Commenti disabilitati su Commentaire rapide = Budgets impossibles et politiques d’austérité européennes aggravées au nom d’une confuse « compétitivité », 15 sept. 2023.

Voir « Budget 2024 : la Banque de France prône « plus d’engagement et de crédibilité »

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis l’accent sur la nécessité pour la France de respecter ses engagements budgétaires, à travers la loi pluriannuelle de programmation des finances publiques et le projet de loi de finances 2024. Jeudi, la Banque centrale européenne a relevé encore une fois son taux d’intérêt de référence, à son plus haut historique, un mouvement visant à lutter contre l’inflation, mais qui alourdit le coût de la dette pour la France.

latribune.fr ,  15 Sept 2023, 10:08 , https://www.latribune.fr/economie/france/budget-2024-la-banque-de-france-prone-plus-d-engagement-et-de-credibilite-976283.html

Commentaire rapide :

Pour l’instant, vu les problèmes socio-économiques qui s’amoncèlent, le gouvernement ne prévoit que «16 milliards d’euros » de coupures, dont :

« La charge de –la dette -estimée à 38,6 milliards pour 2023, devrait atteindre 48,1 milliards l’an prochain – soit l’équivalent du budget prévu pour la défense – et jusqu’à 74,4 milliards en 2027.»

« (Le gouvernement ) ambitionne de réduire l’endettement du pays de 111,8% du PIB en 2022 à 108,1% en 2027. Le déficit public devrait passer de 4,8% du PIB en 2022 à 4,4% en 2024 puis 2,7% à la fin du quinquennat, sous l’objectif européen des 3%.

« Cette accélération du désendettement est fondamentale au moment où tous nos partenaires européens sont engagés dans cette voie », a souligné Bruno Le Maire, alors que l’inflation devrait reculer à 2,6% l’an prochain contre 4,9% en 2023, selon l’exécutif.»

«Le gouvernement compte réaliser 16 milliards d’euros d’économies l’an prochain, dont l’essentiel (10 milliards) proviendra de la suppression progressive du bouclier tarifaire pour l’électricité, qui a permis de contenir les factures.

S’y ajouteront les réductions des aides aux entreprises (4,5 milliards) et à la politique de l’emploi (1 milliard) ainsi que 700 millions issus de la réforme de l’assurance-chômage. D’autres économies déjà évoquées, comme la suppression du dispositif Pinel d’aide à la construction neuve (2 milliards), le resserrement du prêt à taux zéro (PTS, 900 millions) ou la réforme des retraites, produiront leurs pleins effets ultérieurement.«

«La CVAE, un impôt de production pesant sur les entreprises, sera supprimée à hauteur de 1 milliard l’an prochain. Les ménages verront le barème d’imposition sur le revenu rehaussé de 4,8%, mais ils devront attendre 2025 pour voir se concrétiser la promesse d’une réduction d’impôts de 2 milliards.»

Conclusion anticipée : L’austérité continue de plus belle en manipulant les effets soutenus de « l’inflation » contre les services sociaux, le logement social et les infrastructures publiques. Remarquons que la méthode des budgets pluriannuels, mise en place dans le cadre du Semestre européen, est immuable ; pour justifier la poursuite et l’intensification des mesures d’austérité on prétend que la première année exige des sacrifices importants pour revenir à l’« équilibre », la seconde année ouvrant alors sur un rétablissement budgétaire de sorte que la troisième année tout baignera dans l’huile. Tous les ans c’est immuablement la même chanson. Ceci continue malgré le fait que le Traité de Maastricht et le Fiscal Compact soient de facto devenus nuls et non avenus du fait de la gestion totalitaire de la crise sanitaire. Le Fiscal compact a été suspendu jusqu’au 1er janvier 2024, après quoi il est supposé s’appliquer de nouveau, ce qui est parfaitement irréaliste du fait de l’endettement accru, particulièrement celui dû à la gestion du Covid-19 et à la hausse des taux d’intérêt. Or, aucun accord nouveau n’est intervenu. Ceci aurait dû militer pour le retour à une gestion rationnelle et contre-cyclique de la politique budgétaire qui favoriserait l’économie réelle et l’emploi.

