ou Réalité

3 b) «Le circuit de base du modèle du capital avec une monnaie-marchandise»: rien de plus qu’un jeu académique payant et inutile.

3 c) Le pseudo-problème de la réalisation repris de Duncan Foley et « résolu » par ces deux compères.

3 d) Un mot sur le crédit classique et le crédit spéculatif.

4) Conclusion: certains universitaires rémunérés devraient apprendre à lire et à réfléchir avant de faire semblant de commenter Marx.

Avant-propos:

Le schéma ci-dessus a été scrupuleusement suivi. Cependant, pour éviter l’ennui en me restreignant à la thèse intellectuellement stérile des deux auteurs mentionnés ci-dessus au sujet de la réalisation, j’en ai profité pour élargir la portée de ma réfutation. J’ai fait cela en interpolant dans ma démonstration mes critiques de la plupart des autres ouvrages bourgeois pertinents sur le sujet. L’utilité du résultat devrait être d’autant plus grande.

 

1 ) Introduction

Le grand épistémologue Louis Althusser a souligné le fait que des quatre volumes de l’œuvre majeure de Karl Marx seul le Livre I du Capital fut publié et édité par Marx lui-même. J’ai montré comment les deux contributions principales de Marx ont été systématiquement falsifiées en recourant à la méthode usuelle des castes et des classes dominantes qui consiste soit à occulter la science, soit à mystifier sa présentation. Le but de cette falsification est de priver les masses des outils théoriques et pratiques (1) nécessaires pour appréhender la réalité et la changer afin de l’adapter à ses propres besoins humains.

La première contribution principale de Marx consiste en son élaboration du Triptyque de l’Emancipation Humaine, c’est-à-dire la conclusion historique et logique de la critique radicale de l’exclusivisme sans laquelle aucune démocratie et aucune émancipation ne seraient possibles. Les théories du droit naturel avaient précédé cette compréhension. Elles ont pris leur forme scientifique moderne avec la notion de « diritto delle genti » de Vico et leur forme républicaine avec la puissante réfutation de la Tradition – selon Ed. Burke et al. – par le puissant pamphlet Rights of Man de Thomas Paine. (2)

La deuxième contribution principale de Marx consiste à poser les fondements scientifiques de la science économique avec son investigation et son exposition impeccables de la loi de la valeur, une entreprise gigantesque que nous pouvons admirer dans bon nombre de ses œuvres et plus particulièrement dans le Capital. Dès le début, Marx fit l’objet d’attaques vicieuses, par exemple celles exposées par Marx lui-même dans son Herr Vogt (3)

La principale falsification est due à Böhm-Bawerk. Du haut de sa position bureaucratique et grâce à ses liens avec Menger et d’autres hauts fonctionnaires en Autriche et en Allemagne, il suivit de près la publication des travaux de Marx. Ce fut particulièrement le cas après la publication du Livre I du Capital, que Marx lui-même présenta comme une exposition scientifique du domaine de l’économie politique équivalente au magnum opus de Darwin sur l’évolution. Cela avait créé beaucoup de détresse parmi les cercles dominants les plus élevés et leurs loges. Hughes a même fait référence à la crise de quasi-folie de Max Weber après sa lecture du Livre I, une dépression qu’il a curieusement guérie lors d’un voyage en Italie où il a probablement appris la méthode de falsification de Nietzsche dont il allait bientôt donner sa propre version sociologique. (Hughes, H. Stuart, Consciousness and Society, The Harvester Press, 1979.)

Je crois personnellement que Böhm-Bawerk n’ignorait pas les choix de brouillons gérés dans le dos d’un Engels vieillissant principalement par Kautsky et Bernstein pour les éditions posthumes des Livres II, III et IV du Capital. Apparemment, de nombreux analystes et éditeurs passés et présents des travaux de Marx ne sont pas conscients du problème ou sont trop occupés à le mal interpréter, consciemment ou pas. Quoi qu’il en soit, lorsque le Livre III du Capital a été publié, Böhm-Bawerk était déjà prêt à pousser son chant de victoire sur la base de sa propre falsification. Le Livre III contenait des brouillons dans lesquels Marx parlait d’un taux de profit moyen imposé par la mobilité du capital, qui conduirait à la transformation des valeurs d’échange telles que formulées dans le Livre I en « prix de production ». Si tel était le cas, Böhm-Bawerk aurait évidemment raison de prétendre que le Livre III – non édité par Marx lui-même – est en contradiction avec le Livre I et que par conséquent la loi de la valeur de Marx ne pouvait prétendre à la scientificité.

La première réfutation définitive publiée de cette ineptie concoctée est apparue dans mon Tous ensemble (1998). J’ai montré que l’origine de ce faux problème résidait dans le choix des manuscrits du Livre III. Ceux-ci montrent un Marx qui traitait encore des concepts de Smith et Ricardo. Par conséquent, la plupart se réfèrent à un processus d’investigation qui précéda chronologiquement l’exposition magistrale contenue dans le Livre I. D’autres encore représentaient des études préparatoires pour les autres Livres du Capital. Ils étaient encore exploratoires. Par exemple, le chapitre tragiquement mal lu sur la supposée «baisse tendancielle du taux de profit » exposée dans un chapitre immédiatement suivi d’un autre chapitre portant sur les contre-tendances …

Dans ces ébauches, Marx utilisait toujours le concept de « travail Simple » de Smith et il était encore aux prises avec le problème des rentes différentielle et absolue de Ricardo. Bien plus tard, par exemple dans la singulière édition de M. Rubel pour La Pléiade, quelques lettres cruciales de Marx à Engels traitant du « problème » des prix de production ont été publiées en français. Étant donné que les réseaux prussien, anglais et de nombreux autres services de police ouvraient systématiquement le courrier de Marx, il ne serait pas surprenant que Böhm-Bawerk était au courant. Ces lettres plaçaient le soi-disant problème de transformation des valeurs d’échange en prix de production dans le cadre de la Reproduction économique qui est l’objet spécifique des manuscrits qui furent retenus dans le Livre II.

Ces lettres représentent toujours une étape de l’investigation encore aux prises avec la pensée de Smith et Ricardo. Mais typiquement, comme c’est souvent le cas avec Marx, elles fournissent le cadre analytique précis dans lequel le problème doit être résolu, notamment dans les limites de la Reproduction. J’ai montré comment le problème est résolu une fois que l’on remplace le « travail Simple » de Smith par les concepts scientifiques de Marx de « travail abstrait » et de « travail socialement nécessaire ». Cela m’a conduit à formuler la loi marxiste de la productivité qui est au cœur de l’extraction de la plus-value dans le Mode de Production Capitaliste (MPC).

Deux exemples peuvent être utilisés pour illustrer le problème et sa résolution scientifique. De son enquête monumentale sur la Reproduction économique – « le revenus annuel » de Sismondi, le Tableau de Quesnay et bien d’autres – Marx a pu formuler une fonction scientifique de la production – une fonction microéconomique de la production, dans le langage mainstream. Elle contenait le nombre nécessaire et suffisant de secteurs requis pour l’appréhender. La fonction de production: c + v + pv = p où c = capital constant plus v = capital variable ou travail déjà reconstitué prêt à être utilisé dans le processus de production immédiat, plus pv = travail vivant produisant de la plus-value, est égal à p le produit . La Reproduction Simple ou Elargie – équilibre général stationnaire et dynamique dans le langage courant – peut être réduite à un Secteur I des Moyens de production (Mp) ce qui renvoie un à capital constant c et un Secteur II des Moyens de consommation (Cn) qui renvoie pour sa part au panier de consommation qui entre dans la reconstitution de la force de travail. Comme je l’ai montré, on peut subsumer tous les sous-secteurs dans ces deux secteurs principaux et même recomposer statistiquement des filières intersectorielles.

Considérons d’abord le schéma des prix de production. On prend C = (c + v) = 100 et, comme le fait Marx, un taux de profit pv / (c + v) différent en SI et SII.

SI c (80) + v (20) + pv (20) = Mp (120) taux de profit 20/100

SII c (60) + v (40) + pv (10) = Cn (110) taux de profit 10/100

Bien entendu, grâce à la mobilité du capital, un taux de profit moyen serait finalement imposé conduisant ainsi à l’égalisation des taux de profit. Par conséquent, nous obtiendrions:

SI c (80) + v (20) + pv (15) = Mp (115) taux de profit 15/100

SII c (60) + v (40) + pv (15) = Cn (115) taux de profit 15/100

Böhm-Bawerk souligne à juste titre que dans un schéma de Reproduction, le deuxième cycle devrait utiliser (c + v) selon les prix de production, d’où le sophisme illogique entre les valeurs d’échange du départ et les prix de production sortants utilisés pour le nouveau départ.

Notons que cette moyenne du taux de profit serait redondante car la mobilité du capital et de la main-d’œuvre assure déjà ses conséquences au niveau de la fonction de production, à savoir lorsque ses intrants sont achetés. Le concept de « travail abstrait » signifie précisément que la division interne du travail au sein de l’entreprise prévaut et, en ce sens, il n’est pas nécessaire de se référer au concept primitif d’Adam Smith de « travail Simple ». Cela est basé sur l’idée que a « pin factory » smithienne aurait déconstruit tous les métiers et les professions pour les recomposer en tâches Simples généralisées. Dans un Mode de production capitaliste – MPC – la concurrence, qui représente la règle du jeu socioéconomique légalisée, se joue à nouveau au niveau du prix du marché mais ce processus est surdéterminé par la demande sociale scientifiquement formalisée par les Équations de la Reproduction Simple – RS – et Elargie – ER. Marx l’avait déjà souligné dans ses Manuscrits parisiens de 1844, ajoutant que les oscillations du marché s’annulaient dans le moyen et long terme de sorte que l’explication scientifique de la valeur d’échange résidait ailleurs. La démonstration définitive se trouve dans le chapitre pertinent de mon Précis d’économie politique marxiste, accessible gratuitement dans la section Livres-Books de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com

Quand on retravaille les problèmes de Marx en respectant la loi de la valeur marxiste exposée dans le Livre I, ainsi que les critiques importantes contenues dans le chapitre « La dernière heure de Senior » – une réfutation anticipée du marginalisme -, et quand on le fait dans le cadre de la Reproduction Simple et Elargie où la cohérence de la solution doit être conservée à la fois en termes quantitatifs et qualitatifs, on arrive à la théorie marxiste de la productivité que je fus le seul à démontrer.

Cela implique une cohérence organique des principaux ratios de la fonction de production, à savoir la composition organique du capital v / C où C = (c + v), le taux d’exploitation pv / v et le taux de profit pv / (c + v). Dans les formulations de Marx, telles qu’elles apparaissent dans les lettres envoyées à Engels, ces ratios ne sont pas respectés. Cependant, et surtout, Marx avait conçu une méthode de vérification de la cohérence théorique en insérant le problème à résoudre dans les contraintes strictes de la Reproduction Simple. Le lecteur est renvoyé à mon Tous ensemble pour un exposé complet. Le lecteur anglais trouvera un résumé pertinent dans mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance (2005) librement accessible dans la Section Livres-Books de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com .

Bref, les principaux ratios des fonctions de production ne peuvent être donnés au hasard car la composition organique du capital (v / C) et le taux d’exploitation (pv / v) évoluent de façon proportionnellement inverse selon la loi de productivité marxiste. Considérée sous l’angle de la Reproduction Simple, la productivité est la capacité de produire plus d’un produit donné, ou d’un produit doté d’un grand degré d’élasticité, pendant le même temps avec le même investissement (c + v) et le même v exprimé en termes de valeur d’usage – force de travail mais pas le même nombre de travailleurs physiques – donc avec une valeur d’échange par unité de produit proportionnellement inférieure. Nous supposons une situation de plein emploi à ce stade afin que les valeurs d’échange et les prix du marché restent les mêmes.

Les équations de RS de Marx résumées par Boukharine sont:

c2 = v1 + pv1

M2 = (v1 + pv1) + (v2 + pv2)

M1 = c1 + c2

Un exemple valant mille mots nous obtiendrions ce qui suit – l’exemple est copié et collé de mon Tous ensemble:
« Dans chaque secteur, la productivité implique une relation inversement proportionnelle entre v / C (où C = (c + v) et pv / v. En supposant un système de Reproduction Simple initial dans lequel SI et SII partagent le même v / C et le même pv / v, on obtiendrait dans le système initial A:

c1: 80 € v1: 20 € pv1: 20F = M1: 120 €

80Mp / 80h 20Mp / 20h 20Mp / 20h = 120Mp / 120h

c2: 40 € v2: 10 € pv2: 10 € = M2: 60 €

40Cn / 40h 10Cn / 10h 10Cn / 10h = 60Cn / 60h

Ici, un Cn vaut un Mp et les conditions de production sont identiques donc le travail est naturellement un travail homogène selon la terminologie utilisée par Arghiri Emmanuel – ce que Marx appelait « travail abstrait» – et donc immédiatement commensurable. Montrons que cela reste le cas lorsque la productivité diffère dans un secteur à condition que les règles de la productivité soient respectées.

Supposons que le système RS A’ tel que la productivité augmenterait de ¼ en SI. Nous aurions:

c1: 84 € v1: 16 € pv1: 20 € = M1: 120 €

105Mp / 84h 20Mp / 16h 25Mp / 20h = 150Mp / 120h

c2: 36 € v2: 9 € pv2: 9 € = M2: 54 €

36cn / 36h 9cn / 9h 9Cn / 9h = 54cn / 54h (45Mp)

Ici un Mp = 0,8 €; et un Cn = 1 € »

Réinsérer de façon cohérente la théorie scientifique de la productivité dans le système de RS élimine le fallacieux « problème de la transformation» et fournit un système entièrement élucidé en termes de valeurs, prix, heures et quantité de produits, un résultat auquel aucune autre théorie, en particulier les théories bourgeoises et marginalistes, ne pourrait même pas rêver. Une autre façon de le dire est de noter que toutes les théories bourgeoises, marginalisme compris, sont incapables de concilier micro et macroéconomie. J’ai montré (http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/) que ce problème ex ante / ex post, faussement imputé à Marx par le pitre Böhm-Bawerk, s’applique en réalité justement aux courbes de l’offre et de la demande. Pour dessiner la courbe de la demande, il faut donner un tableau des offres possibles en prix, et inversement pour dessiner la courbe de l’offre, il faut fournir la table des demandes en termes de prix, puis vous croisez les deux courbes et Voilà! Vous obtenez le miracle du « prix de marché » et si vous savez persévérer, vous serez sur la bonne voie pour gagner un prix Nobel – Hi-Han! – au moins si vous savez vous soumettre aux lignes de conduites dominantes.

Ce n’est là que la falsification la plus importante des travaux scientifiques de Marx. Un bref historique des principales falsifications est donné dans mon Introduction méthodologique librement accessible dans la section Livres-Books de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com .

Cette clarification scientifique nous permet maintenant de nous tourner vers l’analyse de deux autres falsifications à démystifier pour saisir le petit jeu académique inutile à l’œuvre dans le « circuit du capital » de Duménil et Lévy. Leur point de départ est la théorie des circuits du capital proposée par Duncan Foley (notez le pluriel ici alors que les deux auteurs utilisent le singulier …) Foley, à son tour, a fondé sa réflexion sur les critiques de Rosa Luxemburg portant sur le Livre II du Capital. Nous devons donc commencer par une brève exposition des critiques de Rosa Luxemburg.

2) L’origine d’un autre problème fallacieux des marxologues

2 a) Rosa Luxemburg et le Livre II

Les œuvres pertinentes de Rosa Luxemburg, à la fois L’accumulation de capital et L’accumulation de capital: une anti-critique sont facilement disponibles ici: https://www.marxists.org/francais/luxembur/livres.htm . Une reformulation plus courte de la critique principale est fournie dans Tony Cliff, «Rosa Luxemburg The Accumulation of Capital» dans https://www.marxists.org/archive/cliff/works/1969/rosalux/8-acc-cap.htm . Le reste de l’article est bien intentionné mais erroné. En effet, comme la plupart des universitaires, Cliff ne connaît pas mes contributions scientifiques ou bien, comme tant d’autres, il a choisi de les ignorer. Comme nous le savons tous, les universitaires sont payés et la plupart remorquent les lignes narratives dominantes, en particulier lorsqu’ils traitent du marxisme et des sciences sociales.

Quant à Rosa Luxemburg, elle a eu l’honneur douteux de vivre à Vienne où, avec ses camarades, elle a contribué à inculquer une analyse scientifique rigoureuse à l’étude et à l’avancement du marxisme. Comme tous les grands marxistes, elle admirait Marx mais le lisait toujours avec un esprit critique comme Marx l’avait exigé. Janek Wasserman a parlé de la Vienne rouge et de la Vienne noire. Malgré des rivalités durables, les politiques allemande et autrichienne ont été étroitement liées, ne serait-ce qu’en raison de la substitution du régime républicain à l’ordre impérial dans les deux pays après la Première Guerre mondiale.

Malheureusement, son analyse de la Vienne rouge commence après 1919, donc après les meurtres barbares des révolutionnaires communistes par la République allemande de Weimar, notamment Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg. Ce faisant, il a raté l’essentiel de la Vienne rouge et de la Vienne noire: avec l’austro-marxisme, les cercles impériaux dominants et plus tard « républicains », notamment Böhm-Bawerk, Menger et le reste de la soi-disant Ecole autrichienne, ou marginaliste, les classes dominantes pouvaient contrôler à la fois l’idéologie dominante et l’opposition dominante. La surreprésentation juive en tant que groupe de médiation au sein des différentes nationalités de l’Empire autrichien explique en grande partie cela. Malheureusement, les clivages intra-dominants des classes prirent vite la forme de l’opposition entre la version autrichienne du nietzschéisme philosémite – y compris Freud – et l’interprétation catholique wagnérienne. Cette dernière était encore aggravée par les contradictions impérialistes entre les grandes puissances européennes et, en ce qui concerne notre argument ici, par les contradictions entre Wagner et Chamberlain. Ce clivage exclusiviste prendra une forme meurtrière avec l’affirmation de la Vienne noire c’est-à-dire du fascisme et du nazisme.

La falsification de l’économie par l’Ecole autrichienne avait commencé avant la mort de Rosa Luxemburg mais s’est vraiment épanouie peu après son barbare assassinat. Elle repose principalement sur deux courants idéologiques. D’abord la critique de l’œuvre de Marx comme non scientifique grâce à l’accréditation académique de la falsification originale de Böhm-Bawerk. Ceci fut immédiatement suivi de la falsification subjective qui est au cœur des concepts d ‘« utilité » et d’ « utilité marginale ». L’opposition venant de l’Ecole allemande plus encline à l’Histoire, dirigée principalement par Gustav Schmoller, souligna que les efforts marginalistes autrichiens étaient voués à l’échec Simplement parce qu’aucune méthode scientifique ne saurait reposer sur des théories subjectives. L’école autrichienne, grâce à son accès facile aux cercles de l’État et donc au pouvoir de contrôler les programmes ainsi que les processus de sélection des corps universitaires et des étudiants, riposta avec la prétention que la mentalité capitaliste – « la mentalité acquisitive » déjà critiquée à la naissance par Hobbes et bien d’autres encore – était universelle diachroniquement et synchroniquement! Il s’ensuivait par exemple qu’il n’existe aucune différence entre les sociétés féodales, potlatch et capitalistes. Les théories ethnologiques et anthropologiques falsifiées se sont mises à prospérer ainsi que les théories psychanalytiques falsifiées. Les pires d’entre elles se fondant sur l’inversion philosémite nietzschéenne par S. Freud du travail de Vico sur le devenir humain principalement exposé dans sa Scienza nuova comme je l’ai démontré dans la deuxième partie de mon Pour Marx, contre le nihilisme (2002) librement accessible dans la section Livres-Books de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com.

