Commenti disabilitati su HEIDEGGER, LA CORRUPTION INTIME DE L’ÂME ET DU DEVENIR HUMAIN.

Commentaire prophylactique sur les publications à venir annoncées par l’intéressant article intitulé ” Heidegger, la preuve du nazisme par le ”Cahier noir” “. http://laphilosophie.blog.lemonde.fr/2013/12/05/heidegger-la-preuve-du-nazisme-par-le-cahier-noir/  05 décembre 2013.

Un article récent sur Heidegger m’incite à intervenir de manière prophylactique. L’article peut se résumer par les phrases suivantes : « Sommes-nous à la veille d’une nouvelle “affaire Heidegger” ? Un document va bientôt permettre d’évaluer la place du nazisme dans sa pensée, preuve en mains. (…) (Hadrien France-Lanord conteste que) que l’auteur d’Être et temps ait jamais été infecté par un quelconque préjugé antijuif (hormis quelques remarques picorées ça et là dans la correspondance privée du maître).(…) La prochaine parution de trois volumes de près de 400 pages, dont chacun concerne la période fatidique des années 1930, la plus féconde, devrait ainsi donner plus d’un indice sur certaines inclinations, notamment les tendances anti-“judéo-chrétienne” que le philosophe aurait alors imprimées à sa pensée. »

Bien entendu, ce point de départ souligné par l’auteur de l’article cité ci-dessus est de très mauvais augure. Il pose tout simplement la question Heidegger de manière erronée et ignore en outre la logique implacable de l’exclusivisme. Sur ce concept central, le lecteur voudra bien jeter un coup d’œil à mon Nietzsche et le retour du cauchemar éveillé, disponible dans ce même site ainsi que dans sa version anglaise originale dans la section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com . D’autres articles utiles sont disponibles dans la section Fascisme/Racisme/Exclusivisme de ce même site.

Il n’y a tout simplement pas d’avant et d’après dans le cas de Heidegger, pas plus que dans le cas de Nietzsche, Wagner, Chamberlain et Rosenberg ou Mussolini et bien d’autres. Sauf à souligner qu’en tant que pitres accomplis, ils seront eux-mêmes la proie de la logique de l’exclusivisme. Ils sont véritablement leurs propres victimes. Emblématiquement, Nietzsche finira par perdre la raison et mourir après s’être ” pitoyablement ” suspendu au cou du cheval blessé. Ces personnages sont tous profondément régressifs et anti-humains.

Cette publication nous présente donc une autre opération très probablement douteuse, déjà perceptible ici dans l’approche adoptée par certains auteurs cités. En effet, comment peut-on prétendre défendre ce qui n’est pas défendable ? Ce qui est reprochable au nazi-fascisme en tant que crime ne peut en aucun cas se résumer à sa longue ambivalence sur la question juive. Une telle attitude recèle, en elle-même et par elle-même, tous les germes du péril exclusiviste.

La vraie question est la suivante : quel type de “philosophe” (étymologiquement à l’envers, naturellement) est Heidegger ? Ou encore : Mérite-t-il d’être traité comme un philosophe tout court ou même comme un théoricien ou, au contraire, n’est-il pas simplement un idéologue au sens plein du terme ? Un idéologue au sens donné à ce mot par Destutt de Tracey, avant que ce terme ne soit reformulé par la sociologie (bourgeoise) de la connaissance fondée par Karl Mannheim ? Nous assistons, en fait, à un retour prémédité au fascisme d’inspiration philo-sémite nietzschéenne. Cette stratégie politique à long terme est désormais dominante. Je l’ai déjà dénoncée en divers endroits librement accessibles dans mon site www.la-commune-paraclet.com (1)

Cette stratégie vise à détruire le compromis libérateur anti-nazi-fasciste forgé au sein de la Résistance et incarné plus tard dans les constitutions de l’État social ou de l’État providence moderne, ainsi que dans la Charte initiale des Nations Unies et dans la Déclaration universelle des droits individuels et sociaux fondamentaux qui l’accompagne. Son objectif ultime est le rejet du partage, entre citoyens égaux, du travail et des richesses socialement disponibles. Ce partage est désormais rendu nécessaire par le développement accéléré de la productivité qui libère des masses toujours plus importantes d’ouvriers et d’employés qui sont ainsi réduits au chômage endémique et à la précarité à vie. Au lieu de cela, le nouveau camp régressif tente d’imposer le partage de la misère dans les rangs du prolétariat et des classes inférieures dites moyennes désormais de plus en plus déclassées et paupérisées. En opérant ce retour en arrière, ils ont déjà ramené les sociétés occidentales à une répartition inégale des revenus et des richesses presque sans précédent (voir mes livres ainsi qu’en anglais correct : http://www.zerohedge.com/news/2013-12-17/jim-grant-slams-steve-liesman-fed-can-change-how-things-look-not-what-they-are  ).

Pour y parvenir, il faut forger une narration et travailler à ce que Karl Popper appelait une ” ingénierie sociale “, bien qu’il ait imputé à tort cette méthode aux bolcheviks, ces derniers ayant, à tout le moins, des objectifs très différents. Nécessairement, tout nouveau récit doit réécrire l’Histoire car sa légitimité ne peut reposer uniquement sur des aphorismes irrationnels et négatifs, disposés selon l’humeur de chacun. De tels slogans peuvent parfois être utiles, notamment lors de manifestations et de marches aux flambeaux impliquant des masses fanatisées. Mais, ironiquement pour ces pitres, ils choquent fatalement la cohérence cognitive lorsqu’ils ne sont pas adéquatement masqués par une reconstruction inversée du passé, pseudo-logique et plausible. L’exclusivisme opère comme un étrangleur de la vérité, qu’il tente laborieusement de ” déconstruire ” ; il repose sur la fabrication d’une construction idéologique plausible destinée à la consommation de masse et à celle des chiens de garde subalternes du régime.

