Commenti disabilitati su Le multiplicateur économique marginaliste: logique et histoire. 4 mai-16 juin 2023

Etude investigatrice préliminaire. L’essentiel se trouve dans l’avant-propos et dans la critique de l’article du FMI.

Introduction

Avant-propos : Equilibre dans la Reproduction Simple et Elargie, équilibre par résolution simultanée, équilibre sur le « marché des marchés ».

Multiplicateur générique et multiplicateur spécifique.

Généralités.

Développement logique.

Le Multiplicateur marginaliste selon les Epoques historiques , les liens intersectoriels, le ciblage.

Quelques étapes dans la création du multiplicateur keynésien :

a ) Prologue : une critique keynésienne de Richard Kahn. Les aveugles conduisant le monde.

b ) La formalisation de Richard Kahn

Critique de l’article de Sept. 2021 du FMI portant sur le multiplicateur fiscal durant le Covid :

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Introduction

Selon l’étude du FMI de Sept. 2021, pour lutter contre la Covid-19, les pays avancés dépensèrent 16% du PIB pour un Multiplicateur fiscal de … 0.06 – confinement, morts évitables avec des génériques, et pauvreté, en prime.

Un euro injecté dans l’économie existante fait tourner x euros contribuant ainsi à la croissance économique, voilà ce que cherche à cerner le Multiplicateur économique. En réalité, c’est un outil marginaliste qui tente subrepticement de tenir compte des Equations de la Reproduction Simple – RS – et de la Reproduction Elargie – RE – marxistes qui assurent l’équilibre stationnaire ou dynamique simultanément en quantités et en prix.

Le Multiplicateur est issu des travaux de Keynes mais il fut par la suite perverti par les néoclassiques, ceux que Joan Robinson appela « les bâtards keynésiens », les Hicks, Samuelson, Solow etc. parce qu’ils reproposaient une « synthèse » marginaliste qui éviscéra l’interventionnisme socio-économique keynésien en réitérant la centralité du libre marché particulièrement sur le marché du travail. Keynes avait conçu un système d’équations interdépendantes comprenant une variable déterminante, le marché du travail maintenu en équilibre par le plein-emploi à plein-temps. Les équations marginalistes – le rôle du libre marché – étaient tolérées pour des raisons idéologiques de classe dans la mesure où leurs « esprits animaux » agissant au niveau microéconomique étaient régulés par l’intervention de l’Etat dans la production et la consommation et par l’intervention du Trésor et de la Banque centrale pour réguler la monnaie et le crédit.

Un tel système calé sur le plein- emploi à temps plein entrainait une croissance plus vertueuse, particulièrement en terme de bien-être social.  On émulait ainsi sans le dire la logique marxiste de la Reproduction Elargie. A l’inverse, le marginalisme, laissé à lui-même est compatible avec un équilibre général infra-social et toujours post hoc, une situation qui devint dangereuse lorsque les prolétariats commencèrent à s’organiser et surtout lorsqu’ils seront influencés par les leçons imparties par la Révolution bolchévique. Le néolibéralisme monétariste avec son désastreux  « multiplicateur fiscal » – voir par ex., FMI sept 2021, multiplicateur fiscal en 2020 de 0,06 .. – porta à son paroxysme cet écart structurel entre accélération de l’accumulation du capital spéculatif et dramatique décroissance du bien-être social allant de pair avec un énorme gaspillage des ressources disponibles.  A ce travers ontologique s’ajoute l’extroversion du multiplicateur depuis le démantèlement du GATT, le libre-échange hémisphérique Aléna, et l’Uruguay Round culminant dans l’OMC et sa délétère définition de l’anti-dumping fondée sur une concurrence globale vers le moins-disant sur la base du seul salaire net individuel et des critères environnementaux minimum. Une taches urgentes de la gauche authentique consistera à rétablir la cohérence de l’appareil productif de sa Formation Sociale nationale en vue d’obtenir l’insertion optimale dans l’Economie Mondiale.   

Avant-propos : Equilibre dans la Reproduction Simple et Elargie, équilibre par résolution simultanée, équilibre sur le « marché des marchés »

Equilibre dans la Reproduction Simple et Elargie

Un système économique quel qu’il soit impose sa reproduction dynamique sur la base d’une reproduction stationnaire.

Extrait du Précis : « Les Equations de la Reproduction Simple (RS) formant un système stable se reproduisant à l’identique serviront de base sur laquelle on élaborera ensuite les conditions prévalant pour la Reproduction Elargie (RE). Les voici sur la base des fonctions de production agrégées de SI et SII:

SI : c1(80)           + v1(20)           + pv1(20)         = M1(120 euros pour 120 Mp)

SII : c2(40)         + v2(10)            + pv2(10)         = M2 (60 euros pour 60 Cn)

Les Equations de la RS sont les suivantes :

c2 = (v1 + pv1)

M1 = (c1 + c2)

M2 = (v1+ pv1) + (v2 + pv2) »

Passons maintenant à la Reproduction élargie (RE.) Notons que le schéma fondé sur v/C et pv/v identiques dans SI et SII ne doit plus être considéré comme un cas particulier puisque le problème des rapports inverses en cas de changement de la productivité a été résolu.

Admettons que la moitié de pv1 soit réinvestie. (Nous notons : E = épargne et tE = taux d’épargne = E/pv.) La répartition du réinvestissement est notée en caractères gras.

t1                                                         Réinvestissement                           t2

                                                                8  +  2  + (2)

SI : 80 + 20 + (10 + 10) = 120       SI : 80 + 20 + (10 +10 ) =120            SI : 88 +22+22=132

                                                                4  +  1

SII: 40 + 10 + 10 = 60                   SII: 40 + 10 + 10 = 60                        SII: 44 + 11 + 11= 60

La RS est sous-jacente à la RE mais la moitié de pv1 est réinvestie. Pour respecter les Equations de la Reproduction, SII devra suivre : et le fait nécessairement au même taux. En effet, la part de pv1 épargnée (ici 10) donnant le tE1 réinvesti se répartit en c’1(8) et v’1(2) selon la composition organique qui prévaut en SI. Par le biais des échanges ceci entraîne toujours, selon la composition organique prévalant en SII, c’2(2) et v’2(0,5). Or, ceci ne suffit pas pour assurer les équilibres; aussi les échanges porteront à la normalisation par l’anticipation : SII devant répondre à une demande réelle se trouvera portée à échanger plus de sa propre pv2 pour obtenir les Mp manquants; ceci se fait en respectant v/C, SII devra également couvrir les besoins supplémentaires en v’2. Une fois que l’on a « v » via le taux d’exploitation par le travail vivant on obtient automatiquement « pv ». Nous avons ainsi le résultat indiqué dans les schémas ci-dessus. »

Secteurs, sous-secteurs et filières.

Nous avons un Schéma de la RS-RE en deux secteurs SI –Mp – et SII – Cn – dont l’équilibre est donné par les Equations de la RS-RE. Dans la fonction de production les Mp renvoient au capital « c » et les Cn au capital humain « v ». C’est pourquoi tous les sous-secteurs, comme toutes les entreprises individuelles, peuvent être subsumés soit dans le Secteur I soit dans le Secteur II. Ceci permet de comprendre les interactions entre secteurs mais aussi les interactions inter-sectorielles qui définissent les filières. Ceci est alors finement gérable sur la base de statistiques économiques marxistes-scientifiques qui permettent d’enterrer les inepties du PIB marginaliste en appréhendant, dans le cadre général des paramètres fournis par l’écomarxisme, aussi bien les changements de productivité que le rôle des bureaucraties publiques et privées qui ne sont pas uniquement des coûts mais qui entrent au contraire dans la division sociale du travail aux niveaux micro-économique – productivité du procès de production immédiat ou entreprise – et macro-économique – compétitivité, autrement dit le cadre macro-économique de la reproduction du capital social dans une Formation Sociale donnée. Les bureaucraties privées ou publiques entrent donc dans la composition organique du capital à ces deux niveaux et contribuent puissamment à la création de la plus-value, la valeur d’échange nouvelle.

La subsumation des sous-secteurs dans l’un ou l’autre des deux grands Secteurs impliquent que l’on ne peut pas traiter les relations entre sous-secteurs – ou dans une filière – sans tenir compte de leurs équilibres RS-RE respectifs en termes quantitatifs – valeur d’échange – mais en réintégrant le tout dans la RS-RE générale en ce qui concerne les prix autrement toute la structure des prix relatifs – la logique de la loi de la valeur – sera faussée.   

Exemple  en décomposant SI et SII en deux sous-secteurs respectivement:

SI        = c1a + v1a + pv1a = Mp1a

            = c1b + v1b + pv1b = Mp1b

            …………………………….

            = c1   + v1   + pv1   = Mp1

SII       = c2a + v2a  + pv2a = Cn1a

            = c2b + v2b + pv2b = Cn2b

            …………………………….

            = c2   + v2   + pv2   = Cn1

RS-RE, rotations, monnaie et credit

Nous savons que la soi-disant « théorie quantitative de la monnaie » formalisée par Irving Fisher est une fraude tautologique destinée, dès le départ à occulter le Livre III du Capital de Marx, en poursuivant la manipulation des Livres I et II due au pitre Böhm-Bawerk et à son invention du faux « problème de la transformation des valeurs et prix ». Fisher choisit d’occulter la distinction entre salaire, profit et rente, distinction qui est à la base de la lutte des classes par laquelle les Formations Sociales s’affrontent sur les manières d’extraire les plus-values et de les répartir entre les acteurs selon une allocation particulière des ressources disponibles pour la Reproduction. Pour cela Fisher amalgama les trois sources concrètes de revenus en une catégorie artificielle abstraite, un flux,  le « income stream » ; de la sorte tous, les aspects indépendamment de leur position de classe, la ménagère, le chômeur, le travailleur, le buisnessman, le rentier disposent d’un « revenu » ou « income » qu’ils doivent faire fructifier selon les impératifs de la « mentalité acquisitive » capitaliste qui est donnée par les économistes de l’Ecole autrichienne puis par tutti quanti comme une donnée psychologique comportementale universelle et pérenne. Les sociétés esclavagistes, celles pratiquant le potlatch, toutes les autres auraient une mentalité capitaliste. Pour assurer leur « income stream » tous doivent « investir » selon leurs préférences de risque et leurs préférences temporelles …

Fisher confond également la monnaie et le crédit. De la sorte, il émet sa tautologie faussement quantitative selon laquelle la valeur de la « monnaie » est égale à la valeur de tous les biens et services échangés ; mais comme la ficelle tautologique serait trop grosse on saupoudre avec un peu de « vélocité » monétaire, la somme de la monnaie étant celle de tous les agrégats monétaires M, M1, M2, M3 compte tenu d’une vélocité appréhendée puérilement selon le temps moyen que met une espèce monétaire émise par la banque centrale pour retourner à la banque centrale ! Ajouter à cela que le marginalisme n’a pas de théorie cohérente de la productivité alors que les prix du marché fluctuent sans cesse par définition. Comment dans un tel contexte faire des comparaisons fiables dans le temps ? Comme Fisher veut occulter la valeur d’échange autour de laquelle les oscillations du prix du marché s’organisent dans la société bourgeoise, il recoure à un subterfuge simpliste : les prix constants de Fisher sont donc évalués empiriquement selon un Indice des prix à la consommation correspondant au panier moyen de consommation des ménages construit en t1, l’année de base prise comme référence par les statistiques officielles pour lesquelles l’IPC correspond plus ou moins à M1 et la petite partie de M2 qui va aux ménages tels les comptes d’épargne et les produits financiers des ménages, en somme, à la masse salariale …  

En réalité la monnaie est l’équivalent général commode qui permet de faire circuler tous les biens et services nécessaires pour assurer la RS-RE. Le crédit – selon ses formes publique ou privées, classiques ou spéculatives – n’est rien d’autre qu’une anticipation de la croissance, une émission de capital pour compléter la part de la plus-value réinvestie dans la production. Le volume de la monnaie est donc strictement déterminé par la quantité suffisante et nécessaire pour assurer tous les échanges de la RS-RE.

En situation de plein-emploi cette quantité correspond très précisément à la masse salariale réelle ; si le soutien à l’inactivité de la force de travail – chômage, maladie, vieillesse etc. – n’est pas assurée organiquement par le salaire différé mais par une émission ex nihilo par la banque – lorsque même la fiscalité générale ne suffit plus – le ratio de cette masse salariale sociale sur la masse salariale réelle donne le taux de l’inflation structurelle qui fait alors payer aux travailleurs le poids de l’incompétence économique bourgeoise incapable d’assurer le plein-emploi à plein temps et/ou un salaire différé adéquat. Si nous prenons la fonction de production macro-économique du capital social, nous voyons que le produit p – somme de Mp et Cn – est supérieur à v, la masse salariale ; mais tout échange est par nature réciproque ce qui conduit à une circulation de la monnaie qui, de par ses rotations, assure tous les échanges nécessaires à la RS-RE, ce qui est très différent de la loufoque « vélocité » marginaliste de la « monnaie » qui confonde la monnaie proprement dite et le crédit. Voici la formule générale des rotations :

Extrait du Précis « Le détail incluant les rotations est le suivant :

S = masse monétaire = masse salariale.

R = nombre de rotations; R = C/v + pv/v

M€ = valeur en euros du produit total = S x R »

Le crédit est une anticipation de la croissance par l’émission monétaire qui vise à accroître les possibilités de réinvestissement fournies par la plus-value disponible. Lorsque le crédit est public son émission ne coûte quasiment rien à la Banque Centrale publique sauf la couverture des frais d’administration et le provisionnement pour dette selon les cas, quoique ce dernier puisse éventuellement faire l’objet d’une nouvelle émission. Lorsque les montants émis sont définis par la Planification et contrôlés à échéance par le Conseil Economique et Social et par le Parlement, peu de dérapages sont possibles. L’extraordinaire croissance de nos sociétés après la Seconde Guerre Mondiale, les Trente Glorieuses de J Fourastié, alla de pair avec une dette publique oscillant en France entre 17% et 27 % du PIB. La dette publique française explosa immédiatement après la privatisation de la Banque de France par la loi Pompidou-Giscard-Rothschild de 1973. (En Italie, la privatisation se fit entre 1981-1983 avec des résultats encore plus catastrophiques.)  

Notons rapidement ce qui différencie la gestion monétaire par la banque centrale privée et par la banque centrale publique. La première confond monnaie et crédit ; elle suppose que la quantité de monnaie nécessaire est donnée par le marché de la « monnaie », ce qui mène aux inepties tautologiques de la théorie quantitative de Fisher. Le rôle de la banque centrale consiste alors à organiser l’accès formellement égalitaire – « communisme du capital » dit Marx – à l’argent de tous les acteurs économiques, grands ou petits. D’où les taux d’intérêt directeurs uniformes et toutes leurs contradictions, notamment pour la genèse des expansions sectorielles spéculatives accompagnées par des contractions ailleurs, la source des Trade Cycles.

Au contraire la banque centrale publique différencie la monnaie et le crédit. La première correspond aux masses salariales, réelle et sociale, qui doivent donc être gérées pour induire la plus petite inflation structurelle possible, laquelle est donnée par le rapport de la masse salariale sociale sur la masse salariale réelle! Plus on approche du plein-emploi, plus la masse salariale sociale diminue. Dans cette optique, compte tenue de l’épargne des ménages les taux d’intérêt directeurs ne regardent que cette épargne et le crédit à la consommation. Le crédit destiné à l’investissement pour sa part est géré selon les besoins de la Planification en modulant le ratio des bureaux de la banque centrale liés avec leurs secteurs économiques respectifs. Le crédit étant une anticipation qui doit correspondre à l’équilibre de la RS-RE, la modulation servira à respecter les justes proportions pour une croissance dynamique harmonieuse. La hausse du ratio prudentiel augmentera l’accès au crédit des secteurs et branches spécifiques alors que la baisse produira l’effet contraire.   

Le crédit privé prit d’abord la forme du capital bancaire, disponible grâce à « l’accumulation primitive » du capital antérieure effectuée par le capital marchand : cette anticipation de la croissance des entreprises se fit selon des prêts dont l’intérêt classique était déduit sur les profits de l’entreprise. Dès l’origine, le système bancaire utilisa les possibilités offertes par le système fractionnaire – prêts supérieurs au capital propre selon le ratio prudentiel retenu. Remarquons qu’une telle anticipation de la croissance par le crédit implique la possibilité concrète de fournir les quantités supplémentaires pour les intrants des fonctions de production impliquées, ce qui suppose des stocks, une capacité de surproduction installée et/ou, pour accélérer encore les choses, l’accès à des approvisionnements et des débouchés externes. Le capital bancaire transforma ainsi les comptoirs d’échanges en colonisation des territoires.

Cette force de frappe du capital bancaire, appuyée par le système fractionnaire et les colonies, conduisit à une fusion de plus en plus consubstantielle entre banques d’affaire et grandes entreprises, menant au capital financier tel que défini, en suivant Marx et Lafargue, par Hilferding, Hobson et tout particulièrement Lénine. Ceci nous donna une opposition entre les fractions du capital emblématiquement résumée par l’animosité de l’industriel H Ford pour la Maison Morgan. (Voir ceci) En effet, la logique de la déduction de l’intérêt sur le profit demeurait intacte et palpable.

