Commenti disabilitati su LE PIB, OUTIL DE NARRATION MARGINALISTE CONTRE LE BIEN-ÊTRE DES PEUPLES ET LA PROSPÉRITÉ DES ETATS-NATIONS, 24 mai 2020.

Table des matières

Résumé.

Le raisonnement bourgeois toujours microéconomique.

Le raisonnement scientifique.

L’inanité théorique du marginalisme et de ses émanations comptables, dont le PIB.

Les trois formes comptables du PIB.

L’équilibre général stationnaire et dynamique versus la Reproduction Simple et Elargie.

Venons en maintenant aux soi-disant consommations intermédiaires privées.

L’ineptie de la chaîne de la valeur ajoutée empirée par le traitement des bureaucraties internes et externes, surtout publiques.

Les choses sont un peu plus complexes lorsque nous avons affaire à la bureaucratie publique. Si la fiscalité est la part publique qui correspond à l’allocation des ressources nouvelles créées par la Communauté, qu’elle est sa jute part ?

Comment intégrer la monnaie et le crédit dans la comptabilité ?

Ecologie bourgeoise, écomarxisme et comptabilité micro-économique et macro-économique. Résumé critique des critiques de Jacques Barraux et les indices alternatifs.

Conclusion.

 

Le Produit Intérieur Brut est un indicateur économique que tout le monde pense connaître sans en comprendre vraiment la définition ni les graves défauts qui relèvent de narrations marginalistes économiques dument falsifiées. Aucune équation, notamment de croissance, ou de sentier de consolidation fiscale, fondée sur lui n’a de sens économique. Mais il sert à légitimer des recettes de cuisine dont la plausibilité est adaptée empiriquement par des pseudo-prix Nobel dont c’est la seule fonction. Ces grands prêtres et leurs maîtres économiques et politiques savent pertinemment que les ajustements se font toujours sur le dos des peuples dont il importe, par conséquent, de préserver la croyance dans le dieu « marché ». C’est un dieu monothéiste primitif, totémique et hargneux, très enclin à sacrifier la société pour satisfaire les envies pathologiques de ses adorateurs et de leur « acquisitive mind » de plus en plus brutalement exclusiviste. Nous sommes loin du monothéisme éthico-politique, égalitaire et scientifique, par exemple sa variante pythagorico-socratienne.

Cet exposé alterne les exposés théoriques et les commentaires aptes à fournir une certaine profondeur culturelle. C’est un choix de présentation. Espérons que ce soit le bon.

Résumé :

1 ) Le PIB est calculé sur la valeur ajoutée. La valeur ajoutée n’est pas la plus-value. Cette dernière est enfantée par le travail vivant qui recompose les intrants de la fonction de production, capital et travail cristallisé, en nouveaux produits. La plus-value a donc une expression prix ou valeur d’échange qui repose sur un support tangible. La valeur ajoutée est mystérieusement ajoutée au coût de production (c + v) par le marché comme récompense de la prise de risque etc. Aussi reste-t-elle suspendue dans les airs dans ses oripeaux « prix de marché » sans pouvoir donner de précision sur sa genèse, ni dire sur quel support tangible – biens ou services – elle repose. Le PIB repose tout entier sur cette ineptie-là.

2 ) La chaîne de la valeur ajoutée se traduit par la soustraction incongrue de la valeur ajoutée des « secteurs intermédiaires ». C’est prétendre que la valeur ajoutée de la baguette contiendrait celle de l’agriculteur et du minotier. Le fisc ne commet certes pas cette erreur. Il se trouve que la valeur ajoutée de l’agriculteur entre comme coût de production dans la fonction de production du minotier, et ainsi du minotier au boulanger.

3 ) La valeur d’échange ou prix de vente d’un produit doit inclure tous les intrants et, le cas échéant, lorsqu’il renvoie à une division du travail externe elle/il doit reposer sur des fonctions de production différentes qui incluent leurs propres coûts de production ( c + v) et leur plus-value ou valeur ajoutée ( pv) . Ceci est vrai pour le transport comme pour le markéting et ainsi de suite. Et, bien entendu, c’est vrai pour les bureaucraties externes.

La principale bureaucratie externe repose sur la fonction publique gouvernementale et sur les services sociaux publics d’accès universel financés collectivement par les cotisations sociales et par la fiscalité générale.. Chacune de ses activités à sa fonction de production, ce qui signifie aussi que, sur la base des coûts de production, le travail vivant créera une plus-value ou valeur ajoutée. En outre, la mutualisation fait en sorte que les activités publiques sont de loin pour efficaces exhibant une plus grande productivité spécifique. Ces services accessibles à tous aux mêmes prix induisent une puissante compétitivité macro-économique de la Formation Sociale qui soutient fortement la productivité micro-économique. C’est la compétitivité qui explique le rang de la FS dans l’économie mondiale selon la qualité de son insertion.

La productivité spécifique des bureaucraties publiques se juge à la durée d’attente pour l’obtention d’un service, à la satisfaction des citoyens bénéficiaires et à la part de la richesse sociale – mal calculée par le PIB – qui lui est consacrée. Or, le PIB n’attribue à la fonction publique et aux services sociaux que des coûts estimés à l’emporte-pièce en terme de coûts salariaux. Nonobstant, le Multiplicateur sectoriel des services publics est très élevé car supérieur à 3 lorsque les services publics ne sont pas dispensés par des entreprises privées motivées par le profit individuel. C’est une absurdité sans nom, mais c’est elle qui induit l’attrition de la fonction publique allant de pair avec le démantèlement des services sociaux, donc la destruction de la compétitivité macro et le laminage de la productivité micro qu’elle soutient.

4 ) Le marginalisme confond monnaie et crédit, tant le crédit privé que le crédit public. De la même façon, sa confusion du profit et de l’intérêt classique et de l’intérêt spéculatif mène à l’impossibilité de distinguer entre économie réelle et économie spéculative. L’intérêt bancaire et financier classique qui repose sur la logique fractionnaire est toujours déduit du profit. Il suppose une séparation légale entre les 4 grands piliers du monde bancaire et financier, soit les banques de dépôts, les banques commerciales, les assurances et les caisses d’épargne.

L’intérêt spéculatif au contraire se pose légalement comme profit économique légitime en supprimant ces distinctions. Il s’ensuit que sa productivité sectorielle est imbattable car il opère avec peu de capital fixe mais en brassant d’énormes flux spéculatifs. De la sorte, il détermine tous les prix relatifs d’un système socio-économique donné, ce qui phagocyte l’économie réelle et l’emploi. Or, cette spéculation apparaissant comme valeur ajoutée dans le PIB, les équations qui en découlent favoriseront cette dérive suicidaire. On se rappelle de l’ineffable OFCE conseillant Hollande de sacrifier l’industrie en faveur des services financiers, l’industrie étant jugée obsolète bien qu’il n’existe aucun service, surtout haut de gamme, qui ne reposât pas sur l’économie réelle, activités agricoles, extractives ou industrielles. Or, ses services financiers, aussi inutiles que nocifs, représentent déjà prés de 9 % du PIB et plus de ¼ si vous incluez tout le FIRE soit finances, assurances et immobilier. Son impact sur la dette publique est fortement débilitant. Pour sa part, le crédit public n’engendrerait quasiment aucun coût en terme de financement de la dette publique ou para-publique.

5 ) Le marginalisme, dont le PIB est une expression statistique comptable, est incapable de concevoir le rôle de l’écomarxisme. Celui-ci repose sur la résolution des problèmes liés à la rente absolue et à la rente différentielle par la Loi de la productivité marxiste dument intégrée dans les Equations des la Reproduction Simple – RS – et Elargie – RE – ou, en termes mainstream, de l’équilibre général stationnaire ou dynamique. L’écologie capitaliste repose sur le concept fallacieux de la rareté, alors même que Léon Walras savait qu’en définitive la rareté est socialement construite. Sur la base du principe de précaution qui doit préserver la santé des citoyens, donc un environnement sain, l’écomarxisme cerne la question des coûts environnementaux de manière rationnelle, c’est-à-dire en calculant, selon les données existantes et leurs projections à moyen terme, le coût du renouvèlement des matières premières. (Ajouté le 17 juin 2020: le principe de précaution se décline en principe de précaution sanitaire et en principe de précaution esthétique visant à protéger la beauté et la diversité des paysages.) Ce renouvèlement se fait soit de manière naturelle, soit de manière artificielle, tout en considérant le développement de substituts massifiables moins coûteux et qui, le cas échéant, pourraient diminuer l’impact humain sur l’environnement.

C’est pourquoi, dans l’incompréhension totale et dans le silence général, nous demandons depuis des années le développement de statistiques scientifiques fondées sur la fonction de production scientifique ( c + v + pv = M ) dument intégrée dans les Equations de la RS-RE. La planification appuyée par le crédit public doit se faire sur ces bases parfaitement élucidées.

Il convient sans doute de déblayer le terrain au préalable avant de présenter les raisonnements pertinents essentiels de l’économie bourgeoise et de l’économie politique scientifique, c’est-à-dire marxiste.

Le raisonnement bourgeois toujours axée sur la microéconomique.

La « science économique » bourgeoise est une narration construite de manière que l’on passe de clichés plausibles en clichés plausibles sans nécessaire enchaînement logique. C’est du zapping dans les mêmes longueurs d’ondes. Dès lors que le « marché » et la méta-magie de la « main invisible » ne peuvent pas avoir tort par définition, les éventuels écarts de la théorie avec la réalité sont toujours dûs à des rigidités exogènes causées par l’Etat interventionniste, le marché du travail ou les puissances externes. Nous tenterons néanmoins de respecter une certaine progression logique dans l’exposé de ces clichés.

L’utilité est entièrement univoque et subjective. C’est une narration sans support tangible, bien ou service. Elle ne permet pas de donner simultanément les quantités produites et les prix.

La fonction de production Y = f (K,L)

Le prix de marché est censé être donné par les courbes d’Offre et de Demande. Pour tracer la courbe de l’Offre, il faut donner les barèmes de la Demande en … prix ; et, inversement, pour la courbe de la Demande. Pour trouver le prix de marché, on croise les deux ! C’est gentiment visuel mais néanmoins tout bonnement insensé. Nous sommes confrontés ici à une contradiction ex ante/ ex post létale.

La monnaie en circulation est tautologiquement supposée égale à la somme des biens et services. E n outre, cette puérile tautologie est sensée découler de la logique suprême de l’offre et de la demande pour la monnaie. (Si la monnaie est un bien comme un autre, et peut donc agir comme équivalent général pour évaluer la commensurabilité des marchandises entre elles, la question se pose de savoir avec quel mètre ou équivalent universel mesure-t-on cet équivalent général ?)

L’inflation – au singulier pour la science économique bourgeoise – suppose le développement d’Indices pour s’y retrouver dans les tâtonnements successifs des marchés, y compris celui de la monnaie. Par ex., le CPI et le PPI. Mais les prix constants partagent les mêmes travers ex ante/ex post que les prix nominaux issus du « marché ».

En outre, la théorie bourgeoise quantitative de la monnaie met dans le même panier la monnaie et le crédit – public ou privé. Ceci donne la tautologie suivante : la production totale de biens et de services, dont les services financiers et spéculatifs égale la monnaie plus la circulation. Quel montant de monnaie et quelle vitesse de circulation ? Mystère et boule de gomme. Ce qui fait qu’un Bernanke – PhD portant sur l’inflation – se met en tête avec ses QE de créer de l’hyperinflation pour faire payer la dette US aux créanciers, particulièrement Chinois et Japonais, et qu’il aboutit avec le pire « credit crunch » de l’Histoire, dont ni la FED ni la BCE ne savent plus comment en sortir.

La productivité n’est pas calculable. La productivité marginale de la dernière unité produite reproduit l’ineptie de la courbe d’offre et de demande déguisée en économie d’échelle. Dès les Années 20 Sraffa critiqua la logique des rendements croissants et décroissants sans réussir à résoudre la contradiction ex ante/post hoc qu’ils recèlent. Pareto tenta d’en définir l’aspect technique mais il ne fut pas capable de concilier la composition technique du capital avec la composition valeur.

La logique bourgeoise met l’emphase sur la « valeur ajoutée », la part de bénéfice que le jeu de la compétition – et du risque ? – est censée ajouter miraculeusement au « coût de production » exprimé en termes de capital, soit les matières premières, les machines, l’organisation du travail etc., et le travail, donc les salaires. Ce coût de production peut être connu en termes de quantité et de prix. La valeur ajoutée en prix peut bien être donnée par la compétition sur le marché, mais d’où vient alors son support matériel, à savoir le nouveau bien ou service façonné par le travail ? Mystère et boule de gomme, à moins d’en lire l’explication qu’en donne le chapitre « La dernière heure de Senior » dans le Livre I du Capital de Karl Marx.

L’équilibre général est conçu comme « le marché des marchés » reproduisant ainsi toutes les lacunes et contradictions ci-dessus. Les données macro-économiques sont censées provenir de l’allocation optimum – aveugle – opérée par la main invisible motivée par la maximisation du profit individuel. Il y a toujours un équilibre général ex post en prix, mais cet équilibre ne correspond pas nécessairement à un équilibre des biens et services réels nécessaires pour assurer la reproduction stationnaire du système ou pour assurer un équilibre dynamique.

Les marginalistes affirment que la main invisible et l’appât du gain individuel assurent que là où il existe une demande il y aura une offre. Mais ceci n’est vrai que pour les demandes solvables. Nous voyons tous qu’il existe un grand nombre de demandes en biens et services essentiels qui ne sont pas satisfaites alors, qu’aujourd’hui, les néolibéraux monétaristes démantèlent les services publics qui les offrent d’ailleurs au meilleur coût, du fait de la mutualisation.

L’interventionnisme d’Etat nécessaire pour corriger les « esprits animaux » du capitalisme – keynésianisme ou régulation – nécessite donc des données à la fois sur les quantités et sur les prix. Ces données statistiques, dont le PIB, sont toujours fournies empiriquement de manière ex post. Mais c’est ce que Koyré appelait un « empirisme baconien ».

Supposons une comptabilité en terme de valeur ajoutée, les économistes bourgeois prétendent que pour ne pas compter deux fois, il faut retrancher la valeur ajoutée des productions intermédiaires. Jacques Barraux résume ainsi : « Les différentes interventions de l’agriculteur, du minotier et du boulanger se trouvent ainsi contenues dans le prix final de la baguette de pain » p 44. (1 ) On nage ainsi dans la purée marginaliste de la valeur ajoutée car, outre la critique ci-dessus à l’adresse de la valeur ajoutée, on ne peut pas faire abstraction du fait que le capitaliste agricole, le minotier et l’entrepreneur boulanger doivent tous faire du profit, lequel est censé avoir le même taux, du moins si on suppose la mobilité du capital.

Cette logique bancale des secteurs intermédiaires dans le PIB est encore plus viciée et vicieuse lorsqu’il s’agit de cerner la valeur et le rôle économique des services publics et des Administrations publiques. N’ayant pas de prix de marché, ils disparaissent tout bonnement de la comptabilité en valeur ajoutée mais les salaires qu’ils impliquent sont comptabilisés dans la comptabilité sous forme de coûts. Ainsi le régime de Santé public universellement accessible coûtait 9 % du PIB à son apogée, c’est-à-dire avant le démantèlement néolibéral monétariste e il avait un très fort Multiplicateur de 3 ou 3.5. Pour sa part, le système de santé privé est inclus dans le PIB bien qu’il ne soit pas abordable par la majorité des gens – 11 millions de Françaises et Français renoncent aux soins – car ses services ont un prix de marché et donc une valeur ajoutée, bien entendu comptable …

Concernant les prix, du fait de la conception bourgeoise de la monnaie et du fait de l’ineptie des courbes d’offre et de demande, la forme nominale ou la forme prix constants est essentiellement fluctuante et indéterminée. Et la méthode des Indexes marginalistes, par exemple prendre une année donnée comme base 100, n’arrange vraiment rien.

Comme il n’y a pas de théorie de la productivité microéconomique et de la compétitivité macro-économique, aucune équation macroéconomique ne réussit à prévoir les outputs quantités, prix et emplois. Cela est uniquement approché par des recettes de cuisine empiriques qui passent pour des modélisations et qui s’avèrent invariablement fausses dès que les conditions de la production et de l’échange se modifient. Or, le propre du capitalisme, mode de production axé sur la productivité comme forme principale d’extraction de la plus-value, est de changer constamment tant sur le plan domestique que mondial.

En termes scientifiques généraux, la productivité consiste à fabriquer plus d’un produit donné ou d’un produit largement élastique en un même temps de travail avec la même force de travail intensifiée structurellement par de meilleures machines et une meilleure organisation de la production et donc avec moins de travailleurs physiques. La question du « déversement » – A. Sauvy – de la main-d’œuvre ainsi libérée dans des secteurs nouveaux ou intermédiaires se pose. Elle se pose d’autant plus que ces secteurs nouveaux et intermédiaires sont de plus en plus intensifs en capital. Les théories bourgeoises, marginalistes notamment ainsi que le PIB qui en découle, sont entièrement aveugles sur la question ; elles se bornant à réciter le crédo de la flexibilisation du marché du travail dans le cadre de la méta-magie de la main invisible.

Finalement la logique de la valeur ajoutée déterminée par l’offre et la demande, y compris pour la monnaie, qui est allègrement confondue avec le crédit public et privé dans le magma fishérien du « flux de revenus » ou « income stream », ne permet pas de distinguer le profit, l’intérêt classique qui est déduit du profit et intérêt spéculatif érigé légalement et fallacieusement en profit légitime, ce qui phagocyte l’économie réelle et détruit l’industrie et l’emploi. Pourtant la financiarisation compte dans le PIB pour 9 % en ce qui concerne le secteur bancaire et financier et pour plus de 1 /4 du PIB si on y ajoute les assurances et l’immobilier. Ce qui n’est rien d’autre que du renforcement positif aux stéroïdes du PIB dans sa course vers le suicide socio-économique. Greenspan, en grande partie responsable avec le Secrétaire au Trésor Paulson de la crise des subprime parlait « d’exubérance irrationnelle » sans prendre aucune mesure pour la brider, au contraire. (Voir « Credit without collateral », 2008, et « The Treasury and the FED », 2008, dans https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#epi

Le raisonnement scientifique.

Je reproduis ici le résumé donné dans l’Annexe de « La pseudo-science économique bourgeoise = voilà pourquoi nous devrions changer de paradigme économique », http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/

« ANNEXE: Le Livre I du Capital commence par l’analyse de la dualité en termes de valeur d’usage et  de valeur d’échange de toutes les marchandises, y compris la force de travail échangée sur le marché comme toute autre marchandise. Cette dualité avait déjà été analysée avant Marx. Cependant, Marx fut le seul à comprendre la caractéristique spécifique de la valeur d’usage de la force de travail – physique ou mentale : bien que la Nature puisse produire des valeurs d’usage, la force de travail, à la fois travail cristallisé et travail vivant, est seule capable de produire d’autres valeurs d’échange, y compris les machines, l’organisation du travail et même les algorithmes d’IA. Si l’on efface cette dualité, le profit ne peut plus être expliqué en termes scientifiques. Et c’est la raison pour laquelle les marginalistes ont inventé le concept univoque et fallacieux d’utilité.

La fonction production scientifique, donc marxiste, s’écrit: c + v + pv = p, où « c » est la partie du capital qui entre dans le produit – le grand marxiste américain Paul Sweezy l’a appelée « used-up capital  – plus « v », la force de travail, plus « pv », la plus-value ou le profit, la somme de ces trois variables étant égale à « p », le produit. Le produit « p » peut être un Moyen de production (Mp) ou un Moyen de consommation (Cn). La fonction de production marxiste est la seule à pouvoir fournir simultanément les quantités et les qualités ou valeurs d’échange (ou prix). C’est la seule qui mène à la compréhension de la productivité.

Voici un résumé qui parle de lui-même. Les conditions initiales dans t1 sont données simultanément sous la forme monétaire (EUR) et sous la forme physique quantitative (p). On peut facilement traduire en temps de travail en supposant, par exemple, une journée de travail égale à 8 heures, de sorte que, dans notre exemple, 4 heures de production suffisent pour reproduire le salaire, c’est-à-dire la force de travail « v », et les 4 heures restantes produiront la plus-value – « pv » – empochée par le capitaliste sous forme de profit.(Ajout : Dans mon Livre III, j’appelle cette répartition de la journée de travail « structure de v » ; elle est la base pour comprendre la plus-value sociale correspondante à l’époque de redistribution, par exemple l’Etat social ou Welfare State, qui se réalise dans les trois composants du « revenu global net » des ménages.) Ici: pv / v = 1.

t1: c (80 EUR / 80p) + v (20 EUR / 20p) + pv (20 EUR / 20p) = p (120 EUR / 120 p)

Les relations essentielles qui caractérisent la fonction de production sont:

  1. A) la composition organique du capital, c’est-à-dire la relation du travail sur le capital total développé dans ce processus de production, d’où v / C, où C = (c + v) ;
  2. B) le taux d’exploitation ou le taux de plus-value qui s’écrit pv / v; et
  3. C) le taux de profit qui s’écrit pv / (c + v).

Examinons maintenant ce qui se produit lorsque nous introduisons une croissance de productivité de ¼ pour le même temps de travail et le même salaire réel, c’est-à-dire le salaire exprimé en valeur d’usage – donc en nombre équivalent de « p » – mais avec moins de travailleurs physiques. Rappelez-vous que la productivité est une augmentation structurelle de l’intensité du travail. Avec la productivité les rapports v/C et pv/v évoluent en de manière proportionnelle inverse. Ici, la production de « p » passe de 120 à 150 p. On obtient:

t2: c (84 EUR / 105 p) + v (16 EUR / 20 p) + pv (20 EUR / 25 p) = p (120 EUR / 150 p)

De t1 à t2, v / C passe de 0,2 à 0,16. Le taux pv / v passe de 1 à 1,25. La quantité de « p » produite passe  de 120 à 150 p alors que le prix unitaire affiche une évolution inverse de 1 à 0,8 euro. (Ajout : le taux de profit qui est paramétrique reste le même mais pas les volumes encaissés par le capitaliste plus productif qui conquièrent des parts supplémentaires de marché. Ce sont ces volumes qui mettent en marche les lois de motion du capital, soit les tendances à la centralisation et à la concentration.)

Cette élucidation de la théorie marxiste de la productivité est la mienne. Aucune autre théorie n’est en mesure de prendre en compte la productivité et encore moins de fournir simultanément et de manière cohérente les quantités et les qualités, en particulier lorsqu’elle est incorporée dans le contexte des Equations RS-RE. Pas plus que Pareto, les économistes bourgeois n’ont jamais été capables de réconcilier la composition technique et la composition en valeur de la fonction de production. Autrement dit, les économistes bourgeois ne peuvent pas réconcilier micro et macro-économie.

Examinons maintenant brièvement la Reproduction, à savoir l’équilibre général.

La fonction de production c + v + pv = p contient déjà en elle-même l’expression de tout le système de reproduction étant donné qu’elle doit nécessairement reproduire les Moyens de production (en « c ») et les Moyens de consommation (en « v ») . Lorsque cette reproduction se produit dans des termes identiques, Marx appelle cela la Reproduction simple (RS), les économistes traditionnels parlent d’équilibre stationnaire. Lorsqu’elle inclut une croissance en t2 par rapport aux conditions initiales en t1, Marx appelle cela la Reproduction élargie (RE), c’est-à-dire l’équilibre dynamique. Étant donné que j’ai résolu le problème de la productivité, qui n’altère pas la cohérence des Equations de la RS-RE bien que les conditions de production changent, nous pouvons illustrer notre propos par un exemple simple.

Supposons que les rapports v / C et pv / v soient identiques dans les deux secteurs, en SI, le Secteur des Mp et en SII le Secteur des Cn. Dans ce cadre de la Reproduction, il est clair que nous pouvons ajouter tous les sous-secteurs que nous souhaitons en les subsumant respectivement sous ces deux secteurs principaux, qui, ainsi que nous l’avons déjà noté, sont déjà contenus dans les composants de base « c » et « v » de la fonction de production elle-même. Voici une illustration pour t1:

SI: c1 (80 EUR / 80 Mp) + v1 (20 EUR / 20 Mp) + pv1 (20 EUR / 20 Mp) = p (120 EUR / 120 Mp) (M1)

SII: c2 (40 EUR / 40 Cn) + v2 (10 EUR / 10 Cn) + pv2 (10 EUR / 10p) = p (60 EUR / 60 Cn) (M2)

Voici les Equations de la RS données dans le Livre II du Capital synthétisées par Boukharine:

M1 = c1 + c2

c2 = v1 + pv1

M2 = (v1 + pv1) + (v2 + pv2)

Dans mon Précis d’économie politique marxiste, j’ai clarifié la problématique de la Reproduction élargie en introduisant également le crédit, à la fois classique et spéculatif.