Revenons à Rosa Luxemburg. Elle était une authentique marxiste et une vraie communiste internationaliste. Bien qu’elle n’ait pas été en mesure de rétablir la loi scientifique de la valeur comme nous l’avons fait – voir ci-dessus – elle a clairement vu que le Livre II contenait des contradictions. Elle se sentit bientôt obligée de critiquer le Gotha des austro-marxistes, de Kautsky à Bernstein à Otto Bauer et à Hilferding, avant même que Lénine ne les accusa d’être des « renégats » pour leur soutien à la guerre menée par les puissances impérialistes pour se partager le monde. Sur les traces de Ferdinand Lassalle, les austro-marxistes ont fait de leur mieux pour priver la classe ouvrière de leur propre voix, tout comme Freud l’a fait pour Ida, alias Dora, la sœur d’Otto Bauer. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ida_Bauer )

Elle a compris qu’ils éviscéraient le marxisme de son esprit scientifique et de sa méthodologie et elle n’a pas hésité à le dire à haute voix, réfutant leurs critiques de façon assez brillante. Et cela, plus que toute autre chose, lui a probablement coûté la vie. Elle n’a pas pu prouver que le choix des brouillons retenus pout la publication des Livres II, III et IV était, comme je pense, le résultat d’une falsification planifiée, mais elle a révélé les contradictions qui en découlaient. On peut déplorer qu’elle ait attribué ces contradictions à Marx sans différencier clairement les phases d’investigation et d’exposition; cependant, elle n’en a pas déduit la nécessité d’abandonner la loi de la valeur mais au contraire de contribuer à l’avancement du marxisme scientifique. En effet, à partir des contradictions qu’elle a signalées dans le Livre II publié par Kautsky et al., elle a dérivé une théorie brillante et parfaitement descriptive de l’impérialisme qui a maintenu le marxisme en vie malgré le fait que le problème de transformation inventé par Böhm-Bawerk fusse resté sans réfutation.

La théorie des circuits du capital proposée par Duncan Foley sert de point de départ à l’étude de Duménil et Lévy. Elle débute par un présumé problème de réalisation que Rosa Luxemburg a vu dans les ébauches retenues pour la publication du Livre II du Capital. Le problème disparaît une fois que la productivité est intégrée de manière cohérente dans les Equations RS-RE. Mais nous devons comprendre le cœur du raisonnement de Rosa Luxemburg. Comme l’explique Marx, la valeur d’échange doit être réalisée pour exister en tant que réalité marchande ou capitaliste. Dans une société capitaliste, cette réalisation prend la forme argent, la forme privilégiée de l’accumulation de capital au sein du MPC. Mais l’argent n’est qu’un équivalent général bien que très pratique. La réalisation pourrait également être effectuée par le biais d’un produit particulier utilisé comme moyen d’échange, c’est-à-dire un équivalent particulier. En fin de compte, la réalisation doit reposer sur la valeur d’échange de la force de travail, le seul équivalent universel. Mais les formes et les médiations sont importantes.

Rosa Luxemburg connaît la différence entre le Simple échange entre un produit A et un produit B où en termes monétaires A = B. Elle sait également que la circulation du capital sous sa forme monétaire (M), sa forme de marchandise (C) et sa forme de production ( P) est basée sur l’extraction de plus-value de sorte que le circuit M – C … P … C’- M ‘ produit une accumulation de valeur d’échange ou de capital (M ‘ > M). Elle sait également que l’analyse de ces deux formes de circulation complémentaires, nécessaires pour arriver au stade de la réalisation, est résumée dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie proposées dans le Livre II. Malheureusement, les brouillons retenus pour le Livre II ne sont pas des brouillons finis. Boukharine a pu formaliser en trois lignes les équations de la Reproduction Simple, bien que cette brillante exposition apparaisse comme un cas spécial limité aux secteurs SI et SII partageant les mêmes v / C et pv / v jusqu’à ce que je résolve le soi-disant problème de transformation. En effet, la cohérence systémique est parfaitement respectée lorsque tous les rapports (v / C et pv / v) sont maintenus identiques dans les Secteurs I et II. Dès que les ratios changent, la confusion la plus incroyable s’ensuit. J’ai démontré que ce n’est le cas que lorsque la loi marxiste de productivité n’est pas intégrée de manière cohérente dans les Equations RS-RE.

Ce n’était pas le seul problème auquel Rosa Luxemburg était confrontée. Les quelques ébauches de pages traitant de la Reproduction Elargie dans le Livre II sont au mieux fragmentées et utilisent des exemples choisis arbitrairement. La grandeur de Rosa Luxemburg consiste à lire Marx comme une grande honnête marxiste et à souligner les contradictions afin de proposer une issue, à savoir sa théorie des relations du capitalisme avec d’autres Modes de production qui conduisit à sa théorie de l’impérialisme.

Rosa Luxemburg propose une théorie de l’argent dans son Accumulation de capital. Mais elle est très sommaire – et, en réalité, erronée. Elle revenait à dire qu’il faut introduire une somme d’argent suffisante pour assurer la réalisation de l’ensemble de la production sans préciser à quel niveau cela serait le cas. Elle est tentée de suivre Tugan-Baranovsky en introduisant un troisième secteur Or représentant la monnaie mais ne développe pas cela jusqu’à la position absurde (marginaliste) qui consiste à assimiler la quantité de production avec la quantité d’argent nécessaire pour la circulation et la réalisation. Cela aurait aboli le rôle de ce que Marx appelle des « rotations » de la monnaie notamment celles des masses salariales. Sa lecture des formulations schématiques de Marx de la Reproduction Simple et Elargie la ramène à son problème principal qu’elle résume en une phrase: « Ce qu’il faut expliquer, c’est la grande transaction sociale d’échange, provoquée par les besoins économiques réels. » (voir le Chapitre 9 de L’Accumulation du capital dans https://www.marxists.org/francais/luxembur/livres.htm ). Au final, lorsque chaque Mp et Cn peuvent être échangés comme c’est le cas dans les Equations RS, aucun problème de réalisation ne se poserait indépendamment du recours à la forme monétaire. Mais ce n’était pas le cas avec la Reproduction Elargie telle que décrite par les ébauches utilisées pour le Livre II. Comme elle l’a compris, il y avait une quantité de production qui ne pouvait pas être réalisée au sein du MPC avec le montant d’argent disponible, de sorte que l’impérialisme, nécessairement violent, était compris comme l’ouverture nécessaire de nouveaux marchés où la production excédentaire pouvait être vendue et réalisée.

Tony Cliff, qui n’est pas utile dans la suite de son article car il ne comprend pas la productivité, résume assez bien cette critique. Voir la citation complète ci-dessous.
Nous pouvons synthétiser davantage la présentation du schéma RS suivi du schéma RE en t0 et en t1.

Schéma RS:
S I 4000c + 1000v + 1000s = 6000 Nous avons c / v = 4; v / C = 0,2; pv / v = 1

S II 2000c + 500v + 500s = 3000 Nous avons c / v = 4; v / C = 0,2; pv / v = 1

Ici, les Equations RS de Marx s’appliquent. Ils signifient que la production totale de Moyens de Production (Mp) doit couvrir la quantité totale de Mp nécessaire en c1 et c2. De même, la production totale des Moyens de Consommation (Cn) doit couvrir les besoins de consommation de la force de travail et du capitaliste – en supposant ici que la plus-value est totalement consommée par les capitalistes. Enfin c2 doit être égal à v1 plus pv1. Cette dernière condition est la clé de l’équilibre RS bien qu’elle soit moins évidente.

L’égalité c2 = ( v1 + pv1) a été dérivée par Marx de son analyse critique des stocks et des flux de Reproduction analysés par divers auteurs classiques, principalement par Sismondi – le revenu annuel – et dans le Tableau de Quesnay. Pour comprendre cela, il est important de garder à l’esprit que SI produit Mp de sorte que pv1 soit d’abord disponible pour le capitaliste SI en tant que Mp ou en tant que fraction du produit total de sa production sectorielle spécifique. Cela ne se transforme en Cn qu’à travers la série d’échanges ou de circuits du capital entre SI et SII qui est résumée par les Equations RS. Dans le cadre du MPC caractérisé par la mobilité des capitaux des industries et branches et de secteur à secteur. C’est tout ce qu’il faut à la soi-disant concurrence pour faire respecter sa règle. Mais derrière cette concurrence médiatisée par la valeur d’échange, ou prix, se trouvent les conditions techniques de production et de Reproduction qui surdéterminent le processus de Reproduction à travers les deux principales demandes sociales, celle de Mp et celle de Cn.

Voici le schéma RE en t0 qui prétend fournir les conditions de départ:

S I 4000c + 1000v + 1000s = 6000 Nous avons c / v = 4; v / C = 0,2; pv / v = 1

S II 1500c + 750v + 750s = 3000 Nous avons c / v = 2; v / C = 0,33; pv / v = 1

Notez ici que la condition nécessaire pour c2 = (v1 + pv1) est rompue. On suppose que la moitié du pv1 est consommée par le capitaliste et l’autre moitié est réinvestie proportionnellement dans c1 et v1. Bien sûr, étant donné l’hypothèse de départ concernant c2, cela n’aide pas d’étendre le schéma RE de t0 à t1 à t2 et tn. Cela ne fera que reproduire et aggraver cette erreur initiale.

Nous développons maintenant SI en appelant pv1c la partie réinvestie en c1, pv1v la partie réinvestie en v1 et pv1a la partie consommée:

SI = 4000 + 1000 + [(400 + 100) + 500] = 6000

De cela découlerait:

c1 + pv1c = 4000 + 400 = 4400

c2 + pv2c = v1 + pv1a + pv1v

= 1000 + 500 + 100 = 1600

Voici le premier tour ou t1:

S I 4400c + 1100v + 1100s = 6600

S II 1600c +  800v +  800s = 3200

Rosa Luxemburg suit rigoureusement les brouillons d’investigation publiés par Kautsky et d’autres dans le Livre II et analyse les résultats de la procédure après quelques tours. (Pour la présentation complète, voir la note ci-dessous). Elle conclut à juste titre qu’il y aurait un déséquilibre accru entre les deux secteurs. Elle attribue cela à la main invisible propulsée par le motif de la recherche du profit capitaliste et arrive à sa théorie des relations entre les différents Modes de production avec le MPC, donc à sa théorie de l’impérialisme.

En réalité, les Equations RS doivent sous-tendre les Equations RE en tenant compte du taux d’accumulation ou de réinvestissement. Les demandes sociales de Mp et de Cn doivent être couvertes: la logique du profit ou la mobilité du capital le garantiraient. Par conséquent, nous devrions avoir:

Schéma RE en t0:

SI = 4000 + 1000 + [(400 + 100) + 500] = 6000

SII = 2000 + 500 + 500 (ceci est donné par pv / v = 1 et nous n’avons pas besoin de le développer ici)

RE en t1 où SI réinvestit la moitié de pv1. On a:
SI = 4400 + 1100

pv1 / v1 = 1 d’où on déduit que M1 ou la production totale de Mp = 6600 Mp

Comme nous l’avons dit plus haut c2 doit être égal à (v1 + pv1) car il est imposé à travers la série d’échanges imposée par la mobilité des capitaux et résumée dans les Equations RS dans un cadre dans lequel les conditions de production, à savoir la composition organique du capital et le taux d’extraction de la plus-value resteraient identiques.

Nous avons: SI = 4400 + 1100 SII = 2000 + 500

Cela signifie à son tour que pour maintenir un équilibre – les Equations RS – les deux secteurs doivent réinvestir au même rythme.

Bien sûr, la « main invisible », contrairement à la planification socioéconomique, ne conduit à ce résultat que par des crises récurrentes caractérisées par une expansion dans certaines industries qui s’accompagnent par des contractions dans d’autres. Nous avons déjà dit ailleurs qu’il y a toujours un équilibre capitaliste, mais c’est toujours un équilibre ex post qui n’est jamais un équilibre socialement optimal. Le mode de production capitaliste est intrinsèquement fondé sur le gaspillage et les purges qui se déroulent pendant les inévitables crises récurrentes n’en sont qu’une illustration dramatique. Le gaspillage le plus accablant et le plus gigantesque induit par le MPC est systémique et silencieux, il est basé sur le fait que seule la demande solvable est satisfaite par une offre. Le processus implique un mépris massif pour l’environnement comme expliqué dans ma théorie de l’écomarxisme exposée dans l’Introduction et l’Annexe de mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance. (2005) Cela explique pourquoi, au sein du MPC, la plupart des besoins sociaux essentiels ne sont pas satisfaits et doivent donc être soustraits à la portée des «esprits animaux» du capitalisme et confiés à des entreprises publiques nationales.

Rosa Luxemburg est très sarcastique lorsqu’elle écarte la tentative d’Otto Bauer de réfuter son argument sur le déséquilibre. Soulignant l’ensemble arbitraire d’équations fourni par Bauer, elle conclut:

«Les capitalistes de la section I « veulent » donc, selon Bauer, réinvestir dans leur usine 12500 de leur plus-value. Pourquoi cette somme ? Parce que Bauer a précisément besoin de ce nombre pour avoir un calcul simple à faire.» https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1913/00/rl_19130000a_b.htm

«Les capitalistes du premier département de Bauer« veulent »réinvestir 12 500 de leur plus-value. Pourquoi tant? Parce que Bauer a besoin de ce chiffre pour que ses calculs fonctionnent.

«Bauer arrive et jette nonchalamment toute l’analyse de Marx au sol en« transférant »les produits en avant et en arrière d’un département à l’autre sans échange, et en volant dans le modèle rigoureux comme une oie sauvage dans le ciel, pour utiliser un polonais proverbe. » https://www.marxists.org/francais/luxembur/works/1913/00/rl_19130000a_b.htm

et sur https://www.marxists.org/archive/luxemburg/1915/anti-critique/ch03.htm »

Elle était particulièrement sensible à l’effacement de la lutte des classes au niveau national et des contradictions impérialistes au niveau mondial qui caractérisait tous les soi-disant austro-marxistes que Lénine caractérisa de « renégats » lorsque le déclenchement de la Première Guerre mondiale les eût démasqués. Au final, elle constata que Bauer ne pouvait pas réconcilier ses diagrammes sans introduire de façon exogène une variable d’ajustement, c’est-à-dire en l’occurrence la démographie. Mais elle n’avait raison que par défaut. Elle fut encore plus caustique lorsqu’elle critiqua la remarque de Tugan-Baranovsky soulignant les proportions intersectorielles nécessaires pour maintenir un équilibre systémique. Elle dénonce cela comme une tautologie inutile. Cependant, Tugan-Baranovsky avait autre chose en tête, à savoir la résolution du soi-disant « problème de transformation » ou, pour le dire simplement, l’incohérence des Equations RS lorsqu’une augmentation de la productivité – ou un changement dans le v / C initial et pv / v – se produit dans un seul secteur.

C’est le nœud du problème. En se référant aux Equations de la RE (fausses) traitées ci-dessus – avec c2 + pv2c = v1 + pv1a + pv1v – nous remarquons qu’une fois que nous prenons correctement la composition organique du capital en v / C au lieu de c / v, non seulement l’ensemble des Equations semblent arbitraires, comme Rosa Luxemburg l’a souligné à juste titre, mais de manière plus importante encore, elles sont incohérentes. Et étant donné que la loi marxiste de la productivité impose une relation déterminée entre la composition organique du capital v / C et le taux d’extraction de la plus-value ou le taux d’exploitation pv / v, les Schémas résultent faux.

Les déséquilibres socioéconomiques capitalistes existent mais ils doivent être analysés scientifiquement en respectant les Equations RS nécessaires qui doivent surdéterminer la dynamique de la RE. Par exemple, l’augmentation de la productivité « libère » la force de travail conduisant au chômage, posant ainsi le problème sous-jacent de surproduction et de sous-consommation, d’où le problème posé par les médiations impérialistes. La main-d’œuvre libérée ne peut pas toujours être absorbée dans des secteurs nouveaux ou intermédiaires – qui sont désormais de plus en plus intensifs en capital – du moins pas sans une réduction générale récurrente de la semaine de travail. L’Armée de Réserve du prolétariat est également au cœur de la compréhension scientifique de la monnaie et de l’inflation / déflation.

Marx a déclaré que l’analyse était le microscope de la pensée. Outre les équations de Reproduction dans de nombreuses ébauches, il a proposé une méthode pour clarifier la formulation du problème de la comparaison des fonctions de production, à savoir en utilisant C = (c + v) = 100. Les principaux ratios sont v / C, la composition organique de Capitale; pv / v le taux d’exploitation et v / (c + v) le taux de profit.

Si nous reformulons ce qui précède, nous obtiendrions pour le point de départ RS:

SI  = c1 (80) + v1 (20) + pv1 (20) = Mp (120) où v / C = 0,2 et pv / v = 1 et v / (c + v) = 0,2 S

II = c2 (40) + v2 (10) + pv2 (10) = Cn (60) où v / C = 0,2 et pv / v = 1 et v / (c + v) = 0,2

Si nous reformulons ce qui précède, nous obtiendrions ce qui suit pour le point de départ de la RE :

SI = c1 (80) + v1 (20) + pv1 (20) = Mp (120) où v / C = 0,2 et pv / v = 1 et v / (c + v) = 0,2

S II = c2 (30) + v2 (15) + pv2 (15) = Cn (60) où v / C = 0,33 et pv / v = 1 et v / (c + v) = 0,33

Au deuxième tour (en considérant simplement SI pour faire court où la moitié du pv1 est réinvesti), nous obtiendrions:
SI = c1 (88) + v1 (22) et ainsi de suite pour SII et pour les tours successifs comme l’a montré Rosa Luxemburg.

En un coup d’œil, nous voyons ce qui ne va pas. Ce n’est pas seulement, comme l’a souligné Rosa Luxemburg, que les exemples sont arbitraires mais qu’ils ne sont pas cohérents. L’écart dans les principaux ratios de SI à SII deviendra le nid de crabes connu sous le nom de problème de transformation (falsifié) nécessitant un taux de profit moyen pour atteindre des prix de production (falsifiés). C’était le vrai problème qu’il importait de résoudre …

Ce déséquilibre est à la base de ce qu’elle considère comme un problème de réalisation et le moteur de l’impérialisme.
Jetons un autre regard sur notre propre formulation.

Démarrage du schéma A:
c1: 80 € v1: 20 € pv1: 20F = M1: 120 €

80Mp / 80h 20Mp / 20h 20Mp / 20h = 120Mp / 120h

c2: 40 € v2: 10 € pv2: 10 € = M2: 60 €

40Cn / 40h 10Cn / 10h 10Cn / 10h = 60Cn / 60h

Supposons un système RS A’ tel que la productivité augmenterait de ¼ en SI. Nous aurions:

c1: 84 € v1: 16 € pv1: 20 € = M1: 120 €

105Mp / 84h 20Mp / 16h 25Mp / 20h = 150Mp / 120h

c2: 36 € v2: 9 € pv2: 9 € = M2: 54 €

36cn / 36h 9cn / 9h 9Cn / 9h = 54cn / 54h (45Mp)

Ici un Mp = 0,8 €; et un Cn = 1 € »

Étant donné que les principaux rapports v / C et pv / v dans les schémas A et A’ restent cohérents, le schéma A initial ne peut plus être considéré comme un cas spécial. En fait, cette cohérence explique pourquoi le schéma RS a été utilisé avec un si grand succès par la planification bolchévique initiale – c’est-à-dire Staline -. Staline a souligné la nécessité de toujours introduire la plus grande productivité possible. Tout en ajustant les choses en cours de route pour faire face aux écarts ainsi introduits. Le processus a été considérablement facilité par deux éléments: a) l’égalité salariale, en dehors des soi-disant émoluments matériels; et b) la comptabilité en termes de ce que l’on appelle le Produit Matériel Net, c’est-à-dire en termes de valeur d’usage.

Sur cette base, comme le démontre mon Précis d’Economie Politique Marxiste – librement accessible dans la section Livres-Book de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com -, il est facile d’appréhender la Reproduction Elargie. Pour maintenir le système dynamique dans un équilibre harmonieux, il faut prévoir un taux de réinvestissement proportionnellement symétrique en SI et SII. C’est l’objet du crédit public qui est l’anticipation sous forme monétaire de la croissance. A défaut, par exemple avec le crédit privé, spéculatif ou non, le système induit des expansions dans un secteur ou des secteurs et des contractions dans d’autres, à savoir la crise cyclique.

