Commenti disabilitati su Quelques absurdités sur la vieille Courbe Phillips et l’inflation, 3 décembre 2022.

Plan

Introduction

Spirale par le seul coût salarial

« Retour » de la Courbe Phillips

Vérifications historiques marginalistes hors de l’espace et du temps, comme il se doit.

Les Modes de production et les Epoques de redistribution doivent être pris en ligne de compte.

Conclusion

Introduction

Récemment un groupe d’auteurs du FMI a publié un essai intitulé: «Wage-Price Spirals: What is the Historical Evidence ? »( https://www.imf.org/en/Publications/WP/Issues/2022/11/11/Wage-Price-Spirals-What-is-the-Historical-Evidence-525073 ). Ils analysent plusieurs instances d’inflation dans divers pays depuis les années 60. Ils notent que ces  épisodes furent brefs ; ils ajoutent : « Nous concluons qu’une accélération des salaires nominaux ne doit pas nécessairement être considérée comme le signe qu’une spirale salaires-prix s’installe. » En d’autres termes, l’inflation atteindrait vite un pic pour ensuite refluer. « Les dynamiques de spirale des prix causées par les salaires semblent avoir une durée de vie courte. (…). L’accélération des salaires nominaux ne doit donc pas être considérée comme le signe qu’une spirale salaires-prix durable s’installe nécessairement. En effet, l’histoire montre que les salaires nominaux peuvent s’accélérer alors que l’inflation recule par rapport à ses niveaux élevés. En fait, c’est ce qui s’est produit en moyenne après des épisodes macroéconomiques similaires dans le passé.» (p 6-7) Malheureusement, le marginalisme ne sait pas différencier entre salaire nominal et salaire réel, ce dernier étant substitué par la construction fishérienne des prix constants. Cette étude est selon moi entachée d’une série d’erreurs méthodologiques fondamentales, à vrai dire assez primaires. Nous en retiendrons trois :1) la spirale par les seuls salaires ; 2 ) le bizarre retour de la Courbe Phillips ; et 3) l’étrange méthode comparative. Nous conclurons en donnant quelques rudiments d’une analyse scientifique des inflations.

1 ) Les auteurs ne tiennent compte que du coût salarial dans leur analyse de « l’inflation poussée par les coûts ». Nous notons d’emblée que l’inflation est conçue au singulier selon les théories monétaires marginalistes et bourgeoises en général. Il s’agit de l’inflation IPC. Néanmoins, les Banques centrales capitalistes ont appris à tenir compte de la distinction entre inflation au sens de l’IPC et l’inflation sous-jacente qui exclue les biens volatiles notamment l’énergie et la nourriture, lesquels sont souvent en grande partie importés. Cette distinction est toute pragmatique, elle ne renvoie qu’à un sous-ensemble de l’indice principal, et ne repose sur aucun fondement théorique puisque l’inflation – au singulier – est toujours et partout conçue comme un phénomène monétaire, une conception totalement farfelue qui suppose une demande plus forte que l’offre, ce que le prix du marché exclut a priori. (Voir l’Éclaircissement à la fin du texte.) Les inflations (1) renvoient au contraire à un hiatus entre le prix de marché et la valeur d’échange qui le sous-tend, ce que l’ontologie falsifiée de l’utilité marginale exclut en partant. (2)

Aujourd’hui nous sommes en présence d’une inflation organique créée de toute pièce par l’Accord de Paris et ses prix administrés, le tout aggravé par la double absurdité finale matérialisée par la taxe carbone et par le marché unique européen de l’électricité qui repose sur la « dernière centrale appelée » à la production pour une enchère donnée. Il s’agit d’un mécanisme sournois de prix administrés permettant de subventionner les énergies renouvelables autrement inefficaces. Ce qui est très différent de la « dernière unité produite » ou unité marginale. (3) L’inflation organique lorsqu’elle perdure devient systémique et modifie les rapports essentiels des fonctions de production (v/C et pv/v), donc tous les prix relatifs de la Formation sociale – FS – mais le prix à payer se retrouve dans le taux de compétitivité macro-économique qui informe le taux de change et influe sur les balances externes. A ceci s’ajoutent les sanctions contre la Russie imposées par un Otan conçu comme le bras armé du putatif Empire exclusiviste qui impose ses diktats à l’UE et à ses pays membres en violation de tous les mandats institutionnels et démocratiques de la Communauté européenne. Qu’elles soient marginalistes ou marxistes les fonctions de production impliquent toujours la conjugaison du capital et du travail. Il est bon de garder en tête la fonction de production marxiste qui s’écrit : c + v + pv = p où « c » est le capital ; « v » la force de travail ; « pv » la plus-value et « p » le produit.  

Grâce à la loi de la productivité marxiste par moi établie en suivant Marx, cette fonction peut être déclinée de façon entièrement cohérente aussi bien en quantité, qu’en valeur ou prix, qu’en temps de travail et donc en travailleurs physiques, tant au niveau micro-économique qu’au niveau macro-économique. Aucune autre approche n’est capable de le faire, et moins encore le marginalisme. (Voir le Précis d’Economie Politique Marxiste) La hausse du coût des moyens de production (c + v), dont l’énergie et la nourriture, entraîne forcément une spirale salariale de hausse des prix ne serait-ce que pour conserver un salaire réel non dégradé par les inflations. Ceci est d’autant plus vrai lorsque l’inflation importée joue un plus grand rôle. En fait, mutatis mutandis, la spirale aura deux hélices qui se renforcent l’une l’autre. D’abord, l’inflation importée se répercutera sur le prix unitaire et cela même si le salaire n’est pas initialement indexé en tout ou en partie ; le taux de compétitivité en sera affecté surtout lorsque l’inflation importée concerne des intrants qui affectent quasiment tous les processus de production ; par conséquent, tant que les coûts des denrées importées restent identiques, le coût réel à l’importation sera majoré par la dégradation du taux de change. La seconde hélice concerne le rattrapage à terme des salaires. Les oscillations somme toute usuelles dans un système spéculatif global de changes flottants ne changent pas ces dynamiques de fond.

2 ) Les auteurs recourent à la Courbe Phillips qui prétendait établir une forte corrélation entre faible niveau du chômage et inflation. En outre, ils le font sur de brèves périodes, ce qui est un comble.

La Courbe Phillips repose sur une illusion qui confond hausse des prix et inflation alors que cette dernière apparaît uniquement lorsque les prix sont déconnectés des valeurs d’échange. Les conceptions économiques bourgeoises qui sous-tendent la Courbe supposent que le plein-emploi renforce la main des travailleurs dans le partage de la nouvelle valeur ajoutée par la production entre salaire et profit. Elles confondent simplement ce partage pour une hausse des prix. En réalité, la hausse de prix ne survient que du fait du transfert des hausses salariales sur les prix de vente des biens et des marchandises. Manœuvre classique des classes dirigeantes capitalistes. En fait, une hausse générale des salaires transférée sur les prix n’est que l’inverse de l’indexation des salaires pour compenser une hausse des prix. Ce ne sera pas tant l’IPC en termes réels qui sera affecté mais plutôt le taux de compétitivité de la FS, partant les balances externes.        

Hantises patronales à part la Courbe Phillips fut vite abandonnée parce que sa corrélation s’avérait de plus en plus fausse. Les dernières traces de crédibilité volèrent en éclat avec l’installation à demeure de la « stagflation » qui alliait forte inflation IPC et fort taux de chômage. Malheureusement, depuis la proposition de la Courbe par Phillips en 1958 personne n’a jamais su pourquoi elle fut d’abord plausible pour ensuite être de plus en plus démentie par les statistiques. La raison tient dans la frauduleuse et tautologique théorie quantitative de la monnaie proposée par le marginaliste Irving Fisher et dans la frauduleuse théorie de la productivité des économistes bourgeois de tous bords.