Comparez ceci avec le système quadratique de Tougan-Baranovsky / Bortkiewicz, la résolution simultanée. La variable c3, censée représenter l’OR ou un moyen d’échange, est introduite dans le seul but de pouvoir formaliser le problème dans un système quadratique. C’est l’un des moyens les plus évidents de substituer un modèle à la réalité qu’il prétend appréhender !!! Le voici:

c1 + v1 + s1 = c1 + c2 + c3

c2 + v2 + s2 = v1 + v2 + v3

c3 + v3 + s3 = s1 + s2 + s3

La troisième ligne est introduite uniquement pour permettre une formulation quadratique, rien d’autre.

Théorie de la monnaie.

La monnaie est distincte du crédit. La théorie scientifique de la monnaie est fondée sur les masses salariales, réelles et sociales, et sur leurs rotations. La masse salariale sociale est la masse salariale réelle plus la masse monétaire émise pour financer le maintien de la force de travail réduite au chômage ou à l’inactivité. Elle correspond plus ou moins à l’agrégat monétaire M1 (et à une petite partie de M2). Considérons la fonction de production totale, à savoir (SI + SII) à la fois en t1 et en t2 où la croissance de la productivité se produit. On a:

t1: c (80 EUR / 80p) + v (20 EUR / 20p) + pv (20 EUR / 20p) = p (120 EUR / 120 p)

Ici, à la suite de Marx, nous réécrivons la fonction totale de production avec (c + v) = 100 car elle fournit une expression comparative immédiate de ses rapports déterminants. En t1 nous sommes dans une situation de plein emploi, de sorte que la masse salariale sociale n’est pas nécessaire étant donné que tous les travailleurs reçoivent un salaire. Dans un tel système, aucune « inflation structurelle » n’émerge. On a:

S = la masse monétaire émise par la Banque centrale = la masse monétaire réelle.

R = le nombre de rotations; R = C / v + pv / v

p en EUR = valeur en euros du produit total = S x R
En t2: c (84 EUR / 105 p) + v (16 EUR / 20 p) + pv (20 EUR / 25 p) = p (120 EUR / 150 p)

En t2, l’augmentation de la productivité provoque l’émergence de l’Armée de réserve du prolétariat – AR. Supposons que de t1 à t2 nous passons de 20 à 16 travailleurs, ainsi AR = 4 travailleurs. Supposons, en outre, que le coût de maintenance de cette population inactive soit égal à 50% de celui de la population active. Nous avons alors une masse salariale réelle égale à 16 euros et une masse salariale sociale égale à 18 euros. Le taux de l’inflation structurelle induite – il existe en effet de nombreuses autres formes d’inflation, par exemple l’inflation importée – correspond à la masse salariale sociale (Ss) / la masse salariale réelle (S), à savoir 18 EUR / 16 EUR = 1,125. La Banque centrale aura le devoir d’émettre et de gérer ces masses monétaires selon les besoins. Sans les confondre avec le crédit.

Avec les théories bourgeoises, le cas de la monnaie est traité comme celui de toute autre marchandise, c’est-à-dire qu’il affiche également la contradiction logique mortelle contenue dans les courbes offre / demande du marché. De plus, grâce à la circulation de la monnaie, la masse monétaire en circulation est égale par définition à la somme de tous les biens et services échangés. Aucune distinction n’est faite entre monnaie et crédit, les principaux agrégats monétaires bourgeois, tous gérés par la Banque centrale bourgeoise, étant M1, M2 et M3. C’est une tautologie des plus absurdes. Bien qu’elle ait ensuite été élaborée pour tenir compte des revenus et du crédit, conduisant ainsi aux différents agrégats monétaires bourgeois, elle ne permet pas de distinguer entre la quantité de monnaie nécessaire et suffisante pour permettre tous les échanges économiques, et la quantité « d’argent » liée à spéculation. Il va de soi que les grands économistes bourgeois sont maintenant obligés d’admettre qu’ils n’ont aucune idée de ce que pourrait être l’inflation. (Voir « La FED admet enfin: elle ne sait pas ce qu’est l’inflation » dans http://rivincitasociale.altervista.org/the-fed-finally-admits-it-does-not-know- what-inflation-is-sept -21-2017 / . Dernièrement, la Banque des banques centrale, la BRI, a admis la même ignorance. S’ils ne savent pas ce qu’est l’inflation, ils ne peuvent donc pas savoir ce qu’est un prix. Cependant, ironie du sort, le contrôle de l’inflation reste le mandat principal des Banques centrales actuelles. Mais comme Hobbes pourrait le demander: quelle est la valeur de la « science économique » de ces gens?)

En fait, les théories bourgeoises, y compris la théorie marginaliste, sont incapables ontologiquement de faire la différence entre économie réelle et économie spéculative. Elles ne peuvent pas différencier entre profit et intérêt ou entre intérêt classique et intérêt spéculatif. Pire encore, comme l’affirment sans trop de nuances les épigones des « marchés efficients », moins la régulation est étendue, plus il y a de spéculation dans le système, plus l’équilibre sera rapidement atteint! Avec la fin de la ségrégation fonctionnelle des secteurs bancaire et financier – dépôt vs marchand – notamment après la contre-réforme lancée par Volcker-Reagan en 1979-1981, puis avec l’abrogation de la loi Glass Steagall en 1999, nous avons été introduits dans l’ère de la spéculation hégémonique. Depuis 2007-2008, les banques centrales ont imprimé environ 15 000 milliards de dollars sous forme de QE et d’autres liquidités. Ce déluge a entraîné une expansion spectaculaire de la Bourse et des marchés financiers, mais au lieu de l’inflation élevée attendue qui était jugée nécessaire pour annuler une partie de la dette américaine aux dépens des créanciers étrangers et des travailleurs domestiques, il a créé un « resserrement du crédit » structurel, ou « credit crunch ».

Un mot sur la gestion de la monnaie et du credit.

Dans le mode de production capitaliste, la distinction est annulée et les banques privées, coordonnées par la Banque centrale capitaliste, émettent à la fois de la monnaie et du crédit. L’émission serait faite en fonction de l’offre et de la demande du marché. La Banque centrale capitaliste utilise ses principaux taux directeurs à des fins strictement idéologiques, à savoir le maintien d’un semblant d’égalité formelle entre tous les agents économiques, en dépit de leur taille réelle.

Cependant, pour être harmonieux, l’équilibre dynamique doit respecter une croissance symétrique proportionnelle en SI et SII. Une médiation possible passe par les équilibres externes, mais ce n’est qu’une médiation qui doit être gérée. Puisque la croissance capitaliste est mue par des choix d’accumulation privés, cette symétrie proportionnelle n’est jamais respectée. Une crise périodique s’ensuit, une expansion dans certains secteurs étant confrontée à une contraction dans d’autres secteurs. Telle est la réalité nichée dans la dénonciation des « esprits animaux » du capitalisme par Keynes.

Dans une économie planifiée ou partiellement planifiée, monnaie et crédit seraient strictement distingués. Le rôle de la monnaie est de permettre tous les échanges nécessaires pour assurer la circulation des biens et des services dans le cadre de la RS-RE, d’où les masses salariales réelles et sociales que nous avons discutées ci-dessus et leurs rotations. Plus la force de travail inactive est faible, plus le taux d ‘« inflation structurelle » sera faible. Le crédit est nécessaire pour assurer la Reproduction élargie et doit donc respecter une stricte symétrie intersectorielle. Bien entendu, étant donné qu’aucune Formation sociale ne peut prospérer en autarcie, elle doit pour cela prendre en compte les équilibres extérieurs. Ceci signifie que, outre les réserves de capital disponibles grâce à l’épargne institutionnelle – régimes de retraite publics ou même fonds souverains, etc. -, le crédit devrait être géré par des banques publiques en étroite relation avec le ministère de l’Économie et de l’Industrie ou, mieux encore, avec la Commission du Plan. Dans ce cas, un audit périodique doit être effectué pour éviter la corruption et la dévaluation monétaire qu’elle induit. En effet, le crédit est destiné à transformer les investissements en biens et services réels. Des audits réguliers permettraient de contrôler l’évolution harmonieuse de la croissance prévue tout en prévenant la corruption.

Habituellement, environ 60%  de tout investissement dans l’économie réelle va à la masse salariale, contribuant ainsi au Multiplicateur économique. Il est également clair que seule la banque centrale publique, et donc sans but lucratif, devrait être chargée du financement de la dette publique et parapublique. Laisser les banques privées – primaires – gérer la dette publique est la principale cause de sa tendance actuelle incontrôlable à monter en flèche.

Le problème le plus délicat à résoudre avec le crédit public est celui du taux de change, du moins tant que seules quelques monnaies de réserve demeureront dominantes. En général, le taux de change devrait être dicté par la compétitivité macro-économique de la Formation sociale (FS), tout en sachant que la compétitivité macro-économique est cruciale pour le développement de la productivité micro-économique. Dans un monde de monnaies de réserve asymétriques, le contrôle des capitaux lié aux besoins d’import-export est obligatoire. Des sorties de capitaux incontrôlées entraînent rapidement une dépendance financière ainsi que des conditionnalités imposées de l’extérieur par des institutions telles que le FMI, les Clubs de Londres et de Paris, etc. Nous connaissons tous les recettes des Chicago Boys qui sont devenues des politiques courantes, y compris au sein de la zone euro : Elles consistent en une dérèglementation et en une privatisation mur à mur, tout en se concentrant sur le secteur de l’exportation pour gagner les devises étrangères nécessaires au remboursement d’une dette publique sans cesse croissante puisque détenue par des banques privées souvent étrangères.

Ces contrôles de capitaux peuvent être atténués par des « swaps de crédit » bilatéraux entre banques centrales consentantes, notamment dans le but de préserver l’indépendance des FS et de réduire leur vulnérabilité extérieure. De tels swaps permettent de réorienter et de faciliter le commerce bilatéral sans avoir à accumuler au préalable des devises fortes, notamment du dollar américain. Ce qui est pratique en temps de guerre commerciale appuyée par un recours criminel à l’extraterritorialité et aux sanctions unilatérales. Bien entendu, ce résultat peut également être atteint par une administration directe des échanges commerciaux, par exemple du pétrole contre d’autres produits de base.

Notre Giordano Bruno a justement dénoncé les « asinate e pedanterie  » – âneries et pédantisme – en référence aux narrations dominantes de son époque. Aujourd’hui, les choses ont beaucoup empiré. Il est grand temps de changer de musique – pardon – de paradigme. »

Rapportant cette discussion directement au PIB, il suffira de souligner sur la base du Précis d’Economie Politique Marxiste, que toutes les entreprises, branches et secteurs participant à la division sociale du travail reposent sur des fonctions de production spécifiques. A ce titre toutes mettent en œuvre le travail vivant et dégagent donc une plus-value. Ceci corrige l’ineptie de la soustraction de la valeur ajoutée des soi-disant « secteurs intermédiaires » dans le PIB marginaliste, une pratique qui pénalise fortement la contribution de la fonction publique et des infrastructures et de services publics. Or, cette contribution cruciale apportée de manière extrêmement efficace du fait de la mutualisation et de l’absence de paiement de dividendes à des actionnaires privés, est à la base de la compétitivité macro-économique. Il suffit pour s’en rend recompte de comparer les coûts sociaux et en termes de PIB des régimes publics et privés de santé ou de retraite. (voir plus bas.)

L’inanité théorique du marginalisme et de ses émanations comptables, dont le PIB

Dans mon Introduction méthodologique et dans mon Précis d’Économie Politique Marxiste j’ai fait la démonstration théorique et historique de cette affirmation en fournissant les linéaments principaux de cette fabrication idéologique de classe. Elle remonte à la remise en cause de la théorie de la valeur de la force de travail exposée par l’économie politique classique – Smith et Ricardo – qui aboutit à la science de l’économie politique de Karl Marx. Cette remise en cause fut l’œuvre, entre autres, de J.B. Say, de Cournot, de Léon Walras et de l’Ecole autrichienne. Sous l’égide de Ludwig Mises, cette dernière fut l’inspiration principale qui motiva l’attaque au keynésianisme et à l’école de la régulation européenne. Cette véritable contre-réforme intellectuelle fut vite incarnée dans la théorie économique dominante dite de « synthèse » établie notamment par Hicks, Samuelson et Solow. Les keynésiens de Cambridge GB l’appelait « le keynésianisme bâtard » puisqu’il retombait dans les travers les moins scientifiquement fondés du marginalisme que Keynes avait tenté de corriger pour sauver la propriété privée malgré elle, moyennant quelques compris socio-économiques.

L’arrivée au pouvoir de Volcker en 1979 à la Réserve Fédérale Américaine, celle de Reagan à la présidence des USA et celle de M. Thatcher au 10 Downing Street en GB, marqua l’émergence de l’hégémonie politique et académique des néolibéraux marginalistes, ces néocons pour qui, à l’instar de Mises, Hayek, Friedman et autres, étaient viscéralement opposés à toute forme d’intervention, même minimalement correctrice, de l’Etat dans l’économie.

Ils étaient aussi viscéralement opposés à toute approche scientifique spécialement en économie, la science reconnaissant de tous les temps, y compris à l’époque d’Aristote, que la valeur d’échange, domaine propre de l’économie entendue comme production et échange de marchandises, devait nécessairement reposer sur un support, une valeur d’usage, cette dernière fut-elle un bien matériel ou un service. La valeur d’échange de la force de travail renvoyant à sa valeur d’usage, sa capacité unique à transformer d’autres valeurs d’usage – matières premières, machines, savoir etc. – en valeurs d’échange, l’économie politique classique en concluait déjà avec Adam Smith que la genèse du profit provenait du fait que le capitaliste ne payait pas la force de travail à sa juste valeur. La magnitude du profit ne pouvant s’expliquer par la rémunération du travail du capitaliste. Smith concluait « Les capitalistes aiment moissonner là où ils n’ont jamais semé » (Wealth of nations, Ed. Sutherland, 1993, p 47) Le citoyen exemplaire et grand économiste walrasien Maurice Allais, s’indignait dans les années 90 d’une échelle salariale passant de 1 à 14 à 1 à 400 ou 500, n’hésitant pas à dénoncer ces accaparateurs qu’il appela « des bandits ». De fait, la genèse du profit demeura inexpliquée jusqu’aux contributions scientifiques sans égales de Karl Marx.

Pour occulter cette exploitation de classe, les marginalistes de l’Ecole autrichienne utilisèrent toute leur influence dans les cercles les plus élevés du Pouvoir pour évacuer la dualité de la valeur économique – valeur d’usage et valeur d’échange . En effet, elle est susceptible d’être analysée scientifiquement puisque cette dualité est objective et objectivable – travail passé et travail vivant. Ils n’eurent de cesse d’y substituer une « utilité » entièrement subjective.

J’ai déjà dit ailleurs que cette stratégie de l’occultation visant à barrer la route à la science impliquait une contamination mur-à-mur de toutes les disciplines sociales. Dans l’Idéologie allemande Marx explique comment le capitalisme triomphant tente de se poser comme la fin de l’Histoire pour conjurer son inévitable dépérissement après avoir, comme tous les autres modes, épuisé ses possibilités. Le marginalisme tenta donc d’ accréditer l’idée selon laquelle la psychologie capitaliste visant l’optimisation de l’utilité des marchandises était pérenne partout et pour toutes les époques. Il n’y aurait pas de différences de ce point de vue entre les sociétés « primitives », celles pratiquant le potlatch, les sociétés féodales, les sociétés occidentales, asiatiques ou africaines … On sait que ce fut un des travers de l’ethnologie et de l’anthropologie durant la première moitié du XX è siècle, travers accru par leur imbrication avec les services d’information des armées coloniales.

Aujourd’hui encore les sciences sociales peinent à s’extirper de ces falsifications psychologiques marginalistes et philosémites nietzschéennes. Je renvoie, par exemple, à ma critique définitive des falsifications rabbinico-nietzschéennes charlatanesques du freudisme et de la psychologie bourgeoise dans la seconde partie de mon Pour Marx, contre le nihilisme. En ce qui concerne la « dismal science » il suffit de tenir compte de ce qui est dit plus haut pour comprendre toute l’inanité infra-scientifique des nouvelles versions du marginalisme. Par exemple, les théories a ) du choix rationnel ; b ) de la circulation de l’information ; d ) les théories comportementales, dont le nudging.

On voit que toutes tentent de corriger le défaut de départ concernant le postulat de l’identité diachronique et synchronique de la subjectivité capitaliste, le calcul des joies et des peines de l’« acquisitive mind ». Jusque dans les années 80s, le marxisme et les théories qui lui étaient proches firent pièce à cet obscurantisme d’un autre âge. Ensuite, la dangereuse disparition de la pluralité disciplinaire s’imposa par une discrimination académique sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale touchant tant la sélection des titulaires des chaires universitaires, que le contrôle des sujets de thèses et des publications. Pourtant je suis en droit de dire qu’un pitre comme Jean Tirole doit forcément user de tout son prestige pour empêcher la pluralité dans la discipline vu qu’il ne sait tout simplement pas ce qu’est une fonction de production scientifique, sans même mentionner ce qu’est une microéconomie sans macroéconomie. C’est bien pire que la fameuse controverse entre Cambridge UK et Cambridge USA sur la fonction de production, controverse qui se faisait soigneusement au sein du même « mind set » pro-capitaliste.

Reste que le développement des sciences cognitives ne permet plus de tels postulats uniformes et falsifiés. Les expériences empiriques et la méthodologie comparative sont passées par-là. Par exemple, Simon et Cyert avaient fait remarquer dans le cadre des discussions opposant déterminisme et indéterminisme, donc causalité, que très souvent un problème donné permettait plus qu’une seule solution ou outcome ; il s’agissait alors de « trade-offs » relevant souvent de stratégies complexes ne se résumant pas à l’optimisation des profits financiers. Mieux, à la suite de Marx, il y eut un fort développement des théories des modes de production comparatifs. J’ai montré que ceci s’applique avec profit à la comparaison des époques de redistribution du MPC.

Par exemple, les falsifications de Irving Fisher visaient à faire disparaître les divers revenus – salaire, profit et rente – dans le seul magma de son « income stream » pour dissiper la lutte des classes. Ce faisant, on présente tous les citoyens comme des investisseurs relevant de la même psychologie de la maximisation des gains pécuniaires, tant les travailleurs, que la ménagère, que les patrons et les managers, que les rentiers et les agriculteurs. On forge ainsi une structure pouvant supporter une supposée logique de cet « investisseur » qui est censé devoir constamment calculer ses risques et choisir la temporalité de ses investissements selon une règle faussement évidente dictée par l’utilité marginale, à savoir qu’un investissement long sera plus risqué et exigera donc des taux d’intérêts plus élevés. Or, si le crédit était public, le coût de son émission serait quasiment nul, se bornant à l’estimation statistique des besoins et au financement des coûts administratifs de la banque centrale – ce qui inclura le provisionnement pour dette. Dans ce cadre, aucune différence de taux sur le court, moyen ou long terme n’émergerait. Tout au plus des règles appropriées se mettraient en place pour assurer la traduction du crédit public, qui est une anticipation de la croissance réelle, en expansion vérifiable de l’économie réelle par des audits réguliers pour prévenir l’envolée des coûts et la corruption.

On peut bien entendu instrumentaliser les sciences cognitives pour obtenir les résultats – outcomes – désirés. Ceci n’est pas nouveau et renvoie au markéting qui se mit en place avec l’émergence des classes moyennes et de leurs consommations. Veblen en fit tout une stratégie de contrôle social en planifiant la jalousie entretenue entre voisins appartenant à la même classe de revenus ou à des classes sensiblement similaires. Ce n’était qu’une forme « lower and upper middle classes » de banlieue du saute-moutons darwinien mais qui devient très efficace grâce aux chants de sirènes consuméristes véhiculés à longueur de journée par les nouveaux médias, radios, affiches, journaux et magasines, cinéma et TV. Le fétichisme de la marchandise prit la forme du désir de consommation comme expression de la personnalité propre des individus, désir stimulé socialement de manière subliminale par le statut conféré par la possibilité financière de la consommation. Posséder une voiture, une machine à laver, ou une télévision dans les années 50 et 60 était présenté comme un signe d’accomplissement, tout comme, plus tard, le désir de s’endetter pour acquérir une maison ou un pavillon de banlieue, satisfaisant ainsi à la monté d’adrénaline sociale encouragée par Greenspan et d’autre pitres de ce genre. (« irrational exuberance »). Le fin du fin étant bien entendu de suivre le pitre Tirole dans ses élucubrations sur la compétition imparfaite visant à préserver les intérêts des Gafam et autres firmes transnationales en créant de fallacieux processus censés protéger les consommateurs ; ces procédés sont aussi juteux et démocratiquement interactifs que leur traitement vénal des données recueillies par cookies et autres moyens de traçage. Pas d’accord sur ce recueil, pas de services. En autorisant le recueil et le traçage des données on s’expose par contre à la pire forme de nudging marchandisé qui consiste à recevoir des flopées de publicités sur les sujets qui firent l’objet d’une recherche internet – B&B, livres etc. Ces données sont souvent traitées et commercialisées par des firmes comme Cambridge Analytica. Ce genre d’interférence se multiplie en temps d’élection par renforcement positif ou messages anxiogènes pour faire basculer les allégeances et les votes. On n’est pas loin ici de la forme digitale des expériences d’un Philip Zimbardo. Par contre, rien n’est dit sur la fiscalité néolibérale monétariste régressive, sur l’évasion fiscale et les tax rulings. Les résultats de cette science comportementale sont encore en-deça de l’ineffable Antitrust créé en son temps pour légitimer les Big corporations – Means, années 20 – et leur entorse au libre marché et à la compétition. Au fond tout ceci nous renvoie au behaviorisme américain qui sévit dans toutes les sciences, y compris dans la « dismal discipline ». Les économistes modernes n’ont rien inventé à ce sujet, il suffit de vérifié, par ex., la science économique d’un Boulding ou autre semblable dans les années 50 et 60… Le grand cinéaste Alain Renais avait présenté une critique magistrale de ce behaviorisme dans son chef-d’œuvre « Mon oncle d’Amérique ».

Bien entendu les crises récurrentes mettent toujours ces aspirations consuméristes en danger surtout lorsque les besoins essentiels, dont la santé publique et l’éducation des enfants, ne sont plus assurés. La vision de sortie de crise progressive par le haut ou régressive par le bas devient soudainement un enjeu primordial de la lutte de classe. Les cercles dirigeants adaptent alors prudemment leurs sciences comportementales, insistent sur le fait qu’au-delà de $ 75 000 l’utilité marginale des acquisitions supplémentaires diminuent, exception faite des produits dérivés, bien entendu ; ils prêchent en parallèle la désincitation socioéconomique aux masses au nom de l’écologie sans bien sûr exiger l’égalité des empreintes écologiques ; et bien entendu, cela se fait en taisant soigneusement la nécessité de reconstruire l’Etat social en partageant le travail socialement disponible entre toutes les personnes aptes à travailler, ce qui est la seule authentique manière de partager les richesses socialement produites, outre la fiscalité républicaine progressive. Notons en passant que jamais dans le cours de l’Histoire l’économie spéculative ne fut aussi déconnectée de l’économie réelle. La crise liée au Covid-19 a mis des millions de travailleurs au chômage total ou partiel, ruinant durablement les système de Sécurité Sociale fondé sur les cotisations sociales, du moins en l’absence du lancement immédiat des grands travaux publics financés par le crédit public. Par contre, durant le confinement les plus riches ont gagné plusieurs centaines de milliards supplémentaires en Bourse!

Enfin on est en droit de se demander à quoi sert la circulation de l’information si cette information est fondée sur de telles bases subjectives, y compris dans sous la forme des statistiques marginalistes, dont le PIB. Amartya Sen, PhD à Trinity College, Cambridge, m’a toujours amusé en prétendant que cette supériorité de l’information – « démocratique » dans une Inde où ½ milliards de Dalits ont une longévité moyenne de 40 à 42 années et sont aujourd’hui contraints de travailler 72 heures par semaine … -, conférait un avantage incomparable à l’Inde sur la Chine en matière de développement économique.

Bref, on aura compris que ces ajustements de muets du sérail ne se font qu’à la marge, au sein du même paradigme falsifié. Ils n’ont donc aucune incidence sur la réalité concrète. Ils n’affectent en rien mes critiques ontologiques à la valeur ajoutée unidimensionnelle et au rôle problématique de la main invisible.