Il s’agit ici de véritables ” pitres ” dans le sens conceptuel profondément réfléchi que j’ai donné à ce terme dans mon Livre II. Guillemin, qui n’était pas dupe, parlait déjà en son temps de ” saltimbanques intellectuels ” ; d’autres, sans le bénéfice de l’élucidation apportée par la psychoanalyse marxiste (2) ont parlé d’êtres ” agis “. Reste qu’ils sont souvent payés comme des professeurs, ce qui, à mon sens, est un grand déshonneur pour la profession ; et, qui plus est, ils sont payés comme tels dans les écoles républicaines, laïques et publiques. Pourtant, ils taisent laborieusement l’aspect philo-sémite nietzschéen essentiel de cette question. Ils le font le plus souvent de manière calculée, parfois avec une préméditation cynique aggravée par une ignorance crasse. En effet, ces personnes sont promptes à se gargariser la bouche avec Nietzsche tout en ignorant la leçon donnée par son Zarathoustra ; ce faisant, elles finissent par croire elles-mêmes dans leurs propres inepties. Dans de tels cas, en tant que grand maître falsificateur ironique (sic !), Nietzsche fait exclamer didactiquement son Zarathoustra : Hi-Han ! Hi-Han ! En fait, l’Histoire démontre que ces fanatiques aiment se tromper eux-mêmes, même s’ils se prennent pour des maîtres ” éveillés “, ou, mieux encore, pour le sel de la Terre. Sous cette apparence bien-pensante, ils sont bien plus dangereux que les soi-disant ” militants nihilistes ” qui, eux, conservent toujours un minimum de sentiment humain sans lequel leur manipulation ne vaudrait rien. Certains d’entre vous se souviennent peut-être de la monstrueuse ignominie de ” Manhattan “.

Nous savons donc déjà à quoi nous attendre en ce qui concerne cette nouvelle tentative de sauvetage de Heidegger. Elle ne fait que ressembler à la précédente qui avait été menée pour sauver Nietzsche sous le couvert de son “philosémitisme” (sic !), une infamie que j’avais déjà dénoncée alors… par “devoir de mémoire”, c’est-à-dire par respect pour la Mémoire. Le fascisme serait-il acceptable à condition de redevenir philosémite ? Comme vous vous en souvenez peut-être, la juive italienne Margherita Sarfatti – ou le père en chemise brune du criminel de guerre sioniste Netanyahu – s’est abondamment exprimé au sujet de son ” Duce “. Cela peut être rapidement vérifié dans son apologie portant le même titre. Il s’est transformé en son amant personnel pitrique qu’elle a contribué, avec beaucoup d’autres de son espèce, à financer et à présenter comme le ” Grand Protecteur des Juifs ” jusqu’en …. 1938 ! Ceci étant rappelé à nouveau par respect pour la Mémoire.

À ma connaissance, personne, et surtout pas Primo Levi en son temps, n’a encore présenté les excuses requises à la population italienne. Cela s’est fait avec la complicité générale, philo-sémite, de toutes les démocraties bourgeoises, y compris celles dirigées par la social-démocratie occidentale. C’est devenu si grave qu’aujourd’hui tout le monde feint d’ignorer l’Article XII des Dispositions définitives et transitoires de la Constitution italienne, née de la Résistance armée au nazifascisme. Malgré le fait que cet Article XII déclare illégale toute forme de fascisme, une série de Casa Pound sont ouvertes et financées dans la Péninsule. Ceci se produit au milieu de l’indifférence la plus générale, notamment celle des instances garantes de notre République et, bien sûr, celle des dirigeants de la Communauté juive italienne. Aujourd’hui comme hier, cette infime communauté est pourtant à nouveau surreprésentée partout.

A cela s’ajoute, bien sûr, l’ignominieux financement étranger ou même étatique des musées exclusivistes et pratiquant la censure de la Shoah qui cachent besogneusement la longue complicité des milieux juifs dirigeants avec le nazi-fascisme, tout en ignorant ignominieusement toutes les autres victimes du nazi-fascisme de la manière la plus préméditée, la plus exclusive et la plus illégale. Ainsi, Schindler est finalement transformé en « Juste parmi les nations » et son comptable juif Stern est loué tandis que les partisans communistes sont maintenant dénoncés comme étant des suppôts du “mal”!

Il est clair que cela ne peut avoir qu’une seule raison d’être, à savoir celle qui ressort de l’infâme, raciste et inégalitaire liste Schindler elle-même. Ainsi, seules les victimes de la race divine auto-élue sont dignes d’être vénérées par les païens crédules auxquels on insuffle avec art un sentiment de culpabilité fabriqué de toutes pièces ! Puis la sordide confusion entre antisémitisme et anti-philo-sémitisme nietzschéen ou antisionisme est entièrement manipulée dans une nouvelle veine inquisitoriale qui va à l’encontre de nos constitutions démocratiques, antiracistes et laïques.