Le crédit spéculatif est propre à la finance spéculative qui est devenue légalement hégémonique depuis l’abrogation, en 1999, du Glass Steagall Act. Cette loi du New Deal, qui remontait à 1933 en réaction au Crack boursier qui déclencha la Grande Dépression, compartimentalisait les 4 branches financières – banques de dépôts, banques commerciales, assurances et caisses d’épargne ou credit unions. Il incarne une toute autre créature capitaliste. Car il usurpe légalement la forme du profit ce qui mène à un profond déséquilibre par lequel, via la mobilité du capital entre secteurs, encore accélérée par la Bourse, la finance spéculative, qui bénéficie d’une composition organique v/C plus avantageuse, fausse à son profit la structure des prix relatifs et phagocyte ainsi l’économie réelle tout en faussant encore plus les données marginalistes du PIB. Le poids de la finance spéculative dans le PIB est estimé autour de 9 % alors que, selon certains, son impact global direct par la financiarisation et la bourse des activités économiques avoisinerait plus du tiers du PIB.

Cette logique de l’anticipation de la croissance réelle par le crédit se vérifie avec le crédit public encadré dans la Planification ; un mix de croissance réelle et de croissance toujours en partie spéculative – les Trade Cycles – se vérifie avec l’émergence du crédit privé classique. Le crédit spéculatif hégémonique porte à une croissance spéculative allant de pair avec la forte décroissance du bien-être social et du rôle régalien de l’Etat national. Dans tous les cas, le recours au crédit porte à une augmentation des intrants des fonctions de production concernées qui peuvent toujours être cernées par les Equations de la RS-RE. Ces Equations macro-économiques résument systématiquement les études de Marx sur les circuits du capital compte tenu de la production, de l’échange et de la réalisation du capital – mais tout ceci reste essentiellement opaque pour les théories bourgeoises, et pour leurs restitutions statistiques empiriques toujours plus puissantes grâce au recueil informatisé de l’information mais toujours aussi approximatives et ex post.

Rien de tout ceci n’est visible dans le cadre théorique et empirique maintream tel que reformulé par le « multiplicateur », surtout le multiplicateur fiscal enfanté par la public policy néolibérale monétariste.…          

Equilibre par résolution simultanée.

L’origine de cette tentative de trouver l’équilibre systémique fut imaginée par Tougan-Baranovsky lorsqu’il s’appuya sur Bortkiewics pour offrir une résolution au (faux ) « problème de la transformation » inventé de toute pièce par Böhm-Bawerk. (Pour la solution voir Tous ensemble). Il consiste à reformuler le problème avec trois secteurs dont le secteur trois, l’Or, se présente à la fois comme production et comme unité de compte permettant ainsi la résolution simultanée grâce à un système à trois inconnues et trois équations.  Toutes les autres tentatives du genre, par exemple les matrices de Sraffa ou encore la tentative avortée de Hicks de généraliser le système à deux marchandises, « capital » et « blé » d’Alfred Marshall, suivent cette logique. Ceci n’a évidement plus rien à voir avec Marx et surtout avec le problème de l’équilibre par la Reproduction stationnaire ou dynamique résolu par les Equations RS-RE de Marx. Nous sommes en présence ici d’un des cas les plus patents où le « modèle » se substitue à la réalité, ce que les économistes mainstream ne peuvent plus s’empêcher de faire.  Voici l’illusoire Reproduction selon Tougan-Baranovsky :

c1 + v1 + s1 = c1 + c2 + c3

c2 + v2 + s2 = v1 + v2 + v3

c3 + v3 + s3 = s1 + s2 + s3

La troisième ligne représente la production de l’Or, censée correspondre à la monnaie et aux profits. Dans cette occultation idéologique les bourgeois sont bien sûr coupables; mais les universitaires, payés sur fonds publics, le sont doublement!

L’équilibre sur le « marché des marchés »

C’est Léon Walras qui eut recours à cette supercherie pour concevoir l’équilibre général. C’est cette base, représentée par un graphique Offre-Demande agrégées classique à la Marshall, que Kahn utilise comme modèle implicite sous-jacent dans sa tentative de « formaliser » l’approche de Keynes sur l’effet multiplicateur des dépenses publiques contra-cycliques. En fait, c’est le résumé d’une double absurdité. On donne une courbe en prix, pour déterminer l’autre et vice-versa, puis on croise les deux courbe pour obtenir … le juste prix du marché! Pour l’équilibre général mettez X pour l’Offre et Y pour la Demande et vous croisez. Or, ceci se fait sous forme monnaie, donc de manière fluide, ce qui transforme tous les intrants en « facteurs de production », y compris le travail humain qui n’est pourtant pas un facteur de production comme un autre. Il doit reproduire sa force de travail pour retourner travailler mais, comme membre d’une Espèce à reproduction sexuée, il doit également se reproduire comme Espèce au sein d’un ménage. (Cette supercherie remonte au tout début de l’économie bourgeoise : on sait que Jean-Baptiste Say proposa de s’appuyer sur la paper currency de Ricardo dans le but de masquer l’exploitation de classe en transformant la force de travail humain en facteur de production comme les autres empiriquement donnée sous forme monnaie. A l’inverse, Marx perça dans son étude critique du Tableau de Quesnay lorsqu’il nota que l’équilibre doit nécessairement se faire tant en valeur d’usage – quantité – qu’en valeur d’échange ou prix et donc, en résumant, en Mp et Cn. Ce qui n’est pas possible avec l’économie bourgeoise sous toutes ses formes.  

Généralités

Avec le marginalisme l’équilibre économique est atteint dans le cadre contradictoire d’un système de prix donné ex post par le marché, c’est-à-dire par le croissement de l’Offre et de la Demande. J’en ai montré l’absurdité logique : pour établir la courbe de l’Offre, il faut au préalable donner empiriquement celle de la Demande en … prix ! Puis idem pour celle de la Demande. On croise ensuite les deux courbes et miracle ! vous obtenez le juste prix du marché … En s’inspirant du marxisme mais en le cachant, Keynes cherchera à contourner ce problème en donnant un rôle accru à la macroéconomie en particulier à travers la gestion de la demande et de l’offre agrégées, donc tant pour la consommation et pour la production, en théorisant la nécessaire intervention de l’Etat dans ces deux domaines pour maintenir un équilibre compatible avec le plein-emploi à temps-plein nécessaire au bien-être social et à la démocratie.

Dans le cadre de la Loi de la valeur, la fonction de production micro-économique de l’entreprise ou encore celle correspondant à la fonction macro-économique du capital social qui se décompose dans les Equations de la RS-RE, toutes les variables sont contrôlées par les relations nécessaires, proportionnellement inverses, entretenues par la composition organique du capital – v/C où C= (c+v) – et par le taux d’exploitation, pv /v. De sorte qu’en saisissant les intrants de la fonction de production (c + v), on peut déduire ex ante pv grâce au rapport pv/v ; en connaissant le taux de plus-value ou d’exploitation, on dispose donc également du taux de profit qui s’écrit pv/(c+v). Connaissant les intrants, on peut donc déduire la « demande globale ».

Une autre manière de le dire consiste à remarquer que les Equations de la RS-RE définissent la « demande globale » dans sa globalité mais surtout dans sa décomposition en deux Secteurs principaux, le Secteur I des Moyens de production – Mp – et le Secteur II des Moyens de consommation – Cn. Ces deux Secteurs ne sont pas une simplification modélisée, ils correspondent en réalité aux deux intrants de toute fonction de production, à savoir « c » le capital et « v » le travail. De sorte que tous les sous-secteurs, les branches d’industrie et les entreprises peuvent être subsumés dans l’un ou l’autre Secteurs ; de même, un système statistique scientifique fondé sur les Equations de la RS-RE, permet de concevoir les filières trans-sectorielles. Sachant que la productivité plus grande domine, toutes les relations du système de reproduction, dont sa structure des valeurs d’échange ou prix relatifs, sont connues.

Remarquons que le système des Equations de la RS-RE représente la Formation Sociale autrement dit l’espace où se forme la valeur d’échange durant le cycle complet de la Reproduction – l’« équilibre » en termes marginalistes. Imaginons une intervention gouvernementale en faveur d’une branche ; l’augmentation de sa production impliquera plus d’intrants pour le capital « c » et le travail « v », par conséquent une augmentation parallèle dans une ou d’autres branches. Néanmoins, la formation des prix relatifs met en cause l’ensemble des Equations puisque les branches impliquées sont subsumées dans des sous-secteurs et, au final, dans les deux grands Secteurs, I et II.  

Rien de tout ceci n’est concevable avec le marginalisme puisqu’il soumet le mécanisme du marché à une réallocation des ressources dans la reproduction effectuée par la « main invisible », c.-à-d., à un mécanisme aveugle entraîné par la poursuite de l’accumulation privée du capital propre à la mentalité acquisitive capitaliste. Il est donc impossible de définir la « demande globale » finale et ses deux composantes, Mp et Cn. On peut uniquement l’approcher, à court terme, avec les statistiques empiriques à disposition. Sans connaître la demande globale, ce que Léon Walras appela « le marché des marchés », la valeur d’échange ne peut pas être établie. Il faudra se contenter de prix du marché fluctuants. Ainsi que le remarquait Marx dès la rédaction de ses Manuscrits parisiens de 1844, ces prix oscillent à moyen et long termes autour d’un axe, précisément celui de la valeur d’échange surdéterminée par la demande globale ainsi atteinte par tâtonnement.

Partant de la nature épiphénoménale du prix du marché, Marx compris que le phénomène réel à expliquer était la valeur d’échange des marchandises qui ne trouve aucune explication sans reposer sur la valeur d’échange d’une marchandise spécifique, comparable à toute autre marchandise sur le marché mais néanmoins différente, la « force de travail humaine », et sans la mise à nue de la genèse du profit découlant de l’exploitation. Partant de là, il schématisa tous les échanges économiques d’une Formation Sociale donnée réduisant magistralement tout le Tableau économique de Quesnay à ses Equations de la RS-RE, un prodige intellectuel uniquement possible en sachant tenir compte de la dualité ontologique de toute marchandise échangée, soit de la valeur d’usage et de la valeur d’échange de toute marchandise, la première étant toujours le support de la seconde. Comme la Reproduction économique – en terme marginalistes l’« équilibre » – implique un cycle complet d’échanges à la fois en valeur d’échange ou prix et en quantités, le cycle de la Reproduction était ainsi scientifiquement concevable.

Ceci est magistralement synthétisé dans les Equations de la RS-RE dans le Livre II du Capital. La plage temporelle de la Reproduction, c.-à-d. de tout le cycle de la Reproduction, permettait ainsi de donner un contenu conceptuel et théorique entièrement élucidé au concept clé de Sismondi, le « revenu annuel », qui forma la base de la réflexion des Physiocrates sur la comptabilité nationale … en prix, saisie ex post… Or, avec les fonctions de production données en valeur d’échange, tout le cycle peut être prévu ex ante, ce qui est bien l’objet de la Planification. Cependant ceci exige la résolution cohérente du problème posé par la productivité lorsque celle-ci diffère d’un secteur à l’autre et celui de la monnaie et du crédit, résolutions pour lesquelles je renvoie modestement à mon Précis d’Economie Politique Marxiste. J’ai publié la solution du faux problème de la transformation des valeurs d’échange en prix de production, obtenue plusieurs années avant, dans mon Tous ensemble (1996) . Ce faux problème avait été inventé de toute pièce par Böhm-Bawerk pour prétendre que le Livre III du Capital contredisait de manière létale le Livre I, et par conséquent le cœur de la théorie de Marx, la Loi de la valeur qui révèle l’exploitation du travail – le surtravail -, comme source de la plus-value – le profit – empochée unilatéralement par les capitalistes. Cette plus-value sera transformée en « plus-value sociale » durant la transition hors du MPC et vers le Mode de production socialiste et communiste. La « plus-value sociale » collectivement et démocratiquement contrôlée par les citoyens-travailleurs correspond à la reformulation du « fonds social » que Marx théorisa dans sa Critique du programme de Gotha

Le matérialisme historique prétend faire reposer les diverses disciplines sur des concepts entièrement élucidés, les « concrets pensés ». Je renvoie ici à mon Introduction méthodologique. Le premier de ces concrets pensés, le travail humain, permet de penser la nécessaire reproduction de l’Homme au sein de la Nature et de l’Histoire, c’est-à-dire dans leur devenir mutuel. Par le travail manuel et intellectuel, l’Etre humain appréhende son environnement – matériel, institutionnel et idéel – et le transforme tout en se transformant. Il devient Sujet de sa propre Histoire. Avec la division sociale du travail, le fruit du travail est « aliéné » à autrui en échange d’autres biens. Or, tous ces biens doivent être commensurables entre eux pour pouvoir s’échanger. C’est pourquoi la valeur de la force de travail se révèle comme l’étalon de mesure commun nécessaire de tous les biens et services économiques, donc échangeables. Si un bien quelconque peut servir d’équivalent spécifique, si la monnaie peut servir d’équivalent général, seule la force de travail peut servir d’équivalent universel. Sans elle aucun calcul économique rigoureux n’est possible.    

Les théories économiques bourgeoises, particulièrement toutes les nuances du marginalisme, se contentent d’un empirisme primaire – « empirisme baconien » selon le mot de Koyré – qui lui permet de développer quelques « recettes de cuisine » comptables pour conserver un contrôle empirique sur les dynamiques capitalistes. Les crises conjoncturelles – Trade cycles – et les crises structurelles montrent bien les limites de la méthode. Qu’à cela ne tienne, les capitalistes ont fait de l’instantané économique, donné par le juste prix du marché, la Vérité révélée alors que la concurrence légalement imposée joue le rôle de la Loi et de tous les Prophètes, pour paraphraser Marx.

Cependant, mêmes les narrations les plus creuses se doivent de conserver une certaine plausibilité faute de ne pas accomplir leur œuvre de contrôle de caste et de classe. La bourgeoisie pose donc hâtivement la loi de la concurrence, comme la loi suprême du capitalisme reposant sur l’égalité de tous les acteurs économiques entre-eux. Mais il s’agit uniquement d’une égalité formelle. En effet, la concurrence – sous toutes ses formes – est entraînée par la recherche constante de la productivité la plus forte possible, de sorte qu’elle conduit paradoxalement mais implacablement aux lois de motion du capitalisme, à savoir la centralisation et la concentration du capital. Economiquement parlant, comme nous l’avons dit plus haut, le marginalisme cherche à assoir cette plausibilité sur la saisie empirique des données, lequel informe toutes ses techniques de contrôle, dont la comptabilité d’entreprise et la comptabilité nationale ou PIB. On sait depuis toujours que si l’apparence suffisait pour saisir la réalité, nous n’aurions pas besoin de recourir à la science.

Ceci nous renvoie donc aux statistiques marginalistes. Ainsi les intrants des fonctions de reproduction sectorielles ou sous-sectorielles – (c+v) – peuvent être saisies empiriquement selon les prix à un point t et de même les profits réalisés mais sans rien connaître de la composition organique ni du taux de plus-value, donc de la logique de la productivité qui constitue pourtant, selon Marx lui-même, l’aspect révolutionnaire du MPC. La loi de la productivité selon le marginalisme se résume à la « productivité marginale » d’une fonction marginaliste donnée, du genre y = f (K,L) où K est le capital et L le travail ; on cherchera à définir la production optimale selon le barème de la demande ; à son meilleur ceci prend la forme de la composition technique de Pareto, et des revenus croissants et décroissants déjà critiqués par Sraffa dans les années 20, et des économies d’échelle.

En réalité, tout ce verbiage revient à dire que toute fonction de production – ou entreprise – maximisera sa division interne du travail pour ne pas perdre de l’argent inutilement. Mais, bien entendu, ceci n’a rien à voir avec la loi de la productivité selon laquelle une composition organique du capital approfondie entraîne une extraction proportionnellement plus forte de la plus-value et une hausse proportionnellement plus forte de la production d’un même produit ou d’un produit élastique, de sorte que le prix unitaire baissera proportionnellement. Le capitaliste plus productif s’enrichit par les volumes du profit, le taux de profit restant identique, puisque le prix unitaire moindre lui permet de conquérir de nouveaux marchés face aux concurrents. On sait que Pareto, qui tentait au moins d’être sérieux, ne réussit jamais à concilier son optimum technique avec une composition en valeur – ou en prix. Sraffa avait compris la nature du problème mais il fut incapable de conclure dans sa tentative de réhabiliter la valeur de la force du travail selon Ricardo, à savoir une théorie du profit sans exploitation !!! Il tenta de coopter le concept marxiste de « travail socialement nécessaire à la reproduction » de la force de travail par son panier de base, « les marchandises produisant ainsi les marchandises ». Sauf qu’il était obligé de fournir le taux de profit de manière exogène pour résoudre simultanément ses matrices, dans une pathétique redite néo-ricardienne de Tougan-Baranovsky.