Bien entendu, les résistances à cette ridicule amputation de la réalité furent très grandes. L’école historique bourgeoise allemande, notamment avec Schmoller, objecta à juste titre qu’un concept purement subjectif ne pouvait être l’objet d’aucune science et particulièrement d’aucune science quantitative. En France, des Bachelier furent écartés par des Poincaré et des Léon Walras par l’Université, ce dernier devant s’expatrier auprès des économistes nietzschéens de Lausanne pour pouvoir pontifier à son aise. A vrai dire, pour le plus grand plaisir d’un Jules Ferry, qui selon sa propre admission ne comprenait rien à l’économie mais s’enthousiasmait d’une version pseudo-mathématique présumément moins abordable à la classe ouvrière … un travers ridicule que la « dismal science » enseignée dans les universités cultive de son mieux, par exemple dernièrement avec un pathétique Tirole mettant sa formation mathématique au service de lubies comportementales très louches, tout en cherchant à évacuer la macro-économie au profit d’une unique micro-économie mise au services des firmes transnationales et de leur « gouvernance globale privée. » J’ai déjà dit que le pitre Tirole est l’homme de trois grandes idées vite transformées en trois grandes catastrophes. Ainsi, la dérégulation financière conduisit à la crise des subprime, le contrat unique conduisit au Jobs Act italien et à la Loi travail française, et sa théorie de la concurrence imparfaite envisagée du point de vue du consommateur conduit, pour sa part, à la régulation bidon des GAFAM du point de vue de la satisfaction des consommateurs et autres utilisateurs afin de préserver leurs inexplicables privilèges fiscaux. Si jamais Tirole travaille à une quatrième grande idée, on imagine déjà les dégâts …

Le PIB est la plus pure émanation de cette amputation utilitaire de la réalité économique. Ce défaut est débilitant à l’extrême. La réalité actuelle fait de nouveau la preuve qu’il l’est d’autant plus que les « esprits animaux » – marginalistes, néolibéraux-monétaristes – dénoncés à juste titre par Keynes- sont dominants. Ce fut le cas durant les Années 20 et 30 avant le New Deal de FDR, et c’est de nouveau le cas aujourd’hui.

Nous allons voir qu’indépendamment du choix que l’on fait des trois mesures comptables du PIB, ces mesures comptables reposent toutes sur la fonction de production marginaliste bancale qui élimine la dualité de la valeur menant toujours les sociétés réelles dans l’impasse. Ceci est encore plus vrai lorsque l’intervention régulatrice de l’Etat et du cadre juridique est réduite au minimum.

De fait les statistiques modernes reposaient à l’origine sur l’influence du keynésianisme – et en creux sur celle de la planification de guerre allemande durant la première guerre mondiale ainsi que de la planification bolchévique. Cette planification indicative et incitative qui suivit la Seconde Guerre Mondiale en Occident fut très efficace mais néanmoins ontologiquement incapable d’éliminer les crises cycliques et structurelles du Mode de production capitaliste. Ainsi, lorsque le succès du Gatt et l’expansion des MNC pervertit la cohérence nécessaire des Formations sociales nationales – ou supranationales – et que l’extroversion du Multiplicateur économique, ajoutée à la privatisation croissante des infrastructures et des services sociaux publics, réduisit à néant les politiques de relance internes axées sur la demande interne – pump priming, pour simplifier – , les néolibéraux monétaristes connurent leurs jours de gloire. Aujourd’hui, leur cycle narratif s’achève avec une bulle spéculative sans précédent et une dépression économique qui commence déjà à faire pâlir la Grande Dépression de 1929. La crise sanitaire causée par le Covid-19 ne fut qu’un puissant déclencheur.

La fonction de production scientifique s’écrit : c + v + pv = M, soit « c » le capital constant utilisé dans la production, « v » le capital variable donc la force de travail, « pv » la plus-value à la base du profit et « M » le produit du procès de production immédiat.

Toutes les trois définitions du PIB suppriment la référence au capital et donc, dans la foulée de la théorie de l’utilité univoque et subjective marginaliste, elles suppriment les ratios économiques essentiels et leur rapport mutuel, à savoir la composition organique du capital – v/C ou C = c + v – et le taux d’exploitation –pv/v. De la sorte, on s’interdit de comprendre la productivité micro-économique et la compétitivité macro-économique.

En outre, il faut souligner le trucage opéré par J. B. Say contre Ricardo. Il consiste à anticiper la mutilation marginaliste de la dualité de la valeur en n’évaluant la force de travail qu’en simples termes monétaires. Ce faisant, on la transforme en facteur de production comme un autre, malgré le fait que le travailleur doive se renouveler dans la production et dans la reproduction au sein de son ménage étant membre d’une espèce à reproduction sexuée. Cette liquéfaction de la force de travail appuyée par une théorie monétaire, elle aussi subjective et univoque qui confond monnaie et crédit, conduit au fait qu’aucune théorie économique bourgeoise, moins encore les variantes marginalistes, n’est capable de concilier quantités – valeur d’usage – et qualité ou prix – valeur d’échange.

Schumpeter fit malicieusement de cette faille méthodologique une dichotomie ontologique, donc hors discussion, mais lui-même restait très pessimiste quant à l’avenir du Mode de production capitaliste, par conséquent de la capacité pour sa propre falsification ontologique de s’imposer. Schumpeter connaissait parfaitement les lois de motion du capital synthétisées par Lénine comme tendances lourdes à la centralisation et à la concentration du capital, il savait pertinemment aussi que sa « destruction créatrice » n’était jamais autre chose qu’une bataille d’arrière-garde.

La France compte un cas d’économiste walrasien classique, un grand citoyen républicain et le seul prix Nobel d’économie ayant mérité cette distinction selon moi, à savoir Maurice Allais. Il avait bien à l’esprit la distinction entre économie sociale et « science économique » que Auguste Walras avait souligné à l’adresse de son fils Léon. Pour M. Allais, les équations marginalistes devaient être informées par les priorités sociales.

De fait, tant que les protections tarifaires et que la séparation fonctionnelle du système bancaire en 4 piliers faisant également place au crédit public subsistaient, on pouvait avoir l’impression que les équations marginalistes – courbes d’offre et de demande, économie d’échelle etc. – restaient proches de la réalité moyennant quelques ajustements successifs. La fin du Gatt mettant fin à cette cohérence, en bon citoyen républicain Allais se mit en devoir d’illustrer la désorganisation qui s’en suivait – la « Fracture de 74 » – pour mieux étayer sa demande de re-stabilisation du système à un plus haut niveau par le biais de Préférences Communautaires.

Dans la Note ** de mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance , librement accessible dans la section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com, j’ai montré la faille de ce raisonnement notamment en ce qui concerne les critiques d’Allais portant sur la gestion du marché du travail par le « traitement social », ce qui le portait à remettre en cause la RTT. De fait, les Préférences communautaires permettraient de stabiliser le système socio-économique mais sans en dissiper les contradictions capitalistes que le marginalisme aggrave, comme nous l’avons vu plus haut. Ceci vaut surtout pour le marché du travail puisque le marginalisme est incapable de concevoir les effets de la productivité tout en se fiant à la méta-magie de la « main invisible » pour rétablir l’équilibre. De sorte qu’une nouvelle définition de l’anti-dumping reposant sur le « revenu global net » des ménages, donc sur la RTT, permettrait la réhabilitation des cotisations sociales et de l’assiette fiscale, raffermissant ainsi la consommation productive et celle des ménages contre la tendance à la surproduction. On sait au moins depuis Beveridge que les services sociaux ont un fort impact de stabilisation contre-cyclique. Une nouvelle définition de l’anti-dumping appuyant la RTT permettrait le retour à la planification indicative et incitative à la française, donc à la prospérité sociale. Comme les Affaires sociales sont un domaine de compétence exclusif des Etats membres de l’UE il est possible d’anticiper l’adoption internationale de cette nouvelle anti-dumping par une faible surtaxe à l’importation. Son taux serait calculé pour suppléer les cotisations sociales autrement sacrifiées par l’actuelle déflation salariale.

Sur ces bases marginalistes subjectives, liquéfiées et univoques, les théories bourgeoises sont incapables de différencier intérêt – classique ou spéculatif – et profit et donc économie réelle et économie spéculative. Pire, la théorie de l’« efficience du capital » transforme en dogme cet écueil mortel en prenant pour acquis que la spéculation accélère la mobilité du capital et hâte donc le retour à l’équilibre. A ce compte-là, ni les crises cycliques ni les crises structurelles ne devraient exister sauf, proposition non falsifiable comme dirait le pitre lui-aussi subjectiviste autrichien Karl Popper, en prétextant la persistance de barrières entravant la liberté du capital. Il semble que malgré l’actuelle définition de l’anti-dumping, la barrière à laquelle se heurte cette belle théorie, qui en son temps marcha au coude à coude avec le fascisme philosémite nietzschéen, reste l’indépassable dualité de la force de travail, y compris sous sa forme humaine individuelle ou sa forme sociale elle-même, malgré les vœux contraires d’une Thatcher pour qui « la société n’existait pas », l’individu seul existant et encore seulement lorsqu’il exhibait la « mentalité acquisitive » appropriée.

On comprendra dès lors que toutes les équations économiques reposant sur de pareilles statistiques marginalistes, en particulier la comptabilité nationale incarnée dans le PIB, ne peuvent conduire qu’à une mauvaise allocation chronique des ressources de la Communauté. Il en va de même pour les prétendus sentiers de consolidation fiscale fondés sur ces inepties marginalistes bourgeoises. Par exemple, la Santé publique pour 7% à 9 % du PIB a un Multiplicateur très élevé mais ne se voit pas attribuer de « valeur ajoutée » car elle n’a pas de « prix de marché ». Aussi le PIB la calcule comme un coût – les salaires versés – pesant sur les dépenses de l’Etat ; par contre, le régime de santé privé souvent hors de portée des citoyens et le ruineux secteur spéculatif qui ruine économie et société passent pour ajouter fortement au PIB. Idem pour les régimes de pension, public et privé, etc.

C’est sur la base de ces inepties – dette/PIB – que les « spending reviews » de l’austérité induite par la public policy néolibérale monétariste se mettent en tête de dégager le solde primaire, c’est-à-dire les recettes fiscales hors financement de la dette publique. Celle-ci étant détenue par le capital privé – aujourd’hui spéculatif – elle est donc l’objet de toutes les priorités selon les recettes des Chicago Boys qui prescrivaient au régime de Pinochet de tout sacrifier pour exporter et ainsi gagner les devises nécessaires au financement de la dette. Cependant la logique du solde primaire censé financer et abaisser tendanciellement le niveau de la dette publique a un fort impact socio-économique dépressif – coupures dans les dépenses sociales notamment. Il se heurte désormais au fait que la dette publique qui émerge surtout des gigantesques tax expenditures et autres exonérations pour le capital ainsi que du sauvetage désormais récurrent de la finance spéculative, continue sa progression. Bref, un serpent qui se mord la queue …

Il convient donc de verser cette comptabilité nationale – et son pendant comptabilité d’entreprise- au tas de fumier de l’Histoire ainsi que tout le système de comptabilité marginaliste international – SNA – de plus en plus harmonisé sur le système américain, et refaire de vrais systèmes de comptabilités scientifiques sur la base de la fonction de production scientifique dument réintroduite par moi dans les Equations de la Reproduction Simple et Elargie de Karl Marx tel que proposé dans mon Précis d’Economie Politique Marxiste, 2013.

Voyons cela dans le détail. Nous passerons d’abord en revue les trois formes comptables du PIB – valeur ajoutée, production et consommation – pour en faire ressortir, non seulement l’inanité théorique et comptable, mais surtout la dangerosité des équations de croissance économiques fondées là-dessus. Puis nous examinerons les modifications ingénues proposées pour corriger un PIB non corrigeable.

S’agissant de l’inanité des équations et des sentiers de consolidation induits par le PIB, notons que ne sont pas uniquement en cause des Rogoff, Akerlof, Stiglitz et autres servi in camera de ce genre. Cette dangerosité augmente avec la financiarisation de l’économie. En effet, comme il fut déjà démontré dans mon Précis l’hégémonie de la finance spéculative phagocyte l’économie réelle, pousse à l’externalisation et détruit l’emploi, en particulier l’emploi à temps plein payant cotisations sociales et taxes et impôts divers. En octobre 2014, un an avant aux USA, le PIB fut de nouveau modifié pour inclure une évaluation de la drogue, de la prostitution, de l’évasion fiscale, de certains armements et de certains droits de propriété intellectuelle liés aux TIC. Ces ajouts sont bien entendu factices mais ils aggravent encore les travers marginalistes du PIB. Surtout aucune de ces nouvelles évaluations ne contribue à inverser ce qui n’est plus une « jobless économy » mais bien une « jobs destruction economy » allant de pair avec une précarité galopante de la main-d’œuvre. Bien entendu ceci n’est que plus dommageable dans le cadre des sentiers de consolidation fiscale néolibéraux monétaristes.   Nous conclurons avec un bref exposé des statistiques scientifiques à développer sur la base de la fonction de production scientifique et des Equations de la Reproduction Simple et Elargie en incluant la théorie scientifique- donc marxiste- quantitative de la monnaie et du crédit.

Les trois formes comptables du PIB.

En Septembre 1975 Jacques Barraux a publié un bref article de synthèse sur le PNB dans la Revue Economia, N 15, pp 44-47. C’est le meilleur résumé sur le sujet, du moins à ma connaissance. Il n’a pas pris une ride. Certains éléments comme la finance se sont ajoutés mais l’essentiel était déjà dit dans une optique économique ordinaire mais rationnelle. Nous verrons par la ensuite que cette comptabilité bourgeoise marginaliste est si profondément viciée qu’elle ne saurait être utilement corrigée. Jacques Barraux souligne que le PIB, c’est-à-dire le PNB du quel il faut « retrancher les opérations réalisées à l’étranger par les agents économiques nationaux et ajouter les opérations réalisées sur le territoire national par les étrangers », est un des grands agrégats économiques. Il en présente le déroulement suivant :

PRODUCTION INDUSTRIELLE + services bancaires + administration publique + ménages salariés + administrations privées = PNB, le Produit National Brut

Le PNB – amortissements = PNN, le Produit National Net, soit (le PNB – les opérations nationales à l’étranger + les opérations des étrangers sur le sol national).

Le PNN + les subventions – les impôts indirects = RN, le Revenu National

Le RN – impôts directs = le Revenu National Disponible

Aujourd’hui le PIB fait souvent la manchette car il est perçu comme un échelle commune capable d’indiquer le rang international d’un pays par rapport aux autres. Ses trois présentations canoniques sont les suivantes (1):

1 ) Vu du côté des investissements :

PIB = C + I + G + X – M ( soit la consommation finale des ménages plus les investissements des entreprises + les dépenses gouvernementales moins les exportations plus les importations)

2 ) Vu du côté des revenus :

PIB = salaires + profits + intérêts + impôts – subventions

3 ) Vu du côté de la production (output) :

PIB = Σ(Yi – ICi) + la taxation sur les produits – les subventions pour les produits. (soit pour chaque industrie i, l’output Y moins la consommation intermédiaire, les termes de l’équation étant donnés en valeur ajoutée.)

Le mot clé dans toutes ces trois formes est « valeur ajoutée », ce qui est confirmé par le concept de « consommation intermédiaire ». Ces concepts sortent tout droit de la conception marginaliste de l’utilité, de l’utilité marginale – la satisfaction procurée par la dernière unité – et la productivité marginale, le coût pour la dernière unité produite.

Qu’est-ce que la « valeur ajoutée » ? Contrairement à la « plus-value » dont le support est le « surtravail » de la force de travail, la valeur ajoutée, ou ce que l’on appelle communément le profit, soit la part de la valeur d’échange issue du procès de production qui s’ajoute au coût de production – en capital et force de travail -, est entièrement subjective et à vrai dire non-définie.

Pour l’économie politique classique – Smith, Ricardo etc. – la genèse du profit, supérieur à la rétribution légitime du possesseur des Moyens de production, reste un mystère. La rétribution du risque ne convainc personne, ne serait-ce que du fait que le cadre légal peut théoriquement en supprimer l’essentiel, par exemple le juste prix thomiste ou la valeur d’échange extrêmement stable issue de la planification soviétique surtout pour les denrées de première nécessité comme le pain. . . En bon physiocrate, Adam Smith en appelait à l’éthique pour présider à la redistribution des richesses créées socialement. (3) Puisque sa genèse est inconnue, sa magnitude peut uniquement être constatée empiriquement de manière ex post, et cela en terme de prix de marché, eux-mêmes oscillants …

La fonction de production marginaliste, celle que l’on retrouve uniformément dans les manuels mainstream – qui ne valent pas le papier sur lequel ils sont imprimés – ne fait pas mieux, mais elle s’invente une « fuzzy » logique narrative subjective qu’elle donne comme scientifique.

La fonction de production mainstream s’écrit Y = f (K,L) où le produit Y est fonction de K le capital et de L le travail. Ce qui, en soit ne veut strictement rien dire relativement à la valeur ajoutée ou profit, à moins de passer par le croissement de la courbe de l’offre et de la courbe de la demande censé donner le prix de vente ou de marché, duquel on déduit le coût de production.

Pour la science économique – donc marxiste – les choses sont claires : la force de travail coûte à reproduire en tant que telle, y compris dans son ménage, ce qu’il en coûte socialement pour la reproduire. C’est ce que le capitaliste paie pour l’employer : le salaire rétribue ainsi le travail passé, c’est-à-dire reconstitué et prêt à opérer de nouveau comme travail vivant. Mais seul le capitaliste fixe la durée et l’intensité de l’exercice du travail vivant au sein du procès de production immédiat. Ainsi s’il en coûte 4 heures pour reconstituer la valeur d’échange du salaire et que la durée légale de la journée du travail est de 8 heures, la production de ces autres 4 heures, donc du surtravail de l’employé, sera empochée par le capitaliste sous forme de plus-value – si on veut de valeur ajoutée – laquelle rapportée au coût de production – capital et travail – donne le taux de profit. Dans un système de production-reproduction ainsi scientifiquement appréhendé, il n’y a rien d’ex post, puisque la genèse du profit est connue en référence au rapport de la composition organique du capital (v/C) avec le taux d’exploitation du travail (pv/v). Bien entendu, il peut y avoir toutes sortes d’interférences épiphénoménales par la concurrence, par la gestion monétaire, par les bouleversements naturels et sociaux etc.

Il en va tout autrement avec les théories économiques bourgeoises. La genèse des falsifications économiques bourgeoises et marginalistes majeures successives, exposées dans mon Introduction méthodologique, nous dit que l’objectif initial consistait à éliminer la dualité de la marchandise et en particulier celle de la valeur de la force de travail, pour mieux occulter l’exploitation de classe. Sur la base de l’« utilité » subjective marginaliste « le calcul des joies et des peines » – Menger – lié à l’utilisation des marchandises repose sur un raisonnement consciemment faux mais plausible, celui de la détermination du juste prix de marché par le jeu de l’offre et de la demande supposé mettre en relation l’utilité marginale ressentie par les consommateurs et la productivité marginale qui confronte les producteurs.

C’est un théâtre de l’absurde digne des pitres de l’Ecole autrichienne et en particulier du juif-autrichien fasciste Ludwig Mises qui fut conseiller du chancelier autrichien avant sa fuite au moment de l’Anschluss. Bien entendu, le terme « pitre » est utilisé ici dans le sens plein que lui donne ma théorie de la psychoanalyse marxiste exposée dans la seconde partie de mon Pour Marx, contre le nihilisme qui présente, pour la première fois, la critique définitive de la psychologie bourgeoise et en particulier celle falsifiée du charlatan Sigmund Freud. Ce terme, qui renvoie au for intérieur de chacun, est plus objectif que celui d’ « agi » qui reste vague et plein de sous-entendus non scientifiquement élucidés. Le plus comique est que ce théâtre de l’absurde marginaliste mène et enferme tous les théoriciens bourgeois dans la contradiction létale ex-ante/ex-post que le pitre Böhm-Bawerk voulait attribuer à Marx en prétendant que le Livre III du Capital – les prix de production – contredisait de manière létale le Livre I – la loi de la valeur marxiste.

Déjà dans mon Tous ensemble – 1998 – j’avais détricoté cette falsification et rétabli la scientificité du travail incomparable de Karl Marx. Ici, si on y prend garde , il apparaît très rapidement que le juste prix du marché obtenu en croissant la courbe de l’Offre avec celle de la Demande est d’une telle puérilité que l’on ne peut s’empêcher de reprendre l’expression de leur Grand maître Nietzsche. Dans son Ainsi parlait Zarathoustra, en tentant de prévenir ses disciples falsificateurs afin qu’ils ne finissent pas par croirent eux-mêmes en leurs propres âneries destinées à la populace de néo-chandalas, Nietzsche ponctuait ses avertissements de braiements sonores « Hi-han ! Hi-han! ».

En effet, pour dresser la courbe de l’Offre il faut d’abord fournir les barèmes de la Demande en … prix ! Puis, inversement, pour dresser la courbe de la Demande, il faut fournir les barèmes de l’Offre, toujours en prix. Puis on croise les deux courbes et voilà ! le juste prix de marché ( hi-han !). Vous pouvez ensuite déplacer les courbes vers la droite ou la gauche mais, malheureusement, pas de manière alternée. J’ai aussi fait remarquer que l’axiome selon lequel « là où il existe une demande, il y aura toujours une offre » est une ineptie visible à tous et à quiconque n’est pas aveuglé par sa foi idéologique. Ceci n’est vrai que lorsque la demande est solvable. Qui ne voit pas que, dans la société soi-disant avancée des pays riches, nombres de besoins élémentaires et essentiels des citoyennes et des citoyens ne sont pas ou plus assurés du fait de la logique de la déflation salariale induite par le néolibéralisme monétariste et par sa définition de l‘anti-dumping contraire aux droits du travail et au respect des critères environnementaux.

Déjà dans ses Manuscrits parisiens de 1844, Marx notait que les oscillations de l’offre et de la demande dues au régime de concurrence capitaliste s’annulaient sur le moyen et long terme de sorte que le prix de marché oscille autour d’un axe différent, à savoir la valeur d’échange. Reste que le prix de marché n’est jamais autre chose qu’une construction comptable micro-économique ex post que les statistiques bourgeoises peinent à cerner, y compris avec le recours aux « prix constants ». Ces derniers ne changent absolument rien aux contradictions ontologiques et méthodologiques de l’évaluation de l’« utilité » ou prix des marchandises, ils ne servent qu’à stabiliser les choses en apparence en donnant une base de départ utile pour la comparaison, par exemple une année de départ ou un panier de consommation, le CPI. (4)

Reportons-nous maintenant à la fonction de production scientifique – donc marxiste. Elle fait ressortir d’emblée toute l’ineptie de la logique de la valeur ajoutée inscrite dans les statistiques des grands agrégats bourgeois, dont bien entendu le PIB.

La fonction de production scientifique est :

c + v + pv = M

La plus-value pv peut-être définie par des rapports rigoureux issus de la fonction de production, la composition organique du capital et le taux de plus-value. La valeur ajoutée mystérieusement enfantée par le « marché » ne peut l’être qu’en apparence et toujours de manière ex post, soit en prix nominal soit en prix constant. La relation organique entre le coût de production (c +v ) et la valeur ajoutée est inexistante et ne dépend que du marché … y compris pour l’investissement.

Pour juger des autres composants entrant dans le PIB, il nous faut analyser maintenant la logique de l’équilibre général, celles de la productivité et celle dites faussement de la consommation intermédiaire et du rôle des administrations et des services publics. Le bilan externe entrera en ligne de compte ensuite sous l’angle de l’insertion de la Formation sociale au sein de l’Economie mondiale. Il en ressortira que non seulement le PIB est fallacieux mais toutes les équations – de croissance, par exemple – ou sentiers – de consolidation fiscale, par exemple – fondés sur cette même logique engendrent fatalement des crises récurrentes. Elle mène surtout à la catastrophe économique lorsque cette logique est placée sous l’hégémonie de la finance spéculative.

L’équilibre général stationnaire et dynamique versus la Reproduction Simple et Elargie.