Ces remarques devraient être des évidences reconnues mais, au milieu de la lâcheté et de la trahison générales des servi in camera, elles ont tristement besoin d’être soulignées. Les seuls musées acceptables sont ceux qui sont rigoureusement respectueux de l’Histoire et totalement exempts de tout exclusivisme. Ils doivent être des musées communs de la Déportation et de la Résistance, ce qui signifie qu’ils ne se focaliseront pas de manière criminelle sur un seul groupe de personnes représentées comme les seules vraies victimes. Surtout dans les pays qui ont été souillés et détruits par ces formes philosémites nietzschéennes. Et malheureusement, ce n’est qu’un seul exemple.

Alors, qu’en est-il de Heidegger ? La question est claire comme de l’eau de source, autant qu’elle l’était pour Nietzsche ou pour Carl Schmitt ou, d’ailleurs, pour leurs propres professeurs véreux et grands maîtres maçonniques que nous connaissons tous.

Nous allons aller droit au but afin de clore préventivement une discussion mal intentionnée. En vérité, elle n’aurait jamais dû oser prétendre exister. Analyser le rôle de Heidegger est une chose, tenter de le réhabiliter en jouant sur la chronologie et sur son présumé philosémitisme en est une toute autre. Nous savons que Heidegger lui-même s’est efforcé de cacher son rôle sous le régime nazi ; il a par exemple réduit son autobiographie à une phrase lapidaire, pace Vico ! qu’il avait empruntée à d’autres : “Je suis né, j’ai vécu et je mourrai”. Pour continuer avec l’emprunt, il aurait pu ajouter : ” Quand on se trompe, il vaut mieux se tromper de manière importante “, c’est-à-dire avec l’objectif scientifique et éthique expérimental de s’amender pour son propre bénéfice et pour celui de la collectivité. Il va sans dire que l’honnêteté d’un Schopenhauer qui reconnaissait à la fin l’échec de sa tentative d’opposer la ” volonté ” au devenir historique inéluctable n’était pas dans la nature d’un faussaire criminel comme Heidegger.

Heidegger reprend tout simplement le vieux projet rabbinique de droite allié à l’anti-égalitarisme manipulateur imaginé par Nietzsche, qui avait le vent en poupe hier en Allemagne comme partout ailleurs aujourd’hui dans les cercles dominants de nos classes dirigeantes occidentales et musulmanes et dans leurs institutions. Il opère avec le même fonds de commerce familier à la gens rabbinique avait harcelé Marx plus encore que la police prussienne.

Heidegger y a ajouté ses propres trucs. Quoi exactement ? Très précisément une méthode de falsification de l’ontologie et de la méthodologie. C’est quelque chose qu’il a développé avant de devenir le doyen des nazis, en concurrence avec le juriste cabaliste Carl Schmitt. Ce seul fait devrait disposer de tous les commentaires déments que l’on entend aujourd’hui dans le seul but de sauver l’honneur de cette canaille. D’autant plus que cela se fait maintenant avec l’aide d’autres crapules sauvées de l’enfer nazi, qu’elles ont elles-mêmes largement contribué à créer. Bien que leur salut soit le fruit de leur lutte déterminée, ils osent même aujourd’hui qualifier publiquement ces communistes de pires qu’Hitler. Mais ils le font en occultant laborieusement le rôle joué par le Sade de la révolution bolchévique, le nain juif soviétique Yéshov dont les crimes ont ensuite été commodément attribués à Staline, par la mise en œuvre de l’habituel effacement calculé de la mémoire et la réécriture de l’Histoire qui s’en suit, afin de lui substituer une narration intéressée !

(Symptomatiquement, cela a commencé avec la proclamation illégale d’Israël en 1948, une étape qui n’aurait jamais été possible sans l’aide du philosémite Staline qui a fait passer les armes nécessaires par l’Allemagne de l’Est, un soutien qui a été remboursé par son assassinat juste parce qu’il refusait toute logique exclusiviste. Pour Staline, la question juive pouvait être traitée comme celle de toute autre nationalité, ni plus ni moins, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’URSS. Cette évolution régressive de la loyauté après 1948 a été aggravée par l’échec de la contre-révolution hongroise de 1956, qui s’est produite en même temps que la crise du canal de Suez… La contre-révolution hongroise a été le point final philosémite nietzschéen dans le bloc de l’Est de la trahison de Beria et d’autres qui avait conduit à l’assassinat de Staline : Beria s’était vu promettre le soutien des États-Unis en tant que nouveau maître du Kremlin en échange de son abandon de l’Europe de l’Est ! Ce qui a échoué avec Beria et d’autres a réussi plus tard avec Gorbatchev et Eltsine et bien d’autres parmi les juifs soviétiques surreprésentés. Ce sont les mêmes qui se sont fait un métier d’accuser Staline de tous les crimes tout en ne parlant jamais de Yeshov ni de trop d’autres comme lui, y compris eux-mêmes).

Sans doute ceux qui prétendent réhabiliter Heidegger ignorent-ils ” une fois encore ” la logique infernale de l’exclusivisme déjà dénoncée par moi, à la suite de Marx, voir sa cruciale Question juive. Ce faisant, ils semblent vouloir répéter l’Histoire avec des contemporains semblables à Max Warburg et à Rosenberg mais sans la Conférence de Wannsee ; ou avec l’aide d’une autre Margherita Sarfatti, c’est-à-dire avant 1938, et bien sûr pas avant 1936. L’Éthiopie n’a pas compté malgré le sinistre avertissement de l’ambassadeur d’Haïti à la SDN ! Nous soulignons ces deux dates cruciales car l’Histoire est ici bien plus sinistre que ce à quoi faisait prudemment allusion le ” Giardino dei Finzi-Contini “.