Ces statistiques marginalistes en prix sont, par nature’ fluctuantes, seulement sur le long terme pourraient-elles approcher la valeur d’échange – par « tâtonnement » dit Walras et tutti quanti après lui. Mais cette approche empirique  de la valeur d’échange est exclue par la méthode retenue. En effet, les marginalistes recourent à une énième construction narrative pour s’y retrouver, à savoir les prix constants – Irving Fisher – qui consistent uniquement à sauver les apparences en posant empiriquement les prix pour une année de base (t = 100) de référence de manière à évaluer les années suivantes (t1,t2, tn) selon cet indice ! Belle affaire. En particulier, on voit que pour appréhender l’ « inflation » la méthode ne vaut rien, par définition. Elle ouvre la voie à toutes sortes de manipulations selon l’année de base choisie. Mais les travailleuses et les travailleurs peuvent néanmoins faire remarquer que l’indexation à 100 % des salaires ne fait que conserver les choses dans leur état, en prix constants, autrement la baisse induite du salaire réel devient un vol pur et simple. En tout état de cause, l’indexation aurait l’avantage de pousser les économistes de régime à mieux réfléchir sur les causes réelles des inflations pour résoudre les problèmes à la source et non sur le dos du prolétariat, les soi-disant « classes moyennes » incluses. 

Nous avons montré plus haut comment il est possible de déterminer les liens mutuels qu’entretiennent certains sous-secteurs et branches, et mêmes les liens transectoriels dans le cas des filières, lorsque l’on dispose de statistiques scientifiques, à savoir celles des Equations de la RS-RE. Par exemple  – comme le souligna le statisticien soviétique Stanislav Strumulin – on peut vouloir introduire les machines à commandes numériques et l’automation, mais pour ce faire il faudra également avoir formé les ouvriers qui devront les faire fonctionner ; pour Keynes et Kahn, une intervention étatique dans les infrastructures publiques avait des répercutions sur l’industrie du ciment et de la construction ainsi que sur l’emploi, conduisant ainsi à l’absorption d’une partie des chômeurs, ce qui les conduisit à concevoir leur Multiplicateur – une version pauvre de la Reproduction Elargie qui, de fait, sous-tendait leur réflexion.

Comment se présentent alors ces liens – en anglais linkages – intersectoriels pour le marginalisme ? Au mieux, cela est approché par tâtonnements empiriques, avec des données toujours fournies ex post donc sans aucune valeur prédictive, surtout à moyen et long terme. Au mieux , la photo « statistique » prétendra donner une « réalité » qui resterait identique à elle-même dans le temps. Comme la loi de la productivité est ignorée, on mesurera la « croissance » en termes de volumes ou en terme prix, mais jamais simultanément . Cette méthode supposément empirique aggravera les illusions de la fonction de production marginaliste  – qui ne sait rien de la genèse du profit, ni des inflations etc. – et celles induites de la comptabilité d’entreprise ou de la comptabilité macro-économique, notamment le  PIB. Ces techniques confondent monnaie et crédit, crédit public et crédit privé, taux d’intérêt classique déduit du profit et intérêt spéculatif qui, avec l’hégémonie du capital spéculatif, joue légalement le tôle du taux de profit conduisant ainsi, vu la concurrence, à la cannibalisation de l’économie réelle par l’économie spéculative. On sait que l’économie structurellement spéculative tourne désormais autour de 9 % du PIB avec une influence délétère directe de plus de 30 % selon certains.

Mais ce n’est pas tout, la méthode marginaliste empirique lorsqu’elle tente de cerner les liens intersectoriels – multiplicateur spécifique – sait qu’elle doit tenir compte du système de prix relatifs de la FS. Or, ceci est hors de sa protée ontologique et méthodologique. Sauf à se donner une matrice dans laquelle les équations, les fonctions de production marginalistes donc fausses, sont résolues simultanément. Ce qui exige alors un certain nombre d’extrapolations sur la base de la photo statistique fournie empiriquement sans lesquelles aucune résolution ne serait possible. Par exemple, le taux de profit moyen restera le même. Dans l’article du FMI (Sept 2021) c’est bien cela qui est en cause nonobstant les « contraintes sectorielles » utilisées empiriquement pour cerner le multiplicateur spécifique. En fait, aucun système de prix relatifs n’est définissable par le marginalisme – et les théories bourgeoises sous toutes leurs formes – sans référence au prix d’équilibre général, qui est mal approché tant par les courbes du « marché des marchés » de Walras – subterfuge utilisé par R. Kahn – que par le système de résolution simultanée.          

Les Equations de la RS-RE permettent de spécifier ce que Marx appela « les circuits du capital ». Ainsi toute fonction de production c + v + pv = p implique au moins deux grands Secteurs, celui des Mp pour « c » et celui de Cn pour « v » et donc les Equations RS-RE des équilibres stationnaire ou dynamique. Ceci met en cause des circuits assurant la production – les intrants de la fonction de production et son résultat – tant en quantités qu’en valeur d’échange ou prix. Or, la production – ici « p » – ne prend une valeur économique d’une fois réalisée, c’est-à-dire qu’une fois qu’elle a été échangée pour être consommée, par les ménages ou le capital, réintégrant ainsi le grand circuit de la Reproduction. Marx en arrivera donc à définir la distinction fondamentale entre monnaie et crédit – bancaire et financier. Il pouvait ainsi concevoir les métamorphoses ou circuits capitalistes, pour simplifier : P-A-P’ ou P, les Mp entrant dans la production, se convertissent – se réalisent – sous forme argent A pour se réaliser de nouveau sous forme Mp incluant un incrément provenant du profit – et/ou du crédit à rembourser en ponctionnant sur le profit. De même, la marchandise et l’argent connaissent leurs métamorphoses spécifiques et croissantes. Le circuit complet se synthétise de manière cohérente dans les Equations RS-RE lorsque nous les donnons simultanément en quantité – valeur d’usage Mp ou Cn etc– en prix ou valeur d’échange et en monnaie – masses salariales nécessaires et suffisantes pour assurer tous les échanges permettant la Reproduction – et en crédit – capital bancaire, puis financier et aujourd’hui spéculatif.

On voit immédiatement le rôle central que joue dans la Reproduction stationnaire – RS – la grandeur de la masse salariale et sa composition. Si la masse salariale se résume au salaire net individuel, ce qui fut le cas avec l’Epoque du capitalisme libéral classique, qui incluait le travail des enfants, il en découlera, du fait de la croissance de la productivité qui constitue le moteur du système, entraîné qu’il est par la recherche de l’accumulation du capital, une série de crises conjoncturelles – expansion et contraction sectorielles simultanées – ou bien des crises plus structurelles de sur-production et de sous-consommation. C’est le prix à payer pour le chômage non réabsorbé productivement par les cycles récurrents de la réduction du temps de travail, dont la limite reste le taux de compétitivité macro-économique de la FS, puisqu’aucune FS ne peut durablement vivre au-dessus de ses moyens, compte tenu d’une fiscalité citoyenne rationnelle.

Et c’est bien pour contrer ces tendances intimes du MPC que furent mises en place historiquement la réduction systémique du temps de travail – journée, semaine, année, congés payés, arrêt maladie, retraite etc. – et l’approfondissement de ce que j’ai appelé, dans le second chapitre de mon Livre III, la « structure de v » qui se fait à la lueur de la Grande Dépression avec la mise en place de la nouvelle Epoque du MPC correspondant à l’Etat social européen – planification dite à la franҫaise et théories de la régulation – ou encore au Welfare State anglo-saxon – keynésianisme. Cette nouvelle « structure de v » prend la forme du « revenu global net » des ménages conçu dans un contexte de plein-emploi à plein temps. Ce « revenu global net » des ménages reconnaissait que l’Etre humain ne doit pas uniquement reproduire sa force de travail pour retourner travailler le lendemain, il devait, en outre, en tant que membre d’une Espèce à reproduction sexuée, assumer sa reproduction comme Espèce, par conséquent dans un ménage. (Nous évitons de dire « famille » puisqu’elle prend des formes historiques différentes et qu’en outre elle renvoie étymologiquement à « domesticité » : un ménage englobe un nombre de personnes liées par des relations stables dans la durée et vivant sous le même toit.) Les trois composants du « revenu global net » des ménages mettent en œuvre des circuits économiques distincts qui ouvrent la voie vers la « plus-value sociale », à savoir celle qui caractérisera les Epoques qui initieront la transition hors du MPC dans lesquelles toute la plus-value produite par la société sera collectivement et démocratiquement contrôlée par l’ensemble des citoyennes et citoyens via la planification et le crédit public afin de répondre à une Reproduction donnant la priorité aux besoins sociaux. Il s’agit du salaire net individuel, qui assure les dépenses quotidiennes, du salaire différé finançant les 5 branches de la Sécurité Sociale et l’épargne individuelle des ménages le cas échéant, et de ce qui revient aux ménages des taxes et impôts assurant les infrastructures et services publics et la sécurité. Le « salaire disponible » marginaliste écarte tout ce qui compte et ce qui protège et s’en tient simplement au salaire net individuel et aux revenus financiers qui vont surtout aux ménages les plus aisés. Cette épargne privée est socialement ruineuse lorsqu’elle se substitue à l’épargne institutionnalisée et mutualisée dans la Sécurité Sociale publique, mais, à l’inverse, elle est comptée dans le PIB puisqu’elle crée de la « valeur ajoutée » en laissant des millions de gens sans assurance sociale ou avec une couverture inadéquate !  

Les circuits les plus vertueux et les plus efficaces pour assurer une Reproduction Elargie harmonieuse – équilibre dynamique – reposent, bien entendu, le salaire différé, surtout lorsqu’il correspond sur le plein-emploi à temps plein, et le crédit public.

Le salaire différé tenait enfin compte de la reproduction du travailleur comme Espèce. En ce sens ce fut un grand pas vers plus de justice sociale. Simultanément, il tenait compte du fait que le travailleur connaît fatalement des périodes de non activité qui sont hors de son contrôle – vieillesse, maladie, accident etc. En ce sens, la mise en place de la Sécurité Sociale représenta une grande avancée civilisationnelle puisque l’Humanité pouvait concevoir être rationnellement protégée contre les aléas de l’existence, « la peur du lendemain ». Cependant, si les dirigeants capitalistes acceptèrent de jouer le jeu du salaire différé et des impôts plus ou moins progressifs pour assurer les infrastructures et les services publics, ce ne fut pas par un retour à la morale physiocratique d’un Adam Smith. La tentative de mettre en œuvre une société fasciste exclusiviste traitant les travailleurs comme des sous-espèces ou « chandalas » – Nietzsche – avait de nouveau échoué de manière lamentable en recevant son coup d’arrêt à Stalingrad. De nouveau, comme cela fut le cas après la Révolution bolchévique – mise en place du système tripartite de relations du travail châpeauté par l’OIT – la bourgeoise occidentale retrouva les vertus de la Charte des Droits Sociaux que Beveridge avait élaborée pour ces mêmes raisons. Cependant cette marche vers un capitalisme socialement plus avancé ne fut possible que grâce à la réalisation des vertus stabilisatrices de l’épargne socialisée dans le salaire différé et de l’apaisement des conflits sur les lieus de travail acquis par la négociation collective contrôlée par le système tripartite, qui incarna la démocratie industrielle naissante – Ralf Dahrendorf, Dunlop, Kerr, etc.

La socialisation de la partie de l’épargne correspondante au salaire différé fut vite comprise comme une mesure de stabilisation contre-cyclique puisqu’elle finançait, entre autre, l’assurance-chômage. En même temps, son rôle dans le soutien et la stabilisation de la demande agrégée des ménages était évident : l’assurance-maladie évitait que les familles sombrassent dans la misère lorsqu’elles ne pouvaient plus remettre les soins médicaux à plus tard et garantissait une force de travail saine et donc plus productive ; les allocations familiales tenaient comptent de la différence de taille des ménages. Outre le rôle de stabilisation économique , que le système fut contributif public ou par répartition, il mettait en cause des montants d’argent considérables – près de 872 milliards d’euros par an en France, aujourd’hui – des montants retirés à la spéculation capitaliste et à ses effets néfastes. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, ils firent partout en Occident l’objet de luttes de classe très âpres, qui reprennent aujourd’hui de plus belle.

Dans la forme plus rationnelle et juste, celle qui fut mise en place en France après-guerre – Ambroise Croizat – la Sécurité Sociale était largement gérée par les ouvriers eux-mêmes et par quelques représentants patronaux. Le tout était encadré par le préambule de la Constitution – République sociale -, par le droit au travail – à temps-plein et avec tous les droits sociaux et syndicaux afférents – et par une forme de démocratie sociale embryonnaire, entérinée dans le Conseil Economique et Social qui œuvrait dans le cadre de la Planification bénéficiant du crédit public. Ce dernier est alors conçu comme une anticipation des investissements nécessaires en sus du réinvestissement de la « plus-value sociale » compatible avec le « revenu global net » des ménages.

Notons que la logique des Fonds Ouvriers – et du fonds de productivité permettant d’assurer, à terme, les restructurations sans nuire aux salariés –  dans le cadre des entreprises publiques et des coopératives chapeautées par la planification et le crédit public, représente une expression optimale du salaire différé œuvrant en appui de la plus-value sociale. Par exemple, le régime de retraite public par répartition peut être appuyé par une épargne salariale strictement publique et gérée par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes en vue de socialiser l’outil de production en utilisant cette épargne socialisée comme outil de développement et de justice sociale, notamment par la RTT et les priorités sociales retenues. C’est cette thèse de la socialisation par l’épargne institutionnalisée et le crédit public que j’avais proposée dans mon Tous ensemble en rendant hommage à Emile Pacault et à Rudolf Meidner.     

La puissance de ce système dit de planification à la française donc compatible, avec toutes ses contradictions internes, avec le capital privé régulé dans un cadre d’économie mixte, est aisé à illustrer. Il suffit de penser à toutes les réalisations des Trente Glorieuses – mot de Jean Fourastié – en sachant que grâce au crédit public  tous ces projets de modernisation technologique, sociale et culturelle – pensez également au Plan tourisme et à la Côte d’Azur – furent accomplis avec une dette publique oscillant entre 17 et 27 % du PIB, soit l’anticipation de la croissance réelle, jusqu’à la loi Pompidou-Giscard-Rothschild de 1973 qui privatisa la Banque de France soumettant ainsi la dette publique aux diktats des marchés financiers internationaux qui viraient déjà – depuis abolition de la Régulation Q au USA fin Années 60 – vers la spéculation systémique sous la suzeraineté du Dollar US. Voici le graphe sur le ratio dette/PIB :

Nous pouvons synthétiser cette discussion en soulignant le fait que la compétitivité macro-économique qui découle des infrastructures publiques et des services sociaux, est le meilleur propulseur systémique de la productivité micro-économique. Une plus grande productivité alliée à une production qualitative permet de réduire séculairement le temps de travail exigé de tout citoyen apte au travail qui caractérise le Domaine de la Nécessité afin de faire croître sans cesse le Domaine de la Liberté au sein duquel l’Etre humain pourra développer son travail désaliéné lui permettant alors d’exprimer harmonieusement sa personnalité émancipée au sein de la Nature et de la Société.

Le démantèlement de l’Etat social, issu de la Résistance, par le refus exclusiviste de classe de l’approfondir, conduit à un désastre assuré. Ce refus concerne notamment la RTT, la mise en place d’un système de garderie mur-à-mur garantissant le plein-emploi, la parité de genre et, par la mise en place d’une gériatrie moderne, la préservation de l’autonomie et l’épanouissement des séniors. Il s’aggrave aujourd’hui par le retour à un exclusivisme projetant de nouveau le « retour » à une société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage avec de Nouvelles Lois de Manu s’en prenant directement au cadre épidémiologique général des classes exploitées, sans écarter le dessein de Big Pharma d’ingénierie génétique scindant l’Espèce humaine en sous-espèces assujetties puisque l’Espèce humaine actuelle entérine le fait que tous ses membres sont par définition égaux comme membres du même Ensemble. (Pour les Nouvelles Lois de Manu la Note du 25 avril 2023 dans les Brèves)    

La recherche de la meilleure compétitivité macro et de la meilleure productivité micro dans le cadre de la Reproduction Elargie représente la meilleure option de croissance, le Multiplicateur générique le plus élevé. On a vu que cela allait de pair avec une priorité toujours accrue données aux besoins sociaux en lieu et place de l’accumulation des richesses monétaires privées.

Qu’en est-il du marginalisme, disons celui des « bâtards de Keynes » – selon le mot de Joan Robinson pour désigner les Hicks, Samuelson et autres Solow qui dénaturèrent les avancées théoriques-sociales de l’économiste de Cambridge en réduisant au minimum l’intervention de l’Etat dans l’économie pour réguler les « esprits animaux » du capitalisme – et celui des néolibéraux monétaristes – les Chicago Boys – auxquels les premiers ouvrirent de facto la voie ? Nous reviendrons ensuite sur le système de Keynes, mal simplifié par le multiplicateur de Kahn, qui s’inspirait fortement des leçons marxistes pour concevoir un interventionnisme direct dans la production avec les entreprises publiques, un autre en soutien au plein-emploi et aux ménages et un autre, à travers la Banque centrale soumise au Trésor, pour réguler le crédit public et privé.