Comme Marx l’a précisé à plusieurs reprises, le problème de cohérence doit d’abord être traité au niveau des Equations de la RS, où les contraintes paramétriques sont strictes et simples. En me référant à mes propres exemples ci-dessus, nous remarquons que lorsque nous respectons la cohérence nécessaire – les relations entre les principaux ratios – si la productivité augmente uniquement en SI, SII continuant à produire avec les mêmes ratios, SII est obligé de s’ajuster. Dans Tous ensemble, j’ai appelé ce processus l’Effet SR. Cet Effet peut également être retracé dans l’ajustement de la force de travail « v » puisque, en termes de valeur d’échange, la force de travail active totale s’élève à 25 euros (soit 25 Cn) contre 30 euros (pour 30 Cn) dans le schéma de départ. Donner les chiffres en heures montre que, comme prévu, l’augmentation de la productivité « libère » une quantité déterminée d’heures de travail. C’est l’origine et l’illustration du processus qui crée l’Armée de réserve du prolétariat, correspondant aux 5 heures manquantes (30 heures pour commencer et 25 heures lorsque l’augmentation de la productivité a été introduite dans SI.)

Lorsque la cohérence entre les principaux ratios est respectée en SI et SII, le vrai problème n’est plus le déséquilibre en termes réels entre SI et SII car il a été organiquement résolu par la cohérence imposée par les ratios. Cela nous renvoie à l’égalisation organique des conditions imposée par la mobilité des capitaux d’un secteur à l’autre et de branches à branches. Le vrai décalage réside dans la création de l’Armée de Réserve qui renvoie aux principales contradictions qui caractérisent tous les modes de production et notamment le MPC, à savoir la contradiction entre les rapports de production et l’évolution des forces productives qui prennent la forme de crises cycliques et structurelles.

De plus, étant donné la cohérence organique imposée par la loi de la productivité – ou par la cohérence imposée par les ratios principaux, ce qui est la même chose – nous pouvons maintenant voir clairement dans les processus de circulation et de réalisation. Le secret de tout Mode de production est l’avance faite par l’ouvrier – tout type, paysan, ouvrier, vendeur, etc. – au processus de production sous forme de travail vivant – voir Tous ensemble. Le « travailleur» entre dans le processus de production en tant que travail passé ou travail reconstitué – valant le panier de consommation qui le maintient en vie et capable de travailler, c’est-à-dire le « travail socialement nécessaire ». En tant que travail vivant, il est capable de produire un surplus – plus-value – qui est ensuite empoché par le propriétaire des moyens de production. Cette avance en termes réels – valeur d’usage – ou en termes monétaires – valeur d’échange de la force de travail ou de la masse salariale – est tout ce qu’il faut pour effectuer tous les échanges nécessaires pour la RS et la RE. Le travailleur avance sa force de travail mais son salaire est toujours payé à la fin du processus de travail.

On peut cependant se demander comment le système gère le « maintien » de l’armée de réserve.
(Remarque: Le terme plutôt « mécanique » «maintenance» a été utilisé dans les rapports originaux de la Tennessee Valley Authority qui furent le point de départ du travail statistique de Kuznets si vital pour la gestion de l’économie capitaliste moderne avec des concepts fallacieux mais plausibles tels que le PIB, etc. Cette comptabilité nationale marginaliste repose sur la valeur ajoutée et ne tient pas compte de la contribution essentielle à la croissance nationale et sociale réelle apportée par les services publics tels comme les soins de santé, etc. C’est tout à fait absurde car les dépenses des services publics n’ayant pas de prix de marché sont comptabilisées dans la dette publique mais pas dans le PIB et ceci dans un contexte monétariste spéculatif dans lequel un absurde « sentier de consolidation fiscale » s’impose férocement sur ces bases. Les services publics sont les principaux contributeurs de la compétitivité macroéconomique qui, à son tour, est le principal soutien de la productivité microéconomique. Par exemple, les soins de santé publics universellement accessibles nécessaires au maintien de la main-d’œuvre coûtent environ 9% du PIB, mais ils coûtent plus du double de ce pourcentage pour le système privé américain qui laisse près de 40 millions de citoyens sans couverture! Idem pour les régimes de retraite: il n’y a pas si longtemps, GM et l’industrie automobile américaine ont dû être renflouées à un coût public gigantesque car, en raison de l’attrition de leur main-d’œuvre, elles n’étaient plus en mesure d’honorer leur régime de retraite in-house . Une fraction de cet argent public aurait pu effacer le problème présumé du financement à moyen et long terme du déficit de la sécurité sociale américaine …

Néanmoins, la Tennessee Valley Authority démontra qu’après 2 ans de chômage la population active était victime de troubles et de lacunes physiologiques et perdait son efficacité professionnelle devenant ainsi inapte au travail sans accès à des stages de formation. De ces faits irréfutables découlait le concept de Sécurité Sociale d’après-guerre, y compris l’assurance-chômage et le recyclage professionnel, en tant que droits sociaux fondamentaux financés collectivement en lieu et place des programmes d’assistance ad hoc, soumis à conditions de ressources et souvent entachés de caractères confessionnels et moralisateurs.)

La gestion monétaire de l’Armée de réserve du prolétariat qui doit distinguer entre une masse salariale réelle et une masse salariale sociale, est à l’origine de la compréhension de la théorie quantitative de la monnaie – à distinguer du crédit, comme nous le verrons plus tard.

 2) Origine d’un autre problème fallacieux des marxologues

2 b) Circuits vs Reproduction Simple et Elargie

 Nous avons vu ci-dessus que Rosa Luxemburg avait réalisé que, finalement, le soi-disant problème de la réalisation devait être traité dans les Schémas de Reproduction Simple et Elargie. Cela explique pourquoi son analyse des circuits du capital et de l’argent est rudimentaire. La solution est assez simple: les circuits marxistes du capital pleinement compris sont résumés dans les Equations de la Reproduction Simple, à savoir un modèle à deux secteurs dans lequel les principaux ratios (v / C et pv / v et v / (c + v) ) sont identiques dans les deux secteurs:

SI = c1 (80) + v1 (20) + pv1 (20) = M1 (120)

SII = c2 (40) + v2 (10) + pv2 (10) = M2 (60)

Ici, avec le plein emploi implicite, la masse salariale réelle (v1 + v2) nécessaire et suffisante pour permettre tous les échanges économiques par sa rotation est identique à son expression monétaire ou masse salariale sociale.

Pour répéter les Equations SR sont:

c2 = v1 + pv1

M2 = v1 + pv1 + v2 + pv2

M1 = c1 + c2

J’ai montré que lorsque la loi marxiste de la productivité, que j’ai démontrée à la suite de Marx, est réinsérée de manière cohérente dans les schémas de la RS et de la RE, les équations fondamentales ne changent pas. Avec la Reproduction Elargie, il suffit de décomposer pv1 en deux parties, pv1a qui est consommé et pv1b qui est réinvesti proportionnellement en c1 et v1. Idem pour pv2. Si le réinvestissement est symétriquement proportionnel à la fois en SI et en SII, le système RE – ou équilibre dynamique – est harmonieux en termes socioéconomiques. Sinon, la sur-expansion dans un secteur s’accompagne de contractions dans l’autre, d’où le chômage et la crise.

Par exemple, en supposant une augmentation de la productivité de ¼ en SI, nous obtiendrions:

SI = c1 (84) + v1 (16) + pv1 (20) = M1 (120 euros / 150 Mp)

SII = c2 (36) + v2 (9) + pv2 (9) = M2 (54 euros / 54 Cn)

Dans cette situation, la masse salariale réelle (v1 + v2) passe de 30 euros à 25 euros. Par conséquent, 5 « travailleurs » ou unités de force de travail sont au chômage. Au début historique du capitalisme libéral, le « travail libéré » devait survivre soit en retournant à la campagne, soit en recourant à l’économie informelle ou, plus probablement, en s’appuyant sur la famille élargie qui, jusqu’à l’après-Seconde Guerre mondiale, fonctionnait comme un filet de sécurité. Après cela, l’État capitaliste a réorganisé sa gestion des relations sociales. Il suffit ici de dire que la force de travail active est appelée à financer la force inactive. Cela se fait principalement par l’émission par la Banque centrale de la partie de l’argent nécessaire pour soutenir les chômeurs et les inactifs. Ce soutien peut prendre la forme de contributions d’épargne institutionnalisées prélevées sur le salaire brut.

Cette solidarité s’effectue dans une logique moralisatrice et soumise à conditions de ressources, ce qui implique que chacun des 5 chômeurs de notre exemple recevraient beaucoup moins que le travailleur actif le moins bien payé, disons ½. La Banque centrale fournit ces 2,5 euros supplémentaires qui, ajoutés à la masse salariale réelle, nous amènent à la masse salariale sociale. La redistribution capitaliste de la part de richesse allouée aux classes ouvrières actives et inactives s’effectue simplement par ce mécanisme d’échange monétaire invisible. Ce qui est à son tour la cause de ce que j’ai appelé le taux d’inflation structurel – il existe d’autres types, par exemple l’inflation importée, etc.

Il suffit de multiplier chaque paramètre – c, v, pv, M – par ce taux d’inflation structurel pour obtenir ce que j’ai appelé dans Tous ensemble, non pas les « prix de production » – cela n’a rien à voir avec cette falsification – mais « l’équilibre valeur-prix ». C’est ce que j’ai appelé un équilibre civilisationnel car, s’il est vrai qu’un retour au plein emploi est la seule mesure qui égaliserait les masses salariales réelle et sociale, il est également vrai qu’un système dynamique complexe a besoin de certaines médiations pour fonctionner correctement. Cette médiation monétaire particulière n’est pas vraiment néfaste si elle est contenue – c’est-à-dire reposant sur un chômage minimum – et si elle est scientifiquement comprise, permettant ainsi les corrections nécessaires. Cela faciliterait également la formulation d’indices corrects qui ne seraient pas aussi factices que ceux imaginés par Irving Fisher et désormais universellement acceptés. Pour une discussion sur la différence essentielle entre l’inflation ou le pouvoir d’achat et le niveau de vie, voir: http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018

Laissant ces considérations de côté, nous pouvons voir que la discussion peut être menée au sein du Schéma essentiel de la RS avec des ratios sectoriels identiques en le transformant en un Schéma de la RE dans lequel nous ne traitons que de l’allocation différente de la plus-value. Il est clair que si la réallocation se produit uniquement dans SI, SII devra s’ajuster. Si – comme cela pourrait être possible avec une planification centrale ou socialiste – les deux secteurs réinvestissent de manière proportionnelle et symétrique, alors la croissance dynamique redevient harmonieuse. Et ceci dissipe la contradiction logique de la RE que Rosa Luxemburg a formulée, même si cela devrait conduire à la refonte de ses théories toujours éclairantes, en particulier celles qui traitent de la crise et de la relation de coexistence et de domination de divers modes de Reproduction avec le MPC, à savoir ici les théories de l’impérialisme. Contre les tables de Reproduction risibles d’Otto Bauer, elle a raison de souligner que la «main invisible du marché» motivée par le profit ne peut pas atteindre un tel équilibre socioéconomique harmonieux. Comme nous le savons tous, l’équilibre économique capitaliste est toujours ex post y compris en temps de crise; le plus souvent, c’est un équilibre de cimetière.

Tournons-nous maintenant vers les circuits du capital. Nous avons déjà souligné que le point culminant des circuits est la série d’échanges nécessaires à la Reproduction économique telle que formalisée par les équations de la RS-RE. Cependant, la discussion de la RS dans le Livre II est complète. Boukharine a pu résumer brillamment les Equations de la RS comme nous l’avons indiqué précédemment. Cependant, ce n’est pas le cas pour la RE : les ébauches rédigées par Marx sont courtes et incomplètes. Comme Rosa Luxemburg l’a indiqué, elles étaient basées sur des chiffres « arbitraires » et, pourrais-je ajouter, elles n’incluaient pas la relation proportionnellement inverse nécessaire entre v / C et pv / v qui est obligatoire pour maintenir la cohérence systémique – et pour éviter l’erreur de la procédure utilisée pour déterminer les prix de production. En d’autres termes, ces projets étaient encore au stade de l’enquête. Mais ils témoignaient toujours de la rigueur incomparable de Marx.

Cependant, la présentation des schémas RS-RE dans le Livre II est précédée de longs développements sur les circuits du capital avant leur confluence dans les équations RS-RE. Marx distingue deux types de circuits médiatisés par l’argent. Le premier est un simple échange de la marchandise A contre la marchandise B. La commensurabilité des deux prend une forme monétaire, mais ce n’est qu’une convention sociale. On se souvient que le Capital Livre I commence par la question économique – ou plutôt chrématistique – non résolue d’Aristote, à savoir comment est-il possible d’échanger un trépied contre un lit? Le Livre I présente une brillante exposition scientifique sur la distinction fondamentale entre équivalents particuliers, généraux et universels. N’importe quel produit, qu’il s’agisse de pommes de terre ou de tabac de Virginie, peut agir comme une unité de compte numérique ou monétaire, en sa qualité d’équivalent particulier utilisé pour servir d’intermédiaire dans les échanges économiques. Mais ce procédé serait plutôt fastidieux. L’or, le papier-monnaie, etc. sont plus faciles à manipuler et sont donc utilisés comme équivalent général. Mais ce sont aussi des marchandises qui doivent être mesurées par rapport à une norme universelle, à savoir par rapport au seul étalon de mesure économique qui existe, la valeur d’échange de la force de travail. L’échange d’argent (M) pour une marchandise (C ) est une égalité et ce serait la même égalité économique que celle établie par l’échange direct A = B. Nous restons ici au niveau de la circulation des marchandises. Différents circuits économiques spécifiquement liés à la circulation des capitaux ont été étudiés. Nous pourrions les résumer en une seule chaîne principale – du moins, si nous considérons uniquement l’argent comme distinct du crédit. Le mode de production capitaliste est basé sur l’accumulation de capital entraînée par une forme spécifique d’extraction de plus-value, à savoir la productivité qui est une intensité de travail structurellement définie. Les modes de production précapitalistes étaient basés sur l’extraction de la plus-value absolue basée sur la durée du travail. Le socialisme est basé sur ce que j’ai appelé la « plus-value sociale » car il développera davantage la productivité mais garantira que les fruits du processus de travail soient partagés collectivement et répartis de manière égalitaire. L‘intensité conjoncturelle est propre à tous les modes de production mais elle est occasionnelle.

L’État providence ou Social a été inventé pour contrer la menace révolutionnaire posée par les révolutions communistes; il a expérimenté pendant un certain temps avec des versions modestes de la « plus-value sociale » principalement à travers l’extension du salaire capitaliste individuel par le salaire différé – les cotisations salariales prélevées pour financer les régimes de retraite et l’assurance-chômage, etc. – ainsi par les prélèvements fiscaux qui reviennent vraisemblablement aux ménages sous la forme d’un accès universel aux infrastructures publiques. J’ai appelé ceci le « revenu net global » des ménages à ne pas confondre avec le « revenu disponible » marginaliste qui justement fait abstraction des filets sociaux institutionnels et de l’accès aux infrastructures publiques. L’État néo-libéral et monétariste philosémite nietzschéen est maintenant en train de revenir au seul salaire individuel, provoquant une course nationale et mondiale vers le bas. Il incarne une régression sociale et éthico-politique sans précédent qui est désormais inscrite dans les lois nationales ainsi que dans la définition actuelles de l’antidumping mise en œuvre par l’OMC. Cette définition exclut du calcul de l’antidumping toute référence aux droits du travail – même sous la forme minimale de l’OIT – et aux critères environnementaux …

Si nous notons l’argent ou la monnaie comme (M), la marchandise comme (C), le processus de production où la plus-value est extraite comme (P) et la nouvelle marchandise plus chère qui sort du processus de production comme (C ‘) – par exemple C est du bois et C ‘ est du bois transformé en chaise – et si nous notons M ‘ la plus grande somme d’argent gagnée par la vente de C ‘, on obtient le circuit complet:

M – C … P … C’- M ‘et ainsi de suite …

Marx ne fait pas la distinction entre l’argent et le crédit – cependant le crédit est distinct de l’argent car c’est une anticipation de la production. Son test décisif est la réalisation. Qu’est-ce que ça veut dire? Simplement qu’une marchandise et l’argent lui-même en tant que marchandise étant des relations sociales spécifiques – ici spécifiquement des relations capitalistes – toutes les marchandises doivent s’échanger dans ce circuit principal de manière rigoureuse. Chacun doit trouver un équivalent dans le système pour se « réaliser » comme réalité économique. Si l’on décompose le circuit principal dans un circuit monétaire et dans un circuit de marchandise, on peut mieux analyser cette partie spécifique de la chaîne mais, en fin de compte, on sera obligé de revenir au circuit principal indiqué ci-dessus. Si le processus en restait là, ce serait totalement inutile.

Mais Marx ne perd pas de vue qu’il s’occupe de la Reproduction de tout le système économique. Il a une grande connaissance de la façon dont ce problème a été traité avant lui et plus particulièrement par le « revenu annuel » de Sismondi qui établit l’idée d’un système qui peut être défini comme un système circonscrit dans le temps, mais qui peut être affiné davantage par l’analyse incomparablement rigoureuse que Marx déduisit de sa critique du Tableau de Quesnay.

Malgré les ébauches qui ont été retenues par le renégat notoire Kautsky et d’autres de cet acabit pour former le Livre II, voici ce que nous pouvons encore lire dans ce Livre :

«En plus de cette division qualitative de la somme de marchandises réalisée par A, A-M (M se décomposant en v et Mp représente encore un rapport quantitatif bien caractéristique entre la somme déboursée pour la force de travail v et celle investie en moyens de production Mp; ce rapport est, dès l’origine, déterminée par la somme de surtravail à fournir par le nombre de travailleurs » dans le Livre II, La Pléiade éd., 1968, p 515.

Et:

«L’autonomie apparente de la forme monétaire de la valeur-capital dans la première figure de son circuit disparaît dès lors que dans sa seconde figure, elle est réduite à son contenu véritable : le mode d’existence particulier de la valeur créatrice de la valeur. C’est pourquoi Dr Quesnay oppose essentiellement dans son Tableau économique cette forme II – que nous donnerons sous III – au système mercantile. Mais, il ne la présente pas encore dans son expression pure; il y mêle des déterminations concrètes, à leur tour obscurcies par des méprises quant au processus de leur valorisation », in idem, p 335.

En d’autres termes, le problème de la réalisation doit être résolu en termes réels, à savoir par la cohérence donnée par les Equations RS-RE car, comme l’indiquent les citations, le produit C prend deux formes de valeur d’usage distinctes, à savoir Mp et Cn. Rosa Luxemburg jouait avec l’aspect argent de la réalisation mais réalisa rapidement que le problème devait être résolu en termes réels. Elle résume sa position en une phrase: « Ce qu’il faut expliquer, c’est la grande transaction sociale d’échange, provoquée par les besoins économiques réels. » ((voir le Chapitre 9 de L’Accumulation du capital dans https://www.marxists.org/francais/luxembur/livres.htm )

Elle n’a jamais fourni une théorie marxiste de la monnaie et n’a pas résolu le problème posé par les changements de productivité introduits dans les Schémas de la RS-RE. Mais elle a souligné à juste titre que le problème de la réalisation devait d’abord être évalué en fonction des contradictions émanant des ébauches concernant la RE telles que publiées dans le Livre II du Capital. À partir de cela, elle a développé une théorie descriptive très puissante de l’impérialisme, par exemple son brillant compte rendu du commerce triangulaire de l’opium entre l’Inde et la Chine organisé et imposé par la force militaire par l’empire britannique.