Cette théorie fishérienne est reprise en cœur sans que personne n’ose le reconnaître vu la faible crédibilité de son auteur qui eut toujours tout faux, y compris à la veille de la Grande Dépression de 1929 et avant la Récession dans la Dépression de 1937, et qui, riche héritier, finit ruiné. (4) Selon cette théorie, la quantité de monnaie correspond à la somme des prix de tous les biens et services échangés moyennant la prise en compte de la «vélocité » de la monnaie laquelle n’est rien d’autre que le temps que prend un instrument monétaire émit par la Banque centrale pour y retourner. En fait cela revient à établir la quantité de monnaie nécessaire par l’offre et la demande de la monnaie sur le marché. Ce qui revient à confondre la quantité de monnaie nécessaire avec la somme des prix, ce qui élimine le rôle des rotations de la monnaie dont la quantité, sous forme de numéraire et d’effets de compte, est bien moindre.  Fisher écrivit plusieurs pages pour tenter de démontrer que cette vulgaire tautologie n’en était pas une. Il reste que tous les économistes mainstream l’utilise et qu’elle fonde le concept dominant selon lequel l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire. Fisher était un disciple américain choisi par Bôhm-Bawerk ; en tant que tel, il se fit le falsificateur conscient du Livre III du Capital de Karl Marx en ce qu’il prétendit éliminer la lutte des classes en amalgamant rente, salaire et profit dans son informe « income stream » répondant aux mécanismes de la pensée acquisitive donnée pour être universelle et pérenne selon la falsification a-historique originale de l’Ecole autrichienne. Tous, indépendamment de leur position dans la société, seraient mus par le même désir de faire fructifier leur « revenu » selon le degrés de risque qu’ils seraient prêts à encourir et la temporalité des investissements choisis.

Une telle conception marginaliste de la monnaie ne peut pas rendre compte de l’inflation que le croissement de l’offre et de la demande par le marché exclut. Ceci échappe aujourd’hui à tous les économistes, fidèles servants des manuels scolaires et autres billevesées nobélisées en découlant, mais n’échappait pas à Fisher lequel, sans rien dire, pour échapper à la contradiction et pour conserver un lien avec la réalité, s’inventa des indicateurs statistiques, en particulier le IPC. Il tentait ainsi de conserver la main empiriquement sur l’inévitable évolution des prix : donnant une année de départ comme basse 100, il tentait de cerner empiriquement l’évolution du « pouvoir d’achat » de la monnaie en traçant les prix constants. (5) De quoi tourner en rond.

Le problème vient du fait que les économistes bourgeois ne savent pas ce qu’est la productivité. Je renvoie ici à mon Précis dans lequel je restitue la démonstration scientifique de la productivité qui résout le faux problème de la transformation des prix de production en valeurs d’échange, problème inventé contre Marx par nul autre que Böhm-Bawerk. La loi marxiste de la productivité démontre l’évolution cohérente de la valeur d’échange, et donc des prix de marché qu’elle sous-tend, dans la fonction de production micro-économique tout comme dans la sphère macro-économique définie par les Equations de la Reproduction Simple et Elargie – ou, en termes marginalistes, l’équilibre stationnaire et l’équilibre dynamique. Elle est la seule qui permet de donner de manière parfaitement cohérente tant les quantités utilisées et produites que les valeurs d’échange, y compris la valeur d’échange de la force de travail – et par extension, le temps de travail et le nombre d’ouvriers physiques.

Ceci est primordial puisque une productivité plus grande implique une meilleure performance technique et/ou organisationnelle de la production mettant en œuvre moins de temps de travail pour produire la même quantité du même produit – ou d’un produit très élastique – à un coût unitaire proportionnellement moindre. Moins de temps de travail cela implique fatalement moins d’ouvriers . La productivité est la loi de motion principale du Mode de production capitaliste en ce qu’elle mène à la centralisation et la concentration du capital tout en « libérant » la  force de travail. Ceci alimente le chômage, l’armée de réserve du prolétariat qui opère une pression vers le bas sur les salaires, du moins tant qu’il n’est pas réabsorbé par l’activité économique. Rien de ceci n’est concevable avec l’économie bourgeoise mainstream : on reste prisonnier des économies d’échelles, et donc des contradictions entre revenus croissants et décroissants déjà critiquées par Piero Sraffa – années 1920 – des contradictions létales qui sont très mal maquillées par la pseudo-théorie de la « productivité marginale ». Non seulement l’offre et la demande mènent toujours à priori à l’équilibre ex post mais ceci est vrai pour le marché du travail : de sorte, qu’ainsi que le pontifia R. Solow dans son article nobélisé de 1956, en supprimant toutes les contraintes sur le marché du travail – la force de travail humaine est alors traitée dans sa fluidité monétaire comme un facteur de production quelconque – , le plein-emploi s’établit toujours « au seuil physiologique » ! Ceci, de par son ontologie élastique, devrait mener, je crois, à la « dalitisation » des travailleurs masquée par le plein-emploi selon le BIT. C’est ce plein-emploi précaire qui semble redonner une certaine plausibilité à la vieille Courbe Phillips, ce qui en dit long sur le sérieux marginaliste.

Ainsi la Courbe Phillips n’a jamais rimé à rien car elle est fondée sur la fallacieuse théorie de la productivité marginaliste laquelle fait même l’impasse sur le problème de la « libération » de la force de travail induite par la vraie productivité ; or, cette force de travail qui doit être réabsorbée par la suite. Alfred Sauvy parla de « déversement » d’une branche à une autre. Ce processus s’avère de plus en plus ardu de nos jours en l’absence de secteurs économiques vraiment nouveaux et donc capables d’ajouter à la complexité du PIB et du panier de consommation ; il en va de même pour les secteurs intermédiaires qui sont désormais intensifs en capital. Ces barrières au « déversement » remettent donc à l’honneur la RTT pour rétablir un équilibre authentique, c’est-à-dire tant économique que social ; faute de quoi le système capitaliste verse dans la tentation du partage de la misère au sein du peuple avec les formes de corporatisme fascisant qui accompagnent ce processus plus « libériste » que « libéral ». C’est d’ailleurs pourquoi, à mesure que la société occidentale devenait plus « mature » – F. Perroux –, la corrélation de la Courbe se dissipa et devint totalement fausse à partir de la fin des Années 60 et plus encore dans les Années 70, ce qui correspondit aux politiques mises en œuvre par la FED dirigée par Arthur Burns avant l’arrivée de Paul Volcker en 1979 et l’élection du néocon R. Reagan en 1981.

La « stagflation » des années 70 lui régla son compte. Mais sans que personne n’y comprenne rien faute de disposer d’une théorie de la productivité réellement scientifique.