On le voit, les jeunes de la NUPES ont parfaitement raison, l’union programmatique et électorale de la gauche authentique et de toutes les forces progressistes est plus nécessaire et urgente que jamais, la prochaine alternance présidentielle et législative ne pouvant en aucun cas être gâchée par des calculs égoïstes empêchant la création d’un momentum politique et électoral. D’autant plus qu’un programme commun de rupture a déjà été signé et qu’une victoire de la gauche ouvrirait la voie à une Assemblée constituante, qui permettra alors à toutes et tous de faire valoir leurs vues sans nuire au rétablissement de la République sociale avancée. Les jeunes ont lancé un appel à leurs congénères communistes à les rejoindre. (Voir : « Conférence de presse des Jeunes de la NUPES », https://www.youtube.com/watch?v=oLNe9x5DH7A) L’union de la gauches et de toutes les forces progressistes est urgente puisque la présidence et le gouvernement ont d’ores et déjà annoncé vouloir passer en force avec d’autres 49.3, ce qui se soldera très certainement par des motions de censure … La gauche doit donc être prête. Une fois la phase de la Constituante achevée, il sera grand temps pour réaffirmer les différences des uns et des autres. Clairement la bisbille permanente parmi la NUPES ne peut plus continuer bien longtemps car cela va produire la réaction inverse dans l’opinion publique qui conclue déjà que la « gauche » est incapable de se réunir. Pourtant, même dans le cadre d’élections à la proportionnelle, comme cela sera le cas aux européennes, l’union produirait de meilleurs résultats en pourcentage obtenus et ceci sur l’ensemble du territoire. Bien que l’union soit préférable, à défaut de resserrer les rangs pour les échéances électorales intermédiaires, il faudrait au moins réaffirmer solennellement, dans le cadre d’une session spéciale extraordinaire de la NUPES, l’union pour les prochaines présidentielles et législatives sur la base du programme commun déjà signé, en désignant M Mélenchon, sans qui la NUPES n’existerait pas, comme l’unique candidat premier ministre ou président, le cas échéant, au cas où le gouvernement tomberait avant les prochaines deux années. On assurerait ainsi la rupture et le rétablissement des paramètres républicains et sociaux, tout en lançant l’Assemblée constituante. Cette transition accomplie, les partis et mouvements décideront comment procéder pour les échéances électorales suivantes.

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Revenons à la politique budgétaire. 10 milliards d’euros proviendront donc du bouclier tarifaire, ce qui n’est pas vraiment dans les cartes puisque l’OPEP+ a prorogé sa baisse de production alors que les champs pétrolifères américains existants et nouveaux sont moins productifs et que les âneries Giec entraînent des investissements plus coûteux et en baisse. De fait, les Français ont eu droit à une augmentation de 10 % en août dernier, le gouvernement prévoyant une augmentation supplémentaire de 10 % « seulement » jusqu’en 2024. Ajoutons que la réserve stratégique US est quasi vide – il en resterait près de 16 %. Or, les âneries du Giec et autres climatologues idéologiques ont empêché la construction des pipelines provenant du Nord du 49ème parallèle. En outre, la Chine – Huawei – a déjà développé son micro-chip à 5 nanomètres pour son Huawei Mate 60+ pro – ce qui lui ouvre tout l’espace global pour la 5G, notamment au sein des Brics+, alors que la classe ouvrière occidentale ne peut plus être précarisée puisque la déflation salariale est arrivée à ses limites avec l’inflation. (Voir la grève dans le secteur automobile américain, l’UAW veut plus de 40 % d’augmentation salariale avec l’échelle mobile – Clause Cola –  mais aussi une stabilisation « classique » des fonds de pension et la fin des Tiers – i.e., du travail précaire – vu le massacre prévisible du fait de la généralisation des VE et de l’introduction des robots et de l’IA  – les VE ont 20 pièces mouvantes au lieu de 2000 pour le thermique. Le secteur automobile ne sera pas seul touché puisqu’il reste un des principaux secteurs intermédiaires entraînants. Dans tous les cas de figures sans RTT pas d’avenir possible sauf la société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage. Voir : « How Many Moving Parts Do Electric Cars Use? ICE/EV Compared », Erwin Meyer, July 8, 2023, https://www.evspeedy.com/ev-moving-parts/. Tout ceci alors qu’il semblerait que seulement 1.1% du CO2 soit d’origine fossile. Voir : http://rivincitasociale.altervista.org/1-1-de-carbone-anthropique-13c-le-giec-doit-fermer-boutique-ou-rendre-compte-9-aout-2023/ ).