Le néolibéralisme monétariste ne conçoit aucune intervention étatique dans les domaines économiques, sociaux et culturels, ce qui ne veut pas dire que l’Etat soit absent. Au contraire, il est plus interventionniste qu’auparavant car il vise à assurer un Etat social minimum se concentrant sur la création et le soutien légal de « marchés » artificiellement créés qui investissent jusqu’aux monopoles naturels, ainsi que les biens publics – les communs, dans le vocabulaire ambigü contemporain post-reaganien -, la santé, la culture et, bien entendu, la gestion de la main-d’œuvre selon le principe déjà établit par R. Solow en 1956 selon lequel le plein-emploi est assuré automatiquement sur le marché du travail pour autant que toutes les barrières empêchant l’établissement de l’équilibre au seuil physiologique soient légalement levées. On sait que le niveau physiologique est élastique puisqu’il dépend des conditions civilisationnelles ambiantes. La longévité moyenne du demi-milliard de citoyens Dalits tourne autour de 40-42 ans …   

Bien entendu, cela va de pair avec l’explosion de la précarité pour faire du chiffre sur le chômage selon la définition de l’OIT – une heure de travail durant la dernière période d’évaluation suffit à sortir les travailleurs des statistiques officielles. Ce workfare reaganien est encore appuyé par les traités de libre-échange dont la définition de l’anti-dumping entérinée à l’OMC après d’Uruguay Round. Cette définition mit entièrement fin aux protections tarifaires du GATT en imposant une compétition globale sur la base du seul salaire net individuel et la suppression des critères environnementaux minimum liés au principe de précaution sanitaire. S’ouvre ainsi une ère de course globale au moins disant salarial qui détruit le salaire différé, partant les branches de la Sécurité Sociale qui donnaient corps aux droits sociaux fondamentaux. Avec les droits fondamentaux individuels, ils définissent la citoyenneté moderne. Cette offensive globale rend la fiscalité générale toujours plus régressive en substituant les onéreuses tax expenditures aux subventions directes.   

La public policy néolibérale monétariste met donc la pseudo-logique de « l’équivalence ricardienne » en lieu et place de celles du Multiplicateur keynésien et de la Reproduction Elargie. Elle substitue les subventions directes et l’investissement socio-économique de l’Etat par la fiscalité régressive. Elle cumule tous les travers du marginalisme dénoncés plus haut et va même jusqu’à remettre en question le rôle smithien de l’Etat visant à assurer la sécurité nationale – qui peut désormais être transférée à des forces impériales et mercenaires – ainsi que l’intérêt général, par exemple les infrastructures et les services publics, puisque non seulement le domaine de la santé mais aussi les autoroutes ou les salles de sport municipales etc. peuvent être privatisées.

Au demeurant en démantelant l’Etat social, en substituant le plein-emploi à plein-temps, donc le « revenu global net » des ménages, par la précarité et le retour au seul salaire net individuel flanqué par l’assistance de nouveau largement privatisée sinon directement confessionnelle, la régressivité fiscale en est la résultante. L’intervention de l’Etat sous forme de subventions directes est exclue – sauf pour les dépenses militaires – et les gigantesques dépenses et exonérations fiscales octroyées au capital sans contrepartie pour le monde du travail, sont supposées agir selon la méta-magie du marché libre et non-faussé induisant le ruissèlement des richesses, ou trickle down – John Galbraith, le théoricien des contrepoids qui avait passé son enfance dans une ferme du Sud de l’Ontario le définissait ainsi : « It is horsehist : you feed the horses to feed the birds ». La part de l’économie qui en sort stimulée est l’accumulation du capital privé, de plus en plus spéculatif. Ce qui se traduit par un transfert net de 10 %, voire plus, du PIB du travail vers le capital depuis les années 80-90 en Europe. Même le FMI – sept 2021- a reconnu que les énormes stimuli fiscaux accordés dans les pays avancés en 2020 durant la crise sanitaire ne produisirent qu’un multiplicateur fiscal de 0,06% alors que 88 % des aides accordées aux seules PME allèrent à celles qui n’en avaient pas besoin. Simultanément nous avions tous vu les profits du CAC 40 exploser. Les énormes profits réalisés par le capital, notamment le capital boursier, confirment et précisent les mécanismes et les résultats, particulièrement en ce qui concerne l’accumulation des richesses et la dramatique croissance des inégalités et de la précarité sociales. (Voir Oxfam)     

Il ne faut pas être un grand clerc pour comprendre que ce néo-corporatisme exclusiviste n’est plus motivé par la croissance séculaire du niveau de vie des citoyennes et des citoyens. Le projet de régression sociale avait était énoncé par la Commission Trilatérale dans les années 70s dans une réhabilitation éhontée du vieux Report from the Iron Mountain pondu par l’Establishment US une décennie auparavant. Il s’agissait tout bonnement de « mettre fin aux aspirations croissantes » des citoyennes et des citoyens, et de réimposer « la déférence envers l’Autorité » – auto-conférée – tout en œuvrant au dépassement de l’Etat national, berceau de la souveraineté des peuples, en faveur d’un nouvel ordre mondial assujetti aux firmes transnationales, et donc à une nouvelle démocratie censitaire de grands actionnaires, « la gouvernance globale privée », c’est-à-dire au final à une nouvelle ploutocratie exclusiviste auto-sectionnée.    

Multiplicateur générique et multiplicateur spécifique.

Nous avons vu plus haut que le cadre macroéconomique est toujours nécessaire pour comprendre la structure relative des prix et donc les deux types de multiplicateurs. Le Multiplicateur spécifique est un sous ensemble qui s’inscrit dans et qui est sur-déterminé par le multiplicateur générique donné par les Equations de la RS-RE – ou approchées empiriquement par l’Offre et la Demande agrégées de Keynes.

Concernant le multiplicateur, générique ou spécifique, marginaliste nous avons donc toujours à faire à des reconstructions empiriques ex post fondées sur cette méthode narrative pseudo-scientifique. On remarquera que toutes les projections marginalistes, PIB ou autres, sont constamment fausses et ne sont plausibles que sur le très court terme, soit près d’un trimestre. En effet, aucun changement de paramètre ne peut être jaugé sinon à la louche et toujours à l’aune des expériences passées. Travers coutumiers. Ainsi la ruine boursière de LTCM fut causée par un modèle – Morton, Black et Scholes – mis sur pieds en 1968 et peu ou pas adapté par la suite alors que les lois et les règles financières – les paramètres de départ principaux – avaient changé du tout au tout. Remarquer aussi que la spéculation, et son rôle autodestructeur,  n’est pas cernable par le marginalisme car le marché est censé toujours établir le juste prix ; les crises financières sont donc ontologiquement exclues de la théorie marginaliste, ce que la fumeuse théorie du « efficient capital » porte à son point de développement absurde, et renvoie à des annexes historiques purement empiriques, par exemple le classique de John Galbraith sur le sujet. 

Le multiplicateur économique générique est donné par les Equations de la RS-RE durant un cycle de reproduction (voir plus bas). Il peut alors être donné ex ante avec une grande précision par la Planification publique reposant sur le crédit public, le plein-emploi à temps plein et le cas échéant une anti-dumping calibrée pour soutenir, selon la marge nécessaire, le salaire différé nécessaire pour le financement des 5 branches de la Sécurité sociale. Ainsi que démontré dans le Précis d’Economie Politique Marxiste le régime légal de la concurrence capitaliste porte à un équilibre de marché ex post qui finit bien par équilibrer le secteur des Mp et le secteur des Cn mais selon la logique de l’accumulation privée du capital largement antithétique à la primauté des besoins sociaux et au respect des critères environnementaux minimum (pour un résumé cliquer ici.) L’équilibre capitaliste va toujours de pair avec un immense gaspillage des ressources disponibles.

Le multiplicateur économique marginaliste est une approximation imputée et en aveugle des effets de croissance économique d’un stimulus monétaire – investissement ou exonération fiscale. Il amplifie toujours les contradictions capitalistes sous-jacentes tels la surproduction/sous-consommation et donc les expansions et contractions sectorielles simultanées, notamment lorsque toute intervention étatique correctrice des « esprits animaux » capitalistes est bannie par le néolibéralisme monétariste ambiant, ce qui atteint son paroxysme à l’Epoque de redistribution de l’hégémonie du capital spéculatif qui phagocyte l’économie réelle. Le Multiplicateur de Kahn, dans toutes ses variantes, formalise le tout sans même tenir comptes des contraintes keynésiennes de l’économie mixte régulée avec le soutien de la consommation – Sécurité sociale – et des investissements publics – entreprises d’Etat. La série géométrique dégagée par la formalisation kahnienne n’est donc rien d’autre qu’une formalisation sans objet économique réel, un simple jeu.

Nous verrons plus bas le texte original de Kahn. Voici une formulation classique telle que fournie par Wikipedia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Multiplicateur_keyn%C3%A9sien )

« L’État dispose, dans le cadre de sa politique budgétaire, de la possibilité de dépenser de l’argent public. 100 euros dépensés par l’État donnent lieu à une commande du même montant, qui va accroître le revenu du bénéficiaire. Revenu qui sera à son tour utilisé en dépense ou en épargne. Si le taux d’épargne des bénéficiaires est de 20 %, ces 100 euros vont générer une nouvelle dépense de (100 – 20) = 80 euros. Cette somme est aussi utilisée par son bénéficiaire, qui peut aussi — après avoir épargné 20 % — dépenser (80 – 16) = 64 euros. Il y a à ce stade, 20 euros d’épargne pour le premier bénéficiaire, 16 euros d’épargne et 64 euros dépensés pour le second, soit une somme totale de 100 euros. Et ainsi de suite jusqu’à épuisement de l’effet : les sommes redistribuées à chaque stade s’amenuisent pour tendre vers zéro.

À la quatrième itération, la somme est ainsi répartie : 20 euros de placements pour le premier bénéficiaire, 16 pour le second, 12,8 pour le troisième et 10,24 pour le quatrième, plus une dépense du quatrième de 40,96 euros. La somme totale est toujours 100.

Le total des sommes reçues est de 100 (1er bénéficiaire) + 80 (2e) + 64 (3e) + 51,2 (4e) + 40,96 (correspondant à la dépense du 4e bénéficiaire, mais non utilisée pour le moment), soit une somme de 336,16 euros.

Le total des sommes dépensées est de 80 (1er) + 64 (2e) + 51,2 (3e) + 40,96 (4e), soit 236,16 euros. La différence provient des 100 euros initialement versés par l’État.

Au bout du compte, on constate que 100 euros de dépense publique provoquent un accroissement du revenu national plus important (d’où l’idée de multiplication) que la dépense initiale. Le montant de cet accroissement, sur une période infinie, est donnée par la formule : 100 . (1/1- 0.8) = 500

Le multiplicateur n’est autre qu’un effet de second tour sur le circuit économique engendré par la dépense. Avec un taux d’épargne tendant vers 0%, le dénominateur tend vers 0 et le revenu national tend vers l’infini. Parallèlement, la dépense nationale augmente selon la formule : 100 . (1/1 – 0.8 -1)  = 400100 ⋅ ( 1 1 − 0 , 8 − 1 ) = 400   e u r o s

En généralisant le propos, on peut dire que, dans une économie, la variation de l’une des composantes de la demande (initiée par une variation de la dépense publique, de l’investissement, de l’octroi du crédit, des salaires, etc.) provoque une variation plus élevée du revenu national. »

On peut selon la même formule marginaliste regarder les choses du côté de la consommation des ménages soit du côté de la consommation productive, c’est-à-dire en considérant les investissements. Pour comble, tous les marginalistes font abstraction du crédit public ou privé ; en outre, en confondant allègrement monnaie et crédit, ils supposent faussement que l’épargne = l’investissement, ce qui est une hyper-simplification que même le pauvre Hicks devra reconnaître comme telle. Dans ce contexte narratif, on déterminera la propension à épargner donc l’investissement potentiel et le multiplicateur de consommation productive qui lui est lié.

Le multiplicateur économique pour l’emploi donné dans sa première formalisation marginaliste par Kahn est encore plus pathétique puisque le marginalisme ne peut pas concevoir la loi de la productivité qui représente pourtant le cœur du MPC, son aspect révolutionnaire en tant que Mode de production selon Marx. Kahn formalise en utilisant comme référence le croisement des courbes d’offre/demande sur le « marché des marchés». Or, la productivité est la capacité de produire plus d’un même produit ou d’un produit élastique durant le même temps de travail donc pour un prix unitaire proportionnellement moindre mais avec une composition organique  (v/C ) approfondie produisant un taux de plus-value  ( pv/v ) proportionnellement plus élevé pour un taux de profit identique (pv/(c+v ) mais des volumes de profit plus élevés puisque le prix unitaire plus bas permet de conquérir les marchés contre la concurrence. Les inepties de la productivité marginale ne capturent rien de tout ceci et encore moins la relation quantité/prix. De sorte que, partant de la fonction de production marginaliste classique : y = f (K, L ) où K est le capital et L, le travail – au niveau qu’on veut sans aucune contrainte de plein-emploi plein temps selon Solow, 1956 – en prenant la fonction de production du capital global, nous aurons un rapport produit total (y) en prix sur la masse salariale en t puis en t1 après investissements et, en maintenant le salaire égal en t et t1 tout en supposant l’équilibre – donc indépendamment du plein-emploi ou de la précarité – nous mesurerons l’effet du multiplicateur pour l’emploi !       

Un tel tour de passe-passe permet alors de prétendre cibler les stimuli fiscaux destinés soit à la consommation soit à la consommation productive selon des objectifs donnés. (C’est ce que prétend l’étude du FMI de sept 2021.) L’exercice demeurera limité par les paramètres de l’équilibre marginaliste et des narrations de classes solidifiées dans la comptabilité nationale marginaliste – PIB -, mais, en outre, il sera incapable de différencier les effets selon qu’il s’agira d’investissements publics ou privés et selon le degré de planification.

Les investissements dans les services et les infrastructures publics ont, par définition, un impact plus grand sur la croissance socio-économique et donc sur la compétitivité macro-économique et la productivité micro-économique . Les entreprises publiques – ou monopoles naturels comme EDF, SNCF etc. avant privatisation – disposent de plus grandes économies d’échelle et d’une rationalité et efficacité plus grandes puisqu’elles ne doivent pas verser de dividendes aux investisseurs privés et qu’elles peuvent se contenter de financer leurs frais d’administration et de réinvestissement. Pour leur part, les services publics, dont la Sécurité Sociale sont largement financés de manière organique – sans inflation – par les cotisations  sociales –le salaire différé – tout en bénéficiant des économies d’échelle nationales et de la mutualisation solidaire des cotisations, partant de versements plus équitables aux bénéficiaires.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces services sociaux publics furent conçus – Beveridge, Keynes et les socialistes avant eux – comme des droits sociaux fondamentaux et des leviers économiques contre-cycliques. Or, dans le PIB marginaliste, ces services publics sont comptabilisés comme des coûts simplement parce qu’ils n’ont pas de prix de marché. Par exemple, lorsque le système de santé est privé, il est peu abordable et laisse des millions de gens sans couverture, cependant ces coûts sociaux hautement négatifs sont passés sous silence pour ne retenir que leur valeur ajoutée dégagée sur le marché de la santé !         

Voici pour les généralités. Voyons les choses plus en détail.

Développement logique.

Un système économique quel qu’il soit impose sa reproduction dynamique sur la base d’une reproduction stationnaire. C’est ce que Marx a démontré dans le Livre II du Capital en différenciant entre la Reproduction Simple – RS ou stationnaire – et la Reproduction Elargie – RE ou dynamique.  A l’intérieur de ce cadre macro-économique, opèrent les règles économiques microéconomiques, soit, en particulier, l’extraction de la plus-value, laquelle renvoie à la composition organique du capital – v/C – et au taux de plus-value correspondant – pv/v -, le taux de profit s’écrivant pv/(c +v), soit la plus-value rapportée au capital qui inclut tant le capital fixe, que l’organisation du travail et la valeur d’échange matérialisée dans la force de travail humain « v ». Les règles économiques au niveau macroéconomique – réinvestissements, niveau du « revenu global net » des ménages, priorités sociales ou moins fixées à la Reproduction en vue de la Redistribution sociale, utilisation du crédit entendu comme anticipation de l’investissement en sus du réinvestissement des profits – se résument dans les Equations de la RS-RE

Voici le Schéma de la Reproduction Simple qui doit prévaloir simultanément en quantités et en valeur d’échange ou en prix. Aucun modèle économique sauf celui de Marx élucidé dans mon travail – Voir le Précis d’économie politique marxiste – n’est capable de le faire. Toues les théories bourgeoises traitent le capital et le travail à la même enseigne comme de simple « facteurs de production » évalués soit en quantités, soit en prix, le plus souvent en prix. Ceci induira une fluidité encore plus grande de la force de travail humain qui doit pourtant se reproduire deux fois, une fois comme force de travail et ensuite comme Espèce humaine au sein d’un ménage. Comme la force de travail apparaît uniquement sous la forme d’un salaire monétaire, le salaire est donc théoriquement soumis sans limite aucune aux lois de la concurrence.