Or, depuis, la notion de « plein-emploi » a été revue dans tous les organes capitalistes dans le but de tromper les citoyens. Tant l’OCDE, que les deux jumelles de Bretton Woods logées à Washington en face de la FED, que les Banques Centrales et les instituts de statistiques, donnent sans rougir le plein-emploi précaire comme un plein-emploi authentique  à savoir à temps plein. Sans le moindre état d’âme déontologique et méthodologique. Une chanson sarcastique romaine souligne que «  la carta che era bianca, dalla vergogna diventò rossa ». Tous opèrent avec le taux de chômage officiel au sens du BIT : une heure de travail durant le dernier sondage statistique vous ôte des rangs des chômeurs, ce qui est bien pratique pour le Pouvoir. Jusqu’à la fin des Années 70, les hausses du taux de chômage inquiétaient les dirigeants puisque il était convenu par la « science économique » – keynésianisme, néoclassicisme, théories de la régulation – qui accompagna les Trente Glorieuses, selon l’expression de J. Fourastié , que le chômage démocratiquement acceptable ne pouvait être que saisonnier et frictionnel, donc temporaire. Puis la Trilatérale passa par là avec sa volonté de mettre fin aux « rising expectations » des travailleurs qua citoyennes et citoyens. Ce qui ne peut être dénoncé autrement que par le terme de régression, car il s’agit bien d’une régression socio-économique mais avant tout éthico-politique.

En réalité, les USA connurent une situation de plein-emploi à temps plein allant de pair avec une forte expansion économique jusqu’au 15 août 1971. A cette date le déséquilibre des balances externes força le Secrétaire au Trésor Connally et le président Nixon à imposer unilatéralement une surtaxe aux importations tout en supprimant de facto la convertibilité du dollar en or, une parité qui constituait la base de leur domination du système de Bretton Woods.

Le « collective bargaining » américain fonctionnait selon la formule suivante: un puissant syndicat américain, une « union , disposant de fonds de grève importants, déclenchait la grève dans une grande multinationale et arrachait des gains, salaires, couvertures sociales, jours fériés, congés maladie etc., pouvant parfois aller au-delà des gains de productivité. C’était le modèle des contrepoids syndicaux au pouvoir des Big Corporations hérité du New Deal de F. D. Roosevelt.(6) Mais ces victoires syndicales étaient facilement absorbées par l’entreprise qui transférait simplement les concessions salariales sur les prix de vente, y compris la part patronale des cotisations sociales tel que reconnu par Friedman. (7) Le tout advenait sans inflation même lorsque ce transfert allait au-delà des gains de productivité, puisque les USA dominaient le commerce mondial. Sans inflation car cela changeait uniquement la matérialisation de sa productivité : ses rapports essentiels v/C et pv/v mais aussi, par voie de conséquence, la structure interne des prix relatifs de la FS. En outre, tant que la redistribution advenait par le partage de la « plus-value sociale», par les cotisations, les taxes et impôts (8) qui renvoient à une répartition organique à la création de la valeur d’échange, l’inflation structurelle – c-à-d, le rapport de la masse salariale sociale sur la masse salariale réelle – était contenue.

Le problème venait de la généralisation de ces accords à l’ensemble de la Formation Sociale américaine. Celle-ci fut à même d’absorber l’effet tant que les MNC, soutenues par un USD établi comme principale monnaie de change et de réserve mondiale, croissaient et tant que les déficits externes restaient gérables. Le 15 aout 1971 marqua la fin de ce régime. Les coûts exorbitants de la guerre du Vietnam et des bases américaines à l’étranger – le nouveau « burden of the empire » en version yankee – furent bien analysées par le grand marxiste américain Harry Magdoff dans Monthly Review. La popularité des objectifs, sinon du New Deal de FDR, du moins de la Great Society promise par le président L. B. Johnson aux travailleurs américains était tenace. Ces derniers en étaient d’ailleurs arrivés à se concevoir comme un Classe Moyenne voir comme des « cols blancs » – C. Wright Mills etc. La promesse de la Great Society, offerte en échange du support à la guerre du Vietnam, finit par entrer en contradiction avec les impératifs budgétaires, un processus accéléré par le rabotage de la progressivité fiscale et par la montée en flèche de l’évasion fiscale du fait des MNCs. Au terme de son analyse exposée dans son livre intitulé Sovereignty at Bay – 1971 -, le théoricien de Harvard Raymond Vernon concluait mi-figue mi-raisin qu’une bonne MNC se reconnaissait à la valeur de ses comptables. L’inflation CPI était donc plus ou moins  contenue … jusqu’au départ de Arthur F. Burns de la FED. Dans son angoisse de banquier central pris théoriquement au dépourvu mais soucieux de sauver le système, cette fois-ci en flattant ses «esprits animaux », Burns anticipa les actions drastiques du couple Volcker-Reagan. (9)

En Europe, avant la privatisation de la Banque centrale, qui advint en France avec la loi Pompidou-Giscard-Rothschild de 1973, les négociations se faisaient dans le cadre du Conseil Economique et Social, lui-même inscrit dans la planification indicative et incitative – dite à la française -, appuyée par le crédit public et par de solides régimes de Sécurité Sociale publics qui jouaient un rôle contre-cyclique déterminant. Ceci donnait lieu à des accords nationaux déclinés par secteurs, par branches et par entreprises. L’écart différentiel entre le prix sur la valeur d’échange était doublement amorti par la planification, par la Sécu et par ces accords, déclinés au mieux au niveau national tout entier – mais avec l’intervention de l’Etat soutenant les secteurs les plus mal pris, ce qui mena ensuite à des mesures telles que le Smig, le RMI et enfin le Smic allant de pair avec une norme de facto temps-plein plutôt que horaire comme c’est le cas aujourd’hui.

Cet Etat social – ou Welfare State anglo-saxon – aurait pu s’approfondir en ajoutant tout naturellement des régimes de garderie et de gériatrie nationaux – plus le maintien à domicile des personnes âgées -, ces régimes étant créateurs d’emplois professionnellement et socialement qualifiés et essentiels. Cet approfondissement du partage de la « plus-value sociale » aurait pu se faire sans douleur moyennant l’adoption d’une définition adéquate de l’anti-dumping pour protéger au minimum les cotisations nationales nécessaires et donc la compétitivité nationale. Ceci aurait provoqué une mobilité qualitative du capital productif international sans nuire à l’emploi ni à la cohérence industrielle-économique de la Formation Sociale, dès lors que les secteurs stratégiques auraient été sauvegardés. Cependant, au grand dam de nombreux auteurs, dont le grand walrasien classique Maurice Allais – v. la Fracture de 1974 (10) – on préféra subordonner l’intégration européenne au libre-échange global et à la « gouvernance globale privée » plutôt que d’adopter ses Préférences communautaires …  

Ressasser aujourd’hui la Courbe Phillips est donc insensé et revient à confirmer l’incompréhension chronique de la productivité, qui est la caractéristique révolutionnaire du MPC comme mode de production, tout en traitant le plein-emploi précaire actuel comme l’équivalent du plein-emploi à temps plein des Trente Glorieuses ! Je vous laisse juger de la chose.  

Et que dire de l’utilisation de la Courbe Phillips sur de brèves périodes ? La fausseté de ces brèves périodes avait déjà fait l’objet de critiques de la part de nombreux économistes dont Samuelson, Solow et plus tard M. Friedman. (11) Mais au fond, à part l’incompatibilité empirique de plus en plus évidente, ils n’avaient pas la moindre idée du pourquoi de la chose car ils ne disposaient d’aucune théorie scientifique de la productivité. (12) Dans le cadre « Welfare State » de l’après Seconde Guerre Mondiale aux USA, la Courbe Phillips reliant plein-emploi et inflation imaginait une course entre salaire nominal et salaire réel, le tout régulé par l’intervention de l’Etat. Par la suite les économistes mainstream, en particulier les néolibéraux monétaristes comme M. Friedman trouvèrent bon de dénoncer la spirale inflationniste enclenchée par les négociations syndicales qui cherchaient à récupérer uniquement les pertes dues à l’inflation. Eventuellement l’indexation automatique des salaires s’imposa – la Cola Clause. Après 1979-1982, avec le tandem Volcker-Reagan, elle devient l’épouvantail de tous les néocons.