Dans ce cadre fortement détérioré par les politiques néolibérales marginalistes, l’UE redouble la mise. Elle se prépare à envahir définitivement toutes les compétences exclusives nationales, partant tous les leviers budgétaires des Etats membres via la démagogie tirolienne sur la « compétitivité » confuse à dessein avec la productivité micro-économique, la macro-économie d’existant plus. Cette confusion va représenter le clou final dans le cercueil du néolibéralisme européen et occidental à moins que la gauche sache s’en saisir. Cette invasion initiée avec le programme SURE et le Recovery Fund en instrumentalisant la crise sanitaire, sera rendue permanente. La marche forcée vers le fédéralisme a-national va donc s’accélérer et ceci malgré l’incroyable gâchis des plans de relance fiscale selon le FMI lui-même. (1)  

En effet, le marginalisme n’a jamais su intégrer la micro-économie et la macro-économie. Au mieux, après le dérisoire « marché des marchés » de Walras (2) nous avons eu Keynes dont le Multiplicateur est une pâle version des Equations de la Reproduction Simple et Élargie de Marx. Avec Tirole, le domestique nobélisé des firmes transnationales,  donc du capital apatride, nous avons la microéconomie sans aucune considération macroéconomique assumée comme telle. Ceci est logique de son point de vue puisque la macro-économie renvoie aux outils économiques régaliens et publics. Sauf que logiquement parlant, cette mutilation théorique-pratique n’est pas logiquement possible. Mais Tirole c’est aussi le mathématicien aux mesures quantitatives comportementales élastiques, celui qui, à date, présenta 4 grandes idées pour 4 grandes catastrophes, à savoir la dérèglementation bancaire menant à la crise des subprimes, le contrat unique menant au Jobs Act italien et à la Loi travail, la concurrence imparfaite sans Baby-Bells mais uniquement régulée par les transnationales elles-mêmes selon l’hégémonie de la « gouvernance globale privée », et la réforme des retraites avec le rapport Tirole-Blanchard de 2021 qui informa la politique du Prés. Macron. Il semble qu’il s’intéresse également à la transition verte, c-à-d., aux Green Bonds nécessaires à l’accumulation continue de la finance spéculative globale sous contrôle impérial…   

Ainsi on va avoir un Recovery Fund élargi qui, en réalité, n’est qu’une dette supplémentaire contractée par la Commission européenne. Cette dette devra être repayée entre 2027 et 2058 soit par l’élargissement du champs fiscal européen pour renforcer le budget de l’UE, soit par l’augmentation des contributions des Etats membres ou les deux. On sait que l’augmentation des taux d’intérêt fait léviter ce financement contracté sur les marchés financiers spéculatifs globaux. On passerait des 14.9 milliards d’euros prévus à 34 milliards pour la période 2021-2026 sinon plus si les intérêts continuent à grimper. (3) Et ceci dans le cadre théorique dominé par la « gouvernance globale privée » des transnationales et de leurs Grands prêtres à la Tirole.

Cependant, la vraie compétitivité macro-économique dépend de la vitalité des services sociaux publics et des infrastructures publiques qui entrent dans les coûts de production des entreprises formant ainsi le socle sur lequel se développe la productivité microéconomique. Or, l’Etat, qui se pense comme un Etat minimum du point de vue social et des dépenses publiques, n’a de cesse de détruire les trois composants du « revenu global net » des ménages qui financent le salaire individuel, donc une grande partie de la demande interne, le salaire différé donc la Sécurité Sociale et les impôts et les taxes, donc les infrastructures publiques. Pour compenser les entreprises pour la hausse résultante de leur coûts de production, on supprime les services sociaux publics  – l’exonération de cotisations patronales vaut déjà près de 100 milliards d’euros en France, à quoi s’ajoutent selon les calculs de la CGT plus 100 milliards d’aides diverses. Autrement dit la fausse « compétitivité » des entreprises, en fait leur productivité micro-économique, s’établit sur la base de la déflation salariale et de la destruction de l’Etat, qui ne se spécialise plus que dans les Appareils d’Etat servant à la répression, au rang desquels la Justice de classe, l’Armée – budget de 2 % minimum de PIB désormais – et la police, le tout mis au services des transnationales apatrides.