Très concrètement, la manœuvre de manipulation mise en œuvre par Heidegger peut être résumée de la manière suivante. Giambatitsta Vico a fondé la théorie moderne de l’Histoire portant sur la science du devenir humain. Il parachève ainsi la sécularisation de l’Esprit précédemment élucidée par l’abbé pythagoricien Joachim de Flore. L’abbé calabrais avait bénéficié de l’héritage pythagoricien et grec qui n’avait jamais été totalement oublié dans sa Magna Graecia. Ayant voyagé en ” Syrie ” pendant sa jeunesse, il a également bénéficié, bien avant les écrivains de la Seconde Renaissance, Pico, Ficin, etc. de la redécouverte de Platon et d’autres textes antiques par les Arabes. Ceux-ci étaient très proches de la Calabre et de la Sicile, surtout pendant le règne du roi Roger qui marqua un tournant dans l’histoire du monde occidental. Joachim avait été employé à la cour de Roger à Palerme durant sa jeunesse, alors que c’était la cour la plus somptueuse et la plus brillante du monde occidental.

C’est là qu’ont été élaborés de nombreux pré-requis civilisationnels cruciaux, parmi lesquels la séparation des pouvoirs temporels et spirituels menant à la laïcité en tant qu’évolution libératrice bien adaptée à une humanité régénérée et désormais responsable devant sa propre conscience. Dans sa Divina Commedia, Dante, qui connaissait bien les œuvres de Joachim et les auteurs antiques – voir par exemple sa reformulation du mythe d’Err Pamphylien de Platon – mettra en scène la longue lutte entre Guelfes et Gibelins, une lutte qui n’était qu’une phase de cette longue lutte de civilisation.

Joachim lui-même avait été l’aboutissement de cette première synthèse avancée ; il l’avait opérée dans le parfait esprit syncrétique pythagoricien qui avait déjà guidé les réformes mises en œuvre par le pape Grégoire. Joachim ira jusqu’à développer des ” figures ” – voir son Liber figurarum pour l’éducation des masses, ainsi que l’établissement de son nouvel Ordre monastique de Flore. Son organisation était spécifique, car le nouvel Ordre devait assurer la formation de l’avant-garde sociale et intellectuelle chargée de préparer l’émancipation générale, lorsque l’Esprit éclairerait enfin tout le monde de manière égale. (On dit que la Règle de l’Ordre Monastique de Flore est perdue, ce qui est strictement impossible car l’Ordre a été pendant un temps le plus prospère de toute l’Italie méridionale ; cela signifie, qu’à part le Vatican, qui l’a approuvée, chaque monastère membre en possédait au moins un exemplaire. Nous demandons ici la libération et la traduction d’un exemplaire ainsi que des textes qui s’y rattachent.)

Vico a ajouté la philologie comme source de la connaissance objective du passé. Avant lui, l’Histoire était considérée comme une discipline entièrement subjective, tout au plus digne des connaissances dont disposait le serviteur de Descartes. Sa philologie était qualifiée de fantaisiste ; elle était l’objet de sarcasmes calculés de la part des adversaires de la nouvelle vision du monde annoncée dans sa Scienza Nuova. Néanmoins, Vico, rompu à la littérature latine, en tire un ” droit naturel des gens ” (” diritto delle genti “) évolué, fondé sur la lutte des classes. Les études postérieures traitant de l’Histoire ancienne et particulièrement de l’Histoire romaine lui doivent l’essentiel, tout comme la compréhension moderne des religions et de la mythologie. Le ” diritto delle genti ” de Vico était une théorie très différente des clichés moralisateurs de Leibniz sur le même sujet.

Avec sa méthode philologique, Vico a donné un nouveau lustre et surtout une nouvelle méthode scientifique à la dialectique appliquée à l’étude du devenir historique. Il suffit de mentionner sa découverte du “véritable Omer”, c’est-à-dire du peuple grec compris comme un Sujet collectif ; sa reformulation des Trois Âges de l’Humanité mise en scène par Joachim, et que Vico entendait, entre autres, comme une critique de la taxonomie nécessairement statique des régimes politiques proposée par Aristote etc. ; il l’entendait aussi comme sa reformulation des correspondances historiques illustrées par l’Abbé calabrais principalement dans sa Concordia qui aboutit à ses célèbres “ricorsi” ascendants. Ceux-ci seront ensuite reformulées de façon inverse par Nietzsche avec ses ” retours ” nuageux, régressifs et manipulateurs, et ses propres marches, en vérité plus astrologiques et obscurantistes qu’astronomiques, ” vers minuit “.