Avec les théories bourgeoises c’est le « marché des marchés » qui est censé donner l’équilibre général optimum grâce à l’opération de la « main invisible » par laquelle l’intérêt général émanerait de la recherche effrénée du plus grand profit individuel. Cette conception marginaliste d’origine walrasienne souffre notamment de tous les travers ontologiques et méthodologiques propres à la « logique » de l’Offre et de la Demande. Il est, par exemple, impossible de dire ce qu’est l’équilibre stationnaire. Intuitivement c’est un équilibre général qui permettrait de reproduire les conditions de départ à l’identique. Mais pour ce faire il doit se fier à la méta-magie de la « main invisible » qui est par définition aveugle. Or, celle-ci porte toujours à une désastreuse allocation des ressources de la Communauté au profit de quelques-uns, selon les « esprits animaux » qui agitent « l’acquisitive mind ». C’est pourquoi le mode de production capitaliste présentera toujours un équilibre, mais il sera toujours ex post, ce sera donc une sorte d’équilibre des cimetières fait de « booms and busts », de crises conjoncturelles cycliques et parfois de crises structurelles bien plus graves. C’est pourquoi dans sa Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie – 1936 – Keynes s’attacha à démontrer quelles étaient selon lui les interventions nécessaires de l’Etat dans la sphère économique pour en réguler le cours et assurer le plein-emploi.

Avec une telle intervention il peut sembler que l’équilibre puisse être maintenu ou du moins approché empiriquement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les statistiques bourgeoises prirent leur envol sous la poussée du keynésianisme et de l’école de la régulation européenne qui fut derrière les succès de la planification d’après guerre, notamment la planification indicative et incitative dite à la française. Bien entendu, les choses ne sont pas si simples. Keynes voulait sauver le mode de production capitaliste malgré lui, il était pour cela près à en corriger les excès allant même jusqu’à emprunter à Paul Lafargue la semaine de 15 heures. Mais ces corrections ne modifiaient en rien la nature de classe du capitalisme, exprimée par la propriété privée. Il conserva donc la logique de l’utilité marginale et de la productivité marginale, une erreur qui lui fut fatale.

En effet, sur cette base, l’équilibre se fait de manière fictive en termes de prix en ignorant totalement le support réel – bien ou service – derrière ce prix. De la sorte, les investissements iront de manière moutonnière dans les branches plus rentables causant leur sur-expansion spéculative au détriment d’autres branches qui subiront une contraction. Par définition, la main invisible sera insensible à cette mauvaise allocation des ressources. Mais l’équilibre général stationnaire – à plus forte raison l’équilibre général dynamique – ne peut pas se faire uniquement en terme de prix. Les biens et services tangibles qui font partie du coût de production devront également être reproduits en tant que biens et services tangibles nécessaires à la production. Or, aucune théorie bourgeoise n’est capable de concilier quantités et prix simultanément et de manière cohérente, pas plus que la microéconomie avec la macro-économie. Les crises, en purgeant le système de manière récurrente – à peu près tous les 7 ans –, recréent les conditions d’un nouveau départ, du moins avant la phase de l’hégémonie de la finance spéculative et de ses sauvetages en séries. 7

Mais bien entendu, la crise ne fait pas ontologiquement partie de la science économique bourgeoise, elle est considérée comme une impossibilité. Cette ineptie est érigée en dogme par la théorie de l’« efficience du capital », de sorte que les servi in camera du capitalisme s’en tirent avec une pirouette en prétendant que ces écarts entre théorie et réalité sont dus à toutes sortes de rigidités dans les marchés. Les moins obtus comme J. Galbraith se livrent à d’intéressantes études historiques tout en tentant de mettre l’interventionnisme d’Etat à date dans un esprit, disons keynésien. (5)

L’équilibre dynamique envisagé par les théories bourgeoises est encore plus bancal. On sait que Harrod, le premier biographe de Keynes quoique de Oxford, tenta de dynamiser le système stationnaire de Keynes en adaptant à ses fins la pratique de la planification soviétique alors subvertie par le « socialisme marginaliste » imposé en URSS par les révisionnistes Khrouchtchev et Liberman. (6) Il en fut tiré une meilleure appréciation empirique des inputs nécessaires pour obtenir les outputs désirés, mais ceci ne pouvait se faire que de manière très empirique.

L’écueil de toutes les théories bourgeoises en cette matière relève de l’absence d’une théorie de la productivité, absence encore aggravée par l’impossibilité de traiter simultanément les quantités – les supports en valeurs d’usage – et les prix. Ceci avait été reconnu par certains théoriciens de Lausanne, en particulier Wilfrid Pareto. Il tenta d’approfondir la logique de la productivité marginale qui, au mieux, menait aux arguties des revenus croissants et décroissants et aux économies d’échelle, qui ne sont jamais qu’une redite des courbes d’Offre et de Demande. Néanmoins Pareto ne fit pas mystère que, si l’on pouvait mesurer empiriquement la composition technique du capital, les théorie bourgeoises ne permettaient pas de concilier composition technique et composition valeur du capital.

Seule la théorie marxiste par moi rétablie est capable de le faire tout en insérant de manière cohérente la productivité dans les Equations de la Reproduction Simple – RS – et de la Reproduction Elargie – RE.

Robert Solow essaya bien de ruser avec la question. Pour le coup, il adopta subrepticement la position de Staline selon lequel il fallait toujours introduire la plus grande productivité disponible, quitte à réajuster les Equations de la Reproduction. Staline opérait avec un Modèle précis, le Modèle de la Reproduction Simple tel que présenté dans le Livre II du Capital de Marx. Cette modélisation restait parfaitement cohérente, y compris dans sa version dynamique, tant que les conditions systémiques restaient les mêmes, soit la composition organique du capital – v/C – et le taux d’extraction de la plus-value – pv/v – correspondant. En résolvant le problème de la productivité – les deux ratios changent de manière proportionnelle inverse – les schémas de la RS et de la RE restent parfaitement cohérents. La RS avec des rapports identiques dans les deux secteurs n’est plus à considérer comme un cas particulier. Du moins Staline avait à sa disposition un modèle heuristique qui permettait de concilier quantités et valeurs d’échange. Avec l’introduction de la productivité, il lui suffisait de rééquilibrer les choses empiriquement sur la base du schéma de départ. Ceci était d’autant plus aisé à faire que l’échelle salariale était très restreinte – les divergences étant limitées aux émoluments matériels – et que la comptabilité insistait sur les quantités, ou Produit Matériel Net.

Rien de tout ceci n’était disponible aux théoriciens bourgeois, du moins à ceux qui ne s’en remettaient pas à l’interventionnisme correcteur de l’Etat et à la planification indicative et incitative. Mais là encore, comme nous l’avons vu, la logique de l’utilité marginale et de la main invisible menait à des crises cycliques inévitables du fait de l’allocation privée non optimum des ressources.

Le cas de Robert Solow, pseudo-prix Nobel pour son article inepte de 1956, est emblématique. En bon économiste de la synthèse néolibérale – keynésianisme bâtard, selon l’expression de Cambridge, UK – il évacue l’interventionnisme d’Etat au profit d’un équilibre sur le fil du rasoir – razor-hedge equilibrium – obtenu en supprimant la variable déterminante dans l’ensemble des variables socio-économiques keynésiennes, soit la recherche du plein-emploi. Sa fonction de production devient alors Y = f (K,L) ou K est le capital et L le travail mais non forcément au plein emploi. De manière brutalement malthusienne, Solow pose alors que l’équilibre se fait sur le fil du rasoir par l’ajustement du travail via la tendance vers le seuil physiologique. Bien entendu un tel seuil n’existe pas puisqu’il dépend des conditions civilisationnelles de la société en question, ce que Marx appelait, dans le sens classique du terme, ses conditions « morales ». Ainsi le ½ milliard de camarades Dalits en Inde – aujourd’hui réduits à 72 heures par semaine … – ont une longévité moyenne qui varie entre 40 et 42 ans. Au XXI è Siècle …

Le cas de Solow s’aggrave d’autant plus qu’il pose comme condition au dynamisme économique l’introduction de la technologie la plus avancée, mais il est obligé de le faire de manière exogène car il n’est pas en mesure, dans le cadre du marginalisme et de sa propre version de cette idéologie falsifiée, d’en donner le prix. Or, la technologie ne relève pas uniquement de la composition technique renvoyant aux économies d’échelles, elle est également échangée sur le marché. Mais au fond, Solow comme tous les pseudo-prix Nobel de la « dismal discipline » a fait ce que l’on attendait de lui, à savoir il a réaffirmé les données essentielles du catéchisme marginaliste – c.-à-d., la falsification d’origine – tout en proposant des recettes plausibles pour en préserver de temps à autre la plausibilité mise à mal par l’évolution historique. En effet, comme l’enseignent les sciences cognitives modernes, vouloir substituer la perception à la réalité se heurte toujours à une impossibilité du fait des écarts entre les deux, écarts qui se manifestent soit de manière incrémentale soit par choc brutal – ex les crises structurelles.

Reportons cela au PIB. Nous savons déjà les insuffisances de la valeur ajoutée par rapport à la plus-value. Maintenant nous nous rendons compte qu’aucune théorie de la croissance bourgeoise ne peut être prédictible ni valable faute de pouvoir concilier quantités et prix et faute de pouvoir offrir une théorie de la productivité capable de les concilier dans un contexte dynamique.

Venons en maintenant aux soi-disant consommations intermédiaires privées.

Les économistes et statisticiens bourgeois soustraient la valeur ajoutée des secteurs intermédiaires avec l’intention, en apparence louable, de ne pas compter deux fois certaines valeurs ajoutées. Cela mène à une falsification rédhibitoire de la réalité. Déjà la valeur ajoutée, qui est toujours donnée ex post car elle oscille en permanence selon les humeurs et les tâtonnements du marché, reste dangereusement suspendue dans les airs comme une réalité fantasque sans corps substantiel. Cela découle de la nature subjective univoque de l’utilité marginale. Elle est censée être le surplus mystérieusement ajouté par la prise de risque au coût de production – c plus v plus le revenu du travail des possesseurs des Moyens de production (Mp). Mais comme l’explique Marx dans « La dernière heure de Senior », la critique définitive anticipée par Marx contre le marginalisme dans le Livre I du Capital, dans le prix de vente d’un bien ou d’un service on peut déterminer la part matérielle et le prix du coût de production, par contre on serait bien en peine de dire sur quel support repose la valeur ajoutée. C’est arithmétiquement idiot puisque ainsi que le souligne Marx il y a forcément un signe d’égalité entre tous les intrants dans le procès de production et le produit de ce procès. Cette égalité est celle de la fonction de production scientifique.

Notons pva la part de la plus-value ou de la valeur ajoutée qui rétribue les possesseurs de Mp et pvb la valeur ajoutée restante dégagée sur le marché; nous aurions : c + v + pva = c + v + pva + pvb !!! Böhm-Bawerk, Mises, Menger étaient conscients de leurs falsifications, reste pourtant que cette ânerie puérile est à la base de tous les manuels et de tous les pseudo-Prix Nobel dans la « dismal discipline ». Le même problème dans sa version plus pertinente ne demande pas si A = A mais plutôt – avec Aristote et Marx, etc. – comment A = B, soit comment un trépied peut être échangé contre un lit, l’échange impliquant une commensurabilité déterminée par un étalon de mesure commun malgré leur nature différente.

Le traitement de la valeur ajoutée des secteurs intermédiaires est encore plus désastreux. Si nous analysons la fonction de production scientifique : c + v + pv = M, elle exhibe le résultat d’une division interne du travail, l’aboutissement de la fragmentation et recomposition modernes des tâches qui va de la « pin factory » de Adam Smith à la taylorisation pour aboutir à la micro-taylorisation actuelle souvent sous contrôle online. A la fin cette division du travail interne mène à la norme interne définissant la composition organique du capital (v/C) et sa relation avec le taux d’exploitation du travail (pv/v), les deux étant reliés par un rapport de proportion inverse. C’est d’ailleurs pourquoi Marx abandonne les concepts smithiens empiristes baconiens de « travail simple » et de « travail complexe » – addition de travaux simples – pour les concepts de « travail abstrait » et de « travail socialement nécessaire à la reproduction ». Dans la compétition capitaliste c’est bien cette norme qui fera la différence entre entreprises.

Les secteurs économiques définissent la division sociale du travail. En suivant et en corrigeant Quesnay, Marx définit deux grands secteurs, le Secteur I des Moyens de production (Mp) et le Secteur II des Moyens de consommation (Cn). A eux deux ils résument l’ensemble du Système économique de production et de Reproduction pour la simple et bonne raison qu’ils correspondent aux intrants c et v de la fonction de production. Bien entendu, une économie moderne met en scène plusieurs millions de biens et de services différents, mais ils peuvent tous être inclus dans des branches industrielles et économiques, qui sont autant de sous-secteurs subsumés soit dans le Secteur I soit dans le Secteur II. Les filières renvoient à une organisation transversale donc à un autre niveau d’organisation – statistiques – qui repose sur cette nomenclature productive et reproductive de base. Pour être bien gérées, elles impliquent un système statistique scientifique donnant simultanément les quantités et les prix, ce que les statistiques bourgeoises ne sont ontologiquement pas capables de faire, sinon de manière très empirique et ex post.

Reprenons l’exemple de Barraux et supposons un système mettant en scène une entreprise produisant et vendant des baguettes. L’entrepreneur agricole et l’entrepreneur minotier font ici office de « secteurs intermédiaires ». Leurs valeurs ajoutées seront déduites du calcul de la valeur ajoutée « finale ». On fait ainsi abstraction du fait que nous avons à faire ici à trois entrepreneurs capitalistes chacun obligé d’extraire un taux de profit que la mobilité du capital – l’aspect essentiel du régime de compétition capitaliste – rendra identique sur le moyen et long terme – ou plus précisément sur la durée du cycle de reproduction. Or, la valeur ajoutée de l’agriculteur devient un coût de production pour le minotier et de même en transitant du minotier au boulanger pour aboutir à la consommation. La logique bancale de la valeur ajoutée finale supprime ainsi les relations essentielles de la production-reproduction – la relation coût de production/production de la nouvelle valeur – et donne ainsi une image faussée de la réalité. On ne peut pas traiter la division sociale du travail comme une division interne du travail n’ayant qu’une seule composition organique du capital (v/C ) et un seul taux d’exploitation du travail (pv /v).

Illustrons tout d’abord en ne considérant que la valeur ajoutée ou la plus-value en faisant abstraction des coûts (c + v) :

A ) marginalisme (chaîne)                                        B ) scientifique (sous-secteurs)

Agriculteur : c1 + v1 + pv1 = M1                            Agriculteur : c1 + v1 + pv1 = M1

Minotier      : c2 + v2 +pv2 = M2                              Minotier      : c2 + v2 +pv2 = M2

Boulanger  : c3 + v3 + pv3 = M3                             Boulanger  : c3 + v3 + pv3 = M3

—————————————————————————————————————-

valeur ajoutée finale = (pv3)                         Totale de la plus-value = (pv1 + pv2 + pv3)

Dans le cas A ) marginalisme, la valeur ajoutée se manifeste en bout de ce qui est faussement appelée « une chaîne de valeur ». Bien entendu, le fisc lui ne suit pas cette logique, il ne se contente pas de taxer le boulanger. Comme la valeur ajoutée du minotier s’ajoute à son coût de production pour former le prix de vente de la farine, ce prix de vente apparaît comme coût dans la fonction de production du boulanger. Sa propre valeur ajoutée lui paraît être ajoutée en sus de sa propre rétribution comme entrepreneur par le simple jeu immatériel du marché – en réalité par le surtravail de ses travailleurs médié par le marché au sein du MPC. (7)

La « chaîne de la valeur » mène bien à un produit fini en bout de chaîne mais sa valeur ajoutée spécifique ne représente pas la production nouvelle de valeur de ce système – ou sous-système. Pour avoir cette somme – qui est bien ce que le PIB prétend mesurer annuellement – il faut considérer l’addition de toutes les plus-values du sous-secteur ou de la filière. Le terme secteur intermédiaire prête d’ailleurs à confusion car il s’agit à proprement parler d’entreprises ou de branches incluses dans un même sous-secteur.

Le cas B ) scientifique, illustre bien la différence entre « la chaîne de la valeur ajoutée » reposant sur la méta-magie du « marché » et la prise en compte par l’agrégation des entreprises participantes dans la création d’un sous-secteur ou d’une filière économiques.

Illustrons maintenant selon la logique de la production nouvelle. Dans l’exemple que nous emprunter de Barraux les productions nouvelles sont le blé, la farine et la baguette. En réalité, la « chaîne de la valeur ajoutée » dans la comptabilité du PIB confond la production nouvelle et la valeur ajoutée et ne tient compte que du prix de marché du produit fini en bout de course. Le produit fini baguette inclurait dans son coût de production spécifique un pourcentage des coûts de production (c + v) de l’agriculteur et du minotier – notés respectivement (c +v ) / x et ( c + v ) / y – plus sa propre valeur ajoutée – supposément extraite sur le marché, donc sans support en valeur d’usage.) Cela donnerait la chaîne suivante :

Agriculteur : (c1 + v1) / x

Minotier      : (c2 + v2) / y

Boulanger  : c3 + v3 + pv3 = M3

1 ) On imagine le case tête comptable pour définir ces pourcentages puisqu’ils doivent entrer dans la composition du coût de production du boulanger dont ils ne forment qu’une partie. Si on supposait que l’ensemble des coûts de production (c + v) en amont entrassent dans le coût de production du produit fini en bout de chaîne, nous obtiendrions la contradiction arithmétique suivante :

c3 = (c1 + v1 ) + ( c2 + v2)

Donc (c1 + v1 ) + (c2 +v2 ) + v3 + pv3 = c3 + v3 + pv3

Une telle équation peut être uniquement donnée de manière ex post et de toute évidence elle ne constituerait qu’un cas spécial isolé. Et ceci sera d’avantage le cas si les transferts se font uniquement par pourcentages puisque ces chaînes sont en réalité des filières et sont donc des compositions transversales entrecroisées.

2 ) La soustraction de la valeur ajoutée des secteurs intermédiaires est une ineptie puisque la valeur ajoutée a un support réel en valeur d’usage – ici, blé ou farine – et entre donc à ce titre dans les coûts de production des entrepreneurs de la chaîne et non uniquement dans celui qui forme le dernier maillon. En outre, ce transfert sur les coûts de production se fait directement par le producteur lui-même par le biais du réinvestissement sur le capital constant ou sur le capital variable et le plus souvent indirectement, du fait de la division sociale du travail, par l’échange – par exemple blé contre machine et engrais etc – vers un partenaire dans la chaîne.

3 ) La chaîne de la valeur – on ose plus dire valeur ajoutée car il s’agit de productions nouvelles – est entièrement loufoque car linéaire. Or, elle doit entrer dans un circuit reproductif. Ce circuit renvoie aux Equations de la RS-RE, il ne peut pas être assuré par la méta-magie de la « main invisible ». De fait, qu’il y ait croissance économique ou décroissance, la demande sociale nécessaire à la formation des prix – si on veut l’offre et la demande globales – suppose une structure RS sous-jacente. Marx le disait déjà dans ses Manuscrits parisiens de 1844.

Si nous développions l’ensemble de ces circuits pour une Formation sociale, soit les secteurs et les filières croisées que nous avons mentionnées plus haut, nous referions l’analyse que Marx fit du Tableau de Quesnay, traçage de tous les échanges de production et de consommation survenant dans des limites géographiques et temporelles données, en particulier le « revenu annuel » de Sismondi qui se transformera pour Marx dans la temporalité du cycle complet de la reproduction donné par les Equations RS-RE. (Pour une illustration graphique de la complexité de l’analyse et de la recomposition du Tableau par Marx, voir Œuvres, Economie II, La Pléiade, 1968, p 1514.)

4 ) Par conséquent, il faut considérer le circuit complet de la Reproduction et pas une simple chaîne. Les Equations de la RS-RE montrent alors précisément ce qui arrive à la « valeur ajoutée » laquelle, ayant enfin un support, devient une plus-value.

En fait, le tout devient limpide dès lors que l’on considère les Equations de la RS-RE, soit

SI                    : c1 + v1 + pv 1 = M1

SII                  : c2 + v2 + pv2 = M2

————————————-

Capital social : (c1 + c2) + ( v1 + v2) + (pv1 + pv2) = (M1 + M2)

Où à l’équilibre réel quantité/valeur donné par la Reproduction Simple ou RS :

C2 = (v1 + pv1)

M1 = c1 + c2

M2 = (v1 + pv1 ) + (v2 + pv2)

Si j’utilisais la logique de la chaîne dans ce cadre reproductif, j’aurais c2 = v1 au lieu ( v1 + pv1). Du coup, l’absurdité arithmétique saute aux yeux, car M2 qui doit être égal à (c2 = v1 + pv1) + v2 + pv2 ne serait plus égal qu’à (c2 = v1) + v2 + pv2.

C’est-là toute la différence micro et macro-économique entre la valeur ajoutée qui flotte dans l’éther marginaliste raréfié et la plus-value scientifique. Dans le cadre paramétrique des Equations RS-RE, on ne peut pas tricher.

Bien entendu, la chaîne de valeur de Barraux peut être intégrée dans le Schéma RS-RE comme activité – agricole ou industrielle – dans les sous-secteurs inclus dans les deux Secteurs principaux SI des MP et SII des Cn.

Comme nous le verrons par la suite, il en va de même pour les activités bureaucratiques publiques ou privés.

(Dans les Equations RS-RE, on peut d’ailleurs diviser pv en pva = rétribution ou consommation du capitaliste et pvb la part du profit pv réinvestie dans la production, ce qui permettra de passer à la Reproduction Elargie ou RE. Dans ce cas, pour conserver un équilibre harmonieux, les réinvestissements devront respecter les Equations de la RS sous-jacentes, c’est-à-dire être « symétriquement proportionnels » à SI et SII. Ceci deviendra d’autant plus important en introduisant le crédit bancaire public ou privé. Le crédit privé, entraîné par la « main invisible » aveugle du marché, sera ontologiquement incapable de respecter cette condition ce qui mènera à des sur-expansions accompagnées par des contractions sectorielles, c’est-à-dire aux crises cycliques du MPC. Pour leur part les crises structurelles sont dues à l’épuisement de l’effet entraînant des vagues de technologies massifiées, tant dans les secteurs nouveaux que dans les secteurs intermédiaires. La productivité libérant la force de travail, le MPC doit séculairement recourir à la RTT pour rééquilibrer les choses, quoiqu’il le fasse à contre-cœur. Le MPC est lui-aussi un mode de production historiquement borné, de sorte que seule la transition pacifique ou révolutionnaire, ou transition à des formes toujours plus évoluées de « plus-value sociale », pourra résoudre son incapacité ontologique à concilier le développement constant des forces productives avec celui des rapports de production. C’est pourquoi Marx affirme que le MPC forge ses propres fossoyeurs.)

La fonction de production du capital social est la somme des fonctions de production des deux principaux, Secteur I et Secteur II. Sur cette base macro-économique on dispose de toutes les informations du système, tant les coûts de production sociaux que la plus-value totale extraite. Mieux encore, en respectant la relation nécessaire entre la composition organique du capital (v/C ) et le taux de plus value (pv/v) , il suffit de connaître les coûts de production pour prédire la plus-value qui sera extraite tant et aussi longtemps que les conditions paramétriques du système ne seront pas changées. Bien entendu, le changement de ces paramètres pourra être plus facilement géré sur la base de la planification reposant sur la sur les Equations RS-RE.

Comme nous l’avons indiqué au début de cet essai, dan un Système RS donné – système stationnaire – tout demeurera cohérent tant que les ratios v/C et pv /v restent identiques. J’ai démontré – pour la première fois publiquement dans mon Tous ensemble 1998 -, qu’en respectant la Loi de la productivité marxiste, le Système reste cohérent avec tous les changement de v/C et de pv/v que l’on voudra, mais bien entendu en respectant les relations de proportionnalité inverse entre ces deux rapports essentiels. Il s’ensuit que le taux de profit reste le même mais, bien entendu, les volumes de profit changent – cette identité paramétrique du taux de profit est ici une conséquence organique de la loi de la valeur, mais, bien entendu, ce taux est également donné de manière épiphénoménale sur le moyen et le long terme par la mobilité du capital en régime de compétition capitaliste. Ce sont les volumes qui sont le moteur des lois de motions du capitalisme, à savoir la tendance à la centralisation et à la concentration du capital. En rappelant la description utile de Stephen Heymer, le MPC transita donc de l’entreprise individuelle et familiale, à l’entreprise nationale – les big corporations mises en évidence par Means dès les années 20-, suivies par les Multinationales, elles mêmes suivies par les Transnationales globalisées et apatrides rêvant d’instaurer une « gouvernance globale privée » appuyée par une armée impériale assistée par des entreprises de mercenariat privées.