Noter que dans Tous ensemble j’avais proposé des ratios Cooke nationaux pour la BCE, ce qui aurait permis de protéger les Etats membres contre le centralisme imposé silencieusement par les priorités économiques et les taux d’intérêt uniques calculés en fonction du poids du Centre sans égard pour la correction des disparités régionales. La fatalité statistique joue ici à plein alors que les Etats, désormais épigones de la dérèglementation et de la privatisation à tout-va, ne savent plus rien des mesures qui sont nécessaires pour faire face au creusement des inégalités régionales et à la pauvreté croissante. Peu de temps après la publication de mon livre, la référence aux ratios Cooke fut remplacée par celle aux ratios McDonough, selon la typique méthode d’occultation de caste et de classe. On a préféré Mundell et son Triangle.

Or, le Triangle de Mundell dit qu’aucune monnaie unique ne peut être viable sans trois pôles garantis simultanément, soit le pôle économique – marché unique, harmonisation etc. -, le pole monétaire – l’euro géré par la BCE – et le pôle politique – le budget, la fiscalité et les autres leviers économiques. Le pôle politique n’existait pas lors de la création de l’euro et de la BCE ; la tentative d’imposer une « constitution » européenne fut mise en échec en 2005, le TFUE n’étant qu’un traitée ordinaire. Mais comme le triangle défectueux devait fatalement mener à la crise, la fuite en avant fédéraliste était inscrite dans la logique mise en place. Du moins côté européen, les USA n’ayant pas vu d’un bon œil la création d’une prometteuse monnaie de réserve alternative au dollar US. (4) Ils comptaient sur l’échec rapide de l’euro.

La dérive fédéraliste inscrite dans le Triangle de Mundell pris d’abord la forme du Fiscal compact – réduction-étranglement budgétaire et économique de 1/20 par an de la dette au-dessus de 60 % du PIB, une discipline budgétaire bien plus autoritaire que le 3 % du Traité de Maastricht. Notons, qu’aujourd’hui ni les critères du Fiscal compact ni ceux du Traité de Maastricht ne peuvent plus être respectés dans les paramètres actuels – équilibre budgétaire annuel et destruction de la macro-économie d’Etat. Qu’à cela ne tienne, malgré l’absence d’accord sur la modification du Fiscal Compact, ce dernier recommencera à s’appliquer dès le 1er janvier 2024 (5). De fait, tous les Etats membres font mine de vouloir le respecter puisqu’ils comptent sur cette charade pseudo-légale pour justifier sinon le respect chiffré du Compact, chose impossible aujourd’hui, en toute cas pour légitimer les plans d’austérité continus nécessaires pour en respecter l’esprit et le « sentier de consolidation budgétaire », à savoir les coupures linéaires dans les dépenses sociales et régaliennes de l’Etat.  

Répétons que dans les faits tant le traité de Maastricht que le Fiscal compact sont désormais nuls et non avenus, étant violés par tous les Etats membres, y compris par l’Allemagne, même en ne tenant pas compte pour cette dernière des critères comptables imaginatifs utilisés pour sortir une partie de la dette récente des statistiques de la dette selon Maastricht, ce que même la Cour des comptes allemande fit dernièrement remarquer. Il faut donc reprendre le contrôle économique national, donc le contrôle les leviers macro-économiques, en particulier ceux qui concernent les services sociaux et les infrastructures. Ceci concerne, en particulier, le « salaire différé » et la zone impôts et taxes sur la fiche de paie plus la TVA pesant sur les consommateurs, en sachant que la déflation salariale étant arrivée à son terme, seul le retour de la compétitivité macro-économique sera susceptible de rétablir la productivité micro-économique des entreprises.

En ce qui concerne l’énergie, l’UE applique ces temps-ci un prix administratif qui n’est pas dirigé contre usure – comme au temps de Th. D’Aquin – mais, au contraire, en sa faveur s’agissant du capital financier spéculatif hégémonique. C’est le marché unique de l’électricité et de l’énergie – les ruineuses sanctions contre la Russie d’une part et l’impossible plafond au prix d’importation.