Faire porter l’analyse de la Courbe Phillips sur de brefs épisodes historiques n’est donc pas anodin.      

3 ) Nous en arrivons donc aux données et aux vérifications historiques. Elles sont cruciales dans cette « dismal science » qui ne voit de scientificité que dans la vérification empirique – « baconienne » selon la belle expression de Koyré  … – et de surcroît soumise au seul examen des pairs publiant dans les mêmes revues autorisées. La boucle du groupthink est ainsi bouclée.

Cependant, prétendre analyser l’inflation réduite à un phénomène salarial et selon les données recueillies dans plusieurs pays, à différentes époques, et selon la même méthodologie aurait amusé un étudiant de sociologie de première année dans les Années 60-70. Comment, en effet, faire abstraction des aspects contextuels – surtout s’il existe plusieurs types d’inflation … – et culturels, comment faire abstraction de la diachronie et de la synchronie ?

Ceci est crucial puisqu’il faut comparer ce qui est comparable. Les sciences sociales bourgeoises américaines avaient réappris à faire ces distinctions, leurs pendants européens gardés sur la pointe des pieds par de puissants courants marxistes n’avaient jamais vraiment cessé de le faire. On trouvera un bon résumé des arguments et des questionnements nord-américains en la matière dans le livre de Ronald H. Chilcote Theories of comaprative politics, 1981. Confrontez uniquement la notion de plein-emploi à temps plein des Trente Glorieuses avec le plein-emploi précaire depuis la contre-réforme néolibérale monétariste … En ressassant le concept mi-smithien mi-marshallien de « taux naturel » ou  « structurel » de chômage proposé par Wicksell, l’OCDE s’adapta : le plein-emploi, qui ne connaissait jusque-là qu’un chômage saisonnier et frictionnel à moins de 3 %, fut redéfinit dans les années 80 à 6-8% ; depuis les années 2000, il renvoie pour des contextes dégradés à l’italienne à un  plein-emploi officiel allant de pair avec 11 % de chômage – au sens du BIT !!! Ceci n’est pas sérieux ; surtout ce n’est pas scientifique.

Ces dérapages méthodologiques sont pourtant inscrits dans la genèse du marginalisme qui est au cœur de toutes les versions de l’économie bourgeoise. L’influence prépondérante fut celle de l’Ecole autrichienne, avec les Böhm-Bawerk, Menger, Mises et Schumpeter. Pour falsifier l’économie politique scientifique établie par Karl Marx reposant sur l’extraction de la plus-value donc sur la lutte des classes, ils inventèrent l’utilité pour la substituer à la valeur d’échange et se mirent à formaliser le « calcul des joies et des peines » dans l’espoir de conférer une dignité quantitative à ce mètre éminemment élastique et subjectif. La plausibilité était à ce prix. Les protestations furent nombreuses y compris dans le rang des économistes bourgeois désirant garder les pieds sur terre, par exemple l’Ecole historique allemande avec Gustave von Schmoller.

La critique était potentiellement létale, mais le besoin de falsification de la science économique pour légitimer le capitalisme l’était bien plus. Il convenait de liquider, en l’occultant, la genèse sociale du profit. La bourgeoise se mit donc en devoir d’organiser la sélection universitaire et intellectuelle pour donner la logique subjective de l’utilité marginale comme une caractéristique humaine universelle et pérenne, la mentalité acquisitive capitaliste étant censée se retrouver partout à l’identique, chez Caius Licinius Verres en Sicile, au grand dam de Cicéron, chez Adam Smith en Ecosse, chez H. Madoff avec son logiciel Nasdaq et sa position à la SEC, ou bien encore dans les sociétés potlatch … Bref, en falsifiant toutes les sciences sociales grâce au contrôle universitaire, idéologique et politique, on pouvait espérer établir un caractère d’universalité, sans laquelle il n’y a pas de science, à cette notion éminemment élastique. Nos auteurs sont évidement allés à bonne école.   

4 ) Les Modes de production et les Epoques de redistribution doivent être pris en ligne de compte.

La méthode comparative scientifique en économie politique fut initiée par Karl Marx avec son concept clef de Mode de production. J’ai montré à sa suite qu’il convient d’ajouter les Ères civilisationnelles – en effet, les conditions éthico-politiques, par exemple en relation avec la symbolisation des sacrifices, jouent un rôle paramétrique sur ce que Braudel appela « la longue durée » surtout en ce qui concerne la longue marche vers l’émancipation humaine générale et donc la brutalité de l’exploitation – et les Âges caractérisés par une cohérence technologique déterminée – âge de pierre, de bronze etc. Les Modes de production se distinguent quant à eux par la forme d’extraction de la plus-value dominante qui les caractérise, soit plus-value absolue – durée du temps de travail –, soit la plus-value relative – intensité conjoncturelle –, soit la productivité – intensité structurelle –, soit enfin « la plus-value sociale » – la réallocation ou redistribution rationnelle planifiée de la plus-value et du crédit public par la planification et par la démocratie socialiste qui lui est liée.

A l’intérieur de chaque Mode de production nous avons des Epoques de redistribution qui déterminent l’allocation de la plus-value dans la Reproduction Elargie ou équilibre dynamique, selon la lutte des classes. (Voir le Précis.) Ainsi le libéralisme classique et censitaire repose sur le seul salaire individuel peu importe la taille des ménages ; l’Etat social ou Welfare State anglo-saxon reposent sur l’affirmation du « revenu global net » des ménages ajoutant au salaire net individuel, le salaire différé finançant les branches de la Sécurité sociale et la part des taxes et impôts revenant aux ménages sous forme d’accès universel garanti aux infrastructures et aux services sociaux, ce qui est tout le contraire du « salaire disponible » marginaliste … L’Etat néolibéral monétariste est caractérisé par la précarité généralisée, les tax expenditures, la philosophie régressive anticonstitutionnelle de la flat tax, la dérèglementation et la privatisation à tous crins ; c’est une Epoque de redistribution proprement régressive puisqu’elle reflue vers un système barbare reposant essentiellement sur le seul salaire net mis sous pression par l’actuelle définition de l’anti-dumping de l’OMC qui induit une déflation salariale globale vers le bas. 

Dans le Mode de production socialiste la plus-value devient une « plus-value sociale » qui est gérée en commun via la planification et la démocratie socialiste. Ce mode connaît lui-aussi ses Epoques de redistribution, par exemple la NEP, la rigoureuse planification stalinienne, le presupuesto castriste-guevariste, les formes chinoises de redistribution expérimentées pendant et depuis la présidence de Mao, etc.

On voit dès lors que prétendre s’appuyer sur la Courbe Phillips n’a pas une grande pertinence, puisqu’elle est déjà vacillante dans ses prestations scientifiques-empiriques et qu’elle est encore aggravée par des vérifications faisant abstractions des Epoques de redistribution historiques dans lesquelles les épisodes retenus s’inscrivent, et que, de surcroît, elle ne considère que la spirale salariale. C’est au mieux un jeu académique, sans plus.     

Par exemple quel crédit seriez-vous prêts à accorder à ce graphique a-temporel et hors-sol :

Figure 4.1: Average Decomposition of Wage Growth across Episodes with Accelerating Prices and Wages Sources: IMF staff calculations. Notes: Contributions using pooled wage Phillips Curve coefficients from column (5) of Table 4.1 Bars illustrate average contributions, across episodes, of each component relative to contributions observed at the start of the episode window (t=-3). ‘Other’ includes the contributions from short-term changes in unemployment gap, productivity growth, time effects and the residual. Horizontal access defined as in section 3, where zero is the first quarter where the selection criteria holds

Conclusion.