Il suffit maintenant de se reporter à la distinction ci-dessus entre « chaîne de la valeur ajoutée » et somme des plus-values dans les agrégats constitués soit au sein des sous-secteurs soit au sein des filières. En outre, comme il faut démontré dans mon Livre III, lorsque l’on veut juger de la qualité de l’insertion de la Formation Sociale dans l’Economie Mondiale, il convient de se référer au capital social qui résulte de la somme des fonctions de production des deux secteurs Si et SII. Il faut alors parler « d’échelle de la valeur » mettant en cause la compétitivité des FS et non de « chaîne de la valeur ajoutée » purement micro-économique qui, avec tous les problèmes dévoilés plus hauts, renvoie au mieux à l’organigramme global interne des Multinationales et des Transnationales et en partie au commerce extérieur.

Dans la logique marginaliste non seulement la genèse et la somme des productions annuelles nouvelles – valeur ajoutée – sont occultées mais la logique fondatrice du MPC, son aspect proprement révolutionnaire, à savoir la productivité, est totalement occultée. Toute économie capitaliste cesserait de l’être sans l’accumulation continue du capital par le biais d’une concurrence entre capitalistes menée sur la base de la recherche de la productivité individuelle la plus grande possible. Vouloir gérer le MPC sur la base de concepts comme la valeur ajoutée, qui informent les statistiques du PIB, apparaît alors clairement comme une méta-magie idéologiquement servie tant aux masses qu’aux capitalistes qui finissent eux-mêmes par croire en leur propre crédo.

Déjà dans ses deux articles des Années 20, Piero Sraffa avait démontré l’inanité du raisonnement des rendements croissants et décroissants. A la base, il y a le problème méthodologique ex ante/ ex post pour dresser les courbes, mais ces contradictions dévoilent également l’impossibilité de ces schémas marginalistes à différencier proprement entre microéconomie et macroéconomie. Reste qu’au fond, dans cette logique des économies d’échelles, se dévoile l’aspect technique de la production lorsque l’on observe les choses du point de vue quantitatif. Ainsi Pareto insistera sur la composition technique du capital menant à un optimum de production. Les entrepreneurs capitalistes – et de fait tous les entrepreneurs – approchent cet optimum de manière pratique, depuis la « pin factory » jusqu’au taylorisme et au micro-taylorisme actuel. Mais nul n’est capable de conjuguer de manière cohérente la composition technique et la composition valeur du capital. Seul ma restitution de la théorie marxiste de la productivité réintégrée dans les Equations e la RS-RE le peut.

La productivité est le cœur de la compétition capitaliste. Appréhendée scientifiquement elle permet sur la base du taux de profit paramétrique de dégager les volumes de profit qui induisent les lois de motion du capital. Et donc aussi la dynamique du système de production-reproduction. Robert Solow, un des principaux représentant de la « synthèse néolibérale » ou « keynésianisme bâtard », a tenté, comme nous l’avons vu plus haut, de réintroduire la théorie d’un capitalisme sans intervention de l’Etat, en particulier en ce qui concerne la régulation du niveau de l’emploi et des conditions du travail. Nous avons dit ce qu’il en est de son équilibre razor-hedge établi sur cette base néomalthusienne qui se fabrique un seuil physiologique inexistant. Mais ce n’est pas le plus grave : dans le même article de 1956 qui lui valut le pseudo-Nobel, il se sent obligé d’introduire la technologie, donc la productivité mais il est contraint de le faire de manière exogène. Pourtant la technologie a un prix de marché … Bref c’est une autre version du marginalisme qui ne vaut rien.

Je note que tant Hicks que Sraffa ne sont pas plus capables d’introduire convenablement la productivité. Hicks est celui qui tenta de rétablir préventivement le marginalisme de Marshall avec d’autres instruments, notamment la résolution simultanée des équations qui remonte à Bortkiewics et Tougan-Baranovsky. (8)

Cela ne résout rien. Hicks fut probablement le principal inspirateur après Pigou de la réaction contre le rapprochement de la science économique et de l’économie sociale. On sait ce que cette démarche doit aux conseils de Auguste Walras à son fils Léon expatrié à Lausanne et tout entiché de faire du marginalisme une théorie pouvant prétendre formellement – algébrisation – au statut de science. On sait également que Schumpeter, formé en partie dans l’Ecole de Vienne, était pour sa part plus cyniquement lucide. Il savait que le MPC, comme tous les autres modes de production, était historiquement borné, dans ce cas par les lois de motions du capital – centralisation, concentration – paradoxalement imposées par la compétition capitaliste – et, j’ajoute, par la différence entre taux et volumes du profit.

Pour retarder cet aboutissement inévitable, Schumpeter proposa deux avenues. La première consistant en une falsification qui ne pouvait réussir que par la sélection universitaire des professeurs et des étudiants. Elle consiste simplement à déclarer d’autorité que la dichotomie pointée par Auguste Walras est une donnée ontologique et méthodologique de la discipline. Par conséquent hors discussion. La seconde avenue est celle de la très incomprise « destruction créatrice » schumpétérienne, qui n’est qu’une vulgaire mise en œuvre de la méthode rabbinico-nietzschéenne du retour forcé pour bloquer et inverser la marche historique vers l’égalité et l’émancipation humaines. Nous eûmes donc des lois anti-trust sans dents, les capitalistes à la tête des grandes firmes n’ayant qu’une propension minime à se faire harakiri lorsqu’ils peuvent faire payer leurs dégâts par les peuples. Mais nous notons que depuis l’arrivée au pouvoir des néolibéraux monétaristes à la FED et à la présidence américaine en 1979-1982, la « destruction créatrice » fonctionna parfaitement contre le socialisme marginaliste révisionniste`pratiqué à l’Est et ses entreprises d’Etat qui devinrent la Nouvelle Frontière du capitalisme occidental. S’ajoutèrent en parallèle et en accéléré le démantèlement des entreprises publiques et des services publics partout en Occident.

Hicks avait pour sa part tenté de tirer partie de la résolution simultanée de Tougan-Baranovsky pour élargir les assises du marginalisme de Marshall. Celui-ci jouissait d’une grande popularité en Angleterre et au sein des classes dirigeantes du fait de l’artifice visuel marshallien des diagrammes des courbes d’offre et de demande. Le proverbe anglo-saxon dit bien qu’une illustration vaut mille mots. Hicks chercha à généraliser la théorie de Marshall, restreinte à deux marchandises, le capital et le travail, à trois puis à n marchandises. Le travail devant ainsi un facteur comme un autre, le tout pouvant être concilié par la résolution simultanée. Selon ses propre dires, dans son livre sorti pour son malheur après la parution de la Théorie générale de Keynes en 1936, c’est-à-dire en pleine Dépression, il ne pouvait tenir compte ni de la structure des revenus ni de l’inflation. Plus grave encore selon moi, comme tous les autres utilisant ce « modèle » factice, il devait introduire un taux de profit de manière exogène.

C’est aussi le problème majeur avec la tentative de Sraffa d’utiliser la résolution simultanée pour réhabiliter la théorie de la valeur de l’économie classique ricardienne. Il tenta de ruser tout en prévenant que sa théorie exposée dans son œuvre théorique principale « Production de marchandises par des marchandises » n’était qu’un prolégomènes à sa tentative de rétablir la valeur de travail classique de Ricardo. Déjà dans mon Tous ensemble j’ai montré que cette tentative consistait à reprendre Marx sans insister sur l’exploitation de la force de travail, donc sur le surtravail non payé qui est le support tangible de la plus-value, donc du profit. En effet, le secret de Sraffa c’est d’avoir voulu traduire le concept marxiste de « travail socialement nécessaire » par le panier de consommation nécessaire à la reproduction du travailleur, soit l’ensemble des marchandises produisant des marchandises. Ceci était sans issue car la force de travail de Marx repose sur la dualité de la marchandise qui se traduit pour le travailleur en travail vivant et en travail passé ou cristallisé. Sans cette distinction primordiale, la genèse du profit est occultée à tel point que le pauvre Sraffa est obligé de fournir un taux de profit de manière exogène pour résoudre ses matrices. (2)

Pour résumer : aucune théorie économique bourgeoise ne rend compte de la productivité qui est au cœur des lois de motion du capitalisme puisqu’elle définit la méthode d’extraction des plus-values, donc des volumes de profit. La fonction de production microéconomique marginaliste mène à une valeur ajoutée dont on ne sait dire la genèse ni définir le support tangible. La chaîne de la valeur ajoutée, en soustrayant celle des soi-disant secteurs intermédiaires est une parfaite ineptie. Pourtant c’est sur ces concepts que sont fondées les statistiques marginalistes.

L’ineptie de la chaîne de la valeur ajoutée empirée par le traitement des bureaucraties internes et externes, surtout publiques.

Nous avons déjà souligné que les concepts de « travail simple » et travail complexe » sont des concepts empiriques développés par Adam Smith. Marx leur a substitué les concepts scientifiques de « travail abstrait » résultant de la division interne du travail dans les entreprises et de « travail socialement nécessaire » qui en est le pendant macro-économique. Il en va de même pour le triste concept smithien de « travail improductif ». Ce concept apparaît surtout dans les Livres II et III du Capital qui, comme nous le savons, sont souvent des brouillons préliminaires retenus par Kautsky et d’autres renégats du genre. Reste que dans ces brouillons Marx spécifie également que ces travaux dits improductifs sont indirectement productifs, par exemple le travail des enseignants participant la formation de la main-d’œuvre. Dans ce cas aussi il convient de lire Marx de manière scientifique au lieu de le faire comme des séminaristes au catéchisme. Ceci est primordial pour concevoir le traitement des diverses bureaucraties.

Nous avons déjà démontré l’erreur commise dans ce domaine en démontrant le rôle respectif de la division interne et de la division sociale du travail.

Toute entreprise grande ou petite dispose d’une bureaucratie interne, qui renvoie à la gestion de l’entreprise – comptabilité, ressources humaines et R&D etc. Cette division interne contribue à la formation de la norme interne qui renvoie aux rapports de la composition organique du capital – v/C – et du taux d’exploitation – pv/v. Cette norme interne joue dans la compétition qui mène à la norme émergente pour la branche et pour le sous-secteur. Bien entendu chaque entreprise tentera d’augmenter sa productivité au dépend de ses concurrentes. En un même temps elle produira plus d’un certain produit – ou d’un produit ayant une très forte élasticité – lequel aura un prix unitaire proportionnellement moindre, et ceci pour le même taux de profit imposé par le système d’Equations RS-RE. Mais avec des produits coûtant moins, l’entreprise conquerra de nouveaux marchés lui permettant d’engranger des volumes de profit plus grands et donc d’acquérir un avantage par le biais de la centralisation et de la concentration du capital, tant horizontalement que verticalement. Cette tendance n’implique pas forcément le gigantisme car elle se concilie avec la répartition territoriale des filiales répondant à une maison mère, ce qui n’est pas négligeable pour la planification nationale et territoriale.

Si l’on pensait cette division interne en termes de fractions du procès de production immédiat dans la logique tayloriste, la productivité de la bureaucratie interne ne diffèrerait pas de cette de la chaîne de montage ou de l’atelier. Bien entendu, ce sont des services qui sont produits plutôt que des biens mais ils sont tout aussi tangibles. Ils peuvent être standardisés. De fait, les Standard Operating Procedures ou SOP sont les assises de tout système bureaucratique efficaces. Elles permettent la rationalisation du travail et la responsabilisation des processus de prise de décision, en particulier pour l’évaluation des dirigeants à tous les niveaux. En tant que telle, l’efficacité des SOPs peut être quantifiée rigoureusement sans pourtant nuire à une certaine flexibilité dans la mise en œuvre. Je renvoie ici au grand classique dans la matière Group think – 1972,1982 – de Irving Janis. De nouvelles technologies permettront de reformuler les SOP existants et de les rendre plus productifs. Au final, la contribution de la bureaucratie interne se retrouvera dans la v/C et la pv/v de l’entreprise.

Aujourd’hui, nous assistons à un étrange paradoxe, celui de l’outsourcing ou de l’externalisation de certains fonctions internes à l’entreprise. Cette tendance n’aurait aucune raison d’être hors de l’actuelle définition de l’anti-dumping imposée par l’OMC et intégrée dans tous les traités de libre-échange. Cette définition fait l’impasse sur le salaire différé – les cotisations sociales – et sur la plage des impôts – prélevés sur et hors de la fiche de paie brute – de sorte qu’elle porte uniquement sur le salaire capitaliste individuel mis en concurrence vers le bas dans une course globale au moins disant. Elle fait également l’impasse sur les critères environnementaux les plus minimes pour ne rien dire du principe de précaution. Ceci en dépit du fait que le travailleur, membre d’une espèce à reproduction sexuée, doit se reproduire en tant que tel dans un ménage, et ne peut en aucun cas être traité comme un facteur comme les autres dont le marché spécifique devrait tendre à supprimer toutes les rigidités. C’est pourquoi l’outsourcing ou externalisation se fait vers les pays périphériques en développement ; dans les tâches reliées à la bureautique et au call-centers, la langue de travail peut parfois jouer.

Cependant, au départ, avec le déclenchement de la contre-réforme volckérienne-reaganienne l’objectif était de mettre les syndicats au pas. Le premier acte de Reagan fut de licencier tous les contrôleurs aériens en grève, action vite suivie par la remise en cause de la Clause Cola portant sur l’indexation des salaires. Avant cela, la pratique voulait, qu’en négociant leurs conventions collectives, les syndicats les plus puissants définissaient des paramètres – paie individuelle, filets sociaux, sécurité etc. – qui étaient ensuite généralisés dans l’ensemble de l’économie, du moins dans les plus grandes entreprises. Mais il est notoirement difficile de détricoter les conquêtes sociales et syndicales une fois accordées puisqu’elles incarnent alors des alliances de classes ou du moins une constellation précise des forces en présence.

Après les coups d’éclats des Reagan et Thatcher – contre les dockers et les mineurs -, les attaques se firent de manière soutenue mais de biais. Deux grandes stratégies furent utilisées pour affaiblir les syndicats et les travailleurs : a ) l’externalisation ce qui induisait un changement de patron pour les tâches externalisées et donc la suppression des contrats syndicaux existants ; b ) le changement de propriétaire, voire la privatisation s’agissant des entreprises publiques. Ce qui allait parfaitement de pair avec les privatisations, les OPA etc. menées par des fonds d’investissent ou des fonds de pension privés sans aucun scrupule qui se donnaient comme mandat de restructurer les entreprises existantes pour les mettre rapidement au pas du libre-échange global.

Remarquons pourtant que cette réorganisation a-sociale et a-syndicale par l’externalisation de fonctions internes à l’entreprise, suit la logique générale de l’accumulation du capital et mène très rapidement aux fusions. Là aussi la compétition engendre la centralisation et la concentration du capital par la recherche de la productivité la plus grande. Qui dit v/C approfondie dit que, pour un même temps de travail, la même force de travail – abstrait – employée avec des machines et une organisation du travail plus productives produira plus et à coût unitaire moindre – bien que cette même force de travail, estimée en ce qu’il en coûte pour la reproduire, signifiera moins de travailleurs physiques.

Les choses sont un peu plus complexes lorsque nous avons affaire à la bureaucratie publique.  

Pour un traitement conformiste des APU, je renvoie à ce lien : http://hussonet.free.fr/apupu.pdf . Toute la discussion tourne autour d’une évaluation des relations des APU au PIB en questionnant ses contributions marchandes et non marchandes. Mais la discussion reste confinée dans les paramètres marginalistes du PIB ne remettant en cause que la justesse des évaluations des APU en termes de coûts ou de valeurs ajoutées. Dans ces deux versions comptables, les deux sont égalisées par définition puisque pour les APU on ne tiendra compte que du coût représenté par les masses salariales et par l’amortissement du capital fixe – immeubles etc. Bien entendu, si on considère le travail des bureaucrates comme un travail improductif, il ne sera pas possible de traiter les APU comme un secteur marchand contribuant à la richesse nationale en terme de valeur ajoutée. Les APU comme les bureaucraties privées produisent une plus-value.

Contrairement à certaines critiques libertaires où gauchisantes, la bureaucratie n’est pas plus un indice d’aliénation que toute autre pan de la division sociale du travail. Elle ne mène pas nécessairement à des processus kafkaïens. Ceci dépend des relations de production mises en place. Par exemple, après la Seconde Guerre Mondiale, l’alliance de classe anti-nazi-fasciste présidant à la reconstruction socio-economique de nos sociétés, la bureaucratie fut professionnalisée par la généralisation de diplômes spécifiques et le développement parallèle des écoles d’administration avant la public policy néolibérale monétariste. Surtout elle obtint le droit à la syndicalisation, ce qui était un pas considérable vers la démocratisation de son fonctionnement. De même, les ombudsman et prudhommes se renforcèrent pour faire pièce à l’arbitraire bureaucratique. Cette logique pourrait être poursuivie par la mise en place de ce que j’ai appelé des « instances démocratiques de contrôle », par exemple des comités de plaintes contre les violences policières ou administratives, formés par des représentants bureaucratiques et légaux mais avec une majorité de représentants des citoyennes et citoyens.

On ne peut nier que la bureaucratie ne soit pas une sorte de gouvernement permanent. Elle dispose d’une mémoire institutionnelle, d’une stabilité du personnel qui est largement indépendant – sauf aux plus hauts niveaux – des changements et alternances politiques. Surtout, elle repose, du moins dans les pays plus efficaces et moins corrompus, de personnels diplômés dans des écoles d’administration spécialisées. Ce personnel est alors capable de procéder au recueil et au traitement de l’information, à son articulation en différents scenarios, permettant ainsi aux décideurs et parfois aux citoyens d’être dument informés pour prendre leur décision de la manière la plus rationnelle, bien que dans le cadre de leur propre vision du monde. C’est pourquoi la bureaucratie est un outil nécessaire à l’exercice de la démocratie, au même titre que l’éducation nationale, en particulier de la démocratie socialiste qui inclut au premier rang la démocratie socio-économique par la planification. L’enjeu est donc sa démocratisation. Ce qui implique, comme nous le verrons, les procédures et méthodes utilisées pour recueillir et articuler l’information et confectionner les outils statistiques indispensables, par exemple la comptabilité nationale.

Nous reviendrons sur ces enjeux qui nous portent à souhaiter la substitution des narrations statistiques marginalistes par de vraies statistiques scientifiques.

Il nous faut auparavant montrer l’incomparable efficacité de la bureaucratie publique comprise comme fonction publique administrative gouvernementale aux divers paliers ou encore comme services publics spécialisés tels l’éducation, la santé, les régimes de pensions publics, l’assurance-chômage, les transports, la voirie et les ponts-et-chaussées etc.

D’un point de vue rationnel, ces services répondent exactement aux mêmes logiques économiques de base, soit la plus grande productivité possible. Comme tels ils peuvent être formalisés en fonction de production d’entreprise publique comme n’importe quelle autre et en tant que telle être intégrés dans les Equations de la Reproduction Simple ou Elargie – soit les équilibres généraux stationnaires ou dynamiques. C’est même-là leur force extrême qui se manifeste par la compétitivité macro-économique sur laquelle repose la productivité micro-économique des entreprises et coopératives, qu’elles soient privées ou publiques.

Nous y reviendrons. Il nous incombe de montrer au préalable les différences économiques qui distinguent les entreprises publiques des bureaucraties privées, internes ou externes. Ces dernières offrent des services tarifés à des clients qui doivent payer individuellement pour jouir de ces services. Le calcul de la productivité ici reste le même que pour tout autre bien. L’entreprise publique est la manifestation plus haute de la division sociale du travail, celle qui répond le mieux à l’intérêt général. Bien entendu, les pères de l’économie politique classique, dont l’inventeur écossais de la « main invisible » du marché Adam Smith le savait pertinemment. Smith définissait avec précision l’intérêt général pour sa société, au point qu’il en dégageait déjà les principes fiscaux pertinents selon une conception de la justice fiscale qui reste au cœur de la discipline, bien qu’elle soit de facto violée jour après jour par la public policy néolibérale monétariste et ses monstrueuses tax expenditures suivant une fâcheuse tendance vers un régime de flat tax de plus en plus régressif. Pour Smith, l’Etat devait assurer l’intérêt général et donc les administrations et infrastructures que cela impose, par exemple le développement de la sécurité nationale, de la voirie et des chemins-de-fer. Pour cela l’Etat devait avoir le pouvoir de financer – the power of the purse. Et comme les chemins-de fer servaient plus la métallurgie et la sidérurgie que le simple citoyen, ces industries devaient contribuer plus à leur développement.

A part la question de la justice fiscale, la division sociale du travail par la bureaucratie et les services publics assurent des prestations à un coût économique moindre, simplement par l’effet de la mutualisation qui est l’expression publique non compétitive de la centralisation-concentration des entreprises. En outre, cette mutualisation non-compétitives des coûts, assure une meilleure compétition entre entreprises en général.

Ceci est un point crucial. En effet, avant l’irruption destructive de la public policy néolibérale et monétariste, la marche vers l’Etat de droit démocratique mena à normer la loi de la jungle de la compétition dénoncée par les capitalistes eux-mêmes comme « unfair comeptition », ou compétition inéquitable. C’est aussi au nom de la normation démocratique bourgeoise de la compétition que se développa la démocratie industrielle – par ex R Dahrendorf – avec des relations de travail modernes assurant, non seulement la représentation des travailleurs et dans une certaine mesure leur sécurité au travail, mais assurant surtout « a plain level field » pour tous les compétiteurs capitalistes. De fait, les conventions collectives américaines prirent leur envol avec le développement des syndicats industriels – CIO – qui redonnèrent un certain souffle à la classe ouvrière tombée dans les mains de la vielle AFL gomperiste. Elles furent défendues par les New Dealers contre les arrière-gardes conservatrices. Pour les New Dealers il s’agissait de créer des contre-poids à la puissance des « Big corporations » tout en créant des moyens pour stabiliser les relations de travail pour toute la durée des conventions collectives assurant ainsi un meilleur climat productif et de meilleurs résultats.

Il reste que si les activités publiques peuvent être rapportées à des fonctions de production microéconomiques ordinaires ( c + v + pv = M ), si elles recourent aux SOP comme à un des aspects principaux de leur calcul taylorique permettant de quantifier leurs prestations et leur efficacité, leur productivité spécifique ne se matérialise pas immédiatement par des volumes de profit, mais selon des critères spécifiques, à savoir, selon les dotations publiques mises à disposition et selon le temps d’exécution des tâches – par exemple la durée du temps d’attente dans les files d’attente nécessaires pour l’obtention du service et la satisfaction des usagers et bénéficiaires en tant que citoyennes et citoyens.

Référons nous de nouveau à la fonction de production scientifique : c + v + pv = M

Pour la fonction publique et les services publics, la fiscalité assure c et v, les coûts de production, mais les rapports v /C et pv/v font que le travail vivant des services publics produit une plus-value qui s’exprime en valeur d’échange et en valeur d’usage. Et ceci se traduit par un coût moindre des services publics standardisés grâce à la mutualisation – c’est-à-dire grâce à la forme publique de la rationalisation par la centralisation et la concentration respectueuses des territoires – et grâce aussi à un Multiplicateur économique très élevé, du moins lorsque les services publics sont offerts par le public. Le Multiplicateur décroît fortement lorsque ce sont des entreprises privées qui le font sur fonds publics, ce que prouva le Stimulus Plan de Obama, en particulier pour les autoroutes et les ponts, pour les égouts, les transports, l’éducation et les services de santé. Le marginalisme et le PIB éliminent ce Multiplicateur de manière totalement inepte et antiéconomique et poussent à la privatisation pour les rendre payants et leur conférer ainsi un prix de marché, une valeur ajoutée. Bien entendu, ces hausses du PIB sont destructives de l’économie réelle et de l’emploi à plein temps.

Je ne me lasse jamais de souligner ces évidences, à savoir que dans les années 70 lorsque les services publics se renforçaient sans encore subir l’assaut débilitant de la privatisation rampante ou ouverte, la Santé publique européenne, universellement accessible et bien répartie sur le territoire, coûtait uniquement 9 % d’un PIB non encore sur-financiarisé et donc reflétant mieux l’économie réelle. Pour sa part, le système de santé privé américain gaspillait 15 % du PIB en laissant 47 million de citoyens sans aucune couverture médicale. A l’époque les Britanniques, à juste titre fiers de leur NHS, se moquaient gentiment – pour les encourager à mieux faire – du système privé américain, ce qui nous valut un petit chef-d’œuvre comique mettant en scène un Peter Sellers hilarant dans le film « Where does it hurt ? » ( Je ne comprends pas pourquoi il n’est plus disponible sur Youtube …)

La privatisation rampante du système a mis le service de santé public sur les genoux en produisant deux résultats paradoxaux : a ) au moins 11 millions de citoyennes et de citoyens doivent aujourd’hui renoncer aux soins, tant en France qu’en Italie, deux des trois grands pays de la Zone euro ; b ) la part totale des dépenses publiques et privées de santé augmente et la part privée – ticket et tarification des soins – ayant un prix de marché donc une « valeur ajoutée » est considérée comme contribuant positivement au PIB. La logique comptable gouvernementale – allocation budgétaire en vue de la croissance du PIB … ainsi que la logique des établissements soumis à une rentabilisation estimée illogiquement en terme micro-économique de marché, fait le reste. En clair, la gestion des postes lits plutôt que la possibilité de prendre le temps de soigner les malades. Le tout avec une guerre soutenue contre les médicaments génériques et l’imposition de la logique de Big Pharma en lieu et place d’une vraie Pharmacare publique. (9)

Le même raisonnement vaut pour le régime de pension public, mutualisé et solidaire. Voici quelques années, GM en faillite dut être sauvée par le Fédéral et les différents Etats pour une raison simple : la robotisation, ajoutée à l’automation des années 70-80, diminua sa force de travail active de manière drastique, de sorte qu’elle n’était plus capable d’honorer son système de pension in-house. De fait, une petite partie de ce bailout aurait pu rétablir la solidité de la Social Security, alors qu’une simple taxation un peu plus progressive aurait pu permettre d’en élargir les services, accroissant ainsi la compétitivité macro-économique de la FS américaine.