Certains en France on fait remarquer à juste titre les performances économiques de l’Espagne. Ce pays assura sa croissance grâce à une vertueuse RTT tendancielle et incrémentale et à la suspension du pays du marché unique européen pour l’électricité, en sachant que le pays était moins dépendant de la Russie du point de vue énergétique. Ceci explique qu’il eût moins à souffrir des sanctions impériales doublées par la nécessité d’importer du gaz liquéfié américain plus polluant et près de 4 fois plus cher. L’« inflation » fut donc contenue du moins jusqu’ici en Espagne. Or, le marché unique n’est pas un traité, les pays peuvent donc émuler l’Espagne et le Portugal. S’ils ne le font pas c’est tout simplement par choix politique; en effet, l’« inflation » est maintenue artificiellement car elle permet d’obtenir silencieusement la déflation salariale tout en permettant aux gouvernements de faire du boniment avec les boucliers fiscaux et les aides aux ménages.

J’ai depuis des années fait remarquer que les importants prélèvements fiscaux sur les produits pétroliers en Europe résultèrent de manœuvres défensives visant à contrer la politique du recyclage des pétrodollars mise en place par Kissinger au lendemain de la guerre d’octobre 1973 au Moyen-Orient. Cette guerre mena l’OPEP à sanctionner l’appui unilatéral à Israël, ce qui mena à la multiplication du prix du pétrole par 4 et plus. De cette manière, Kissinger mettait en place un nouveau système monétaire mondial qui confortait le rôle de principale devise de réserve mondiale du dollar US après la suspension de sa convertibilité en Or, le 15 août 1971 – la surtaxe de Connolly–Nixon et la fin de la convertibilité. Ceci signala la fin du Régime de Breton Wood, fin qui sera actée légalement au Sommet de la Jamaïque en 1976. L’Europe jouissait alors qu’une plus grande productivité micro-économique – moteurs à 4 cylindres mais surtout services sociaux et infrastructures publics, donc mutualisés et coûtant par conséquent près de deux fois moins cher, la macro-économie d’Etat protégeant et augmentant ainsi la compétitivité macro-économique de la Formation sociale – incarnée par le taux de change et les balances externes – et la productivité micro-économique des entreprises. Par exemple les retraites et les soins de santé privés coûtent deux fois plus cher que les régimes publics pesant ainsi sur les coûts de production. Cette protection macro-économique dura, du moins tant que l’Uruguay Round ne fit ses dégâts en complétant le démantèlement des tarifs du GATT, tendance aggravée ensuite par la généralisation des traités de libre-échange, étendus aux services, et la volonté de détruire la macro-économie régalienne et publique au nom de l’Etat minimum reaganien.

Or, en ce qui concerne l’énergie ceci n’est plus le cas, les paramètres de base ont changé. Les prélèvements sur les produits pétroliers alimentent désormais un budget d’Etat qui sert surtout à alimenter les exonérations et les aides aux entreprises, dans le cadre de l’Etat minimum néolibéral, de sa public policy et de ses gigantesques dépenses fiscales. C’est devenu un racket permanent en faveur du capital et des ménages les plus riches. Il faut réorganiser tout cela.

Il faudrait donc, au minimum, sortir du marché unique de l’électricité et supprimer de manière permanente la moitié des prélèvements sur les produits pétroliers pour les entreprises et les ménages en récupérant la même somme sur les aides et les tax expenditures qui ne servent plus à rien, le contexte ayant changé par rapport au moment où elle furent accordées. Ainsi la France récupérait structurellement près de 20 % de productivité micro-économique ce qui permettrait de rétablir les balances extérieures mais aussi les trois composantes du « revenu global net » des ménages, soit le salaire individuel, le salaire différé finançant les services sociaux et les taxes et impôts nécessaires pour financer les infrastructures publiques et les domaines régaliens. En outre, il faudrait accélérer sur le nucléaire en revenant aux projets Phénix et Astrid tout en mettant en place une coopération renforcée avec la Russie et la Chine sur les centrales à sels fondus. (voir :  « Americans CAN’T Believe What China Built Now! », https://www.youtube.com/watch?v=5nyqNaRRvGM&t=452s )