Dans son œuvre majeure L’accumulation de capital alors qu’elle traitait encore du rôle de la « monnaie » Rosa Luxemburg a noté d’un œil critique que Marx traita du rôle de l’or pour finalement placer la production de l’or dans le Secteur I de Mp. (voir note ci-dessous) Ce faisant, elle a ignoré l’exposition de Marx sur la distinction cruciale entre équivalents particulier, général et l’équivalent universel nécessaire pour mesurer la commensurabilité de tous les produits, y compris le produit utilisé comme instrument de mesure économique. De plus, à l’instar de Marx alors qu’il traitait encore des circuits du capital, elle ne fait aucune distinction entre la monnaie et le crédit. On sait que par la suite, Marx a passé de nombreuses années à suivre les évènements des crises économiques de 1853-58 et 1873-78 pour arriver au concept marxiste de crédit plus tard affiné par Paul Lafargue – et par moi. Dans le volume Economie II, La Pléiade 1968, M Rubel cite le travail de Marx sur le crédit et sur le développement de la bourse (p LXXXVIII) lors de la première crise mentionnée. Il montre également comment Marx a laissé de côté les travaux sur Capital Livres II et III pour remplir des cahiers volumineux sur la Russie et sur la crise économique et financière de 1873-1878.

À ce stade de notre critique, il serait utile de s’enquérir brièvement de l’influence jouée par Tugan-Baranovsky. Non seulement à cause de son influence sur Rosa Luxemburg, mais de façon plus inquiétante sur tous les économistes bourgeois après lui. Le raisonnement fallacieux de la résolution simultanée proposé par Tugan-Baranovsky se retrouve chez Léo Walras. Elle a pris la forme de l’équilibre puéril atteint sur le « marché des marchés ». Imaginez que chaque marché – la microéconomie déconnectée de la macroéconomie – soit déterminé par le croisement inepte des courbes de l’offre et de la demande, ceci étant synthétisé dans un « marché des marchés » global en proie à la même procédure ex ante/ex-post de l’Offre et de la Demande !!! C’était encore pire pour tous les autres marginalistes, plus précisément pour ceux qui étaient connu sous le nom d’économistes néolibéraux ou de « bâtards keynésiens » selon la phrase utilisée par des économistes de Cambridge au Royaume-Uni comme Joan Robinson.

Ce fut particulièrement le cas du pauvre Hicks qui ont tenté de généraliser le système de Marshall à deux produits en un système à trois et n produits. Mais il a eu le malheur de publier son Livre juste après la Théorie générale de Keynes sur l’emploi, les intérêts et la monnaie (1936). Malheureusement, Hicks a été indirectement très influent à travers la soi-disant synthèse économique largement diffusée par divers pitres – de nombreux Américains parmi eux – comme Samuelson et Solow. (En ce qui concerne ma critique de Solow, voir mon ébauche Hi-Han!: Les âneries visuelles hallucinations des économistes bourgeois (2009, dans Download Now, Section Livres-Books de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com ) Fondamentalement dans son ridicule article de 1956, qui lui valut le prix Nobel, afin d’arriver à son raisonnement d’un équilibre sur le fil du rasoir – razor-hedge -, qui, soit dit en passant, repose sur un niveau physiologique stable fallacieux pour la population active – et leurs ménages? – , Solow se débarrasse du raisonnement keynésien en posant une fonction de production bidon Y = f (K, L) où K est le capital mais où L est l’emploi indépendamment du niveau de chômage … de cette façon, il monta la scène nécessaire à l’évacuation de la variable déterminante principale dans l’ensemble de variables interdépendantes de Keynes, à savoir le plein emploi. Dans une de ses chansons toujours raffinées, Coralie Clément avertit qu’une fois que l’on touche le fond, on peut toujours creuser … https://www.youtube.com/watch?v=OHNOQ5RWY-k&list=RDOHNOQ5RWY-k&start_radio=1#t=61 . Comme le montre la longévité moyenne de 40 à 42 ans du ½ milliard de camarades Dalits, le niveau physiologique peut être très élastique, surtout une fois que la mentalité philosémite nietzschéenne réussit à faire sauter toutes les limites éthiques et civilisationnelles restreignant l’exploitation …)

Que ce soit consciemment ou non, Tugan-Baranovsky a été la proie de la falsification initiale de Böhm-Bawerk connue sous le nom de « problème de transformation » des valeurs d’échange en prix de production telle que reformulée par le statisticien Bortkiewicz. Pour résoudre le problème, Tugan-Baranovsky a proposé les équations de Reproduction suivantes:

c1 + v1 + s1 = c1 + c2 + c3

c2 + v2 + s2 = v1 + v2 + v3

c3 + v3 + s3 = s1 + s2 + s3

Elles furent substituées aux Equations de la RS de Marx, qui est :

SI = c1 + v1 + pv1 = M1 (Mp)

SII = c2 + v2 + pv2 = M2 (Cn)

Tel que:

M1 = c1 + c2

c2 = v1 + pv1

M2 = (v1 + pv1) + (v2 + pv2)

On remarque immédiatement la troisième ligne qui, pour Tugan-Baranovsky, représente l’or. Ce faisant, Tugan-Baranovsky joue simplement un petit tour de passepasse. En ajoutant l’or et en l’utilisant comme unité de compte, il obtient le même nombre d’équations que de variables et est ainsi capable de fournir une résolution simultanée algébrique simple du problème de la transformation, qui est censée représenter l’équilibre économique. Le problème est que cela n’a plus rien à voir avec le domaine de l’investigation économique et encore moins avec Marx!
Néanmoins, de nombreuses tentatives ont été faites pour comprendre l’équilibre en ces termes. Oscar Lange, bien intentionné mais dramatiquement faux, l’a utilisé dans sa tentative de fournir une soi-disant théorie marginaliste de la planification socialiste. (Voir https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#socialismemarginaliste ) Oscar Lange connaissait le problème de la transformation et il le prenait au sérieux. Pour le répéter, j’ai été le premier et le seul à résoudre ce problème fallacieux en rétablissant la loi de la valeur et en développant la loi marxiste de la productivité tout en la réinsérant de manière cohérente dans les Equations RS-RE. Son argument était que, puisque le marginalisme prétendait être scientifique, il devait s’appliquer universellement, donc il devait également s’appliquer à la planification socialiste. Le grand économiste walrasien classique Maurice Allais a proposé plus tard une version différente du marginalisme en tant que science. Il s’appuyait sur les conseils d’Auguste Walras à son fils Léon qui lui enjoignait de ne jamais oublier que les intrants de sa « science économique » ou équations doivent provenir de l’économie sociale. Mais cela ne serait pas suffisant comme je l’ai démontré dans ma critique positive d’Allais dans la «Note **» de mon Livre III intitulé Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance. Comme nous le savons, Schumpeter a transformé cela en une dichotomie ontologique afin d’évacuer préventivement toute discussion sur ce sujet crucial. Toute personne sensée – à part sans doute « les économistes » – comprend que cette dichotomie cache le problème ex ante / ex post qui afflige à la fois les courbes d’offre et de demande ainsi que l’incapacité de toutes les théories de l’économie bourgeoise de concilier de façon cohérente la micro et la macro-économie.

Entre les mains de « routiers capitalistes »et de révisionnistes comme Liberman et Khrouchtchev, ce socialisme marginaliste a conduit à l’autodestruction de l’URSS. (Voir: https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#socialismemarginaliste ) Au contraire, Staline s’était appuyé sur le Schéma SR cohérent et l’avait utilisé pour corriger la divergence qui se produisait fatalement suite à l’introduction de la productivité la plus élevée possible partout, comme il l’exigeait par ailleurs. Ce faisant, la planification stalinienne fut extraordinairement efficace et ceci d’autant plus que le calcul économique reposait sur un salaire fondamentalement égal – avec quelques émoluments matériels – et sur des valeurs d’usage donc sur une comptabilité quantitative connue sous le nom de Produit Matériel Net.

En y regardant de plus près, nous pouvons constater que Lange s’appuyait sur des solutions très pragmatiques pour surdéterminer les courbes d’offre et de demande nécessaires. Par exemple, les entrepôts surveilleraient leurs étagères et enverraient des commandes dès que la demande productive ou consommatrice menacerait de les épuiser. Notez que c’est exactement ce que fait la comptabilité d’entreprise capitaliste, du moins si l’on ajoute également la partie crédit de sa gestion. Ironiquement, c’est Hayek, dans son rôle de chien de garde de la race élue autoproclamée et des groupes affiliés, qui a critiqué le marginalisme socialiste de Lange. Sa critique se voulait comme une attaque de la méthode de résolution simultanée en tant qu’outil de planification: il a avancé à tort mais de manière plausible qu’une économie moderne est composée de millions de biens et services et, puisque chaque échange impliquait une résolution simultanée, cela était impossible. Il n’a cependant jamais dit en quoi cet argument diffèrerait pour ses propres courbes offre-demande marginalistes – les tâtonnements successifs et le problème ex ante/ex post qui se prolonge dans la contradiction qui afflige toute l’économie bourgeoise entre micro-économie et macroéconomie – Pour une critique, voir ma Note on socialist planning 2 disponible ici http://rivincitasociale.altervista.org/note-socialist-planning-2/ . En fin de compte, comme nous le savons, Hayek échangerait rapidement la logique de l’offre et de la demande pour sa propre version autoritaire d’anomisme, mal désignée comme idéologie libertaire. Mises était encore pire sur ce point.
Sraffa a également été fortement influencé par Tugan-Baranovsky dans sa tentative de réhabiliter la théorie économique classique fondée sur le travail, en particulier celle de Smith et Ricardo. Disons simplement que ce faisant, ses matrices n’ont aucune idée du problème de la productivité, elles sont donc arbitraires. Et parce qu’aucune relation nécessaire n’est établie entre la composition organique du capital et le taux de profit, ce taux de profit finit par être fourni de façon exogène! Économiquement parlant, cela n’a aucun sens. Sraffa connaissait Marx et le rôle du « travail socialement nécessaire » qu’il rebaptisait sous une forme réifiée comme panier de consommation pour les travailleurs. Le titre de son œuvre majeure, à savoir « la production de marchandises par le biais de marchandises », l’indique clairement. Ce faisant, il évacue le rôle du travail vivant et de l’exploitation du travail, si vous voulez, le rôle essentiel du surplus de travail extrait – en termes de valeur d’usage – formant la plus-value – en termes de valeur d’échange – qui est la base du capitaliste profit.

À ce stade, nous devrions peut-être mentionner l’influence de l’approche de Tugan-Baranovsky sur la soi-disant « théorie quantitative de la monnaie » d’Irving Fisher. C’est une pure tautologie car elle assimile le revenu national Y au montant de monnaie nécessaire à tous les échanges économiques – Rosa Luxemburg dirait que les marchandise doivent être réalisées sans contradictions … Il y ajoute une certaine circulation de la monnaie mais fondamentalement cela ne change rien car la circulation est un concept primitif qui renvoie à la gestion de la monnaie par la banque centrale, pas aux rotations de Marx. A l’origine, cette circulation impliquait le retrait d’anciennes monnaies métalliques ou en papier remplacées par des nouvelles. La quantité nécessaire reste tautologique et cela explique pourquoi le faussaire économique conscient I. Fisher passe tant de temps dans des pages risibles à expliquer que cette tautologie n’était pas une tautologie. Il fait également un détour forcé dans la proposition de Menger en traitant l’offre de monnaie comme celle de toute autre marchandise et, par cette voie, vous vous retrouvez finalement avec les agrégats monétaires marginalistes – m, m1, M2, M3 – utilisés par les banques centrales bourgeoises, agrégats qui confondent joyeusement argent, crédit et crédit spéculatif et ont aucune idée de l’inflation, comme l’a admis la pauvre Janet Yellen (http://rivincitasociale.altervista.org/the-fed-finally-admits-it-does-not-know-what-inflation-is-sept-21-2017 / ) A noter qu’avec la prédominance du crédit spéculatif ou du « crédit sans collatéral» – voir https://www.la-commune-paraclet.com/MandelbrotFrame1Source1.htm – la FED ne prend même plus la peine de mesurer M3 …

Bien sûr, Irving Fisher n’était pas dupe de son propre jeu. Il était un disciple choisi de Böhm-Bawerk qui a contribué à le pousser dans le domaine économique en raison de sa prétendue inclinaison mathématique. En fait, Fisher a utilisé la même méthode de falsification utilisée par Böhm-Bawerk contre le Capital de Marx. Alors que son maître avait falsifié le Livre II avec l’invention du soi-disant problème de la transformation, Irving Fisher se mit à l’œuvre pour falsifier le raisonnement du Livre III. Dans le Livre I, Marx avait exposé la théorie de la loi de la valeur et les formes d’extractions de la plus-value. Dans le Livre II, il avait exposé la logique de la Reproduction Simple et Elargie. Dans le Livre III, Marx était donc prêt à aborder la redistribution des richesses produites et reproduites, un processus éminemment politique. Par conséquent, le Livre III se proposait d’éclairer le déroulement de la lutte des classes dans ce contexte spécifique sur la base de trois revenus correspondant aux trois principales classes sociales présentes dans le mode de production capitaliste de son temps, à savoir le salaire, le profit et la rente. Les écrits historiques de Marx, en particulier ceux qui traitent de la France, illustrent parfaitement comment la méthode du matérialisme historique peut être utilisée pour une analyse historique concrète. Althusser parla à juste titre de « grille d’analyse ».

Pour évacuer toute enquête sur l’origine de ces revenus et sur la lutte des classes, Fisher proposa simplement de fusionner les trois dans son amalgame ridicule, son « income stream » ou flux de revenus, que tous les agents économiques – capitalistes, travailleurs, vendeurs, etc. et femmes au foyer – sont censés gérer selon des principes psychologiques universellement valables, à savoir la préférence pour le risque et la préférence temporelle toutes les deux étant liées à l’idée clairement incompétente selon laquelle un investissement à long terme a besoin d’un rendement plus élevé. Si, comme cela a été fait en Europe – et plus encore dans les pays communistes – l’investissement se fait par le crédit public, c’est évidemment faux. Le crédit public doit seulement couvrir ses frais administratifs et pour certains approvisionnements, il n’a pas besoin d’extraire des bénéfices ou de payer des dividendes. Le crédit public est donc toujours abordable à un taux très bas à condition qu’il corresponde aux besoins économiques réels et à la croissance socioéconomique réelle anticipée. En particulier, lorsque le crédit public finance la dette publique, celle-ci reste très faible car, presque par définition, elle correspond à l’anticipation d’une croissance qui transforme le crédit en valeur économique réelle.

Cependant, comme nous le savons, l’Ecole autrichienne a dû prétendre que la psychologie spécifiquement capitaliste était valable pour tous les temps et tous les endroits, sinon leur ineptie théorique subjective ne pouvait prétendre à aucun statut scientifique. Si vous sélectionniez les universitaires et leurs étudiants et que vous filtriez leurs publications, vous pourriez avoir une chance raisonnable de pouvoir imposer une telle ineptie pourtant évidente comme une vérité universelle. Mettre la singularité en lieu et place de l’universel constitue bien le cœur de la méthode exclusiviste. Cependant, dans ce cas, vous devrez toujours contrôler la publication de vos adversaires potentiels en créant la clique des soi-disant austro-marxistes et autres renégats du genre. (Vérification de cette méthode: les équipes modernes ont tous ignoré mes contributions scientifiques inégalées dans le domaine, ce qui est contraire à toute déontologie et équivaut à un crime social et intellectuel.) Comme nous l’avons vu, Rosa Luxemburg n’était pas dupe et cela lui a coûté la vie, comme à ses camarades, aux mains de cette sale clique de barbares criminels.

Comme nous l’avons dit, Irving Fisher savait exactement ce qu’il faisait. En témoigne également son obsession des indexes. Les narrations reposent sur la plausibilité pour tromper les masses ainsi que les « idiots utiles » parmi les classes dominantes, en particulier les classes moyennes wébériennes employées dans l’éducation bourgeoise et les bureaucraties publiques et privées. La réalité évoluant, pour maintenir la plausibilité des principales narrations, des corrections récurrentes sont nécessaires, mais elles doivent être présentées comme de nouveaux développements scientifiques et non comme des corrections, et elles doivent bénéficier de tout le poids de l’Autorité. Tout comme l’ancienne Inquisition le faisait avec son Index, sa sélection et ses persécutions. Les Prix Nobel bourgeois jouent ce rôle spécifique et aucun autre, notamment dans la « dismal science ».

En ce qui concerne Fisher, on comprend intuitivement le fait que sa théorie de la monnaie n’est bonne à rien et qu’en outre elle ne peut conduire à aucune compréhension scientifique de l’inflation ou de la déflation. Pour le dire simplement, il a confondu l’indexation inflationniste ou mesure de l’évolution du pouvoir d’achat avec l’évaluation objective du niveau de vie. L’argument complet est présenté ici voir: http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018 ..) En fin de compte et à juste titre, Irving Fisher se qualifiait comme un véritable « pitre » dans l’acception conceptuelle précise du terme présentée dans ma théorie marxiste de la psychanalyse démontrée dans la seconde partie de mon Pour Marx, contre le nihilisme dans la section Livres-Livres de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com .

Les tautologies monétaires d’Irving Fisher sont largement utilisées aujourd’hui, y compris par les banques centrales capitalistes. D’où les crises récurrentes toujours gérées sur le dos des travailleurs. Mais son nom est rarement mentionné. Une des raisons à cela est que Fisher avait systématiquement tort dans toutes ses prévisions économiques, y compris sur la Grande Dépression et plus tard en 1936-1937, à propos de la soi-disant Récession dans la Dépression.

Comiquement, il a commencé sa vie comme un riche héritier et a fini ruiné. En tant que économiste théoricien de la monnaie ruiné, il a fini sa vie en prêchant en faveur de la théorie dite 100% Money ! Nous en resterons là, mentionnant seulement que les théoriciens actuels de la démente théorie moderne de la monnaie devraient peut-être faire un travail historique avant de proposer des recettes, surtout lorsqu’ils ont l’intention de financer la spéculation verte …; et ils gagneraient probablement quelque chose en jetant un œil à ma Théorie Marxiste Quantitative de la Monnaie et du Crédit – Voir par exemple en anglais dans le même vieux site jurassique mon Précis d’Economie Politique Marxiste. )

Un mot sur Keynes est ici de rigueur. Keynes a vécu dans un monde où les contradictions du capital ont conduit à des crises dramatiques transformant le colonialisme en impérialisme agressif. Les rivalités inter-impérialistes ont conduit à deux guerres mondiales, comme l’a souligné à juste titre Lénine, dans une tentative de diviser le monde entre puissances impérialistes. Mais la Première Guerre mondiale a également vu l’émergence de l’URSS et sa planification économique égalitaire très réussie. Il a rapidement transformé sa masse terrestre sous-développée en une superpuissance qui a finalement réussi à vaincre, par elle-même, la puissante machine industrielle et militaire de l’Allemagne nazie. La naissance et le développement de l’État providence ou keynésien ont été présentés à juste titre, par exemple par Fred Block, comme une stratégie capitaliste défensive pour coopter sa classe ouvrière. Le travail de Keynes ne peut être compris en dehors de ce contexte. Son but était de sauver la propriété privée même si cela impliquait la régulation des « esprits animaux » capitalistes par l’intervention de l’État et même la volonté d’aller jusqu’à ramener la semaine de travail à 15 heures, idée qu’il emprunta, comme d’habitude sans le reconnaître, à un penseur marxiste, en l’occurrence le grand Paul Lafargue.