Quand tout est dit, il est clair que Marx a reformulé, sous une forme dynamique historique, la méthode scientifique de I. Kant, qui avait lui-même été fortement inspiré par Vico. Ainsi, il insiste sur la méthode d’investigation et sur la méthode d’exposition en soulignant soigneusement que l’Histoire produit, en pratique, le même processus d’élucidation en révélant les relations entre l’universel, le général et le particulier à travers sa propre marche en avant. L’Histoire et la méthode d’exposition fonctionnent dans des directions opposées ; Marx résume cela en soulignant que la compréhension scientifique de l’anatomie de l’Homme ouvre la voie à la compréhension scientifique de l’anatomie des singes et des autres animaux. De même, la compréhension de la valeur d’échange n’était pas possible, même pour un grand esprit comme celui d’Aristote, avant que l’avènement du capitalisme n’offre sa clarification concrète à travers le contrat de travail “libre”. Cette liberté réifiée a révélé l’équivalent universel nécessaire comme étalon de mesure pour comparer rationnellement des marchandises commensurables entre elles. Marx va naturellement substituer à la méthode philologique de Vico la méthode moderne d’investigation scientifique. La philologie devient une discipline parmi d’autres dans la boîte à outils scientifique complète qu’il possède désormais, y compris l’économie politique, une nouvelle discipline à laquelle il a lui-même conféré un statut scientifique irréfutable. Cette boîte à outils évolue de manière cumulative : Ainsi, il est aujourd’hui possible de penser à une histoire biologique, à une histoire des cellules et de l’ADN, ce qui était techniquement impossible il n’y a pas si longtemps. Le grand marxiste Paul Lafargue a d’ailleurs souligné le rôle de Vico dans le développement du matérialisme historique de Marx (voir dans www.marxists.org).

Selon ma restitution théorique, Marx a pu distinguer scientifiquement la dialectique de la nature – le domaine des distincts – et la dialectique de l’Histoire – celui des contraires – les conjuguant toutes deux dans la dialectique globale incarnée par le Sujet, l’Individu ou les classes sociales. Le Sujet opère le lien essentiel entre ces deux dialectiques spécifiques dans une ” identité contradictoire “, tout simplement parce que l’Homme est, par essence, à la fois un produit naturel et historique. Il faut donc se garder de confondre ce concept avec l’irrationnelle ” unité des contraires ” engendrée par l’hégélianisme. Dans des mains moins dignes de ce nom, comme celles de Kautsky par exemple, cette “unité” nébuleuse devient rapidement un charabia embrouillé qui ne peut être sauvé, même en recourant à la simplification drastique, quoique d’inspiration syllogistique, de Michelet sous la forme thèse-antithèse-synthèse…

Cette conception marxiste fait d’ailleurs disparaître la distinction habituelle entre sciences naturelles et sciences sociales. Cette distinction provient également d’une mauvaise lecture de l’ontologie de Vico (verum-factum, pour simplifier. Ainsi, Dieu ayant créé la Nature peut la comprendre ; l’Homme ayant fait l’Histoire peut également la comprendre alors que l’homme ne peut approcher la connaissance de la Nature que par des expérimentations indirectes). Il est également issu de l’illusion impérialiste paradigmatique entretenue par la physique moderne, une discipline qui reste pourtant incapable de rendre compte de plus de 90 % de son propre objet d’étude ! (malgré le Cern et ses “boxons”, en français dans le texte, bosons au pluriel ; loin d’être la “particule(s) de dieu” dérivée(s) leibnizienne(s) ( !) le boson s’est avéré être simplement le résultat variable du niveau d’entrée de l’énergie utilisée).

Il n’y a qu’une seule méthode scientifique mais elle s’applique à différentes disciplines et donc à différents objets d’étude. Elle le fait en prenant bien soin de s’assurer que la méthode mise en œuvre reste congruente avec l’objet d’étude. En effet, pour ne citer qu’un seul exemple, les expérimentations menées dans les sciences dites dures ne peuvent être les mêmes que celles menées dans les sciences sociales, ne serait-ce que parce que l’Homme en tant qu’individu ou en tant que groupe ne peut être considéré comme un simple objet inanimé et que, de fait, l’Homme transforme son environnement en l’appréhendant. L’Homme ne peut pas non plus être réduit à de pures Idées, l’Esprit travaillant sur lui-même, en rond et en rond, en faisant abstraction des interactions qu’il entretient nécessairement avec le Monde.

Ainsi, le matérialisme historique prend grand soin d’unifier l’analyse des forces productives – les structures matérielles et institutionnelles – avec l’analyse des relations de production (processus sociaux) : Ceci constitue sa supériorité. En se référant à la dialectique d’ensemble enfin élucidée que nous avons signalée plus haut, il faut noter qu’elle le fait de manière organique sans recourir à une quelconque théorie formaliste de reflet, une approximation tout au plus. Pour une exposition plus détaillée, voir mon Précis d’Economie Politique Marxiste dans la section Livres-Books de mon vieux site.

(En prolongeant le travail de Wittgenstein, on démontre que cela reste vrai pour les mathématiques, au pluriel. Elles sont donc adaptées à leur objet d’étude spécifique, contrairement au projet unificateur raté porté par Peano et Russell. Dans sa République, Platon expliquait déjà que les nombres ne sont que des techniques, ils n’ont pas le même statut que les Idées, ou, comme le dirait Kant, que les concepts ” a priori “. Marx les appelle des ” concrets pensés “. Leur propre ” concret pensé ” est l'” unité “, base de toute quantification formalisée, et donc le passage d’une unité à une autre de façon cohérente dans un ” univers ” donné selon le traitement que lui réserve la logique ; voir, par exemple, le problème révélateur du doublement du cube. Arghiri Emanuel a magnifiquement résumé tout cela de la manière la plus lapidaire qui soit lorsqu’il a noté que les mathématiques ne sont qu’une « sténographie de la logique »).