Certains au sein de la NUPES sont irrationnellement contraires au nucléaire. C’est légitime. La NUPES doit bien entendu s’en tenir à son programme, dont la Règle Verte, pour assurer l’alternance gouvernementale et je ne doute pas que, quelque soit la transition mise en place après l’accession au pouvoir, la NUPES veillera à ne pas nuire aux intérêts supérieurs du pays, donc des travailleuses et des travailleurs ainsi que des citoyen.ne.s en général. Nous avons ici un exemple parfait de la manière de procéder démocratiquement : le programme signé s’applique ; une fois la gauche élue, elle aura le loisir d’organiser sereinement de vrais débats nationaux approfondis sur les sujets qui fâchent comme le rôle du nucléaire dans la transition environnementale. Elle le fera alors de manière scientifique, en s’assurant que toutes et tous aient droit au chapitre et que toute l’information soit divulguée sans censure – genre, celle du Giec – de sorte que les citoyen.ne.s puissent finalement décider par eux-mêmes en toute conscience de cause. Comme on le voit, pour l’instant, ce sont les jeunes de la NUPES qui ont raison, il faut resserrer les liens sur la base du programme déjà signé. Ensuite les processus de décision démocratiques, y compris pour la planification nationale et la transition environnementale, seront rétablis en priorité. 

L’essentiel aujourd’hui c’est de ne pas décevoir le dur désir d’union à gauche et d’alimenter le momentum pour l’alternance qui rendra tout le reste possible dans le respect de chacun. Il en va de l’avenir de la France, mais également de l’Europe et du nouvel ordre mondial multilatéral à consolider.  

Paul De Marco

NB : L’agression américaine contre la Fédération de Russie ne date pas d’hier. Elle débuta avec l’offensive impérialiste en Europe immédiatement après la chute du Bloc de l’Est et le démembrement interne de l’URSS causé par la surreprésentation et la fausse représentation dans le Parti et l’Appareil d’Etat depuis Liberman-Khrouchtchev (v. :  « Le socialisme marginaliste ou comment s’enchaîner soi-même dans la caverne capitaliste »  dans https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#epi  ) La guerre d’agression contre la Yougoslavie, qui représentait encore un pôle socialiste autonome européen pouvant se défendre, fut vite suivie par la progression de l’Otan vers l’Est malgré les promesses faites à Gorbatchev. La déstabilisation de l’ordre onusien reposant sur la sécurité collective à l’heure de la dissuasion nucléaire était évidente. Cela alla de pair avec une immixtion économique et politique sans précédent – régime change. L’Axe Washington-Tel Aviv revenait en force au dangereux remplacement de la politique de « containment » par une politique de « rolling back » avec, en prime, l’opposition de la « Jeune Europe » à la « Vielle Europe » et à ses velléités résiduelles d’autonomie. S’ajouta rapidement la déclaration de la « Doctrine de la guerre préventive » – illégale – dans le cadre des « chocs de civilisation » théorisés par Samuel Huntington, le même qui, du haut de la Commission Trilatérale, avait théorisé la politique des Strategic Hamlet au Guatemala et au Vietnam et, avec Alan Dershowitz, la légalisation de la torture sous contrôle médical – à l’israélienne, donc – ce qui nous donna entre autres, Guantanamo, Abu Ghraib et les tortures dans les aéroports, dont les aéroports italiens.

Le tout culmina par la « révolution orange » en Ukraine et l’agression armée contre les Ukrainiens de langue russe, et les syndicalistes – meurtre de plus de 40 syndicalistes par les fascistes d’Azov à Odessa – depuis 2014 alors que les Traités de Minsk n’étaient pas respectés – y compris par l’Allemagne et la France, pays signataires; ceci dans le but de gagner du temps pour permettre le réarmement de Kiev, selon les révélations de l’ex-Chancelière Mme Merkel.

La Doctrine de la Guerre préventive ne prévoit pas uniquement la destruction de 66 pays musulmans pour les assujettir au Grand Israël dans un grand Moyen-Orient, mais également la destruction préventive de tous les rivaux militaires et économiques de l’Empire. On met ainsi en place le « retour » global à la société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage tant au niveau interne – Patriot Act et analogues occidentaux – et Guerre préventive plus régime change au niveau international. L’Europe, et au sein de l’Europe, l’Allemagne premier pays exportateur au monde, est donc un rival à soumettre. Ce que explique la tentative, sanguinaire mais déjà faillie, de démembrer la Fédération de Russie à l’instar de ce qui fut accompli dans le cas de l’URSS, tout en ajoutant la construction d’un nouveau Co-Com atlantique et otanesque sous contrôle de l’Empire par le biais des sanctions contre la Russie, l’Iran, la Chine et les autres, par l’extraterritorialité et par la recentralisation de tout le complexe militaro-industriel et technique vers les USA grâce aux fonds publics américains investis dans l’IRA – Inflation Reduction Act – et dans le Science and Chips Act. Typiquement, ce dernier prévoit la destruction de l’industrie des micro-processeurs taïwanais en 5 ans en la relocalisant aux USA. Voir, en utilisant un traducteur online comme www.deepl.com si nécessaire  :  « Dall’Ucraina al precipizio, cantando », 29 gennaio 2023, in http://rivincitasociale.altervista.org/dallucraina-al-precipizio-cantando-29-gennaio-2023/ 