Comme tous les autres penseurs d’origine bourgeoise, Keynes tenta de falsifier Marx d’une manière bourgeoise plausible. Beaucoup de gens savaient qu’il connaissait bien le travail de Marx, bien plus qu’il ne l’ait jamais admis. Dans mon Tous ensemble (1998), j’ai écrit:

«Malgré ces scories et avec quelques précautions, les fondements macroéconomiques du keynésianisme restent largement valables. Par ailleurs, la publication complète des travaux de Keynes (The Collected writings of John Maynard Keynes, Cambridge University Press) a permis de confirmer que la source de la macroéconomie keynésienne réside, en plus de penseurs comme Emile Pacault et les économistes hétérodoxes identifiés dans un chapitre de la Théorie Générale, dans les cycles marxistes MPM ‘et APA’ transmis à Keynes via Sraffa (malgré les prétentions tardives de M. Maurice Dobb). »

L’obscurcissement de cette influence essentielle a duré longtemps. En fait, ces relations marxistes keynésiennes n’ont pas été rendues officiellement publiques avant la publication des deux derniers volumes des Collected writings … Elles ont également pris la forme habituellement utilisée par les pseudo-aristocrates et les membres d’élite. Cela consiste à dénigrer le travail des auteurs considérés comme des ennemis de classe mais qui sont pourtant au cœur de toutes leurs inquiétudes, enquêtes et efforts intellectuels et politiques. Ces gens prétendent mépriser Marx comme non scientifique, mais ils passent leur vie à se battre contre lui et contre tout ce qui semble authentiquement marxiste – c’est-à-dire qui échappe à leur falsification. C’est une très vieille stratégie. Mais nous connaissons les règles du jeu. Parfois, il est utilisé en riant par de simples imbéciles qui ne peuvent même pas répondre aux questions posés et qui ne sont même pas en mesure d’accorder un droit de réponse, par exemple G. Ugeux qui prétendrait que le marxisme est le degré zéro de l’économie !!! Voir ici: « Négation de mon droit de réponse: odieuse censure philosémite nietzschéenne en France et au journal Le Monde » dans http://rivincitasociale.altervista.org/negation-de-mon-droit-de-reponse-odieuse-censure-philosemite-nietzscheenne-en-france-et-au-journal-le-monde/ . Comme souligné dans mon Livre III « Il y a quelques années, Susan George a noté que les plans d’austérité imposés sans relâche à l’Amérique latine avaient fait près d’un demi-million de morts au Pérou seulement, en l’espace de quelques années. » Quel est le score, par exemple en Grèce, pour des pitres comme Ugeux, Dallara et les autres? (Voir The Body Economic: Why austerity kills https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm#thebodyeconomic )

À cet égard, Michael Roberts a fourni cette belle citation:

«Le « socialisme » de Keynes a été ouvertement conçu comme une alternative aux idées dangereuses et erronées de ce qu’il pensait être le marxisme. Le socialisme d’État, a-t-il dit, « n’est en fait guère mieux qu’une survie poussiéreuse d’un plan pour résoudre les problèmes d’il y a cinquante ans, basé sur une mauvaise compréhension de ce que quelqu’un a dit il y a cent ans». Keynes a déclaré à George Bernard Shaw que le but de la théorie générale était de renverser les fondements « ricardiens » du marxisme et par là il voulait dire la théorie de la valeur de la force du travail et son implication que le capitalisme était un système d’exploitation du travail à des fins lucratives. Il avait peu de respect pour Karl Marx, le qualifiant de « pauvre penseur » et Das Kapital «un manuel économique obsolète que je sais non seulement scientifiquement erroné, mais sans intérêt ni application pour le monde moderne». »(ma traduction) Keynes: socialist, liberal or conservative? MICHEAL ROBERTS BLOG, June 5, 2019, https://thenextrecession.wordpress.com/page/6/

Les choses sont assez faciles à comprendre. La théorie générale de Keynes sur l’emploi, les intérêts et la monnaie – 1936 – n’est qu’une refonte bourgeoise des Equations de la RS de Marx telles que formalisées par Boukharine. Et cela explique précisément pourquoi son système est resté stationnaire. Il échut à l’économiste d’Oxford et premier biographe de Keynes, Harrod, de rendre le système dynamique, en s’inspirant d’ailleurs de la planification soviétique de son époque, à savoir celle influencée par le soi-disant « socialisme marginaliste », mais telle qu’elle a été reformulée dans les mains d’un Liberman.

La production totale de Keynes est M1, soit la production totale de Mp dans le secteur I. La demande effective de Keynes est M2, soit la production totale de Cn dans le secteur II. Son argument essentiel sur l’intervention de l’État concernait principalement les investissements ou la nécessité de maintenir l’égalité de (c1 + c2) = M1. Bien sûr, suite à l’accent mis par Beveridge sur les droits sociaux fondamentaux par le biais des filets de sécurité contra-cycliques – économiques et politiques -, la demande des ménages a dû être prise en compte, mais cela a été fait grâce à une épargne socialisée ou institutionnalisée. Dans l’immédiat après-guerre après la Seconde Guerre mondiale, cette socialisation a été un « terrain fortement contesté » de la lutte des classes et a finalement fini par abandonner la gestion des cotisations sociales accumulées dans les fonds publics de pension et les caisses d’assurance chômage aux mains des capitalistes – avec une contribution marginale des syndicats , la plupart d’entre eux contrôlés par l’Alf-Cio contrôlé elle-même par la CIA après la Seconde Guerre mondiale. Ceci, comme nous le savons, s’est étendu à l’Europe entière et au niveau international avec l’extension des soi-disant syndicats internationaux libres.

L’échec de Keynes résida dans son incapacité à faire la distinction entre la monnaie et le crédit. En suivant Marx, il comprit la différence entre l’échange monétaire formel dans lequel l’argent est un moyen simple utilisé pour faciliter l’échange d’une marchandise contre une autre. Et c’est la base de ses critiques adressées à la soi-disant théorie quantitative de la monnaie de Fisher. Il savait que le monde moderne et les crises capitalistes modernes étaient enracinés dans l’insuffisance du crédit – spéculatif – qui était pourtant vital pour les investissements productifs. Cependant, il devait maintenir la pathétique narration marginaliste – la productivité marginale – pour écarter toute référence directe à la loi de la valeur travail classique, qui pose immédiatement la question de l’exploitation pour expliquer le profit. Suivant Menger et al., il appliqua également la productivité marginale à la « monnaie », se retrouvant ainsi fatalement avec l’égalité inepte de la « monnaie » et revenu national égalité induite par la logique de l’offre et de la demande. Pour concilier cette compréhension de la monnaie avec la régulation économique nécessaire pour maîtriser les crises spéculatives et accorder la priorité à l’investissement productif – Keynes n’hésita pas à parler de « l’euthanasie du rentier » – il a imaginé une gestion centralisée par le taux d’intérêt.

Pour ce faire, Keynes a utilisé ce qu’il a appelé des « rules of thumb », c’est-à-dire des ensembles impressionnistes fournis par les statistiques existantes. Le développement des statistiques des comptes nationaux fut étroitement lié et alimenté par les quelques décennies d’hégémonie keynésienne sur les politiques nationales socio-économiques occidentales. Ils ont été ajustés pour s’adapter à des changements tels que ceux imposés, par exemple, par le démantèlement progressif des tarifs nationaux via le Gatt. Par exemple, nous avons transité du PNB au PIB. Dernièrement, les entreprises transnationales et leur « gouvernance privée mondiale » ont décidé qu’elles n’avaient plus besoin de macroéconomie – ex., le pitre illogique Jean Tirole – c’est-à-dire de statistiques économiques traditionnelles nationales ou domestiques. Elles font pression pour de simples statistiques ne comprenant que les revenus nationaux – RN – soit le pouvoir de dépenser des ménages ce qui posent la question de la nécessité persistante du financement de « l’État minimal » néolibéral et monétariste, ne serait-ce qu’en ce qui concerne l’Appareil collectif de contrôle et de surveillance de la population.

Les RN sont nécessaires pour la microéconomie unilatérale de Tirole et d’autres du genre au services de quelques sociétés transnationales comme la GAFAM. Cela correspond à leur idée particulière de « concurrence imparfaite » gérée dans le cadre du libre-échange mondial avec des normes minimales et l’intervention minimale de l’État, mais avec des « garanties » formelles résiduelles pour les consommateurs et les clients telles que celles appliquées par Facebook et Google, etc. dans leur collecte gratuite et à titre gracieux, d’informations personnelles: on ne peut refuser qu’en se passant du service proposé sans accès garanti à une alternative publique !!!

Si vous faites abstraction des Equations de la RS sous-jacentes, c’est-à-dire de l’essentiel, voici une formulation assez claire des mécanismes économiques de Keynes avec laquelle vous vous retrouveriez. Cet exemplaire est offert par l’essai de M. Agarwal intitulé « Keynes’s Version of Quantity Theory of Money – Explained ! » dans  http://www.economicsdiscussion.net/money/quantity-theory-of-money/keyness-version-of-quantity-theory-of-money-explained/8091

La faille fatale dans la théorie de Keynes, à savoir sa confusion de la monnaie et du crédit, est apparue avec une vengeance à la fin des années 60 et au début des années 70 avec la soi-disant Stagflation. Toute la logique de la gestion par le taux d’intérêt, même dans le contexte de la ségrégation fonctionnelle de type Glass Steagall Act entre les banques de dépôt et d’investissement, a été emportée. D’autant plus que les paramètres internationaux de l’expansion du crédit étaient modifiés dans un cadre bancaire fractionnaire – le règlement Q, suivi par la Surtaxe de Connally-Nixon le 15 août 1971, par l’expansion et la régulation américaine imposée par Kissenger du recyclage des Petros-dollars en 1973, par la fin officielle de le Système de Bretton Wood au Sommet de la Jamaïque de 1976, etc

Mais le coup fatal est venu de la privatisation du crédit, bientôt suivie de la privatisation de la dette publique et des entreprises publiques. Cela s’est produit avec la privatisation par la loi Pompidou-Giscard-Rothschild de la Banque de France en 1973 et la privatisation de la Banque centrale d’Italie en 1981-1983: dans les deux cas, la dette publique a explosé inexorablement après ces dates. Ce mouvement de dérèglementation-privatisation était jugé nécessaire pour ouvrir de nouvelles frontières à l’accumulation de capital au lieu d’approfondir l’État providence comme Keynes aurait pu choisir de le faire. Il a ensuite été suivi par l’ouverture de l’ancien bloc soviétique à l’accumulation effrénée de capital et maintenant par l’acharnement à démanteler et à privatiser les derniers régimes sociaux survivants au sein de l’’UE, par exemple les 330 milliards de dollars collectés annuellement par le régime public par répartition des pensions en France.

La théorie asociale et anomique philo-sémite nietzschéenne de Mises, Hayek, Friedman et toute cette clique réactionnaire est devenue dominante et a appliqué ses règles avec la contre-révolution monétariste Volcker-Reagan – voir mon « Les conséquences socioéconomiques de MM. Volcker, Reagan and Cie »dans la section Economie Politique Internationale de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com. Ce cycle néolibéral et monétariste a atteint son apogée avec l’abrogation du Glass Steagall Act en 1999 qui a rapidement conduit à la crise des subprimes, c’est-à-dire à la plus grande crise capitaliste depuis 1929 – grâce aussi à l’influence de Jean Tirole et de son collègue de Harvard Mathias Dewatripont et de leur proposition en faveur de la dérèglementation financière dans leur livre book « The prudential regulation of banks » , 1993.

J’ai déjà mentionné la dualité des travaux de Keynes, par exemple dans mon Livre III intitulé Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance – 2005, librement accessible dans la section Livres-Books de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com . Pour autant que je sache, il s’agit du seul livre qui annonça ce qui est devenu la crise des subprimes, pour vérifier cette allégation, il suffit d’utiliser le terme « montage » avec la fonction de recherche. Ma proposition sur la traçabilité de ces montages financiers a aussi joué dans l’émergence de la « blockchain ».

Finalement, Keynes décéda en sachant qu’il avait échoué. Cela eut lieu lors de la conférence de Savannah de mars 1946, qui donna naissance aux Deux Jumeaux logés à Washington devant la FED (!), le FMI et la Banque mondiale. De plus, Keynes savait que Cornell Hull gagnerait finalement par la suppression des préférences impériales britanniques grâce à la création du Gatt – conférence de La Havane – c’est-à-dire avec le démantèlement lent mais inexorable des paramètres commerciaux et économiques nécessaires à la régulation économique nationale keynésienne. En effet, les gouvernements travaillistes et keynésiens du Royaume-Uni ont rapidement été mis à genoux par l’attaque spéculative dévastatrice lancée par Washington contre la Livre Sterling le 19 septembre 1949. Les programmes des keynésiens furent menés comme autant de batailles d’arrière-garde au Royaume-Uni jusqu’au premier ministre Wilson.

Néanmoins, comme expliqué dans mon Livre III, il existait un moyen sûr de restaurer une croissance économique décente, notamment par une règlementation économique fondée sur la réduction générale de la semaine de travail et la réhabilitation du crédit public et des entreprises publiques. Bien sûr, comme détaillé dans mon Appel – voir http://rivincitasociale.altervista.org/ – afin de stabiliser les choses à l’échelle mondiale tout en favorisant le commerce équitable mondial, ou « fair trade », une nouvelle définition de l’antidumping est désormais nécessaire à l’OMC. Elle protègerait les trois composantes du « revenu net global » des ménages – à ne pas confondre avec le concept marginalisé éviscéré de « revenu disponible » – à savoir le salaire individuel net, le salaire différé – les pensions publiques , l’assurance-chômage, etc. – et la part qui revient aux ménages sous la forme d’un accès universel aux infrastructures publiques payé par un système fiscal progressif. Le démantèlement des services publics – régimes de retraite, soins de santé, etc. – et des infrastructures publiques entraîne inexorablement des régressions et des catastrophes sociales, économiques, culturelles et éthico-politiques. C’est exactement le programme des « scélérats » auto-élus – pour utiliser le terme que Staline utilisa pour désigner le Sade soviétique, Yeshov … – en particulier le fasciste juif Ludwig Mises et sa triste clique de monétaristes néolibéraux.

3) La présentation risible et homothétique du «circuit du capital» par Duménil & Lévy

3 a) Modèle vs objet ou investigation ou Réalité

Pourquoi diable une personne sensée perdrait-elle son temps avec Duménil & Lévy? Tout simplement parce que leur charabia est présenté dans certains milieux comme la New interprétation du Marxisme, peut-être même la Nouvelle Interprétation Plus, étant donné le la gestion de certains dossiers sensibles. C’est ce qu’écrit un candide théoricien italien, Ernesto Screpanti, en colportant une brouette pleine de clichés usés sur les auteurs marxistes authentiques, en particulier sur Lénine et les bolcheviks.

« Sur la théorie de la valeur, la seule nouveauté intéressante qui a émergé au cours des quarante dernières années est la soi-disant New Interpretation, avancée par Duménil, Foley et d’autres. Elle consiste à proposer un calcul particulier pour les prix de production. Si ceux-ci sont mesurés en unités du produit moyen par employé, il apparaît que le revenu national sera égal au niveau d’emploi, de sorte que sa répartition en bénéfices et salaires peut être exprimée en termes de division en excédent de travail et travail nécessaire, et le taux d’exploitation peut exister mesuré comme la relation entre ces deux quantités de travail. Il s’agit d’une approche à système unique valable, dans le sens qu’ elle est basée sur le seul système d’évaluation correct, celui consistant en prix de production, et se passe du système basé sur la teneur en travail. Cette simple “innovation”, pourtant proposée elliptiquement par Sraffa en 1960, permit aux marxistes de continuer à parler d’exploitation même après avoir renoncé à la théorie de la valeur du travail. » (ma traduction) dans Imperialismo e gendarmi sociali. Intervista ad Ernesto Screpanti dans http://contropiano.org/documenti/2019/12/13/imperialismo-e-gendarmi-sociali-intervista-ad-ernesto-screpanti-0121898

A noter que la référence à une « théorie de la valeur » qui a « renoncé à la théorie de la valeur de l force du travail » et qui considère les « prix de production » sans se référer à « un système basé sur le contenu en travail » est une étrange créature très éloignée de tout ce qui pourrait être appelé marxisme. Il s’agit à tout le moins d’unités dénuées de sens appelées « prix » qui évolue dans un mince éther sans aucun support quantitatif. Comme nous le savons, cette falsification a été le fruit du long travail de la soi-disant école autrichienne alias les marginalistes. Seule une utilité subjective existerait et elle serait « universellement » (sic!) appréhendée à travers un calcul subjectif des « joies et des peines ». »Mais Screpanti ne s’arrête pas là: il attribue à la New interpretation la suppression de l’exploitation, ce qui est plutôt sympathique, vous ne trouvez pas? Cela se fait en additionnant le produit moyen des salariés en termes de prix pour évaluer le revenu national qui dépend alors du niveau d’emploi, « de sorte que sa répartition en bénéfices et salaires puisse être exprimée en termes de division en surplus de travail et travail nécessaire, et le taux d’exploitation peut exister mesuré comme la relation entre ces deux quantités de travail. »

N’importe quel écolier remarquerait qu’on ne peut pas arriver à ces grandeurs des profits et des salaires sans fournir une logique pour l’extraction du surplus de travail. Si vous laissez de côté la théorie marxiste de l’exploitation qui montre une relation nécessaire entre la composition organique du capital et le taux d’exploitation, vous êtes obligés soit de postuler de façon exogène un taux d’extraction excédentaire soit de revenir en arrière à partir des prix de la production vendue donnés par le marché, d’où vous déduiriez alors les prix ou les valeurs du capital et du travail augmentés dans la production. Cette deuxième option ne serait même pas acceptable en termes empiriques puisque, comme Marx l’avait déjà noté dans les Manuscrits parisiens de 1844, ces expressions de prix oscillent et ne peuvent à elles seules rien expliquer scientifiquement. Ce ne sont que des épiphénomènes de marché. Cependant, comme Marx l’a fait remarquer, ils se stabilisent sur une moyenne à moyen et long termes, ce qui implique que la concurrence n’explique pas la valeur d’échange et les prix et que la véritable explication est ailleurs. De fait si l’épiphénomène était la science cette dernière ne servirait à rien, ce que même Montaigne contestait. La première option est encore pire même s’il est vrai qu’elle fut utilisée par Sraffa: elle consiste simplement à fournir un taux de profit exogène. C’est de la pure ineptie. Mais comme nous le verrons, c’est exactement l’ineptie utilisée par la soi-disant Nouvelle interprétation de Duménil et Lévy.

Mais cela va encore plus loin. Comme nous le montrerons grâce à l’analyse fournie dans leur article de synthèse intitulé « A note on Duncan Foley’s circuit of capital » Gérard Duménil and Dominique Lévy in http://www.cepremap.fr/membres/dlevy/biblioa.htm , les deux auteurs Gérard Duménil et Dominique Lévy recourent, consciemment ou pire encore inconsciemment, à l’astuce habituelle qui consiste à substituer une simple présentation mathématique, qui contient déjà les réponses qu’ils recherchent, à l’objet d’étude, c’est-à-dire ici à la réalité économique à être analysé. Dans leur cas, ils utilisent plutôt et de manière risible le calcul homothétique, mais nous verrons que la présentation pourrait être réécrite dans de simples équations arithmétiques, une procédure qu’ils ont évitée probablement parce qu’elle aurait montré d’emblée toute l’ineptie de cette approche. Comme nous l’avons vu plus haut, ce type de substitution n’est pas nouveau dans la discipline. La marque de Bortkiewicz-Tugan-Baranovsky a fait beaucoup de dégâts jusqu’à ce que je sois en mesure de remettre les pendules à l’heure.

Avant d’entrer dans les détails de leur récit homothétique, il serait utile de rappeler une fois de plus l’origine de ce vagabondage académique quasi universel, par ailleurs si prévisible, qui s’écarte des exigences scientifiques marxistes. C’est quelque chose qu’aucun penseur bolchévique, y compris Gramsci – voir mon essai sur Althusser, dans Download Now, section Livres-Books de mon vieux site – ou Rosa Luxemburg, n’a jamais fait. Tout est né de l’invention par Böhm-Bawerk du soi-disant « problème de transformation ».