Tout ceci se retrouve sacralisé dans la public policy néolibérale monétariste. Son cri de guerre est la réduction des dépenses publiques, bien que jamais personne n’ait pu expliquer pourquoi elles devraient osciller autour de 20 à 25 % plutôt qu’à 50 % ou 55 % . Bien entendu cela dépend des circuits plus ou moins vertueux de l’épargne et des richesses. Par exemple, de 1929 à 1933, le gouvernement de Hoover, mis à l’enseigne du « rugged individualism », dépensa plus en mesures inutiles d’assistance sociales ad hoc que ne le fit le New Deal avec sa Social Security embryonnaire et ses grands travaux publics. La première institutionnalisait une partie de l’épargne pour servir l’intérêt général sur la base du développement du « salaire différé ». Les seconds, dont l’exemplaire Tennessee Valley Authority, permit de créer des emplois tout en développant les infrastructures macro-économiques sur lesquelles la micro-économie américaine s’appuie encore aujourd’hui. Cette Autorité fournie d’ailleurs les premières grandes séries statistiques sur la force de travail ; c’est elle qui nota qu’un travailleur sans emploi pendant plus de deux ans encourrait des lacunes physiologiques et de formation professionnelle devenant ainsi, à toute fin pratique, inapte au travail. Cette leçon fut retenue dans la formulation des systèmes publics d’assurance-chômage. En outre, ces données servirent à informer la statistique moderne naissante, par exemple celle de Kuznets.

Au départ, l’argument néolibéral monétariste était résumé par la Courbe de Laffer. Comme chacun sait elle fut dessinée sur une serviette de table après un bon repas. Elle prétend que le poids de l’Etat produit un « crowding out » qui bride la rentabilité des investissements privés. (Personne ne parle du « crowding out » véritable causé par la finance spéculative mais tout le monde, en particulier les PME-PMI sans grand flux de caisse, sait à quoi s’en tenir concernant l’incroyable « credit crunch » qui rend leur accès au crédit difficile sinon impossible.)

La Courbe Laffer incarne la simplesse opératoire du monétarisme reaganien à ses débuts. Le poids du gouvernement et de l’Etat était dénoncé comme facteur d’étouffement de l’initiative privée et comme entrave à la bonne marche du « marché » dans la détermination du juste prix. Il fallait donc déréguler et privatiser. La faillite d’Enron illustra les résultats à attendre de ces raisonnements idéologiques à l’emporte-pièce. (10) On se rend compte aujourd’hui que la destruction des services publics relève du combat d’arrière-garde en faveur de l’accumulation du capital imaginé par Schumpeter, « la destruction créatrice », mais comme il fut noté dans Tous ensemble ceci revient à scier la branche sur laquelle on est confortablement assis.

Après avoir avancé dans le démantèlement de l’Etat et de ses services publics, le néolibéralisme monétariste mis la fiscalité sous coupe réglée. S’imposa alors la logique de la flat tax sous couleur de théorie du ruissèlement. L’économiste John Galbraith, élevé dans une ferme du Sud de l’Ontario, la qualifia sans détour de « horseshit » s’agissant selon lui de nourrir les chevaux pour nourrir les oiseaux … George Bush Sr., informé par sa position dans l’Establishment sécuritaire américain, d’hésita pas à parler de « Voodoo economics ». Cette dérive porta à une pratique budgétaire aujourd’hui consolidée en Occident. Elle consiste à octroyer aux entreprises et aux plus riches des exonérations de taxes princières de manière à ce que le budget de l’Etat apparaisse toujours frôler le rouge tout en laissant filer la dette publique et le poids de son financement. On en tire prétexte pour légitimer l’austérité par les sacrifices nécessaires pour assainir les finances publiques. Ces dépenses sociales ou tax expenditures mettent désormais en cause des sommes gigantesques mais occultées. Elles augmentent toujours de manière préventive lorsque le moindre surplus pointe du nez, par exemple les 20 milliards de l’inutile CICE qui aurait pu financer une nouvelle RTT ou encore les coupures récentes dans l’assurance-chômage.

Ces dépenses fiscales se montent en France et en Italie autour de 300 a 350 milliards d’euros par an. Elles s’ajoutent à l’évasion fiscale et aux tax rulings portant sur des sommes à peu près voisines. Les rapports officiels les estiment à moins d’une centaine de milliards. En effet, la beauté de cette politique pour leurs tenants est qu’une fois octroyées ces dépenses sociales disparaissent gentiment des radars budgétaires et médiatiques – par exemple récemment le CICE aujourd’hui pérennisé. Bien entendu, la valeur économique de ces tax expenditures vaut ce que vaut la croissance marginaliste en temps de finance spéculative hégémonique. Elles ne remplacent pas les subventions directes et se traduisent maintenant par une orientation financière et boursière des investissements qui tournent de manière improductive sur eux-mêmes, ce qu’illustrent bien les dizaines de milliards de buybacks mensuels en Occident.

Bien entendu, ce sont ces tax expenditures, épitome de la fiscalité régressive avec la TVA, qui sont à l’origine de l’enrichissement grotesque du 1 % le plus riche – et même du 0,01 % – au détriment d’une structure des revenus mieux équilibrée au regard de la demande interne.

Pour faire bref notons uniquement que l’inanité du Wealth Effect que Pigou croyait pouvoir opposer à la Théorie générale de Keynes prit concrètement la forme du House Effect de Greenspan qui porta directement à la crise des subprime et aujourd’hui à la déconnection totale de l’économie spéculative d’avec l’économie réelle, de sorte que ni la FED ni la BCE ne peuvent renormaliser la politique monétaire de la banque centrale phagocytée par le monétarisme et sont contraintes à poursuivre leur dérive et à amplifier leurs émissions de liquidités. Ceci portera fatalement à une dramatique « correction ».

Au plan de la politique fiscale stricto sensu cette logique néolibérale de la dérèglementation, de la privatisation et des tax expenditures aggrava la narration indigeste de Laffer lorsque Robert J. Barro y ajouta sa narration mal cuite de l’équivalence ricardienne. En bref, il serait plus profitable, en terme de croissance du PIB, d’abaisser les impôts, surtout pour les barèmes plus élevés, et profiter ainsi du « ruissèlement » ou « trickle down effect » plutôt que d’intervenir directement dans la sphère économique. En nous reportant à ce que nous avons dit plus haut au sujet de la définition du PIB et de la croissance marginaliste qu’il implique et à la différence illustrée par le système de santé public versus le système de santé privé, nous savons déjà à quoi nous en tenir. Il se trouve que le Plan de relance d’Obama illustra de nouveau empiriquement une évidence connue : les services publics offerts par des entreprises publiques ont un multiplicateur beaucoup plus élevé. Par exemple, pour les ponts, les routes, la santé et l’éducation. Par contre les plans de relance de Trump, surtout axés sur la baisse des impôts des plus riches, ont un effet contraire tant pour l’économie de plus en plus grugée par la financiarisation et la boursiarisation que pour la structure des revenus. Ainsi la grande majorité des travailleurs américains ont un revenu oscillant autour de 16 000 dollars avec seulement 1000 dollars d’épargne personnelle. Les inégalités de revenu sont telles que le revenu médian américain à plus de 50 000 dollars cache plus qu’il ne révèle … (11)

Du point de vue strictement théorique, il est évident que la triste confusion commise par Barro et par tous les néolibéraux monétaristes après lui, va bien au-delà de la confusion entre Multiplicateur générique et Multiplicateurs sectoriels. En effet, le biais néolibéral monétariste du PIB, aujourd’hui financiarisé à outrance, diminue l’œuvre bénéfique des multiplicateurs à un tel point que les ajouts à la croissance du PIB par la privatisation – ex la santé ou les pensions – ne permet pas de contrecarrer la spirale économique sous-jacente vers le bas. Sans compter le coût proprement social en termes sanitaires, de la détérioration du cadre épidémiologique général et de paupérisation de la population, en particulier les jeunes et les séniors, souvent contraints à la précarité passé 54 ans.

Ce travail de sape contre l’opération domestique du Multiplicateur dans les secteurs d’activité encore peu touchés par le GATS – libre-échange des services – s’ajoute à celui provoqué par l’externalisation du Multiplicateur qui détruisit de manière croissante la cohérence socio-économique des Formations sociales et leur planification à partir de l’Uruguay Round. Cet accord commercial ouvrit la voie à la généralisation des traités de libre-échange et de l’actuelle définition de l’anti-dumping – anti-code de travail et anti-environnement – ensuite sacralisée à l’OMC.

De surcroît, Guerre des Etoiles reaganienne et actuelle et illégale Doctrine de la guerre préventive néo-croisée obligent, s’ajoute le poids des dépenses militaires. Nous frisons ici un ridicule qui n’a d’équivalent que le refus américain de soumettre leurs forces armées et leurs gouvernements à la juridiction de la Cour pénale internationale, tout en prétendant défendre la « démocratie » en bombardant partout sur la Planète. En effet, bien que les dépenses militaires aient un très faible multiplicateur économique, les néolibéraux monétaristes croisés, bien intentionnés à détruire préventivement 66 pays musulmans – pour construire le Temple de l’exclusivisme en détruisant al Aqsa considérée comme leur Troisième Lieu Saint par près de 1,2 milliards de musulmans – ainsi que tous les autres rivaux économiques et militaires, les utilisent comme subventions directes pour la R&D et pour le complexe militaro-industriel, qui inclut aujourd’hui la cybersécurité. Ces subventions directes américaines sont considérées comme relevant de la sécurité nationale et donc soustraites des règles commerciales entérinées par les traités de libre-échange et par l’OMC. L’absurde consistant dans l’incapacité de gouvernements largement vassaux, comme cela est le cas au sein de l’UE, d’imposer la réciprocité en la matière.

La « plus-value sociale », la Reproduction Simple (RS) et Elargie (RE) et les services publics.

Rappelons le Schéma canonique de la RS issu du Livre II du Capital et les Equations de la RS préservant l’équilibre stationnaire.

SI                    : c1 + v1 + pv 1 = M1

SII                  : c2 + v2 + pv2 = M2

————————————-

Capital social : (c1 + c2) + ( v1 + v2) + (pv1 + pv2) = (M1 + M2)

Où les Equations de la Reproduction Simple (RS) de Marx telles que formalisées par Boukharine sont:

c2 = (v1 + pv1)

M1 = c1 + c2

M2 = (v1 + pv1 ) + (v2 + pv2)

On peut très bien mener la discussion à partir de ce Schéma puisque nous avons montré plus haut que l’introduction de la productivité en un secteur ne change rien à la cohérence systémique. De même, nous avons montré que la Reproduction Elargie repose sur la RS sous-jacente. Simplement, dans le cas de la RE, il faudra modifier l’allocation de la plus-value, en scindant pv = pva + pvb, où pva = consommation du capitaliste et pvb = la part destinée au réinvestissement qui se répartira sur le capital constant – c – et sur le capital variable – v – selon le ratio fourni par la v/C existante. J’ai alors montré que la RS sous-jacente implique qu’en tenant compte des proportions respectives de SI et de SII, une dynamique de croissance harmonieuse impose la planification de réinvestissements proportionnellement symétriques selon les Equations RS-RE, ce que la « main invisible » ne peut pas faire, une incapacité qui mène à des crises cycliques. Contrairement à la logique bancale de la valeur ajoutée, la plus-value nouvelle (pva + pvb ) ainsi que le salaire – v – sont produits par le travail vivant que produira le travailleur apparaissant dans la compostion organique comme v, ou force de travail cristallisé prête à être réemployée. L’extraction de la plus value dans ce cadre se fera selon le rapport pv/v.

Par conséquent, toutes les activités organisées de quelques types que se soit, manufacturières, de bureau, de transport, de markéting etc. dégageront le même taux de profit paramétrique puisqu’elles mettent en œuvre une fonction de production spécifique impliquant une composition organique et un taux d’exploitation. Le concept de travail improductif est un concept empiriquement primitif qui relève de Adam Smith, il n’a pas sa place dans la logique marxiste, une fois corrigées les avaries incluses par Kautsky et autres dans la publication des Livres II et III du Capital; pas plus que le concept de « travail simple » qui doit être remplacé par celui de travail abstrait et du travail socialement nécessaire. Il en va de même avec la soi-disant baisse tendancielle du taux de profit issue de brouillons d’investigation – par opposition à l’exposition supposant une recherche arrivée à son terme – qui forment un chapitre du Livre III immédiatement suivi d’un autre chapitre d’investigation portant sur les contre-tendances. J’ai montré que tous les lamentables thuriféraires de la baisse tendancielle du taux de profit, confondue avec les volumes du profit dans un système paramétrique donné, sont, au mieux, des enfants de catéchisme qui n’entendent pas grand-chose à la science marxiste.

On peut donc inclure toutes les activités économiques organisées sans exception selon leur fonction de production spécifique dans leur sous-secteur, multiplier ces sous-secteurs selon les besoins et les inclurent soit dans le Secteur I des Mp ou le Secteur II des Cn.

Evidemment ceci vaut pour la fonction publique et pour les services sociaux. Qu’en est-il de la fumeuse question des activités privées créant une valeur ajoutée alors que la fonction publique et les services publics n’auraient que des coûts ? Cet aveuglement idéologique a sa racine dans la domination de la propriété privée, laquelle règle l’allocation des ressources de la Communauté au profit non pas tant de la Communauté toute entière mais au bénéfice des propriétaires des Moyens de production.

Il s’agit d’un aveuglement qui fait fie du fait que le « marché ne peut jamais faire totalement abstraction de la société dans laquelle il s’inscrit. Adam Smith pointait déjà à la nécessaire mutualisation sous l’égide de l’Etat pour assurer l’intérêt général en terme de « livelihood » du peuple – terme de Karl Polanyi -, d’infrastructures nationales et de sécurité nationale. La fiscalité qui paie la fonction publique et les services sociaux publics – universellement accessibles, de meilleure qualité et offerts à moindre coût grâce à la mutualisation publique – n’est qu’une modification dans l’intérêt général de l’allocation des ressources, c’est-à-dire de la plus-value totale.

D’ailleurs lorsque Marx sera amené à imaginer l’allocation des ressources en régime socialiste dans sa Critique du programme de Gotha, que fait-il ? Il imagine toute la plus-value allant dans des Fonds sociaux qui sont ensuite répartis par la planification – les Equations de la RS-RE avec tous les sous-secteurs et filières nécessaires – selon les priorités économiques et sociales décidées en commun par les processus de la « démocratie socialiste » incluant l’égalité inscrite dans la constitution socialiste laquelle entérine la possession commune de tous les Moyens de production. Il ne restait plus à Marx qu’à anticiper la transition vers le socialisme en deux grandes phases, la première socialiste dans laquelle prévaudrait la règle « De chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail », la seconde communiste selon la règle « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. »

Si la fiscalité est la part publique qui correspond à l’allocation des ressources nouvelles créées par la Communauté, qu’elle est sa jute part ?

Dans un mode de production socialisé et planifié toute la plus-value appartient collectivement au peuple qui décide de son allocation selon des priorités socio-économiques établies par la démocratie socialiste. Celle-ci faisant naturellement une place de choix aux processus décisionnels socio-économiques qui relèvent aujourd’hui de la tyrannie de la propriété privée et de l’Etat bourgeois patron. Le gouvernement du peuple par le peuple lui-même, à tous les niveaux décisionnels.

Dans un régime capitaliste, ceci dépendra de la définition que l’on donnera de l’intérêt général. Cependant l’idée néolibérale et monétariste selon laquelle la taille de l’Etat doit être minimum n’a pas de sens puisque elle oublie que la production et les échanges sont des relations sociales et non de simples équations économiques. En outre, le mode de production capitaliste connaît une évolution historique qui en détermine les époques de redistribution, cette évolution se fait au sein et sous la contrainte de la Division Internationale du Travail de sorte qu’aucune Formation Sociale ne pourra négliger le niveau de sa compétitivité macro-économique par rapport aux autres FS concurrentes, ni surtout l’effet de soutien que la compétitivité exerce sur la productivité macro-économique. Il est bien entendu qu’aucune FS ne saurait vivre très longtemps au-dessus de ses moyens – balances externes, financement de la dette. C’est pourquoi les époques de redistribution du mode de production capitaliste progressent séculairement vers une socialisation de plus en plus grande des processus de production et l’échange. Keynes le reconnaissait si bien, qu’en théorisant l’intervention de l’Etat dans la sphère économique, il envisageait la nécessité de passer à terme à une semaine de travail de 15 heures pour mieux partager les gains de productivité et de compétitivité. (http://www.econ.yale.edu/smith/econ116a/keynes1.pdf )

Dans mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance, 2005, j’ai démontré la transition du capitalisme libéral classique vers l’Etat social européen – issu de la Résistance – prenant la forme de l’Etat keynésien ou Welfare State dans le monde anglo-saxon. La régression néolibérale monétariste n’est qu’une parenthèse dans la marche séculaire vers plus de socialisation de la production et des échanges, quoique la question reste toujours : aurons-nous affaire à une socialisation plus démocratique ou bien à une nouvelle régression philo-sémite fasciste. Le choix reste toujours entre socialisme ou barbarie.

Dans mon Introduction méthodologiquehttps://www.la-commune-paraclet.com/livresFrame1Source1.htm#livresbookmark – j’ai montré l’importance des Quatre Livres du Capital de Karl Marx pour comprendre les transitions de mode de production à mode de production et au sein d’un même mode, d’époques de redistribution à époques de redistribution. Tout tourne autour des rapports d’exploitation de la force de travail – Livre I. Sur cette base émerge la structure systémique de la reproduction donnée par les Equations de la RS-RE – Livre 2 . La forme historique – les époques de redistribution – de cette reproduction est déterminée par la lutte des classes, soit les rapports juridiques larges incluant l’Etat et ses Appareils – Livre III. Enfin le Livre IV devait fournir l’histoire de la discipline Economie politique, à savoir sa lente transition historique et individuelle de la méthode d’investigation à la méthode d’exposition.

Il suffit d’examiner les rapports d’exploitation de la force de travail qui prennent la forme du contrat de travail et de ses normes. En effet, les normes de l’extraction de la plus-value s’imposent toujours de facto – sur le moyen et le long terme -ou de manière légale en tenant compte de la durée, de l’intensité conjoncturelle – cou de collier -, de l’intensité structurelle ou productivité micro-économique et de la « plus-value sociale ». Pour chaque mode, une de ses formes est dominante. Tous les modes de production pré-capitalistes reposent sur l’extraction de la plus-value absolue par la duré de la journée du travail ; dans ces modes, le progrès technique est lent, quoique puissant, par exemple, le passage du cru au cuit, la domestication des animaux, celle des céréales, les métiers à tisser, les moulins à eau et à vent etc. L’aspect révolutionnaire du capitalisme repose sur la dominance de la productivité. Les modes de production socialistes et communistes reposeront sur le développement de plus en plus hégémonique de la « plus-value sociale », puissamment appuyée par la compétitivité macro-économique optimum organisée par la planification, donc sur sa propriété et son utilisation démocratique et collective.

Cette transition vers la « plus-value sociale » débuta avec l’Etat social ou Welfare. La « structure de v », d’abord limitée au seul salaire individuel, changea pour incorporer le salaire différé, les impôts etc. D’abord pour tenir compte du fait que le travailleur n’est pas un facteur de production désincarné comme les autres mais un membre d’une espèce à reproduction sexuée devant se reproduire comme tel dans un ménage. Ensuite, pour tenir compte des revenus fiscaux nécessaires au financement de l’intervention de l’Etat dans la sphère économique. Dans l’optique des époques de redistribution, cette « structure de v » prend donc la forme de ce que j’ai appelé « le revenu global net » des ménages, incluant salaire net, salaire différé et la part de la fiscalité qui revient aux ménages sous formes d’accès aux infrastructures et aux services sociaux. Le salaire différé implique d’ailleurs une institutionnalisation de l’épargne mettant en cause des sommes considérables ; comme le montre la tentative de réforme macronienne de privatisation des pensions publiques ou encore la création des régimes publics au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ou la proposition de Fonds Ouvriers de Rudolf Meidner reprise dans mon Tous ensemble, cette institutionnalisation constitue un enjeu formidable de la lutte des classes. Outre les sommes considérables en jeu, c’est bien la vision de l’époque de redistribution souhaitée qui se joue dans ces réformes.

Le retour à la barbarie philosémite nietzschéenne prend la forme d’une régression vers le seul salaire net individuel, sacrifiant notamment le salaire différé, les protections du Code du travail et les critères environnementaux sur l’autel du néolibéralisme monétariste entériné par l’actuelle définition de l’anti-dumping – sur l’anti-dumping, voir mon Appel dans ce même site. Ce qui se joue est bien une tentative de résoudre les contradictions du mode de production capitaliste. Celles-ci opposent l’évolution des forces productives – surproduction – aux rapports de production – sous-consommation – en forçant un retour hors de la démocratie libérale classique et de sa loi de compétition vers un néo-corporatisme d’Etat, aujourd’hui sous hégémonie de la finance spéculative. Cette tentative de retour tente de restituer, contre la marche de l’Histoire vers toujours plus d’émancipation humaine, l’archaïsme phantasmé de l’exploitation de l’Homme par l’Homme imposée par des dirigeants auto-désignés se plaçant au-delà du Bien et du Mal. C’est bien d’une tentative de retour vers la société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage tel que dénoncée dans mon Pour Marx, contre le nihilisme qu’il s’agit.

Comment intégrer la monnaie et le crédit dans la comptabilité ?          

Avant l’émergence de la « banque universelle » il était parfaitement normal de classer la 4 piliers relevant des banques de dépôt, des banques d’investissement, de l’assurance et des caisses d’épargnes comme des secteurs différents. Ceci est valide tant du point de vue de la valeur ajoutée que de la plus-value et reste, bien entendu, valide pour l’immobilier. Les changements initiés sous Reagan trouvèrent leur accomplissement avec l’abrogation légale en 1999 du Glass Steagall Act – 1933 – qui établissait la ségrégation fonctionnelle de ces 4 piliers.

On sait que l’inclusion dans le PIB du nouveau « secteur financier » compte pour plus ou moins 9 % uniquement pour la finance, 8 % pour les assurances et un pourcentage semblable mais fluctuant pour l’immobilier. (12) Outre tous les travers de la comptabilité en valeur ajoutée, dont le traitement des soi-disant secteurs intermédiaires, il faut souligner que le poids gigantesque du shadow banking et autres black pools n’est pas comptabilisé, alors qu’il pèse de tout son poids dans la gestion du risque effectif du secteur – et des sauvetages sur fonds publics – et donc, par voie de conséquence sur la gestion spéculative marquée au sceau de l’austérité du fallacieux ratio dette publique/PIB.

Il convient cependant de déterminer comment la monnaie et le crédit sont intégrés dans la structure économique donnée par les Equations de la RS-RE. Je renvoie ici à mon Précis. En bref, en situation de plein-emploi, la monnaie correspond à la masse salariale réelle (v). Cette masse est nécessaire et suffisante grâce à ses rotations pour assurer tous les échanges impliqués par les Equations RS-RE. Le soutient monétaire à la force de travail inactive vient s’y ajouter pour donner la masse salariale sociale. Cette dernière sur la première donne le taux de l’inflation structurelle, qui est la principale forme d’inflation car il y en a d’autres par exemple l’inflation importée. En tant que secteur, celui de la monnaie est crucial puisque le pouvoir régalien assure le cours légal de la monnaie permettant les échanges et que la gestion des masses salariales, réelle ou sociale, au plus près de la réalité assurera la stabilité des prix, donc des prédictions économiques. Cependant, en terme de grandeur, le secteur de la production-émission de la monnaie est réduit.