Ce devenir humain éclaire l’égalité humaine, car tout discours suppose l’existence d’un ” champ d’inter-subjectivité ” pour reprendre l’expression de Hegel. Donc, un champ d’inter-subjectivité nécessairement égalitaire car autrement aucun discours, aucun dialogue ne serait possible. Ceci explique d’ailleurs l’irréfutable dialectique du maître et de l’esclave, à savoir la lutte des classes pour l’émancipation individuelle et générale qui conduira à la plénitude de l’Esprit ou, en termes séculiers, à la plénitude de la conscience émancipée. Ce processus est conçu selon le Triptyque de l’émancipation exposé par Marx dans sa Sainte Famille à laquelle appartient sa Question juive, à savoir l’émancipation religieuse, politique et générale ou humaine. Pour Marx, la démocratie laïque bourgeoise n’est que la Préhistoire de l’Humanité en raison de son incapacité à mener le processus d’émancipation à sa conclusion logique.

Le projet de Heidegger était donc très simple. Comment inverser cette logique indéniable et inéluctable du devenir historique en marche vers la réalisation la plus complète de l’égalité ? Et donc englobant, entre autres, la fin des prétentions des races élues, et de l’esclavage tel qu’il avait été annoncé par le pythagoricien Socrate lorsqu’il conduisait l’esclave à la découverte du doublement du carré (dans le Ménon de Platon par exemple), démonstration qui préfigurait la possible révolution de l’architecture de l’ancienne Polis, voire du monde antique etc …) ?

Dans sa tentative de renverser cette ” Marche vers l’étoile polaire ” de l’égalité, Heidegger va s’attaquer à ce qui constitue, dans l’intimité même de la conscience, le ” terrain contesté ” de la responsabilisation de chaque conscience, seul temple réel selon Joachim. Heidegger a tenté de forger une nouvelle phénoménologie de l’Esprit placé sous le contrôle de maîtres putatifs. Son ontologie du Dasein est un produit fabriqué, privé de ses propres processus. L’attaque ontologique de Heidegger est donc loin d’être originale : Il tente simplement de vendre la narration comme substitut aux faits et processus vérifiables, les perceptions et les crédos pour la réalité. Heidegger partage la psyché pathologique du Grand Inquisiteur de Dostoïevski qui a naturellement informé l’œuvre d’Orwell : Ils prétendent tous construire et contrôler l’âme des gens. La science cognitive moderne n’est pas dupe, ayant démontré comment de telles illusions finissent toujours par être brisées par l’accumulation incrémentale des faits contraires ou par la confrontation brutale avec la Réalité.

Heidegger voulait ainsi éradiquer le désir de reconnaissance comme un égal, point de départ de la phénoménologie de Hegel, et que Marx avait spécifié comme le refus concret de l’aliénation. En effet, Heidegger y voyait à juste titre la force propulsive du mouvement général d’émancipation de l’Homme. Depuis Sun Tzu, nous savons tous que les meilleures victoires se gagnent sans avoir à faire la guerre. Ainsi, Heidegger entend opérer à la racine, sans avoir à mener des combats d’arrière-garde, toujours perdus d’avance malgré l’usage massif du Marteau nietzschéen, y compris lors des guerres préventives, criminelles par définition. Heidegger se voit comme un ingénieur ou un démiurge de la personnalité de ces nouveaux êtres que le nazi-fascisme a tenté de fabriquer pour ses propres besoins. Il n’est pas surprenant que les religions sectaires, la propagande fasciste et le markéting capitaliste en tant que techniques puissent se délecter de l’ontologie et de la méthodologie de Heidegger : Leur travail consiste à fabriquer une humanité aliénée de la même manière que le système fabrique des consommateurs captifs ainsi que les produits qu’ils sont induits à consommer. (De même, voir l’échec intellectuel et pratique, à la fin de l’Empire, de la tentative de ” contrôle des flux de communication autorisés “, ainsi que celui du retour à la ” déférence envers l’Autorité “, c’est-à-dire à une autorité auto-conférée basée sur des récits scientifiquement inacceptables, etc.)

Comment alors supprimer préventivement la pulsion naturelle d’égalité ? Le voyou Heidegger ou mieux le doyen nazi, sous quelle apparence est-il le plus acceptable ? Réponse à cette question : En falsifiant subrepticement l’étymologie. En effet, l’homme, un être en perpétuel devenir, est aussi une création du langage. (Gramsci disait un ” bloc historique “, concept que Roland Barthes a reformulé en ” millefeuille ” ; Platon avait déjà abordé le sujet, par exemple dans son Cratyle). La méthode reste toujours la même : celle de l’inversion. Il s’agit donc de refaire frauduleusement Vico à l’envers, usurper le devenir historique pour en inverser les conséquences égalitaires. C’est à peine moins idiot que Derrida et que tant d’autres déplorables prétendus ” nouveaux philosophes ” avec leurs ” déconstructions ” et leurs ” spectres “. Bien entendu, il s’agissait là d’humbles évidences qui n’impressionnaient que ceux qui ne savaient pas lire mais aimaient néanmoins se gargariser en public avec un vernis de culture orale. Surtout aux heures de grande écoute dans les médias et autres supports destinés à la consommation de masse.