Il pourrait être intéressant de souligner ici le rôle du grand marxiste américain Paul Sweezy. Face au problème, il a commencé par rassembler – et par publier – les articles nécessaires qui le traitaient. Il a ensuite poursuivi sa tentative de résolution. Il n’a pas réussi; il développe cependant un concept « marxien » de surplus économique basé sur l’exploitation de la force de travail. Son approche était simple: quelle que soit la contradiction entre les valeurs d’échange et les prix de production, pour des raisons anthropologiques, empiriques et méthodologiques, la force de travail reste le seul créateur imaginable de nouvelles valeurs d’échange, donc de profit. (Voir http://rivincitasociale.altervista.org/tribute-to-paul-sweezy-rapid-comment-the-article-marxist-correspondence /) Le paradoxe de Smith est resté valide ainsi que la solution qu’en donna Marx, à savoir la force de travail personnelle du Propriétaire des Moyens de production ne peut pas expliquer l’étendue des bénéfices empochés par lui. Comme Smith l’a écrit dans son ouvrage Wealth of nations – Sutherland ed., 1993, p 49 – « le capitaliste aime récolter là où il n’a jamais semé ». Le Livre I du Capital de Marx montre scientifiquement que le profit n’est rien d’autre que le travail excédentaire extrait du travail vivant. Le plus grand épistémologue du XXe siècle, Louis Althusser, est parvenu à la même conclusion. (Voir mon essai sur Althusser disponible dans Download now , Section Livres-Books de www.la-commune-parclet.com ; pour un exemple de son exigeante approche épistémologique et méthodologique, voir Part Six. On the Materialist Dialectic On the Unevenness of Origins in https://www.marxists.org/reference/archive/althusser/1963/unevenness.htm)

Cela aurait dû inciter les gens à étudier scientifiquement le travail de Marx avec l’esprit scientifique de Marx afin de résoudre les problèmes restants, par exemple ceux que Rosa Luxemburg avait signalés dans son analyse rigoureuse et honnête du Livre II. En fin de compte, mes contributions clôturent le débat et soutiennent la valeur du travail inégalé de Marx sur les sciences sociales et sur la critique de l’économie politique classique. Mais cela est trop exigeant pour les universitaires rémunérés qui intériorisent rapidement comment remorquer la ligne dominante.

Personne ne sera surpris par l’obsession des classes dominantes pour le « surplus » économique. Le Rosicrucien Leibniz exprime « franchement » leur compréhension générale de la question. Voici une citation sur le sujet :

« Il en va de même avec Cournot puisqu’il a lui aussi cherché des moyens d’établir des bases scientifiques pour l’analyse économique (base positiviste, en réalité, mais il ne semble pas pouvoir faire la différence. Plus tard, Bergson, toujours plongé dans la religion, tentera également extraire la philosophie de sa scientificité, en qualifiant celle-ci de « géométrique » dans une attaque clairement dirigée contre Descartes, Kant et Marx et contre leur « athéisme », surtout lorsque celui-ci prend la forme d’un égalitarisme spirituel.) Cournot l’a fait de deux manières : il a d’abord éliminé la valeur d’usage (celle de la force de travail notamment) afin de ne conserver que la valeur d’échange rebaptisée « utilité », mais une utilité non définie quoique hiérarchique (en fait similaire à la version subjective du « calcul des joies et des peines » proposé par Menger, von Mises et toute l’école autrichienne.) Deuxièmement, il s’est basé sur Leibniz: la technologie, à tort comprise comme le fruit des élites, est censée produire le surplus nécessaire à la fois pour les élites et pour la subsistance de leur peuple subordonné, ce qui équivaut clairement à une rhétorique plutôt fade et pharisaïque produite pour défendre les privilèges de classe.

Sans doute, Leibniz était un grand penseur; il a également contribué à une approche des proportions qui, via l’apport oublié de Marx, a conduit au calcul dérivé. Il a ainsi contribué au calcul linéaire et aux probabilités comme approches de la réalité qui, au moins dans son esprit, ne devaient pas être confondues avec une démonstration scientifique complète comme le font désormais les pitres du CERN, en particulier avec leur « boxon », ce l’orthographe me paraissant beaucoup plus adéquate pour Higgs, étant une pseudo-particule atteinte en fonction du niveau d’énergie initial, de sorte que pour chaque niveau on obtient un nouveau « boxon ». Tout simplement, la physique moderne ne connaissait l’électron qu’indirectement comme une probabilité, donc il pouvait être ici et là simultanément (!). De sorte que lorsque le modèle est devenu plus mathématiquement abscons en tournant sans cesse sur ses propres artéfacts, et à la fin le modèle s’est substitué à la réalité. (Ajouté en novembre 2013: Se souvenant probablement de Fermi comme le rappelle à juste titre Le Monde, le Cern a obtenu le prix Nobel non pas pour le boson, qui semble désormais infini en quantités potentielles, mais pour avoir utilisé un « mécanisme » intéressant … Néanmoins, les médias ignorants et serviles, ignorant tout de la monadologie de Leibniz et nourris par des experts initiés ignorants et satisfaits d’eux-mêmes, parlent encore de la particule de Dieu … ça alors!) De nombreux savants souffrent aujourd’hui d’une très mauvaise fausse conscience: comme cette expérience a coûté des dizaines de milliards, personne n’ose dire un mot sur le fiasco; bien au contraire, tout le monde fait un effort contraire et demande plus de ressources financières: Et donc, pour chaque niveau d’apport énergétique nous obtiendrons très certainement un nouveau « boxon » – mais aucun boson de Higgs toujours proposé sous sa forme probabiliste. Ailleurs, j’avais souligné l’origine de ce qui ressemble aujourd’hui à un drame plus pitric que la fin de Nietzsche criant criant « pitoyablement » – probablement à l’adresse de l’universaliste Saint Paul … – « Pitié ! Pitié !» suspendu au cou du cheval blessé: l’électron était à au début le simple résultat théorique d’une approche probabiliste. Pourtant, aujourd’hui, les scientifiques sont en mesure de suivre le parcours d’un photon et d’autres sont désormais en mesure de suivre les parcours des nuages ​​d’électrons: le chat de Schrödinger et son principe d’incertitude fallacieux, soi-disant non déterministe mais toujours incapable de définir ce terme dans un mode non ambigüe, est ainsi démoli en termes pratiques. Peut-être ces boxons pourraient-ils être cotés en Bourse pour s’autofinancer sans diminuer les ressources allouées au TGV ou à la consommation domestique d’électricité, même si je doute que ces gens oseraient prendre le risque malgré leur foi dans le « marché ». .. Autosuffisance des élites, en effet.

La situation est, si possible, pire en économie, mais cela n’a rien à voir avec son statut présumé de sciences sociales. Le fait est que la division entre sciences dures et sciences molles est datée, fausse et mal intentionnée: la dialectique marxiste unifiant la dialectique de la Nature et la dialectique de l’Histoire dans la dialectique d’Ensemble montre pourquoi, comme cela est résumé brièvement ci-dessous. Dans sa forme actuelle, la physique moderne ne peut rendre compte de 90% ou plus – personne n’est vraiment sûr – de son propre objet d’étude: ce qui en fait sans aucun doute le modèle paradigmatique à suivre pour les sciences sociales bourgeoises …)

Il reste que le capitalisme repose sur des relations sociales fortement soutenues par le recours aux forces productives et aux machines et, en particulier, à ses débuts, à la machine à vapeur. Pourtant, la machine à vapeur ne résulte pas de l’inventivité des élites comme le voulait Leibniz, mais plutôt de celle de deux artisans, Denis Papin d’abord et plus tard le forgeron anglais Thomas Newcomen (voir Science et Vie, septembre 2012, p 111) , l’inventeur de la criant « pompe à feu ». Aujourd’hui, comme le notait Althusser, les inventions sont issues d’un travail d’équipes, très peu sont encore le résultat d’individus isolés qui, en tout état de cause, doivent leur savoir et savoir-faire à un savoir social précédemment accumulé. (Comme nous le savons, les Romains connaissaient déjà la machine à vapeur mais limitaient son utilisation aux jouets de leurs enfants, ils pouvaient compter sur une abondance d’esclaves bon marché: les relations de production ont toujours la priorité sur la technologie.) » (Extrait de mon Précis d’Économie Politique Marxiste, accessible gratuitement dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com )

Pour conclure cette interpolation sur Leibniz, je devrais citer un livre intitulé Lost in math: How beauty leads physics astray, Basic books, NY, June 2018 , écrit par une physicienne professionnelle Sabine Hosenfelder. Ce qui semble la surprendre, ce n’est pas tant l’incapacité à trouver le suzy ou la supersymétrie que la volonté de l’establishment de la physique de continuer comme avant. Elle écrit: « Gardez juste à l’esprit que chaque fois que les physiciens se réfèrent à des particules, ils désignent en fait un objet mathématique appelé fonction d’onde, qui n’est ni une particule ni une onde mais qui a des propriétés des deux. La fonction d’onde elle-même ne correspond pas à une quantité observable, mais à partir de sa valeur absolue, nous pouvons calculer des probabilités pour les mesures des observables physiques. C’est le mieux que nous puissions faire en théorie quantique – sauf dans des circonstances spécifiques, le résultat d’une seule mesure ne peut pas être prévu. » (P 50) Karl Popper parlait de« fertilité » des théories: cela explique probablement le fait que la plupart des innovations théoriques et pratiques révolutionnaires proviennent désormais de laboratoires relativement petits … Cette fonction d’onde me semble aussi non dialectiquement scientifique et univoque que « l’utilité marginale ». C’est une question d’ontologie et de méthodologie. Un discours vide sur la beauté – en leu et place de la parcimonie logique traditionnelle ? – joue le même rôle idéologique qu’avec la stupide « incomplétude » de Gödel dans la logique ou le « prix de marché » dans l’économie traditionnelle.

Revenons maintenant à la tâche à accomplir. Dans les deux graphiques suivants, vous avez le modèle homothétique de cette paire.

 

 

 

 

 

 

Source: See « A note on Duncan Foley’s circuit of capital » Gérard Duménil and Dominique Lévy in http://www.cepremap.fr/membres/dlevy/biblioa.htm p 2 and 3

On peut commencer par remarquer que le couple parle de « circuit du capital » au singulier mais, suivant Marx en apparence, ils en utilisent trois. De plus, sur la Figure 1, ils utilisent les symboles français A pour l’argent P pour la production et M pour la marchandise tandis que la Figure 2 utilise les symboles anglais M pour money, P pour production et C pour commodity. Vraisemblablement, il s’agit-là d’une astuce didactique destinée à vous forcer à être vigilant quant à ce qui suit. Notez également dans la Figure 2 sur l’axe vertical les valeurs de départ attribuées aux symboles. Chacun aura déjà compris que cette inepte présentation homothétique substitue un jeu académique à l’analyse du monde économique réel.

Voyons maintenant leur analyse.

3) La présentation risible et homothétique du « circuit du capital » par Duménil & Lévy,

3 b) « Le circuit de base du modèle du capital avec une monnaie marchandise »: rien de plus qu’un jeu académique payant mais inutile.

1) Dans le modèle homothétique, un seul produit existe. C’est une étrange créature décrite comme un atome de « capital » (p1) et comme telle indifférenciée. Cet atome ne peut même pas être considéré comme « l’unité » du système. Ni en termes qualitatifs ni quantitatifs. Déjà à partir de la page 1, vous savez que toute théorie dérivée de ce type de plaisanterie sera moins utile qu’un jeu Monopoly. C’est encore pire que l’utilité subjective des marginalistes donnée sous forme d’argent.

Bien sûr, ce genre de « valeur » univoque sans aucun soutien objectif est une pure fantaisie qui ne peut permettre aucun véritable traitement scientifique. Si vous ne tenez pas compte de la dualité de la valeur d’utilité et de la valeur d’échange, non seulement votre comptabilité de la valeur d’échange sera suspendue dans les airs mais, à part la contradiction mortelle ex ante / ex post inhérente à la logique des courbes de l’offre et de la demande, vous ne pourrez pas rendre compte simultanément des aspects qualitatifs – prix – et quantitatifs – produits – de la production. En d’autres termes, vous ne pouvez pas concilier micro et macroéconomie. De plus, vous ne pourrez pas intégrer une théorie de la monnaie de manière cohérente avec votre « équilibre général ».

Nous avons cité Marx ci-dessus en montrant que son analyse des circuits du capital – au pluriel – a atteint son plein statut scientifique lorsque Marx a formalisé les Equations RS-RE sur la base de la différenciation de la marchandise C en ses deux principales formes concrètes, à savoir Mp et Cn. Notez que Mp correspond au capital constant «c» et Cn au capital variable «v», ce qui permet à la fonction scientifique de production de Marx de s’écrire correctement: c + v + pv = p, le produit pouvant être soit Mp soit Cn. Cette fonction de production conduit ensuite au Schéma de la Reproduction avec deux Secteurs principaux, SI pour Mp et SII pour Cn. Tous les sous-secteurs peuvent être logiquement regroupés sous ces deux secteurs principaux.

Ce modèle exposé par Marx est scientifique au sens rigoureux du terme du fait que, comme la loi de la valeur de la force du travail sur laquelle il repose, il ne dépend pas d’une simple généralisation empirique mais sur un « concret pensé » rigoureusement dérivé et de validité universelle pour l’Univers considéré – voir à ce sujet mon Introduction méthodologique librement accessible dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com

2 ) Le modèle homothétique fait abstraction des salaires. Cela découle du point 1 puisque l’atome de capital sous sa forme C ne peut pas être décomposé sous ses formes Mp et Cn. « Nous faisons abstraction du paiement du salaire. (La consommation des salariés est traitée comme une composante de la consommation des intrants dans la production ») (p 1) Cela signifie au mieux que les deux premiers éléments de la fonction de production (c + v) sont traités comme un seul, à savoir comme un atome indifférencié de capital. Avec Marx, ces deux éléments sont du travail cristallisé. Par conséquent, le capital variable v est la force de travail reconstituée prête à entrer dans un nouveau cycle de production en tant que puissance vivante capable de produire les moyens de consommation socialement nécessaires – Cn – nécessaires pour reconstituer sa force de travail plus un travail excédentaire qui se traduit par un excédent – valeur ou profit – empoché par le propriétaire du Mp. Notre duo appelle ceci « plus-value » probablement parce qu’ils veulent passer pour des marxistes – et semblent réussir aux yeux de savants comme Screpanti …

3 ) La monnaie comme marchandise. Vous savez qu’il est difficile de briser les biais cognitifs de la soi-disant « mentalité » dominante ou « mind set » . Beaucoup connaissent la phraséologie psychologique de G. Simmel sur « l’argent » mais très peu sur la claire compréhension de Méphistophélès selon lequel celui qui contrôle l’impression de la monnaie peut détruire le monde, comme Goethe l’exprime au début de son Faust. Mais maintenant, vous vous attendez aussi à ce que des gens comme notre duo confondent la monnaie et le crédit et qu’ils partagent la certitude d’une équivalence entre la monnaie – ou l’or, étant donné l’inspiration et les gadgets présentatifs de Tugan-Baranovsky – et le produit annuel. Et donc nous lisons sans surprise : « Dans cette section, l’argent est une marchandise comme l’or » et plus loin: « Au temps t = 0, une unité de capital – notons qu’ils signifient un« atome »indifférencié, mais peu importe – est sous forme d’argent » (p 1)

Le gros problème que Foley et ces deux-là ont dérivé de l’analyse de Rosa Luxemburg est bien entendu celui de la réalisation. Il ne vient jamais à l’attention de ces gens-là que si l’équilibre est donné par la quantité d’argent et par la quantité du produit, l’équilibre se rétablira simplement automatiquement par le niveau des prix indépendamment de leur grandeur respective. Mais tant pis, comme Rosa Luxemburg le dit souvent à propos des ineptes déclarations d’Otto Bauer, nous oublierons cela et continuerons avec le reste de l’argument.

4 ) Passons maintenant au(x) circuit(s). On nous donne le capital monétaire (M); Capital de production (P); et le capital de marchandise (C). Chaque compte pour une période. Le circuit complet du M initial au nouveau M auquel s’ajoute la plus-value – appelons-le ici M prime ou M’ – dure 3 périodes.

5 ) La figure 1 fournit l’illustration commençant à t0 :

 

T0 M              —à t1 P                    —à t2 C                        —à t3 M

1 unité              1 unité               toujours 1 unité                   1 + q où q est la plus-value

6 ) q = plus-value? Peu importe, ce n’est que de la phraséologie. Mais essayez de comprendre ceci: « Une plus-value, q, a été extraite au cours du processus de production et, au temps t = 3, l’atome de capital vaut 1 + q. (Il est tenu compte de la plus-value après la vente de la marchandise.) A noter que q est ici un taux de marge sur coût total, ni un taux de marge sur capital variable ni un taux de profit. » (P 2)

L’atome de capital n’est pas différencié en «c», capital constant ou en capital variable «v». Retirez donc toute inspiration marxiste de votre pensée; cela inclut le taux de profit qui, dans tous les cas imaginables, doit être la plus-value sur le capital total augmenté durant la production, au moins la partie « utilisée » ou « used-up c». Le taux de profit serait v / (c + v). Mais OK, nous accepterons que q soit une sorte de plus-value. Mais nous devons encore noter que le processus de production P à t1 doit apporter quelque chose qui devrait se matérialiser dans la marchandise C produite. Ce n’est pas le cas. Et cela est spécifiquement dû au fait qu’ils doivent cacher cela et toujours faire apparaître un problème de réalisation bidon en t3.

En fait, ils ont également manqué une étape importante dans l’analyse des circuits, à savoir le fait que M à t0 n’est d’aucune utilité dans t1 P. Pour être utile, il doit d’abord se transformer par un pur échange formel et pour le même montant en un marchandise, par exemple du bois, ce bois serait ensuite utilisé dans le processus de production, ce qui ajouterait quelque chose en le transformant, par exemple, en une chaise, c’est-à-dire en un nouvel objet matériel ou une valeur d’usage avant qu’il ne commence à danser sa danse de marchandise unique lors de sa transmutation sous forme de monnaie sur le marché – ou lors de l’échange social -, une danse qui est au cœur du chapitre le plus méconnu de Marx du Livre 1 du Capital sur la réification. Quand il n’est pas mal compris, il est falsifié dans un concept psychologique vide d’aliénation abstrait de l’exploitation du travail par des gens comme Lukacs et toute cette triste clique, qui a déjà été démystifiée par Althusser. Comme l’ouvrier est traité comme une marchandise, il est obligé de danser la danse capitaliste malgré sa volonté, le transformant en une simple force de travail marchande déshumanisée pour danser la danse marchande sur le marché du travail en s’attendant a être tanné pendant le processus de production qu’il / elle accomplit sans y exercer le moindre contrôle. La véritable exploitation sous-jacente au processus de réification est puissamment exprimée par Marx par exemple dans cette citation:

« La sphère de la circulation des marchandises, où s’accomplissent la vente et l’achat de la force de travail, est en réalité un véritable Eden des droits naturels de l’homme et du citoyen. Ce qui y règne seul, c’est Liberté, Egalité, Propriété et Bentham. Liberté ! car ni l’acheteur ni le vendeur d’une marchandise n’agissent par contrainte; au contraire ils ne sont déterminés que par leur libre arbitre. Ils passent contrat ensemble en qualité de personnes libres et possédant les mêmes droits. Le contrat est le libre produit dans lequel leurs volontés se donnent une expression juridique commune. Egalité ! car ils n’entrent en rapport l’un avec l’autre qu’à titre de possesseurs de marchandise, et ils échangent équivalent contre équivalent. Propriété ! car chacun ne dispose que de ce qui lui appartient. Bentham ! car pour chacun d’eux il ne s’agit que de lui-même. La seule force qui les mette en présence rapport est celle de leur égoïsme, de leur profit particulier, de leurs intérêts privés. Chacun ne pense qu’à lui, personne ne s’inquiète de l’autre, et c’est précisément pour cela qu’en vertu d’une harmonie préétablie des choses, ou sous les auspices d’une providence tout ingénieuse, travaillant chacun pour soi, chacun chez soi, ils travaillent du même coup à l’utilité générale, à l’intérêt commun.