Extrait du Précis : « Les Equations de la Reproduction Simple (RS) formant un système stable se reproduisant à l’identique serviront de base sur laquelle on élaborera ensuite les conditions prévalant pour la Reproduction Elargie (RE). Les voici sur la base des fonctions de production agrégées de SI et SII:

SI : c1(80)           + v1(20)           + pv1(20)         = M1(120 euros pour 120 Mp)

SII : c2(40)         + v2(10)            + pv2(10)         = M2 (60 euros pour 60 Cn)

Les Equations de la RS sont les suivantes :

c2 = (v1 + pv1)

M1 = (c1 + c2)

M2 = (v1+ pv1) + (v2 + pv2) »

Dans le même Précis nous démontrons que les lois de la concurrence capitaliste, qui s’imposent légalement dans le Mode de Production Capitaliste, mènent de manière aveugle à une structure de la Reproduction qui implique nécessairement un « équilibre » ex post dans les échanges, tant en quantités qu’en qualités ou valeur d’échange, puisque la valeur d’usage est le support obligé de la valeur d’échange. La « main invisible » mène donc bien à un « équilibre des cimetières » dans lequel l’accumulation privée est privilégiée au détriment des priorités sociales ou simplement humaines et environnementales. Cela se fait au prix d’un gaspillage extrême des ressources nécessaires.

Une autre manière de dire ceci consiste à remarquer qu’une fois que la « science économique » sera établie en tant que science, la concurrence aveugle, donc l’allocation des ressources socialement disponibles pour la reproduction, sera remplacée par la Planification tant au niveau microéconomique qu’au niveau macroéconomique. Au niveau microéconomique, nous aurons la détermination de la composition organique du capital  – v/C où C = (v +c ) – et le taux d’exploitation à elle liée – pv/v – ex ante dans la fonction de production. Pareto, par exemple, peut insister à bon droit sur la composition technique du capital ouvrant ainsi la voie aux analyses portant sur les économies d’échelle et les revenus croissants et décroissants, malheureusement il est incapable de concilier la composition technique avec sa composition valeur, ce que je suis le seul à pouvoir faire, y compris en cas de modification de la composition organique dans les divers secteurs. La loi marxiste de la productivité par moi établie conserve toute sa cohérence au système reproductif, en particulier en ce qui concerne la structure des prix relatifs. (Le faux problème de la transformation des valeur en prix est démontré être une supercherie due à Böhm-Bawerk.) Au niveau macro-économique, vu le contrôle homogène des prix relatifs, nous pouvons alors assurer la Reproduction mais en tenant compte dans l’allocation des ressources disponibles des priorités socioéconomiques, culturelles, humaines et environnementales – écomarxisme.

Dans le cadre marxiste élucidé, la problématique du Multiplicateur économique est celle de la Reproduction Elargie selon les priorités choisies pour la Redistribution – ce qui renvoie aux différentes Epoques de redistribution historiques expérimentées dans le MPC, en bref le libéralisme classique fondé sur le seul salaire net, le Welfare State ou Etat social fondé sur les circuits plus vertueux du « revenu global net » des ménages, donc salaire net, salaire différé et impôts directs et indirects, et le partage socialiste de la « plus-value sociale » tant du côté des investissements – appuyés par le crédit public – que du côté du « revenu global net » des ménages. Ceci renvoie à la Planification, laquelle dans le cadre de la « démocratie socialiste », en deviendra le cœur puisqu’elle reposera sur l’implication directe des travailleuses et des travailleurs dans le contrôle de la production mais également de la Reproduction et de la Redistribution. La démocratie industrielle, entrevue par les relations industrielles – Conseil Economique et Social, Ralph Dahrendorf, Dunlop, Kerr etc., contrepoids aux Big corporations selon J Galbraith etc.  – prendra alors toute son importance sous la forme de la démocratie sociale, industrielle et économique tant par la Planification démocratique que par les diverses « instances de contrôle démocratiques » notamment les comités de plaintes citoyens, les prudhommes et les Ombudspersons. (Voir ceci)

Le cœur de la logique de la Reproduction Elargie – en lieu et place du Multiplicateur marginaliste aveugle – reposera sur les Equations de la Reproduction Simple et Elargie – voir ci-dessus –  et sur les Rotations qui en émanent. Voici la formule générale des Rotations dans ce cadre. Elle peut ensuite être déclinée pour tenir compte de la monnaie – masses salariales – ainsi que du crédit et de ses formes, crédit classique, public ou privé, ou crédit spéculatif.

Extrait du Précis « Le détail incluant les rotations est le suivant :

S = masse monétaire = masse salariale.

R = nombre de rotations; R = C/v + pv/v

M€ = valeur en euros du produit total = S x R »

Les Equations de la RS-RE peuvent être réduite à deux secteurs le Secteur SI produisant les Moyens de production – Mp – ou biens en capital en termes mainstream et le Secteur II des Moyens de consommation – Cn – ou biens de consommation. Ceci renvoie aux deux intrants de toute fonction de production soir le capital « c» et la force de travail humain « v », la fonction de production s’écrivant : c + v + pv = p où « pv » est la plus-value ou le profit et p le produit résultat de la production. Tous les sous-secteurs et toutes les branches peuvent être subsumés sous ces deux secteurs. Si nous disposions de statistiques scientifiques correspondant à cette fonction de production scientifique et donc, au niveau macro-économique, aux Equations de la RS-RE, nous pourrions aisément composer les filières qui renvoient à des regroupement spécialisés transsectoriels. Dans la Reproduction Elargie – RE – nous pouvons donc concevoir scientifiquement les effets d’un investissement supplémentaire touchant l’ensemble des deux secteurs avec leurs composants , ce qui portera à une croissance cohérente et harmonieuse. Ceci donnera ce qui correspondrait au Multiplicateur économique générique. On peut également vouloir agir sur un secteur en particulier, par exemple certaines machines outils. Dans ce cas, tenant compte des contraintes paramétriques de la RS-RE, il faudra néanmoins veiller aux investissements nécessaires dans les branches et sous-secteurs impliqués notamment si nous avons à faire à des secteurs intermédiaires. Ceci nous donnera le Multiplicateur économique sectoriel.

On notera que dans les deux cas il faut tenir compte des conditions paramétriques données par les Equations RS-RE. Autrement, selon la concurrence capitaliste abandonnée à la « main invisible », nous aurons toujours un « équilibre de marché » ex post mais ce sera souvent un « équilibre des cimetières » en tous cas un équilibre atteint sur base monétaire sans égard pour les quantités et surtout pour les quantités de biens nécessaires pour assouvir les besoins sociaux ne serait-ce qu’essentiels. Nous avons souligné à maintes reprise que la logique de la mentalité acquisitive alliée à l’accumulation capitaliste orchestrée par la « main invisible » du marché crée forcément de la spéculation qui se traduit par une expansion dans certains secteurs accompagnée par une contraction dans d’autres secteurs, ce qui constitue la logique des crises conjoncturelles du MPC, ou Trade Cycles. Les crises structurelles sont dues pour leur part, à l’épuisement des effets de croissance d’une vague technologique donnée massifiée.  

Le Multiplicateur marginaliste selon les Epoques historiques , les liens intersectoriels, le ciblage.

Dans sa formulation générale le Multiplicateur se propose de répondre à la question suivante : pour un dollar investi selon la propension à « consumer » ou à « épargner » des agents économiques, quel en sera l’impact sur la croissance économique, pour comble évaluée selon la comptabilité nationale du PIB. ( voir la crique ici : http://rivincitasociale.altervista.org/le-pib-outil-de-narration-marginaliste-contre-le-bien-etre-des-peuples-et-la-prosperite-des-etats-nations-24-mai-2020/ ) Nous aboutissons ainsi à la fameuse série géométrique que Kahn formalisera en s’inspirant de Keynes, en particulier son article « Can Lloyd George do it ? » de 1929. Puisque tout échange est nécessairement réciproque, étant donnée la propension à consumer ou à épargner, un circuit économique se met en place, qui, du moins on le présume, portera à une croissance économique, ou, au minimum, au soutien de l’économie sinon à sa relance en temps de crise.

Nous voyons d’emblée le problème. Dans la structure de Reproduction implicite qui se reproduit en aveugle dans le régime bourgeois, les échanges « normaux » sont surdéterminés par la structure sous-jacente. Celle-ci est à son tour surdéterminée par l’accumulation capitaliste privée, les investissements allant de préférence dans les entreprises, branches et secteurs les plus rentables ce qui mène fatalement à des expansions sectorielles accompagnées par des contractions en d’autres secteurs, ces déséquilibres ou Business Cycles, étant purgés durant les crises par une série de banqueroutes menant à un rééquilibrage. Mais ceci se produit au prix de fusions, selon la logique de la centralisation et de la concentration du capital, avec ses impacts sur la structure de la force de travail, le chômage ne trouvant pas toujours de possibilités de « déversement » – mot de A. Sauvy – dans d’autres secteurs intermédiaires ou nouveaux. Aujourd’hui, du fait de l’hégémonie du capital spéculatif, les ratios prudentiels des banques sont remplacés par l’accès à la Banque centrale privée et les banqueroutes par les bailouts. (Voir « Credit without collateral » )La fonction autorégulatrice des crises conjoncturelles capitalistes ne jouent plus, ce qui mène à une logique purement narrative dans un système de Monopoly financier exacerbé.

Dans ce contexte, lorsque l’on s’occupe du Multiplicateur c’est surtout pour évaluer l’impact du soutien à l’économie en temps de crise. Economie privée oblige, ce soutien en temps de crise ne peut venir que de l’Etat.

On voit le problème général : sans changement dans la structure sous-jacente des échanges, donc du système de Reproduction sous-jacent, les stimulus et donc les effets du Multiplicateur, vont suivre cette logique. Si elle est biaisée fortement, comme cela est le cas aujourd’hui, par l’hégémonie du capital spéculatif financier et boursier, alors le Multiplicateur sera non seulement faible – en effet la spéculation phagocyte l’économie réelle – mais désastreux pour ses conséquences sociales quoique très bénéfique pour la spéculation hégémonique. Ceci se vérifie tout le temps et nous savons maintenant pourquoi, à savoir la structure sous-jacente des échanges dans le système capitaliste de Reproduction. Par exemple le « quoi qu’il en coûte» s’est soldé par des salaires en berne et par une augmentation des banqueroutes et de la pauvreté pendant que le Cac 40 établissait des records.

Dans un tel contexte peut-on, comme le fait le FMI et M. Gourinchas, prétendre à de meilleurs résultats en soulignant le rôle d’un meilleur ciblage des aides et stimulus publics ? C’est sage en apparence mais sans changement dans la structure économique et légale sous-jacente – notamment les gigantesques tax expenditures – cela est assez illusoire.

Ainsi la crise du Covid-19 aux USA fit exploser le chômage, plus de18 millions officiellement. Les assurances-chômages – UI- versées eurent de curieux effets : le « revenu disponible » médian américain – qui comprend uniquement le salaire net et la part des revenus financiers des ménages ce qui exclut tout ce qui est important, en particulier le salaire différé et les services sociaux publics – augmenta comme jamais ( !), la pauvreté sembla éliminée des statistiques et – résultat de l’Aléna et du workfare reaganien sur les emplois à temps plein – l’inflation structurelle – directement liées aux masses salariales, réelle et sociale – toucha certains produits de consommation, dont les voitures d’occasion. Ces effets transitoires disparurent immédiatement dès que les aides furent réduites ou supprimées. De fait, Donald Trump qui les réduisit peu avant les élections subit un échec électoral, en particulier dans certains des Etats clés de la Rust belt que les Républicains avaient conquis auparavant. Simultanément, ces aides allant aux ménages de la classe moyenne plus aisée menèrent à une première explosion des Repos et des Reverse Repos, puisque JP Morgan avait anticipé que quelques $ 300 milliards destinés à ces ménages allaient de déverser dans les produits financiers dans un contexte de QT. (voir ceci)

Le cas de l’IRA apporte des nuances. La partie High-Tech est financée par un prélèvement sur les buybacks – destinée récemment à être augmenté de 1 % à 4 %. Ceci est inintéressant. En effet, lorsque les dépenses publiques sont couvertes par les prélèvements, par définition elles ne créent pas d’inflation directement. Reste que la structure spéculative en place surdéterminera les résultats attendus de cette tentative d’influence sur l’investissement productif. L’irrationalité de la transition verte spéculative ajoutera au désastre sans préserver l’environnement, la santé humaine et la biodiversité.

On voit qu’il est difficile de cibler dans le cadre d’une économie capitaliste néolibérale monétariste sous hégémonie du capital spéculatif.

A ce point-ci, il est utile de revenir aux idées centrales du keynésianisme dans lequel la logique du Multiplicateur fut imaginé – Keynes, Harrod, Kahn etc.

Dans ce contexte original reposant sur l’économie mixte, Keynes adoptait la logique marginaliste micro-économique pour des raisons strictement idéologiques. Mais il savait que cette logique capitaliste nécessaire à la légitimation du système reposant sur l’apologie de l’entrepreneur individuel et de l’accumulation privée, menait aux déséquilibres des crises conjoncturelles et structurelles – Grande Dépression – du fait de ce qu’il appela les « esprits animaux » du capital privé. Dans le cadre de l’économie mixte on pouvait donc laisser une certaine latitude aux capitalistes en les encadrant dans une macro-économie régulée. Dans les deux derniers volumes de ses Œuvres complètes furent publiées les pages qui renvoient aux emprunts occultés à Marx et à ses circuits du capital, ce que nombre d’entre nous savaient déjà vu l’impact de Sraffa – donc de Gramsci – sinon de Eugène Dobb, ce qui est un peu plus douteux …

En reprenant, sans le dire, le concept marxiste de « demande sociale », entrevue dans les Manuscrits parisiens de 1844 et développé dans le Livre II du Capital avec les Equations de la Reproduction – il s’attachait, en particulier, à imaginer les manières de rééquilibrer l’Offre et la Demande agrégées, autrement dit d’arriver à un équilibre. Mais il le fit en soulignant que tout équilibre digne du nom doit reposer sur le plein-emploi –à plein temps, bien évidemment. Il aboutissait ainsi à un système de variables interdépendantes mais avec la contrainte du plein-emploi agissant comme variable déterminante. Le reste s’ajustant. Ceci fut illustré ensuite par le Système keynésien hydraulique en plusieurs machines (https://www.youtube.com/watch?v=rVOhYROKeu4 ) à Cambridge UK. Le reste – monnaie et crédit – venant se greffer selon ces contraintes. Comme toujours les principaux écueils de ce genre de système résident dans la non-compréhension de la productivité – qui libère la force de travail non nécessairement réabsorbée ailleurs sans RTT – et l’illusoire gestion par les taux d’intérêt de la masse « monétaire » informe qui amalgame monnaie – masses salariales – et crédit.

Un tel système mène donc à un interventionnisme étatique pour rééquilibrer la Demande et l’Offre agrégées, un tâtonnement – empirique statistique post-hoc – aveugle par rapport aux Equations de la Reproduction de Marx. Du côté de la Demande, nous avant le plein-emploi et l’assurance-chômage avec la formation professionnelle dans le cadre d’un taux de chômage frictionnel et saisonnier, le tout avec le développement du salaire différé – la Sécurité Sociale couvrant la vie inactive – retraite, chômage – et les arrêts maladie etc. Du côté de l’Offre on remettait en question le niveau et l’orientation des investissements productifs par le biais des entreprises publiques – monopoles naturels ne pouvant être privatisés – ou par le recours au crédit, l’argent public permettant de rééquilibrer la base structurelle de la Reproduction, donc les échanges et, partant, le développent du Multiplicateur. La structure fiscale était ainsi adaptée à la nouvelle Epoque de redistribution du Mode de production capitaliste incarnée par le Welfare State keynésien, ou par l’Etat social européen :  outre les cotisations, les impôts directs prient une grande importance – impôts sur le revenu, succession etc. Ceci permit d’ajouter au financement des entreprises publiques celui des infrastructures publiques. Ces dernières, dont la construction nécessite un capital mobilisé sur le long terme, sont accessibles universellement ce qui permet de magnifier l’impact crucial de la macroéconomie sur la microéconomie, donc de renforcer puissamment la productivité micro-économique des entreprises.

Revenons alors au Multiplicateur et aux propensions à consommer ou à épargner. La compréhension est ici complètement occultée par l’hégémonie de ce que Joan Robinson appela les « bâtards keynésiens ». J’ai résumé cette histoire dans mon Livre III – Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance – 2005 – ainsi que dans mon Introduction méthodologique, tous deux librement disponibles dans la section Livres-Books de mon vieux site expérimental www.la-commune-paraclet.com . Le tout commence avec Hicks lequel propose le modèle IS-ML, qui selon ses propres dires, est une super simplification heuristique ; en gros l’épargne = l’investissement, ce qui est une absurdité car ceci élimine le rôle contre-cyclique du crédit ainsi que de l’épargne socialisée reposant sur le salaire différé. Notons que le crédit, qui met en cause le système bancaire fractionnaire, ne peut pas se résumer aux dépôts ni au rôle de l’épargne socialisée, centrale pour la bonne tenue générale et contre-cyclique du système. Pour le salaire différé et ses circuits vertueux, voir : http://rivincitasociale.altervista.org/une-autre-ineptie-sur-les-circuits-du-capital-de-marx-et-sur-la-realisation-selon-g-dumenil-et-d-levy-dec-22-2019-27-janvier-2020/ )

Aujourd’hui, dans le contexte du néolibéralisme monétariste sous hégémonie du capital spéculatif, nous avons une distinction primaire entre propension à consommer – les dépenses des ménages – et propension à épargner mais ceci est conçu selon le modèle IS-ML, de surcroît avec une réduction extrême du salaire différé, le tout aggravé par les privatisations et les dérèglementions à tout-va de l’économie. On régresse de la sorte vers un système complètement abandonné à ses « esprits animaux » aujourd’hui en proie aux investissements court-terme purement spéculatifs – produits financiers, bourse etc. -, et, pour comble, parasités par de gigantesques « buybacks » et versements de dividendes qui retournent immédiatement dans ces circuits purement spéculatifs. Mentionnons de nouveau l’exemplaire et infime Multiplicateur des stimuli fiscaux du « quoi qu’il en coûte » avec l’explosion simultanée des profits et des dividendes versés, dont même le FMI a dû prendre note.