Nous avons dit que ce jeu n’était pas anodin. Il n’est pas sans conséquences socio-économiques. Mais les banquiers centraux sont par profession des empiriques pragmatiques qui servent au mieux leurs principaux actionnaires, les banques privées. C’est d’autant plus vrai dans le contexte actuel avec des banques centrales entièrement privatisées et instituées dans leur autonomie par rapport au pouvoir politique. Quels enseignements pourraient-ils tirer de ces brefs épisodes se rééquilibrant automatiquement ?

Une chose semble sûre, tant à la Fed qu’à la BCE existe désormais la conscience aigüe de l’inanité des manuels d’économie, en particulier en ce qui concerne « l’inflation ». Et l’on sait que la stabilité des prix est le premier mandat des banques centrales capitalistes. On navigue donc à vue en abandonnant la « forward guidance » pour une gestion au jour le jour, « meeting to meeting ». Cependant, les intérêts de classe demeurent. S’ils font désormais la différence minimum entre inflation sous-jacente et inflation IPC, les banquiers centraux ont pris conscience de la débâcle définitive des prétentions monétaristes selon lesquelles, moyennant un Etat minimum, la politique monétariste pouvait se substituer à elle seule à la politique monétaire, budgétaire et fiscale. Jérôme Powell notait déjà durant la séance de la FOMC du 4 mai 2022 que la FED pouvait influer sur l’offre monétaire mais que le reste ne relevait pas de son mandat. Or, les ministères des finances et de l’économie restent empêtrés dans leur austérité néolibérale monétariste. Pire, il semblerait que les gouvernements soient prêts à utiliser l’inflation IPC, comme auparavant la crise Covid-19, pour sidérer (13) les masses et imposer les réformes les plus régressives qu’il leur reste à imposer.

On feint donc d’ignorer que l’inflation IPC actuelle vient surtout – pour l’heure – des conséquences sur la hausse des prix découlant des normes définies par l’Accord de Paris, du marché unique de l’électricité administré au sein de l’UE, de la spéculation et des sanctions unilatérales imposées à la Russie qui font monter les prix de l’énergie et de l’agroalimentaire. Ils constituent pourtant parmi les intrants les plus importants des coûts de production de toute activité économique. La guerre aux fossiles diminue les investissements poussant à la baisse les volumes offerts ce qui cause une tendance haussière des prix. Le gaz est nécessaire pour la production des fertilisants et de l’hydrogène gris ou bleu – on sait par ailleurs que quelques 70 % des usines de fertilisants européennes ont déjà suspendu leur production depuis plusieurs mois … On feint d’ignorer qu’il faut cesser de diaboliser le CO 2 dans le but de le transformer en improbable nouveau péché originel puisque la vie sur terre est à base carbone et que le CO2 est nécessaire à la végétation et aux cultures, ce qui permettrait de mieux s’occuper de l’environnement et de la santé humaine.(14)

On feint d’ignorer qu’une partie de cette inflation importée, celle qui concerne l’énergie, pourrait être effacée rapidement par l’abandon de la politique otanesque de destruction de tous les rivaux du putatif Empire exclusiviste, en particulier la Russie, la Chine et l’UE ; Cette dernière est contrainte d’acheter le gaz américain quatre fois plus cher sans disposer de toutes les usines de regazéification nécessaires, ainsi que de l’énergie russe vendue au prix fort par divers revendeurs. C’est une politique de domination unilatérale, une politique barbare d’un autre âge qui n’hésite pas à sacrifier l’Ukraine tout en affirmant être prêts à « se battre jusqu’au dernier Ukrainien ». Il y aurait déjà au moins 100 000 jeunes soldats ukrainiens morts et plus de 20 000 civils selon une déclaration vite autocensurée de la Commissaire européenne. Le Président Biden n’avait-il pas affirmé, au début de ce conflit voulu par l’Empire exclusiviste en dépit des deux Accords de Minsk, que les quelque 60 millions de morts causés par la Seconde Guerre Mondiale n’impliquèrent aucun « chaos » mais menèrent au contraire à l’hégémonie unipolaire américaine sur le monde? Encouragé par ses conseillers, il en tire la conclusion que, lorsque de telles occasions se présentent, elles ne sauraient être perdues. (15)    

Les conséquences de l’Accord de Paris sont autrement plus pernicieuses. La transition écologique accomplie selon ces inepties idéologiques et normatives exclusivistes-malthusiennes mène à une inflation organique qui ira en s’amplifiant tant que l’Occident n’abandonnera pas ces paramètres autodestructeurs. L’UE s’est émue récemment de l’augmentation vertigineuse du prix du lithium et des terres rares mais pour en rajouter au chapitre de la voiture électrique et des restrictions à la mobilité des citoyennes et citoyens. L’inflation organique affecte en bout de ligne la compétitivité macro-économique des Formations sociales et, par conséquent, leur taux de change.

Quant à l’inflation importée elle conduira mutatis mutandis à une spirale ascendante via le rôle d’entraînement salarial et celui du taux de change impacté par le taux d’inflation. Bien entendu, le système des changes flottants et le spot market – par exemple du gaz livré par méthaniers – pourront mener à des oscillations qui n’affecteront cependant pas les tendances de fond en l’absence d’un changement de politique. Dernièrement, aux USA la libération d’une partie des réserves stratégiques eut un effet baissier temporaire ; de même l’accumulation de méthaniers sur la côte espagnole en attende d’être déchargés créa un surplus temporaire reflété par le spot market.   

Dans un tel cas de figure prétendre qu’un pic de l’inflation IPC sera atteint, ce qui mènera ensuite à une détente inflationniste, revient à se couper de la réalité. Prétendre abandonner les diktats des manuels d’économie – nobélisés – selon lesquels il convient d’augmenter les taux d’intérêt au-delà du taux d’inflation pour la combattre et, en réalité, bien au-delà si le temps de réaction fut trop lent, pour se caler sur la seule inflation sous-jacente, semble, au mieux, ingénue. Ce choix implique également celui de la non-indexation des revenus qui serait pourtant nécessaire pour au moins conserver les salaires et les revenus réels constants. Il va de pair avec les encouragements prodigués au patronat l’invitant à compenser les salariés avec des primes plutôt que d’augmenter leurs salaires, ce qui revient à payer leur « salaire net » avec leur « salaire différé », y compris la part patronale payée elle-aussi par les salariés en tant que consommateurs, puisqu’elle est transférée sur les prix de vente. Il est tout aussi ingénu de porter foi à la conception selon laquelle l’inflation serait due à une trop forte demande – salariale bien entendue – de sorte que l’induction de la récession et du chômage serait nécessaire pour rétablir l’équilibre. Par quelle méta-magie ? Motus et bouche cousue.  