Pourtant, la logique exclusiviste de son Heimat entièrement forgé, qui correspond bien à son Dasein faux et mutilé, devient vite criminelle. C’est-à-dire avant son adhésion au régime nazi. En effet, après la grande leçon révolutionnaire scientifique impartie par Kant, l’un des pères fondateurs de la révolution laïque universaliste et égalitaire qui s’est déroulée en France, l’Allemagne va se livrer pour un temps à son grand exercice de ” clarification ” culturelle et civilisationnelle. Pour simplifier, il y avait Herder et Goethe. Herder a initié l’historicisation de Kant. Ce dernier, père notoire de l’impératif catégorique égalitaire, avait conçu le ” devenir ” uniquement comme un processus naturel (enfant, adulte, ancien exemple). Herder a développé le concept d'”Espèce” sur la base des nouvelles données pluridisciplinaires disponibles à son époque, qu’il avait lui-même superbement résumées. Il prévoyait l’évolution et les mutations des espèces ainsi que du langage. Le grand marxiste Paul Lafargue, médecin de formation, fournira une magnifique introduction à la dialectique de la Nature en soulignant entre autres l’importance de Saint-Hilaire par rapport à Lamarck, Cuvier, Darwin etc. et à la dialectique de l’Histoire. (3) Comme l’avait démontré Vico pour l’Histoire, on pouvait désormais avoir à la fois le devenir et les formes concrètes de ce devenir mais sans changer d’espèce.

Goethe, pour sa part, sauvera son Faust de la damnation en l’emmenant en Grèce et en Italie. Et donc aux sources formalisées les plus connues de l’universalisme, qu’il a, comme Herder, également documentées en allemand, contribuant ainsi à l’évolution de cette langue. Il l’a fait sans avoir à recourir au genre de contrefaçons inversées dont Nietzsche, Wagner et bien d’autres, tout aussi exclusivistes, se rendront coupables plus tard. (Comme en témoignent ses voyages, il aimait lui-même l’Italie malgré la décadence avancée de la Péninsule déjà à son époque. À ses yeux exercés, les ruines antiques avaient conservé leur signification la plus profonde. Inutile de dire que la Réforme allemande, celle de Luther bien sûr mais plus profondément celle de Thomas Müntzer et de la guerre des paysans en Allemagne si magnifiquement illustrée par les dessins de Dürer et analysée par Engels et Marx, ne serait pas compréhensible sans référence à Joachim…). Marx et Engels en tireront définitivement les conclusions logiques et historiques.

Comment mystifie-t-on les fondements universalistes et méthodologiques de cette approche scientifique ? En falsifiant l’étymologie et l’Histoire, en créant un récit des origines et du Dasein et de son Heimat, niant ainsi l’égalité humaine. En raison de certaines pratiques habituelles dans les milieux maçonniques occidentaux, ce Heimat spécifiquement forgé s’inspire de la longue opération biblique poursuivie par couches successives. Ce processus cumulatif a déjà été démontré depuis le début par l’herméneutique et plus tard par la philologie moderne. L’apport précoce d’Ibn Ezra fut essentiel pour Spinoza, le grand théoricien qui fut naturellement excommunié par les rabbins dont il avait déjà dénoncé ce qu’il appelait leur ” délire “.

En effet, avec le récit biblique, nous avons affaire à une opération de colonisation impériale des marches palestiniennes alors disputées par les principaux empires africains et moyen-orientaux. Une avant-garde de colons fut envoyée d’Ur avec une généalogie semi-totémique fabriquée pour la cause, en prenant bien soin de dissimuler l’origine sumérienne de ces mythes fondateurs. Plus tard, la situation devenant militairement et socialement de plus en plus difficile, d’autres détachements de colons seront envoyés, comme en témoignent l’histoire antique et romaine ainsi que le Nouveau Testament, et un fanatisme théocratique fut créé de toutes pièces, mettant en scène une race divinement élue. Puis on a greffé un monothéisme rigoriste éloigné de l’éthique socratique du Bien par opposition au bien utilitaire pour subvertir le polythéisme d’Abraham ainsi que le polythéisme environnant. Et enfin fut ajouté à ce breuvage toxique le slogan d’une Terre Promise ou Lebensraum – accordée exclusivement par ” dieu ” lui-même à cette ” race élue ” dans le but de légitimer les génocides de la population autochtone dont l’Ancien Testament s’enorgueillit et se délecte encore plus, ce que les autres peuples anciens ne semblent jamais avoir fait. Pour étoffer le récit, on a ajouté un Moïse copié directement sur le modèle du roi Sargon masqué en vêtements égyptiens, et ainsi de suite.

En fait, la traduction anglaise de l’Epopée de Gilgamesh était disponible depuis environ 1830-1840. Mais elle était prudemment réservée aux spécialistes. Elle produisit néanmoins le même bouleversement des mentalités que la publication en langue courante ou vulgaire de la Bible de Gutenberg, évènement qui ébranla les fondements de la Vulgate expurgée propagée par les Eglises. Les réactionnaires modernes ont été aidés dans leur entreprise par la découverte, par les soins des militaires anglais, de la même méthode utilisée par les brahmanes hindous, bien qu’elle soit exprimée dans des oripeaux différents. Ils feront de leur mieux pour imiter le processus narratif régressif. Ce n’est certainement pas un hasard si Nietzsche a mis en scène son Zarathoustra pour exprimer ses idées.

Néanmoins, la découverte de la base religieuse et mythologique de ces récits conduira naturellement à une accélération du progrès vers la laïcité et l’athéisme général. Pour une conscience libre, l’athéisme pourrait se résumer à ” ni dieu, ni maître “, une position à ne pas confondre avec la négation de la spiritualité. Cela s’est produit grâce aux efforts, par exemple, de Renan, Mallarmé et d’autres, l’une des meilleures contributions précoces étant celle offerte par Paul Lafargue. Il était également familier des anglaises et allemandes si chères à Engels (Bauer, entre autres.) Je crois avoir mené ce processus à son terme en unifiant ma compréhension marxiste de l’archéoastronomie avec ma théorie de la psychoanalyse marxiste. (Voir mon Livre II).