Le problème consiste à savoir comment intégrer le crédit et pour cela il faut distinguer crédit public et privé et intérêt classique ou spéculatif.

Prenons le cas du crédit privé classique. L’intérêt classique est déduit du profit. En traitant le secteur bancaire classique comme un secteur, sa fonction de production produit une plus-value et donc un taux de profit qui sera identique au taux paramétrique du système du fait de la mobilité du capital. Mais l’intérêt est, par définition, inférieur au profit, car l’intérêt est relatif au rôle joué par la banque d’investissement qui consiste à prêter aux entreprises pour leur permettre d’anticiper des investissements allant au-delà du taux de réinvestissement interne.

Le taux de profit est fonctionnel à la fonction de production bancaire spécifique. Les deux sont conciliés par les volumes émergeant du système fractionnaire. Et c’est bien ce qu’indique la comptabilité des banques. Dans un tel contexte, le volume des prêts bancaires est directement relié par le ratio prudentiel à l’activité économique, ces prêts se multiplient en temps de prospérité alors que la voilure se réduit en temps de crise. Cependant, ces investissements se faisant selon la logique de l’optimisation du profit individuel et selon une allocation par la main invisible, les investissements iront de préférence dans les activités jugées les plus rentables, en réalité en expansion spéculative, de certains secteurs en parallèle avec la contraction d’autres secteurs. Ce qui conduit aux purges nécessaires au rétablissement de l’équilibre par le biais des crises structurelles. John Galbraith a écrit une belle histoire de ces crises à commencer par le crack des tulipes hollandaises.

Avec l’hégémonie du crédit spéculatif, l’intérêt classique cède le pas à l’intérêt spéculatif posant légalement comme taux de profit légitime. La financiarisation ne suit plus dès lors la logique du prêt bancaire externe, la logique de l’investissement dans des entreprises autonomes pour suppléer leur réinvestissement. Ceci est aggravé par la dérèglementation, et les instruments et véhicules qu’elle induit, tant les dérivés que les fonds d’investissements divers. De la sorte la médiation par l’intérêt classique, lié à la dynamique économique réelle, disparaît et c’est la productivité intrinsèque ( v/C et pv/v) directe du secteur financier dérèglementé qui influencera l’ensemble du système, tant les prix relatifs que les flux des volumes de profits. Cette productivité sectorielle, en réalité factice, repose sur très peu de capital fixe qui implique un moyen et long terme, du moins pour l’amortissement. L’économie réelle et l’emploi en sont brutalement phagocytés.

On se souviendra de la nomenclature marxiste classique distinguant capital marchand, capital bancaire, capital industriel et capital financier. Je renvoie ici aux écrits historiques de Marx sur la France – par exemple Philippe Egalité représentant du capital industriel lié au chemin-de fer etc. – ainsi qu’aux analyses de R. Hilferding et surtout de Lénine concernant le capital financier. Nous eûmes ensuite l’internationalisation du capital productif – Ch. Palloix etc. Aujourd’hui nous vivons la fin du cycle de l’hégémonie du capital spéculatif étroitement lié au néolibéralisme monétariste triomphant en 1979-1982.

Nous avons déjà dit comment la dérèglementation des 4 piliers alla de pair avec la privatisation des Banques centrale et avec la globalisation dont le Big Bang boursier si cher à Thatcher et à la City. Ceci entraîna la fin de la cohérence interne des FS donc de l’action positive du Multiplicateur interne ainsi que l’inféodation de la dette publique à la finance spéculative hégémonique. Dans ces conditions, au regard de ce qui fut dit plus haut, il est évident que les équations de croissance et les sentier de consolidation fiscale fondés sur une telle comptabilité – dette publique /PIB – porteront fatalement au désastre par la destruction de l’économie réelle et de l’emploi à temps-plein.

Tous ces problèmes disparaissent comme par enchantement par le recours au crédit publique. Les faits le démontrent très clairement. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la reconstruction mis en œuvre des efforts colossaux portant à ce que Jean Fourastié nomma Les Trente glorieuses. Or, la planification indicative et incitative reposant sur le crédit public se fit avec une dette publique et parapublique à très faible coût de financement et d’une magnitude toujours congruente avec la fonction du crédit public, soit son anticipation de la croissance réelle. (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France . Noter que l’on ne prend même pas la peine de donner le poids de la dette en PIB avant le milieux des années 70 !)

Ecologie bourgeoise, écomarxisme et comptabilité micro-économique et macro-économique.

L’écologie bourgeoise relève de la micro-économie capitaliste. La Nature est perçue comme un libre champ d’exploitation déterminant les coûts de production. Elle n’a pas sa place dans la comptabilité du PIB. La réduction des coûts de production entraînée par la compétition, soit par la ponction effrénée des matières premières existantes, soit par un meilleur usage de ces intrants induit par la croissance de la productivité – l’approfondissement de la composition organique – sont nécessaires à l’extraction du profit dans un cadre de compétition capitaliste.

Tout se gâte de nouveau ici par l’intervention de la logique bancale de l’offre et de la demande que nous avons dénoncée plus haut. S’agissant de la Nature, considérée être sujette de la propriété impériale et de la propriété privée, l’offre en matières premières est censée reposer sur la rareté. Ceci en passant sous silence la note en bas de page, ensuite disparue des éditions suivantes, qui apparaissait dans la première édition du livre de Léon Walras Éléments, selon lequel, en définitive, la rareté est socialement produite. Tous les économiques bourgeois donnent ainsi les exemples canoniques de l’air, abondant et gratuit, et des diamants, rares et chers. Tant pis si l’industrie peu maintenant produire des diamants artificiels à moindre coût. Mais ceci montre une fois encore l’inanité de la valeur ajoutée – ici du profit – mystérieusement dégagée par le « marché » sans le moindre support en valeur d’usage et surtout sans se reporter aux rapports essentiels la composition organique du capital v/C en lien avec le taux d’extraction de la plus value. (13)

Une fois rétablie la fonction de production scientifique ( c + v + pv = M ) dans les Equations de la RS-RE, puisque la micro-économie dépend des paramètres macro-économiques, on se rend compte que l’écologie est vécue comme une barrière au libre marché. C’est pourquoi les normes écologiques bourgeoises peuvent uniquement être externes à la logique du système économique puisqu’elles doivent toujours maximiser les profits. De fait, les narrations écologiques bourgeoises se font toujours du côté des normes imposées à la consommation individuelle selon un calcul biaisé car inégalitaire dans sa mise en pratique de l’empreinte écologique moyenne

Le chapitre écologique de la « science économique » bourgeoise est celui de la désincitation à la consommation par les prix, c’est-à-dire par une logique extrêmement régressive puisque une hausse du prix du carburant grèvera grandement le budget d’un Gilet jaune mais beaucoup moins celui d’un supposé « premier de cordée » qui l’absorbera sans même s’en rendre compte, sans même avoir à compter sur l’abolition de l’ISF. Pour comble, cette logique de la désincitation à la consommation va de pair avec la logique à la consommation soi-disant écologiquement vertueuse par le biais des exonérations d’impôt sur le revenu. Ceci en sachant qu’aujourd’hui déjà une bonne moitié des salariés ne gagnent pas assez pour payer l’impôt sur le revenu, ou en tout cas pas assez pour rendre ces exonérations payantes … Ces exonérations aggravent et servent de légitimation des effets pervers de la privatisation des entreprises publiques – eau, électricité etc – qui transforment les usagers en clients.

Aujourd’hui la narration philosémite nietzschéenne du réchauffement climatique, supposément dû au CO2 pourtant bénéfique à la végétation, et le Green New Deal dans toutes ses versions que cette narration enfante, ne représentent qu’une façon éhontée d’instrumentaliser la peur et la bonne volonté des citoyennes des citoyens pour verser des centaines de milliards d’euros aux capitalistes et en particulier aux grandes transnationales et au capital financier spéculatif. (Climat et endoctrinement, mars 2029, http://rivincitasociale.altervista.org/climat-et-endoctrinement-mars-2019/ . Jancovici nous informe d’ailleurs qu’il faudrait un Covid-19 par an pour respecter l’objectif de 20 fixé par les Accords de Paris … ) Les vraies priorités environnementales sont écartées. Elles le sont d’autant plus que le capital court-termiste ne permet pas de mobiliser les capitaux dans des projets infrastructurels de long terme qui requerraient le recours au crédit public.

Ainsi on privatise l’eau et on néglige son épuration ; on privatise le ramassage et le traitement des déchets, dont la logique reste soumise à la rentabilité – par exemple, dans ma ville, la gestion d’une tonne de déchets urbains par le public coûterait autour de 80 euros la tonne ; la privatisation mène à des coûts pour les budgets publics supérieurs à deux fois ce montant sans que ce processus soit concluant. Par exemple, la question du recyclage des diverses formes de plastiques exigerait une planification tant en amont d’en aval. On néglige les infrastructures nécessaires – digues, canalisations, marges fluviales, égouts, etc. – tout en refusant de limiter la cimentation, y compris celle des littoraux. On préfère une agriculture capitaliste productiviste réglée par les dérivés financiers plutôt que le retour à une souveraineté alimentaire mettant en œuvre l’agriculture productiviste nécessaire à la production de l’agrobusiness de qualité, sans excès de pesticides et respectueuse des rotations nécessaires à la préservation des terrains allant de pair avec l’agriculture biologique, tant familiale qu’en coopérative. (14)

L’écomarxisme allie micro et macro-économie en intégrant la fonction de production dans les Equations RS-RE. Cette intégration cohérente présuppose la résolution des problèmes de la rente absolue et de la rente différentielle, c’est-à-dire la démonstration de la loi marxiste de la productivité qui dispose de la fabrication par Böhm-Bawerk et al., du faux problème dit de la transformation des valeurs en prix de production. La première publication de cette démonstration apparut dans mon Tous ensemble – 1998- (librement accessible dans la Section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com ) Sur cette base, il est possible de concevoir les coûts sociaux de la prise en charge de l’environnement dans une société harmonieuse car consciente que l’Homme doit se reproduire au sein de la Nature et au sein de la Société. La société unie dans la Dialectique d’ensemble, la Dialectique de la Nature et la Dialectique de l’Histoire – voir mon Introduction méthodologique, même site.

Ainsi la règle devrait être celle du principe de précaution axée sur la protection de la santé des citoyennes et des citoyens. Ceci implique des normes d’hygiène public, des normes sanitaires, l’harmonisation des relations Ville/Campagne par le zonage agricole et urbain, et pour ce dernier la désignation des zones industrielles, commerciales et résidentielles de même que celle des zones Seveso. Rien de tout ceci n’apparaît ni ne peut apparaître dans un PIB fondé sur la valeur ajoutée.

Il devient alors évident que les coûts sociaux des matières premières, soit de la ponction sur la Nature, doit respecter leurs cycles de reproduction naturels ou artificiels. Par exemple, le pic pétrolier n’est pas encore dans les cartes, mais en supposant qu’il le devienne, il faudrait intégrer le coût de la reproduction des stocks – par exemple biofuels, algues etc. – ainsi que la recherche et le développement de substituts massifiables. La ressource en voie d’épuisement serait ainsi protégée et réservée à des utilisations ne consentant pas le recours à l’élasticité, par exemple ici les produits pharmaceutiques, certains polymères et ainsi de suite. De la même manière la construction de centrales ou la mise en exploitation de mines devraient inclurent le coût des décommissions, ce que font maintenant les centrales nucléaires.

L’anti-dumping acquerrait ainsi sa logique authentique sans nous renvoyer à une débilitante taxation carbone réintroduisant par la bande une logique tarifaire dans le cadre d’un système de libre-échange mis à l’enseigne, aujourd’hui faillie, de l’interdépendance asymétrique. Outre que cette taxe carbone pénalise le CO2 bénéfique pour la végétation et l’agriculture – sans rien contribuer au réchauffement puisque le CO2 le suit et ne le précède pas – il cache les autres vrais polluants, nuisibles pour la santé comme le dioxyde de soufre, l’oxyde d’azote et les particules fines – et il fait payer le prix de ces politiques malintentionnées aux citoyennes et aux citoyens. En outre, elle a le potentiel de ruiner les Formations Sociales esclaves de ces narrations en provocant l’augmentation structurelles des coûts de production, sachant que toute activité économique traditionnelle ou nouvelle – data farms, etc. – est extrêmement énergivore, puisqu’il s’agit de transformation.

De la même façon la conception moderne du cycle de vie des produits tant en amont qu’en aval inclurait le coût du recyclage dans les meilleures conditions techniques, donc environnementales, possibles.

Cette comptabilité socialement consciente est parfaitement chiffrable par la planification au fur et à mesure des connaissances – ressources naturelles naturellement ou artificiellement disponibles. Elle ne peut être qu’un angle mort pour les théories économiques bourgeoises, en particulier marginalistes, et donc pour le PIB qui en découle.

Résumé critique des critiques de Barraux et indices alternatifs.

Les évènements de 1968 signèrent emblématiquement la remise en question des fondements de l’époque de redistribution mise en place par la construction de l’Etat social issu des cartons de la Résistance. La comptabilité devient naturellement un enjeu. Elle le devient d’autant plus que la Guerre Arabo-israélienne de 1973 provoqua une flambée sans précédent du prix du pétrole, affectant ainsi toute la structure des coûts de production de l’Occident en proie à un consumérisme croissant de plus en plus remis en cause. Dans son Anti-économique Guillaume appuyait son questionnement en soulignant de cocasses paradoxes ; par exemple, des embouteillages monstres place de la Concorde provoquant une consommation d’essence accrue entraineraient une hausse du PIB. En même temps le mouvement féministe revendiquait l’égalité salariale et la rémunération du travail domestique en pointant le fait que ce dernier contribuait de ¼ à 1/3 du PIB gratuitement – voir Louise Vandelac, Du travail et de l’amour : Les dessous de la production domestique, 1985 ) La fin du Gatt et la mise en place du néolibéralisme est analysé à son début dans mon « Les conséquences socio-économiques de Volcker-Reagan et Cie », mars 1985.

La superbe synthèse proposée par Jacques Barraux date de septembre 1975, donc de la période de profonds questionnements. Il n’est cependant pas à même d’aller au cœur du sujet à savoir la différence entre valeur ajoutée et plus-value et main invisible versus les Equations de la RS-RE. Ce qui est curieux c’est que les mêmes questions ne soient pas carrément sur le devant de la scène aujourd’hui alors que nous disposons de tous les éléments pour la production de statistiques scientifiques.

Il souligne d’abord que le PNB – prévalant à son époque – comme tous les autres grands agrégats comptables – était le résultat de conventions et d’une tentative d’harmonisation internationale sous égide de l’ONU, sur lequel d’autres organismes comme l’OCDE, la CEE etc., s’alignèrent. Je note que cet alignement se fit en faveur des choix américains de plus en plus néolibéraux monétaristes sauf en ce qui concerne le traitement de certaines catégories de dette mise ou moins hors budget. Ces conventions entérinent 1) l’évaluation selon le prix de marché, écartant ainsi les valeurs d’usage non marchandisées, travail domestique, jardinage ou économie de subsistance dans les pays du Tiers-Monde ; 2 ) les prestations des services publics prisent en compte sont évaluées selon leur coût, essentiellement leur coût salarial. 3 ) « Le calcul du PNB repose sur une comptabilité des flux et non pas sur une comptabilité des actifs. On évalue les revenus pas les fortunes. Cela signifie qu’on évalue les nouvelles richesses crées en une année (flux ) en laissant de côté le patrimoine déjà existants dans le pays (actifs ) » p 45. Cette comptabilité ajoute l’auteur n’indique pas qui est pauvre ou riche dans le pays.

Du point de vu technique le calcul se fait en termes monétaires, ce qui « n’a , dit-on, guère de signification puisque l’inflation et les fluctuations des taux de change bousculent en permanence les rapports des monnaies les unes avec les autres » p 45, modifiant le classement international des pays en terme de PNB. Le prix n’est pas la valeur d’échange mais en outre tout ce qui n’a pas de prix est écarté. « D’après une récente étude de l’OCDE, la production non monétaire serait équivalente à la moitié du PNB dans les pays comme le Malawi, le Rwanda ou l’Ethiopie, à environ 25 % dans des pays comme la Malaysia, le Dahomey ou l’Inde. Les comparaisons internationales ne signifient dès lors plus rien .» p 46. Mais la globalisation est passée par là.

Bien entendu nous avons insisté sur la contribution cruciale et inégalée des services publics avant le démantèlement des Etats sociaux. J’ai également fait remarquer il y a plusieurs années le fait que les classements en termes de PNB-PIB ne rendent pas justice aux pays socialistes comme Cuba qui offrent en accès universel la santé et les pensions publiques ; l’éducation à un niveau supérieur aux grandes universités américaines ; le transport et le logement public ; le sport et le loisir. Bien entendu sans blocus les problèmes d’approvisionnement de nourriture, par ailleurs relatifs, seraient inexistants. On peut dire que les citoyens cubains sont des citoyens collectivement riches mais confinés par le blocus qui est la seule cause de leurs tracas quotidiens.

Comme le note pertinemment l’auteur, le PNB est gonflé par des dépenses gouvernementales qui n’apportent rien au bien-être social et très peu à la croissance, en premier lieu les dépenses militaires et sécuritaires. On sait que depuis Reagan, ce travers a pris des proportions irrationnelles puisque des USA en baisse de puissance gaspillent plus de fonds publics en armements que les autres grandes puissances réunies … En outre « les indicateurs de croissance, PNB en tête, oublient candidement les dégradations écologiques provoquées par l’emballement incohérent de la production et de la consommation dans un pays » p 46 Le syndicaliste Laurent Laot notait qu’en soustrayant ces coûts environnementaux « le PNB devrait être considéré comme nul … » p 46 Certains en déduisaient la nécessité d’inclure des notions qualitatives ce qui aurait dû mener à l’amélioration de la prise en compte des services publics. D’autres ajoutaient déjà que « A un PNB fondé sur la notion d’évaluation des flux, il faut substituer une comptabilité des actifs » p 47

Dans notre critique nous avons tenté de montrer que tous ces questionnements restent dérisoirement inscrits dans le paradigme marginaliste reposant sur la valeur ajoutée et l’allocation aveugle des ressources par la main invisible. On ne peut donc rien corriger sans changer de paradigme.

Prenons par exemple la comptabilité donnée en prix constant. La différence entre prix nominal et prix constant émerge de la falsification monétaire imaginée par Irving Fisher qui aggrave la falsification propre à un prix de marché issu de la logique bancale du croisement des courbes d’offre et de demande. Pour contrôler les dérives issues de sa falsification, Fisher succomba à une douce obsession, celle des Indices. Prenez une année de base dont les données sont prises « empiriquement » et posez-la comme base 100. Puis vous comparez les années antérieures ou postérieures, c’est d’une absurdité accomplie. On croit obtenir des écarts permettant alors de réagir pragmatiquement. Avez-vous vu des tels ajustements effectués par les gouvernements ou les banques centrales capables de rétablir volontairement la stabilité des prix ? Ni hier ni aujourd’hui. En réalité Volcker mit le dragon inflationniste à bas mais seulement au coût de saborder les salaires et les prestations sociales ainsi qu’il apparaît de ma distinction entre masses salariales réelle et sociale. Mais ce faisant il détruisait la demande interne. Pire encore, ses successeurs dont Bernanke démontrèrent ne pas avoir la moindre idée de la genèse des inflations. ( voir http://rivincitasociale.altervista.org/the-fed-finally-admits-it-does-not-know-what-inflation-is-sept-21-2017/ )

Il en va de même pour la tentative de comparer les pays sur la base de la parité du pouvoir d’achat respectif, d’ailleurs trivialisé par le Big mac Index. Bien entendu ceci donne une estimation en terme de panier de consommation moyen qui vaut ce qu’elle vaut dans un contexte de changes flottants et de devises fortes ou faibles. Cependant donner le PNB ou le PIB en PPA ne change rien à ces travers ontologiques et méthodologiques. ( Je renvoie ici à mon essai : http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018/ )

Le Produit Matériel Net fut victime de la non résolution du faux problème de la transformation des prix de production en valeur d’échange. Les effets provoqués par la productivité, dont la connaissance était nécessaire pour gérer la monnaie et le crédit socialiste, étaient maîtrisés empiriquement sur la base heuristique de la Reproduction simple en assumant v/C et pv/v identiques. Les écarts étaient corrigés mais il devenait impossible de conjuguer qualités et prix ou valeur d’échange. Comme les variations salariales étaient très faibles – encouragement matériel – la planification quinquennale restait très stable. On pouvait donc se reposer en partie sur une comptabilité en quantités. Tout dérapa lorsque le socialisme marginalisme de Oskar Lange perverti par Khrouchtchev et Liberman introduisit des logiques de marché. Le système devient schizoïde puisque d’une part on insistait sur l’égalité communiste et d’autre part sur la logique du marché pour la comptabilité d’entreprise et nationale. De la sorte le système dit « de commande et contrôle » devint de plus en plus rigide, pendant que les privilèges des membres du Parti transformaient les appareils d’Etat en nouvelle classe dirigeante.

Ma résolution du faux problème de la transformation en démontrant la loi marxiste de la productivité et en l’insérant de manière parfaitement cohérente dans les Equations RS-RE supprime tous ces problèmes et permet de donner des Schémas simultanément en quantités, prix-valeur, heures et nombre d’ouvriers estimés en force de travail. En outre, la loi de la productivité explique la genèse de l’Armée de réserve ouvrant ainsi la voie sur la compréhension des masses salariales et sur la distinction cruciale entre la monnaie et le crédit. Elle permet également de montrer que la gestion du crédit socialiste se fait en respectant la symétrie proportionnelle des secteurs donnée par les Equations RS-RE en modulant les ratios des banques publiques en lien avec les divers secteurs. Les taux d’intérêts uniformes de la Banque centrale capitaliste ne sont qu’un moyen de respecter l’égalité formelle d’accès au crédit des divers agents capitalistes tout en aggravant la dérive – expansion-contraction – dans l’allocation des ressources qui mène aux crises conjoncturelles. Au mieux, pour la banque centrale socialiste, le taux d’intérêt uniforme ne viserait qu’à gérer la monnaie et l’épargne des ménages, pas le crédit public. Je renvoie ici à mes deux essais : a ) « Le marginalisme socialiste ou comment s’enchaîner soi-même dans la caverne capitaliste » in https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#socialismemarginaliste ; b ) « Note sur la planification socialiste » in http://rivincitasociale.altervista.org/note-socialist-planning-2/ )

Je rappelle que le grand économiste communiste qu’était Staline avait développé un outil supplémentaire pour juger de l’efficacité de la planification. Lorsqu’il visitait les usines ou les kolkhozes et sovkhozes il demandait toujours aux travailleurs et paysans s’ils pensaient être un tout petit peu plus heureux que l’année d’avant. Ses 2 Plans quinquennaux firent en effet des merveilles, tout comme ceux mis en œuvre en Chine.

A tout prendre l’Indice du Bonheur national brut du Bhoutan vaut mieux que notre fallacieux PIB qui aujourd’hui sert à légitimer le démantèlement des secteurs publics qui sont la vraie richesse des Nations. ( voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonheur_national_brut )

Conclusion

Comme le montre Jacques Barraux dans son article d’une grande concision résumé plus haut, le PIB est un des grands agrégats statistiques enfantés par la narration de classe donnée comme science économique bourgeoise. Nous avons vu que ces agrégats ne sont pas amendables, ce qui vaut également pour le revenu disponible national ou individuel, ce dernier étant loin de refléter la complexité du « revenu global net » des ménages, la forme que prend la « structure de v » selon les époques de redistribution.

Ces agrégats bourgeois, dont en premier lieu le PIB, sont fondés sur le fallacieux concept de la valeur ajoutée déterminé selon l’utilité marginale univoque et subjective des biens et services. Sur la base de cette définition ne peut émerger aucune fonction de production scientifique et partant aucune théorie de l’équilibre stationnaire ou dynamique. Sur ces bases fallacieuses aucune équation ne saurait prévoir quoique ce soit.

Prenez les politiques de relance économique, que ce soit celles tirées par la demande ou celles poussées par l’offre. En faisant abstraction des variables intervenantes – extroversion du Multiplicateur, régulation par l’Etat interventionniste etc. – il suffit de regarder les deux côtés de l’égalité dans les définitions du PIB. Toutes les théories bourgeoises visent simplement à agir sur ces composants pour provoquer l’accroissement du PIB, c’est A,B,C de cette science.