Pendant ce temps le Nouveau Monde Multilatéral s’organise hors de ce pathogène putatif empire : « Un monde multilatéral ouvert sans suzeraineté monétaire, sans ingérence et sans extraterritorialité ; pour des lignes de crédit bilatérales et le crédit public » 7 avril 2022, dans http://rivincitasociale.altervista.org/un-monde-multilateral-ouvert-sans-suzerainete-monetaire-sans-ingerence-et-sans-extraterritorialite-pour-des-lignes-de-credit-bilaterales-et-le-credit-public-7-avril-2022 / 

Notes :

1 ) Sans compter les autres aides, le stimulus fiscal pour l’année 2020, représenta en moyenne 16 % du PIB des pays avancés pour seulement 0.06 de Multiplicateur fiscal !!! Selon le FMI lui-même, on arrosa copieusement les entreprises, mais 66 % du stimulus alla à celles qui n’en avaient pas besoin. Les autres, si elles ont survécu, sont désormais aux prises avec les garanties d’Etat à rembourser. Les banqueroutes s’accélèrent. Oxfam établit rapidement que jamais autant de dividendes n’avaient été versés aux actionnaires avant la crise sanitaire et ces stimuli fiscaux, en France notamment. Voir :  http://rivincitasociale.altervista.org/le-multiplicateur-economique-marginaliste-logique-et-histoire-4-mai-16-juin-2023/ 

En ce qui concerne la dérive fédéraliste et la nécessité, entre autre, d’adopter une clause de retrait européenne – « opting out » – et de démocratiser les instances centrales européennes tout en revenant à la planification stratégique flanquée par le crédit public et les « coopérations renforcées » publiques entre Etats, voir :  « Europe des nations, Europe sociale et Constitution », 14 janvier 2004 dans https://www.la-commune-paraclet.com/EPIFrame1Source1.htm#epi

Pour admirer l’UE emmenée en bateau sur le Britannia, après l’Italie le 2 juin 1992, voir:  « Ue, von der Leyen: “Ho chiesto a Draghi rapporto su competitività” », 13 settembre 2023 | 11.18 , Redazione Adnkronos https://www.adnkronos.com/cronaca/migranti-in-2796-allhotspot-di-lampedusa_3QapzWaqFMFTcGwS6fVqzb Noter que l’incomparable Mario Draghi tout au long de sa carrière détruisit l’Italie, conjointement avec tant d’autres apatrides comme lui. L’Italie lui doit, en particulier, l’explosion de sa dette publique et celle de Target 2, c-à-d., la dette interne à la zone euro, qui dépasse désormais les 600 milliards d’euros. Ce ne sont pas des « jeux d’écriture » mais bien une dette. Von Der Leyen, ne pouvait pas mieux choisir. C’est d’ailleurs dans la ligné spéculative pro-fédéraliste du Rapport des 5 présidents du 1er juillet 2015, voir : https://europaforum.public.lu/fr/actualites/2015/06/comm-rapport-5-presidents/index.html#:~:text=Les%20cinq%20pr%C3%A9sidents%20-%20le%20pr%C3%A9sident%20de%20la,et%20la%20parachever%20en%202025%20au%20plus%20tard .

2 ) Pour un résumé voir : « La pseudo-science économique de la bourgeoisie : voilà pourquoi nous devrions changer rapidement de paradigme économique » dans http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/ 

3 ) « Meanwhile, rates are significantly higher today. », This means that the €14.9 billion will be used up by the summer of 2023, more than four years ahead of the original plan.