Le Multiplicateur devrait du moins faire la différence entre épargne et épargne socialisée. La première se partage entre épargne des ménages et épargne du capital – supplémentée par l’accès au crédit privé selon la magnitude des investissements désirés …. Pour les ménages nous devons distinguer le salaire net et le salaire différé. Le salaire net est dépensé journellement, hebdomadairement et mensuellement, et à plus long terme, par exemple via les comptes d’épargne nécessaires pour fournir les sommes plus considérables nécessaires à l’achat de biens durables, dont la circulation est également crucial pour la Reproduction. Le salaire différé finance, en tant qu’épargne socialisée, mutualisée et solidaire, les branches de la Sécurité Sociale. On sait que cette épargne socialisée stabilise le système – rôle contre-cyclique et anti-inflation salariale puisque les cotisations viennent organiquement de la valeur d’échange produite.

L’épargne du capital – sa propension à épargner – supplémentée par le crédit public et les entreprises publiques – monopoles naturels ou entreprises stratégiques – stabilisaient le système reproductif du côté des investissements.

On notera que ceci fonctionna très bien jusqu’au démantèlement du GATT – initié avec le Dillon Round – et à la privatisation des banques centrales. Cette privatisation se fit par la loi Pompidou-Giscard-Rothschild de1973 en France et mena à l’explosion immédiate de la dette publique désormais soumise aux marchés internationaux du capital. (voir le tableau cité dans : http://rivincitasociale.altervista.org/rapport-arthuis-2021-vous-avez-aime-thatcher-reagan-vous-aimerez-arthuis-version-italo-ludwig-mises-5-mars-2021/ . Je le reproduis ici :

Aucune de ces distinctions pourtant essentielles n’apparaît plus dans les discussions sur le Multiplicateur car elles renvoient aux circuits vertueux du capital désormais niés par le néolibéralisme monétariste sous hégémonie du capital spéculatif. Ceci rend la discussion sur l’impact d’un meilleur ciblage assez ingénu.

Cela fait une grande différence si un citoyen reçoit un « revenu disponible » marginaliste néolibéral qui se résume au salaire individuel net agrémenté par de faibles revenus provenant de l’épargne financière de son ménage, le tout avec des services sociaux, dont la santé, l’éducation et le transport, privatisé et avec un accès payant aux infrastructures publiques ou, au contraire, un « revenu global net » du ménage avec ses trois composants, le salaire individuel net, le salaire différé assurant l’accès universel garanti et « gratuit » car collectivement financé, aux 5 branches de la Sécu ainsi que l’accès « gratuit » aux infrastructures publiques, dont les autoroutes … C’est le standard de vie des citoyennes et des citoyens, assuré par leurs conquêtes sociales, qui est ici en jeu.

Reste la question centrale qui renvoie à la public policy liée au néolibéralisme monétariste sous hégémonie spéculative. On peut la résumer par la critique à l’ineptie brutale et insensée incarnée dans l’« Equivalence ricardienne » formellement proposée par R. Barro ; elle constitue le cœur du système spéculatif et de ses dérèglementations/privatisations donc celles du crédit public émis jadis par la Banque centrale publique à coûts quasi nuls si se n’est les frais d’administration. Ce qui nous renvoie donc aux énormes exonérations et aux gigantesques dépenses fiscales ou tax expenditures qui disparaissent poliment des radars budgétaires et médiatiques une fois accordées, sauf si elles sont plus récentes et légitimisables par un impact social ou de manière plus pernicieuse par la « transition écologique » spéculative. A cet énorme gaspillage, il faut encore ajouter l’évasion fiscale en sus des transferts légaux permis par les tax rulings – voir http://rivincitasociale.altervista.org/accord-de-paris-climat-decarbonisation-et-problemes-du-ets-le-crime-climatologique-contre-les-pays-emergents-et-la-grande-majorite-de-lhumanite-a-congeler-au-niveau-inegalitaire-de-1990/

Comme chacun sait – tout le monde l’a compris grâce au sursaut de conscience populaire déclenché par la contre-réforme des retraites – il y a désormais plus de 90 milliards d’exonérations  de cotisations patronales sans contrepartie pour le monde du travail sauf la précarité – RSA et workfare, apprentissage gratuit ou presque, gig jobs, parcoursup y compris désormais pour les maîtrises etc. Dans la même foulée d’autres exonérations pour les entreprises suivent sous prétexte de faire baisser les coûts du travail dans le cadre de la définition de l’anti-dumping qui prévaut à l’OMC et qui mène à une concurrence globale de la force du travail sur la base du seul salaire net, donc en abstraction du salaire différé et de l’accès aux infrastructures publiques, et des critères minimaux de préservation de l’environnement – à ne pas confondre avec les inepties climatiques du GIEC qui mesure les températures par satellites depuis 1979 donc lorsqu’il n’y a pas de nuage, ce qui porte fatalement à un grave réchauffement de modèles totalement bidons qui méritent sans doute la Cour pénale internationale pour crime contre l’Humanité et contre les pays en transition. Notez que la promesse faite à ces pays d’un Fonds de 100 milliards de dollars par an est plus bafouée encore que l’ancienne promesse de faire passer l’aide internationale au développement, liée ou moins, à 0,7 % du PIB des pays riches.

En bref, l’équivalence ricadienne soutient que le Multiplicateur émanant d’exonérations d’impôts et des tax expenditures est supérieur à celui induit par les stimuli sous forme de subventions directes et d’accès au crédit public. La réalité, ne serait-ce que la réalité illustrée par le ratio de la dette publique abandonnée au marché international ou par le taux de chômage, même au sens du BIT, dit le contraire. On a vu plus haut pourquoi et ceci surtout dans le cadre d’une structure de reproduction/redistribution socio-économique néolibérale monétariste : les effets des aides iront de préférence au capital spéculatif, phagocytant encore l’économie réelle et l’emploi à temps plein. (Concernant la différence entre le multiplicateur générique et les multiplicateurs sectoriels déjà abordée plus haut, je renvoie à ceci : THE BODY ECONOMIC: why austerity kills, by David Stuckler and Sanjay Basu, HarperCollins Publishers LTD, 2013. A critical review ». dans  https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm

Reste à éclairer la question de l’impact différencié du Multiplicateur dans le contexte spéculatif selon le ciblage, ce qui préoccupe M. Gourinchas. En fait, nous avons longuement insisté sur ce point, ce n’est pas tant le ciblage qui compte mais l’Epoque de redistribution : il importe de savoir si nous avons à faire à un Etat Social planifié et régulé ou bien à un Etat néolibéral monétariste avec sa désastreuse public policy. Nous avons donnés le montant des aides d’Etat – selon le FMI – et l’évolution du PIB réel pour la France, l’Italie et les USA. L’inefficacité caractérielle ici n’a d’équivalent que celle des banques centrales occidentales dans la lutte à « l’inflation » – au singulier. (voir par ex : http://rivincitasociale.altervista.org/the-inflation-narrative-and-the-irreversible-ruin-of-our-country-july-4-2022-includes-french-spanish-and-italian-versions/ )

Le Multiplicateur des aides publiques était plus grand durant les Epoques de redistribution caractérisées par l’Etat social, et reste plus grand lorsque les infrastructures et les services publics ne sont pas privatisés. De même, on peut vérifier en France que le système de Sécurité Sociale moins dégradé induit une « inflation » IPC moindre. Elle serait encore moindre si le parc nucléaire n’avait pas été idéologiquement diminué par les subventions aux inefficaces et intermittentes  « alternatives » et si la France ne faisait pas partie du marché unique européen qui impose un prix correspondant à la dernière centrale appelée à la production pour un contrat spécifique, à savoir généralement une centrale à gaz dont le coût est aujourd’hui sujet à la spéculation – le TTF Amsterdam – et aux sanctions contre la Russie, au profit du gaz de schiste américain polluant et de 4 à 6 fois plus cher …

L’analyse du « stimulus plan » de Obama avait déjà fait ressortir que les dépenses allant aux secteurs publics produisaient un Multiplicateur plus élevé aux USA de près de 3 % – voir The Body economic cité plus haut.)  Ainsi lorsque les aides allèrent aux ponts et égouts, aux infrastructures publiques ou aux services publics – Medicare, Medicaid, éducation publique – l’impact était fort, mais retombait autour de la moyenne prévalent logiquement dans l’économie spéculative – si chère à ce cher idéologue R. Barro et à tant d’autres du genre Blanchard, Summers, Akerlof, Stiglitz, etc., etc. – à savoir de 1 % et moins. (On sait aussi que le Multiplicateur des dépenses militaires est le plus bas de tous ; ce qui poussa le Chancelier Willy Brandt a exposer les bénéfices des « dividendes de la paix » dans son fameux Rapport (https://fr.wikipedia.org/wiki/Rapport_Nord-Sud ) l’argent gaspillé en armements devant plutôt être consacré au développement socio-économique.  Ceci importe du fait des dérives a-sociales domestiques et internationales incarnées dans la Guerre des Etoiles et dans la Doctrine de la  Guerre préventive portées par les néocons transversaux occidentaux actuels. Ce qui atteint aujourd’hui son paroxysme dans la destruction otanesque de l’Ukraine dans le vain espoir d’affaiblir la Fédération de Russie, après la destruction de l’ex-Yougoslavie.  

On comprend immédiatement pourquoi en se référant à ce que nous avons dit ci-dessus concernant la Reproduction, la Redistribution et la structure des échanges. Dans le contexte public, il n’y a pas de profit à faire et de dividendes à verser, ou alors comme c’était le cas des anciennes entreprises publiques et des autoroutes, ils allaient au Trésor. Le Multiplicateur socio-économique s’exprime alors à plein surtout s’il n’est pas extroverti par la fin des barrières tarifaires et les traités de libre-échange. Or, cette extroversion, entérinée par l’actuelle définition de l’anti-dumping à l’OMC, est devenue la norme globaliste néolibérale monétariste.

Lorsque  les aides vont au privé, et de surcroît au privé placé sous la coupe de la spéculation financière hégémonique, l’impact se vérifie surtout du côté des dividendes et des profits privés, soit par les dérives encore amplifiées du capital spéculatif. Aujourd’hui, elles mettent à mal la reproduction humaine en plus de la reproduction socioéconomique ainsi qu’il est démontré par la pauvreté croissante, les queues pour la soupe populaire et l’hiver démographique dans lequel sombrent nos sociétés … et par l‘attaque contre le génome de l’Espèce humaine et son cadre épidémiologique général soumis à de criminelles expériences de masse hors de tout cadre méthodologique ou déontologique. Les pseudo-vaccins a mARN furent trafiqués à la va-vite et imposés sans vrai consentement éclairé, chantage à l’emploi en appui, avant même la fin de la Phase 3 …( Voir les Brèves)

Questions pour M. Gourcinchas et les autres : cibler, oui, bien sûr, mais comment ? Et dans quel contexte reproductif-redistributif et légal ?

Notons au préalable que la comptabilité nationale marginaliste et les équations qui en dépendent, y compris dans le calcul du Multiplicateur, sont ontologiquement erronées. Je renvoie ici à ma critique définitive du PIB marginaliste : elle compte comme coût les administrations publiques et les services publics – Sécurité Sociale – parce qu’ils n’ont pas de prix de marché. De la sorte, la Santé publique est critiquée et démantelée en faveur des régimes de Santé privés à l’anglo-saxonne alors que le système public fonctionnait très bien dans les années 70. Le système public financé par les cotisations salariales mutualisées et solidaires valait 9 % du PIB en France tout en étant universellement accessible, alors qu’à la même époque le système privé US valait près de 16 % du PIB mais laissait près de 50 millions de citoyens sans couvertures médicales et des millions d’autres avec des couvertures insuffisantes – pour les travailleurs une simple appendicite signifiait souvent la pauvreté, voire la ruine. La situation a empiré aujourd’hui avec l’Obamacare faite au profit des assurances privées. Et le même raisonnement vaut pour les régimes de retraites.

Or, ceci affectent les coûts de production, il en résulte comme toujours qu’une bonne compétitivité macro-économique reste, avec la R&D publique, le meilleur soutien à la bonne tenue de la productivité micro-économique des entreprises. Il en va également pour les bureaucraties publiques, universellement accessibles qui mutualisent au moindre coût, les frais, puisque la recherche de profits ou de dividendes maximum ne fait pas partie de l’équation. Malgré cela la logique néolibérale monétariste pousse à la privatisation : on ruine les gens, leurs santé etc., ainsi que la base productive nationale mais, par le biais de l’évaluation en prix de marché, le désastreux résultat compte dans le PIB. Pour obtenir des statistiques économiques scientifiques et donc une comptabilité national et d’entreprise scientifique il faut partir des Equations de la RS-RE en tenant compte des bureaucraties publiques et privées qui ne sont que le résultat de la division du travail au sein de l’entreprise ou bien de la division sociale du travail au niveau macro ; dans ce dernier cas, la mutualisation publique en rend le coût bien moindre dans la fonction de production résumant le procès de production immédiat, malgré la pratique « schumpétérienne à l’envers » – la création artificielle d’« entrepreneurs » par le démantèlement des entreprises et services publics – mise en œuvre par l’outsourcing néolibéral privé. Une comptabilité nationale scientifique traiteraient de la même façon toutes les fonction de production subsumées dans les Equations RS-RE, tant pour le public que pour le privé, pour les services autonomisés ou moins. Le taux de profit systémique resterait le même partout mais les investissements dans les secteurs publics seraient bornés par le pourcentage de taxes et impôts qu’une FS donnée peut leur consacrer, compte tenu de sa compétitivité macroéconomique résumée par le taux de change de sa monnaie dans le cadre de la définition de l’anti-dumping utilisée.

On le voit le Multiplicateur marginaliste ne vaut pas grand-chose, sauf peut-être dans un système d’interventionnisme d’Etat à la Keynes ou selon les écoles de la régulation dans le cadre constitutionnel du droit au travail garanti par l’économie mixte, la planification et l’intervention correctrice régalienne. 

Quelques étapes dans la création du multiplicateur keynésien.

Prologue : une critique keynésienne de Richard Kahn. Les aveugles conduisant le monde.

See : file:///C:/Users/Paul/BACKUP%20TEXTES/ECONOMY/SSRN-id3691905%20The%201931%20Kahn%20Multiplier%20Creation%20Myth.pdf

Micheal Emmett Brady casse vaillamment une lance en défense de Keynes. Mais il me rappelle un peu le fameux tableau de Brueghel l’Ancien. Il en fait un théoricien très mainstream tant pour le Multiplicateur que pour la courbe IS-ML !!! Il s’élève contre l’interprétation qui voudrait que Keynes soit redevable à Kahn pour la formalisation géométrique du Multiplicateur. Pour cela, il fait ressortir une note de bas de page du Traité sur les probabilités, 1921,dans lequel il souligne une note en bas de page comportant des points de suspension à partir desquels il argumente que le théoricien de Cambridge UK distinguait méthode arithmétique et méthode géométrique, bien avant la contribution de R. Kahn. Il réfute aussi l’influence de Frank Ramsay sur Keynes, sans comprendre que l’emphase mis par ce dernier sur la définition de l’Univers considéré est essentiel. Keynes n’aurait d’ailleurs jamais présenté une abstraction géométrique se développant théoriquement à l’infini en économie ! (J’ai montré la fausseté puérile du Paradoxe de Zénon : il se fonde sur la confusion du concept de point, et du point pris comme surface ou solide. Bref, Platon fait dire à Socrate dans la République que le concept du chien n’aboie pas …) 

On a vu plus haut, que Keynes s’inspire des circuits du capital selon Marx, lesquels se résolvent dans les Equations de la RS-RE. Dans son essai de 1929 « Can Lloyd George do it ? » Keynes applique sa fameuse règle des « rules of thumb». En l’absence de statistiques fiables et plus ou moins complètes, il se livre à une analyse disons sociologique-historique dans une optique fortement influencée par le Labour et les théoriciens et commentateurs gravitant autour, tous plus au moins influencés par les marxistes. En outre, Keynes a toujours été familier avec les principaux rapports de l’Establishment UK. En se fondant sur les connaissances disponibles, il se livre à une projection de la croissance pouvant être induite par une intervention gouvernementale. Il le fait en tenant compte des connections intersectorielles évidentes, qui ne sont pas pensables sans l’influence de Marx et son brillant résumé de Sismondi et du Tableau de Quesnay. Nous verrons plus bas que la contribution de Kahn n’est qu’une formalisation appauvrissante ; à l’instar de la courbe IS-ML, elle a pu satisfaire Paul Samuelson qui, de manière révélatrice, désirait avoir accès à un résumé de la Théorie Générale tout autant qu’au Finnegans Wake de James Joyce. Plus tard, Popper fera de ces formalisations abusives son ancrage méthodologique …         

J’ai dit ailleurs que le premier grand recueil de statistiques socio-économiques modernes émerge de la Tennessee Valley Authority avec le New Deal et ses travaux publics. Il en ressortait qu’un travailleur sans emploi durant 2 années ou plus devenait difficilement employable du fait des carences physiologique et de formation. Malheureusement, avec Kuznets, puis Jan Tinbergen et tutti quanti, les statistiques se formalisèrent et se fossilisèrent dans les narrations marginalistes, empiriques, ex post et fausses et uniquement centrées sur la valeur ajoutée capitaliste privée. On substituait cette valeur ajoutée marginaliste à la plus-value et au profit. La société, base de l’économie, est ainsi évacuée du champ de recherche !!! Et cela donne le PIB et la comptabilité managériale, avec, en prime, l’« income stream » et la théorie quantitative de la « monnaie » de Irving Fisher.