Tout le monde peut comprendre d’instinct l’inanité de vouloir combattre le gros de l’inflation IPC actuelle par la récession puisqu’elle dépend de l’Accord de Paris, du marché unique européen, de la spéculation globale et des sanctions unilatéralement imposées à la Russie. Bien entendu, en impactant les coûts de production, l’inflation organique et l’inflation importée induiront à leur tour une hausse des salaires et, par conséquent, toute chose demeurant pareil, une spirale ascendante. Refuser l’indexation à 100 % des revenus ralentit un peu le mécanisme mais sans plus. Or, cette pression sur les salaires advient aujourd’hui après des décennies de déflation salariale et de resserrement du crédit – ou credit crunch – aux entreprises opérant dans l’économie réelle alors que la spéculation financière atteint des sommets et que les Etats, soumis aux marchés financiers accumulent dettes publiques et déficits budgétaires records. Ajoutons à cela la dégradation des systèmes de Sécurité Sociale, dont l’assurance-chômage, ce qui affaiblit leur rôle contre-cyclique et anti-inflationniste, pourtant crucial en temps de crise. L’Etat minimum néolibéral monétariste est alors obligé de suppléer par des plans d’aides, qui, au départ, devaient être temporaires mais qui tendent désormais à devenir permanents. Or, du fait des déficits budgétaires – et de l’austérité imposée par l’UE – ces aides sont financées par des émissions nouvelles de dettes publiques, ce qui est le cas classique de l’inflation structurelle monétaire puisque la part de la masse salariale sociale concernée en sus de la masse salariale réelle ne provient plus organiquement de la plus-value socialement produite.

Il appert également que les taux d’intérêt négatifs pratiqués par les Banques Centrales, en induisant la récession socio-économique, transforment nombre d’entreprises et une partie du parc immobilier possédé par les fonds d’investissement en zombies qui sont alors conservés dans le bilan des banques pour éviter de friser la faillite. La restriction du crédit capitaliste étouffe les investissements, ce qui est d’ailleurs le but recherché. Mais la peur de la révolte sociale ainsi que les impératifs de la transition climatologique poussent les Etats à compenser ce « credit crunch » par des plans de relance écologiques, tel le Inflation Reduction Act américain (16) et ses parents pauvres européens, dont le PNRR dont 30 % doit aller à la transition écologique et 20 % au digital, ce qui implique beaucoup d’importation à des prix croissants…  Dans les deux cas, nous avons à faire à un endettement net qu’il faudra rembourser ; en ce qui concerne le PNRR, 528 conditionnalités lui sont attachées qui mettent en cause la souveraineté nationale dans des champs de compétences nationales exclusives.

Dans l’économie réelle, le crédit est une anticipation de la croissance qui complète les possibilités de réinvestissements des entreprises privées ou publiques. Il se transforme éventuellement en valeur d’échange réelle, tant en masse salariale qu’en capital fixe ou en infrastructures. Lorsque le crédit est public et qu’il est destiné à des entreprises publiques, son coût est faible et par conséquent son impact plus grand, aucun actionnaire privé ne pouvant prétendre à des dividendes. Dans les cas qui nous occupent ici, ce crédit privé est financé par un nouvel endettement net qui n’ira pas entièrement à l’économie réelle. Ceci produira un effet inflationniste inévitable. Pour comble, comme nous l’avons déjà noté, par le biais de la ruineuse transition climatologique, ces ruineux investissements publics alimenteront l’inflation organique par le renchérissement de l’énergie – qui ne peut pas être 100 % renouvelable – et des autres intrants dans les coûts de production. Les effets dans les balances externes sont d’ailleurs déjà visibles à l’œil nu.  Plusieurs proposent, le plus sérieusement du monde, d’accélérer le processus en créant une Bad Bank épongeant, au frais de l’Etat donc du contribuable, les avoirs des banques investis sur les fossiles en échange de Green Bonds à investir dans les renouvelables … Nous en sommes arrivés là !           

Cependant, le retour des inflations a ceci de bon qu’il démontre la faillite totale du paradigme bourgeois (17). Car enfin si un économiste ne sait pas ce qu’est « l’inflation » et donc ce qu’est une valeur d’échange et un prix de marché, que sait-il d’autre qui pourrait justifier son statut universitaire et son salaire ?

Paul De Marco, ex-professeur de Relations internationales – Economie Politique Internationale.

1 ) Sur les trois types majeurs d’inflation, inflation structurelle, inflation importée et inflation organique , voir le Précis d’Economie Politique Marxiste dans la section Livres-Books du vieux site expérimental www.la-commune-paraclet.com ainsi que « The inflation narrative and the irreversible ruin of our country july 4 2022 includes French, Spanish and Italian versions », dans http://rivincitasociale.altervista.org/the-inflation-narrative-and-the-irreversible-ruin-of-our-country-july-4-2022-includes-french-spanish-and-italian-versions/ et « Crédit sans collatéral à l’époque des taux d’intérêt réels négatifs », 29 oct. 7 nov. 2022/ dans http://rivincitasociale.altervista.org/credit-sans-collateral-a-lepoque-des-taux-dinteret-reels-negatifs-29-oct-7-nov-2022/ 

2 ) « L’inflation IPC n’a rien à voir avec le QE : voir ces graphiques », 19 novembre 2022, dans http://rivincitasociale.altervista.org/linflation-ipc-na-rien-a-voir-avec-le-qe-voir-ces-graphiques-19-novembre-2022/ 

3 ) « Inflation :  un nouveau cycle écolo bourgeois absurde s’annonce avec une hausse des prix allant de pair avec la déflation salariale mais donnée pour de l’inflation», 12 mai 2021 dans http://rivincitasociale.altervista.org/inflation-un-nouveau-cycle-ecolo-bourgeois-absurde-sannonce-avec-une-hausse-des-prix-allant-de-pair-avec-la-deflation-salariale-mais-donnee-pour-de-linflation-12-mai-2021/  Dernièrement l’UE s’est émue de l’explosive demande et donc du prix possible pour le lithium et les terres rares tirées par la frauduleuse transition écologique paramétrée sur les inepties du Giec, ce qui nous valut le Critical Raw Material Act tout en accélérant la généralisation de l’inefficace, ruineuse et polluante voiture électrique. C’eut été trop demander qu’elle y pensât avant. Et donc, de manière caractéristique, rien n’est dit sur la demande énergétique, la pollution chimique et l’utilisation de l’eau nécessaires… (https://single-market-economy.ec.europa.eu/news/commission-seeks-views-future-european-critical-raw-materials-act-2022-09-30_en#:~:text=The%20Critical%20Raw%20Materials%20Act%20will%20notably%20aim,chains%20while%20maintaining%20a%20sustainable%20level%20playing%20field. »  Entre-temps, l’UE ne semble pas avoir pris la mesure du rôle du gaz pour la production des fertilisants et de l’hydrogène … Peu de temps après l’imposition des sanctions à la Russie, on nous annonça que quelque 70 % des entreprises européennes produisant des fertilisants avaient suspendu leur production …  

4 ) Voir mon Introduction méthodologique dans la section Livres-Books de mon vieux site expérimental www.la-commune-paraclet.com

5 ) Voir « Pouvoir d’achat, niveau de vie, temps de travail socialement nécessaire et « revenu global net » des ménages », 2-31 décembre 2018, dans http://rivincitasociale.altervista.org/pouvoir-dachat-niveau-de-vie-temps-de-travail-socialement-necessaire-et-revenu-global-net-des-menages-2-31-dec-2018/ 

6 ) Voir la Note 15 sur John Galbraith dans mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance – 2005. Ce livre fut le seul à ma connaissance à annoncer la genèse de la crise des subprimes par l’irruption des montages financiers de la soi-disant banque universelle conduisant au « crédit sans collatéral ». Voir aussi à ce sujet : http://rivincitasociale.altervista.org/credit-sans-collateral-a-lepoque-des-taux-dinteret-reels-negatifs-29-oct-7-nov-2022/   

7 ) Voir la Note 1 dans Tous ensemble – 1996 – dans la section Livres-Books du vieux site expérimental www.la-commune-paraclet.com