Au moment où nous sortons de cette sphère de la circulation simple qui fournit au libre échangiste vulgaire ses notions, ses idées, sa manière de voir et le critérium de son jugement sur le capital et le salariat, nous voyons, à ce qu’il semble, s’opérer une certaine transformation dans la physionomie des personnages de notre drame. Notre ancien homme aux écus prend les devants et, en qualité de capitaliste, marche le premier; le possesseur de la force de travail le suit par derrière comme son travailleur à lui; celui-là le regard narquois, l’air important et affairé; celui-ci timide, hésitant, rétif, comme quelqu’un qui a porté sa propre peau au marché, et ne peut plus s’attendre qu’à une chose : à être tanné. », Capital Livre I dans https://www.marxists.org/francais/marx/works/1867/Capital-I/kmcapI-6.htm

7 ) Maintenant, les deux doivent insérer la plus-value q dans un système dynamique. Voici ce qui se passe comme illustré par la Figure 1: Voici la dernière partie de la dernière cotation traitant de q comme taux de marge « Une fraction, p, de cette plus-value, un qp total, est conservée dans le circuit (celle est accumulé), et ajouté à l’atome d’origine de 1. Le reste (1-p) q, est payé au capitaliste et consommé. »

La figure 1 le montre graphiquement. Mais cela montre aussi quelque chose de plus, à savoir que la partie consommée par le capitaliste sort du circuit qui continue, vous amenant à t5 = 1+ qp et ainsi de suite …

Ils ajoutent:

«Un taux de croissance implicite dans la séquence des évènements est décrit ci-dessus. Entre le temps t = 0 et le temps t = 3, le capital impliqué dans le circuit est passé de 1 à 1 + pq. Le taux de croissance, g, par période (sur une séquence de trois périodes) est déterminé par l’équation suivante:

(1 + g)3 = 1 + qp donc: 1 + g = (1 + qp)1/3 »

Intuitivement, tout le monde sent que quelque chose ne va pas avec un circuit qui continue de croître tout en retirant quelque chose à chaque tour. On pourrait dire que cela pourrait encore dépendre de l’ampleur du taux de croissance. Mais ce n’est pas ce que nos deux ont en tête. Soit consciemment, soit non, il s’agit de trois circuits M, P, C séparés qui ne sont pas organiquement liés. Et ils négligent la distinction entre c + v transformant ces deux composants essentiels en un atome de capital indifférencié donné par 1, ce qui n’a de sens que pour permettre la puérile présentation pseudo-mathématique. Une façon de le montrer clairement est de considérer leur circuit indifférencié de capital P comme le capital social dans les équations marxistes RS-RE:

Supposons que je commence avec le schéma de Marx pour la RS-RE

SI = c1 + v1 + (q (1-p) + 1 + qp) 1 = M1

SII = c2 + v2 + (q (1-p) + 1 + qp) 2 = M2

Capital social = c + v + (q (1-p) + 1 + qp) = (M1 + M2)

Si je ne considère que le capital social, le point de départ du deuxième tour sera (c + sa part de qp accumulée) + (v + sa part de qp accumulée). On peut les noter c ’+ v’. En gardant le même taux de plus-value, l’illusion se crée. Vous supposez juste (c ’+ v’) = 1 et vous ajoutez q, la plus-value qui en contient les deux parties, la première consommée et la seconde réinvestie !!!

Le système semble fonctionner logiquement, du moins si vous êtes payés en tant que deux universitaires, avec tous les autres émoluments, bourses de recherche et de publication, frais de secrétariat, de conférence et de voyage, année sabbatique, etc.

Cependant, si vous rétablissez les deux valeurs d’usage de base nécessaires pour tout système économique, soit Mp et Cn, en faisant ainsi référence aux Equations de la RS sous-jacentes de Marx, alors toute l’ineptie d’un système de calcul tendant à l’auto-annihilation est exposée.

En effet, pour maintenir l’équilibre économique stationnaire – les équations de la RS -:

1 ) c2 doit être égal à v1 + (q (1-p) + (1 + qp) 1 et

2 ) M2 doit être égal à (v1 + (q (1-p) + (1 + qp) 1) + v2 + + (q (1-p) + 1 + qp) 2).

Il en va de même pour les Equations de la RE avec une partie de la plus-value réinvestie car le schéma RS doit sous-tendre le schéma RE de Reproduction. Mais comme l’a dit Rosa Luxemburg, nous continuerons l’examen de l’argument car nous voulons vérifier leur problème de réalisation.

3 ) La risible présentation homothétique du « circuit du capital » par Duménil & Lévy,

3 c) Le pseudo-problème de réalisation emprunté à Duncan Foley et «résolu» par ces deux-là.

Examinons maintenant le nœud de la question à l’étude pour notre duo, à savoir le … problème de réalisation! Laissez-les parler pour eux-mêmes – cela fait référence au « circuit(s)» donné(s) dans la Figure 2 reproduite ci-dessus):
«Le stock de monnaie au sein du circuit croît de 1 à 1 + g ainsi que l’argent versé aux ménages. Un premier problème se pose donc concernant l’origine de l’argent neuf, toujours une marchandise.

Il n’y a pas de pouvoir d’achat suffisant pour acheter les matières premières censées être vendues à chaque période … Autrement dit, l’offre soutenue par l’atome de capital Cap1 est structurellement supérieure à la demande. Cette demande est la somme de l’achat de capital productif par Cap3 et de la consommation des ménages capitalistes:

Pouvoir d’achat (ou demande): 1 + q(1-p)/(1+g)3 = 1 +q/(1 +g)3 (Note (1+g)3 = 1+qp)

Offre (Supply) :                                                              = 1 +q/(1+g)2

 Les deux problèmes sont étroitement liés puisque la demande de la période 1 est égale au stock total de monnaie dans le circuit et à l’extérieur au temps t = 0. Avec une marchandise monétaire, l’offre de la période 1 doit inclure le stock de monnaie supplémentaire, c’est-à-dire la production de la quantité appropriée d’or. »

Qu’entendent-ils par « problème de réalisation »? Comme la citation ci-dessus montre que l’offre est supérieure à la demande.

Plus précisément et ridiculement, l’offre est P et la demande M, donc – en notant offre par la lettre initiale de Supply – S > M

Il y aurait plus de produits que de monnaie pour l’acheter. N’oubliez pas que la monnaie M est pour eux de l’or. Supposons que l’on considère t3 où la plus-value a été ajoutée à la marchandise initiale C, alors toute personne sensée – peut-être pas des « économistes » – pourrait s’attendre à ce que le niveau des prix s’ajuste. Problème résolu? Eh bien, vous auriez alors besoin de vous lancer dans une série d’explications à ce sujet, par exemple sur l’origine de la monnaie et des inflations ou de la déflation, etc. Mais il ne sont pas intéressés, alors nous en resterons là – en renvoyant un à mon Précis d’économie politique marxiste pour un traitement scientifique de la question. Le niveau des prix ajustera les choses pour n’importe quelle quantité de monnaie et de biens et services, mais ce ne sera pas le cas lorsque le Mp concret doit s’échanger contre un Cn concret, même si cet échange est médiatisé par l’argent.

Nous notons cependant que, bien qu’inconsciemment, ils analysent le problème de la réalisation non pas comme un problème monétaire comme ils le pensent, mais comme un problème d’échange entre des dimensions économiques réelles. Dans leur cas, la quantité d’or doit être égale à la quantité de production. Nous avons déjà vu cette erreur ci-dessus ; sous sa forme monétaire, c’est une tautologie simple et inutile et erronée de surcroît. Cependant, comme nous l’avons vu plus haut en discutant du problème de réalisation vu par Rosa Luxemburg, nous avons également vu que sa remise en cause est à l’origine de la problématique développée par Foley et à travers Foley par notre duo. Il suffit, comme le fait Marx, de replacer le problème de la réalisation dans son cadre spécifique de la Reproduction impliquant au moins deux types de marchandises, Mp et Cn, pour comprendre que le problème de la réalisation est rigoureusement un problème d’équilibre économique général, c’est-à-dire les quantités de Mp et Cn nécessaires pour obtenir un équilibre stationnaire ou dynamique.

À ce stade, le papier devrait aller a la poubelle. Cependant, un travail prophylactique est nécessaire car ces deux-là prétendent parler de marxisme et d’analyse économique post-keynésienne. Cela ne peut pas être toléré.

Il faut donc rapidement percer a jour leur présentation prétentieuse et gratuite dite du calcul homothétique.

Notons tout d’abord que si M est de l’or, puisque le taux de croissance est le même sur trois périodes, la logique de ce capitaliste Cap3 (M) devrait être la même que celle du capitaliste Cap 1 (C). Par conséquent, puisqu’ils commencent et se développent de la même manière de t0 à t3, ils devraient finir par des quantités équivalentes. Le problème de la réalisation se serait évaporé dans une mince éthérée! C’est seulement parce que dans leur présentation pseudo-homothétique bidon qu’ils commencent avec des valeurs différentes pour M, P et C qu’ils obtiennent le résultat dont ils ont besoin. C’est pour le moins pathétique.

Qu’en est-il du crédit dans leur formulation? Si vous admettez un écart S > M, vous introduisez le crédit pour combler le hiatus … en utilisant un ensemble plus long de ces pseudo-formules ridicules et inutiles. Il n’y a rien de plus que cela.

Pourquoi dit-on « pseudo-formule »? Premièrement, si nous définissons C = (c + v) pourquoi auraient-ils besoin de le transformer en un atome de capital indifférencié en lui attribuant une valeur de 1? Simplement parce que cela facilite leurs manipulations pseudo-mathématiques – en supprimant tous les problèmes réels au fur et à mesure, par exemple le fait que « c2 » doit couvrir le renouvèlement de « v » et de la plus-value – mais leur atome de capital cache « v ».

De même, M2 doit couvrir le renouvèlement du « v » et des plus-values ​​dans les secteurs I et II. Mais cela aussi est caché et ne peut être récupéré sous aucune forme ou forme possible dans leur savante présentation. Cet équilibre nécessaire pour répondre aux besoins économiques résume le problème économique général spécifique, la nécessité pour l’Homme de se reproduire dans la Nature et dans la Société, mais cela n’a pas d’importance ici. Qui s’en soucie a un tel niveau?

Notez enfin que s’ils s’étaient cantonnés à la présentation normale, pourrais-je dire avec des lettres romaines « ordinaires » et des chiffres arabes comme Marx et sa brillante disciple Rosa Luxemburg – souvenez-vous comment qu’elle se moquait d’Otto Bauer ajoutant des lettres grecques dans ses diagrammes afin de voyager a travers eux « comme une oie sauvage dans le ciel »? – voici ce qu’ils auraient obtenu, les forçant à voir les problèmes à portée de main avec plus de clarté:

C + (pva + pvb) = 120 p Où C = (c + v) = 100 et où

pv = (pva + pvb) = 20 et p est le produit Suite à ces deux, nous supposons que pva (consommé) = 15 et pvb (accumulé) = 5

Nous avons :

Demande : 1 + q(1-p)/(1+g)3 = 1 +q/(1 +g)3 c-a-d., (production totale)/(capital accumulé (1+ qp)) autrement dit 120/105 = 1,043

Offre (ou Supply)                      = 1 +q/(1+g)2 c’est-a-déjà: 120/110 = 1,09

Et donc : S > M. Voilà! Incroyable! Voir ci-dessus …

Quelques remarques s’imposent:

A ) Quand on y pense, ce problème de réalisation fabriqué a toujours les mêmes racines qu’il avait avec Tugan-Baranovsky ou, d’une manière plus ridicule et simpliste, avec Menger et Irving Fisher et tutti quanti quand ils veulent déterminer la quantité nécessaire de la monnaie – y compris le crédit – par un graphique de l’offre et de la demande, assimilant ainsi la quantité d’argent nécessaire au montant de la production totale en prix monétaires !!! Ils posent C = M

A ) La demande est donnée comme l’atome de capital + q, la plus-value. Pourquoi appelleriez-vous cela « demande »? Si l’atome de capital est donné par 1, cette demande sera exprimée en « monnaie ».

C ) L’offre est P. Mais c’est encore l’atome de capital plus q.

Ergo, si vous ne la posez pas a t0, la différence entre S et D n’existe pas. De plus, lorsque l’on parle de « monnaie », même en supposant une différence en t3 entre C et M, le niveau de prix s’ajusterait automatiquement. Le problème est que tout ce charabia fait abstraction des vrais problèmes posés par la réalité monétaire, à savoir la grandeur nécessaire et suffisante de la monnaie nécessaire pour assurer tous les échanges économiques pour permettre au moins un équilibre reproductif stationnaire. Il fait également abstraction des rotations de cette somme d’argent disponible malgré le fait que tout échange formel soit toujours bilatéral.

Je me demande ce que ces deux-là ont à dire sur le rôle économique du plein emploi et sur la destruction active du code du travail partout, par exemple avec le Jobs Act en Italie et la Loi travail en France, une « déconstruction » systématique de l’une des principales conquêtes sociales maintenant inscrite dans la définition de l’antidumping à l’OMC. Comme nous le savons, cette définition propre au néolibéralisme et monétarisme global exclut toute référence aux droits du travail, même dans leur formulation minimale par l’OIT, ainsi que tout critère environnemental …

3 d) Un mot sur le crédit classique et spéculatif.

 Nous avons vu plus haut que l’avance faite par le travailleur en termes de travail vivant capable de transformer son monde naturel, institutionnel et conceptuel est la clé de tout système économique qui doit toujours assurer la Reproduction du travailleur et de la société dans laquelle il vie. Cette avance exprimée en termes monétaires entendus comme un équivalent général fournit la quantité de monnaie nécessaire et suffisante pour assurer tous les échanges impliqués par les Equations de la RS-RE ou, dans le langage mainstream, l’équilibre économique stationnaire ou dynamique. De cela et des équations SR peuvent être déduites le nombre minimal de rotations impliquées.

L’accumulation précapitaliste primitive a pris la forme du capital marchand. Depuis les Sumériens, cela comprenait des formes de prêts, donc des intérêts, ainsi que diverses formes de lettres de créance conçues pour faciliter le processus d’échange sans avoir à transporter des quantités d’or, d’argent ou d’autres métaux précieux, etc. Ce système de paiement au porteur devint célèbre dans sa forme Transatlantique grâce à Rothschild pendant les guerres napoléoniennes, ce qui lui permit d’établir la domination durable des Maisons Rothschild sur la dette publique britannique et sur sa gestion par la Banque centrale d’Angleterre.

Le capital marchand a pris une autre forme sous le MPC. Avec l’émergence et la consolidation de ce Mode de production le processus d’accumulation n’était plus orienté vers une simple thésaurisation mais plutôt vers le processus incessant d’accumulation capitaliste sans lequel la forme capitaliste du capital cesserait d’exister. L’intérêt classique était toujours calculé de la même manière mais faisait partie d’un circuit productif global différent. Dans la pratique, le crédit agit désormais comme une anticipation de la production bien que la « main invisible » de la Reproduction capitaliste assure une sur-expansion dans certaines industries et des contractions dans d’autres. Ici résident les causes profondes des cycles commerciaux et des crises. Les contradictions inhérentes au processus de Reproduction capitaliste ont été médiatisées par l’expansion du MPC dans le monde entier, accélérant ainsi la croissance du soi-disant Centre par opposition à la Périphérie et à la Semi-périphérie, pour emprunter à la terminologie de Galtung. Les crises récurrentes ont été historiquement amplifiées par le passage de la domination du capital marchand au capital industriel et au capital financier.

Les luttes de classe déclenchées par ces transitions sont brillamment illustrées par les essais de Marx sur la France et pour le capital financier par les travaux de Hobson, Hilferding, Rosa Luxemburg et Lénine. Ces étapes ont été suivies de l’internationalisation du capital productif incarné par les multinationales (MNC).

À toutes ces étapes, l’intérêt capitaliste classique prévaut. Il est déduit conceptuellement et techniquement du profit. Cela a conduit à une certaine acrimonie entre les fractions de capital industriel et bancaire comme en témoigne la critique de H. Ford de la maison bancaire Morgan. (Voir H. Ford dans https://archive.org/details/TheInternationalJewByHenryFord1920/mode/2up )

Les intérêts classiques reposaient sur des investissements bancaires et financiers assouplis par le système de fractionnaire bancaire – dont le développement de la bourse déjà analysé par Marx – et portés par la « main invisible ». Des tentatives ont été faites pour réguler les crises récurrentes, notamment par la séparation des institutions de dépôt et d’investissement ou des banques commerciales. Le plus célèbre étant le Glass Steagall Act de 1933. Son abrogation par la loi Gramm-Leach-Bliley de 1999 a rapidement conduit à la crise des subprimes, la pire crise financière-industrielle-économique depuis la Grande Dépression de 1929.

Le capital spéculatif est une créature totalement différente. Il cherche à assoir son hégémonie non pas comme un secteur d’intermédiation financière médiatisant l’anticipation de la croissance mais comme un secteur économique spécifique. Ce faisant, l’intérêt spéculatif prend l’aspect juridique du profit. Cela constitue une attaque insoutenable contre l’économie réelle. En effet, le secteur financier hégémonique représente désormais environ 9% du PIB américain. Son « taux de profit » ne peut être égalé par l’industrie ou par d’autres efforts économiques reposant sur une plus grande quantité de capital fixe. En devenant légalement un profit légitime depuis 1999, l’intérêt spéculatif déclenche la logique de la productivité car il s’impose de manière organique sur tous les secteurs – SI et SII comme cela peut être vérifié dans les exemples donnés ci-dessus qui concernent les changements de productivité. La productivité la plus élevée régit l’industrie, le secteur et les conditions de production intersectorielles car elle détermine l’ensemble de la structure des prix relatifs. Non seulement l’économie réelle est étranglée mais, sous sa forme de financiarisation boursière, elle a vite tendance à se nourrir tout en détruisant également la politique budgétaire de l’État. Cela est clairement illustré par un QE récurrent dans un système qui ne permet aucune re-normalisation – reset – à part via une énorme purge des excès de liquidité, ce qui est d’ailleurs la fonction normale du cycle du commerce capitaliste, et encore plus clairement par l’autosarcophagie incarnée par de gigantesques rachats d’actions ou buybacks … Ajouter à cela la prétention du capital transnational spéculatif de supprimer la gestion macroéconomique de l’Etat pour imposer la domination hégémonique de leur micro-économie anomique imposée par leur « private global governance ».

Le crédit public jouerait toujours le rôle d’anticipation des investissements productifs dans le cadre d’un système RS-RE prévu. Ce faisant, il éliminerait la spéculation par définition car l’anticipation de la croissance par le crédit public se transforme pour environ 60% en une nouvelle masse salariale et pour le reste en capital fixe et autres coûts de production. En d’autres termes, le crédit se transforme en valeur d’usage réelle et en valeurs d’échange. Si cette anticipation se fait symétriquement et proportionnellement dans tous les secteurs, – en tenant compte de l’insertion dans l’Economie Mondiale, le cas échéant – les cycles commerciaux seraient éliminés.

Avec le plein emploi, l’inflation structurelle serait à son plus bas et se limiterait en fait au taux d’invalidité. Comme de nouveaux secteurs et de nouveaux secteurs intermédiaires ne sont plus à forte intensité de main-d’œuvre, des cycles récurrents de réduction de la semaine de travail s’imposeraient pour réabsorber la main-d’œuvre « libérée » par la croissance de la productivité – ce qui était l’objet du « déversement » de A. Sauvy. Cela se ferait dans le respect rigoureux de la possibilité offerte par la productivité microéconomique et par la compétitivité macroéconomique qui caractérisent l’insertion de la Formation Sociale nationale au sein de la Division Internationale du Travail. En effet, aucun FS ne peut vivre au-dessus de ses moyens trop longtemps …

Rien de tout cela ne peut être compris avec le charabia pseudo-marxiste académique de notre duo. (Sur le capital spéculatif, voir mon Précis d’Economie Politique Marxiste ainsi que les essais ici https://www.la-commune-paraclet.com/MandelbrotFrame1Source1.htm .)

4 ) Conclusion: certains universitaires rémunérés devraient apprendre à lire et à réfléchir avant de faire semblant de commenter Marx.