Pour le texte pragmatique et non-dogmatique de Keynes « Con Lloyd George do it ? », on se reportera à ce lien : keyneshenderson1929lloydgeorge.pdf (hetwebsite.net)

Il me suffit d’ajouter ici que cette évaluation, disons « tongue in amiable cheeks », keynésienne-marxiste, des effets intersectoriels des programmes publics de soutien à l’économie, était capable de voir les effets macro-économiques sur la productivité micro-économique, puisque de meilleures infrastructures et la modernisation générale de l’espace public, induisent une plus grande compétitivité de la Formation Sociale, protégeant ainsi son rang dans le monde inter-national. De quoi construire une alliances des classes avancées sous la conduite du Labour. Ce n’est pas pour rien que Keynes eût la réputation d’avoir sauvé le capitalisme de ses « esprits animaux ». C’était d’ailleurs son projet intime, en tant que grand lecteur subreptice de Marx. A part les deux derniers volumes de son Œuvre complète Micheal Roberts a récemment ajouté cette pièce au dossier :   

« Keynes’ ‘socialism’ was openly designed as an alternative to the dangerous and erroneous ideas of what he thought was Marxism.  State socialism, he said, “is, in fact, little better than a dusty survival of a plan to meet the problems of fifty years ago, based on a misunderstanding of what someone said a hundred years ago.”  Keynes told George Bernard Shaw that the whole point of The General Theory was to knock away the ‘Ricardian’ foundations of Marxism and by that he meant the labour theory of value and its implication that capitalism was a system of the exploitation of labour for profit. He had little respect for Karl Marx, calling him “a poor thinker,” and Das Kapital “an obsolete economic textbook which I know to be not only scientifically erroneous but without interest or application for the modern world.” » in https://thenextrecession.wordpress.com/2019/06/05/keynes-socialist-liberal-or-conservative/

La guerre de classe idéologique: discréditer l’adversaire en le plagiant de manière occulte – voir les deux derniers volumes de l’Œuvre complète de Keynes– et remplacer la science par des narrations plausibles, et donc s’inspirer de Marx mais avec le projet de nier la Loi de la valeur, et par conséquent l’idée centrale de l’exploitation de classe ! C’est une vieille histoire ( voir Pour Marx, contre le nihilisme, le Livre 2 ici et ici ). Outre Marx, elle mena à un nettoyage idéologique contre les classiques dont les Physiocrates, Smith, Ricardo, Torrens … Et finit par faire reposer la « dismal science » sur une falsification psychologique et subjective qui atteint son paroxysme avec l’Ecole autrichienne, à savoir la pérennité de la mentalité acquisitive capitaliste partout, diachroniquement et synchroniquement, au grand désespoir de l’école historique allemande, dont Schmoller. Nous voilà servis : Les sociétés potlatch et autres suivaient donc toutes le calcul individualiste des joies et des peines de Menger et al …  

La formalisation de Richard Kahn

Voir « The Relation of Home Investment to Unemployment », Author(s): R. F. Kahn: https://sci-hub.ru/10.2307/2223697
Source: The Economic Journal, Vol. 41, No. 162 (Jun., 1931), pp. 173-198
Published by: Blackwell Publishing for the Royal Economic Society

Richard Kahn part de l’article de Keynes « Can Lloyd George do it ? » de 1929 et il se livre à une formalisation qui aboutit à un exposé de la série géométrique qui caractérise le Multiplicateur mais au prix d’une simplification marginaliste extrême, assez étrangère à Keynes.

La méthode de Kahn est simpliste : il pose les mêmes conditions productives partout. Ceci vient sans doute de la connaissance du – faux – problème de la transformation inventé par Böhm-Bawerk contre Marx puisque aucun problème dans la Reproduction Simple ou Elargie ne survient lorsque la productivité est la même dans tous les secteurs.

Partant de là, sans même se rendre compte de l’incongruité, il transforme la Demande et l’Offre globales, au niveau macro-économique, en un simple croissement de l’Offre et de la Demande selon le modèle microéconomique marshallien. C’est une formalisation à l’emporte pièce du « marché des marchés » de Léon Walras. Il adopte également l’hypothèse de Marshall = deux catégories, capital et blé c.-à-d., des catégories valises – capital = Mp et blé = le panier de consommation. Et il simplifie encore avec son choix de deux secteurs pour symboliser : les travaux publics = route, plus matière première et nourriture. Les effets des programmes publics de voierie sur le chômage sont dit primaires dans le premier cas et secondaires lorsque cela affecte la croissance globale, ici dans le second secteur, celui de la nourriture.

On voit alors pointer dans ce contexte la série géométrique – infinie, théoriquement ! – bien qu’elle soit bornée par la structure économique ; pour chaque chômeur employé il y aura un effet pour l’emploi primaire et l’emploi secondaire.

Reste alors à évaluer la relation coût-bénéfice – et l’impact sur le niveau des prix dans le cas d’une économie fermée ou ouverte – mais ouverte à la Ricardo ici, depuis le « Repeal of the corn laws » et donc l’importation en GB d’une grande partie du panier, dont le « blé » de Marshall forme le principal constituent. Il n’est pas question de tarifs  – le Gatt se sera pour plus tard et nous vaudra un grand affrontement entre H White et Keynes avec la défaire de Keynes dès la Conférence de Savannah, 1946. Les Préférences Impériales furent remplacées par le GATT sous contrôle US.  

Vous avez sous les yeux le croissement familier de la microéconomie mais utilisé pour la courbe de l’offre globale et de la demande globale, déterminées selon la théorie de l’utilité marginale. Donc, en suivant l’ineptie de la méthode selon laquelle pour déterminer le prix de marché d’un bien ou service on croise les deux courbes. Or, pour déterminer la courbe de l’offre on donne les barèmes de la courbe de la demande en prix ( !), et inversement pour l’autre courbe toujours donnée en prix et, en croissant les deux, on aboutit … oh ! miracle … au prix du marché !!!

Il faut, en outre, noter que tout est donné ici sous forme fluide monétaire, ce qui revient à transformer tous les intrants en facteurs de production parfaitement fluides. Or, la valeur d’échange ou prix a toujours un support matériel ou du moins objectivé – dans le cas de certains services. Et cela est encore plus vrai pour la marchandise « force de travail humain » qui renvoie à un Etre humain devant renouveler sa force de travail mais devant également se reproduire comme Espèce, ce que Keynes n’oublie jamais contrairement à Pigou etc. et même à Kahn, et par la suite tous les « bâtards keynésiens » selon l’expression de Joan Robinson, dont Samuelson et Solow –  pour lequel dans article nobélisé de 1956  l’équilibre survient lorsque le marché du travail peut tendre librement vers le « seuil physiologique », seuil en réalité inexistant car élastique et dépendant des paramètres civilisationnels des sociétés, par ex. les Dalits ont une espérance de vie de 42 ans plus ou moins !!! – ou encore Samuelson et al.

Vous voyez rapidement que les deux courbes doivent évoluer en tandem pour ne pas affecter le niveau des prix. La hausse de l’emploi créera une plus forte demande donc une inflation si l’offre ne suit pas. Si l’offre de nourriture suit, il faut alors tenir compte de l’origine, domestique ou de l’importation.

Dans le cas de l’importation, cela mènera en principe à des flux de capitaux vers l’extérieur – avec le problème, crucial à l’époque, de la convertibilité du Pound en or et de l’implication de la City dans le financement de l’Empire puis du Commonwealth. 

Coût-bénéfice ? D’abord une partie des investissements nécessaires pour ces projets publics viendra des économies réalisées sur les allocations chômage et autres – « the dole » selon l’expression de R. Kahn.  Ensuite, une partie viendra des impôts payés par les nouveaux travailleurs (en fait, il faudrait inclure aussi le salaire différé, si peu développé soit-il, ce qui renvoie ici aux faibles allocations chômage. Enfin, en suivant Keynes, il fait remarquer que les flux de capitaux entraînés par les importations croissantes sont compensées par la partie des investissements accrus au niveau interne. Reste à introduire le financement, en partie par la dette – avec banque centrale privée, mais sans la spéculation hégémonique actuelle donc avec des taux plus modérés … – et la manœuvre devient pensable. Ni Keynes ni Kahn ne conçoive le rôle du crédit public.

Keynes -1929 – ajoutait également une compréhension intuitive de ce que j’ai développé analytiquement ensuite avec les concepts de « compétitivité macro-économique » et de « productivité micro-économique » : il affirme que la modernisation des infrastructures, induite par les travaux publics visant à réabsorber le chômage, mène à une meilleure productivité et maintient le pays en tête des pays concurrents. Keynes tient aussi mieux compte des effets sociaux, dont la santé et l’employabilité, ainsi que sur l’épargne bien qu’il reste prisonnier de l’idée selon laquelle l’épargne = investissement malgré le système bancaire fractionnaire…  Ceci sera mieux spécifié par la suite – en particulier à la lueur des initiatives du New Deal et de la régulation bancaire – Glass Steagall Act qui compartimentalisait le secteur bancaire-financier – sans oublier le rôle contra-cyclique crucial joué par l’épargne institutionnalisée pour financer la Sécurité Sociale, etc. On pourrait dire que la lecture de Léon Walras par Keynes tint compte des critiques d’Auguste Walras contrairement à Kahn. Auguste, le père de Léon Walras l’enjoignait à distinguer entre « science économique » abstraite et l’économie sociale qui doit en informer les priorités.

Le vrai problème que Keynes tentera d’aborder dans la Théorie générale, en évolution mais aussi en rupture avec ses travaux précédents, consiste à savoir comment juguler les « esprits animaux » capitalistes rendus encore plus dommageables par la théorie marginaliste. On sait l’influence sous-jacente de Marx dans sa réflexion. Par contre, la théorie marginaliste – offre et demande – ne permet pas d’équilibrer le système socio-économique, notamment en regard du plein-emploi plein temps, mais uniquement le système économique capitaliste, avec son équilibre ex post et ses récurrentes crises conjoncturelles – Trade cycles – fruits d’une surproduction allant de pair avec une sous-consommation, et des surinvestissements dans certains secteurs accompagnés par des sous-investissements en d’autres. L’aristocrate Keynes conservera la concurrence macro-économique, le jeu de dupes des « esprits animaux » du capitalisme, pour des raisons idéologiques de classes tout en revendiquant une intervention correctrice directe de l’Etat pour équilibrer la structure économique, dusse ceci impliquer la création d’entreprises publiques et un système de Sécurité sociale donnant corps aux droits sociaux fondamentaux de Beveridge – et donc, nécessairement aussi, la réforme de la fiscalité rendue plus générale et plus progressive, notamment les impôts directs dont l’impôt sur le revenu.

Mais le même problème se pose pour le « marché de la monnaie » – selon la théorie quantitative de Irving Fisher, le faussaire disciple de Böhm-Bawerk du Livre III du Capital de Marx – voir mon Introduction méthodologique, dans la section Livres-Books de mon vieux site www.la-commune-paraclet.com . Or, à ce sujet, Marx avait initié la critique du crédit capitaliste mais n’avait pas offert une théorie complète de la monnaie – avec, en outre, la complication du changement de productivité qui n’était pas inclue de manière cohérente dans les Equations de la RS-RE. Voir là-dessus mon Précis d’Economie Politique Marxiste – idem.

Alors que Kahn doit faire bouger ses courbes globales en tandem pour éviter « l’inflation » – au singulier comme toujours -, Keynes, pour sa part, procède en chargeant la Banque centrale de gérer l’offre de la monnaie – allègrement confondue à la manière marginaliste avec le crédit – selon les besoins de l’économie. Déjà en 1929, il montre que le niveau des prix correspond à l’activité économique réelle ; en d’autres termes en se croissant son offre agrégée et sa demande agrégée mènent théoriquement au juste prix du marché – sans inflation, comme pour Kahn – mais cela n’étant pas spontanément le cas en pratique il faut donc intervenir pour que cela advienne, en équilibrant les choses dans leur structure, par l’intervention de l’Etat agissant par le biais des entreprises publiques et de la Sécurité sociale. Reste à soumettre l’offre de monnaie aux besoins économiques du système. D’une part, le ratio prudentiel doit en théorie relier l’offre de crédit aux besoins de l’économie (réelle), le bilan des banques croissant avec l’économie et inversement les banques réduisant leur voilure lorsque l’économie ralentit. Mais cette autorégulation est motivée par les « esprits animaux » capitalistes – quoique déjà modérés par l’intervention productive de l’Etat, via les entreprises publique, les monopoles naturels, et les travaux publics. Il faut donc, en plus, charger la banque centrale d’équilibrer les choses avec les taux d’intérêts directeurs surtout en tenant compte du lag économique.

Le problème bien entendu est que ceci ne permet pas de sortir de la confusion entre monnaie et crédit : les taux directeurs de la Banque centrale entérinent « le communisme du capital » en assurant un accès formel égal de tous les acteurs capitalistes au crédit, sans se soucier de la différence de taille ni du rôle dans l’équilibre économique réel – simultanément quantitatif et en prix – donné par les Equations RS-RE. Suivent fatalement les crises conjoncturelles et donc la nécessité de l’intervention correctrice de l’Etat. En outre, la théorie marginaliste – y compris dans la forme agrégée de Keynes – ne permet pas de comprendre les relations intersectorielles – en quantité et en prix – ni les changements dus à la productivité.

Ceci sera approché par la planification, y compris dans le cas de l’économie mixte entérinée par nos constitutions nées des alliances de classes, politiques et scientifiques, forgées dans la Résistance aux dérives narratives corporatistes de l’exclusivisme nazi-fasciste. Notons que dans le cadre de la planification, si la banque centrale est publique alors les investissements allant au-delà de l’épargne – des ménages donc non socialisée et déposée en banque ainsi que celles des entreprises – seront augmentés par le crédit public. Ceci se fera selon les besoins de la croissance ou, en termes marxistes, selon les besoins de la Reproduction Elargie, mais en respectant la RS sous-jacente afin de ne pas aboutir à un équilibre capitaliste des cimetières, régressif, toujours ex post et toujours antisocial.

Le crédit public est une anticipation de la croissance : l’argent se transforme en valeur d’échange et on sait qu’en gros 40 % va en capital fixe et 60 % en salaire – et en salaire différé. Ce qui permet de mieux cerner les circuits du capital de Marx dans les Equations de la RS-RE. Le crédit suppose soit une surcapacité de production – ou des stocks – soit l’accès au commerce extérieur, ou les deux.

Ni Kahn ni Keynes ne disposaient de statistiques économiques complètes. Kahn se contente de sa logique offre-demande dans le cas le plus simple, avec des conditions productives identiques partout. Keynes, par contre – il était passé par le Bureau des Indes dont la grande affaire était d’équilibrer le fardeau de l’Empire, notamment pas l’opium produit en Inde et vendu à coups de cannons en Chine, ce que Rosa Luxembourg a magistralement analysé dans son Accumulation du capital – Keynes, donc, ne perd pas de vue les flux socio-économiques réels et il les approche de son mieux par ce qu’il appela les « rules of thumb » – synthétisées par lui sur la base des différents rapports gouvernementaux, industriels, financiers disponibles.

La comptabilité marginaliste – PIB – est totalement fallacieuse par construction depuis son origine : les infrastructures publiques et les services publics, qui sont la clé de la compétitivité macroéconomique et partant de la productivité microéconomique, sont vus comme des coûts, ce qui mène à une logique socialement catastrophique de privatisation tous azimuts. Ajoutez à  cela le poids de ce qui relève de la spéculation financière laquelle phagocyte l’économie réelle, estimée à 9% du PIB mais à 30 % en comptant large …

Par conséquent, aujourd’hui, tout économiste sérieux est obligé de prendre le PIB et ses équations – dont celles du Multiplicateur – avec des pincettes.    

Dans mon Précis d’Economie Politique Marxiste, j’ai expliqué comment il est devenu impératif d’établir une comptabilité nationale – et d’entreprise – sur la base des fonctions de production de Marx – les Equations de la RS-RE – regroupées en deux secteurs majeurs – Mp et Cn – sous lesquels se subsument tous les sous-secteurs, toutes les branches et toutes les entreprises que l’on veut, y compris les fonctions de production des bureaucraties publiques et privées. Une telle comptabilité scientifique permet également de comprendre et appréhender les filières trans-sectorielles – des constructions statistiques opérationnelles – et constitue donc la vraie science de ce que l’on veut appréhender par le Multiplicateur marginaliste. A savoir la Reproduction Elargie.