“Simulations show that loan servicing costs will reach €34 billion for the period 2021-2026,” revealed the Commissioner for Economy Paolo Gentiloni at a recent meeting of the European Parliament budget committee.» dans « Nine EU Countries Have Still Not Received Any Money From The COVID-19 Recovery Fund », by Tyler Durden,  Thursday, Jul 27, 2023 – 06:30 AM,  Via Remix News, https://www.zerohedge.com/political/nine-eu-countries-have-still-not-received-any-money-covid-19-recovery-fund

Pour la France la situation est paradoxale, plus encore que pour les Fonds structurels pour lesquels les contributions, dans le cadre normal et bien venu de la péréquation européenne, sont plus élevées que les fonds reçus. Pour le Next Generation EU et les programmes annexes comme le Re-Power EU, la France contribue prêt du double de ce quelle reçoit, soit jusqu’en 2027 80 milliards contre 40 milliards. Il est vrai qu’au titre de ces programmes, la France reçoit des aides et non des prêts ; reste que la contribution est à sa charge via le budget européen et éventuellement la contribution supplémentaire permettant le remboursement, surtout si les taux d’intérêts continuent d’augmenter.

Paradoxalement lorsque le Recovery Fund fut lancé le taux d’emprunt international de la France était meilleur que celui de l’UE, ce qui n’était pas le cas, disons, pour l’Italie ! Ajoutons, pour faire bonne mesure, que ces programmes envahissent des compétences exclusives nationales tout en imposant des conditionnalités très fortes, de fait quelques 528 conditionnalités visant la construction de facto d’un espace économique fédéralisé. Et ceci va plus loin que la simple attribution des fonds, à savoir 37 % pour la transition verte – spéculative – et 20 % pour le digital. Or, la dérive fédéraliste ira dans le sens du SURE et du Next Generation EU. Avec la tentative subordonnée d’imiter l’IRA et le Science and Chips Act américains, tentative aggravée par la généralisation aux approvisionnements en matières premières du marché unique pour l’électricité et de l’inapplicable « price cap ». Voir «Paris doit consacrer au moins 37 % de ses dépenses à des politiques allant dans le sens de l’objectif de neutralité climatique de l’UE à l’horizon 2050 et 20 % devront être alloués à la digitalisation de l’économie.» https://www.7experts.com/fr/insights/tout-ce-que-vous-devez-savoir-sur-les-fonds-europeens-next-generation#:~:text=Paris%20doit%20consacrer%20au%20moins%2037%20%25%20de,devront%20%C3%AAtre%20allou%C3%A9s%20%C3%A0%20la%20digitalisation%20de%20l%27%C3%A9conomie .

4 ) Lorsque l’euro fut créé, la BCE était dirigée par M. Duisenberg qui fut exemplaire. Il ne condamna pas le programme de la « gauche plurielle » que l’euro protégeait alors contre toute attaque spéculative spécifiquement lancée contre elle. Le gouverneur aurait sans doute été prêt à utiliser les « circuits brakers » mentionnés dans Tous ensemble. En réalité, les USA avaient alors peu d’outils pour s’attaquer à l’euro. D’ailleurs, la tendance mondiale était à la stabilisation du taux de change des principales monnaies entre-elles. Le dirigeant de la gauche allemande, M Lafontaine, avait d’ailleurs proposé un plan méritoire de stabilisation allant en ce sens. Les USA préférèrent défendre leurs privilèges mais durent néanmoins se mettre d’accord sur la négociation des taux de change de base, tant à Doha qu’à Dubaï comme ceci est mentionné dans mon Livre III Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance – 2005. Avant la généralisation des CDS sur la dette publique, ce qui est une monumentale absurdité puisque le cours légal de la monnaie est garanti par les Etats émetteurs et non pas par les banques privées apatrides, la spéculation globale avait peu de moyens pour faire pression contre les pays membres de l’Eurozone. Tout changea avec cette généralisation. A la suite de la crise des subprimes, certains dirigeants, dont Mme la Chancelière Angela Merkel, comprirent le problème et proposèrent l’interdiction des ventes à nue. La France et l’Italie s’y opposèrent … 

5 ) Sur cette problématique, voir : a ) http://rivincitasociale.altervista.org/rapport-arthuis-2021-vous-avez-aime-thatcher-reagan-vous-aimerez-arthuis-version-italo-ludwig-mises-5-mars-2021/

 et b ) « CREDITO, DEBITO PUBBLICO E TAGLI: Sentiero di consolidamento fiscale e tagli agli enti locali » 10 novembre 2018, in

http://cotroneinforma.org/credito-debito-pubblico-e-tagli ainsi que :

http://rivincitasociale.altervista.org/non-e-piu-il-debito-pubblico-il-problema-ma-la-public-policy-la-sua-fiscalita-regressiva-e-le-sue-tax-expenditures-6-febbraio-2021/ 

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