 Juste pour garder le moral, je dois ajouter qu’ils sont en bonne compagnie. Voici une autre version de la marxologie universitaire rémunérée que j’ai lue récemment. Deux citations suffiront:

A ) « Marx n’aurait jamais essayé d’expliquer la société grecque ou romaine à partir de la catégorie de la valeur et de sa forme de manifestation la valeur d’exchange, ou du travail comme substance de la valeur comme un travail abstraitement humain. » P 4 B) «Vu du côté des relations de production, cela signifie que les esclaves grecs et romains ne peuvent pas fournir de valeur supplémentaire, alors que leur travail n’est pas producteur de valeur. En d’autres termes, au sens technique du terme, ils ne sont pas des « travailleurs ». » P4

Voir original dans « Entrevista a César Ruiz Sanjuán sobre Historia y sistema en Marx (I) «Marx inauguró una nueva disciplina teórica, una nueva forma de ciencia social. Ante un edificio teórico de semejante magnitud, solo pudo llegar a poner los cimientos. », Salvador López Arnal, El Viejo Topo http://www.rebelion.org/docs/264639.pdf Voici quelques commentaires brefs mais essentiels. Concernant ces deux citations, nous savons que dans le Capital Livre I, Marx expose les distinctions entre la valeur d’usage et la valeur d’échange. Il expose également admirablement la distinction entre l’extraction de la plus-value absolue et la plus-value relative. La première est basée sur la durée du travail, toutes les autres variables restant constantes. Elle survit dans le MPC par exemple avec les heures supplémentaires mais comme forme dominante d’extraction, elle s’applique à tous les Modes de production précapitalistes. Non pas que les innovations étaient absentes avant le MPC mais elles étaient généralisées et durables, par exemple la maîtrise du calendrier lunisolaire, le feu, la domestication des animaux, la culture des céréales etc. La plus-value relative repose sur l’intensité du travail qui peut être conjoncturelle donc s’appliquant à tous les Modes ou structurelle qui est alors appelé productivité. Cette dernière est la forme dominante sous le MPC. La loi marxiste de la productivité a été formulée par moi et intégrée de manière cohérente dans les Equations RS-RE. Il faut ajouter à cela ce que j’ai appelé la « plus-value sociale » qui sera la forme dominante d’extraction de la plus-value sous le Mode de production socialiste. Avec elle, la productivité microéconomique et la compétitivité macroéconomique seront mutuellement optimisées par la planification marxiste. On le voit en germe dans les économies capitalistes avancées planifiées et régulées telles que l’État providence anglo-saxon ou l’État social européen. Il a principalement informé une transition du salaire capitaliste individuel vers une forme atténuée de « revenu net global » capitaliste des ménages. Cela fait suite à une reconnaissance tardive que le travailleur n’est pas un simple facteur de production comme les autres puisqu’il ou elle doit se reproduire en tant qu’être humain appartenant à une espèce sexuée dans un ménage dont la taille diffère. Concernant la Grèce, Rome mais aussi l’Asie et la Russie, Marx a utilisé cette compréhension scientifique pour se lancer dans une étude comparative des modes de production. Cela n’a pas échappé à Rosa Luxemburg. Face à son « problème de la réalisation », elle a analysé les contradictions issues de la coexistence et dominance de différents Modes, analyses qu’elle a appliquées à sa théorie de l’impérialisme.

L’analyse de Marx des formes d’extraction de la plus-value dissipe de nombreux sophismes, par exemple l’affirmation puérile selon laquelle l’esclave ne produit pas de plus-value! En ignorant de façon plus dramatique l’origine du Fonds social décrit par Marx dans sa fondamentale Critique du programme Gotha, certains des premiers bolcheviks pensaient que le socialisme éliminerait l’exploitation signifiée comme la fin de l’extraction du surplus de travail et la fin de l’argent. Cette erreur leur fut coûteuse à la fois en termes d’hyperinflation et en termes de croissance économique. L’extraction de la plus-value ne cessera pas sous le socialisme, mais elle sera plus efficace sous forme de « plus-value sociale » car elle maximiserait à la fois la compétitivité macroéconomique et la productivité microéconomique et ne reviendrait pas à une exploitation de classe car la processus sera contrôlé collectivement par une planification économique égalitaire. Pour plus de détails, le lecteur peut consulter mon Précis d’économie politique marxiste.

J’ai toujours été étonné par le fait que nous soyons trop souvent obligés de rappeler des évidences. En effet, l’établissement de la suprématie politique des néolibéraux et des monétaristes repose sur la surreprésentation grossière de nombreux servi in camera surpayés et philo-sémites nietzschéens, disciples obéissants de Mises, Hayek, Friedman et bien d’autres du même acabit. Gramsci a parlé d’hégémonie mais n’a pas traité de ce processus de sélection de castes et de classe particulier. Il n’a pas non plus – à l’instar de tant d’autres marxistes, y compris le Komintern – compris le caractère philosémite nietzschéen spécifique de tous les régimes réactionnaires européens au moins depuis Julius Cesar – droit divin, etc. – et plus précisément, du fascisme et même du nazisme à ses débuts, en raison à la généralisation de l’État laïc. À la suite de Thomas Paine et d’autres, le jeune Marx avait élucidé le sale secret de toutes ces régressions violentes pointant l’exclusivisme comme l’ennemi de toute égalité humaine et de toute démocratie. Une version douce de cet exclusivisme philosémite nietzschéen se développe à nouveau aujourd’hui, un processus dangereux en raison de la logique destructrice des prétentions exclusivistes opposées. Le fascisme philo-sémite soft avec ses Murs et ses pratiques d’Apartheid n’a pas d’avenir. À différentes époques, même sous la domination bourgeoise, nous nous serions attendus à ce que la déontologie, l’honnêteté intellectuelle et le sérieux prévalent.

Nous en restons là, à l’exception d’une dernière remarque pour souligner que les universitaires, même dans les institutions dites privées, sont payés sur les deniers publics. Gagnent-ils leur subsistance? Je me souviens de Hobbes, l’un des pères de la soi-disant « acquisitive mind » posant la question, toujours posée par Adam Smith dans son questionnement sur l’origine du profit: « Quelle est la valeur d’un Homme? »

Paul De Marco, ancien professeur de Relations internationales – Economie Politique Internationale.

Copyright © Déc. 22, 2019-27 janvier 2020. San Giovanni in Fiore

XXX

NOTES:

1 ) Althusser s’est donné beaucoup de mal pour développer l’importance de la «pratique théorique». Gramsci avait également souligné l’importance de la «praxis». Vico’s avait précisé que la réalité objective comprend la nature, les institutions sociales et ce qu’il appelle les fictions ou la réalité conceptuelle. En empruntant à Diltey, on pourrait dire que les deux derniers sont des réalités sociales objectivées. Bien sûr, Marx avait formulé la base scientifique élucidée de cette approche en posant ce qu’il appelait le «matérialisme historique». Voir, par exemple, mon essai sur Althusser dans Download Now dans la section Livres-Books de mon ancien site jurassique www.la-commune-paraclet.com. dans la même section, voir mon introduction méthodologique.

2 ) Cela nous renvoie au soi-disant Young Marx habituellement éviscéré par des universitaires inutiles et beaucoup d’autres en tant qu’auteur des concepts psychologiques de la réification et de l’aliénation. Comme nous le savons tous, ces concepts ne peuvent être compris sans se référer à la forme spécifique d’exploitation dans les différents modes de production. Althusser a longuement insisté sur la distinction entre l’humanisme générique et soporifique et l’égalité vue par le matérialisme historique. En ce sens, le Marx mature exposant la loi scientifique du travail de la valeur prête le fondement complet de la théorie de l’aliénation du Jeune Marx. C’est une question de degré, pas de nature. La meilleure façon de comprendre cela est peut-être de se référer à l’autobiographie de Vico, à savoir la première exposition scientifique du développement de concepts et de théories compris dans leur contexte matériel, institutionnel et intellectuel. Le Triptyque de l’émancipation humaine en renvoie plusieurs à La Sainte Famille de Marx qui inclut la question juive, voir le Volume IV dans https://www.marxists.org/archive/marx/works/cw/index.htm.

Pour l’aspect psychologique spécifique, voir ma critique définitive du freudisme et de la théorie bourgeoise dans mon Pour Marx, contre le nihilisme dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com. La section comprend, en anglais: «Extrait de For Marx, contre le nihilisme / Pour Marx, contre le nihilisme, Deuxième partie: Pour une théorie de la psychanalyse marxiste. Le devenir irrationnel, freudien et humain. »Http://www.la-commune-paraclet.com/LivresFrame1Source1.htm#book

3 ) Karl Marx sur Herr Vogt dans https://www.marxists.org/history/etol/newspape/ni/vol10/no08/marx.htm

Xxx

Extraits de l’accumulation de capital une anti-critique
«L’argent requis pour ce processus, bien sûr, sort des poches des capitalistes – car chaque employeur doit disposer du capital monétaire à l’avance – et retourne dans les poches de la classe capitaliste après l’échange sur le marché. »
«Deux structures de base caractérisent le mode de production capitaliste. Premièrement, un échange général de biens, c’est-à-dire que personne ne reçoit quoi que ce soit du stock social de marchandises sans moyen d’achat – de l’argent. »
«Non seulement toutes ces formes sociales et productives coexistent et coexistent localement avec le capitalisme, mais il y a des relations animées d’un type spécifique. »
Elle a donné un montant initial d’argent nécessaire pour réaliser la production. Maintenant, bien sûr, si le montant à réaliser augmente et non le montant d’argent !!! C’est ridicule. C’est Tugan-Baranovsky.

Ch 2 « Il semblerait que – comme nous l’avons supposé jusqu’à présent – au moins la quantité globale de marchandises qui contiennent le profit puisse croître de cette manière, et la seule difficulté réside dans l’approvisionnement en argent, qui n’est peut-être qu’une question technique de circulation de l’argent. Mais seulement apparemment, superficiellement. La quantité totale de marchandises n’augmentera pas, l’expansion de la production ne peut pas avoir lieu, car dans la production capitaliste la condition préalable essentielle à cela est la conversion en argent, la réalisation universelle du profit. La vente de quantités croissantes de matières premières et la réalisation de bénéfices, de A à B, B à C et C à nouveau à A et B ne peuvent avoir lieu que si au moins l’un d’entre eux peut finalement trouver un marché en dehors de la fermeture cercle. Si cela ne se produit pas, le rond-point s’arrêtera après seulement quelques tours. » dans https://www.marxists.org/archive/luxemburg/1915/anti-critique/ch02.htm

xxx

Voici le résumé de Tony Cliff:
«Pour analyser la Reproduction Simple, Marx a divisé l’industrie dans son ensemble en deux départements de base: celui des moyens de production (Département I) et celui des moyens de consommation (Département II). Entre ces deux départements, une certaine proportionnalité doit être obtenue pour qu’une Reproduction Simple ait lieu. Il est clair, par exemple, que si le département I produisait plus de machines que ce département et le département II n’en avaient besoin, les machines seraient surproduites, la production du département I par conséquent paralysée, et toute une série d’évènements en découlerait. De même, si le département I produisait trop peu de machines, la Reproduction, au lieu de se répéter au même niveau, régresserait. Il en irait de même pour le département II s’il produisait plus ou moins de moyens de consommation que la masse salariale combinée, ou le capital variable, et la plus-value (v + s) dans les deux départements. [79] La proportion entre la demande de moyens de production et celle de moyens de consommation dans l’ensemble de l’économie dépend du rapport entre la part du capital consacrée à l’achat de machines et de matières premières, c’est-à-dire le capital constant (c ) de l’ensemble de l’économie d’une part, et cette partie du capital dépensée pour payer les salaires, v, plus les bénéfices des capitalistes dans l’ensemble de l’économie.

En d’autres termes, les produits du Département I (P1) doivent être égaux au capital constant du Département I (c1) plus le capital constant du Département II (c2): P1 = c1 + c2. De même, les produits du Département II (P2) doivent être égaux aux salaires et à la plus-value dans les deux départements ensemble: P2 = v1 + s1 + v2 + s2. Ces deux équations peuvent être combinées en une seule équation: c2 = v1 + s1. En d’autres termes, la valeur des machines et des matières premières, etc., dont le Département II a besoin doit être égale aux salaires plus la plus-value des travailleurs et des capitalistes du Département I. Ces équations sont destinées à une Reproduction Simple. Les formules de Reproduction Elargie sont plus compliquées. Ici, une partie de la plus-value est dépensée pour la consommation personnelle des capitalistes – ce que nous désignerons par la lettre r – et une partie est accumulée – ce que nous désignerons par la lettre a. a lui-même est divisé en deux parties: une partie sert à acheter des moyens de production supplémentaires, c’est-à-dire est consacrée à l’ajout au capital constant disponible – ac – et une partie sert à payer les salaires aux travailleurs nouvellement employés dans la production – av. Si la demande sociale de moyens de production sous Simple Reproduction était exprimée par la formule c1 + c2, une Reproduction élargie serait exprimée en c1 + ac1 + c2 + ac2. De même, la demande sociale de biens de consommation, v1 + s1 + v2 + s2 devient:

v1 + r1 + av1 + v2 + r2 + av2 Ainsi, les conditions nécessaires à une Reproduction élargie peuvent être formulées ainsi: P1 = c1 + ac1 + c2 + ac2 P2 = v1 + r1 + av1 + v2 + r2 + av2 Ou: c2 + ac2 = v1 + r1 + av1 [80] Passons maintenant à la critique de Rosa Luxemburg des schémas de Marx. [81] Rosa Luxemburg a montré qu’une comparaison de la formule de Reproduction Simple avec celle de Reproduction élargie produisait un paradoxe. Dans le cas d’une Reproduction Simple, c2 doit être égal à v1 + s1. Dans le cas d’une Reproduction Elargie, c2 + ac2 doit être égal à v1 + r1 + av1. Maintenant, v1 + r1 + av1 sont plus petits que v1 + s1 (car ac1 est déduit de s1). De sorte que si l’équilibre était atteint dans des conditions de Reproduction Simple, la transition vers une Reproduction élargie exigerait non seulement la non-accumulation dans le département II mais la position absurde de désaccumulation. Et ce n’est pas par hasard, dit-elle, que lorsque Marx a utilisé des diagrammes pour illustrer une Reproduction Elargie, il a donné un chiffre plus petit pour c2 que celui qu’il a utilisé pour illustrer une Reproduction Simple:

Schéma de Reproduction Simple

I 4000c + 1000v + 1000s = 6000

II 2000c + 500v + 500s = 3000

Total = 9000

Diagramme initial pour l’accumulation sur une échelle étendue

I 4000c + 1000v + 1000s = 6000

II 1500c + 750v + 750s = 3000

Total = 9000 [82]

Ainsi le capital constant du Département II est 500 plus petit en agrandissement qu’en Reproduction Simple. Marx poursuit en élaborant le schéma de Reproduction Elargie et il montre que, en supposant que dans le département I comme dans le département II, aucun changement dans la composition organique du capital (c’est-à-dire dans le rapport du capital constant au capital variable) ne se produit, que le taux d’exploitation reste constant, et que la moitié de la plus-value du département I est capitalisée, alors la Reproduction du capital se traduira par la progression suivante:

Première année

I 4400c + 1100v + 1100s = 6600

II 1600c + 800v + 800s = 3200

Total = 9800

Deuxième année

I 4800c + 1210v + 1210s = 7260

II 1760c + 880v + 880s = 3520

Total = 10780

Troisième année

I 5324c + 1331v + 1331s = 7986

II 1936c + 968v + 968s = 3872

Total = 11858

Quatrième année

I 5856c + 1464v + 1464s = 7986

II 2129c + 1065v + 1065s = 4259

Total = 13043

Cinquième année

I 6442c + 1610v + 1610s = 9662

II 2342c + 1172v + 1172s = 4686

Total = 14348 [83]

En analysant le diagramme ci-dessus, Rosa Luxemburg souligne correctement une particularité qu’ils montrent: Alors que dans le département I, la moitié de la plus-value est capitalisée à chaque fois, et l’autre moitié consommée, de sorte qu’il y a une expansion ordonnée à la fois de la production et de la consommation personnelle par les capitalistes, le double processus dans le département II suit le cours erratique suivant: La première année 150 sont capitalisés, 600 consommés Second 240660 Troisième 254626 Quatrième 290 678 Cinquième 320 745 Et elle ajoute: Il va sans dire que les chiffres absolus du diagramme sont arbitraires dans toutes les équations, mais cela n’enlève rien à leur valeur scientifique. Ce sont les ratios quantitatifs qui sont pertinents, car ils sont censés exprimer des relations strictement déterminées. Ces règles logiques précises qui établissent les relations d’accumulation au Département I semblent avoir été acquises au prix de tout type de principe dans l’interprétation de ces relations pour le Département II; et cette circonstance appelle une révision des connexions immanentes révélées par l’analyse. [84] Ici, il n’y a pas de règle à suivre pour l’accumulation et la consommation; les deux sont entièrement soumis aux exigences de l’accumulation dans le Département I. [85] En ce qui concerne les progrès de la Reproduction élargie, si nous supposions que dans le département II comme dans le département I, il y avait une expansion ordonnée de l’accumulation de capital et de la consommation personnelle des capitalistes, il y aurait alors apparu un déséquilibre croissant entre les deux départements. »Dans https://www.marxists.org/archive/cliff/works/1969/rosalux/8-acc-cap.htm

xxx

Si nous ajoutons une représentation schématique de la production annuelle d’or en tant que substance monétaire aux deux départements de la production sociale, nous obtenons les trois ensembles de chiffres suivants:

  1. 4000c + 1000v + 1000s = 6000 moyens de production
  2. II. 2000c + 500v + 500s = 3000 moyens de subsistance
  3. III. 20c + 5v + 5s = 30 moyens d’échange

Cette quantité de valeur de 30, choisie par Marx comme exemple, ne représente évidemment pas la quantité d’argent qui circule annuellement dans la société; il ne représente que la partie qui se reproduit annuellement, l’usure annuelle de la substance monétaire qui, en moyenne, reste constante tant que la Reproduction sociale reste au même niveau. Le roulement du capital se déroule de manière régulière et la réalisation des matières premières se déroule à un rythme égal. Si nous considérons la troisième ligne comme faisant partie intégrante de la première, comme Marx veut que nous le fassions, la difficulté suivante se pose: le capital constant du troisième département est constitué de moyens de production réels et concrets, locaux, outils, matériaux auxiliaires, navires, etc., tout comme dans les deux autres départements. Son produit, cependant, les 30g qui représentent l’argent, ne peut fonctionner dans ses formules naturelles à capital constant dans aucun processus de production. Si l’on inclut donc ces 30g comme élément essentiel du produit du département I (6000 moyens de production), les moyens de production présenteront un déficit social de cette taille qui empêchera les départements I et II de reprendre leur Reproduction à l’ancienne échelle. Selon l’hypothèse précédente – qui constitue le fondement de l’ensemble du diagramme de Marx – la Reproduction dans son ensemble commence à partir du produit de chaque département dans sa forme d’utilisation réelle. Les proportions du diagramme sont basées sur cette hypothèse; sans elle, ils se dissolvent dans le chaos. Ainsi, la première relation fondamentale de valeur est basée sur l’équation: I (6 000) est égal à I (4 000) + II (2 000). Cela ne peut pas s’appliquer au produit III (30g), car aucun des deux départements ne peut utiliser l’or comme moyen de production [par exemple, dans la proportion de I (20c) + II (10c)]. La deuxième relation fondamentale qui en découle est basée sur l’équation I (1 000 v) + I (1 000) = II (2 000). Cela signifierait, en ce qui concerne la production d’or, qu’il y a autant de biens de consommation pris au Département II qu’il y a de moyens de production qui lui sont fournis. Mais c’est tout aussi faux. Bien que la production d’or retire les moyens de production concrets du produit social total et les utilise comme capital constant, bien qu’elle utilise des biens de consommation concrets pour l’usage de ses travailleurs et capitalistes, correspondant à son capital variable et à sa plus-value, le produit elle ne peut pourtant pas fonctionner dans aucune branche de production comme moyen de production, et n’est pas non plus un bien de consommation propre à la consommation humaine. Par conséquent, inclure la production d’argent dans les activités du Département I, c’est aller à l’encontre de toutes les proportions générales qui expriment les relations de valeur dans le diagramme de Marx et diminuer la validité du diagramme. »(ma traduction) Dans https://www.marxists.org/archive/luxemburg/1913/accumulation-capital/ch05.htm

Comments are closed.