8 ) Nous renvoyons ici aux concepts de « plus-value sociale » et de « revenu global net » des ménages. Les trois composants de ce dernier sont le salaire net, le salaire différé finançant la Sécurité Sociale et ce qui revient aux ménages sous forme d’accès universel garanti aux infrastructures et aux services publics, ce qui est très différent du « salaire disponible » marginaliste qui exclut tout ce qui compte, à savoir les services sociaux publics que la notion de PIB marginaliste comptabilise uniquement comme coûts au prétexte qu’ils n’ont pas de « valeur ajoutée » par le marché, alors même qu’ils sont bien plus efficaces et qu’ils contribuent puissamment à l’élévation du « standard de vie ». Ainsi à son apogée, début Années 70, la Santé publique universellement accessible en France coûtait 9 % du PIB alors que la Santé privée aux USA coûtait 16 % avec une couverture très inégalitaire selon les revenus tout en laissant quelque 50 millions d’Américains sans couverture. En payant le salaire net par le salaire différé, sous prétexte de compétitivité globale selon la suicidaire définition de l’anti-dumping à l’OMC, qui exclut les droits minimum du travail selon le BIT ainsi que les critères environnementaux, et en réduisant les impôts sur la fiche de paye tout en privatisant les services sociaux et les infrastructure publiques, on en revient à une assistance sociale payée par la fiscalité générale. Elle prend de plus en plus un aspect caritatif et confessionnel privé. Dès l’instant où cette dernière repose sur des déficits budgétaires chroniques et sur l’émission de la dette publique pour couvrir les dépenses – même faibles de l’Etat minimum néolibéral monétariste – l’inflation structurelle est inévitable. Vouloir la dissimuler par la misère du workfare reaganien n’est qu’une médiation ruineuse tant pour les travailleurs qu’à terme pour l’entière Formation sociale.    

9 ) Voici comment Arthur Burns anticipait Volcker, Gramm-Rudman, le workfare reaganien et tout le programme de dérèglementation/privatisation des néocons dans le sens de la Commission Trilatérale et de l’anomie économique prêchée par M. Friedman et Hayek. «Compte tenu des anticipations d’inflation fortes et répandues qui prévalent actuellement, j’en suis donc venu à croire, à contrecœur, qu’une thérapie assez radicale sera nécessaire pour renverser la psychologie inflationniste.
La thérapie précise qui peut servir au mieux une nation n’est pas facile à identifier, et ce qui fonctionnera bien dans un pays peut fonctionner mal dans un autre. Dans le cas de l’inflation américaine, qui est devenue une menace majeure pour le bien-être d’une grande partie du monde ainsi que du peuple américain, il me semblerait sage à ce stade de l’histoire que le gouvernement adopte un programme de base composé de quatre parties. La première de ces parties serait une révision législative du processus budgétaire fédéral qui rendrait plus difficile les déficits budgétaires et qui servirait d’étape initiale vers un amendement constitutionnel allant dans le même sens. La deuxième partie consisterait à s’engager dans un plan global de démantèlement des règlementations qui ont entravé le processus concurrentiel et de modification des règlementations qui ont fait augmenter inutilement les coûts et les prix. La troisième partie consisterait à adopter des politiques monétaires restrictives jusqu’à ce que le taux d’inflation soit considérablement réduit. Et la quatrième partie consisterait en une législation prévoyant des réductions de l’impôt sur les sociétés au cours de chacune des cinq prochaines années – la réduction devant être assez faible au cours des deux premières années mais devenir substantielle au cours des années suivantes. Ce type de législation fiscale libèrerait des forces puissantes pour améliorer la productivité de la nation et exercer ainsi une pression à la baisse sur les prix ; et elle contribuerait également dans un avenir plus immédiat à faciliter les ajustements difficiles imposés à de nombreuses entreprises et à leurs employés par l’adoption des trois premières parties du programme suggéré.»
(traduit, p 697, dans « The Anguish of Central Bankers 1979 »,

https://fraser.stlouisfed.org/files/docs/publications/FRB/pages/1985-1989/32252_1985-1989.pdf

10 ) Cependant M. Maurice Allais restait prisonnier du schéma walrasien quoiqu’il fut, pour sa part, toujours plus proche d’Auguste Walras que de son fils Léon et donc plus soucieux de donner la priorité aux choix socio-économiques pour informer les équations. C’est pourquoi, alors que les dernières protections tarifaires du Gatt volaient en éclat pour faire place à l’Uruguay Round et à la déferlante du libre-échange global, il défendait ce qu’il nomma les Préférences communautaires ; elles devaient stabiliser les paramètres au sein desquels les équations – donc les politiques – pouvaient se déployer. Prenant acte de la mise à l’écart des Préférences communautaires, je tentais de revenir à la charge de manière adaptée à l’évolution économique internationale en proposant une nouvelle définition de l’anti-dumping reposant au moins sur le niveau du salaire différé nécessaire pour financer les 5 branches de la Sécurité sociale. Puisque l’unanimité de tous les Etats membres est exigée à l’OMC, on peut devancer en adoptant une faible surtaxe à l’importation pour compléter les cotisations sociales nécessaires sans nuire à la compétitivité macro-économique. On sait que les Affaires Sociales sont une compétence nationale exclusive reconnue par le TFUE. (Voir l’Avant-propos et l’Appel dans http://rivincitasociale.altervista.org/avant-propos-2 )

Cependant, du fait de sa croyance dans l’aspect scientifique de la théorie walrasienne, Maurice Allais était incapable de comprendre la productivité et par conséquent la logique indépassable de cycles récurrents de la RTT que Marx avait annoncée dès 1847. Ma critiqueest exposée dans la Note ** de mon Keynésianisme, Marxisme, Stabilité Economique et Croissance – 2005 – qui expose également les vrais chiffres du chômage, un thème crucial qui avait déjà été traité dans Tous ensemble comme « marche à la précarité » et au « self-employment ». 

11 ) voir par exemple le rapide résumé ici : https://en.wikipedia.org/wiki/Phillips_curve  

12 ) Prenez par exemple l’article nobélisé de 1956 de Robert Solow. Outre la pétition anti-keynésienne de sa fonction de production, en s’inspirant sans le dire de Harrod lequel s’inspira de la planification soviétique de son temps pour dynamiser le système stationnaire de Keynes, il adopta sans le dire l’attitude de Staline : à savoir, introduire chaque fois que possible, la plus grande productivité possible, pour assurer une croissance rapide. Le problème de Solow réside dans le fait que cette introduction de la technologie reste exogène ; or, elle à un prix de marché, et Solow sombre donc dans la contradiction. On sait que sa fonction de production s’écrit: Y = f (K,L) où K est le capital et L le travail, mais à un niveau qui reste à déterminer par le marché, plutôt qu’au niveau du plein-emploi à temps plein keynésien. L’équilibre solowien se fera donc au seuil physiologique ce qui, dans la course darwinienne vers le moins disant engendré par l’actuelle définition de l’anti-dumping à l’OMC, signifie la déflation salariale permanente en Occident … jusqu’à la « dalitisation » des masses. Pour Keynes, le système socio-économique étant composé de variables interdépendantes, il se résolvait à un équilibre social acceptable en posant le plein-emploi plein-temps comme variable déterminante. Keynes était même prêt à s’inspirer sans le dire de Paul Lafargue en entrevoyant le passage à la semaine de 15 heures du fait de la productivité croissante et du nécessaire partage de ses gains pour garantir un niveau équilibré de demande et d’offre agrégés. ( Voir « Economic possibilities for our grandchildren »,  https://www.marxists.org/reference/subject/economics/keynes/1930/our-grandchildren.htm    