Malheureusement nous avons vu que non seulement la valeur ajoutée n’a aucune base tangible – valeur d’usage – mais, qu’en outre, ceci implique également que ces théories sont incapables de concevoir la productivité micro-économique et la compétitivité macro-économique en soit et, moins encore, de comprendre les liens dialectiques qui les unis. De fait, la « main invisible » bien que procédant à une allocation aléatoire des ressources n’est jamais que la main pesante de l’Etat en faveur de l’accumulation privée. Ceci devient proprement catastrophique dans l’époque de la finance spéculative hégémonique durant laquelle l’intérêt spéculatif usurpe légalement le rôle du profit redéfinissant ainsi dans ses propres termes l’ensemble des prix relatifs, sa « plus grande productivité » imposant ses termes à l’ensemble du système socio-économique.

Bien entendu, dans le contexte du libre-échange global fondé sur l’actuelle définition de l’anti-dumping ceci se fait au détriment de l’économie réelle, de l’emploi et des salaires versés. Ceci se fait également au détriment de la fonction publique et des services publics offerts par les entreprises publiques. Par exemple, le système de santé public universellement accessible coûte près de 9 % du PIB alors que le système privé coûte plus du double en laissant des millions de personnes sans couverture maladie. Pour cette raison, le système public contribue à la compétitivité de la Formation Sociale, et donc à la productivité micro-économique mais le PIB le traite uniquement comme un coût sans aucune contribution en terme de valeur ajoutée, comme si le travail vivant des employés de ces secteurs ne contribuait aucune plus-value ! La même ineptie vaut pour les régimes de pension publics et pour toues les infrastructures et tous les services publics.

Or ces infrastructures et ses services publics sont de puissants leviers contre-cycliques. Ils contribuent puissamment à réduire la pauvreté ; mieux, étant la propriété de ceux qui n’en ont pas, ils contribuent à supprimer la peur des lendemains, le salaire net allant alors plus loin, ce qui permet aux salariés et à leurs ménages de vivre en citoyens capables de disposer d’eux mêmes dans le cadre de leurs devoirs et de leurs droits, le premier étant le droit au travail dignement rémunéré de toute personne apte au travail. Les sociétés sans services publics étendus et performants, sont des sociétés de l’épargne individuelle forcée. Lorsque cela se fait par le biais de fonds privés, le désastre qui transforme soudainement des 401K en 201 K guette toujours. Or, dans des cas pareils, si le travailleur à 45 ou 50 ans il ne peut plus se « remplumer ». L’insécurité sociale et la paupérisation générale en sont les conséquences. Il devient alors impossible de sortir du piège de la pauvreté, un mécanisme pervers légalisé par la pratique des aides sociales sous conditions, ce qui transforme l’assurance sociale établie comme droit social fondamental en assistance sociale souvent privatisée et/ou confessionnelle. Le comble étant alors que ces organismes d’assistance privée restent financés publiquement par la déduction fiscale des dons.

Il convient donc de développer de vraies statistiques scientifiques. Elles ne peuvent émerger que de la fonction de production scientifique réintégrée de manière cohérente dans les Equations de la RS-RE. Ces fonctions de production sont regroupées en branches, en sous-secteurs et en filières – ces dernières renvoyant aux branches transversales. Toutes les divisions sociales du travail allant de la production et transformation des ressources à la vente réalisée par la valeur d’échange – ou prix du marché qui oscille autour de la valeur d’échange – en passant par le transport, les bureaucraties publiques et privées et le markéting ont leur fonction de production propres qui peuvent être subsumées dans un des deux grands Secteurs, le SI des Mp et le SII des Cn. Tous doivent être comptés.

Nous avons démontré dans notre Précis d’économie politique marxiste – Section Livres-Books de www.la-commune-paraclet.com – que l’équilibre dynamique – RE – ajoute le crédit au réinvestissement. L’épargne institutionnalisée par les fonds de pension publics ou privés ou par les comptes d’épargne – ex., Livret A – joue ici son rôle dans le cycle de reproduction puisque l’achat de biens durables, contrairement à la consommation journalière, nécessite la constitution d’une épargne. Nous avons insisté sur le fait que la planification d’une croissance – tant qualitative que quantitative – harmonieuse suppose des investissements proportionnellement symétriques selon les données de la RS-RE. J’ai dit dans mon Tous ensemble comment les Fonds Ouvriers pouvaient créer des pools de capital social capables de socialiser la propriété propriété en douceur tout en changeant la structure sociologique dans un sens plus citoyen, plus républicain et plus égalitaire.

En considérant le réinvestissement, le planificateur prendra soin de tenir compte du rôle spécifique du crédit. Le crédit public ou privé est toujours une anticipation de la croissance qui supplée les possibilités du réinvestissement. L’investissement se répartit en général pour près de 60 % en masse salariale et pour le reste en capital fixe et circulant. La fonction de production canonique c + v + pv = M considère le capital constant c comme capital circulant – Paul Sweezy dit « capital used-up » – puisque c’est lui qui entre dans la composition de la valeur d’échange ; mais le capital circulant est une partie du capital fixe lequel implique des investissements plus lourds et à moyen et long termes dont on sait que répugne le capital court-termiste. Ceci incarne tout l’avantage procuré par le crédit public.

Ce dernier suppose donc aussi bien une surcapacité de production en terme de capital et de force de travail qu’une insertion contrôlée de la FS dans l’Economie mondiale. Dans ce dernier cas, entrera en ligne de compte la tenue des balances externes avec ou sans disposer d’une monnaie de réserve internationale forte. Dans une économie planifiée tout comme dans la planification indicative et incitative, dite à la française, le crédit est public et en tant que tel il élimine à la source le surendettement de l’Etat par la dette publique et parapublique. En effet, avec le crédit public, la banque centrale opèrerait de préférence avec des bureaux internes directement liés aux branches et secteurs selon une modulation des ratios de réserve permettant de tenir compte de la symétrie proportionnelle des investissements. Cette banque centrale publique achèterait les obligations publiques et parapubliques à des taux extrêmement bas directement sur le marché primaire sans passer par le secteur bancaire privé et ses ruineuses commissions et spéculations. En outre, moyennant des audits réguliers et une supervision parlementaire afin d’éviter la corruption et la dérive des coûts, le crédit public se transformerait par définition en supplément de l’économie réelle sans débilitante spéculation. Et sans buybacks insensés ne favorisant que le creusement des inégalités et toutes les formes d’évasion plus ou moins légales.

On a vu plus haut comment l’écomarxisme permet d’intégrer rationnellement les coûts de la préservation de la Nature, tant au niveau micro-économique que macro-économique – RS-RE. – que des points de vue humain, écologique et économique.

En fin de compte, en se fondant sur la fonction de production scientifique et sur les Equations de la RS-RE, les statistiques scientifiques seraient limpides. Ce serait vrai pour la comptabilité d’entreprise et pour la comptabilité nationale. J’ai également dit dans mon Précis comment, grâce à l’incorporation des codes-barres – ou de puces électroniques 5 G – la planification et ses statistiques pouvaient être suivies en temps réel online, permettant ainsi toute la réactivité et les réajustements nécessaires liés aux imprévus naturels ou sociaux.

Cependant, dans ce cas, il faudra alors tenir compte de la vulnérabilité provoquée par des puissances inamicales. Par exemple, la CIA obtient des statistiques gouvernementales et économiques par le biais de ses entreprisses installées au Chili comme Bell, ce qui permit de mettre en scène des grèves dans la logistique qui déstabilisèrent le gouvernement socialiste démocratiquement élu de Salvador Allende avant l’attaque finale lancée par Pinochet-Kissinger sur le palais gouvernemental.

Je crois pour ma part qu’une nouvelle définition de l’anti-dumping protégeant les trois composants du « revenu global net » des ménages – salaire net, salaire différé, fiscalité – stabiliserait d’un coup la Division internationale du travail, ouvrant ainsi la voie à une ère de stabilité et de prospérité sans précédent dans l’Histoire de l’Humanité. Les guerres tarifaires seraient choses du passé, alors que la nouvelle définition de l’anti-dumping permettrait d’interpréter pour le bénéfice de tous, les actuels et débilitants traités de libre-échange. Et ceci sans devoir se confronter à la tâche ardue de leur renégociation, laquelle suppose l’unanimité de tous les Etats membres de l’OMC. Cette nouvelle définition de l’anti-dumping serait compatible avec la circulation mondiale des capitaux publics ou privés, mais cette circulation se ferait alors selon la qualité supérieure de leurs activités. Mais ce faisant la cohérence des Formations Sociales serait rétablie tant pour les salaires nets, que pour les salaires différés – finançant les services sociaux – que pour l’assiette fiscale nécessaire à l’intervention de l’Etat. Et le tout serait statistiquement complet et transparent.

J’ai également souligné le fait que les Affaires sociales sont une compétence nationale exclusive au sein de l’UE. On peut donc anticiper cette nécessaire nouvelle anti-dumping en imposant une faible surtaxe à l’importation visant à compléter les cotisations sociales jugées nécessaires. Elle serait joutée à la TVA ce qui en faciliterait la levée sans coût supplémentaire et permettrait également de gérer, au mieux, le coût du panier de consommation courant. L’impact sur la relocalisation serait bien plus vertueux que celui de la taxe carbone qui est une pure ineptie anti-économique – coûts de production relatifs et soutien au capital spéculatif – et une énorme ineptie scientifique puisque le CO2 ne provoque par le réchauffement climatique mais le suit et qu’il est en outre bénéfique pour la végétation.

Paul De Marco

Copyright © La commune Inc, 24 mai 2020 

Notes

1 ) Jacob Assa, The financialisation of GDP: implications for economic theory and policy, Routledge ed., 2017, p 41. Assa écrit « The 1993 revision of the SNA was the first to explicitly recognize financial intermediation as productive, using the concept of financial intermediation services measured (FISIM) to imput value added to these activities » p 37. Il estime le poids de la financiarisation de l’économie –finance, assurance et immobilier – à 30 % du PIB dès 2008. Il cherche à en tirer les conséquences en terme de distribution biaisée des revenus, d’évasion fiscale et surtout d’emploi. Pour rétablir une meilleure prédictibilité du PIB il propose de déduire la financiarisation pour arriver au PIB final – FGDP. L’intérêt de ces analyses, tout comme celui des analyses qui différencient économie réelle et économie spéculative au sein du marginalisme – et du PIB –, tient au fait quelles sont schizoïdes. En effet dans le cadre de ce paradigme, la distinction est ontologiquement et méthodologiquement impossible tout comme celle différenciant le profit, l’intérêt classique et l’intérêt spéculatif. D’où Jacob Assa prend-il ces présuppositions sans donner ses références ? Mystère. Il note en rappelant l’évolution historique : « As discussed in the previous chapter ( and explained in detail in Christopher, 2011), the interest-based part of financial income has gone from being accounted for as non-productive ( prior to 1953 ), to implicitly productive ( between 1953 and 1993 ) to finally an explicitly productive activity in 1993.» p 73 Il insiste à juste titre sur l’aspect narratif et politique de ces choix comptables. Cependant, quand il affirme contre les manuels dominants  : « … fiat money is not really « produced » in the way other goods and services are » (p 46) pour conclure : « In other words, the «output » of finance should be deduced, not merely excluded, from GDP as it is the ultimate and ubiquitous intermediate input (albeit an intermediate cost rather than an input for intermediate consumption) to all industries producing a use-value output of either goods or services » (52) il démontre son ignorance de la genèse de la difference entre credit – public ou privé – et monnaie, donc également des masses salariales, réelle et sociale. A la fin son FGDP ne vaut guère mieux que le GDP étant tout deux des créatures marginalistes falsifiées et ses mises en cause du secteur financier FIRE n’a au mieux qu’une allure de plausibilité. Mais les problèmes deviennent si lourds que les cercles dirigeants commencent à s’inquiéter, voir par ex. WORLD ECONOMIC FORUM, « Is growth in the financial sector good for the economy? » https://www.weforum.org/agenda/2015/07/is-growth-in-the-financial-sector-good-for-the-economy

Comme toutes les activités économiques les banques et le secteur financier ont leur fonction de production spécifique et produisent de la plus-value. Ils doivent donc être inclus dans les statistiques scientifiques. Les problèmes relèvent de leur fonction et de leur gestion, c-à-d, soit en aveugle avec le MPC soit scientifiquement. Pour gérer les agrégats des masses salariales il faut savoir ce qu’est la monnaie. Pour gérer le crédit il faut savoir quelle fonction il joue et en déduire ses perversions lorsque le crédit est privé. De fait, lorsque le crédit spéculatif est légalement hégémonique, c’est uniquement en usurpant le rôle du profit – alors qu’il ne repose que sur un intérêt spéculatif. Ceci implique qu’il détermine toute la structure des prix relatifs par sa plus haute mais factice productivité, phagocytant ainsi l’économie réelle. Avec le crédit public et sa contribution concrète à l’anticipation de la croissance par l’investissement public, une telle déduction du PIB n’aurait aucun sens. Ceci est aisément vérifiable en France avant la privatisation de la Banque de France en 1973, ou en Italie avant la même dérive en 1981-83.

2 ) Je renvoie ici à mon Tous ensemble, ainsi qu’à mon ébauche Hi-han : les âneries visuelles hallucinatoires des économistes bourgeois tous deux disponibles dans la Section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com. Pour un résumer voir « La pseudo-science économique bourgeoise = voilà pourquoi nous devrions changer de paradigme économique », http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/

3 ) « Adam Smith disait que les capitalistes déjà payés comme managers etc., « aimaient moissonner là où ils n’avaient jamais semé » (p 47, ed. Sutherland, 1993); Smith, en risquant une ébauche de la théorie du risque (pour l’investisseur) se souvient vaguement de Pascal et compare le jeu à une loterie qui serait parfaite si les vainqueurs récoltaient toutes les mises des perdants (p 102 ) ; mais il ajoute aussitôt que de tels jeux ressemblent à de la prostitution (p 103), l’idéal étant le respect du droit naturel des philosophes (p 392), c’est-à-dire le respect de la plus parfaite justice, de la plus parfaite liberté, et de la plus parfaite égalité (p 286), respect seul capable d’assurer la plus grande prospérité des trois classes en présence – et par extension de leurs trois formes de revenus : salaire, profit et rente foncière. », citation tirée de mon Hi-han, les âneries visuelles hallucinatoires des économistes des bourgeois. Cette ébauche est librement accessible dans la section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com.

4 ) Voir à ce sujet l’article « Pouvoir d’achat, niveau de vie, temps de travail socialement nécessaire et « revenu global net » des ménages », http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018/

5 ) Pour un résumé de l’œuvre de John Galbraith voir la Note 15 sur John Galbraith dans mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance, 2005, librement accessible dans la Section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com

6 ) Voir « Le socialisme marginaliste ou comment s’enchaîner soi-même dans la caverne capitaliste », https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#socialismemarginaliste . Comme je l’ai expliqué Oscar Lange est à l’origine de cette dérive mais au moins il était bien intentionné. Ce ne fut pas le cas de Khroutchev et de Liberman ni des autres révisionnismes qui suivirent. C’est à ce soi-disant socialisme marginaliste que sont dus les ratés et les retards de la planification soviétique après la mort de Staline qui, pour sa part, avait transformé l’URSS de pays sous-développé en superpuissance capable de défaire, seule, la machine industrielle-militaire allemande en seulement deux Plans quinquennaux.

7 ) Pour comprendre comment la compétition imposée légalement par le régime de propriété capitaliste agit comme médiation sociale pour l’expression de la valeur d’échange qui sous-tend toujours l’expression prix, on se reportera au chapitre pertinent, le dernier, de mon Précis d’économie politique marxiste, librement disponible dans la Section Livres-Books mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com . En résumé, les Equations de la RS-RE ou demande sociale surdéterminent toujours les prix, exactement comme le « jeune » Marx le note déjà dans ses Manuscrits parisiens de 1844.

8 ) Les plus hauts cercles dirigeants de la bourgeoisie étaient obnubilés par l’œuvre théorique de Marx, puissamment relayée par l’Internationale. On sait, par exemple, qu’en lisant le Livre I du Capital, Max Weber fut tellement secoué dans ses convictions de classe qu’il en fit une très forte dépression. On lui conseilla un voyage en Italie d’où il revient « rétabli » par son accointance avec le nietzschéisme. Dès lors, il était près à pondre sa sociologie en remplaçant les classes sociales par les groupes sociaux. Mais c’est Böhm-Bawerk qui tient la palme de la falsification … du moins jusqu’à ma remise à l’endroit des choses. Lorsque le Livre III du Capital fut publié par le renégat juif-allemand Kautsky avec l’aide de Bernstein etc., des jeunes choisis par un vieil Engels trop confiant et souffrant d’une vue déclinante, Böhm-Bawerk savait qu’il pouvait commencer sa carrière de falsificateur public en prétendant que les schémas en prix de production du Livre III contredisaient ceux de la loi de la valeur marxiste du Livre I. J’ai montré depuis très longtemps, la première fois en public dans mon Tous ensemble 1998, que tout cet argumentaire n’est qu’une vaste fumisterie maçonnique autrichienne et des cercles alliés et j’ai rétabli, en le résolvant, le raisonnement de Marx. L’enjeu de cette falsification imposée par la sélection universitaire et sociale était de faire passer Karl Marx, qui est avec I. Kant un des plus grands logiciens de toute l’Histoire de l’Humanité, pour un idéologue coupable d’illogisme puérile – la supposée contradiction entre les prix de production et les valeurs d’échange. En re-formalisant ainsi le problème, on éliminait par association la dualité scientifique de toute marchandise – valeur d’usage et valeur d’échange. Ainsi par un biais cognitif connu, il était dès lors possible de poser l’alternative marginaliste, l’utilité subjective et univoque, comme l’alternative authentiquement scientifique. Cette monstruosité intellectuelle ne s’imposa pas immédiatement sauf dans l’Autriche impériale et celle encore plus philosémite nietzschéenne de la République autrichienne, du Traité de Versailles jusqu’à l’Anschluss. Ces loges délétères contaminèrent tant la Red Vienna des renégats contre qui lutta Rosa Luxembourg – voir http://rivincitasociale.altervista.org/unaltra-ineptitudine-sui-circuiti-del-capitale-marx-sulla-realizzazione-secondo-g-dumenil-d-levy-dic-22-2019-27-gennaio-2020/ – que la Black Vienna. De fait, pour leur triomphe, aujourd’hui partout démontré catastrophique, les néolibéraux monétaristes, jusqu’ici parqués dans la Chicago University et dans la Société du Mont Pèlerin, durent attendre, le lent discrédit du keynésianisme. Il fut produit entre autre par l’œuvre de sape du Gatt contre l’action du Multiplicateur interne, et l’arrivée au pouvoir des néocons, avec Reagan et la clique philosémite nietzschéenne de la FED, à commencer par Volcker. Ceci se fit à la suite de la répétition générale de cette régression anti-civilisationnelle sans précédent dans le Chili de Pinochet-Kissinger, une décade plus tôt.

Bortkiewics et Tougan-Baranosvky, étaient parfaitement conscients du problème ex ante/ex post des théories bourgeoises et apparemment convaincus par les critiques de Böhm-Bawerk – les Livres II et III du Capital publiés par des renégats n’aidaient pas à clarifier les choses – tentèrent de résoudre la supposée contradiction entre prix de production et valeur d’échange. Ils proposèrent une ridicule solution de résolution simultanée faisant appel aux équations quadratiques. J’ai montré que ceci revenait à remplacer le problème de Marx par un faux problème reformulé pour avoir autant d’équations que d’inconnues. C’est le pire exemple de substitution d’un Modèle à la Réalité. (voir mon Tous ensemble)

9 ) Pour la dégradation du système de santé que la crise sanitaire liée au Covid-19 a mis sous les yeux de tous voir « Sanità tra tagli e corruzione : una vittima eccellente del federalismo fiscale » in http://rivincitasociale.altervista.org/la-sanita-tra-tagli-e-corruzione-una-vittima-eccellente-del-federalismo-fiscale/ . Voir également les textes pertinents dans la Categoria « Textes en français »

10 ) Pour une défense des services publics offerts par des entreprises publiques voir la chapitre pertinent de mon Tous ensemble. On y trouve également la critique des « modèles » californien et british-colombien. Aujourd’hui tout le monde constate que la dérèglementation et la privatisation mènent à restructurer les services, désormais payants pour la plupart, au profit des zones géographiques-économiques plus prospères et des couches sociales les moins défavorisées. Les accidents se multiplient. Par exemple, alors que nous parlions de médecine préventive il y a quelques années, aujourd’hui le soucis des gouvernements est d’assurer une « médecine défensive » protégeant les soignants contre les résultats de la mal-practice structurellement engendrée par les coupures budgétaires. Avec la crise du Covid-19, cette logique tendant crapuleusement vers l’eugénisme et l’euthanasie active – contre le vœux des patients – pris la forme, entre autres horreurs civilisationnelles, du triage. Il semble que les séniors de 75 ans aient désormais peur de se rendre à l’hôpital ! Est-il possible que les citoyens se retrouvent ainsi après la Seconde Guerre mondiale dans les mains de criminels philo-sémites nietzschéens honteux comme Ludwig Mises et les siens ? – voir la Note 11 de mon texte cité à la note 9 ci-dessus.

11 ) Capitalism in America: How a Dismal Decimal is Robbing Americans Blind, by Jon Hellevig for The Saker Blog in http://thesaker.is/capitalism-in-america-how-a-dismal-decimal-is-robbing-americans-blind/

12 ) Voir A) Secteur financier https://fr.wikipedia.org/wiki/Secteur_financier

« Définition selon la nomenclature NACE-rev[modifier | modifier le code]

Selon la nomenclature NACE-rev, les acteurs du secteur financier sont ceux qui appartiennent à l’une des catégories suivantes :

catégorie 64 – Activités des services financiers, hors assurance et caisses de retraite ; Il s’agit par exemple des banques de particuliers, des banques commerciales, des banques d’investissement et de marché, des activités de gestion d’actifs, d’activités de recherche / brokerage dans le secteur et de nombreux services financiers spécialisés

catégorie 65 – Assurances (assurance/ réassurance)

catégorie 66 – Activités auxiliaires de services financiers et d’assurance.

Poids dans l’économie[modifier | modifier le code]

Selon Fortune, le secteur bancaire représente 12,9% de l’économie mondiale. Les vingt plus grosses banques du secteur ont engrangé 171 milliards $ de profit entre 2003 et 2012[1] : à chiffre d’affaires équivalent, elles sont donc en moyenne deux fois plus rentables que les entreprises du secteur primaire. »

B ) Finance https://fr.wikipedia.org/wiki/Finance

Selon l’Afic, les entreprises soutenues par le capital-investissement représentent 1,5 million de salariés en France en 200627.

Georges Pauget précise que le secteur financier représente 1 million de collaborateurs en France28, dont 40 % pour le seul secteur bancaire29. Fin 2011, les sociétés d’assurances avaient investi 925 milliards d’euros dans les entreprises, soit 54 % de leurs actifs30.

Outre l’immobilier, les Français auraient 3 600 milliards d’euros de placements financiers dans leur patrimoine en 2011, dont 39 % sur des comptes d’assurance-vie31. »

13 ) Notons l’influence de Léon Walras sur J.P. Sartre qui explique plusieurs de ses incompréhensions de compagnon de route du marxisme, notamment dans L’Etre et le Néant. S’inspirant du théoricien français pontifiant à Lausanne, il considère que le communisme dépend de la prospérité donc de la fin de la rareté. De manière évidente, il n’eut pas accès à la première édition des Eléments dans les mains qui note en bas de page que la rareté est une production sociale. L’historien Ranke corrige à sa façon en disant que « chaque époque est potentiellement aussi proche di dieu », ce que, en bons marxistes, les bolchéviques et Mao Zedong prouvèrent magistralement à leur manière. Ce dernier héritant d’un pays pauvre mais très peuplé démontra comment la planification républicaine et égalitaire pouvait faire la différence tant pour l’allongement de la moyenne de vie que pour la hausse du standard de vie matérielle et culturelle. Avec des premiers développements de démocratie socialiste – centralisme démocratique, conseils d’usine et de village, communes, dazibao etc … Le socialisme et le communisme sont affaire de redistribution sociale plutôt que fonction d’un concept de prospérité non-défini. En outre, comme je l’avais noté dans mon Introduction méthodologique, le raisonnement idéaliste dialectique de Sartre repose sur son évacuation du Chaos dans son dualisme Etre et Néant. Pour un exposé de la dialectique marxiste ou matérialisme historique, voir mon Introduction méthodologique.

14 ) Je renvoie ici à l’Introduction et à l’Appendice de mon Livre III librement accessible dans la section Livres-Books de mon vieux site jurassique www.la-commune-paraclet.com .

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