Pour les cercles dominants, cependant, elle a conduit à l’occultation et à l’imitation réactionnaire : Imiter le blocage biblique de la route de la science est devenu une affaire éminemment politique et anti-démocratique. Une arme dans la lutte des classes. Sautons quelques étapes : Cette stratégie régressive connut une nouvelle vie en réaction à la création de l’Internationale de Marx et le déroulement de la Commune de Paris en 1871 ; elle inspira également une nouvelle hystérie pire que celle exprimée par Flaubert en 1871 et celle qui eut cours après le succès de la Révolution bolchévique. Attachées au capitalisme et aux sociétés d’exploitation de l’Homme par l’Homme, les classes dominantes avaient soudain été confrontées aux premières illustrations concrètes de leur inéluctable disparition historique ; leur hystérie exprime la ” volonté de survie “. Mais il en avait toujours été ainsi dans le passé, à chaque étape de la marche générale vers l’émancipation. En témoignent la condamnation à mort des maîtres pythagoriciens Socrate et Jésus ; ou encore la réaction indignée de Thomas Paine, dans ses Rights of Man, contre le “retour” contre-révolutionnaire et vénal d’Edmund Burke à la Tradition inégalitaire.

Aujourd’hui, des personnes osent encore défendre ce projet régressif. Pour comble, ils le font en prenant leur envol sophistique non hégélien en prenant appui sur les postes d’enseignement dans les grandes écoles républicaines et laïques et autres universités. Cela équivaut à une trahison de la Constitution et de la civilisation humaine, nécessairement égalitaire, et comptable des devoirs de la conscience qui ne peuvent être remplacés par la déférence à une autorité, à moins que ce ne soit celle de la science. J’ai pu ainsi affirmer, sans voir l’ombre d’une critique ouverte qui me reconnaîtrait le droit de réponse que : ” Ce qui n’est pas scientifique n’est pas marxiste et vice-versa “. En effet, la cire d’abeille des narrations fond rapidement en présence du soleil brillant de la science. Quant au Marteau sioniste-nietzschéen, il est déjà bien secoué dans le manche. “Une fois encore ». Ces narrations n’ont aucun poids historique durable : Pas plus qu’ils n’en ont prouvé avoir en Afghanistan, en Irak, en Palestine, en Afrique et ailleurs.

Pour conclure, nous ajouterons que le voyou Heidegger avait typiquement tenté après la guerre d’effacer ses traces. Il a tenté de le faire en réécrivant une autobiographie présentable, là aussi par un retournement de Vico. Il a également tenté de le faire à travers l’invitation adressée à une étoile montante de la philosophie occidentale, et surtout française, Jean-Paul Sartre. Celui-ci, n’étant pas dupe, a tout simplement décliné, comme il l’a fait plus tard avec la même clairvoyance et le même courage exemplaire pour le Comité d’attribution du prix Nobel de littérature. Les torchons et les serviettes ne font pas bon ménage.

J’espère que personne ne sera assez simpliste pour me reprocher de ne pas avoir attendu la nouvelle publication : Nous fournirons notre réaction à son sujet le moment venu, si le temps en vaut la peine. Ce court essai fournit déjà les principales clés d’interprétation irréfutables. Nous critiquons ici spécifiquement une manière frauduleuse de soulever un faux problème, cyniquement calculé pour mystifier préventivement le débat. Et ce, en fournissant, comme d’habitude, à la fois les questions et les réponses, tout en faisant du markéting gratuit lucratif. Nous ne sommes pas dupes, nous non plus. Toutefois, nous sommes reconnaissants à l’auteur de l’article cité ci-dessus, ne serait-ce que pour ses remarques essentielles qui ont été reproduites au début de ce commentaire.

Ajout octobre 2021. On comprend mieux pourquoi James Joyce, bon connaisseur de Vico et des contributions historicistes ou régressistes de son temps, écrivit dans son Ulysse : « L’Histoire est un cauchemar que je tente de dissiper en me réveillant. »

Paul De Marco,

Copyright @ La Commune Inc, 2013.

San Giovanni in Fiore (CS), 8 décembre 2013. Traduit en anglais les 24 et 25 décembre 2013. Le texte en anglais se trouve dans la section Livres-Books de mon vieux site.

1 ) Voir par exemple le site www.la-commune-paraclet.com a) « Le lit du néofascisme » et son  « Annexe » ainsi que  « Préambule et laïcité » et les chapitres suivants dans mon essai Europe des nations, Europe sociale et constitution : Europe sociale ou Europe du capital ? dans www.la-commune-paraclet.com/europeFrame1Source1.htm#europe

Et b) « Nietzsche et le retour du cauchemar éveillé » ainsi que Pour Marx contre le nihilisme dans la Section Livres/Books de mon vieux site;

c) La « Note * », la « Note ** » ainsi que « Note 15 sur John Galbraith » dans mon Book III intitulé Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance, 2005, dans la Section Livres-Books du même site.

2 ) Sur la psychoanalysis marxiste définitivement élucidée, voir la seconde partie de mon Pour Marx, contre le nihilisme, dans la section Livres-Books du même site.

 3) Herder Idées sur la philosophie de l’histoire de l’humanité, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68507x/f24.image.r=Herder,%20Johann%20Gottfried%20von.langEN (Voir auusi : Herder in www.marxists.org) and Paul Lafargue, The Historical Method of Karl Marx, (1903) IV. The Natural Environment and the Artificial or Social Environment http://marxists.org/archive/lafargue/1903/xx/histmeth.htm

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