Critique de l’article de Sept. 2021 du FMI portant sur le multiplicateur fiscal durant le Covid :

Voir : https://www.nber.org/system/files/working_papers/w29293/w29293.pdf   

Un bon résumé par le FMI lui-même est fourni dans cette vidéo : https://www.nber.org/affiliated-scholars/researchspotlight/pierre-olivier-gourinchas-summarizes-macroeconomic-effects-pandemic-induced-fiscal-stimulus

En gros, en 2020, en terme de PIB réel, une dépense fiscale de 11.3 % du PIB pour l’ensemble des pays avancés et émergents considérés produisit une croissance de 0,67 % donc un Multiplicateur fiscal de o,67/11.3 = 0,06 (arrondis)!!! Pour les Pays avancés le FMI obtient une croissance du PIB réel de 0.97 dont un Multiplicateur de (0.97/16 = 0,06). (Table p 42 )

Le FMI se félicite que les aides aient arrosé large – “they did get in all of the cracks” – bien qu’elles aient été mal ciblées. Si quelques faillites ont été – temporairement épargnées, les aides allèrent pour 88 % à des entreprises qui n’en avaient pas besoin. (Nous avons tous vu comment l’accroissement de la pauvreté alla de pair avec l’explosion des profits et dividendes, en particulier ceux versés par le CAC 40 et les bourses. )

D’autre part, l’étude du FMI ne tient pas compte de l’utilisation de garanties d’État qui doivent encore être remboursées. Elle ne prend pas la peine de dénoncer les profits extraordinaires des bourses et des actionnaires, en partie dus à ces subventions d’État, tandis que les salariés ont été soumis à de misérables mesures de soutien comme le chômage partiel, en plus de l’imposition de misérables lockdowns militarisés à dessein. Le tout se poursuit aujourd’hui avec une déflation salariale sauvage due à l’absence d’une indexation à 100 % des revenus, au moins calibrée sur l’inflation officielle, qui est très inférieure à l’inflation réelle.

Ajoutons l’inanité de la comparaison faite par l’étude du FMI entre pays avancés et pays émergents ; un simple coup d’œil à la carte de Johns Hopkins – https://coronavirus.jhu.edu/map.html – suffit à le comprendre : les pays les moins vassalisés par l’Occident et Big Pharma n’ont pas subi la même crise directement imputable à Covid-19. Par contre ceux qui sont plus vassalisés ont des statistiques marginalistes plus harmonisées, plus commodes à manipuler dans des jeux de modèles sans rapport avec la réalité …


Cependant, pour l’année 2020 considérée dans l’étude du FMI, l’aide totale sur la période analysée est beaucoup plus élevée que la seule relance budgétaire – plus de 16% du PIB pour la France contre près de 10% pour la relance budgétaire et plus de 25% contre + ou – 9% pour l’Italie – voir tableaux p. 70 pour le total et p. 2 pour la relance budgétaire.

Étant donné que les effets des aides non fiscales sont inévitablement inclus dans les données collectées pour isoler l’effet fiscal, cela n’a aucun sens. Ou devrait-on dire “l’effet fiscal dans le contexte des autres aides”… ? Ceci remet en question la méthode de la résolution simultanée que le FMI utilise pour sa structure de prix relatifs et la validité des liens inter-sectoriels ou « linkages ».

Cependant si nous regardons les choses de manière plus prosaïque nous obtenons les évolutions du PIB réel suivantes pour 2020. Nous avons alors la forte impression que le FMI navigue dans un monde à part : 

France : France gdp growth rate for 2020 was -7.78%, a 9.63% decline from 2019.

Italie :   Italy gdp growth rate for 2020 was -9.04%, a 9.52% decline from 2019.

USA :  U.S. gdp growth rate for 2020 was -2.77%, a 5.06% decline from 2019.

(https://www.macrotrends.net/countries/FRA/france/gdp-growth-rate#:~:text=1%20France%20gdp%20growth%20rate%20for%202021%20was,2018%20was%201.87%25%2C%20a%200.43%25%20decline%20from%202017 )

L’étude du FMI oublie le plus important, à savoir le fait que les subventions directes, surtout lorsqu’elles sont planifiées par l’État mais désormais interdites par les traités de libre-échange (à l’exception des gigantesques dépenses militaires américaines, aujourd’hui proches de $ 900 milliards… ) ont un impact plus important que les inepties des politiques publiques néolibérales monétaristes encore aggravées par la soi-disant ” équivalence ricardienne ” de R. Barro. Voir ” THE BODY ECONOMIC : why austerity kills, par David Stuckler et Sanjay Basu, HarperCollins Publishers LTD, 2013. A critical review. ” dans https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm 

Pour une critique de la politique des « mesures de soutien » permanente en Italie, voir : «  « Società dei ristori, lockdown permanenti, nuova domesticità, nuova schiavitù, pericolose terapie genetiche, pork barrel, ricovery fund », 23 January 2021/ in http://rivincitasociale.altervista.org/societa-dei-ristori-lockdown-permanenti-nuova-domesticita-nuova-schiavitu-pericolose-terapie-genetiche-pork-barrel-ricovery-fund-23-gennaio-2021/ 


Il y a de cela peu de temps, le FMI avait étudié les mesures à prendre pour mettre la clé sous la porte. Puis in extremis fut inventé le « sauvetage » de la Hongrie ; peu après d’autres victimes suivirent, dont l’Argentine, alors inféodée aux étudiants de Stiglitz ! !!!!. Alors qu’auparavant Nestor Kirchner avait ramené la dette à environ 8 % du PIB. Dommage !


Pour un nouveau monde multilatéral voir : « Pour un monde multilatéral ouvert sans suzeraineté monétaire, sans ingérence dans les affaires intérieures et sans extraterritorialité : pour les lignes de crédit bilatérales et le crédit public », dans : http://rivincitasociale.altervista.org/un-monde-multilateral-ouvert-sans-suzerainete-monetaire-sans-ingerence-et-sans-extraterritorialite-pour-des-lignes-de-credit-bilaterales-et-le-credit-public-7-avril-2022/ 

Plus en détail :

1 ) La première chose à remarquer est que cette équipe se crée deux groupes de pays, les pays avancés et les pays émergents, pour analyser l’impact respectif des stimuli fiscaux avant et après – année 2020 – le Covid. Or, les pays émergents choisis, sans doute pour avoir des données suffisamment harmonisées pour leur faire suffire le traitement du modèle, sont très proches des statistiques des pays avancés, c’est-à-dire de ceux-là même qui ont imposé, de manière liberticide, les lockdowns, sans soins rapides à domicile et sans l’usage des médicaments génériques efficaces, ainsi que les criminels « vaccins » à mRNA – dont les désastreux effets sont chaque jour plus patents et nombreux. Il suffit pour cela de comparer le groupe pays émergents avec la carte Covid de la Johns Hopkins : https://coronavirus.jhu.edu/map.html

 2 ) La seconde chose à remarquer est une erreur létale qui invalide tout ce travail et ses conclusions – sauf dans un sens métaphorique tendanciel du fait du volume de données « empiriques » – mais marginalistes – recueillies. On prétend isoler les stimuli fiscaux avant et après le Covid dans les deux groupes respectivement. Cependant, pour l’année 2020 considérée, les aides totales durant la période analysées sont beaucoup plus élevées que les seuls stimuli fiscaux – plus de 16 % du PIB pour la France pour près de 10 % pour les stimuli fiscaux et plus de 25 % contre contre + ou – 9 %  pour l’Italie – voir les tableaux p 70 pour le total et p   2 pour les stimuli fiscaux.)

Comme l’effet des aides non fiscales se retrouvent fatalement dans les données recueillies pour isoler l’effet fiscal, ceci n’a pas de sens. Ou alors il faut dire « l’effet fiscal dans le contexte des autres aides » …

3 ) Cela dit, métaphoriquement parlant, il apparaît tout de même que l’effet positif sur les PIB est dérisoire – sauf pour le chômage keynésien – mais il a permis d’éviter une exposition sociale. Les dirigeants ont acheté la paix, mais en jetant larguent l’argent par les fenêtres, tout en promettant de maintenir le sentier de consolidation fiscal désastreux imposé jusqu’ici mais en tenant un peu compte de la nouvelle dette … . Les auteurs montrent que ces stimuli fiscaux mal ciblés allèrent pour 88% à des PME qui n’en avaient pas besoin. (On les retrouve dans les profits du CAC40 … Les autres survécurent avec un taux de faillite ralenti par rapport à la normale dans les pays avancés et sans zombification prononcée. Sauf que la question des garanties à rembourser n’est pas prise en ligne de compte. Bref, pour les très petits – j’imagine les restaurateurs, les serveurs etc. – l’ouverture leur a permis de survire cahincaha grâce à la reprise du tourisme – jusqu’à la crise « ukrainienne » auto-infligée dans le cadre de la construction de force d’un nouveau CoCom sous contrôle de Washington-Tel Aviv –  avec son cortège de sanctions et ses effets sur le prix de l’énergie, etc. …

4 ) Pour le reste, le modèle a tous les défauts des modèles marginalistes de résolution simultanée pompeusement appelé I-O modèles – que j’ai dénoncé en traçant leur origine dans la critique de Tougan-Barasovski dans mon Tous ensemble. (Tous les autres, de ceux de Sraffa, à Hicks, etc. suivent cette méthode qui ne correspond en rien à une reproduction économique menant à un équilibre, car pour cela il faut une comptabilité tant en quantités – la valeur d’usage comme support des valeur d’échange ou prix – qu’en valeur d’échange ou prix. )

Mais cela ne s’arrête pas là : pour isoler les impacts que l’on choisi d’étudier dans ce jeu, le modèle est simplifié à tour de bras afin de permettre la neutralisation des variables sauf celles que l’on veut analyser. (Par exemple pour analyser les effets sur la demande agrégée, on pose un produit inélastique etc. ) On pourrait proposer une petite liste des plus dommageables.

5 ) Les auteurs se risquent à prévoir le spread et les taux d’intérêt – sans rien savoir, comme tous les marginalistes et les économistes bourgeois,  de la différence entre monnaie et crédit ni sur ce que sont les inflations – ce qui est pourtant nécessaire pour comprendre le taux d’intérêt réel. Le FMI partage l’opinion absurde selon laquelle l’inflation – au singulier – vient d’une surabondance de monnaie dans le système, malgré le Quantitative tightening actuel alors que les Banques centrales occidentales tentaient en vain de rejoindre stablement une inflation à 2 % pendant la période du Quantitative easing.

Je retiens ici la conclusion selon laquelle – contre-factuellement – la hausse des taux d’intérêt dans les pays riches – FED, etc. – provoquerait une hausse du spread entre les obligations publiques et privées dans les pays émergents mais une tendance à la baisse dans le pays riches. Or, ceci est normalement insensé, sauf dans un contexte – celui dans lequel nous vivons – de spéculation hégémonique, à savoir des taux de la FED à la hausse, mais un spread public-privé qui se referme car le marché reste « bullish ». Bien. Comment fait-on, au juste, pour aboutir à ce résultat autrement insensé ? Simplement en intégrant dans l’équation l’index de JP Morgan que, pour bien faire, on relie en plus avec le VIX !!!

6 ) Notons que la discussion se fait uniquement sur l’aspect restreint – idéologie néolibérale de la public policy reaganienne d’ailleurs en fin de cycle aujourd’hui – du stimulus fiscal alors que le problème réel est le suivant : plus les économies sont dérégulées et privatisées plus on gaspille des sommes immenses pour les tax expéditeurs – près de 316 milliards euros en 2015 en Italie, un peu plus en France mais, une fois octroyées, elles sortent poliment des radars budgétaires sauf si elles sont utiles pour des fins de légitimations – et autres crédits d’impôts et exonérations – de cotisations notamment et autres – avec des résultats pitoyables – on disait autour de 1 pour le multiplicateur, les auteurs nous disent autour de 0,06 !!!

Que d’argent jeté par les fenêtres ! Mais au lieu de jouer ave le modèle en simplifiant à outrance, ils auraient pu nous donner le détail pour les pays avancés en comparant le multiplicateur dans les pays comme la France où les secteurs et services publics sont encore forts avec les pays qui sont plus privatisés. Et de même, sur cette lancée – ils auraient pu distinguer les aides publiques du stimulus fiscal et leur destination, vers le public ou le privé. En effet, lorsque les aides vont aux secteurs publics le multiplicateur est beaucoup plus élevé. Mais ceci se voit mal aujourd’hui vu la dérèglementation privatisation rampante. Sauf que là, en distinguant, les deux types d’aides on aurait pu avoir une énième vérification. Cela aurait au moins rendu le modèle intéressant tout marginaliste qu’il soit … Mais ceci n’a même pas été vu. On voit le poids de l’idéologie et les œillères que cela produit … Voir https://www.la-commune-paraclet.com/Book%20ReviewsFrame1Source1.htm#thebodyeconomic

7 ) Les linkages. En fait, le tableau I-O est matrice comportant le même nombre de fonctions et l’invariables, avec un taux de profit exogène etc. Il est impossible de respecter les proportions nécessaires – en quantités et prix – pour la reproduction stationnaire ou dynamique – RS ou RE. On a des relations empiriquement saisies d’un secteur à un autre mais sans signification pour la RS-RE – contrairement aux Equations de Marx. Et comme la théorie et le tableau ne peuvent pas contrôler pour la productivité – quantité et prix unitaire – aucune projection autre qu’à très court terme ne peut être tentée ! 

Avec une portion minime de ces aides et quelques renationalisations – notamment des monopoles publics, de l’énergie etc. – les Etats auraient pu profiter de la crise pour moderniser leur économie et passer à une RTT avec un taux d’emploi plein portant sur des emplois à temps pleins payant le salaire net, le salaire différé – Sécu – et les impôts divers finançant les secteurs et infrastructures publics. C’est cette restructuration positive de l’économie que la planification chinoise à accompli durant cette crise. Et c’est justement cela qui est écarté et occulté par ces purs jeux modélisés qui ne servent pas à grand-chose, sauf à faire le prêchiprêcha des classes dominantes. (Voir le point 2 ci-dessus en particulier … ) Ils auraient aussi pu éviter les politiques liberticides menant à cette crise en respectant la déontologie scientifique et le serment d’Hippocrate ; les pays qui le firent, eurent moins de morts et un impact économique moindre  lié directement au Covid, mais ceci est écarté ! Voir http://rivincitasociale.altervista.org/sars-cov-2-brevesflash-newsbreve/ )

Il n’y a pas si longtemps le Fmi avait préparé les documents pour mettre la clé sous la porte. Puis ils se sont inventé la Hongrie etc. pour survivre. Dommage !!!

Heureusement les pays plus sensés construisent en parallèle un monde multilatéral fondé sur la planification, le crédit public, la RTT, les lignes de crédit bilatérales – avec une chambre de compensation à construire, voir :http://rivincitasociale.altervista.org/un-monde-multilateral-ouvert-sans-suzerainete-monetaire-sans-ingerence-et-sans-extraterritorialite-pour-des-lignes-de-credit-bilaterales-et-le-credit-public-7-avril-2022/   –  et la nouvelle anti-dumping nécessaire pour protéger la Sécurité sociale. La Sécurité Sociale joue un rôle contre-cyclique crucial en temps de crise, y compris pour contenir l’inflation structurelle puisque le support économique aux ménages est organique provenant du salaire différé déjà inclus dans les prix de vente. Grâce à cela, la France a moins d’inflation IPC que les pays voisins : c’est d’ailleurs pour cela que les pitres dirigeants veulent tous privatiser – par ex., M. Claude Reichman bave littéralement d’envie lorsqu’il voit les 872 milliards d’euros d’épargne sociale Sécu échapper à Blackrock, Vanguard, State Farm etc. … En prêchant la liberté de chacun d’investir – en privatisant tout – il pousse activement vers la société de la nouvelle domesticité et du nouvel esclavage. C’est leur programme. Denis Kessler – en répétant les dires de JP Morgan – jugeait que la Constitution – née de la Résistance – est un obstacle aux « réformes » néolibérales monétariste ; par conséquent, il demandait le démantèlement de tous les programmes sociaux et autres institué de 1944 à 1954. C’est clair. Ces gens pensent « qu’il est impossible de réformer le pays démocratiquement et constitutionnellement ». Ergo … Sauf que cela est anticonstitutionnel chez nous.

(Ainsi dernièrement chez Bercoff un certain Claude Reichman (Claude Reichman : “Il faut supprimer complètement le régime des retraites” in https://www.youtube.com/watch?v=6nmHoOUDGmA )  – imitant Felix Rohatyn dans le Monde diplomatique voilà quelques années – s’en prend aux 872 milliards d’euros de l’épargne sociale française qui se décomposent ainsi : 226 M pour la maladie, 345 M retraites, 50 M pour les allocations familiales, 170 M pour l’assurance-chômage et les aides à l’emploi, plus divers autres programme. En ignorant le danger boursier.)

Paul De Marco

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