Quant à Staline il ne disposait pas d’une théorie marxiste ou scientifique de la productivité entièrement élucidée – je fus le premier à la proposer en suivant Marx – de sorte que la compréhension et l’opérationnalisation de la Reproduction Elargie – impliquant des ratios v/C et pv/v différents – restaient prisonnière du faux problème de la transformation des prix de production en valeurs d’échange. La théorie complète de la productivité faisant défaut, il fut décidé de corriger empiriquement les effets de l’introduction des meilleures techniques en s’appuyant sur le modèle de la Reproduction Simple, car ce dernier demeurait parfaitement cohérent de sorte qu’il pouvait jouer un rôle heuristique et normatif déterminant. La comptabilité nationale selon le Produit Matériel Net fut développée, ce qui donnait un contrôle empirique par les quantités. Pour plus de détails voir : « La transition au socialisme déblayage définitif des falsifications malveillantes en particulier celles de Ch Bettelheim », 21 juin 2021, texte complet à relire, dans http://rivincitasociale.altervista.org/la-transition-au-socialisme-deblayage-definitif-des-falsifications-malveillantes-en-particulier-celles-de-ch-bettelheim-21-juin-2021-texte-complet-a-relire/   Voir aussi : « Note on socialist planning-2 » dans http://rivincitasociale.altervista.org/note-socialist-planning-2/?doing_wp_cron=1670236533.0304880142211914062500

13 ) Le terme a une valence neuronale spécifique. La psychologue clinicienne Marie-Estelle Dupont montra comment la gestion de la crise provoquée par la gestion du Sars-CoV-2 sidéra nombre de personnes, causant souvent des effets plus ou moins graves, particulièrement parmi les enfants et les adolescents.

14 ) Je renvoie ici aux articles disponibles en français dans la Catégorie Ecomarxismo de ce même site. Voyez également à propos de l’Optimum du Moyen-âge et des éoliennes : A ) « L’Optimum Climatique Médiéval : ce grand oublié », 17 août 2020 / Association des climato-réalistes, https://www.climato-realistes.fr/loptimum-climatique-medieval-prof-alain-preat-novembre-2019/ 

B ) « Éoliennes – “J’ai reçu plusieurs témoignages d’agriculteurs qui perdaient leur bétail” », Sioux Berger

Sud Radio , https://www.youtube.com/watch?v=bhwcDRXzJDY

15 ) Voir la « Brève » du 22 mars 2022 – on peut utiliser un traducteur online au besoin – dans http://rivincitasociale.altervista.org/sars-cov-2-brevesflash-newsbreve/  

16 ) « Ce gigantesque plan de 369 milliards de dollars (356 milliards d’euros) est une très bonne nouvelle pour la lutte contre le réchauffement climatique, mais une très mauvaise pour l’industrie européenne. Pour les deux tiers, il s’agit d’un énorme paquet de subventions et de crédits d’impôts dans le but d’attirer les investissements dans les éoliennes, les batteries électriques, l’hydrogène vert ou l’énergie solaire.

Marginalisation de l’industrie européenne

Que le deuxième émetteur de CO2 se donne enfin les moyens de lutter contre le changement climatique est louable. Les modalités pour y parvenir le sont beaucoup moins. Le gouvernement américain attribuera ces aides publiques en fonction du contenu fabriqué localement. Pendant ce temps, le marché européen, lui, reste grand ouvert aux exportations américaines. » dans « “America first” n’était pas qu’un slogan trumpiste, mais une stratégie assumée des Etats-Unis, quelle que soit l’administration au pouvoir »

Chronique ,Stéphane Lauer ,  https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/11/28/america-first-n-etait-pas-qu-un-slogan-trumpiste-mais-une-strategie-assumee-des-etats-unis-quelle-que-soit-l-administration-au-pouvoir_6152022_3232.html

17 ) Voyez l’Introduction méthodologique, le Précis d’Economie Politique Marxiste et pour un bref résumé le texte suivant : « La pseudo-science économique de la bourgeoisie : voilà pourquoi nous devrions changer rapidement de paradigme économique », dans http://rivincitasociale.altervista.org/la-pseudo-science-economique-de-la-bourgeoisie-voila-pourquoi-nous-devrions-changer-rapidement-de-paradigme-economique/ 

XXX

Voici l’ Éclaircissement ajouté de 24 novembre 2022 à « L’inflation-IPC n’a rien à voir avec le QE, voir ces graphiques » 19 novembre 2022, dans http://rivincitasociale.altervista.org/linflation-ipc-na-rien-a-voir-avec-le-qe-voir-ces-graphiques-19-novembre-2022/  

« L’inflation dans le sens générique du terme désigne un écart entre la valeur d’échange d’une marchandise  et son prix de marché qui oscille autour d’elle. De sorte, qu’ainsi que le disait déjà Karl Marx dans ses Manuscrits parisiens de 1844, dans le long terme – plus précisément dans un cycle de reproduction – ces oscillations s’annulent. Par conséquent, le marché ne peut pas fournir une explication scientifique de la valeur d’échange qui est le phénomène, le prix du marché n’étant que son épiphénomène enfanté par la concurrence capitaliste. Le marginalisme est fondé sur la falsification de la théorie de la valeur d’échange, en particulier de la valeur d’échange de la force de travail qui renvoie à l’extraction de la plus-value dans le processus de production et par conséquent à à l’exploitation. Pour accréditer cette falsification, l’utilité remplaça le concept de valeur d’échange. L’utilité marginale d’une marchandise est une construction idéologique subjective, élastique et contraire à la cohérence logique comme le montre le problème ex-ante/ex post qui émerge du croisement de la courbe d’Offre et Demande censé donner le prix de marché. Ce subjectivisme n’a aucun sens sauf à prétendre en poser la plausibilité en prétendant que la logique capitaliste – la mentalité acquisitive capitaliste – prévaut toujours diachroniquement et synchroniquement. Même à ça, un phénomène psychologique n’est pas quantifiable. Sur cette base, on ne peut pas appréhender le problème central de l’économie, à savoir la commensurabilité des marchandises entre elles. Ceci mena à la falsification subjectiviste obligée de toutes les disciples sociales peu à peu mises sous l’étroite dépendance universitaire, sociale et politique de l’Ecole autrichienne. Les comportements seraient donc identiques dans une société esclavagiste, féodale ou capitaliste, ou encore dans une société pratiquant le potlatch, une société capitaliste libérale des origines ou bien le capitalisme spéculatif hégémonique actuel. C’est absurde, et c’est pourquoi aucun économiste bourgeois ne sait et ne peut pas savoir ce que sont les inflations : elles sont hors de son champs narratif et pseudo-conceptuel. L’inflation-IPC est une construction empirique du falsificateur Irving Fisher qui approche la masse salariale par la construction du panier de consommation moyen sans pour autant distinguer entre valeur d’échange et prix. Cette construction est donc a priori incapable de dire quoi que se soit de scientifique sur les inflations. C’est d’ailleurs pourquoi, par souci de conservation d’une trace de plausibilité – sans laquelle il ne serait pas suivi – le falsificateur Irving Fisher est obligé d’introduire sa construction des prix constants qui consiste simplement à poser une année comme base 100 pour opérer des comparaisons, ce qui, bien entendu, ne résout rien du point de vu conceptuel. Tout ceci est exposé dans mes travaux dont l’Introduction méthodologique. Pour les trois grands types d’inflation tels qu’ils sont fortement impactés par les inepties de l’Accord de Paris, voir : http://rivincitasociale.altervista.org/inflation-un-nouveau-cycle-ecolo-bourgeois-absurde-sannonce-avec-une-hausse-des-prix-allant-de-pair-avec-la-deflation-salariale-mais-donnee-pour-de-linflation-12-mai-2021/ »

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